Zoom - Axel Tisserand : Comment dissoudre la France dans l’Europe

  • il y a 2 mois
Axel Tisserand est agrégé de lettres classiques et docteur de l’École Pratique des Hautes Études. Il publie un essai particulièrement documenté aux éditions de Flore : "Comment dissoudre la France dans l’Europe". A travers ce texte, Axel Tisserand revient sur l’abandon progressif de notre souveraineté nationale, des premiers penseurs de l’idée européenne aux derniers développements liberticides de l’UE. TVLibertés le reçoit pour parler de ce livre. Une occasion d’analyser les résultats des élections du 9 juin, et d’esquisser une stratégie d’avenir pour le souverainisme français.

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00:00Combien de temps va-t-on encore accepter ?
00:02Combien de temps encore va-t-on accepter
00:05que la caste médiatique au pouvoir façonne les élections, les opinions ?
00:09Laissons aux politiques la critique des désistements,
00:11des impréparations, de la démocratie confisquée
00:14ou le procès en non-représentativité de l'Assemblée.
00:18La première grande conclusion de l'épisode électoral passé
00:21est que la caste médiatique a œuvré pour instrumentaliser le vote des Français.
00:27De toutes ses forces et par tous les moyens,
00:30le parti des médias, quelques exceptions notables,
00:33a fait le boulot pour sauver le système en place.
00:36L'évidence est donc sous nos yeux.
00:37Le préalable à tout changement en profondeur de ces méthodes totalitaires
00:41est le renforcement de la presse libre et indépendante,
00:45la presse alternative dont TV Liberté, TVL et le vaisseau Amiral.
00:50TVL parle déjà à des millions de Français en France.
00:53Il faut dorénavant que TVL soit entendu par des dizaines de millions de Français.
00:58TVL n'aura jamais l'argent de l'État, des banques ou des puissants.
01:02Il faut donc que TVL puisse sa force auprès des téléspectateurs
01:07devenus donateurs et membres d'une communauté solide,
01:10soudée, combative, les amis de TV Liberté.
01:14TVL doit donc franchir dans les mois et les années à venir
01:16des étapes nouvelles pour que tout change enfin.
01:20Faire le parti des médias n'est pas un vain mot ou un souhait illusoire.
01:23Nous avons la possibilité de réduire son action néfaste et nuisible
01:28à une seule condition, votre soutien.
01:30Ce soutien n'est pas pour les mois ou les années à venir, lui, il est pour maintenant.
01:34Car c'est maintenant que nous essayons, et non sans inquiétude,
01:37de boucler notre budget pour que dès septembre nous soyons au rendez-vous.
01:41Alors ensemble, poursuivons ce chemin pour se libérer des chaînes.
01:50Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
02:12Madame, monsieur, bonjour, bienvenue dans cette nouvelle édition
02:15du Zoom de TV Liberté.
02:17Aujourd'hui, j'ai la grande joie de recevoir Axel Tisserand.
02:20Bonjour monsieur.
02:21– Bonjour monsieur.
02:22– Vous êtes agrégé de lettres classiques,
02:24docteur de l'école pratique de hautes études, auteur de nombreux ouvrages.
02:28Nous vous recevons aujourd'hui dans le cadre de la parution
02:31de votre nouvel essai aux éditions de Flore.
02:34Son titre, Comment dissoudre la France dans l'Europe ?
02:37Un essai très documenté sur la construction européenne
02:41avec une préface de Paul-Marie Couteau.
02:43Vous pourrez, chers amis, retrouver ce livre
02:45sur notre boutique en ligne tvl.fr.
02:48Axel Tisserand, ma première question, pourriez-vous revenir
02:51sur les racines intellectuelles de l'idée européenne ?
02:54Vous exhumez notamment dans l'ouvrage des écrits de Montesquieu
02:57ou encore de Victor Hugo.
02:59– En effet, j'ai une des lignes rouges de ce livre,
03:03c'est que j'ai voulu montrer comme quoi,
03:05en appareil d'idéologie française il y a quelques décennies,
03:08en quoi l'européisme était effectivement une idéologie française,
03:11du moins en grande part une idéologie française.
03:14Pour moi l'européisme, enfin l'idéologie européenne
03:17a été rendue possible après la disparition de la chrétienté
03:20par l'universalisme des Lumières.
