• il y a 7 mois
Vendredi 24 mai 2024, MARQUES & STRAT reçoit Emmanuel Debuyck (Fondateur, Adwanted) et Gilles Fichteberg (Cofondateur et en charge de la création, Rosa Paris)

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00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à tous, c'est ravi de vous retrouver sur le plateau de Mark and Stratt pour parler de communication et de publicité.
00:14 Alors aujourd'hui, on va se poser cette question. L'énergie peut-elle être sexy ? En tout cas, le secteur de la publicité a à cœur de la rendre désirable et pour cause.
00:24 Même si elle ne se voit pas, l'énergie est au centre de tous nos usages et avec elle tous les enjeux de transition écologique.
00:31 Rosa Paris signe à ce sujet une campagne qui met en scène Jamel Debbouze pour GRDF et ses partenaires Cohenhof France, gaz renouvelable et professionnel du gaz.
00:40 On en parle dans un instant. Et puis un pied aux USA et un pied en France. C'est ainsi qu'Emmanuel Dubuik a construit son groupe, Adointi de groupe.
00:48 Un build-up aujourd'hui incontournable dans l'industrie de la technologie publicitaire. Quelles sont aujourd'hui ses ambitions ?
00:54 Il est notre invité en deuxième partie d'émission. C'est Mark and Stratt, c'est l'épisode 31. Bienvenue.
01:00 *Générique*
01:04 Et dans la Une cette semaine, j'ai le plaisir de recevoir Gilles Fitchberg. Bonjour.
01:08 Bonjour.
01:08 Vous êtes cofondateur de Rosa Paris en charge de la création et vous signez une campagne pour GRDF et ses partenaires que sont Cohenhof France, gaz renouvelable et les professionnels du gaz.
01:19 Autour du gaz vert. Moi j'aimerais savoir quel a été le brief de départ déjà de cette campagne ?
01:23 Le brief de départ en fait c'est que ça fait maintenant 6 ans qu'on essaye de communiquer sur le gaz vert auprès du grand public.
01:31 Et c'est vrai que comme c'est des sujets, la décarbonation, le mix énergétique etc. C'est des sujets qui sont pas faciles à comprendre pour les gens.
01:40 En fait le brief ça a été de se dire comment on arrive un peu à percer cette bulle d'audience, d'écoute en créant quelque chose d'assez impactant, fort, décalé
01:49 pour que les gens puissent se dire tiens c'est quoi le gaz vert en réalité ? Ça m'intéresse, comment je peux me renseigner etc. Donc ça a été vraiment ça le brief.
01:59 Ça change quelque chose de travailler pour un collectif d'annonceurs plutôt que pour un singulièrement ? Il faut mettre tout le monde d'accord ?
02:06 Non parce qu'à la base c'est vraiment une demande de GRDF, d'un client. Après il y avait effectivement tout le collectif derrière mais ça ne change pas grand chose au final.
02:16 Après si peut-être parce qu'on n'a pas de produit en particulier à vendre. Il y a une volonté, un engagement, une dynamique.
02:23 Sur le brief et sur l'histoire peut-être mais dans le process non.
02:26 À l'arrivée d'une campagne avec Jamel Debbouze, pourquoi ce choix ?
02:30 Pourquoi ce choix ? D'abord un choix par rapport à l'histoire puisque l'idée c'était de trouver quelqu'un qu'on allait pousser dans le vide.
02:37 On s'est dit est-ce que Tom Cruise est libre ? Il l'était mais il était trop cher.
02:44 Non l'idée c'était surtout de trouver quelqu'un qui était à contre-emploi, l'anti-Tom Cruise d'une certaine manière.
02:49 Il fallait quelqu'un qui ait un ressort comique, une personnalité comme ça, qui était un peu genre qu'est-ce qui va se passer ?
02:58 Et puis après aussi par rapport à ce qu'est Jamel lui personnellement, sa personnalité, son engagement etc.
03:06 C'était un croisement entre l'histoire et puis aussi ce qu'il représente et ce qu'il est lui.
03:10 On regarde ce que ça donne.
03:17 Oh c'est joli !
03:19 Eh mon Jamel ! Oh c'est bon il est prêt, on y va !
03:23 Ça va l'équipe ? Ça va. Et toi ? T'as tout ce qu'il te faut ?
03:25 Je suis au top ! Super ! Et où est mon texte ?
03:27 On a un texte pour Jamel ? Alors tu dis très simple, une phrase.
03:30 Grâce au gaz vert, la France pourrait sortir du gaz fossile plus vite.
