L'invité du jour : grandes surfaces, manger mieux, mission (presque) impossible !

  • il y a 3 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 [Musique]
00:04 - Notre invité, c'est Arnaud Deblo, rédacteur en chef du magazine Que Choisir, dans cette enquête.
00:09 Bonjour Arnaud. - Bonjour.
00:10 - Vous vous êtes penché sur nos moyens de manger mieux.
00:14 Alors c'est bien une priorité pour les consommateurs aujourd'hui.
00:17 - Oui, depuis quelques années, c'est une priorité pour les Français
00:20 qui se rendent compte qu'effectivement, eh bien,
00:22 l'alimentation peut poser des problèmes pour la santé.
00:25 Il y a une véritable volonté d'essayer de se nourrir mieux.
00:28 Le seul souci, c'est que la plupart du temps,
00:30 on va encore se nourrir dans les supermarchés ou les hypermarchés
00:33 qui sont quand même, pour résumer, un peu le temple de la malbouffe.
00:37 La plupart des repas sont pris encore à domicile
00:39 et évidemment, beaucoup de Français vont se fournir
00:41 en produits alimentaires dans les hyper et les supermarchés.
00:45 - On sait d'ailleurs, parce que je me suis posé la question en lisant votre article,
00:48 quel est le nombre de Français qui se ravitaillent grâce aux supermarchés.
00:55 Est-ce que ça a augmenté ou ça baisse un peu selon les années ?
00:58 - Alors, c'est à peu près stable, même si, effectivement,
01:00 il y a un certain nombre de nouvelles formules pour pouvoir aller se nourrir
01:04 ou s'alimenter, en tout cas, alimenter son panier de course qui ont vu le jour,
01:08 mais ça reste quand même relativement marginal.
01:10 La plupart du temps, c'est encore évidemment le supermarché et l'hypermarché.
01:12 - Évidemment. Alors, comment vous expliquez ce que nous mettons dans notre caddie, là, le samedi,
01:17 ne soit pas tout à fait en accord avec notre désir d'achat, aux intentions d'achat ?
01:22 - Alors, c'est vrai, il y a une différence entre ce qu'on voudrait et puis la réalité.
01:27 Tout simplement, c'est lié à l'environnement alimentaire.
01:29 Alors, l'environnement alimentaire, c'est quoi ?
01:31 Eh bien, c'est justement l'offre de produits qu'on vous propose majoritairement,
01:34 le prix et la disponibilité aussi de ces produits.
01:37 Et c'est évident que là-dessus, les hypermarchés et les supermarchés sont très, très en retard
01:41 pour pouvoir proposer un environnement alimentaire qui soit sain et respectueux de l'environnement.
01:46 - Et pourtant, ils sont au courant.
01:47 - Ils sont au courant, mais c'est vrai que, comment dire, eh bien, il y a une question de prix.
01:51 Vous avez effectivement énormément de références aussi dans ce genre de magasins.
01:56 Et comme je le disais tout à l'heure, c'est quand même le temple des produits ultra transformés.
01:59 - Mais là, on va y venir dans quelques instants parce qu'ils ne sont pas obligés de vendre des produits
02:04 qui sont très sucrés, très gras et ainsi de suite.
02:07 Ça, ils le savent. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé. On va le voir dans un instant.
02:10 Mais vous, vous avez fait comment ?
02:11 Vous avez été sur le terrain et vous avez...
02:14 Comment vous avez procédé ? Parce qu'ils sont nombreux, les supermarchés.
02:16 - Bien sûr. On a enquêté dans 1 300 magasins qui appartiennent...
02:20 - 1 300 ? - 1 300 magasins qui appartiennent à 9 enseignes.
02:23 On a envoyé des journalistes, des enquêteurs bénévoles de l'UFC Que Choisir.
02:27 Et puis on a aussi... Donc on a relevé des prix. On a regardé un peu ce qu'il y avait en rayon.
02:30 On a consulté aussi les catalogues promotionnels et puis les sites Internet de ces grands distributeurs
02:36 pour pouvoir arriver à nos conclusions.
02:38 - Bon. Est-ce qu'il y a des bons élèves parmi eux ?