03:23Donc effectivement pour cela j'exhume des textes
03:25de l'abbé de Saint-Pierre vers la paix perpétuelle,
03:28Montesquieu, différents textes de Montesquieu,
03:30ensuite au XIXe siècle Madame de Staël, Victor Hugo,
03:33Le Comte de Saint-Simon, entre les deux.
03:35Et effectivement j'essaie de faire jusqu'au XXe siècle
03:37tout cet itinéraire intellectuel, idéologique et intellectuel
03:40de l'idée européenne, qui encore une fois me semble
03:42particulièrement une idéologie française de ce point de vue là.
03:44D'ailleurs on a l'impression que seuls les français sont vraiment,
03:47ou certaines élites françaises sont vraiment européennes,
03:50plutôt que d'autres pays qui voient surtout une source d'intérêt.
03:54– Alors c'est quoi justement, c'est une forme de catholicisme zombie,
03:58dégradé en…
03:59– Oui pour employer les, comment dire, les…
04:02– Les cartes d'Emmanuel Todd.
04:03– Les cartes d'Emmanuel Todd.
04:04Je pense finalement, je parlais de disparition de la chrétienté,
04:06l'Europe comme idéologie n'a plus véritablement s'imposer
04:10que lorsque précisément le christianisme, je ne dirais pas comme idéologie,
04:15mais comme religion de toute l'Europe, à cause de la réforme, a été dissous.
04:19Et précisément l'Europe est devenue une sorte de nouvelle terre promise,
04:24qui a s'édifié au fur et à mesure, avec une sorte d'ambiguïté
04:28ou plutôt de double démarche, à la fois une démarche
04:30donc millénariste, une sorte de religion de substitution effectivement,
04:33et on en voit aujourd'hui où l'Europe se veut la démocratie,
04:36la démocratie, synonyme de démocratie, des droits, droits de l'Homme,
04:38ça se veut la terre promise de la démocratie.
04:40Certains vont jusqu'à dire, comme Prodi, je crois, si je me souviens bien,
04:43je me rappelle bien à l'étal, jusqu'à dire que tout le pays démocratique
04:46était appelé à rejoindre l'Europe, ce qui ne veut pas dire grand-chose.
04:48Et puis en même temps, l'ouverture sur le monde,
04:51l'ouverture économique sur le monde, et aujourd'hui notre Europe,
04:54l'Europe institutionnelle, celle que je montre dans le livre,
04:56c'est cette double démarche à la fois idéologique,
04:58ce millénariste, et consumériste, village mondial, globalisation.
05:04– Puis Axel Tisseron, dans cette histoire de l'idée européenne,
05:07vient le temps des pères fondateurs, avec la figure emblématique de Jean Monnet,
05:11qui établit en 1955 un groupe de pression au nom évocateur,
05:15le Comité d'Action pour les États-Unis d'Europe.
05:18– Alors il y a effectivement chez Jean Monnet,
05:20puis son disciple Giscard, puis son disciple Macron,
05:23il y a toujours cette référence aux États-Unis.
05:25Cette référence aux États-Unis, parce qu'il faut toujours trouver un fédérateur.
05:28Et cela, Jean Monnet a trouvé dès 1942-43, c'est-à-dire que Jean Monnet,
05:33qui est français mais qui était d'esprit américain,
05:36dès durant la guerre mondiale, a vu dans les États-Unis
05:39le fédérateur possible des États-Unis d'Europe, d'une Europe,
05:44dont il fallait retirer aux États toute souveraineté,
05:47puisque pour cette idéologie européiste,
05:50la souveraineté des États est la cause de la guerre.
05:52Donc il fallait effectivement faire en sorte que les États,
05:55après la victoire américaine, ne puissent plus être souverains,
06:00et donc créer de nouvelles causes de guerre.
06:02Et c'était effectivement cette volonté de faire des États-Unis d'Europe,
06:05mais sous commandement américain.
06:07Parce que le nouveau fédérateur était devenu des États-Unis
06:10après que certains utopistes français, européistes français,
06:14aient vu au contraire, durant la guerre, dans l'Allemagne, le grand fédérateur.
06:19Il faut savoir que certains pacifistes européens
06:22qui étaient favorables à l'Europe sous domination allemande,
06:26c'est pour ça que c'était pas de l'Allemagne,
06:28sont ensuite tournés vers les États-Unis.
06:31– Pourtant, quand on lit votre ouvrage,
06:33on comprend que ce n'est pas la logique nationale qui conduit à la guerre,
06:36mais plutôt la logique impériale.
