• il y a 8 mois

Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 Mais d'abord, comme chaque vendredi, Catherine Ney est avec nous sur Europe 1. Bonjour Catherine.
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06 Vous revenez Catherine sur la journée chargée du Premier ministre,
00:09 hier le matin à Viry-Châtillon avec un discours appelant à un sursaut d'autorité,
00:14 et le soir sur BFM TV, invité dans la question-réponse de deux heures
00:18 pour faire le bilan de ses 100 jours à Matignon,
00:20 comme si cela se célébrait d'ailleurs. Arrêt sur image sur cette journée.
00:24 Ah, les 100 jours, grande référence historique, et là, celle de l'échec du pari fou de Napoléon de requérant acquérir son trône.
00:33 Le 1er mars 1815, échappé de l'île d'Elbe, il débarquait à Golfe-Juan, traversait la France,
00:39 acclamé sur tout le parcours par le peuple et l'armée, il arrivait à Paris,
00:43 mais 100 jours plus tard, le 18 juin 1815, dénouement tragique, la défaite à Waterloo en Belgique,
00:49 trahi par nez et grouchy, et victime aussi de la météo des pluies diluviennes,
00:55 comme on n'en avait pas vu depuis des mois.
00:57 Il repartait en exil à Sainte-Hélène jusqu'à sa mort.
01:00 Il n'empêche, les 100 jours continuent de prospérer dans l'imaginaire politique.
01:04 C'est sans doute une invention médiatique artificielle,
01:07 comme si un président de la République avait le temps de mettre en œuvre quelque chose de mémorable,
01:12 ou de répondre à des promesses, ce qui n'augure d'ailleurs pas forcément dès le lendemain heureux du mandat.
01:18 La loi, c'est vrai, sur l'abolition de la peine de mort, date d'août 81,
01:22 votée en septembre, 100 jours après l'élection de François Mitterrand.
01:26 Mais autre vraie référence, et celle-là est glorieuse,
01:29 c'était après le krach boursier de 1929 aux Etats-Unis,
01:33 et Roosevelt avait lancé son New Deal, et il demandait à être jugé 100 jours plus tard.
01:38 - Et c'était Emmanuel Macron qui, président, a réactivé ce mythe des 100 jours,
01:42 pour sa première ministre, Elisabeth Borne.
01:44 Et on ne dira pas que ça s'est bien terminé, après le vote de la réforme des retraites en avril 2023,
01:50 et ce grâce au 49-3, d'ailleurs à 9 voix près la motion de censure avait failli être adoptée,
01:56 dans ce cas Mme Borne aurait quitté Matignon.
01:59 Le président lui avait donné 100 jours avec une feuille de route précise.
02:03 "Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité et d'action", disait le président,
02:09 hélas bien avant ce terme, qui était le 14 juillet, éclataient des émeutes à Nanterre,
02:13 c'était le 27 juin, suite à la mort du jeune Nahel, consécutif à un tir policier,
02:18 émeutes d'une ampleur sans précédent, et des banlieues étaient dévastées par des hordes de mineurs armés.
02:26 - Alors si l'on compare les 100 premiers jours de Gabriel Attal, ils sont nettement moins perturbés.
02:30 - Oui, alors que tant de secteurs vont mal en France, comment croire qu'il a une baguette magique ?
02:34 D'ailleurs les Français sont avec lui assez raisonnables, 46%,
02:38 et le sondage que BFM donnait hier soir, disent qu'il est trop tôt pour se prononcer.
02:43 Hier son discours de 45 minutes à Véréchatillon, où il promettait un sursaut d'autorité,
02:49 et bien on se disait que ce discours là aurait dû être fait par Emmanuel Macron,
02:53 justement après les émeutes de juillet dernier.
02:55 Alors il se dit le premier ministre qu'il faut lutter contre la violence,
03:00 qui s'invite trop souvent à l'école en cause, et ça il le dit,
03:04 l'antrisme islamiste qui va croissant, sécessionniste,
03:07 on est dans un processus de décivilisation, dit-il, citant le président.
03:12 La violence, la faute à qui ? Aux parents, oui, débordés ou qui laissent faire.
03:16 Certains, il faut les aider, d'autres les contraindre.
03:19 Et puis il y a aussi les réseaux sociaux, ils lancent tout un programme.
03:22 Mais sur la question de l'autorité, Gabriel Attal a un avantage,
03:26 il a posé sa marque comme ministre de l'éducation.
03:29 Il jouait en corde à un préjugé de fermeté avec l'interdiction de la baïa,
03:33 ou l'envoi d'un gendarme dans une classe pour interpeller un élève perturbateur.
03:37 Être ministre de l'éducation fut sans doute le grand moment de sa vie,
03:41 on le sentait hier soir. Là, il promet d'agir maintenant,
03:44 il a une méthode, un calendrier, une consultation qui va durer huit semaines,
03:48 pas plus, dit-il. - Alors la veille mercredi, Emmanuel Macron l'a invité
03:52 à lancer une grande consultation sur le modèle d'un "grenelle des violences",
03:56 un grenelle. - Oui, alors d'abord le président montre qu'il est à la barre
03:59 au cas où le premier ministre l'oublierait. Mais pitié, un grenelle des violences.
04:04 Le premier grenelle date de fin mai 68, vous savez quand le pays était bloqué,
04:08 grève générale, usines fermées, les écoles, pas d'école, pas de train,
04:12 pas d'essence, lâcher en lit, force neuve sur l'échelle de Richter.
04:15 Et bien pour remettre la France au travail, Georges Pompidou avait négocié
04:19 durant 25 heures nos stops avec les syndicats au ministère du Travail,
04:25 rue de grenelle, voilà, nous l'appellation, avec pour résultat
04:29 une ouverture des vannes budgétaires, un SMIC horaire,
04:33 puisque il n'était pas encore mensualisé, augmenté de 35%,
04:36 les salaires de 7%, hausse des prestations familiales, de la retraite des vieux,
04:41 réduction du temps de travail de 48 heures à 46 heures hebdomadaire,
04:45 vous voyez, la note fut lourde, mais à l'époque, les caisses étaient pleines
04:49 et la France n'était pas endettée. Alors conseiller à Gabriel Attal
04:52 de faire un grenelle sous-entendrait qu'on en a les moyens,
04:55 hélas, aujourd'hui les caisses sont vides et la France, on connaît son endettement.
04:59 Donc les 100 jours, les grenelles, basta, il faut inventer autre chose.
05:04 - Signature Europe 1, Catherine Ney, et un grenelle de 8 semaines,
05:07 cette fois-ci, contre, vous avez dit, 25 heures en 1968, très intéressant.

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