03:34 Sérieux ? On peut faire ça ?
03:36 C'est génial ! Ça fait plaisir ! Je le dis où ?
03:39 Ah non non non, tu le dis en sautant de là-haut.
03:41 Là-haut là-haut là ?
03:45 Ouais, là-haut là-haut là-haut.
03:47 Attends attends, imagine juste le film de ouf.
03:53 Toi t'es là-haut, moi j'ai 9 drones, 10 caméras qui te suivent tout autour comme ça, le long de ta chute, paf ! Jusqu'au sol.
03:58 Jamais vu en France.
03:59 Mais ça tu le verras jamais mon pote.
04:01 Allez on l'équipe.
04:02 Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi j'ai un parachute ? Tu vas comprendre.
04:04 Pourquoi j'ai un parachute ? Pourquoi j'ai un parachute ?
04:07 C'est pas cool, cool, cool, tout va bien se passer.
04:08 Il est où mon agent ? Aziz ? Aziz ?
04:10 On a des petits jus verts.
04:11 Why you put me in the parachute ?
04:12 Jamel, Jamel, Jamel, ok cool on va se détendre avec un petit jus.
04:14 On a des petits jus verts, t'aimes quoi comme jus ?
04:16 Un concombre.
04:17 Allez un concombre pour Jamel.
04:18 Vous avez un parachute ?
04:19 Mais pas exactement, tu vas voir.
04:20 En fait on va faire un film de ouf, ça va faire un buzz international dans toute la France.
04:24 Un buzz ?
04:25 Ça met deux buzz.
04:26 Écoute mon rouillard, c'est important ce qu'on fait là.
04:29 On est en train d'accélérer l'indépendance énergétique.
04:31 On décarbone la France, regarde.
04:33 Ouais, c'est joli.
04:35 J'ai rien contre les branconnets de la France.
04:37 Mais j'ai de l'impasse, en altitude c'est héréditaire, je vais pas y arriver.
04:42 Dans le contrat t'as pas vu des petites lignes ?
04:44 Des petites lignes ?
04:45 Il faut toujours lire les petites lignes dans le contrat, c'est la base.
04:47 Aziz, t'as vu des petites lignes ?
04:49 Des petites, Aziz, toutes petites, il y avait des petites lignes.
04:52 Tu es allé ou pas ?
04:53 Qu'est-ce que tu, arrêtez.
04:54 Oh, oh, oh, oh, oh, redescendez-moi.
04:57 Je rigole pas.
04:58 Allez t'inquiète pas.
04:59 Le gaz vert te dit merci Jamel.
05:00 Oh, je commence à être tendu là.
05:03 Oh, oh, je peux pas, je peux pas.
05:05 Dis-toi que tu le fais pour la nation.
05:07 Ah c'est sûr, ça c'est sûr, je suis un bonhomme.
05:09 Allez Jamel.
05:10 Et action.
05:12 Et coupé.
05:14 Il a dit coupé, il peut pas dire coupé.
05:16 Allez Jamel, saute.
05:18 J'ai sauté, c'est bon.
05:23 On te voit encore sur la planche, on te voit encore sur la planche.
05:25 Je suis un bonhomme, je suis un bonhomme.
05:27 Je suis un bonhomme, je suis un bonhomme.
05:29 J'ai sauté, c'est bon.
05:31 On te voit encore sur la planche, Jamel.
05:33 Bah, ça m'étonnerait, là je vais atterrir.
05:35 Non mais Jamel, on a un retour ici, on a des moniteurs, on te voit.
05:38 Allez saute.
05:39 Pour la France.
05:41 Pour ta mère.
05:43 On a pas bien entendu "gaz vert", hein ?
05:50 C'est pas le meilleur en articulation.
05:52 S'il faut en faire des tonnes pour que tout le monde sache qu'on a une énergie renouvelable chez nous
05:55 qui s'appelle le gaz vert,
05:57 et bah on le fera. Hein, Jamel ?
05:59 Elle sort d'où, elle ? Madame, s'il vous plaît !
06:01 Bon, Gilles, pour parler de sujets aussi compliqués que celui-là,
06:05 faut forcément du spectaculaire ?
06:07 Il faut pas forcément du spectaculaire, mais pourquoi pas ?
06:10 L'idée, c'est quand même, c'est des sujets, on en parlait tout à l'heure,
06:13 c'est des sujets qui sont importants, c'est des sujets qui sont sérieux,
06:16 la décarbonation, le matériel...
06:18 Et qui sont intangibles aussi, c'est pas un produit palpable.