06:38– Oui, c'est la logique impériale, effectivement.
06:41Il s'agit du rêve d'opposer aux deux grands empires naissants au XXème siècle,
06:45l'Empire américain d'un côté et l'Empire soviétique de l'autre,
06:48d'opposer un autre empire.
06:50Les pacifistes veulent effectivement, à nouveau, pouvoir s'opposer,
06:55se fédérer pour que l'Europe ne connaisse plus de boucherie,
06:58et puis s'opposer une force de paix à ces deux grands empires.
07:00D'où, effectivement, d'abord, je prends l'exemple d'un des Jeux de la Rochelle,
07:03qui voit d'abord dans la SDN, dans Genève, vous me secouez pas,
07:07une promesse de paix et de réconciliation en Europe,
07:10et qui ensuite va se tourner, justement, vers Hitler,
07:13parce qu'Hitler a vaincu, il croit dans le projet européen de Hitler,
07:17une nouvelle Europe, je pense à un universitaire comme Brunto,
07:21qui a écrit des livres très fouillés sur l'idéologie européiste des collaborateurs,
07:26et puis certains collaborateurs ou d'autres, à la fin de l'Histoire,
07:29verront dans les États-Unis ce nouveau fédérateur, on cherche toujours un fédérateur,
07:32et ce fédérateur doit toujours s'opposer, et ça c'est aussi l'actualité,
07:35doit toujours s'opposer à l'Empire russe, à l'Empire soviétique,
07:38en 1945, l'Empire soviétique, effectivement, menaçait la liberté de l'Europe,
07:42dite libre, après, d'où la CED, la volonté de faire l'Union européenne,
07:46et aujourd'hui encore, la souveraineté européenne dont parle Macron,
07:49et la volonté d'ancrer davantage encore l'Europe comme institution supramationale,
07:53c'est également face à la Russie de Poutine, c'est toujours, on cherche toujours,
07:56effectivement, un ennemi pour pouvoir approfondir, comme on dit aujourd'hui, l'Europe,
08:00c'est-à-dire aller vers toujours plus de supramationalité, de fédéralisme européen.
08:04– En s'opposant, en s'opposant. – Voilà.
08:07– Vous avez parlé des États-Unis et de l'Allemagne,
08:09on va revenir sur ces deux pays, sur les États-Unis d'abord,
08:13l'Union européenne, Axel Tisseron, n'a-t-elle pas été pensée dès le départ
08:17comme une colonie américaine ?
08:18Vous revenez aussi sur le rôle joué par Léon Blum ou Winston Churchill
08:22dans la suggestion de l'Europe de l'Ouest à l'oncle Sam.
08:25– Alors, ce qui est intéressant de voir, c'est que précisément,
08:28il y a un accord fondamental de ce que j'appelle,
08:31je ne suis pas le premier certainement, la social-démocratie chrétienne,
08:33c'est-à-dire puisque les social-démocrates et la démocratie chrétienne
08:35se sont fédérés, enfin, ont le même projet européen et ont toujours aujourd'hui,
08:40la nouvelle commission qui va sortir est effectivement une alliance
08:43entre les social-démocrates et les démocrates chrétiens au plan européen,
08:46il y a un accord foncier effectivement,
08:48cette volonté d'en finir avec la souveraineté des États
08:51et le discours de Blum, le discours de Churchill sur cet abus de souveraineté
08:56qui serait cause de guerre est strictement le même.
08:58Mais ce qui est intéressant d'observer, c'est que le discours de Marcel Déat,
09:02en 1941 dans le journal L'Oeuvre, qui est néo-socialiste,
09:05qui fait partie à l'origine de la même famille politique que Léon Blum,
09:09est strictement le même, il parle lui aussi de souveraineté abusive en 1941,
09:13Léon Blum en parlera en 1948 lors de l'international socialiste
09:17et entre les deux, vous avez Churchill qui lui également dit
09:20que les États européens doivent s'unifier et devenir une grande Suisse,
09:24c'est le rêve de Churchill pour l'Europe, c'est devenir une grande Suisse,
09:27mais bien évidemment, lui, Churchill, il ne veut pas
09:30que le Royaume-Uni fasse partie de cette Europe.
09:32Pour lui, il existe trois zones, indépendamment bien sûr de la Russie soviétique,
09:36il existe l'Europe, le Commonwealth et les États-Unis.