02:40 - Alors, en fait, non. Il n'y a pas véritablement de bons élèves.
02:42 Nous avons... Pour classer nos enseignes sur les principaux critères de ce qui peut être mieux mangé,
02:50 par exemple la présence de produits bio, l'équilibre nutritionnel...
02:53 Mieux manger, c'est aussi comment on est respectueux de l'environnement,
02:56 l'origine des produits, est-ce qu'ils sont français ou pas.
02:58 Eh bien, on se rend compte qu'il est très très difficile de pouvoir sortir un très très bon élève.
03:02 - Un ? Il n'y a même pas un ? - Même pas.
03:04 - Un bon ? - Non. Alors quand certains...
03:06 - Un assez bon ? - Quand certains sont bons sur un critère,
03:08 ils le sont moins bons sur un autre. - Ah, d'accord.
03:10 - Par exemple, les magasins "U" sont bons sur l'origine des produits,
03:13 c'est-à-dire que beaucoup de produits viennent de France,
03:15 même si effectivement, il peut encore faire mieux,
03:18 pendant que Leclerc, par exemple, s'en sort mieux sur la quantité d'emballage produit,
03:22 c'est-à-dire que les marques, notamment...
03:24 - Chacun a de bonnes raisons. - Chacun a de bonnes raisons.
03:26 - C'est ce qui met heureux. - Voilà. Mais en tout cas,
03:28 il n'y a aucun grand enseigne qui, sur les critères que nous avons voulu évaluer,
03:32 s'en sorte véritablement. - Oui, mais nous, c'est...
03:34 Nous, si on nous juge, c'est différent. Par exemple, vous allez voir...
03:37 Je prends la question de l'équilibre nutritionnel des produits.
03:40 Alors là, ça donne quoi ? Écoutez bien. Allons-y.
03:43 - Eh bien, alors, sur l'équilibre nutritionnel des produits, certes,
03:46 il y a certains efforts, puisque maintenant, le Nutri-Score
03:48 est en train de se généraliser, y compris sur les marques du distributeur,
03:51 mais ce qu'on constate, par exemple, quand on regarde les catalogues promotionnels,
03:55 c'est que les grands distributeurs font essentiellement
03:58 la promotion de produits alcoolisés ou de viande écharcutrée,
04:01 et on sait très bien qu'il faut réduire sa consommation de viande écharcutrée
04:05 parce que c'est susceptible de favoriser des cancers ou des maladies cardiovasculaires,
04:08 et puis c'est pas non plus très top pour l'environnement.
04:11 Mais encore une fois, voilà, il y a une très très grosse différence
04:13 entre la volonté de bien manger et les efforts qui sont faits par la consommation.
04:16 - Oui, mais moi, je vous prie des chiffres.
04:19 L'alcool et les produits déséquilibrés, c'est-à-dire gras, salé, sucré,
04:23 occupent une place très importante. 60% des produits mis en avant...
04:28 - Exactement. Tout à fait. - C'est énorme.
04:31 Il y a 40% des produits sains, vraiment sains, le reste, pas terrible.
04:36 - Il faut les trouver, et alors après, effectivement, il faut aussi être réaliste
04:39 et qu'il y a un certain nombre de personnes qui ne peuvent pas se payer ces produits sains.
04:42 La nourriture ultra transformée a cet avantage pour les industriels
04:47 et aussi in fine pour les consommateurs, même s'ils le font contraint,
04:52 c'est qu'effectivement, c'est beaucoup moins cher que tous ces produits sains.
04:54 - Et là, il y a des bons élèves, là ? - Sur les produits sains ?
04:57 - Oui, sur ce critère-là. - Oui, par exemple, alors,
04:59 vous avez une enseigne comme Monoprix qui est pas mauvaise sur les produits bio,
05:02 il y en a d'autres, simplement, c'est vrai que dans cette même enseigne,
05:05 on constate que les produits bio, que ce soit les légumes, fruits,
05:09 ou les produits transformés d'origine bio, sont souvent 100% plus chers
05:14 que les produits conventionnels. - Et puis il y en a les moins chers,
05:16 les moins chers, moins chers, moins chers, Lidl, Aldi,
05:19 là, ils font des progrès sur les fruits, non ?
