Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 (Générique)
00:04 - Bonjour Jérôme Jean. - Bonjour, bonjour à vous.
00:07 - Alors vous êtes le fondateur du collectif en question, RALVOLT.
00:10 De quoi il s'agit exactement ? Alors quelles sont vos revendications au fond ?
00:14 - Bah écoutez, on rassemble des commerçants, des artisans français qui en ont marre.
00:18 Marre d'être pollués, d'être menacés, d'être volés régulièrement.
00:23 Tout ça, ça leur pourrit la vie au quotidien.
00:25 Donc aujourd'hui, on a décidé en France de se rassembler.
00:28 Donc ce collectif s'est créé, il porte bien son nom.
00:30 Les commerçants, ils en ont RALBOL, RALBOL DU VOL.
00:33 Donc ça s'appelle RALVOL. C'est un petit clin d'œil.
00:36 Mais c'est loin d'être drôle, c'est un sujet vraiment fatigant.
00:40 - Et comment il est né ce collectif ?
00:42 - Lorsque j'étais commerçant à Amiens, j'ai diffusé moi-même les images
00:46 de vidéosurveillance des voleurs.
00:48 - Vous étiez commerçant, vous vendez quel genre de produits ?
00:50 - Du prêt-à-porter. - Prêt-à-porter, oui.
00:52 - Prêt-à-porter masculin. - Vous avez été attaqué plusieurs fois ?
00:54 - On l'est régulièrement, oui, je l'ai été souvent.
00:57 Une énième fois, ça m'a fatigué, je suis allé porter plainte.
01:01 Et puis l'officier de police qui m'a reçu, quand je partais,
01:05 j'ai fait demi-tour en lui disant "J'ai une dernière question,
01:07 est-ce qu'on a une chance de retrouver les salopards
01:10 qui se sont mal comportés chez moi ?"
01:12 Personne ne m'a regardé en me disant "Ne rêvez pas,
01:16 malheureusement ce ne sera pas possible."
01:18 Pourtant sur les images, on les voyait très bien.
01:20 Donc le lendemain, je me suis dit "Je vais diffuser les images."
01:24 J'ai appelé mon avocat.
01:25 - Parce que vous auriez pu être puni ?
01:27 - Parce que je peux être puni, effectivement.
01:29 C'est 45 000 euros d'amende et un an de prison.
01:31 On punit bien les commerçants en France,
01:33 sûrement pas suffisamment les voleurs.
01:35 Et donc j'ai pris ce risque.
01:37 Je me suis dit "Il faut un précédent, il faut y aller."
01:41 Et derrière, il y a eu un soutien de beaucoup de commerçants français
01:46 qui se sont reconnus dans cette démarche.
01:48 - On va revenir sur le fait d'avoir des images,
01:51 une caméra de surveillance.
01:53 D'abord concrètement, le vol aujourd'hui pour un commerçant comme vous,
01:56 qu'est-ce que ça représente au fond ?
01:58 - Alors d'une part, humainement, c'est très difficile.
02:01 Parce que pour les équipes de vente, c'est insupportable.
02:04 C'est insupportable parce que c'est comme si on vous prenait
02:07 de l'argent dans votre portefeuille.
02:09 Donc ça ne fait jamais plaisir.
02:11 Et puis ça veut dire qu'on est sans cesse en vigilance.
02:13 On est toujours en train de surveiller ce qui va se passer.
02:15 Après, sur le plan financier, ça peut représenter 2 % du chiffre d'affaires.
02:20 En moyenne, il n'y a pas vraiment de chiffre très précis là-dessus.
02:24 Mais certaines études disent que ça peut coûter à peu près
02:27 entre 7,5 et 8 milliards d'euros par an aux commerçants français.
02:32 - Ah oui. Alors actuellement, quand il y a des vols comme ça
02:36 qui sont filmés par la caméra de surveillance,
02:38 dont votre magasin qui est équipé de ça,
02:41 qu'est-ce que vous faites de ces images ?
02:43 Est-ce que la police les prend en compte ?
02:45 Vous arrivez avec votre cassette en disant
02:47 "Voilà, j'ai la tête du gars qui a volé", par exemple.
