Avec Michel Onfray, philosophe, auteur de "La foudre gouverne le monde" publié aux éditions Albin Michel.
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00:00Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, le face-à-face.
00:0513h02 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face-à-face.
00:08Aujourd'hui André Bercoff reçoit le philosophe et écrivain Michel Onfray qui vient nous voir pour son nouveau livre
00:13La foudre gouverne le monde, c'est aux éditions Albin Michel. Bonjour Michel Onfray.
00:17Bonjour. Oui Michel Onfray, c'est vrai, en lisant votre livre, vous parlez d'une phrase, je ne sais plus à qui elle est attribuée,
00:25où on disait, vous savez, on disait, quel monde laissera-t-on à nos enfants ?
00:29Et vu ce qui se passe en ce moment, quels enfants laissera-t-on à notre monde ?
00:34Je ne sais plus de qui c'est, mais moi je crois que c'était un situationniste, mais enfin bon, peu importe.
00:40La foudre gouverne le monde, effectivement d'ailleurs, le titre de votre livre, c'est assez frappant de voir qu'aujourd'hui,
00:49c'est vraiment l'émotion, l'humeur, l'hystérisation, etc. qui donnent le là,
00:56plus que pour parler de l'actualité électorale qui nous occupe ici, mais au-delà de ça,
01:04c'est intéressant parce que vous dites justement, vous finissez, c'est dans l'exergue, pardon, dans la quatrième couverture de votre livre,
01:12vous dites, j'étais, je suis, je demeure debout sur le bateau qui coule.
01:17Est-ce que vous croyez qu'on pourra encore tenir debout longtemps si le bateau coule ?
01:21Je pense qu'une civilisation ne s'effondre pas en deux jours, ça fait un petit moment que ces choses-là ont lieu.
01:28J'ai écrit un livre qui s'appelait « Décadence » pour essayer de montrer comment ça fonctionnait,
01:31une civilisation, comment ça naît, ça croit, ça décroît, après avoir atteint son acme,
01:35et moi je ne dirais pas que c'est mai 68 qui est la cause de toute chose.
01:38Il s'est passé des choses en mai 68, mais déjà, en amont, par exemple 1793, quand on décapite le roi,
01:45c'est-à-dire quand l'autorité ne vient plus du ciel, là c'est facile de piloter les gens avec le clergé,
01:49l'évêque, les évêques, etc., il a papoté, mais là d'un seul coup on dit, non, ça sort du sol,
01:56et c'est la théorie du contrat social de Rousseau qui nous dit, la souveraineté elle n'est pas
02:00dans le roi qui nous dit qu'il la tient de Dieu, elle est dans le peuple, dans la mesure où il s'exprime.
02:04Et donc depuis, on a rationalisé, on a démocratisé, on a laïcisé, on a supprimé toute transcendance, tout sacré,
02:12et aujourd'hui, il n'y a plus de boussole, c'est-à-dire on parle de postérité, mais de fait, tout est possible,
02:18le contraire de tout, on a un chef d'État qui est un enfant, il dit une chose, je ne vais pas dissoudre,
02:24il fait le contraire, je dissous, on a une droite qui nous dit, on ne s'associera pas, puis on a une droite qui nous dit,
02:29on s'associe, on a un Marion Maréchal qui dit, je suis chez Zemmour, puis après il dit, je quitte Zemmour,
02:33c'est-à-dire on a des communistes qui nous disent, on n'est pas islamo-gauchistes comme Mélenchon,
02:38puis qui après disent, vive l'islamo-gauchisme de Mélenchon, même chose avec les socialistes,
02:42enfin, c'est un temps de nihilisme.
02:44Mais ce nihilisme n'a-t-il pas toujours existé par ce que j'appellerais la boutique électoraliste ?
02:52C'est-à-dire que, c'est vrai, on dit la démocratie, la démocratie magnifique, la démocratie,
02:57mais comme moi, je dois vendre mon produit, mon fond de commerce, etc., parce que je voudrais que c'est celui-là
03:03qui fasse la tête de gondole, il faut que je raconte que j'attire le chaland, est-ce que ce n'est pas,
03:08depuis des siècles et plus, hélas, la même mantienne ?
03:12Oui, oui, moi je crois à la nature humaine, d'ailleurs, je crois qu'on ne la changera pas,
03:16mais que, et pour le coup je vais utiliser des catégories de Freud,
03:19mais Freud dit, voilà, il y a le ça, le ça c'est l'inconscience, son épulsion,
03:22et puis il y a le surmoi, qui est la morale, la religion, l'ordre, la loi, etc.
03:27Il dit, on ne peut pas laisser un inconscient tout faire,
03:29il faut qu'il y ait un surmoi qui puisse faire pression et contenir et retenir.
03:34Et le surmoi disparaît, quoi, depuis des années,
03:38c'est-à-dire l'école, la tradition, la religion, la famille, enfin tous les lieux,
03:42où on disait, non, tu ne fais pas ceci, ou tu fais cela, tout ça, ça a disparu.
03:46De sorte que, évidemment, l'homme est resté le même,
03:49mais simplement à une époque il s'empêchait, pour prendre la formule de Camus,
03:53et aujourd'hui il ne s'empêche plus. Pourquoi s'empêcher ?
03:55Puisque de toute façon, il n'y a plus rien à craindre, à laisser faire, à laisser dire.
03:59D'ailleurs, c'est le triomphe de la lettre anonyme.
04:01On estimait que quelqu'un qui envoyait une lettre anonyme à la Gestapo, c'était un salaud.
04:04Et c'était un salaud, dans les années d'occupation.
04:07Aujourd'hui, on envoie des lettres anonymes sur le net, avec des pseudonymes,
04:11et on n'estime pas que le type soit un salaud, puisqu'on lui donne la parole,
04:14on lui ouvre les micros, on dit, on a lu ceci, vous avez dit cela,
04:18un tel nous fait savoir, on fait des gros plans à la télévision,
04:21avec des captures de tweets, avec des gens qui s'appellent, je ne sais pas quoi,
04:24Camionneurs 92, et qui peuvent dire, machin, c'est un salaud à fumer une ordure.
04:28C'est-à-dire que là, pour le coup, on laisse aller vraiment les plus bas instincts.
04:31Donc oui, l'homme est resté le même, il ne bougera pas,
04:34simplement, il y a eu à une époque des gens qui se retenaient,
04:37et aujourd'hui, on ne se retient plus.
04:39Est-ce que c'est un peu, et on se demande si ce n'est pas valable,
04:42pour les grands, que pour l'élite, que pour les intellectuels, tout ça,
04:47vous savez, cette phrase de Bolivar, à la fin de sa vie,
04:50le grand Bolivar, celui sud-américain,
04:53on disait, alors, votre bilan, il a dit, j'ai labouré la mer.
04:58Oui, mais...
04:59Est-ce qu'il n'y a pas une espèce de constat d'impuissance ?
05:01Parce que c'est vrai, on devrait être là.
05:03Oui, mais il y a de l'élégance à labourer la mer.
05:05Là, je quitte Freud, pour le coup.
05:08Mais il y a un aspect romantique, moi je sens bien que,
05:11enfin, je le dis depuis longtemps, depuis Politique du rebelle, je crois,
05:1495 du siècle dernier,
05:16que la cause est perdue, mais qu'il faut se battre pour elle.
05:19Parce qu'il y a un romantisme à dire, ça ne passera pas par moi.
05:23Je ne collaborerai pas, si on veut utiliser un mot puissant,
05:26le nihilisme, il peut passer par nous,
05:28on peut effectivement se faire soi-même le chantre du nihilisme,
05:30mais on peut dire, non, pas par moi.
05:32Donc, dans ce que je ferai, dans ce que je dirai,
05:34dans mon comportement, dans mon trajet d'existence,
05:37ça ne passera pas par moi.
05:38Ce n'est pas compliqué, ce n'est pas non plus la résistance de Jean Moulin.
05:42Non, ce n'est pas Jean Moulin.