06:21 Ouais, exactement, qui sont projectifs, qui sont pas forcément palpables par les gens.
06:25 Donc en fait, c'est surtout qu'il y a des perspectives sur ces sujets à moyen terme et à long terme
06:32 qui sont hyper positifs, hyper intéressants.
06:34 Donc c'est vrai que nous, plutôt que de parler de manière angoissante de ces sujets-là,
06:37 on a envie aussi de se projeter positivement sur les possibilités qu'il y a.
06:41 La décarbonation, notamment, voilà, le plan GRDF de 2050 avec 100% de gaz naturel.
06:49 Donc il y a une volonté vraiment d'y mettre du positif, d'y mettre de la projection optimiste.
06:55 Et puis aussi, par rapport à la période, on a envie aussi que les gens se divertissent un peu,
07:00 se fassent plaisir en regardant des contenus comme cela.
07:03 Petite parenthèse, je trouve qu'il y a de plus en plus de stars de nouveau dans les pubs.
07:07 C'était quelque chose qu'on avait un peu laissé tomber.
07:09 Là, on a vu Sophie Marceau, on a vu Bilal Hassani ou Michel Polnareff.
07:12 Vous expliquez cette tendance comment ?
07:14 Non, c'est vrai, c'est vrai.
07:16 En fait, quand on regarde 100% de la publicité, on va dire que c'est 5-6%.
07:21 Oui, bien sûr.
07:22 C'est toujours pareil, mais c'est vrai que je pense que c'est dans l'air du temps.
07:26 Les gens ne se concertent pas pour le faire.
07:29 Un projet comme celui-là, ça prend six mois.
07:31 Il y a six mois, il n'y avait pas tant de stars que ça.
07:33 En fabriquant, on s'aperçoit qu'il y a des choses qui sortent, etc.
07:36 Oui, c'est dans l'air du temps.
07:38 Peut-être aussi les célébrités qui prennent aussi conscience
07:42 que les marques font partie de la culture aujourd'hui, font partie de la pop culture.
07:46 C'est très anglo-saxon aux Etats-Unis.
07:48 Il n'y a aucun problème pour des acteurs, même très connus,
07:52 de s'impliquer dans des sujets qui soit ont du sens, soit leur plaisent, etc.
07:57 Ou parce qu'ils consomment eux-mêmes les produits.
07:59 Donc, je pense que cette culture-là, c'est en train d'arriver aussi ici.
08:03 Les gens le font de manière assez décomplexée.
08:06 Pour revenir sur le sujet de l'énergie, vous aviez signé il y a quelque temps
08:09 une campagne marque-employeur pour Enedis,
08:12 avec un tout autre parti pris créatif.
08:15 Est-ce que vous pouvez nous raconter ça ?
08:17 Oui, bien sûr. En fait, pareil, Enedis, ça s'inscrit aussi dans la volonté
08:21 de décarboner, cette volonté d'aller vers une France plus verte.
08:26 Donc, l'idée-là, c'était surtout de parler des engagements qu'Enedis prend
08:30 au quotidien pour faire en sorte que tout ça fonctionne mieux,
08:35 notamment l'accès rapide en cas de tempête,
08:39 réduire l'empreinte carbone sur les événements sportifs,
08:43 ou encore la pollution de lumière la nuit.
08:48 Donc, il y a différentes manières de parler de ces sujets-là.
08:52 On peut parler, par exemple, sur GRDF, d'un engagement sur le long terme.
08:57 Sur Enedis, parler de preuves très concrètes au quotidien qui sont faites.
09:01 Et en fait, c'est un mix de tout ça qui fait que la France de demain
09:06 sera plus belle, plus verte, plus décarbonée, etc.
09:09 Et à chaque fois, avec l'objectif de rendre tout ça désirable, finalement.
09:12 Oui, parce qu'encore une fois, c'est le même sujet.
09:15 Déjà, ce sont des sujets, comme on le dit, qui sont projectifs.
09:18 Deux, il y a aussi une volonté de toucher des cibles plus jeunes.
09:22 C'est-à-dire que l'avenir appartient aussi aux jeunes générations
09:25 qui vont arriver, de les impliquer, de les concerner,
09:28 d'essayer d'aller percer la bulle d'écoute chez eux.
09:31 Et c'est vrai que l'humour, l'entertainment, le divertissement, etc.
09:36 sont des leviers pour faire tendre l'oreille.
09:39 On va changer de sujet, parce que vous avez sorti une campagne récemment
09:44 pour Grand Frêt, et c'est quand même mon coup de cœur de la semaine.
