L'invité du jour : frais de santé, des patients dépassés !

  • il y a 6 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 [Générique]
00:03 - Bonjour Arnaud. - Bonjour.
00:04 - Je rappelle que Arnaud Dublot est rédacteur en chef du magazine Que Choisir
00:08 et dans le numéro de Mars, vous publiez un article dédié aux frais de santé.
00:13 Quel est le constat d'ailleurs aujourd'hui ?
00:15 - Eh bien que de plus en plus, quand vous allez vous faire soigner,
00:17 notamment chez les spécialistes, vous êtes obligés de voir un dépassement d'honneuraire,
00:21 c'est-à-dire que par rapport au tarif de la Sécurité sociale,
00:24 le médecin vous demandera un peu plus.
00:26 Je vais juste vous donner un ordre d'idée.
00:28 Aujourd'hui, les dépassements d'honneuraire, ça représente 3,5 milliards d'euros.
00:33 Il y a 20 ans, c'était la moitié.
00:35 Et aujourd'hui, pratiquement 55% des spécialistes sont en secteur 2,
00:39 c'est-à-dire qu'ils ont le droit au dépassement d'honneuraire.
00:41 - Un généraliste, aujourd'hui, si vous le consultez, c'est combien ?
00:45 - 30 euros.
00:45 - 30 euros.
00:46 - Et alors les généralistes en matière de dépassement d'honneuraire
00:49 font un peu figure d'exception, parce que la plupart du temps,
00:52 ils sont en secteur 1, c'est-à-dire qu'ils ne vous demandent pas de dépassement d'honneuraire,
00:56 sauf quelques exceptions dont on parlera peut-être tout à l'heure.
00:58 - D'accord. Et comment expliquer cette augmentation des dépassements d'honneuraire ?
01:01 - Alors, vous avez un certain nombre d'éléments.
01:04 Vous l'avez dit au lancement de ce plateau,
01:07 qu'effectivement, on a de plus en plus de mal à trouver des médecins,
01:10 notamment dans certaines régions.
01:11 Et vous savez très bien que dans une économie libérale,
01:13 l'offre et la demande sont liées.
01:15 Quand vous avez effectivement une offre qui commence à baisser,
01:18 c'est une forte demande, les prix augmentent.
01:21 Et beaucoup de médecins, pour plein de raisons aussi,
01:23 parce qu'ils s'estimaient mal payés quand ils sont en secteur 1,
01:26 eh bien, sont passés en secteur 2 pour pouvoir pratiquer des dépassements d'honneur.
01:29 - Non, mais c'est une double peine.
01:30 C'est-à-dire, un, vous n'arrivez pas à trouver un médecin,
01:32 et deux, quand vous le trouvez, il est plus cher que précédemment.
01:35 - C'est... Effectivement, c'est une double peine,
01:38 puisque on est toujours obligé de se soigner.
01:40 Et c'est vrai qu'effectivement, là, les médecins ont un public relativement captif,
01:43 surtout dans certaines régions.
01:45 - Mais c'est réglementé, non ?
01:47 - Bien sûr.
01:47 - Le fait d'appliquer des dépassements...
01:50 Ou alors, les médecins, ils font ce qu'ils veulent ?
01:52 - Alors, les médecins font, en pratique, un peu plus...
01:56 Un peu ce qu'ils veulent,
01:57 mais c'est vrai qu'il y a un certain nombre de réglementations,
01:59 notamment, normalement, bien sûr, vous devez être prévenu
02:01 avant que le médecin pratique, comment dire, un dépassement d'honneuraire.
02:06 S'il est en secteur 2, c'est évident qu'il y a de fortes chances qu'il le soit,
02:09 puisque ça lui est autorisé.
02:12 Et pour le savoir, eh bien, il ne faut pas hésiter à se renseigner
02:15 au moment où on prend rendez-vous,
02:16 de savoir si le médecin pratique des dépassements d'honneuraires.
02:19 - Vous avez aussi, sur le site de l'assurance maladie Amélie,
02:22 l'annuaire des professionnels de santé,
02:24 qui vous permet de voir quel est leur statut.
02:27 Est-ce que ce sont plutôt des médecins qui restent aux tarifs conventionnés
02:29 ou des médecins qui passent, comment dire, en dépassement d'honneuraire ?
02:33 - À vous entendre, on a l'impression que c'est que de la faute des médecins.
02:36 C'est eux qui prennent cher, alors que peut-être que le problème, il est en amont.
02:40 En fait, eux, ils ne font aussi que s'adapter à une époque
02:45 et à un moment donné où on a un numerus clausus,
02:48 ce qui fait qu'ils ne sont pas assez nombreux sur le territoire.
02:50 - Vous avez tout à fait raison.
02:53 Cette histoire de dépassement d'honneuraire,
02:55 de rémunération des médecins, c'est un problème qui est extrêmement vaste.
02:58 Ce n'est pas uniquement que de leur faute.
03:01 Il faut tenir compte des politiques sanitaires,
03:03 des négociations qu'il y a sur les tarifs.
03:04 C'est vrai que les médecins, aujourd'hui, pendant des années et des années,
03:08 ont dit que quand même la consultation à 25 euros,
03:10 ce n'est peut-être pas suffisant
03:13 quand vous comparez par rapport à d'autres corps de métier.
03:15 Donc effectivement, c'est un ensemble de choses
03:16 qui sont extrêmement compliquées.
03:18 Maintenant, c'est vrai qu'il y a certaines personnes
03:21 qui en souffrent, l'usager de santé.
03:23 - Ce qui est curieux pour vous...
03:24 - Parce que justement, pour se faire soigner, c'est beaucoup plus cher.
03:27 Et tout le monde n'a pas une bonne complémentaire santé.