05:44Mais en même temps, Michel Onfray, ça veut dire que quand même,
05:46si vous faites ça, vous et beaucoup d'autres, heureusement, à travers le monde,
05:50et on fait ça, c'est qu'on croit à des valeurs.
05:53C'est en fonction d'un certain nombre de valeurs.
05:55Comme ça, par caprice.
05:57Donc, ces valeurs-là, elles n'ont pas disparu.
06:00Est-ce qu'elles sont enfouies ? Est-ce qu'on peut les remettre ?
06:02Est-ce que le feu couvre sous la cendre, quelque part, de ce point de vue-là ?
06:07Je pense que les valeurs se sont trouvées dévoyées.
06:10Par exemple, on estimait dans la société féodale
06:13qu'il y avait une hiérarchie et qu'elle était voulue par Dieu.
06:15Puisqu'il y avait le péché originel, il y avait des gens qui étaient des seigneurs,
06:19et puis il y avait des gens qui étaient des esclaves,
06:21et c'était l'ordre du monde, c'était voulu par Dieu.
06:23Et puis, à un moment donné, on a dit
06:25non, ce n'est pas du tout comme ça que ça doit fonctionner.
06:27Il faut instaurer, non pas restaurer, mais instaurer une égalité.
06:30On disait jadis, les premiers seront les derniers,
06:33les derniers seront les premiers, donc on disait
06:35souffrez sur terre, dans la cité des hommes
06:37et dans la cité de Dieu, vous serez au paradis,
06:39au plus proche de Dieu.
06:41Et avec la démocratie, c'est très exactement,
06:43c'est-à-dire le contraire de l'athéocratie, c'est le contraire.
06:45On dit, il faut que les hommes soient égaux
06:47devant la loi, devant le droit.
06:50Les hommes naissent libres et égaux en droit.
06:52On oublie toujours ça.
06:54Et cette égalité, qui est une magnifique idée,
06:57l'idée que le fils d'ouvrier agricole que j'étais,
07:00que je suis toujours d'ailleurs, puisse avoir devant la loi
07:03exactement les mêmes droits que le fils
07:06du chef de culture de mon père à l'époque.
07:09Et on a transformé cette belle idée, l'égalité,
07:11en mauvaise idée, l'égalitarisme, qui est la religion d'égalité.
07:14Et là on dit, il ne faut pas qu'il y ait des grands,
07:16il ne faut pas qu'il y ait des petits, il ne faut pas qu'il y ait des intelligents,
07:18il ne faut pas qu'il y ait des gens modestes.
07:20Alors que moi, je ne suis pas gêné du tout par le talent des autres.
07:24Je ne veux pas être Mbappé, moi, ça ne m'intéresse pas d'être footballeur.
07:28Et puis c'est formidable qu'il...
07:29Il le fait très bien, c'est bien qu'il existe.
07:31Quand il s'occupe du football, il fait des choses bien.
07:33Et je ne suis pas jaloux de lui.
07:35Je ne suis pas jaloux non plus d'autres philosophes
07:37qui font leur métier de philosophe en disant
07:39je voudrais être ce philosophe, ça me va bien.
07:41Et donc il y a un moment donné où on vit dans une société
07:43du ressentiment et de l'envie,
07:45et où au nom de l'égalité, on dit
07:47un homme, une femme, ah non, non, non.
07:49Un homme, c'est une femme, une femme, c'est un homme,
07:51c'est un projet, et si vous avez envie,
07:53justement, on en parlait tant ci,
07:55de changer de sexe en allant à la mairie,
07:57vous allez à la mairie, vous changez de sexe, et vous avez bien le droit.
07:59Ça, c'est ce qui est dévoyé.
08:01Je veux dire, c'est la même chose avec la liberté,
08:03c'est la même chose avec la fraternité.
08:05Cette façon de faire sans cesse l'éloge du vivre ensemble
08:07en disant on va casser la figure des autres
08:09parce que ce n'est pas avec cela qu'on veut vivre,
08:11on veut vivre ensemble, mais entre nous.
08:13Et là on se dit, ah bon, elle est là la fraternité.
08:15Elle n'est pas avec toi.
08:17Ou la liberté qui a la liberté de nuire,
08:19c'est-à-dire la liberté de violer, la liberté de massacrer,
08:21la liberté d'insulter. On se dit, ces belles valeurs
08:23de la République, liberté, égalité, fraternité,
08:25à quoi moi j'ajoute laïcité et féminisme,
08:27elles sont dévoyées.
08:29Donc tant que la gauche ne pensera qu'en termes
08:31de cuisine des politiques politiciennes
08:33en disant je veux sauver mon poste,
08:35le retour de Hollande est obscène,
08:37en ce sens, est très emblématique,
08:39tant que la gauche sera sur ce terrain-là,
08:41elle ne refera pas les valeurs qu'elle aurait dû faire.
08:43Elle les a perdues en 1983, la gauche,
08:45quand elle est devenue giscardienne,
08:47parce que Mitterrand est arrivé au pouvoir,
08:49elle s'est dit, moi je veux rester au pouvoir,
08:51je n'ai pas envie de...
08:53Le bon horizon indépassable, le libéralisme.
08:55Oui, c'est ça. Et là, la gauche aurait pu dire,
08:57attendez, non, mais là il y avait des R25
08:59avec des gyrophares, il y avait des appartements
09:01dans lesquels on pouvait entretenir des maîtresses,
09:03il y avait des caves avec des vins millésimés,
09:05le socialisme, ça pouvait attendre.
09:07La soupe est bonne, mon général.
09:09Bien sûr, et il n'y a pas eu des intellectuels
09:11qui se sont engagés en disant, on va refaire
09:13un corpus de gauche, entre la gauche
09:15de l'opposition, parce qu'on n'est pas dans le pouvoir,
09:17on n'a pas le pouvoir, donc on peut tout dire,
09:19et puis la gauche au pouvoir, une gauche pragmatique,
09:21il fallait quelques théoriciens, on n'a pas vu
09:23les Bourdieu, les Derrida, tous ces gens
09:25qui existaient à l'époque.
09:27Et on a vu, et le dernier clou du cercueil,
09:29Terra Nova, le peuple n'est plus avec nous,
09:31occupons-nous du sociétal.
09:33C'est ça, et les Terra Nova, je ne sais pas,
09:35vous vous souvenez de la date, c'était les 30 ans
09:37de 10 mai, c'était le 10 mai 2011.
09:39Vous vous rendez compte ?
09:41Le 10 mai, la signification.
09:43Et cette façon de dire, le peuple est parti
09:45chez les Le Pen, laissez-le là-bas,
09:47et nous on va faire un néo-peuple,
09:49le peuple old school, j'avais appelé ça
09:51le peuple old school, mettez-le à la poubelle,
09:53il est de toute façon déjà parti,
09:55et on va s'occuper, justement,
09:57des minorités sexuelles,
09:59ethniques, religieuses, culturelles,
10:01etc.
10:03Et on y est, et donc le peuple, il est parti
10:05chez Le Pen, il est même parti massivement chez Le Pen.
10:07Ou dans l'abstention.
10:09Ou dans l'abstention,
10:11mais peut-être qu'aux prochaines élections,
10:13on verra à quoi ressemblera l'abstention.
10:15Je pense que là, les gens commencent à se dire,
10:17quelque chose est peut-être possible, je crois qu'il y a des
10:19intentions de vote au-delà de 60%, c'est beaucoup,
10:21et si les gens comprennent que peut-être
10:23leur bulletin de vote pèse, compte,
10:25alors à ce moment-là, on verra si
10:27chez les abstentionnistes, il n'y a pas des gens qui se réveillent.
10:29Qui votera, verra, on en parle avec
10:31Michel Offray, tout de suite après cette petite pause.
10:330826-300-300 pour intervenir
10:35tout de suite sur Sud Radio.
10:37Sud Radio
10:39Bercov dans tous ses états, midi 14h.
10:41André Bercov.
10:43Ici,
10:45Sud Radio.
10:47Les Français
10:49parlent au français.
10:51Je n'aime pas
10:53la blanquette de veau.
10:55Je n'aime pas la blanquette de veau.
10:57Sud Radio Bercov dans tous ses états.