09:48 Alors là, ce n'est pas sur le développement durable, mais on va regarder tout de suite.
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10:56 On parlait de pop culture, il y a plein de références pop culture là-dedans.
10:59 Oui, complètement. Déjà il y a la musique, Lionel Richie, Whitney Houston.
11:04 Il y a Titanic aussi.
11:06 Il y a Titanic, il y en a plein. On a plein d'easter eggs de pop culture à l'intérieur de ce film.
11:11 Quand même, je trouve que là aussi, on parlait de réinventer des imaginaires tout à l'heure,
11:15 c'est aussi un peu ce qui se passe avec ce secteur des hypermarchés,
11:19 de la grande distribution, on a eu les campagnes intermarchées,
11:22 même les récentes campagnes ALDI. Là aussi, c'était important de redonner
11:25 de la désirabilité, si on peut dire, à ce secteur-là.
11:29 Oui, bien sûr. Après, encore une fois, on parlait d'air du temps,
11:32 on parlait de grands courants de communication, etc.,
11:35 généralement qui viennent des pays anglo-saxons.
11:38 Là, sur cette pub en particulier, on voulait au contraire mettre un petit,
11:43 une espèce de contre-pied à un peu tout ce qui s'est fait récemment
11:48 sur les histoires d'amour, etc. Là, on est juste amoureux des produits,
11:52 mais non, les grandes histoires d'amour ne naissent pas dans les supermarchés.
11:55 Ah bon ?
11:56 Non, ça n'arrive que dans la pub, finalement.
11:59 Mais c'était une manière aussi, surtout nous, d'exprimer l'expérience magasin Grand Fray,
12:05 à quel point, pour ceux qui le savent et ceux qui vont faire leurs courses là-bas,
12:09 c'est un tel plaisir, c'est tellement jubilatoire que d'aller faire ses courses
12:12 dans un Grand Fray, de le pousser, de le décaler véritablement
12:15 avec ces histoires d'amour et ce rapport d'amour aux produits et à l'enseigne.
12:20 Finalement, là, on a vu trois terrains d'expression créatifs complètement différents,
12:25 à un moment où on dit que parfois, tout est fait à base d'IA.
12:28 Là, j'ai le sentiment quand même que l'humain y est quand même pour quelque chose.
12:32 Oui. Non, l'IA, c'est un outil formidable pour nous, pour tout ce qui est mécanique.
12:37 Donc voilà, c'est super pour aller chercher des rhétoriques, de phrases, d'écriture, etc.
12:44 pour aller creuser plein de choses, mais c'est vraiment de la mécanique, c'est un outil.
12:47 Après, pour ce qui est de l'histoire, de l'art narratif, de l'émotion, de la sensibilité,
12:53 de la surprise, de la création de nouveaux récits et de nouvelles histoires,
12:58 là, ce n'est pas de la curation, c'est de l'intelligence humaine.
13:02 Merci beaucoup, Gilles, d'avoir été avec nous, Gilles Fitchberg,
13:05 cofondateur de Rosa Paris et en charge de la création.
13:07 Merci.
13:08 Et tout de suite, je vous propose de redécouvrir un entretien que j'ai eu récemment
13:16 avec Emmanuel Dubuys, qui l'a construit.
13:18 "Ad Wanted Group", ce nom ne vous dit peut-être rien,
13:21 et pourtant, il est incontournable aujourd'hui dans la technologie publicitaire.
13:25 Comment est né ce groupe ? Je lui ai posé la question.
13:27 On poursuit cette émission en compagnie d'Emmanuel Dubuys. Bonjour.
13:33 Bonjour.
13:34 Vous êtes fondateur et CEO d'Ad Wanted Group.
13:36 C'est un build-up d'une dizaine de boîtes aujourd'hui.
13:39 D'abord, moi, j'aimerais comprendre comment est né ce groupe, en fait.
13:42 D'un échec.
13:44 Alors, en fait, j'ai créé Ad Wanted il y a 12 ans.
13:47 L'idée, c'était de faire une place de marché pour commercialiser de la publicité offline.
13:52 Au moment où tout le monde allait vers le digital, je me suis dit,
13:54 il y a peut-être quelque chose à faire.
13:55 Amener les outils électroniques pour aider les médias à commercialiser la presse,
14:01 la radio et la télé, où on faisait encore à l'ancienne.
14:03 Et pour que ça fonctionne, il faut une masse critique d'utilisateurs.
