• il y a 8 mois

Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 Mais d'abord, comme tous les vendredis sur Europe, Catherine Ney est avec nous. Bonjour Catherine !
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:06 Catherine, il y a 7 ans, Emmanuel Macron prononçait à la Sorbonne un grand discours sur l'Europe qui avait beaucoup impressionné.
00:13 A l'époque, rebelote hier, histoire de fêter l'anniversaire, le président sur tous les fronts vous l'avez évidemment écouté.
00:19 Oui d'ailleurs, chaque jour, le président nous donne de ses nouvelles et c'est comme une bande dessinée.
00:23 Vous voyez, la veille, c'était la légèreté, il gambadait sur un terrain de foot, entouré d'anciennes célébrités, il a marqué une pénalty, fallait bien cette image, le goal est resté immobile, c'était pour les pièces jaunes, avec en prime une bise de Brigitte.
00:35 Mais le lendemain, gravité, force 9 sur l'échelle de Richter, Emmanuel Macron parlait comme s'il était le président de l'Europe qui s'adressait à ses pairs et à eux seuls.
00:46 Nous sommes à un moment de bascule, nous devons être lucides, l'Europe peut mourir, ça dépend de nos choix.
00:52 Et de dérouler un plan copieux durant deux heures, pratiquement sans boire, je ne sais pas vous, mais c'est tout de même une épreuve physique.
01:00 Trop de choses importantes à ingurgiter à la fois, on ne peut pas, c'est comme un gavage persécuteur.
01:05 Et chez lui, on note une absence d'autodiscipline incorrigible, on lui dit toujours de faire court, il ne peut pas.
01:11 - Si on relit le discours plume à la main, donc 30 pages tout de même, l'analyse qu'il fait de la situation est percutante et on ne peut qu'adhérer à ses propos.
01:20 - Oui mais il y en a tellement que c'est difficile d'en faire le résumé. En tous les cas, lui il dit d'abord, bien sûr que l'Europe doit trouver son autonomie stratégique.
01:28 La guerre est revenue sur le sol européen, l'Ukraine est envahie par la Russie, puissance, dit-il, désinhibée, dotée de l'arme nucléaire.
01:35 Il faut créer une défense européenne crédible. D'ailleurs quand on a joute un adjectif, c'est bien que ce n'est pas encore le cas.
01:41 La France joue tout son rôle, dit-il, nous avons un modèle d'armée complète, ce qui est vrai.
01:45 Notre armée est d'ailleurs sûrement la meilleure du monde, mais si nous avions été envahis, nous n'aurions pas tenu deux jours
01:52 avec les 140 000 soldats d'armée terre, 220 chars, quand depuis deux ans l'Ukraine a détruit 3000 chars russes.
01:59 Il prône aussi la préférence européenne sur les achats d'armement. Oui mais comme nous n'étions pas en économie de guerre,
02:05 comment vendre quand on ne produit pas ? Les allemands achètent américains et coréens, pareil pour les polonais.
02:11 Aujourd'hui nous produisons 40 000 obus et les allemands 400 000.
02:14 Alors Emmanuel Macron dit aussi que l'Europe doit composer avec les Etats-Unis et la Chine, qui pourtant ne respectent pas les règles du commerce.
02:21 Oui et qui subventionnent leur secteur critique, alors qu'on sait bien qu'ils nous en empêchent.
02:26 On ne peut pas être les seuls à respecter des règles d'il y a 15 ans, dit-il, nous sommes trop naïfs, ça ne peut pas durer, don't acte.
02:32 Voyez, l'Europe est entourée d'ennemis et d'amis.
02:35 Alors vous avez dit Catherine, c'était un discours qui est difficile à résumer tant il est copieux, mais qui est à la fois crispant pour nos partenaires.
02:41 C'est aussi ce que l'on attend de la France peut-être, non ?
02:43 Eh bien oui, parce que figurez-vous que tous les présidents de la Ve République ont fait avancer l'Europe.
02:48 Le général avec le traité de Rome et le chancelier Adenauer, Georges Pompidou a fait entrer l'Angleterre,
02:55 Valéry Giscard d'Estaing sans doute le plus actif avec l'élection au Parlement européen, les G5, les G7, les conseils européens,
03:02 François Mitterrand avec Jacques Delors, qu'il ne faut pas oublier, a créé Maastricht, la monnaie européenne, la réunification de l'Allemagne,
03:10 il faut dire d'ailleurs malgré lui, Chirac c'était la constitution européenne, Nicolas Sarkozy le traité de Lisbonne qui a empêché le Frexit,
03:16 et avec toujours les couples franco-allemands, Giscard Schmitt, Mitterrand Kohl, Chirac, Schröder, Nicolas Sarkozy, Merkel, c'était un dialogue permanent.
03:26 Mais Emmanuel Macron lui aussi a un bilan, avec un pouvoir d'entraînement réel.
03:30 D'ailleurs hier dans son discours, il disait que 80% de ses propositions avaient été adoptées,
03:36 et il peut se targuer par exemple de l'empreinte 80 milliards pour affronter la pandémie du Covid arrachée à Madame Merkel.
03:44 Alors aujourd'hui avec Olaf Scholz, ce n'est pas franchement marié au premier regard,
03:48 mais il faut bien reconnaître qu'après s'être trompé sur Poutine, qu'il ne fallait pas humilier,
03:54 Emmanuel Macron a été celui qui était le plus offensif et qui a sûrement fait bouger les européens pour s'armer et lutter contre l'ours russe.
04:02 - Et il y a une particularité française qui n'a aussi jamais cessé, Catherine,
04:06 vouloir faire l'Europe en menant une politique à rebours des autres, et notamment de l'Allemagne.
04:12 - Oui, une politique économique, et d'ailleurs c'est Mitterrand qui a ouvert la voie avec les débauches de dépenses,
04:19 sécurité sociale de 80 à 82, il y a eu la retraite à 60 ans, les 39 heures payées 40 en attendant les 35 heures,
04:26 toutes les pensions de retraite, salaires augmentés, la consommation nous disait-on favoriserait la croissance et donc l'emploi.
04:32 L'endettement de la France a commencé à partir de là et on n'en est plus jamais sorti.
04:37 Mais Emmanuel de son côté prône pour les agriculteurs, une PAC simplifiée, moins de complicité,
04:43 alors que la France est la championne de normes et d'interdiction d'utilisation de produits qui pénalisent nos agriculteurs.
04:49 Il souhaite aussi une Europe puissante économique, mais nos entreprises sont les plus lestées d'Europe en taxes et impôts.
04:55 Voilà la différence.
04:57 - Merci, vous avez totalement raison de le souligner. Merci beaucoup Catherine Ney.
05:00 Votre regard sur le discours d'Emmanuel Macron, le discours de la Sorbonne 2.

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