Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00On va parler des crèches, est-ce qu'il en faut plus en France ?
00:04On va vérifier avec Claire Lahaut qui dirige le groupe La Maison Bleue.
00:09Et oui, parce qu'il y aurait 200 000 places de crèches en déficit, c'est ce qu'il faudrait construire aujourd'hui.
00:14Certains partis politiques ont crié haro sur les crèches privées.
00:18Qu'est-ce que vous répondez ?
00:20Je réponds que c'est extrêmement dommage parce qu'on a besoin de tous les acteurs.
00:25Aujourd'hui en France, on a la chance d'avoir un paysage assez éclectique, assez diversifié des acteurs publics, des acteurs privés, des associations.
00:33Et c'est ce qui fait la richesse aussi de notre offre de crèches sur le territoire.
00:37Est-ce que l'État a encore les moyens de construire des crèches aujourd'hui ?
00:40C'est bien le sujet. Depuis plusieurs années, c'est le secteur privé dont je fais partie qui crée plus de 50 % des crèches en France.
00:48Évidemment que l'État et que la société ont besoin de ces crèches-là, puisqu'en plus, comme vous l'avez dit, il en manque plus de 200 000 aujourd'hui.
00:56Pourquoi on manque de places ? Il y a une raison ?
00:59Une raison principale qui est qu'on a un système en France particulièrement qui est assez complexe.
01:03Un système de financement tripartite entre l'État, les collectivités ou les entreprises, et puis le gestionnaire et les familles.
01:11C'est un système qui est complexe, avec pas mal de barrières à l'entrée.
01:14C'est difficile aujourd'hui de créer une crèche, et puis une place de crèche, ça coûte 25 000 euros en investissement.
01:20Ça coûte cher.
01:21Alors ça, c'est important ce que vous dites, parce qu'il y a un investissement énorme.
01:24En parallèle, on se dit peut-être qu'on va améliorer le congé parental, qui s'ajoute au congé paternité ou maternité.
01:30Mais finalement, si on donne plus d'argent pour rester à la maison, mais que ça dure moins longtemps, est-ce qu'on va s'y retrouver ?
01:37Moi, je n'ai pas d'avis. C'est à chaque famille de faire le choix de ce qu'elle souhaite de mieux pour elle, pour l'enfant.
01:43La réalité, c'est que quand bien même on augmente le congé parental, ce qu'il se passe, c'est qu'il y a beaucoup d'assistantes maternelles,
01:49qui est le premier mode d'accueil des enfants en France, qui partent à la retraite, et qui manquent aussi,
01:53et que les crèches est le premier mode d'accueil préféré des Français.
01:57Donc, de toute façon, il faut les créer, ces places de crèche.
01:59Alors, vous avez fait le calcul ? Est-ce que si on donnait un salaire à la maman pour élever son enfant pendant trois ans,
02:04parce que si on met bout à bout la durée idéale pour s'occuper d'un enfant, d'un bébé, c'est trois ans.
02:10Si on donne de l'argent à la maman ou au papa, plutôt que de construire des crèches, vous avez calculé ?
02:16Non, je n'ai pas fait ce calcul-là, mais je ne pense pas que ce soit le bon calcul de toute façon.
02:20La réalité, c'est qu'il faut laisser le choix aux familles.
02:22Et rester à la maison, que ce soit pour un papa ou une maman, pour s'occuper de son enfant, ce n'est pas le choix de tout le monde.
02:28D'abord, ce n'est pas forcément un choix financier aussi.
02:31Donc, il faut offrir cette possibilité-là.
02:34Et puis, je précise, la crèche est quelque chose de bon pour les enfants.
02:38On a des systèmes éducatifs, des projets éducatifs extrêmement élaborés et on apporte un complément aussi à la garde à domicile.
02:44Je vous comprends, mais s'il n'y a pas les places, elles font comment, les mamans ?
02:47Ou les papas ?
02:48Ou les papas, oui.
02:49Je précise.
02:50Mais justement, il faut qu'on les crée.
02:52Il faut qu'on les crée, il faut que l'État se mobilise, il faut que les collectivités se mobilisent.
02:56Il faut que nous, acteurs privés, nous nous mobilisions.
02:58C'est ce que nous faisons depuis 20 ans maintenant, depuis l'ouverture aux privés du secteur.
03:03Et donc, il faut réformer le système de façon extrêmement globale pour faciliter à la fois l'ouverture de places et évidemment maintenir la qualité.