02:50 Et qu'est-ce qu'ils vous disent ?
02:52 - Ils nous disent "La police, elle est volontaire.
02:55 La police, elle a envie de faire.
02:56 Faute de moyens, c'est compliqué pour la police."
02:58 Donc ils récupèrent les images.
03:00 Il y a un enquêteur qui se met sur le sujet.
03:02 Et puis il faut espérer que l'auteur du vol
03:06 soit déjà dans les fichiers des services de police.
03:08 Sinon, ça ne fonctionne pas.
03:09 C'est pour ça que nous, on défend depuis une petite année maintenant
03:12 et on est content qu'un député ait entendu notre message.
03:15 Cette diffusion, j'allais dire, sur les réseaux sociaux
03:18 et puis à l'intérieur des magasins,
03:19 pour que si quelqu'un repère un voleur,
03:22 il puisse informer la police et aider à résoudre ces enquêtes
03:25 parce qu'aujourd'hui, personne n'est condamné, je vous rassure.
03:27 - Diffuser les images des voleurs,
03:29 qu'est-ce que ça peut changer concrètement pour vous ?
03:32 Parce que je rappelle qu'à ce jour, c'est interdit,
03:34 Caroline le rappelait elle aussi, c'est interdit par la loi.
03:36 Et c'est puni, et là c'est vous qui l'avez rappelé,
03:39 par de très très lourdes sanctions, évidemment.
03:41 - Alors, ça a trois avantages.
03:44 Le premier avantage, c'est que c'est dissuasif.
03:46 Si demain vous volez dans mon magasin
03:48 et que j'affiche votre visage partout, ça ne va pas vous faire plaisir.
03:50 - Surtout si je suis un voleur.
03:52 - Surtout si vous êtes un voleur.
03:54 Alors justement, effectivement, on ne le fera que s'il vous l'est.
03:56 Donc ça va, on est rassuré de ce côté-là.
03:58 La deuxième raison, c'est qu'aujourd'hui, la police a besoin d'aide.
04:01 La police, elle a envie de régler tous ces problèmes.
04:04 Mais encore faut-il qu'on puisse leur apporter
04:07 un certain nombre de témoignages.
04:08 Donc, eh bien, ça permet d'avoir une intelligence collective
04:10 de gens qui se manifestent en composant le 17,
04:12 en disant "j'ai vu cet individu-là, je l'ai vu là et je l'ai vu là".
04:15 Et puis la troisième raison...
04:16 - Mais on peut se tromper, hein ?
04:17 - Oui, oui, on peut tous se tromper tous les jours, tout le temps.
04:20 - Non, mais vous comprenez, c'est ce qu'on vous rétorque régulièrement.
04:24 Mais on peut se tromper, c'est peut-être une erreur.
04:26 "Oh, c'est un peu flou. Ah oui, mais il ressemble là, c'est pas moi."
04:29 etc.
04:30 - Alors, je vais revenir là-dessus.
04:31 Le dernier point aussi, c'est que ça permet aussi aux commerçants entre eux
04:34 de prévenir les uns et les autres de ceux qui agissent
04:37 dans les rues et dans les commerces.
04:38 Sur la notion d'erreur, vous avez raison.
04:40 Malheureusement, dans le cadre de cette proposition de loi,
04:43 le commerçant qui a fait une erreur, il sera condamné.
04:45 - D'accord. Caroline ?
04:46 - Vous, vous jouez votre rôle.
04:47 C'est normal, vous êtes commerçant et franchement,
04:49 on pense à tous les commerçants.
04:50 Après, ça veut dire quelque chose.
04:52 Le vol, aujourd'hui, ça se répand partout, même pour l'alimentaire.
04:57 C'est-à-dire qu'on voit des personnes âgées qui volent
04:59 leur petit bout de jambon, etc.
05:01 Il y a 14 % d'inflation.
05:03 À un moment donné, ça veut aussi dire un truc sur notre société.
05:05 Ça veut dire qu'il y a des gens qui ne s'en sortent pas
05:07 et que c'est horrible pour eux, mais ils sont peut-être obligés
05:09 de voler une pomme, une orange, un machin.
05:11 En plus, on va les afficher, c'est peut-être pas la question
05:13 qu'il faut se poser.