14:07 Et comme c'était compliqué d'avoir une masse critique en allant toquer aux portes une par une,
14:12 je me suis dit peut-être en faisant une acquisition,
14:14 j'allais acquérir un portefeuille de clients ou de fournisseurs plus important d'un seul coup.
14:19 Et c'est comme ça que j'ai commencé le build-up, parce que ça a bien fonctionné.
14:23 Ça nous a permis de commencer à développer le business.
14:26 J'ai pris goût au Amener.
14:28 Il y a des boîtes qui nous ont contactés en disant "on aime bien ce que vous faites,
14:30 on aimerait faire partie du groupe Ad Wanted".
14:33 Et puis, on a fait cette acquisition dans les cinq dernières années,
14:38 au point de trouver plus d'intérêt à développer ces sociétés acquises
14:42 que le projet initial qu'on a complètement arrêté,
14:44 parce qu'il n'arrivait toujours pas à gagner de l'argent.
14:46 D'accord. Donc vous avez fait ce qu'on appelle un pivot.
14:49 On a fait un pivot.
14:50 C'était un pivot stratégique, mais dans la même industrie,
14:53 puisque toutes les sociétés qu'on a rachetées,
14:55 travaillaient soit avec les mêmes clients,
14:58 qui peuvent être des agences médias ou les fournisseurs de publicité,
15:01 ce que sont les médias.
15:02 Donc ça, c'est le point commun de toutes les sociétés.
15:04 Vous êtes en train de me dire que le offline, finalement...
15:07 Ça marche toujours !
15:09 En fait, non, au contraire, parce que les sociétés qu'on a rachetées
15:12 fournissent des logiciels pour les télés, pour les radios,
15:15 pour les sociétés d'affichage.
15:17 Et on va maintenant de plus en plus vers le digital,
15:20 mais le cœur de mon activité, ça reste les médias dits "offline".
15:24 Comment vous qualifieriez la culture de votre groupe aujourd'hui ?
15:27 Parce que quand on a des entités comme ça,
15:29 qui sont un peu séparées, qui n'ont pas forcément la même histoire...
15:32 Oui, c'est un process en construction, la culture de la boîte.
15:37 Parce que d'abord, on a mélangé beaucoup de cultures
15:40 au sens où la société est française,
15:43 on a fait une acquisition aux US, on a fait une acquisition au UK.
15:46 Donc déjà, on mélange des cultures très fortes.
15:49 Et en plus, les cultures des entreprises elles-mêmes sont très différentes
15:52 parce que la boîte de départ, Advanteed, c'est une start-up,
15:56 donc état d'esprit hyper jeune.
15:58 On a racheté une première boîte qui avait 25 ans,
16:00 puis une autre qui avait 40 ans, et aux Etats-Unis, la boîte a 104 ans.
16:03 Donc on vient ajouter des cultures d'entreprises
16:06 qui existent depuis très très longtemps,
16:08 et évidemment les attitudes des collaborateurs sont différentes.
16:10 Donc c'est un mélange, c'est un melting pot,
16:12 et au centre, c'est l'humain qui fait la culture en fait.
16:15 Vous, vous êtes basé aux Etats-Unis ?
16:17 Je suis basé aux Etats-Unis depuis presque 8 ans.
16:19 Pourquoi ce choix ?
16:20 Qu'est-ce qu'il y a aux Etats-Unis que vous n'avez pas trouvé en France ?
16:23 Ah, c'est une bonne question.
16:25 Avant la création d'Advanteed,
16:27 moi j'avais dirigé une agence de pub pendant presque 17 ans
16:31 qui a fini par un dépôt de bilan.
16:33 Et quand je lance Advanteed,
16:35 en fait on me fait comprendre que,
16:37 Monsieur Debuck, avec votre dépôt de bilan,
16:39 ça va être compliqué de vous accompagner.
16:41 On a un peu une image de loser.
16:43 Et j'incube la société à Lille,
16:45 et j'ai l'occasion d'aller faire un voyage aux Etats-Unis,
16:47 où je raconte mon parcours,
16:49 et là on m'arrête en me disant,
16:51 "Mais vous, vous avez un diplôme de plus que les autres."
16:53 Et en fait, la différence c'est l'état d'esprit.
16:55 J'ai fait toutes les acquisitions,
16:57 y compris des acquisitions en France,
16:59 depuis les Etats-Unis,
17:01 parce qu'il y a une énergie, un état d'esprit
17:03 qui consiste à dire, "Ça va aller, t'inquiète pas,
17:05 et puis si ça va pas, on va trouver une autre solution."
17:07 Là où en France, on ne commençait pas du tout,
17:09 ne serait-ce qu'à étudier le dossier.