10:59Dans l'introduction
11:01que vous écrivez à ce journal
11:03les donnistes que vous tenez depuis longtemps
11:05déjà. Depuis quand d'ailleurs ?
11:0791 du siècle dernier.
11:0991, oui.
11:1133 ans pratiquement.
11:13L'âge du Christ.
11:15Michel Offray, c'est bien. Alors vous écrivez
11:17justement l'introduction, je voudrais le lire parce que
11:19vous me dites, je suis toujours du côté des femmes,
11:21des homosexuels, des laïcs, des juifs, des libres-penseurs.
11:23Je n'ai pas changé. Je ne suis pas non plus
11:25pour le commerce des corps, la location des utérus
11:27et la vente d'enfants. Je n'ai pas
11:29changé. Je suis toujours athée.
11:31J'estime que toutes les religions font mauvais ménage
11:33avec la démocratie et la liberté.
11:35Je n'ai pas changé, mais le monde
11:37a changé. Le monde a
11:39changé, c'est vrai,
11:41mais est-ce que le monde n'est pas en changement perpétuel
11:43et est-ce que ce n'est pas en fait
11:45la vocation d'un certain nombre de personnes
11:47et d'ailleurs de tous, de garder le
11:49cap justement dans ce changement ?
11:51Oui, alors bien sûr
11:53vous avez la phrase, la foudre gouverne
11:55le monde et d'Héraclite, et on doit
11:57à Héraclite, ce philosophe présocratique, une autre
11:59phrase qui est qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même
12:01fleuve. Alors il fallait expliquer ça aux élèves en
12:03disant que, mais enfin monsieur, je dis mais non, si vous
12:05descendez dans le fleuve, l'eau qui fait le fleuve
12:07n'est plus la même, elle est partie
12:09et on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.
12:11Donc effectivement on peut être immobile dans le courant
12:13du fleuve et c'est un peu ce que je crois être
12:15parce que si on m'avait dit à 30 ans justement
12:17quand j'ai démarré ce texte qu'un jour
12:19on s'en viendrait à gauche
12:21faire l'éloge de la location des utérus
12:23ou de l'achat ou de la vente d'enfants, j'ajoute
12:25et je le dis souvent parce que c'est Peter Singer, le philosophe
12:29qui a écrit un livre qui s'appelle
12:31Les relations sexuelles avec les animaux
12:33sous prétexte d'antispécisme
12:35c'est très précisément dit et écrit
12:37La libération animale, un livre que
12:39Grasset a publié.
12:41Il y a des cahiers antispécistes
12:43où il y a un texte où il nous explique
12:45que le problème, puisqu'effectivement il n'y a pas de différence de nature
12:47mais des différences de degrés avec les animaux
12:49on peut avoir des relations sexuelles avec les animaux
12:51la morale absolue étant
12:53leur fait-on du mal ou pas.
12:55Si on leur fait du mal c'est non, si on leur fait pas de mal
12:57une vache, oui vous pouvez.
12:59C'est dit sérieusement.
13:01Comment savoir si on la viole la vache ou elle est consentante ?
13:03On imagine que
13:05les critères de l'éthique pour Peter Singer
13:07c'est le plaisir ou le déplaisir
13:09si vous avez du plaisir, c'est défendable
13:11si vous avez du déplaisir, ça n'est pas défendable.
13:13Et donc là vous avez
13:15Paul Preciado
13:17c'était d'abord Béatrice, c'est devenu Paul
13:19philosophe, là encore publié chez Grasset
13:21reçu
13:23à Beaubourg qui s'en vient nous expliquer
13:25que pour que le sperme blanc n'aille pas
13:27dans le ventre et les utérus des femmes
13:29il faut le gâcher par l'homosexualité
13:31la masturbation, c'est évidemment pas un problème
13:33il n'y a pas de problème à être
13:35homosexuel et à se masturber
13:37mais qu'il faut aussi envisager
13:39des formes alternatives de sexualité
13:41notamment la zoophilie, donc c'est défendu
13:43et la coprophagie, c'est-à-dire
13:45le fait de manger ses matières fécales
13:47c'est publié dans Libération, ça.
13:49Ça ferait partie
13:51de la sexualité ?
13:53C'est une sexualité comme une autre
13:55c'est Foucault, c'est toute cette pensée-là
13:57et on me dit, si vous êtes de gauche
13:59c'est ça maintenant la gauche, il faut défendre ça
14:01Ah non, moi je suis de gauche et justement je ne défends pas ça
14:03au nom de la gauche
14:05parce que je pense qu'on peut combattre
14:07ce genre de sottises
14:09alors oui, on peut effectivement imaginer que dans l'intimité
14:11de la sexualité
14:13des gens puissent trouver plaisir
14:15à la scatophilie, c'est une affaire personnelle
14:17ça ne gêne personne, mais de là à en faire
14:19la promotion en disant que ce serait
14:21extrêmement supérieur au fait d'avoir
14:23des relations sexuelles avec un homme blanc
14:25le fameux sperme blanc, et un socialiste
14:27je crois, je ne sais pas s'il était socialiste, mais enfin de gauche
14:29qui s'est filmé en train de manger à quatre pattes
14:31des matières fécales, évidemment il a été un peu
14:33expulsé de son
14:35parti, mais qui faisait la promotion
14:37de ce genre de choses. Donc
14:39il y a un moment donné où on se dit, il y avait de la morale
14:41à gauche aussi. Moi j'ai la nostalgie
14:43des vieux prolétaires
14:45qui pensaient effectivement qu'il y avait
14:47de la dignité, de l'honnêteté, de l'honneur
14:49qu'il y avait des choses qu'on faisait, des choses qu'on ne faisait pas
14:51que la culture, ça n'était pas
14:53ça émancipait
14:55est-ce qu'il est
14:57blanc ? Est-ce qu'il est noir ? Qui a écrit ça ?
14:59Est-ce que c'est une femme ?
15:01Par exemple, quel est le statut de la femme
15:03dans Ulysse par exemple ?
15:05Ah ben Pénélope, elle est en train d'attendre, c'est la femme au
15:07foyer, elle attend Ulysse, pendant que lui, Ulysse
15:09il mène une bonne partie
15:11pendant ses voyages en Méditerranée
15:13on dirait, donc ce livre est condamnable
15:15donc on tire un trait sur Homer parce que
15:17Pénélope est présentée comme l'archétype
15:19de la femme au foyer
15:21et on se dit, mais vous en êtes là ?
15:23Mais alors justement
15:25Michel Offray
15:27au fond, est-ce qu'on peut pas dire aujourd'hui
15:29que cette gauche, enfin si on parle à la gauche de Front Populaire
15:31sur la page d'un bonne dédication
15:33en page de l'émancipation, enfin on peut remonter
15:35aux Lumières et même beaucoup plus
15:37loin, mais est-ce qu'au fond
15:39ceux qui s'appellent aujourd'hui de
15:41gauche, en tout cas une bonne partie, n'ont rien à voir
15:43avec la gauche ?
15:45Parce que c'est pas une gauche, je dirais Erzat
15:47c'est une espèce d'hologramme, une espèce de
15:49d'organisme génétiquement modifié
15:51Oui mais vous avez raison, il y a la gauche d'en haut, la gauche d'en bas
15:53c'est-à-dire il y a la gauche des partis
15:55des états-majors
15:57et puis il y a la gauche d'en bas, et moi je les rencontre
15:59quand je suis dans mon village
16:01les vieux socialistes qui me disent, mais tu as tellement raison
16:03je dis, mais alors dis-le
16:05ah non on peut pas, et pourquoi ? Bah va passer
16:07pour des fascistes, et alors il y a une intimidation
16:09terrible, les gens ne veulent pas qu'on dise d'eux
16:11et je les comprends, qu'ils sont d'extrême droite
16:13qu'ils sont fascistes, qu'ils ont tourné à droite
16:15qu'on ne les reconnaît plus, etc.