05:14 Peut-être que le problème vient de carrément plus haut
05:16 et on se dit, en fait, les gens sont à la gorge
05:19 et ils sont devenus des voleurs par obligation
05:23 parce que la société coûte trop cher et qu'ils ne s'en sortent pas.
05:26 Donc, vous, vous êtes à plaindre et je comprends très bien.
05:29 Mais finalement, ceux qui volent aussi,
05:32 ce n'est pas toujours par plaisir.
05:35 - Mais vous connaissez cet argument qui n'est pas faux,
05:37 qui est un argument de bon sens.
05:38 - Oui, je vais y répondre si vous le voulez.
05:40 - Oui, oui, j'en prie.
05:41 - Quand on vole dans un magasin de vêtements,
05:43 ce n'est pas pour manger, je suis désolé, de marque connue.
05:46 C'est parce qu'effectivement, on a affaire, nous,
05:48 à des bandes organisées, de véritables réseaux
05:50 dont le métier, c'est de voler pour gagner de l'argent.
05:52 - Oui, mais ras-le-vol, ça concerne aussi les commerçants
05:55 qui sont dans l'alimentaire, dans...
05:57 - Bien sûr.
05:58 - Ah oui, c'est là, oui, bien sûr.
05:59 - Ça concerne tous les commerçants.
06:00 - Absolument, vous avez raison.
06:02 Mais aujourd'hui, je vais être très honnête avec vous,
06:04 on a une minorité de gens qui volent pour manger.
06:06 On a une majorité de bandes organisées en France.
06:09 Il faut dénoncer les choses aujourd'hui.
06:10 On a une majorité de bandes organisées.
06:12 Et nous, on considère qu'à partir du moment
06:14 où on affiche ça sur les commerces français
06:17 et que vous prenez le risque de rentrer dans le magasin,
06:19 ce n'est pas un risque d'entrer dans un magasin.
06:21 Au contraire, dans cette période compliquée
06:23 pour les commerçants et les artisans français,
06:25 faites-le, on ne peut qu'inciter les téléspectateurs à le faire.
06:27 Par contre, si vous voulez, vous prenez un risque.
06:30 Si vous ne voulez pas, tout va bien se passer.
06:32 - Alors pour la suite, qu'est-ce que vous attendez maintenant ?
06:34 Il y a un député, effectivement, qui vous suit dans cette affaire ?
06:37 - Il y a plusieurs députés, effectivement,
06:39 qui se sont intéressés au sujet.
06:41 Il y a une proposition de loi qui a été jugée recevable
06:44 par l'Assemblée nationale.
06:45 C'est une avancée.
06:46 Je vous remercie d'être aussi un peu la contradiction ce midi
06:49 parce qu'il va nous en falloir pour avancer.
06:51 On espère vraiment que cette proposition de loi
06:53 va devenir une loi.
06:54 Mais en France, aujourd'hui, malheureusement,
06:56 c'est très difficile de faire changer les choses.
06:58 C'est très difficile de faire changer la justice.
07:00 Et malheureusement, nous, on constate qu'il y a
07:02 un inversement des valeurs.
07:03 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on montre du doigt les commerçants.
07:06 On oublie totalement de montrer du doigt les voleurs.
07:08 Et eux agissent en toute impunité.
07:10 Et je pense aujourd'hui à tous les commerçants
07:12 qui voient tous les jours le même voleur
07:14 entrer dans le magasin et repartir avec de la marchandise.
07:17 Je vais vous dire, la présomption d'innocence
07:19 ou le fait que ça puisse gêner les voleurs,
07:21 ça ne nous pose pas de problème.
07:22 Au contraire.
07:23 - Très bien.
07:24 Vous avez maintenant à franchir l'étape supérieure.
07:27 C'est convaincre au Parlement et au-delà de ça.
07:30 Je rappelle pour ceux qui s'intéressent,
07:32 si vous êtes commerçant et que vous ne connaissez pas,
07:34 ça s'appelle le collectif RALVOLT, c'est ça ?
07:37 - C'est ça. Merci de votre invitation.
07:38 - Merci à vous.
07:39 à vous.
07:40 [Musique]