09:39Churchill ne veut pas que le Royaume-Uni fasse partie de cette Europe intégrée.
09:46C'est bon pour les autres l'Europe, pas bon pour le Royaume-Uni
09:48et on sait que même lorsque le Royaume-Uni a été membre de l'Union européenne
09:51jusqu'au Brexit, elle a toujours été de façon à part,
09:55elle a toujours eu un pied dans l'Europe et un pied hors de l'Europe.
09:59– L'Allemagne, maintenant Axel Tisserand,
10:01vous documentez le rôle pervers joué par l'Allemagne,
10:05appuyé sur beaucoup de citations de la chancelière Angela Merkel par exemple.
10:09Quel est le but des Allemands ? Affaiblir la France ?
10:12Reconstruire le Saint-Empire romain germanique ?
10:15Le cas échéant, y sont-ils parvenus ?
10:17– D'une certaine façon, le rôle de l'Allemagne est clair,
10:21c'est que l'Allemagne n'a jamais renoncé à jouer un rôle déterminant en Europe,
10:24on ne peut pas lui reprocher, c'est normal,
10:27on ne peut pas davantage reprocher aux élites françaises
10:29de renoncer à faire jouer à la France un rôle déterminant
10:31qu'à l'Allemagne de penser la même chose.
10:33Effectivement, d'une certaine façon, il y a réussi,
10:35mais l'histoire ne se répète pas.
10:38Il y a un Saint-Empire romain germanique qui est l'Union européenne elle-même,
10:41et il y a un axe Bruxelles-Berlin, effectivement, réel.
10:45L'Allemagne, mais l'Allemagne ne peut plus le faire toute seule,
10:47c'est pour ça que l'Allemagne est si attentive,
10:48également à son alliance avec Washington et avec l'OTAN.
10:52Donc, d'une certaine façon, oui, l'Allemagne est devenue réaliste
10:55et elle sait qu'elle ne pourra plus peser, pour l'instant,
10:57vraiment dans l'Union européenne,
10:59qu'en étant une force de concentration,
11:02une force économique de concentration.
11:05À nouveau, également, une certaine force militaire.
11:08L'Allemagne cherche, effectivement, à rompre
11:12avec son refus d'avoir une armée solide face à la guerre en Ukraine,
11:18mais l'Allemagne, effectivement, veut rejouer un rôle fondamental
11:20dans l'Union européenne.
11:21Il y a un nationalisme allemand qui ne s'avoue plus comme tel,
11:24mais qui est réel, oui, je pense.
11:26– Le réarmement de l'Allemagne vous inquiète ?
11:29– Pas pour l'instant, pas pour l'instant,
11:31parce que tant que l'Allemagne ne déposera pas de la puissance nucléaire
11:35ou ne sera pas parvenue à partager notre puissance nucléaire,
11:38non, elle ne pourra pas nous inquiéter.
11:40Mais ce qui m'inquiète, c'est plutôt la politique de Macron
11:43de vouloir partager la puissance nucléaire française.
11:48Alors, si nous partageons la puissance nucléaire française,
11:50que ça veut dire ?
11:51C'est que la France ne redéposera plus de son armement nucléaire,
11:53c'est quand même le seul pays de l'Union européenne
11:55à disposer d'une arme nucléaire,
11:56une véritable arme nucléaire indépendante,
11:58puisque même si auparavant le Royaume-Uni,
12:02au fond de l'Europe, disposait d'une arme nucléaire,
12:04on sait que son arme nucléaire est quand même sous dépendance américaine,
12:06ce n'est pas le cas de l'arme nucléaire française.
12:08Donc cette volonté de partager notre arme nucléaire,
12:10cette volonté aussi à terme de partager,
12:12c'est-à-dire de rompre avec notre siège permanent aux consécutivités de l'ONU,
12:16tout cela, c'est l'affaiblissement de la France totale.
12:19Et ça, ça m'inquiète davantage, effectivement.
12:21C'est les élites françaises qui m'inquiètent,
12:22puisque les élites des autres pays,
12:24les élites des autres pays, elles sont patriotes,
12:26elles ont raison de l'être.
12:27Ce qui m'inquiète, c'est l'absence de patriotisme des élites françaises.
12:29– Revenons à l'actualité française et immédiate,
12:32justement, Axel Tisserand,
12:33comment expliquez-vous le faible score des candidats souverainistes
12:36aux élections européennes du 9 juin ?
