Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00 On va parler logement social. Il y a 2,5 millions de Français qui attendent un logement, une HLM.
00:05 Merci d'être avec nous André Hiché, ancien président de la Caisse des dépôts Habitat,
00:10 dont vous avez géré énormément de logements.
00:12 Alors quand même une question aujourd'hui qu'on se pose tous,
00:15 est-ce qu'il faut un bail à durée déterminée dans les logements sociaux ?
00:19 Vous qui avez dirigé un organisme.
00:21 Écoutez, ça n'est pas dans la tradition actuelle du monde HLM.
00:24 Néanmoins, on peut se dire que dans le cadre du rapprochement finalement d'une gestion du parc HLM
00:31 et puis de la gestion de droits communs, on pourrait envisager éventuellement un bail de 9 ans,
00:37 aligné sur le bail classique, mais renouvelable, sauf raison majeure.
00:44 Pour vous donner quand même quelques chiffres significatifs,
00:46 le niveau optimal de production de logements dans les 20 ans qui se sont écoulés,
00:51 c'était 450 000 logements par an.
00:55 On ne peut pas aller au-delà parce que de toute façon l'outil de production ne le permettait pas.
00:59 Aujourd'hui, on est sur une tendance qui en 2025, si rien ne se passe,
01:04 va nous ramener vers 250 000 logements, voire moins.
01:08 Et donc c'est un effondrement de la production avec des conséquences dramatiques,
01:12 je dirais, sur l'outil de production.
01:14 Il faut prendre en considération qu'il y a aujourd'hui une crise majeure,
01:17 par exemple dans le bureau, il y a aujourd'hui 4 millions de mètres carrés de bureaux vacants en Ile-de-France.
01:23 – On pourrait mettre des personnes dans les bureaux.
01:26 – Il faut travailler sur la transformation de ces actifs,
01:30 de la même manière que les centres commerciaux, il y en a environ 250 qu'il va falloir reconfigurer,
01:35 et ces centres commerciaux, on doit profiter de la reconfiguration,
01:40 la réduction des parkings, etc. pour produire des micro-quartiers.
01:43 – Sur les parkings, on construit des...
01:44 – Pas uniquement sur les parkings, ce sont des problèmes en fait,
01:47 ce sont des sujets d'urbanisme si vous voulez.
01:49 Pour vous donner un exemple frappant, il faut dans certains cas démolir un certain nombre de bâtiments,
01:53 il faut remplacer les galeries marchandes que nous connaissons par des rues commerçantes,
01:59 où les commerces seront en rue de chaussée et on aura dans des étages supérieurs des logements.
02:05 Nous devrions nous inspirer à certains égards de ce qu'a fait le baron Haussmann
02:10 quand il a refait Paris entre 1850 et 1870 pour l'essentiel,
02:16 et avec un volume d'activité qui finalement est assez comparable
02:19 puisqu'il a démoli 20 000 bâtiments sur 30 000 logements.
02:23 – Un salubre.
02:24 – Énorme, énorme, une activité énorme,
02:28 il en a reconstruit 30 000 et il a redimensionné la physionomie de Paris.
02:32 – Et alors ça a fait des images d'ailleurs très chères aujourd'hui, qui s'arrachent.
02:35 – Absolument, et donc pour ça, il faut accepter une forte décote des actifs existants.
02:42 – Vous êtes un ancien militaire, ancien pilote,
02:44 est-ce qu'il faut des méthodes dures pour y arriver ?
02:46 – Écoutez, de toute façon, aujourd'hui, si on interroge les Français,
02:50 dans tous les domaines, ils vous répondront qu'ils sont à la recherche
02:55 et à la demande d'autorité, voilà.
02:58 Et je pense que finalement, l'autorité dans la gestion de l'habitat public,
03:02 du logement public, l'autorité, pareil dans les établissements…
03:06 – Oui, je comprends bien, mais ça veut dire qu'elle n'est pas là aujourd'hui,
03:08 cette autorité, elle n'existe plus ?
03:11 – Eh bien, en tout cas, elle est très épisodique,
03:13 et puis elle dépend beaucoup des personnalités en cause,
03:15 et je crois qu'effectivement, il faut rappeler à sa tombe le principe.
03:19 Je ne dis pas qu'il faut revenir à l'identique,
03:21 mais par exemple, il y a maintenant une trentaine d'années,
03:25 nous avions encore des gardiens à sermenter.
03:28 Il faut réfléchir à ce genre de solution, et je crois que de toute façon,
03:34 si nous ne le faisons pas maintenant, les faits, les événements,
03:37 nous contraindrons à le faire dans l'urgence.
03:39 – Est-ce qu'il faut ficher les mauvais habitants, les délinquants,
03:42 appelons-les comme ça, pour qu'on compiègne ou il y a un projet ?
03:45 – C'est vrai, c'est assez compliqué, si vous voulez,
03:49 d'abord parce qu'il y a des règles qui sont imposées
03:51 par la Commission nationale informatique et liberté.
03:55 Il y a eu d'ailleurs, dans le passé par exemple,
03:58 au niveau de l'office public de la ville de Paris,
04:01 il y a également une société qui s'appelle Logirep,
04:03 qui ont été sanctionnées pour avoir constitué des fichiers,
04:06 alors dans des cadres un peu différents.
04:08 À Paris, il s'agissait de demander aux gardiens
04:11 de lister toutes les familles à problème, disons,
04:14 et chez Logirep, il s'agissait de lister les origines ethniques.
04:18 Bon, avec une condamnation pénale pour Logirep et une…
04:22 – Donc c'est impossible, vous voulez dire, on ne peut pas…
04:24 – Je ne dis pas que c'est impossible, de toute façon,
04:27 tous les bailleurs connaissent les familles à problème, voilà.
04:31 – Maintenant, pour les faire partir, c'est une autre affaire ?
04:33 – Alors, les faire partir, c'est une autre affaire,
04:35 et puis de toute façon, dès lors qu'il y a un contentieux,
04:37 il y a forcément un dossier qui est constitué…
04:39 – Et donc après, il faut la police, il faut l'execution.
04:41 – Constituer un dossier, si vous voulez,
04:43 et constituer un fichier, ce n'est pas la même chose.
04:45 – Très bien, c'est compris.
04:46 Merci beaucoup André Hiché, je rappelle, ancien président de CDC Habitat,
04:51 vous avez géré 550 000 logements en France,
04:54 plus 350 000 en participation minoritaire.
04:57 Merci d'être venu sur ces lieux, je rappelle votre ouvrage "De la Nation".
05:00 – Merci Eric.
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