05:21 - Non, pas tellement. Ils mettent pas tellement en avant les fruits et légumes.
05:25 Certes, ils sont sans doute moins chers, mais l'offre est quand même relativement limitée.
05:28 Par contre, on peut leur donner, être... sur la viande,
05:32 qui est, dont je parlais, dont je disais tout à l'heure qu'il fallait réduire la consommation,
05:36 ils sont aussi, ils ne font pas trop trop de promotions dessus,
05:39 ce qui est plutôt un bon point. - Et là, eux, ils font la promotion
05:42 de la viande, beaucoup d'espace pour la viande ?
05:46 - Non, pas tellement, justement, et en tout cas, c'est vrai que, comment dire,
05:48 ils ne... ce n'est pas là, véritablement, leur marque de fabrique,
05:51 si j'ose dire, il y a des efforts qui sont faits pour, effectivement,
05:54 peut-être inciter les personnes à consommer moins de viande et de charbon.
05:57 - Et le bio, dans tout ça ? On en parle beaucoup ?
05:59 - Eh bien, le bio, en France, ça reste encore, quand même, relativement minoritaire.
06:02 - Minoritaire ? Pourquoi ? Parce que trop cher ? - 6 % seulement de la production
06:05 et de la consommation française est liée au bio.
06:07 C'est deux fois moins qu'en Autriche ou dans des pays scandinaves.
06:10 Maintenant, il y a un vrai souci, c'est effectivement le problème de la disponibilité,
06:13 on l'a vu dans cette enquête, et aussi le problème du prix.
06:15 - Du prix, d'accord. Un dernier exemple, vous évoquez aussi l'impact des emballages plastiques
06:19 dans cette enquête, c'est-à-dire ? - Eh bien, c'est vrai que, comment dire,
06:22 quand vous vous baladez dans les rayons, que ce soit les rayons alimentaires
06:25 ou autres, notamment hygiène, beauté, vous vous rendez compte que, quelquefois,
06:28 on pourrait se passer d'un certain nombre d'emballages.
06:30 Il y a des efforts qui sont faits, parce que c'est vrai qu'on demande souvent
06:33 aux consommateurs de trier de se débarrasser d'un certain nombre d'emballages.
06:37 Peut-être que le problème, ce serait de les réduire à la source.
06:39 - Comment ils font à l'étranger ? J'avais entendu dire que, eux, ils font des progrès.
06:44 - À l'étranger, il y a, par exemple, des rayons vracs qui sont beaucoup plus développés
06:47 qu'en France. Par exemple, on a vu que, pour avoir du riz et des coquillettes en vrac,
06:51 c'est-à-dire que vous arrivez dans le magasin, vous avez un sachet,
06:54 vous fournissez directement ce qui est réduit, bien sûr, le nombre d'emballages.
06:56 Là aussi, il y a encore beaucoup de progrès à faire en France.
06:59 - Vous vous chargez de donner des pistes à ces gens-là ou pas du tout ?
07:03 Ce n'est pas votre travail ?
07:04 - Si, on se charge de leur donner. Peut-être que, si vous avez les moyens,
07:07 c'est toujours le problème. Plutôt que d'aller vous apprivoiser en supermarché
07:11 ou en grande surface, il y a des possibilités. Il y a des circuits courts,
07:15 des marchés de producteurs. Vous pouvez aussi, effectivement,
07:18 aller dans les magasins bio. Encore une fois, il y a la question du prix.
07:20 Et puis c'est vrai qu'encore une fois, et comme classiquement,
07:23 il y a une demande, effectivement, où on peut se tourner vers l'État
07:27 pour éventuellement accélérer les choses vers du mieux manger,
07:30 si vous me permettez l'expression, par exemple réduire la TVA encore
07:33 sur des produits bio ou autres produits dits "sains".
07:36 - En tout cas, vos enquêtes nous sont précieuses, à nous,
07:40 pour faire nos chroniques assez souvent.
07:41 - Merci. - Bravo, merci beaucoup.
07:43 - Merci à vous. - A bientôt.
07:44 - Allez, nous allons maintenant...
07:45 [Musique]

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