03:29 Parce qu'il faut quand même être juste.
03:30 C'est vrai qu'un certain nombre de ces dépassements d'honneuraire
03:33 peuvent être pris en charge totalement ou partiellement
03:35 par les complémentaires santé que vous avez.
03:37 Mais on sait très bien qu'il y a certaines personnes
03:38 qui n'en ont pas et qui n'ont juste que l'assurance maladie.
03:41 - Est-ce que toutes les régions et toutes les spécialités
03:43 sont concernées de la même manière
03:45 ou il y a vraiment de gros écarts ?
03:46 - Alors, toutes les régions ne sont pas concernées.
03:48 Je ne vous en reprendrai pas en disant que les dépassements d'honneuraire,
03:51 c'est essentiellement Paris, les grandes agglomérations, la Côte d'Azur.
03:55 Et puis, côté spécialité, on a dit que les généralistes
03:58 pratiquaient très, très peu les dépassements d'honneuraire.
04:00 Par contre, vous avez les chirurgiens.
04:02 85 % des chirurgiens pratiquent du dépassement d'honneuraire.
04:05 Les anesthésistes aussi.
04:06 Donc, anesthésiste plus chirurgien, généralement, ça va ensemble.
04:09 Vous avez deux fois des dépassements d'honneuraire.
04:11 Par contre, vous avez effectivement des professions de santé
04:13 qui restent assez, comment dire, "sobres".
04:16 Les pneumologues qui ne pratiquent pas beaucoup de dépassements d'honneuraire.
04:19 Et puis, quelque chose qui est relativement nouveau,
04:21 les radiologues, depuis quelques années,
04:23 se mettent aussi à pratiquer des dépassements d'honneur.
04:25 - Non, mais nos amis, beaucoup d'entre eux habitent en région.
04:27 Et il faudrait rappeler ce que ça peut coûter un spécialiste à Paris.
04:32 Les gens ne savent pas forcément ça.
04:34 - Vous pouvez être facilement à 70, voire 100 euros.
04:39 - Ouais, ouais.
04:40 - 100, 100, 100, 100.
04:41 - Regardez.
04:42 - Non, mais c'est vrai que c'est...
04:44 - Même en pédiatrie, par exemple.
04:45 - C'est un peu consommateur, en tout cas, pour les gens.
04:47 - Tout à fait.
04:48 - Mais en même temps, c'est peut-être la seule manière qu'ils ont aussi, eux,
04:50 de faire entendre leur voix et de dire qu'il y a un problème au niveau du dessus, quoi.
04:54 - Nous, là, cet article, cette enquête qu'on a faite,
04:57 c'était vraiment de poser le problème, de faire un constat.
05:00 Voilà.
05:01 C'est difficile, effectivement, d'avoir un jugement de valeur.
05:03 Je ne me permettrais pas de l'avoir.
05:04 Et en plus, c'est vrai que nous, on est parti de choses très factuelles
05:07 sans vouloir remonter à toutes les causes et conséquences.
05:10 - En ce qui nous concerne, dans notre métier, c'est d'essayer d'être utile.
05:14 Alors, quel conseil on peut donner à ceux qui nous regardent ?
05:17 - Eh bien, déjà, effectivement, se renseigner,
05:19 de savoir si le médecin auquel vous allez vous adresser
05:21 pratique les dépassements d'honneuraire.
05:23 Il faut aussi savoir qu'un certain nombre de médecins qui sont en secteur 2
05:26 ont signé un contrat avec l'assurance maladie.
05:29 C'est Optam, option pratique tarifaire maîtrisée.
05:32 Ça veut dire qu'ils ont le droit de faire quelques dépassements d'honneuraire,
05:34 mais ce sont des dépassements d'honneuraire maîtrisés.
05:36 En échange, les médecins qui pratiquent ainsi,
05:39 ils ont un abaissement des charges sociales.
05:42 Et votre complémentaire santé, évidemment, si vous en avez une,
05:45 vous remboursera pratiquement intégralement le dépassement.
05:47 - Alors, il y a aussi un dispositif peu connu du grand public
05:49 qui pourrait aider un peu, non ?
05:52 - Ben, c'est très, très difficile, parce que, de toute façon,
05:55 c'est un peu, encore une fois, l'offre et la demande,
05:57 et il y a des moments où vous n'avez vraiment pas le choix.
05:58 Donc, voilà, effectivement, il y a un peu une loterie.
06:02 Et quelques fois, notamment, quand vous allez à l'hôpital,
06:04 eh bien, vous êtes obligé, si vous voulez vous faire opérer
06:06 par tel ou tel chirurgien, d'avoir recours à des dépassements d'honneuraire.
06:10 - D'accord. Merci, Arnaud de Bloch.
06:11 - Merci beaucoup.
06:12 - Alors, si on veut en savoir plus, c'est le numéro de Mars.
06:14 C'est celui-ci, là. Oui, vous le voyez là.
06:17 Et en couverture, il y a tout un article, une enquête sur les sucres, j'ai vu.
06:23 Plus sain que le sucre blanc.
06:24 Alors, il y a tous les autres que l'on connaît.
06:26 Est-ce que c'est mieux le sirop d'érable ?
06:28 Est-ce que c'est mieux le miel ?
06:29 Est-ce que, etc., etc., etc.
06:31 On pourrait peut-être faire ça un jour, nous, avec vous.
06:34 - En plus, on est assez étonnés.
06:35 C'est un numéro qui, en vente, marche plutôt très, très bien.
06:37 On ne pensait pas que ça pouvait passionner autant le public.
06:40 - Ça tombe pile dans ce qu'on fait, dans notre ligne éditoriale.
06:43 Merci de votre visite et à bientôt.
06:45 [Musique]

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