16:17Mais c'est vous qui pourriez faire autorité
16:19en disant justement, mais nous on a un quarante ans
16:21de militantisme socialiste derrière nous
16:23et au nom de ces quarante années
16:25vous avez fait ce qu'on appelle une tenue blanche
16:27chez les francs-maçons
16:29et des francs-maçons qui m'avaient dit en sortant
16:31c'est formidable de vous entendre, je dis c'est très exactement
16:33le contraire que vous défendez, pourquoi ?
16:35Et donc il y a une intimidation terrible
16:37de gens qui n'osent pas
16:39qui parfois quand on est dans l'intimité d'une amitié
16:41ou éventuellement d'un dîner d'amis
16:43ou d'une conversation dans la rue
16:45comme ça vous arrive aussi de rencontrer des gens qui disent
16:47bah ouais moi je pense ceci, je pense cela, mais dites-le !
16:49Et effectivement je pense même qu'il y a des gens
16:51de l'état-major du Parti Socialiste
16:53qui ne pensent pas
16:55qu'il faut faire cette union, mais qui la font parce qu'ils se disent
16:57bah dans trois semaines je serai encore député
16:59et les gens n'en peuvent plus
17:01ils n'en peuvent plus de ces partis
17:03qui jouent
17:05leur confort contre le peuple
17:07Et c'est fou, vous voyez, parce que
17:09au nom de la soupe et bonne, etc
17:11mais c'est ça, oui, mais alors vous touchez du doigt
17:13quelque chose de très important
17:15parce que tout le monde doit être responsable
17:17ceux qui nous écoutent, nous chacun
17:19il n'y a pas de hiérarchie là-dessus
17:21vous dites, oui je ne peux pas, je n'ose pas
17:23mais ce je n'ose pas
17:25toute l'histoire est faite par des gens
17:27qui ont rompu ce je n'ose pas
17:29qui ont quitté leur position de confort
17:31vous auriez pu avoir des positions de confort
17:33vous savez, l'institution, la place
17:35d'ailleurs vous parlez d'une année française
17:37quelqu'un vous a dit, allez
17:39vous parlez de ça dans votre préface
17:41vous dites, on va
17:43te présenter à l'académie
17:45c'est ça, vous avez eu ça, non ?
17:47Oui, je suis jeune auteur chez Grasset
17:49on me dit, d'abord il va falloir
17:51quitter votre passé, le père ouvrier
17:53agricole, la mère femme de ménage, la compagne
17:55Vous avez dit qu'il faut quitter votre passé ?
17:57Très précisément, ma compagne qui est
17:59décédée depuis, il y a une dizaine d'années
18:01il faut la quitter, il faut quitter ce boulot en province
18:03et puis vos souvenirs, je me souviens
18:05de l'image, on va les mettre dans une maison
18:07mais on va mûrer la porte et les fenêtres
18:09et on vous fera rencontrer les gens utiles pour faire carrière
18:11et là j'ai dit non, j'ai dit non, j'ai pas envie de
18:13faire carrière, j'ai envie de faire des livres mais pas de faire carrière
18:15il m'a dit, mais vous ne ferez pas carrière
18:17et la même personne qui m'avait
18:19dit ça, quelques années après m'a dit, ah finalement
18:21c'était le bon choix, c'était la bonne stratégie ce que vous avez
18:23fait, j'ai dit mais non, c'était pas un choix
18:25c'est une incapacité à faire autrement
18:27et j'avais donc une trentaine d'années, début de ce journal
18:29où effectivement je rencontre quelqu'un
18:31je peux dire que c'est Jean Botorel parce qu'il m'a sali
18:33il a écrit un livre dans lequel il disait que j'étais
18:35fasciné par l'Académie
18:37française, c'est très exactement l'inverse
18:39qu'il m'imagine portant un bicorne
18:41et traînant une épée
18:43et dans un déjeuner où il m'a demandé
18:45de faire un bloc-note pour
18:47la revue des deux mondes de l'époque
18:49avec une dame qui était Jeanne Cossé, il m'a dit
18:51mais ça vous intéresserait l'Académie française ?
18:53j'ai dit non, pas du tout, j'ai pas envie de ça
18:55il me dit mais c'est important, vous savez, mais je vous expliquerai
18:57je vous présenterai, il y a des
18:59textes à écrire en faveur
19:01de certains, en défaveur d'autres
19:03même si vous n'êtes pas d'accord, et là il faut
19:05cirer pour ça, il me dit ça se prépare
19:07c'est 30 ans d'amont, je dis mais je ne veux pas
19:09je ne souhaite pas moi être académicien, c'est pas
19:11l'horizon de mon existence
19:13je veux faire des livres qui se tiennent et puis
19:15voilà quoi.
19:17Justement, pour revenir à ma question
19:19Michel Onfray
19:21qu'est-ce qu'il fait quand même ?
19:23Vous parlez des socialistes que vous rencontrez qui ont
19:2540 ans de militantisme ou d'autres, la gauche
19:27après tout, qu'est-ce qu'ils auront à perdre ?
19:29Pourquoi ? C'est la peur de faire
19:31le jeu d'eux, de passer
19:33pour, c'est quoi en fait ?
19:35Le regard d'autrui et le jugement d'autrui
19:37dans un village, si de gauche
19:39vous dites, mais moi je peux pas accepter
19:41que par exemple on loue des utérus ou qu'on achète
19:43des enfants, et bien les gens de gauche vont dire
19:45de vous, et bien t'es en train de te fasciser
19:47te droitiser, tu te le pénises
19:49et puis à ce moment-là éventuellement on vous regarde mal
19:51dans le village, vous êtes devenu
19:53un sale personnage et
19:55vous n'avez pas forcément envie de vivre comme ça, donc vous êtes un peu
19:57comme les marranes, vous êtes un
19:59juif qui s'est apparemment
20:01converti mais qui reste juif
20:03et bien là vous avez deux personnes, vous avez une espèce de
20:05schizophrénie qui fait que vous avez
20:07une intimité, vous pensez
20:09en vertu du bon sens
20:11mais comme vous risquez la persécution
20:13aux yeux d'autrui, vous dites, ben non non, moi je pense
20:15toujours ça, et puis voilà quoi.
20:17Justement, c'est aux philosophes et aux psychologues
20:19que je m'adresse, il y a des gens qui
20:21n'ont pas ce problème, qui ne vivent pas dans un village
20:23qui sont protégés, qui n'ont rien à perdre
20:25ou pas grand-chose et qui
20:27aussi se taisent.
20:29Vous avez l'élite.
20:31Oui mais vous ne vivez pas seul, vous avez des amis, des copains
20:33et puis je ne sais pas, vous faites du sport, vous avez
20:35des activités, vous rencontrez des parents d'élèves quand vous allez
20:37chercher vos petits-enfants ou je ne sais quoi
20:39et là vous avez des discussions et quand je dis
20:41dans un village, c'est dans le cercle
20:43autour de soi, donc vous pouvez habiter
20:45dans une grande ville
20:47et puis autour de vous, les gens
20:49ont un avis sur vous, et puis après il y a des dîners
20:51en ville, il y a des gens qui se rencontrent, qui se reçoivent
20:53et là vous ne pouvez pas passer pour
20:55ce que vous ne voulez pas être alors que finalement
20:57vous l'êtes véritablement.
20:59C'est fou parce que le management par la peur
21:01l'institutionnalisation de la peur.
21:05Et le regard d'autrui, le jugement d'autrui
21:07c'est-à-dire ce que Heidegger appelait le
21:09on dit que, on pense que,
21:11on m'a fait savoir, on dit de toi que
21:13mais on sait qui
21:15et on exerce une tyrannie
21:17terrible auprès de gens qui ont peur
21:19parce qu'éventuellement un jour on dit
21:21on dit de toi que tu as mal tourné
21:23et je dis mal tourné dans quel sens ?
21:25Et quelle idée
21:27est terrible dans celle que je défends
21:29aujourd'hui et qui serait une idée
21:31fasciste ou nazie ? Et puis là évidemment vous n'avez plus personne.
21:33Bien sûr, c'est pour ça qu'il faut ajouter
21:35quand on vous dit on, j'ai dit con
21:37pas on est un con, ça se dit aussi ça.
