• il y a 6 mois

Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00D'abord, Catherine est avec nous, comme tous les vendredis sur Europe. Bonjour Catherine.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors le 8 juillet, au lendemain du second tour des législatives, une nouvelle ère politique va commencer.
00:10La plus grande probabilité est qu'Emmanuel Macron se retrouve président de cohabitation.
00:15Ce serait la quatrième sous la cinquième république.
00:17Eh oui, le Rassemblement National étant arrivé en tête dans 94% des communes
00:22et tous les départements, hormis trois d'entre eux, le plus probable est qu'Emmanuel Macron devra nommer Jordan Bardella à Matignon.
00:29Et celui qui, le soir de sa victoire, lui demandait d'organiser des élections législatives,
00:34en l'entendant, on se disait c'est un coup de bluff.
00:36Dix minutes plus tard, le président annonçait la dissolution comme s'il répondait à ses voeux.
00:42On l'a vu l'air grave, costume de deuil, mains croisées sur la table, en défense selon le body language.
00:48Or, s'il y a bien quelqu'un qu'on n'imagine pas en président de cohabitation,
00:53c'est bien lui, si peu adepte au partage du pouvoir, qui décide de tout en se concertant avec lui-même.
00:59Mais la Constitution va l'y obliger, article 20, le gouvernement détermine et conduit la politique de la notion.
01:05Certes, il aura son mot à dire sur la nomination du ministre des Affaires étrangères et de la Défense,
01:10conserve son pouvoir de nomination, la liste est longue, mais le Premier ministre pourra toujours contester ses choix
01:15et il sera forcément très affaibli sur la scène internationale où personne ne comprend sa décision.
01:21Déjà, une humiliation, on lui demande de se faire discret pendant la campagne,
01:25Gabriel Attal est seul sur les affiches électorales, mais après le 8 juillet,
01:29comment va-t-il supporter ces conseillers qui lui ont prodigué un si mauvais conseil ?
01:33Il était seul, il le sera plus encore, mais comme c'est étrange,
01:37vous voyez, deux fois vainqueur de Marine Le Pen, il s'était engagé à réduire le Rassemblement National
01:43et avec la dissolution, voilà qui va le porter au pouvoir avant les échéances.
01:47Alors, François Mitterrand a été deux fois président de cohabitation.
01:51Oui, mais cette fois, parce que les socialistes avaient perdu les législatives en 86,
01:56il s'y attendait et s'y était préparé en restaurant la proportionnelle
02:00et grâce à lui, Jean-Marie Le Pen héritait d'un groupe de 35 députés,
02:04ce qui était une épée dans le flanc de la droite qui, à quatre voix près, n'aurait pas eu de majorité.
02:10Six mois plus tôt, il avait aussi en douze rallongé le nombre des nominations dépendant de sa signature,
02:15plusieurs centaines. Jacques Chirac entendait avoir son mot à dire sur la politique étrangère,
02:20ce qui exaspérait Mitterrand. Lui, il voulait aller très vite sur les réformes,
02:25mais il a commis une erreur de vouloir gouverner par ordonnance,
02:29ce qui était mettre une arme dans les mains de François Mitterrand,
02:31puisque la Constitution ne l'oblige pas à les signer comme une mort ordinaire, ni de donne de délai.
02:36Donc, grâce à cela, il allait retarder son action, miner son autorité,
02:41afin de l'amener exténuée et l'image altérée à la présidentielle de 88.
02:46Son chef-d'oeuvre, avoir préparé en août 86, avec Julien Dray,
02:50l'explosion étudiante de l'automne sur la loi de Vaquet,
02:53en faisant croire aux lycéens par des tracts à la sortie des lycées,
02:56qu'avec cette loi, les inscriptions pourraient coûter 5 000, 10 000, voire 15 000 francs des contre-vérités.
03:02D'ailleurs, il faut lire le rapport du sénateur maçon, c'est un vrai thriller.
03:07Bon, la mort de Malik Oussekine, eh bien là, Jacques Chirac, on a su qu'il ne s'en est jamais remis.
03:12Et Mitterrand a été réélu en 88, croulant sous les dix tirambes,
03:16l'efflaterie d'une gauche qu'il ramenait au pouvoir.
03:19Il l'avait dit à un journaliste, que voulez-vous, la cohabitation, c'est un métier.
03:23Alors, la deuxième cohabitation pour François Mitterrand, c'est avec Édouard Balladur en 93,
03:28cohabitation dite de velours.
03:29Oui, après des élections législatives, où la droite remportait 480 sièges sur 577,
03:36Édouard Balladur recueillait 75% d'opinions positives,
03:39une apothéose qui n'allait pas tarder à lui donner des idées pour la présidentielle forcément,
03:44et la bagarre commençait avec Jacques Chirac.
03:46Mais lui, Balladur, se gardait bien de marquer Mitterrand à la culotte lors de ses déplacements à l'étranger.
03:51Mitterrand était un homme malade, très affaibli, qui se faisait opérer d'un son cancer.
03:56Édouard Balladur, qui se portait si bien politiquement, l'a gassé.
03:59Alors, il avait fait savoir à Jacques Chirac qu'il le soutiendrait,
04:02alors qu'il le traitait de voyou vulgaire et vélitaire deux ans plus tôt.
04:06Dans la dernière ligne droite, Jacques Chirac l'emportait et entrait à l'Élysée.
04:10Alors, la troisième cohabitation, Catherine ?
04:13Eh bien, deux ans plus tard, dissolution de convenance pour garder Alain Juppé au tréfonds dans les sondages,
04:20mais Chirac ne voulait pas s'en séparer.
04:22Alors, Villepin a eu cette idée de génie, dissoudre pour se débarrasser des Balladuriens frondeurs,
04:28donner un nouvel élan à la France et toujours garder Juppé.
04:31Mais le plus incroyable à l'époque, c'est que les députés, joyeux, partaient la fleur au fusil,
04:36confortés par les sondages de Jean-Louis Debré.
04:38Il n'y a que Bernadette qui dénonçait cette folie et traitait Villepin de Néron.
04:42Résultat, Jospin s'installait à Matignon pour cinq ans, ces longs cinq ans.
04:47Jacques Chirac, les ministres socialistes le trouvaient très sympa,
04:50mais lui clamblait le vide par des excès de nourriture.
04:53Il avait pris 25 kilos.
04:55La cause de ses soucis de santé ultérieurs, les dissolutions à froid, sont très très dangereuses.
05:02Signature européenne, Catherine Ney.
05:04Merci beaucoup, Catherine, pour cette histoire des dissolutions
05:06qui annonce peut-être celle à venir après les législatives.
05:09On apprend ce matin d'ailleurs que pour Raphaël Glucksmann, il vient de l'annoncer,
05:13la seule manière de bloquer le Rassemblement national est une union de la gauche.
05:17Voilà, Raphaël Glucksmann qui se couche au profit de l'union des gauches conclue hier soir.
05:21Il va en être question avec Eugénie Basile.

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