12:39C'est un problème de message, d'incarnation,
12:41un problème de stratégie, comment l'expliquez-vous ?
12:44– Je crois qu'il ne peut pas en être autrement,
12:46à partir du moment, je me permettrai de citer Morasse,
12:49où le suffrage universel est conservateur.
12:51S'il est conservateur, ça veut dire qu'il est raisonnable.
12:54Et tant qu'on le voit avec le score du RN
12:57à plus de 30% aux dernières élections européennes,
13:00tant que le RN, pardon, ou le FN avant,
13:03tenait un discours eurosceptique,
13:06qu'on pouvait caractériser comme un discours rophobe,
13:08tant qu'il tenait un discours contre l'euro aussi,
13:11ou sur le Frexit, il inquiétait.
13:13Parce que les Français ont tellement été biberonnés
13:16à l'idée européenne qu'à l'Europe, c'est la paix,
13:18comme quoi l'Europe nous garantit la prospérité,
13:20même s'ils apprécient de plus en plus que ce n'est pas vrai.
13:23Néanmoins, tant qu'il y avait ce discours anxiogène,
13:26il n'était pas possible de franchir certains seuils électoraux.
13:29Les mouvements souverainistes,
13:31qui sont en fait des mouvements favorables au Frexit,
13:33qui s'agit de l'euro,
13:34sont des mouvements qui sont anxiogènes, effectivement,
13:36et qui ne peuvent pas,
13:37à partir du moment où vous avez des mouvements nationaux
13:39qui ont une autre perpétuité,
13:42ne peuvent pas franchir, à mon avis, un certain seuil,
13:44parce que leur discours est anxiogène,
13:46et donc électoralement pas payant.
13:47– Et pourtant, ça semble fonctionner, par exemple, au Royaume-Uni,
13:50quand on regarde la dynamique de Nigel Farage,
13:53à l'approche des élections législatives britanniques.
13:56– Le Royaume-Uni n'est pas membre fondateur de l'Union européenne.
13:59Le Royaume-Uni n'a pas de doute ontologique depuis 1940 sur son existence.
14:05Nous payons toujours la facture de juin 40, on la paye toujours.
14:08Nous avons un doute ontologique sur notre droit à l'existence depuis juin 40,
14:11qu'a entretenu le discours de nos aides également
14:14sur la faute morale de la France en juin 40, etc.
14:16Le Royaume-Uni fait véritablement partie des vainqueurs.
14:18Nous en sommes partie, parce que de Gaulle nous l'a imposé en 45, le 8 mai 45.
14:22Les Français aussi, a dit Keitel quand il a vu qu'il y avait un représentant français
14:26pour signer l'armistice le 8 mai 45.
14:29Mais nous avons ce doute ontologique, nous avons ces élites françaises
14:34qui effectivement ne croient plus en la puissance de la France.
14:36Donc c'est totalement différent.
14:38Pour nous, l'Europe nous donne presque droit à l'existence.
14:41Ce n'est pas vrai pour le Royaume-Uni, qui n'a jamais été véritablement européenne.
14:44Donc le Brexit était beaucoup plus facile pour un Royaume-Uni qui n'a encore une fin à ne jamais,
14:50fait partie intégralement de l'Europe, Schengen, l'euro.
14:55Et que pour la France, qui est avec l'Allemagne, l'Italie et le Benelux,
14:59membre fondatrice de l'Europe.
15:02C'est tout à fait différent.
15:04Je me permets quand même d'insister un petit peu, Axel Tisserand.
15:06Les souverainistes n'ont-ils jamais espéré gagner une élection ?
15:09Dans votre ouvrage, on retrouve cette anecdote assez écœurante
15:12racontée par Marie-France Garot,
15:14qui retrouve Philippe Séguin et Charles Pasqua
15:17en train de trinquer au champagne, le soir de la victoire du Oui à Maastricht.
15:21C'est l'apport de gagner et l'apport de ne pas savoir quoi faire de sa victoire, effectivement.
15:26C'est également des carriéristes.
15:28Ce gars, je ne foncerai pas sa mémoire, mais il a fait une carrière après.
15:33Voilà, c'est l'apport également de gagner et l'apport de ne pas savoir quoi faire de sa victoire.
15:36Et oui, effectivement.
15:37Et la droite nationale elle-même, parfois, a montré ce visage
15:40de crainte, chaque fois qu'elle progressait dans l'opinion,
15:42de casser son visage pour ne pas aller sur la victoire.
