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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00Alors que le budget de la Sécu pose des problèmes avec des déficits réguliers et bien on va parler du remboursement des médicaments anti-obésité parce que c'est le cas, ils seront bientôt remboursés.
00:12On va parler avec Rémi Legrand, vous dirigez le groupe Éthique et Santé qui est présent sur le marché des programmes anti-obésité. Alors est-ce que vraiment la Sécu doit prendre en charge tous ces traitements ?
00:24Ce qu'on ne sait pas aujourd'hui c'est à quel prix va être vendu le médicament pour être remboursé. Je vous donne quelques chiffres, aujourd'hui il y a 8 millions de personnes en France qui sont atteintes d'obésité.
00:36S'il ne serait-ce que 4 millions d'entre elles étaient remboursées au prix actuel du médicament, ça représente 14 milliards d'euros par an à prendre en charge par la Sécurité sociale.
00:46Le trou de la Sécurité sociale en 2024 était de 14,6 milliards donc ça veut dire que ce remboursement multiplie par 2 le déficit de la Sécurité sociale. Donc oui il faut les rembourser mais il faut peut-être encadrer le remboursement de ces médicaments.
00:59Donc on en parlait tout à l'heure, précisons que vous, vous proposez des programmes qui eux ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, vous n'avez pas partie prenante.
01:06Du tout, nous en fait nous dispensons un programme non médicamenteux de prise en charge de la surcharge mondiale qui n'est pas remboursé par la Sécurité sociale et ce programme s'appelle RNPC pour rééducation nutritionnelle et psychocomportementale, ça fait 20 ans que nous dispensons ce programme à travers la France.
01:24D'accord, donc sans médicament, il faut le préciser. Parlons, revenons donc à ces médicaments qui vont être remboursés, est-ce que vous pensez que les mutuelles vont rembourser aussi, vont apporter leur contribution ?
01:34Alors oui, puisqu'en fait ces médicaments ne peuvent être remboursés à 100% si l'obésité n'est pas déclarée maladie chronique, ce qu'elle n'est pas déclarée aujourd'hui.
01:42Donc le remboursement de ces médicaments serait pris en charge à 65% par l'assurance maladie et à 35% par les mutuelles.
01:49Donc il y aurait une prise en charge publique et une prise en charge privée de ces médicaments.
01:52Alors vous parliez du nombre de français qui souffrent d'obésité, qui donc devraient profiter de ce traitement, mais on est loin des chiffres américains et là je pense qu'aux Etats-Unis, ils croulent sous les dépenses.
02:03Alors aux Etats-Unis, il y a 93 millions d'obèses et il y a une étude récente qui a montré que si les obèses américains prenaient ces médicaments, la charge pour le système de santé américain, c'est 600 milliards de dollars par an.
02:18Et 600 milliards de dollars par an, ça représente l'intégralité des dépenses de santé américaine, toute pathologie confondue.
02:25Donc vous voyez, une seule pathologie représente exactement le même poids économique que le cancer, l'hypertension, le diabète, le sida, etc. réunis.
02:33Donc là il y a un vrai sujet aux Etats-Unis, actuellement, eux ont fait le choix de ne pas rembourser le médicament.
02:38Certains programmes, certains laboratoires profitent de ce business de l'anti-obésité.
02:43Est-ce qu'on n'a pas intérêt quand même à encadrer ces remboursements ? On ne sait pas ce qui marche et ce qui ne marche pas.
02:49Alors si on parle des médicaments, la seule approche qui soit sérieuse à part l'approche que je propose, en fait le médicament est encadré.
02:59La Haute Autorité de Santé a encadré la prescription du médicament et conditionne le remboursement du médicament.
03:08La Haute Autorité de Santé est très claire.
03:11Il faut être validé, il faut être reconnu par l'Autorité de Santé.
03:13La Haute Autorité de Santé préconise l'utilisation de ces médicaments anti-obésité pour les indices de masse corporelle supérieures ou égales à 35.
03:21Et c'est très important ce qui va suivre, en complément d'un régime hypocalorique, d'une augmentation de l'activité physique, d'une perte de poids et d'un maintien du poids.
03:30Parce que, point complémentaire, c'est que les médicaments ne sont efficaces que tant qu'ils sont pris.
03:35C'est-à-dire qu'un patient qui prend un médicament qui perd du poids, à l'arrêt du médicament il reprend tout le poids perdu.
03:40Donc ça, ça renvoie encore à une autre question.
03:42Est-ce qu'il faut prendre à vie un médicament ?
03:44Alors ça coûterait une fortune.
03:46Oui bien sûr, ça coûterait encore plus cher.
03:48Ce qui veut dire que la solution, c'est d'appliquer strictement les recommandations de la Haute Autorité de Santé
03:53et de coupler l'utilisation du médicament à un programme de rééducation comportementale.
03:59Sans rééducation du comportement, c'est la reprise de poids assurée.
04:03Vous voulez dire qu'il n'y a pas que le médicament qui permettra de lutter contre l'obésité ?
04:06Non. Le médicament doit être utilisé ponctuellement pour aider le patient à passer un cap.
04:12Et on doit parler de réhabilitation du patient, de rééducation nutritionnelle du patient,
04:17de changement comportemental du patient.
04:19Et ça, ça ne peut passer que par une prise en charge complémentaire du médicament.
04:22J'ai lu qu'en Belgique, ils remboursent jusqu'à le succès de l'opération.
04:26C'est-à-dire que si vous n'avez pas prouvé que ça marchait, vous n'êtes pas remboursé.
04:29Donc c'est a posteriori.
04:30Oui, vous êtes très bien renseigné.
04:32En Belgique, ils ont conditionné l'utilisation du médicament à deux choses.
04:35D'abord, le patient doit démontrer que dans les six mois qui ont précédé la prise du médicament,
04:38il a perdu plus de 5% de son poids.
04:40Ce qui tendrait à démontrer qu'il est motivé pour perdre du poids.
04:43Et ensuite, le médicament n'est remboursé que si le patient a perdu 5% de son poids complémentaire
04:49dans les trois mois qui ont suivi la prescription.
04:50Si le patient ne perd pas 5% de poids dans les trois mois qui suivent la prescription du médicament,
04:55il n'est plus remboursé.
04:56Donc 100 kg, il faut perdre 5.
04:58Oui.
04:59Ce qui n'est pas beaucoup.
05:00Ce qui n'est pas énorme.
05:01Dernière question.
05:02Si on ne remboursait pas, si ce remboursement est même trop faible,
05:05est-ce qu'il y a un risque pour la population ?
05:07Est-ce que l'obésité, c'est quand même quelque chose de grave pour beaucoup de personnes ?
05:10La prise de poids est dangereuse en soi et la prise de poids s'accompagne de maladies.
05:14Hypertension, diabète, cholestérol, etc.
05:17Le fait de perdre du poids, ça permet parfois même de guérir des pathologies.
05:22Donc le sujet, c'est comment fait-on pour perdre du poids ?
05:26Je pense que le médicament doit être utilisé exclusivement en complément d'un véritable programme
05:32de rééducation nutritionnelle et psychocomportementale du patient.
05:35Et ne pas le faire à vie parce que sinon, ça devient une dépendance qui risque de coûter très cher.
05:39Je ne sais pas, vous prendriez un médicament pendant toute votre vie ? Personnellement, non.
05:43Merci d'être venu.
05:44Je vous en prie.
05:45Rémi Legrand est directeur d'Ethique et Santé, présent sur le marché des programmes anti-obésité.
05:51Merci, restez avec nous sur CNews.
05:56Sous-titrage Société Radio-Canada

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