Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00Mais d'abord, comme chaque vendredi, Catherine Ney est avec nous, bonjour Catherine !
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:05Alors Marine Le Pen a déclenché un tollé hier en déclarant que le président serait
00:10un chef des armées honorifique, puisque c'est le premier ministre qui, selon elle, tient les cordons de la bourse.
00:15Ensuite, elle a adouci son propos, vous nous décryptez tout ça.
00:18Oui, un président honorifique a un titre mais pas de fonction.
00:21Comme elle envisage aussi une possible démission, on s'interroge, veut-elle hâter l'élection présidentielle ?
00:27Bon, Emmanuel Macron a été élu pour 5 ans, il lui en reste 3.
00:31Et que dit la Constitution ? Article 15, le président est le chef des armées.
00:36Mais, article 12, le premier ministre dispose de la force armée, il est le responsable de la défense nationale.
00:43Vous avez compris que la Constitution organise un potentiel nœud de vipère inexplicable.
00:49Jusqu'ici, il y avait les textes et l'usage qui laissaient au président l'apanage en matière de politique étrangère et de défense.
00:55Du temps du général de Gaulle, Catherine, cela se comprend, c'était de Gaulle.
00:58Oui, mais il avait tout de même fallu que Jacques Chaban d'Helmas précise que cela faisait partie du domaine réservé du président.
01:06Et ça ne se discutait même pas puisque c'est le président qui choisit son premier ministre, donc en tente tacite.
01:12En revanche, il y a déjà eu 3 cohabitations, qu'est-ce que ça change, la cohabitation ?
01:17Inaugurant la première cohabitation, François Mitterrand craignait que Jacques Chirac applique la Constitution à la lettre.
01:23Alors, Roland Dumas avait écrit un article dans Le Monde, la logique du consensus comprenait qu'on ne touche pas à la politique étrangère.
01:32Une lecture gaulliste, donc, que ne partageait pas Jacques Chirac qui d'emblée avait piétiné les plates-bandes présidentielles
01:38au grand courroux d'un Mitterrand qui s'était vengé en refusant de signer les ordonnances.
01:42Alors, quatrième cohabitation...
01:44Non, deuxième !
01:45Ah oui, deuxième, pardonnez-moi, je vais être un peu...
01:47Avec Edouard Balladur.
01:49Mais celle-là, elle a été dite de velours, mais Hubert Védrine, le secrétaire général de l'Elysée, Nicolas Bazir, le directeur de cabinet du Premier ministre,
01:56se parlait tous les jours sur tous les sujets pour déminer.
01:59Edouard Balladur s'était bien gardé d'empiéter sur le domaine réservé.
02:03Troisième cohabitation, Chirac-Jospin 97.
02:05Alors, suite à la fameuse dissolution de 97, où Jacques Chirac perdait sa majorité absolue,
02:10Jospin bénéficiait de cette expérimentation hasardeuse.
02:15Les deux hommes se connaissaient bien, Jacques Chirac ne se mêlait pas de politique intérieure,
02:19et le Premier ministre ne faisait pas d'obstacle à ses déplacements à l'étranger et en Europe.
02:23En plus, les ministres socialistes adoraient Chirac.
02:25Mais il y a tout de même eu un différent, lors du coup d'État en Côte d'Ivoire,
02:29Jacques Chirac voulait envoyer l'armée pour soutenir son ami le président Bélier, Jospin avait refusé.
02:34Il y en avait eu un autre, lors d'un voyage en Israël du Premier ministre.
02:38Oui, Jospin ayant qualifié de terroriste les attaques du Hezbollah libanais contre la population civile israélienne,
02:44s'était fait caillasser sur un campus palestinien en Cisjordanie.
02:48Jacques Chirac l'avait sermonné, dénonçant un dérapage inacceptable, Jospin lui en avait beaucoup voulu.
02:54Jospin avait-il tort ?
02:56Oui, la question se posait.
02:58Alors enfin, ça c'est une hypothèse, quatrième cohabitation, Macron bardait là.
03:03Si le Premier ministre veut s'imposer en force, comme le laisse entendre Marine Le Pen,
03:08Emmanuel Macron peut très bien perdre sa chasse gardée.
03:11Vladimir Poutine se réjouit déjà, paraît-il.
03:14Juste une chose vue, tenez, après la mort en prison de l'opposant Alexis Navalny,
03:18sa veuve avait été reçue au Parlement européen, où elle était ovationnée.
03:22Et bien très ostensiblement, Jordane Bardella n'avait pas applaudi.
03:27Affaire à suivre, merci beaucoup Catherine,
03:29et votre regard sur ces questions de prérogatives du chef de l'État en matière de défense nationale.