15:46Bon, on peut espérer qu'effectivement ce soit fini de cette période.
15:49Peut-être aussi parce que les Français commencent à se détacher de l'Europe,
15:51commencent à voir que l'Europe est peut-être une imposture.
15:54Mais effectivement, ça a existé, oui.
15:56C'est cet apport d'assurer sa victoire, oui.
15:58De l'assumer, surtout.
15:59Et n'y a-t-il pas, parfois, dans l'espèce de solitude
16:02de certaines figures du souverainisme,
16:04aussi cette figure du général de Gaulle qui les hante,
16:06qui est l'homme qui a dit non tout seul ?
16:08Oui, et qu'eux, ils disent non aussi tout seuls,
16:10mais la période n'est plus la même.
16:12Ils s'apercevent que la période n'étant pas la même,
16:18la fracture, heureusement, historique, n'est pas non plus la même.
16:20Bon, ben, ils restent tout seuls, effectivement.
16:22Il y a peut-être des compromis à faire dans un premier temps
16:24auxquels il faut être capable, oui.
16:26– Est-ce que vous pensez, par exemple, qu'il faut associer aujourd'hui
16:28un discours souverainiste sur la liberté politique retrouvée de la France
16:31à un discours plus identitaire, plus de contenu culturel ?
16:35Ou est-ce que cette revendication principale vous semble suffire ?
16:39– Alors, le discours identitaire est important,
16:41mais c'est le paradoxe que je relève également dans mon livre.
16:44Souvent, ce discours identitaire rejoint un discours européen
16:48sur une Europe, une idéologie européiste,
16:51à laquelle je ne partage pas du tout.
16:54Je ne crois pas en l'identité européenne.
16:56Donc, le discours identitaire européen, je ne le partage pas du tout.
16:58Je pense qu'on doit refaire surtout un grand discours politique
17:01et historique sur la France, montrer que la France est une grande puissance,
17:04arrêter de dénigrer la France,
17:07parce qu'un des fils également de l'idéologie européenne,
17:09c'est-à-dire que les nations sont devenues trop petites,
17:11en particulier la France est devenue trop petite.
17:13Et cette idée, on la partage aussi bien chez André La Rochelle au XXe siècle,
17:17que l'on retrouve dans Macron aujourd'hui,
17:19que l'on retrouverait dans Julien Banda, philosophe aujourd'hui oublié,
17:22mais qui est un des maîtres à penser de Macron.
17:24Non, la France n'est pas trop petite.
17:26La France, puissance nucléaire, membre permanent au siège permanent de l'ONU,
17:31qui fait partie des premières puissances économiques quand même du monde.
17:34Non, la France n'est pas trop petite.
17:35Elle est présente également sur nos cinq continents.
17:37La France est présente sur les cinq continents.
17:39Et ce n'est pas seulement que les Français rompent avec ce doute ontologique
17:42qui les habite depuis trop longtemps,
17:44et perçoivent effectivement qu'on peut jouer un rôle dans le monde entier
17:47et que nous sommes encore attendus en dehors de l'Union européenne.
17:51C'est dommage par exemple qu'Emmanuel Macron
17:53se soit vu uniquement comme chef européen
17:55lorsqu'il a voulu dialoguer avec Poutine au début,
17:57juste avant la guerre de l'Ukraine et après.
17:59On avait peut-être une parole originale,
18:01celle qu'a peut-être tenue par exemple de Gaulle à Phnom Penh en 1967.
18:07Quand on a réintégré l'OTAN,
18:12là aussi, ça a été une faute par rapport à ce qui avait été commis en 1966.
18:16J'ai une référence historique,
18:18peut-être parce que c'est également un vieux royaliste,
18:20c'est que les royaumes voulaient être empereurs en leur royaume.
18:22On a l'impression que de Gaulle a tenté de l'être en 1966
18:25en nous faisant quitter non pas l'OTAN
18:27mais l'intégration même dans l'OTAN.
18:30On a l'impression que depuis Giscard,
18:34depuis Mitterrand, depuis Sarkozy,
18:36qui ne veut pas réintégrer l'OTAN de façon totale,
18:38effectivement on a réintégré l'Empire
18:40et que les élites françaises ne veulent plus être empereurs en leur royaume.
18:44Et ça c'est justement un discours avec lequel il faut comprendre.
18:47On peut être encore une grande nation.