17:11 Et pourtant, j'avais pas trouvé non plus d'investisseurs aux Etats-Unis.
17:14 C'était simplement d'être transposé dans un univers
17:16 où tout est possible, et...
17:18 Et où l'échec n'est pas une fin.
17:20 Exactement. L'échec c'est une partie du parcours.
17:22 Il y en a même qui disent,
17:24 "Si tu t'es pas planté, c'est que t'as pas essayé assez fort."
17:26 Et moi ça me parlait beaucoup en tant qu'entrepreneur,
17:28 et ça m'a donné des ailes.
17:30 Alors, l'une de vos dernières acquisitions en France,
17:33 c'est OffreMédia,
17:35 qui est devenue The Media Leader.
17:37 Oui, tout à fait.
17:38 Pourquoi ce choix de rachat ?
17:40 C'était...
17:42 une opportunité.
17:44 En fait, on a racheté une entreprise
17:46 en Angleterre, à peu près un an avant,
17:48 et cette entreprise avait,
17:51 parmi ses actifs,
17:53 un talent d'OffreMédia.
17:55 Et moi je dis aux dirigeants,
17:56 cette activité, Media,
17:58 c'est pas vraiment notre cœur de métier,
18:00 puisqu'on fait du logiciel et de la data.
18:02 Et ils ont réussi à me convaincre que, en fait,
18:04 c'était un formidable outil pour animer le marché.
18:07 Et j'étais, depuis quelque temps,
18:09 en discussion avec le fondateur d'OffreMedia,
18:11 à Paris.
18:12 Et finalement, on fait le deal au UK,
18:15 et quelques mois plus tard,
18:16 l'opportunité se présente de nouveau avec OffreMedia.
18:19 Et on a un vrai outil marketing,
18:21 aujourd'hui, à notre disposition,
18:23 qui est formidable pour toucher nos clients.
18:25 En fait, on interview les clients
18:27 qui utilisent nos logiciels,
18:29 on interview les utilisateurs de nos propres datas.
18:31 En fait, tout ça,
18:33 ça sert à faire fonctionner notre écosystème.
18:35 C'est un levier d'acquisition aussi ?
18:37 C'est un levier d'acquisition, absolument.
18:39 C'est un beau levier d'image,
18:40 c'est du B2B,
18:41 ça nous permet de rayonner,
18:43 en faisant très attention à ne pas sur-utiliser
18:46 notre propre média pour notre promotion,
18:48 sinon ça manquerait un peu de partialité.
18:50 On a 7 journalistes,
18:52 en France, au UK,
18:53 on est en train de recruter une équipe aux Etats-Unis,
18:56 donc des journalistes full-time qui ne bossent que pour nous.
18:58 Donc on est vraiment sur le terrain
18:59 pour fournir un contenu de qualité,
19:01 et c'est ça notre guide.
19:03 Avec une partie event,
19:05 comme font beaucoup de médias aujourd'hui ?
19:06 Absolument.
19:07 Quasiment pour moitié,
19:09 l'activité, ce que nous on appelle "contenu",
19:11 c'est pour moitié les newsletters
19:13 et pour moitié des conférences.
19:15 Même chose, on fait parler nos clients
19:18 de leurs actualités,
19:20 des nouveaux produits qu'ils lancent.
19:21 On essaie surtout de faire attention
19:23 à ce que les conférences ne soient pas
19:25 des tribunes commerciales,
19:26 parce que sinon les gens viennent une première fois
19:28 et puis ils ne reviennent pas.
19:29 On fait en sorte que
19:30 quand quelqu'un vient sur scène,
19:31 il apprenne quelque chose à l'audience qui vient écouter.
19:35 Quels sont vos prochains projets d'acquisition ?
19:37 Parce que j'imagine que vous en avez déjà une dizaine,
19:40 vous n'allez pas forcément vous arrêter là ?
19:41 Non, j'ai encore plein d'années avant la retraite,
19:43 on en a plein.
19:45 En fait, ce rythme d'acquisition
19:47 c'est qu'on nous contacte
19:49 et il ne se passe pas une seule semaine
19:51 sans que je reçoive un dossier d'une entreprise
19:53 qui souhaiterait faire partie du groupe
19:55 ou qui a besoin de sa dossier
19:56 parce qu'ils sont trop petits
19:57 et d'atteindre la taille supplémentaire ou suivante,
20:00 c'est trop compliqué.
20:01 Aujourd'hui, on a un business,
20:03 comme je disais, logiciel, c'est le plus gros,
20:05 60% de notre activité c'est du logiciel.