03:12Ce qui nous manque aujourd'hui, je vais vous dire, c'est les professionnels de crèche.
03:15Il nous manque 10 000 professionnels en France.
03:17C'est ce qu'on dit.
03:18Assistantes maternelles, c'est des personnes aussi.
03:20L'aide à domicile, souvent, ça manque aussi.
03:22Alors, une crèche privée, vous dites, combien ça coûte ?
03:25Une place de crèche, c'est 25 000 euros d'investissement et 20 000 euros de fonctionnement par an.
03:29Et puis après, vous avez chaque année, pour payer le loyer, pour payer les amortissements, pour payer les salaires, pour payer tous les coûts de fonctionnement, c'est 20 000 euros par place.
03:36Donc, ça fait vraiment un investissement énorme que l'État ne peut pas forcément supporter.
03:40Non, et c'est d'ailleurs pour ça ce qui est très intéressant dans nos systèmes français, c'est qu'on a les entreprises qui participent.
03:45C'est assez unique au monde et c'est quelque chose qu'il faut absolument préserver.
03:48Les employeurs qui réservent des places pour leurs salariés, c'est quelque chose de très positif parce que ça met de l'argent privé d'un système d'une part
03:54et d'autre part, ça pousse les entreprises à s'intéresser au sujet de la parentalité qui est majeure aujourd'hui dans nos sociétés.
03:59On a aussi le projet de faire des crèches dans les entreprises. Vous y croyez ?
04:03Aujourd'hui, la tendance n'est pas tant de faire des crèches dans les entreprises, mais que les entreprises réservent des places à proximité du domicile des parents pour leur facilité de vie.
04:11Ça revient un peu au même, il faut quand même la construire.
04:13Il faut la construire et puis surtout, mais ça c'est nous, entreprise de crèche, qui faisons cet investissement-là.
04:19Maison Bleu, c'est un groupe privé ?
04:21Tout à fait, nous sommes un groupe privé.
04:22Vous levez les fonds comment pour construire ces crèches ?
04:24Nous avons aujourd'hui à notre capital deux fonds d'investissement qui sont minoritaires, qui sont la BPI et Tower Brook.
04:32Et puis après, on a des actionnaires privés.
04:34C'est ça, parce qu'il y a des crèches plus ou moins sérieuses, il y a beaucoup de marques qui existent.
04:37Comment on apporte une garantie justement de fiabilité ?
04:40Alors ça, c'est tout un système de qualité qu'on met en place à la fois en interne et puis en externe.
04:45On a énormément de contrôle, il faut le savoir.
04:47On est contrôlé par les CAF, par les PMI, par les collectivités, par les parents qui viennent le matin et le soir et qui regardent ce qui se passe.
04:53Et c'est bien normal.
04:54Et puis nous, en interne, on a une certification, une certification octroyée par Bureau Veritas.
04:59Un système de qualité très ambitieux.
05:00Alors pour que tout le monde comprenne et qu'on fasse un peu une synthèse de tout ce qu'on s'est dit, c'est quoi la solution idéale au final ?
05:05C'est vraiment avoir ces 200 000 crèches, ou en tout cas ces 200 000 places.
05:09C'est possible aujourd'hui de les construire ?
05:11Si on a une décision politique forte de réformer le système pour le simplifier et pour faciliter l'accès au financement, oui, c'est possible.
05:21Évidemment que c'est possible.
05:22Et là, vous dites qu'il y a des blocages, le gouvernement peut-être n'est pas assez au fait de ces questions ?
05:27Le gouvernement est au fait, mais la réalité, c'est que le système est très, très complexe.
05:32Il faut avoir le courage politique de le simplifier.
05:35Alors si on veut être vraiment très direct, c'est une bonne idée ce qu'Emmanuel Macron veut faire ?
05:39Mieux rémunérer le congé parental, mais courte durée ? Ou laisser comme c'était ?
05:44À nouveau, je pense que ce sera à chaque famille de se positionner.
05:50Il y a une diversité familiale en France qui est telle que…
05:53Il n'y a pas de solution unique ?
05:55Non, exactement. Il faut poser une multitude de solutions.
05:58Claire Lahaut était avec nous, directrice générale de La Maison Bleue, le groupe La Maison Bleue, les crèches privées en France.
06:04Merci d'être venu sur CNews.