21:39On se retrouve
21:41après une petite pause
21:43avec Michel Onfray, la foudre gouverne le monde
21:45dans l'édition Albin Michel qui est notre invité
21:47jusqu'à 14h et on me dit que vous êtes
21:49beaucoup à écouter aujourd'hui.
21:51Bravo, bravo.
21:53Sud Radio Bercov dans tous ses états
21:55Appelez maintenant pour réagir
21:570 826 300 300
22:01Ici Sud Radio
22:05Les français parlent au français
22:09Les carottes sont cuites
22:11Les carottes sont cuites
22:13Sud Radio Bercov dans tous ses états
22:17Michel Onfray, on est la foudre
22:19gouverne le monde, je voudrais vous faire entendre un extrait
22:21d'une interview de
22:23Dominique Devillepin qui était interviewée
22:25je crois que c'était sur France Info
22:27en tout cas il
22:29c'était sur
22:31LCI, pardon pas, sur France Info
22:33interviewée par
22:35David Pujadas et
22:37on lui demande s'il sait pour qui
22:39il va voter pour les élections du
22:4130 juin et 7 juillet
22:43et voici ce qu'il dit.
22:45Je considère que la priorité doit être donnée
22:47à la lutte contre le rassemblement national
22:49et que le rassemblement national
22:51constitue aujourd'hui
22:53la véritable menace
22:55pour notre pays.
22:57Voilà, c'est intéressant quand même
22:59Dominique Devillepin
23:01évidemment vous allez me dire
23:03ça fait partie de
23:05je ne sais pas, c'est d'abord
23:07une chose puisque votre revue
23:09je le rappelle, qui est qui
23:11qui a été écrite
23:13qui s'appelle Front Populaire
23:15bon le Front Populaire n'appartient à personne
23:17puisque Front Populaire c'est 1936
23:19mais qu'est-ce que vous avez pensé
23:21d'appeler ce rassemblement
23:23je le rappelle de Hollande à Poutou
23:25en passant par les Saint-Pélizen
23:27comme François Bayrou et Dominique Devillepin
23:29le nouveau Front Populaire ?
23:31Eh bien vous êtes le premier à me poser la question
23:33ça me réjouit, je vais pouvoir répondre
23:35à dire d'autres choses parce que de fait
23:37moi d'abord quand j'ai créé cette revue
23:39je voulais qu'elle s'appelle Le Plébéien
23:41et comme je n'étais pas seul
23:43on en a parlé, on m'a dit non c'est trop
23:45la plèbe ceci, la plèbe cela
23:47et le Front Populaire c'était
23:49un peu de manière ironique, une façon de dire
23:51faisons un front avec le peuple
23:53et de jouer...
23:55c'était le sens littéral qui consistait à dire
23:57il s'agit aujourd'hui, parce que nous sommes
23:59souverainistes, de faire un front avec le peuple
24:01contre l'Europe mastrichienne
24:03qui nous est présentée comme, enfin on connaît l'histoire
24:05destructrice des nations, etc.
24:07et donc nous étions à l'époque
24:09en plein Covid
24:11quand on a démarré ça
24:132020 c'était
24:15oui je crois
24:17et Stéphane Simon à l'époque
24:19s'était demandé
24:21si Front Populaire avait été déposé
24:23et alors c'était un truc très drôle
24:25il m'appelle un jour et il me dit
24:27écoute tiens toi bien, Front Populaire est une marque
24:29qui appartient au parti communiste
24:31et il y a une espèce de compteur qui est en route
24:33parce que dans 3 semaines
24:35s'ils n'ont pas racheté la marque
24:37et on peut la prendre
24:39ça veut dire que le parti communiste à l'époque
24:41se souciait tellement de Front Populaire
24:43qu'ils ont laissé passer la marque
24:45ils avaient déposé cette marque
24:47elle était déposée à l'époque
24:49et ils en étaient les détenteurs et ils n'en avaient rien à faire
24:51il y a 4 ans
24:53ils n'avaient rien à faire du Front Populaire
24:55et Stéphane Simon m'appelle un jour et il me dit
24:57et ben voilà, le compteur est tombé
24:59ça y est, la marque est libre
25:01on a déposé, on est donc propriétaire
25:03nous sommes propriétaires de la marque Front Populaire
25:05Front Populaire ce n'est pas seulement une marque
25:07c'est aussi un moment de l'histoire
25:09on ne va pas déposer la Révolution Française
25:11la Révolution Nationale ou je ne sais quoi
25:13ça n'a aucun intérêt
25:15je peux vous dire sans forcément trahir
25:17mais il y a des gens qui ont quitté Mélenchon
25:19qui sont revenus nous voir et qui ont dit
25:21que Mélenchon avait piqué une colère noire
25:23quand il a su que nous appelions notre revue Front Populaire
25:25il avait l'intention
25:27de préempter la chose
25:29et d'en faire une machine de guerre
25:31pour les présidentielles qui ont suivi
25:33celle de 2022
25:35c'est ça, et nous avions en dessous
25:37de Front Populaire inscrit un peu notre
25:39idéal qui est une phrase de
25:41la Boétie, soyez résolus de ne plus servir
25:43et vous voilà libre.
25:45Un discours sur la servitude volontaire
25:47c'est un magnifique livre
25:49et donc
25:51comme pour se venger, Mélenchon a créé
25:53un institut la Boétie
25:55alors je veux bien que ce soit
25:57un pur hasard, mais ça pouvait être aussi
25:59une espèce de vengeance perfide d'un monsieur
26:01dont le ressentiment est le moteur, on le sait
26:03et donc voilà, alors effectivement c'est un peu gênant
26:05moi je préfère qu'on dise aujourd'hui le Nouveau Front Populaire
26:07et ça ne me gêne pas quand on dit le Nouveau Front Populaire
26:09Front Populaire, on n'est pas
26:11bon oui on est propriétaire de la marque
26:13mais on ne va évidemment pas faire de procès
26:15on ne va pas non plus dire
26:17on a acheté la marque donc on est propriétaire de ce qu'a été le Front Populaire
26:19simplement
26:21Mais qu'est-ce que vous pensez ?
26:23Là je parle du Nouveau Front Populaire
26:25est-ce que ce n'est pas open bar ? Parce que quand on voit
26:27l'étendue du champ
26:29ben là il s'agit de dire
26:31on sauve nos meubles
26:33sous prétexte d'antifascisme
26:35donc on veut des postes
26:37c'est-à-dire que tu as la même chose avec la NUPES
26:39c'est des gens qui sont prêts à faire des mariages de raison
26:41et pas des mariages d'amour
26:43des mariages de raison en disant je te déteste
26:45mais je t'épouse parce que tu amènes de l'argent dans la corbeille
26:47on s'épouse pour la dot
26:49c'est ça le Front Populaire aujourd'hui
26:51le Nouveau Front Populaire, on s'épouse pour la dot
26:53moi je lis intégralement Maupassant tout de suite
26:55tous ces gens-là sont des personnages de Maupassant
26:57animés par la haine
26:59la méchanceté, le ressentiment
27:01l'égocentrisme, le narcissisme
27:03on veut des postes, on veut de l'argent
27:05on veut des couvertures médiatiques
27:07le peuple, on n'en a rien à faire et on est prêts à tout
27:09quand vous pensez que des gens comme Hollande
27:11se retrouvent associés à des gens comme Boutou
27:13on se dit mais
27:15ça saute aux yeux de tout le monde
27:17qu'effectivement c'est la carpelle lapin
27:19cette histoire, mais au bout du compte
27:21ils vont sauver des postes et c'est ça qui les intéresse
27:23c'est-à-dire que je ne suis pas du genre
27:25à rabattre tout sur la Deuxième Guerre mondiale
27:27mais on voit bien
27:29comment un pacte germano-soviétique
27:31a pu avoir lieu, déjà
27:33parce que c'est presque un second pacte germano-soviétique
27:35ce qui a lieu, c'est-à-dire que les communistes
27:37et les nazis signent
27:39un accord, l'accord Ribbentrop
27:41et Molotov qui permet
27:43de 39 à 41
27:4539-40-41, qui permet la collaboration
27:47mais vraiment la collaboration
27:49c'est-à-dire que la CGT aujourd'hui
27:51qui nous dit alto-fascisme, la CGT à l'époque
27:53a saboté le matériel de guerre
27:55le PCF a appelé à collaborer
27:57Oui, ils l'ont écrit d'ailleurs
27:59c'est-à-dire que ces gens ont eu deux années
28:01de collaboration avec les nazis
28:03c'est pas avec Jordan Bardella
28:05ces gens-là ont dans leur histoire
28:07assez récente, collaboré
28:09de 39 à 41
28:11avec les nazis et nous donnent des leçons d'antifascisme
28:13Oui, mais Michel Onfray, il faut le dire
28:15après ils ont payé quand même assez durement
28:17leur résistance
28:19Mais attendez, qui
28:21rompt le pacte germano-soviétique ?