20:07 C'est principalement en France et au UK
20:09 et on voit une opportunité phénoménale
20:11 d'apporter ce business logiciel aux Etats-Unis.
20:13 Mais aux Etats-Unis, on fait de la data,
20:15 on est un peu trop petits.
20:16 Donc la prochaine acquisition,
20:17 c'est une grosse opération aux Etats-Unis
20:20 pour qu'on ait une taille plus importante
20:21 pour supporter l'activité logicielle.
20:23 Ensuite, on veut continuer de se développer en Europe.
20:25 On va annoncer une acquisition en Belgique
20:29 d'ici quelques semaines
20:31 et on travaille avec des entreprises en Allemagne.
20:33 Parce qu'on est numéro 1 en France,
20:35 on est numéro 1 en UK sur nos métiers
20:37 et en étant présent en Allemagne,
20:39 qui est le troisième plus gros marché de la pub en Europe,
20:41 là on pourrait avoir une taille critique
20:44 pour continuer à se développer
20:46 sans avoir nécessairement besoin
20:47 d'ouvrir des bureaux dans tous les pays.
20:49 Pour atteindre cette taille critique aux Etats-Unis,
20:51 vous allez faire l'acquisition d'une boîte
20:53 qui sera plus grosse que vous ?
20:55 Probablement.
20:57 Elle sera en tout cas plus grosse que nous aux Etats-Unis.
21:00 Aujourd'hui, chaque acquisition nous a fait doubler de taille.
21:05 Et là, en allant aux Etats-Unis,
21:07 compte tenu de notre expérience dans les acquisitions,
21:09 on est de plus en plus exigeants.
21:11 C'est une entreprise qui peut être plus grosse en valo,
21:14 ça peut être une entreprise plus grosse en chiffre d'affaires,
21:16 il y a pas mal de critères.
21:18 Et puis on a surtout plus peur,
21:19 parce qu'en fait la difficulté c'est l'intégration.
21:22 En réalité, acheter une entreprise,
21:24 ce n'est pas compliqué,
21:25 sur le papier on arrive toujours à trouver les synergies.
21:27 Après, c'est quand on est face aux vrais gens
21:30 que ça commence vraiment.
21:32 Et là, on a mis en place un certain nombre de process.
21:34 La culture d'entreprise, elle est hyper importante.
21:37 Je passe beaucoup de temps pendant les due diligence
21:39 à discuter avec les dirigeants.
21:41 Et je me demande toujours si j'irais en week-end avec eux, par exemple.
21:44 Pour voir si on a de l'affinité,
21:46 si c'est des gens avec qui j'ai envie d'échanger.
21:49 Parce qu'on n'est pas des cost-killers,
21:50 on ne rachète pas une boîte pour couper et faire beaucoup d'argent.
21:53 On crée un groupe industriel,
21:55 donc il faut que ça matche entre les personnes.
21:58 C'est vraiment essentiel pour moi.
22:00 Vous dites que ce n'est pas compliqué sur le papier,
22:01 y compris en termes de financement, aujourd'hui ?
22:04 L'expérience aide.
22:08 C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on a fait une acquisition,
22:10 on a gagné des points.
22:11 La première fois que je fais une acquisition,
22:13 je n'ai pas d'argent,
22:14 on arrive à faire quelque chose.
22:15 Résultat, on gagne la crédibilité d'une banque.
22:18 Donc la fois d'après, il y a une banque qui nous accompagne
22:20 et puis on arrive à lever un peu de fonds.
22:21 Et comme toutes les acquisitions qu'on a faites
22:23 se sont plutôt bien déroulées,
22:25 on a gagné quelque part l'image d'une entreprise
22:28 qui savait acquérir, transformer et développer.
22:31 Donc ce n'est pas facile,
22:34 mais la construction du groupe a conduit à ce qu'on soit
22:37 aussi de plus en plus profitable.
22:39 Et donc plus on est profitable, plus on est gros,
22:41 plus on intéresse des fonds.
22:43 Et c'est un peu ça qui est en train d'arriver.
22:45 Le tout, c'était d'y aller par étape.
22:46 La première acquisition, c'était un petit deal.
22:49 Si on avait visé quelque chose de beaucoup plus gros,
22:51 on ne l'aurait pas fait et rien ne se serait passé ensuite.
22:54 Donc on a appris sur le tas
22:55 et maintenant on fait des opérations un peu plus importantes.
