Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00Europe 1 Matin, 7h, 9h, Dimitri Pavlenko.
00:04Il est 8h35, l'heure pour nous de retrouver comme chaque vendredi, Catherine Ney, bonjour Catherine.
00:09Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:11Alors Catherine, la direction de Sciences Po a décidé de fermer aujourd'hui ses principaux locaux pour prévenir une nouvelle occupation des étudiants
00:18qui voulaient y engager une grève de la faim.
00:20Oui, qui étaient venus avec leur sac de couchage.
00:22Mais enfin, le comité Palestine voudrait obtenir que Sciences Po coupe ses partenariats avec les universités israéliennes,
00:29Jean Basser leur a refusé, qui est l'administrateur provisoire, mais il leur avait accordé un débat town hall,
00:36vous savez sur le modèle américain, on vient à la mairie s'expliquer avec le shérif pour régler un problème qui n'a pas été réglé.
00:43C'est une confrontation qui a été rude avec des slogans Israël assassin, Sciences Po complice, Basser casse-toi.
00:50Bon, le 6 mai prochain commencent les examens partiels, la majorité des élèves a envie de travailler,
00:56ils sont fatigués des blocages qui sont faits par une minorité, donc M. Basser a fermé la Sciences Po.
01:03On ne sait pas comment les choses vont évoluer, Catherine.
01:06Non, mais vous savez ce qui est extraordinaire, c'est qu'en mai 68, que clamaient les étudiants de gauche dans les manifestations ?
01:12Nous sommes tous des juifs allemands.
01:14Ce qui avait un rapport assez lointain quand même avec Israël, mais c'était l'époque où les socialistes, la gauche,
01:20entretenait un rapport quasi fusionnel avec Israël.
01:22Mais leur slogan, c'était un slogan pour Dany le Rouge, le meneur de mai 68, leur héros qui faisait des pieds de nez au CRS.
01:30Même pas peur.
01:31Et Jean-Marie Le Pen avait écrit dans Minute, ce «con-bandit», parce qu'il est juif et allemand,
01:35il se prend pour le nouveau Karl Marx, il doit être pris par la peau du cou et reconduit à la frontière.
01:40Donc pour les étudiants, c'était Susa Le Pen qui avait dû demander une protection policière.
01:44Mais d'ailleurs, quelques jours plus tard, «con-bandit» était bien interdit de séjour en France et il n'a pu y revenir que dix ans plus tard.
01:50Alors autre temps, autre slogan Catherine, nous sommes tous des Gazaouis.
01:53Voilà ce qu'on entend du côté de Sciences Po et on note l'explosion de l'antisémitisme.
01:57Ah oui, qui est très inquiétante.
01:59Mais tout a démarré aux États-Unis, à l'université de Columbia, où on a vu les étudiants occuper le site,
02:04planter leur tente et ils ont été les premiers à demander à leur université de couper les ponts avec les entreprises
02:10et les universités liées à Israël.
02:12Un désordre, et d'ailleurs un grand désordre, ils ont été imités sur tout le territoire américain par les universités.
02:18Donc Joe Biden est intervenu, il a dit «ça suffit, l'ordre doit prévaloir».
02:23Quant à Donald Trump, il a qualifié les manifestants palestiniens de «tarés de la gauche radicale qu'il faut arrêter».
02:30Mais il se trouve que Sciences Po et Columbia proposent un double diplôme avec échange d'étudiants, il y a une porosité.
02:38Aujourd'hui Sciences Po est la plus américaine des universités.
02:43Elle est à la pointe des «idées woke» si on regarde le programme de Sciences Po.
02:47Oui, alors on vous propose des cours de classe, genre, race, inégalité, intersectionnalité, études du genre,
02:54il y a même des certificats avancés sur santé et changement climatique sur le prisme du genre.
03:02Sciences Po est aussi l'école qui a le plus relayé la vague MeToo,
03:07elle est aussi l'un des porte-parole de l'écriture inclusive interdite par le gouvernement et qui fait hurler l'académie française.
03:14Ces derniers temps, Catherine, on parlait, comment dire, les élèves faisaient plus de bruit que la direction.
03:21Oui, vous savez il y a eu d'abord l'idole Richard Descoings qui a d'ailleurs transformé l'école en université,
03:27de réputation internationale avec de nouveaux programmes, 50% d'étudiants étrangers à majorité anglo-saxonne.
03:34D'ailleurs aujourd'hui à Sciences Po, 40% des cours se font en anglais.
03:38Il a ouvert l'école aux élèves de banlieue pour une meilleure mixité sociale.
03:42Il était un héros qui avait aussi une face obscure.
03:46Vous savez qu'il est mort dans une chambre d'hôtel à New York en avril 2012 dans des conditions aujourd'hui encore mal éclaircies.
03:52Puis ensuite il y a eu l'affaire Duhamel, le patron accusé d'inceste par sa belle-fille.
03:57Dans son livre, la familia grandet, sa belle-fille qui était Mlle Kouchner,
04:03qui avait bénéficié du Nomerta jusque-là, existe Duhamel.
04:07Et puis enfin Mathias Wischra qui a démissionné il y a un mois pour raison de violences conjugales.
04:12Mais c'est lui qui a encouragé justement ses élèves à dénoncer les violences sexistes dans son école.
04:18Il a été remplacé par Jean Basser, ex-patron de Pôle emploi, pas forcément préparé au job.
04:25Alors il faut remettre de l'ordre.
04:27La ministre demande aux patrons d'université d'utiliser l'étendue de leur pouvoir.
04:32Et pour une fois, on note que sur cette question-là de Sciences Po, Emmanuel Macron est très peu bavard.
04:38Oui, c'est vrai que vous avez raison.
04:39On parlait plus des directions de Sciences Po que des étudiants de Sciences Po ces dernières années.
04:43C'est en train de changer.
04:44Votre regard sur la crise de Sciences Po, merci beaucoup Catherine Ney.