28:23C'est pas
28:25Staline, c'est Hitler
28:27C'est Hitler qui décide de Barbarossa, c'est-à-dire on ne sait pas
28:29si Hitler n'avait pas rompu le pacte
28:31jusqu'où ce serait allé
28:33Il y aurait eu probablement un Yalta
28:35avec Adolf Hitler
28:37et Staline, et on aurait une partie
28:39de l'Europe de l'Ouest qui serait devenue hitlérienne
28:41et une partie de l'Europe de l'Est qui serait devenue
28:43stalinienne, c'est du moins ce que n'excluait pas
28:45Staline. Alors je veux bien qu'aujourd'hui
28:47on nous présente le grand danger comme venant
28:49de Jordan Bardella, je veux dire il y a encore
28:51assez peu, ce parti-là faisait
28:53l'éloge des nazis, il demandait aux nazis
28:55l'autorisation de faire reparaître l'humanité
28:57Donc faisons un peu d'histoire, c'est-à-dire que tous ces gens
28:59qui récupèrent le Front Populaire
29:01on pourrait aussi pour le coup leur dire
29:03mais savez-vous ce qu'a fait la chambre du Front Populaire
29:05quand il a fallu voter les pleins pouvoirs à Pétain ?
29:07C'est cette chambre-là
29:09C'est cette chambre-là, c'est-à-dire que
29:11il y en a très peu qui ne votent pas pour
29:13le maréchal Pétain. Absolument, vous avez raison
29:15Vous avez raison, et
29:17tous les magistrats, tous les profs de fac
29:19la police, pas forcément les policiers
29:21mais l'état-major de la police, tous ces gens-là
29:23se sont ralliés au maréchal Pétain
29:25donc à une politique de collaboration
29:27et ils attendent le STO
29:29ils attendent la victoire de Stalingrad
29:31c'est-à-dire 1943 pour entrer en résistance
29:33tous ces gens-là, et quand on a des
29:35résistants qui comme Malraux
29:37par exemple entre en résistance en mars
29:391944
29:411944, c'est-à-dire quelques
29:43semaines avant le débarquement
29:45et c'est l'époque où Sartre et Beauvoir
29:47entretiennent des bonnes relations
29:49avec Radio Paris, je rappelle que Simone de Beauvoir
29:51travaille à Radio Paris, qui était une radio
29:53dans laquelle on aigrenait
29:55des discours antisémites.
29:57Radio Paris maintenant, Radio Paris actuellement
29:59Et donc tous ces gens qui donnent des leçons d'histoire
30:01aujourd'hui ne connaissent pas véritablement l'histoire
30:03parce que franchement, se réclamer
30:05de cette période-là, moi je pense
30:07qu'il n'y a qu'une seule référence
30:09digne de ce nom, c'est le général de Gaulle et c'est le 18 juin 1940
30:11Celui-là résiste
30:13et il n'attend pas le STO, il n'attend pas Barbarossa
30:15il n'attend pas la fin du pacte germano-soviétique
30:17il n'attend pas l'annonce de
30:19l'entrée en guerre des Etats-Unis pour résister
30:21Et puis il y a eu des étudiants et des tas de gens qui ont fait un travail
30:23extraordinaire, il faut le dire, vous le savez
30:25Maintenant moi, effectivement
30:27disons, j'ai un peu d'indulgence pour les gens qui ont eu
30:29talent, et c'est vrai que Malraux
30:31c'est Malraux quand même
30:33Non mais je suis d'accord
30:35Mais ça n'empêche pas qu'il faut revoir l'histoire, c'est vrai
30:37et se dire qu'il y a une chanson
30:39de Sardou, si Lérica n'était pas là
30:41on peut se demander que si Eriskoff n'était pas là
30:43même chose
30:45Mais Sardou n'est pas une référence pour moi, parce qu'il a quand même fait
30:47souvenez-vous, quand même une chanson qui dit
30:49Lénine réveille-toi, ils sont devenus fous
30:51Ah oui, c'est vrai
30:53Une chanson de Sardou ça aussi
30:55Je veux bien faire l'éloge de Lérica
30:57et en même temps de Lénine
30:59il y a un truc qui est problématique
31:01Oh, il était centriste
31:03Non, je pense que c'était un bon chanteur
31:05un nanar de droite plutôt qu'un idéologue
31:07Non, non, c'est sûr
31:09C'est un chanteur sympathique d'ailleurs
31:11Tout à fait
31:13Pour parler à Michel Offray
31:15c'était vraiment important
31:17de voir effectivement
31:19ce côté, vous savez, la lutte des classes
31:21remplacée par la lutte des places
31:23c'est un peu ça
31:25Mais au-delà, au fond, aujourd'hui
31:27parce que vous parlez beaucoup de Maastricht
31:29et tout ce qui s'est passé
31:31ensuite, évidemment, le référendum de 2005
31:33Lisbonne, tout ça, on a vu
31:35la somme des reniements
31:37institutionnels
31:39et du pouvoir
31:41Mais au fond, quand vous parlez
31:43parce que vous dites, vous parlez de tout ça
31:45et je voudrais qu'on
31:47pratiquement, aujourd'hui
31:49dans la France telle qu'elle est
31:51ce socialisme libertaire
31:53dont vous parlez Proudhon, vous savez, vous réclamez
31:55beaucoup de Proudhon et beaucoup d'autres, effectivement
31:59Est-ce que
32:01sur le plan pratique
32:03aujourd'hui, est-ce que vous vous sentez représenté
32:05par une quelconque
32:07je ne dirais pas formation politique
32:09mais un quelconque courant, disons
32:11qui est dans la politique
32:13dans la lutte pour les élections, tout ça
32:15ou pas du tout ?
32:17Pas du tout, parce qu'ils ont tous en commun, tous, tous
32:19vraiment de Poutou à, je ne sais pas qui
32:21à Marine Le Pen, en passant par Bayrou
32:23d'être des jacobins
32:25Ils sont tous des jacobins, c'est-à-dire qu'ils pensent que
32:27l'État doit tout gérer, doit tout faire
32:29et que l'État doit décider de ceci
32:31de cela, de l'âge de la retraite
32:33de la taille des culottes courtes des enfants
32:35dans les écoles, enfin c'est...