18:49L'actualité, parlons immédiat toujours,
18:51certains militants, candidats, souverainistes,
18:54certes minoritaires,
18:55mais ont rejoint le rassemblement national
18:57suite à la dissolution de l'Assemblée par Emmanuel Macron.
19:00Est-ce que vous pensez que c'est une stratégie
19:02qui peut être payante pour la liberté de la France ?
19:05Dans le cadre institutionnel actuel, de toute façon,
19:07je crois qu'à partir du moment où on a des institutions,
19:10des institutions permettent donc d'autoriser la dissolution
19:14et qui vont peut-être permettre,
19:16ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire récente,
19:18notre vie même dans l'histoire de notre pays,
19:20à une droite nationale et patriote devenir au pouvoir,
19:22je pense que c'est effectivement quelque chose
19:24qui, à mon avis, me semble un compromis nationaliste,
19:28pour reprendre une expression encore une fois moracienne,
19:30qui me semble tout à fait profitable, oui.
19:32On ne pourra pas jeter la pierre.
19:34Le tout après, c'est à voir ce que l'ORN fera de sa victoire,
19:36si victoire il y a.
19:37Mais ça, c'est autre chose.
19:38Ça, effectivement, personne ici ne peut le dire.
19:42Ça sera à la fin de l'ORN d'agir intelligemment.
19:44Au cours des prochaines années.
19:46Ma dernière question, Axel Tisserand,
19:49je voulais revenir sur la préface de Paul-Marie Couteau,
19:51une très belle préface qu'il accorde à votre ouvrage,
19:55dans laquelle se trouve cette phrase,
19:57à propos de l'Union Européenne,
19:58de cette machine à détruire les États,
20:00à étourdir les nations et à dissoudre les civilisations,
20:03il n'est plus besoin de débattre sans fin,
20:05ni voter sans cesse pour rien,
20:07il faut, par tous les moyens, en sortir au plus vite.
20:10Jusqu'où aller pour retrouver nos libertés
20:13et la liberté de la France ?
20:16Personnellement, je pense que cette Europe institutionnelle
20:19est vouée à sa perte, est vouée à disparaître.
20:21Je ne crois pas tant à un Frexit sur le modèle du Brexit,
20:24je l'ai expliqué pourquoi tout à l'heure,
20:26mais je crois plutôt à une sorte d'effondrement intérieur de l'Europe,
20:29un peu comme l'Union Soviétique s'est effondrée.
20:32Il y a un très beau texte de Serge Yeltsin
20:34qui s'appelle « Lettres aux dirigeants de l'Union Soviétique »
20:36qu'il a écrit en 1975-76,
20:38donc 13 ans ou 14 ans avant l'effondrement de l'Union Soviétique,
20:41où il disait que le mensonge, maintenant, était connu de tous.
20:43Et qu'à partir du moment où le mensonge était connu de tous,
20:45des menteurs comme des gens auxquels on mentait,
20:47et que tout le monde savait que l'autre mentait,
20:49ou que l'autre savait qu'il y avait mensonge,
20:51au bout d'un temps, ça s'effondrerait.
20:53Je crois que plus les peuples en ont conscience
20:55que l'Union Européenne est une imposture institutionnelle,
20:57et bien effectivement, au bout d'un moment,
20:59l'Union Européenne s'effondrera parce qu'elle n'aura plus
21:01le soutien même passif, parce que c'est un soutien passif des peuples.
21:03Le soutien français à l'Europe est un soutien passif,
21:05ce n'est pas un soutien actif.
21:07Il n'y a pas d'espoir dans l'Europe de la part des peuples européens.
21:09Mais même ce soutien passif, une fois qu'il ne l'aura plus,
21:12l'Union Européenne effectivement s'effondrera
21:14comme cette immense bureaucratie qui va faire piller les peuples
21:16et supprimer leur liberté.
21:18– Et votre ouvrage favorise brillamment
21:20cette indispensable prise de conscience.
21:22Merci Axel Sisfert. – Moi merci.
21:24– Merci infiniment. Je vous rappelle le titre de votre livre
21:26« Comment dissoudre la France dans l'Europe »
21:29paru aux éditions de Flore,
21:31et que vous pourrez retrouver sur notre boutique en ligne tvl.fr.
21:35N'hésitez pas à partager cet entretien,
21:37à le commenter, à l'aimer.
21:39A très bientôt sur TV Liberté.
21:41❤️ par SousTitreur.com

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