Réapprendre l'insouciance pour reprendre confiance [Isabelle Barth]
Grandir, devenir adulte, c’est quitter complètement un monde fait d’insouciance, et dont la nostalgie va nous coller au corps et au cœur notre vie durant. En effet, ce qui caractérise le petit enfant, c’est de courir, de jouer, de dormir … sans se préoccuper nullement de tout ce qui est mis en œuvre pour pourvoir à ses besoins et ses envies dans les meilleures conditions. Il y a un deus et une dea ex machina pour cela ! C’est-à-dire papa ou maman ! [...]
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00:00Grandir, devenir adulte, c'est quitter complètement un monde fait d'insouciance
00:13et dont la nostalgie va nous coller au corps et au cœur, notre vie durant.
00:17En effet, ce qui caractérise le petit enfant, c'est de courir, de jouer, de dormir, sans
00:23se préoccuper nullement de tout ce qui est mis en œuvre pour pourvoir à ses besoins
00:28et ses envies dans les meilleures conditions.
00:30Il y a un déus et une déa ex machina pour cela, c'est-à-dire papa ou maman.
00:36Cette insouciance peut dériver vers l'inconscience, quand il n'y a plus aucune mesure du danger
00:42potentiel.
00:43Ainsi, sauter dans une piscine sans savoir nager ou traverser la route sans regarder
00:48la circulation sont des actes très dangereux, mais commis là aussi dans l'idée qu'un
00:53bon ange gardien, souvent appelé papa ou maman, veille.
00:57Le passage à l'âge adulte rompt avec cette insouciance et marque l'entrée dans le
01:03monde du souci, souci de soi, souci des autres, souci de l'avenir.
01:08Mais personne ne s'y résout totalement et conserve en soi une petite part de ces
01:14moments magiques.
01:15Une stratégie de survie dans des moments professionnels durs ou des passages existentiels
01:21difficiles va consister à reconstituer une petite bulle d'oxygène dans un environnement
01:27suffocant.
01:28On peut alors identifier quatre types de stratégies d'insouciance.
01:33L'insouciance inconsciente, lorsqu'on agit en ignorant les risques et les contraintes.
01:38L'insouciance défensive, qui se traduit par la prise de médicaments ou l'absentéisme.
01:44L'insouciance refoulée, avec son cortège d'actes manqués.
01:49Et enfin l'insouciance d'espoir, raisonnée, celle qui permet le lâcher prise pour se
01:54ressourcer, pour retrouver un peu d'intimité, dans les open spaces ou dans le travail en
02:00équipe pour résister aux contrôles sociaux.
02:02C'est cette dernière insouciance que nous appelons de nos voeux.
02:06Dans cette perspective, l'insouciance est un décrochage salutaire, un affranchissement
02:12nécessaire des contraintes.
02:14C'est aussi la reconquête de son imaginaire, entamé par les idéaux de succès et de perfection
02:20portés par l'entreprise.
02:22C'est là un véritable défi pour l'entreprise, accepter la reconnaissance d'un espace de
02:28liberté intérieure des collaborateurs.
02:31Certains managers acceptent néanmoins de le relever, proposer des moments pour avoir
02:37des activités de déconnexion, sport, chorale, sieste, donner du temps pour construire des
02:43projets associatifs, permettre le développement de l'entreprenariat, affranchir les collaborateurs
02:50de grille d'horaire sont quelques exemples intéressants.
02:54Mais attention, la véritable insouciance exige la confiance absolue, confiance de l'organisation
03:02envers ses collaborateurs car il s'agit bien de leur redonner de l'autonomie et confiance
03:08A l'excès de sérieux de nos vies, l'expérience d'une légèreté d'être, pour reprendre
03:21l'expression de Kundera, apparaît alors comme une bouffée d'air bienvenue et salvatrice.