32:37Et moi je ne suis pas jacobin, c'est-à-dire que je ne pense pas
32:39que l'État, ça doit être
32:41un État centralisateur qui dirait, nous avons décidé
32:43à Paris que, maintenant
32:45ce sera comme ceci ou ce sera comme ça
32:47Je suis un girondin, et il y a un très beau livre de Tocqueville
32:49qui s'appelle L'Ancien Régime et la Révolution
32:51où Tocqueville dit, la Révolution n'a pas été révolutionnaire
32:53parce qu'elle n'a pas touché à l'essentiel
32:55l'essentiel étant l'État centralisé
32:57Il dit depuis Philippe Le Bel, et on pourrait ajouter
32:59jusqu'à aujourd'hui, et c'est le cas de
33:01Mélenchon, c'est le cas de Jordan Bardella
33:03ou c'est le cas de
33:05d'Emmanuel Macron, ce sont tous
33:07des jacobins qui disent, nous allons décider
33:09nous allons faire de telle sorte que
33:11la retraite, ça va être comme ceci
33:13etc. Moi je suis
33:15dans un socialisme libertaire proudhonien
33:17assez français, c'est-à-dire
33:19proche des communards. Les communards
33:21m'intéressent, je déteste la Révolution française
33:23qui décapite, et j'adore
33:25la commune qui met le feu au bord
33:27de la guillotine. Mais c'est formidable
33:29c'est formidable, et vous avez raison
33:31de le dire, en un mois, fusillé après
33:33par Thiers, dont
33:35Emmanuel Macron a fait l'éloge
33:37Je rappelle qu'il y a un moment donné, pour célébrer
33:39ou commémorer du moins la commune
33:41Emmanuel Macron a pris la parole
33:43en expliquant à l'époque que
33:45Thiers avait sauvé la République
33:47contre les communards, ça a été clairement dit
33:49C'est pour ça que j'ai fait un livre contre Macron qui s'appelle
33:51Foutriquet, petit branleur
33:53si on veut une traduction, et le mot
33:55se trouve chez Hébert au XVIIIe siècle
33:57Pendant la Révolution française, il se trouve
33:59chez Vallès, qui lui l'utilise contre
34:01Thiers, et se trouvera plus tard chez Pierre Boutang
34:03au XXe siècle. Précis de Foutriquet
34:05C'est ça, c'est un
34:07pamphlet assez extraordinaire
34:09qui a été
34:11mon professeur quand j'étais à la Sorbonne,
34:13Pierre Boutang d'ailleurs, et
34:15de fait, Foutriquet, ça lui va comme un gant
34:17parce qu'il a clairement fait savoir à l'époque
34:19que d'une certaine manière, les communards
34:21et les gilets jaunes, c'était la même chose
34:23et que lui, il a sauvé la République comme Thiers
34:25c'est-à-dire en faisant tirer sur
34:27la foule. Alors bon, il n'a pas fait de mort
34:29Macron, on a changé de siècle
34:31mais il a fait quand même des éborgnés
34:33voilà
34:35On en reparle, on continue à en parler
34:37avec Michel Offret après cette petite pause
34:39et on se retrouve très vite
34:55Je ne parle pas français
34:57Je n'aime pas la blanquette de veau
34:59Je n'aime pas la blanquette de veau
35:01Je n'aime pas la blanquette de veau
35:03Sud Radio Bercov dans tous ses états
35:05Et Michel Offret aussi
35:07et vous aussi, auditeurs de Sud Radio
35:09on le sait en ce moment et il y a de quoi
35:11La foudre gouverne le monde
35:13aux éditions Albain Michel
35:15Effectivement, il y a ces échéances-là
35:17mais au-delà des échéances électorales
35:19législatives
35:21et ce qui se passe un peu partout
35:23économiquement, militairement
35:25toute cette tectonique
35:27des plats qu'on voit très bien
35:29avec le BRICS d'un côté
35:31les foyers au Moyen-Orient, Proche-Orient et autres
35:33Au fond
35:35je vous parle des jacobinistes
35:37et des girondins, des jacobins
35:39Michel Offret, mais au fond aujourd'hui
35:41quelqu'un qui n'a pas envie d'entrer
35:43dans un parti mais qui a envie de faire
35:45et qui sent que ça ne va pas
35:47et je vous assure qu'on a des témoignages d'auditeurs
35:49tous les jours là-dessus
35:51qu'est-ce que je peux faire à mon niveau ?
35:53Est-ce que vous avez quelque chose à répondre ?
35:55Sans leur dire que ce n'est pas la solution
35:57ou le lapin qui sort du chapeau
35:59mais comment se prendre en main
36:01parce qu'on sent que les gens ne savent plus où ils habitent ?
36:03Oui, alors
36:05quand par exemple
36:07on parlait tout à l'heure de la commune
36:09si vous dites qu'il y a un garde-manger
36:11qui est vide pendant la révolution française
36:13on vous dira, et bien
36:15tribunal révolutionnaire, décapitation
36:17taxation des profits
36:19décapitation des accapareurs
36:21etc.
36:23et on fait de la théorie, on coupe des têtes
36:25et on ne change pas les choses, on fait de telle sorte
36:27que finalement les gens changent de maître, c'est tout.
36:29Devant le même garde-manger vide
36:31que font les communards ?
36:33Ils créent des restaurants coopératifs
36:35des épiceries
36:37coopératives
36:39et là on s'aperçoit que la solution est là
36:41dans la coopération, dans la mutualisation
36:43ça veut dire que chacun doit pouvoir se dire
36:45moi je ne peux pas donner de leçons à chacun
36:47la théorie c'est que là où
36:49les auditeurs qui m'écoutent le savent
36:51ils pourront faire le travail par eux-mêmes
36:53que peuvent-ils faire là où ils sont ?
36:55sont-ils dans un village, dans un quartier, dans une banlieue
36:57dans une grande ville, etc.
36:59sont-ils parents, grands-parents, etc.
37:01sont-ils producteurs, acheteurs, etc.
37:03et après on s'organise
37:05sont-ils dans un immeuble, dans une maison particulière
37:07et chacun fabrique de l'autogestion
37:09là où il est. On a tous des grands-parents
37:11des parents ou des parents
37:13dont il faut s'occuper, ça coûte horriblement cher
37:15c'est de la machine à faire de l'argent
37:17en niant ces gens-là, la plupart du temps
37:19ces vieilles personnes, nos anciens
37:21on peut fabriquer des
37:23des maisons
37:25appelons ça comme ça, des maisons d'anciens
37:27qui seraient des maisons d'anciens dans lesquelles on pourrait
37:29mutualiser, coopérer
37:31et se dire on va se mettre ensemble
37:33plutôt que de donner 2000 ou 3000 euros par mois
37:35on va les donner à cette association
37:37et on va avoir des gens qui peut-être dans le village
37:39dans une école, on peut travailler
37:41faire la cuisine, s'occuper même des tâches
37:43faire de telle sorte que les enfants dans un village
37:45par exemple puissent avoir
37:47des études gratuites, après l'école
37:49par exemple, parce qu'il y a des parents qui ne savent pas
37:51c'était le cas des miens, et qui ne savent pas aider les enfants
37:53à faire des leçons de maths
37:55ou des leçons d'anglais, c'était le cas de mes parents
37:57évidemment, je vais recréer
37:59une université populaire dans mon village de Chambois
38:01je ne dis pas que tout le monde doit le faire, mais on peut le faire comme ça
38:03nous parlions en rentaine vous et moi de la possibilité
38:05par exemple d'éditer des livres
38:07en faisant l'économie de tout le business éditorial
38:09qui est aujourd'hui un business libéral
38:11c'est-à-dire on vend du papier
38:13et pas des idées, si on dit
38:15vous avez aujourd'hui le proust de demain
38:17mais vous n'allez pas en vendre beaucoup
38:19et vous avez le crétin d'aujourd'hui qui va vous permettre
38:21d'en vendre beaucoup, l'éditeur dira
38:23je prends le crétin, c'est là qu'il y a le problème
38:25donc c'est inventer là où on est, en fonction
38:27de ce qu'on est, des façons
38:29alternatives de se comporter, ça peut être dans un bureau
38:31on dit on va organiser de manière
38:33coopérative ou autogestionnaire
38:35ça peut être dans un quartier, où on dit ce que parfois
38:37des gens font, on n'en parle jamais mais
38:39d'ailleurs dans un quartier, on dit
38:41on amène la police, la police arrive
38:43eux ils se déplacent de 10 mètres et puis le soir
38:45ils reviennent dans leur point de deal, etc.
38:47et puis parfois vous avez des gens qui disent non, on ne va pas laisser passer
38:49et on va se mettre à 10 dans l'entrée, des gens
38:51de l'immeuble qui disent ils ne passeront pas
38:53et puis voilà, si on multiplie ce genre de choses
38:55C'est de l'autodéfense légitime
38:57Oui, appelons ça de l'autodéfense, je ne suis pas contre non plus
38:59le fait que de temps en temps des gens disent
39:01après tout, je ne dis pas que la police ne fait pas son travail
39:03mais quand on demande à la police qu'elle ne fasse pas son travail
39:05car elle le fait son travail
39:07quand elle le fait, elle le fait très bien
39:09et il y a tellement de policiers qui meurent
39:11il y a un moment donné où, donner un coup de main
39:13il y a par exemple des voisins vigilants
39:15vous savez, il y a des pancartes qui sont comme ça
39:17à l'entrée de certains villages
39:19c'est une façon de dire, bah oui, on a vu passer quelqu'un
39:21trois fois, quelqu'un qui a pris
39:23quelques photos, quelqu'un qui a dit on va commencer à regarder
39:25et puis il y a des gens qui disent
39:27on ne va peut-être pas aller piller ici
39:29parce qu'on a déjà été vu et repéré
39:31c'est-à-dire une espèce d'autogestion qui n'est pas
39:33une société policière qu'on reconstruirait
39:35c'est simplement une société fraternelle
39:37dans laquelle on pourrait dire, ici, à l'école
39:39dans une épicerie ou avec les paysans
39:41des paysans à qui on achète
39:43leurs produits
39:45à des tarifs dérisoires qui crèvent la faim
39:47et notamment
39:49et puis notamment des grosses
39:51boîtes comme Leclerc
39:53quand je vois Michel-Edouard Leclerc, je me dis
39:55il n'est quand même pas culotté
39:57de venir nous dire qu'il faut s'occuper des petits producteurs
39:59il en a deux ou trois, d'accord
40:01mais il achète à un tel prix
40:03si vous dites on va avoir un producteur
40:05un paysan, on a dans un village
40:07donc trois magasins abandonnés, on va voir avec
40:09le maire du village s'il ne peut pas nous prêter
40:11ou nous louer un euro symbolique
40:13et on va mettre
40:15les viandes, les fruits, les légumes
40:17ce qu'on aura à vendre, éventuellement du miel
40:19éventuellement des objets divers et multiples
40:21et puis on a la possibilité de faire
40:23des tours de garde les uns les autres
40:25on est à quatre ou cinq, on boit un coup, on parle, on discute
40:27en même temps, on vend des patates, on vend des légumes, des fruits
40:29je crois plus à ça
40:31qu'en fait de voter et d'attendre
40:33un homme providentiel qui nous dira
40:35nous avons débloqué une enveloppe qui ira
40:37etc, etc, on sait bien que ça marche pas
40:39donc si les gens se prennent en main, s'ils pensent
40:41que l'entreprise peut effectivement être une bonne chose
40:43quand elle est dirigée de façon sociale
40:45et socialiste
40:47c'est toute l'économie des communards
40:49c'est toute l'économie des prodoniens
40:51et ça marche très bien, et puis après ça recrée du
40:53j'aime pas beaucoup l'expression
40:55du lien social, les gens font des
40:57ils font des balles, ils font des
40:59épiceries solidaires, ils font des bistrots
41:01dans lesquels on fait venir des gens qui jouent
41:03un peu de guitare, qui font la lecture
41:05de quelques poèmes, on a des gens qui font de la cuisine
41:07et qui se retrouvent, et ça
41:09on n'a pas besoin que ce soit
41:11machin ou bidule qui soit au pouvoir pour que ça ait lieu
41:13Et c'est quand même
41:15étonnant qu'il n'y ait pas aujourd'hui, en 2024
41:17un courant politique, je dis pas
41:19un parti, j'ai dit un mouvement ou un courant
41:21qui prône ça, parce que
41:23effectivement, il y a, moi j'ai vu
41:25vous savez qu'au Québec ça existe
41:27c'est un certain village, et en France
41:29je suis sûr que ça existe dans un certain nombre de villages
41:31où les gens s'entraident, se complètent
41:33font de la misogynie
41:35Mais il n'y a pas un courant politique qui...
41:37En France non, en France on est peut-être
41:39le pays le plus jacobin qui soit
41:41en dehors des totalitarismes je veux dire
41:43mais aujourd'hui
41:45l'État s'occupe de tout
41:47de votre vitesse dans votre voiture, de ce que vous ingérez
41:49de ce que vous fumez, de ce que vous mangez
41:51de ce que vous buvez, de votre façon de vous comporter
41:53quand on vous fait de la pub aujourd'hui pour une voiture
41:55d'abord il faut qu'elle soit électrique
41:57mais ensuite on vous fait savoir, la pub même de la voiture
41:59que vous pouvez économiser votre voiture et partir en vélo
42:01on en est quand même là
42:03aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il y a un moment donné où on peut
42:05s'affranchir un peu de tout ça
42:07en disant mais arrêtez de vous occuper du moindre détail
42:09de ma vie intime et privée
42:11et puis permettez-moi un peu d'audace
42:13un peu d'esprit d'entreprise
42:15on peut aujourd'hui créer des écoles
42:17l'école n'est pas obligatoire, c'est l'instruction qui est obligatoire
42:19on peut très bien dans un village dire
42:21eh bien on a un vieil instituteur retraité
42:23qui lui est prêt à faire une école
42:25dans laquelle on est soumis à l'inspection
42:27il n'y a aucun problème et on reçoit les enfants
42:29mais c'est légal, bien sûr que c'est légal
42:31donc le problème c'est pas de nationaliser
42:33toute l'éducation nationale
42:35c'est de privatiser éventuellement
42:37de manière générale en disant
42:39mais laissez faire dans un village des anciens
42:41qui auront décidé par exemple de faire une étude le soir
42:43où on va faire de l'orthographe, de la grammaire
42:45des dictées, où on va apprendre des poésies
42:47et là encore, les personnes âgées
42:49plutôt que de regarder des sottises à la télévision
42:51retrouver un vrai bonheur ou un vrai plaisir
42:53à retrouver des gamins et leurs parents
42:55qui les amènent et qui les emmènent
42:57avec la possibilité de faire des...
42:59refaire lien
43:01mais Michel Offray on va vous traiter de sulfureux libertariens avec ça
43:05oui mais ça ne me gêne pas parce que moi je pense
43:07qu'il y a des choses intéressantes chez les libertariens
43:09quand ils nous disent
43:11après tout si la police n'est pas faite
43:13par les gens qui sont payés pour la faire
43:15parce qu'on leur demande de ne pas la faire, alors laissez-nous la faire
43:17si l'éducation nationale est mauvaise
43:19et que, non pas à cause des professeurs
43:21mais à cause des programmes, et bien laissez-nous faire l'éducation
43:23si la possibilité
43:25de s'occuper de nos anciens
43:27elle est si mauvaise
43:29parce qu'on fait, on appelle ça l'or gris, vous vous rendez compte
43:31avec les cheveux gris, l'or gris
43:33si on veut faire de l'or gris avec des personnes âgées
43:35dans des EHPAD
43:37et que, et bien laissez-nous
43:39fabriquer des choses alternatives
43:41je crois qu'il y avait des femmes qui avaient fait
43:43une maison comme ça
43:45qui devait s'appeler Baba Yaga ou quelque chose comme ça
43:47et qui disait, nous on veut être entre nous
43:49entre femmes, on ne veut pas que les hommes nous emmerdent
43:51mais c'est autogéré
43:53mais que les gens se saisissent de l'autogestion
43:55en disant, n'attendons pas les solutions
43:57de Paris
43:59encore moins de Bruxelles, mais là où nous sommes
44:01fabriquons des occasions alternatives
44:03de produire, de diffuser
44:05que ce soit le savoir, la culture
44:07ou la nourriture, ou l'affection
44:09et c'est là où effectivement Michel Offray
44:11je crois que vous aussi vous serez d'accord, rejoint
44:13le merveilleux titre de Samuel Beckett
44:15Imagination morte, imaginez
44:17oui
44:19Merci Michel Offray d'avoir été avec nous, on rappelle
44:21votre livre La foudre gouverne le monde
44:23aux éditions Albin Michel, André Berkamp
44:25on vous retrouve demain pour la culture
44:27avec Céline Alonso entre 13h et 14h
44:29et demain Alexis Poulin sera là
44:31entre midi et 13h, à demain sur Sud Radio