22:58 Dans vos dernières actualités,
22:59 vous avez annoncé le lancement d'un observatoire de l'IA
23:02 avec Quantarmédias.
23:04 Pourquoi ce lancement-là ?
23:07 Parce qu'en fait, il y a beaucoup de fantasmes
23:10 autour de l'intelligence artificielle.
23:13 Nous, on est au cœur de cet écosystème
23:15 en fournissant d'un côté des logiciels et de la data.
23:18 Et nous, on pense que dans les métiers des médias,
23:20 c'est là où il va y avoir le plus de changements.
23:23 Il y a plein plein d'idées, peut-être même trop.
23:26 Il n'y a pas forcément toujours les ressources financières
23:29 pour s'attaquer à tous les projets.
23:30 On s'est dit, avec un des plus gros acteurs de la data,
23:33 avoir un des plus gros acteurs du logiciel dans les médias,
23:36 on devrait mettre ensemble des choses sur la table
23:38 parce qu'ensemble, on peut contribuer à faire des tests.
23:42 Et donc, pour nos sociétés,
23:44 mais peut-être pour d'autres sociétés de l'écosystème
23:46 qui ont une super idée à laquelle on n'aurait pas pensé,
23:48 mais sur lequel il va falloir faire des tests.
23:50 Et nous, on est capables avec...
23:53 On a un département chez nous qui s'appelle AdonTeed Labs.
23:55 On a des chercheurs, on a des scientifiques.
23:57 Il y a la même chose chez Quantarm.
23:59 Et puis, on est adossés avec...
24:01 On est aidés par Gilles Santini.
24:03 Donc, on a la capacité de réunir un comité scientifique
24:05 et de dire, oui, c'est une très bonne idée,
24:08 mais économiquement, ça ne va pas marcher,
24:10 donc on n'y va pas.
24:11 Ou au contraire, dire, ah ben oui,
24:13 là, non seulement il y a un intérêt scientifique
24:15 et une possibilité de développement pour l'industrie,
24:19 donc allons-y.
24:21 Et c'est la connexion de ces compétences
24:23 qui permet de le faire tout seul.
24:25 On n'avait pas suffisamment de crédibilité,
24:26 on n'avait pas de data.
24:27 Quantarm, c'était un peu pareil.
24:28 Ils ont beaucoup de data,
24:29 ils n'ont pas forcément la puissance logicielle.
24:31 Et puis, on avait besoin d'un scientifique pour valider
24:33 parce qu'on peut tout inventer
24:34 avec de l'intelligence artificielle.
24:36 Ça ne veut pas forcément toujours faire du sens.
24:38 - Vous êtes dans le secteur de la pub
24:40 depuis maintenant pas mal de temps.
24:43 À part l'IA, quelles sont les tendances
24:45 que vous scrutez particulièrement ?
24:47 - Le retail média, par exemple,
24:50 ça, c'est quelque chose qui change.
24:52 En fait, littéralement, ce qui a changé,
24:54 c'est qu'avant, on vendait des marques média.
24:57 Il y a 40 ans, on voulait faire une campagne
24:59 sur une chaîne, sur un magazine.
25:01 Maintenant, on veut toucher de l'audience.
25:03 Et comme l'audience n'arrête pas de changer,
25:05 il faut avoir des outils qui suivent cette audience.
25:08 On est passé des grands médias à des médias digitaux.
25:11 Maintenant, chacun essaie de tirer un peu sa couverture.
25:14 Le retail média, c'est, par exemple,
25:16 un gros sujet d'investissement
25:18 où les marques veulent essayer de monétiser
25:21 le mieux possible tout l'attirail d'assets
25:24 qu'elles ont à disposition.
25:26 Nous, on essaie de les accompagner.
25:28 Et probablement, il y a plein de choses
25:30 qui n'existent pas encore, qu'on va découvrir
25:31 dans les années qui viennent.
25:33 - Pour terminer,
25:34 « AdWanted Group », dans 5-10 ans, ce sera quoi ?
25:37 - C'est une bonne question.
25:40 Dans 5 ans, on aura probablement
25:44 une position de leader européen,
25:46 mais peut-être mondiale,
25:47 parce que ce qu'on est en train de faire aux États-Unis,
25:49 ça devrait permettre aussi
25:51 d'avoir une taille beaucoup plus conséquente.
25:54 Et notre objectif, c'est...
25:57 Je n'ai pas tellement un objectif de taille.
25:59 La mission de l'entreprise,
26:01 c'est de servir le mieux possible ses clients.
26:03 Aujourd'hui, la difficulté dans l'achat d'espace,
26:06 c'est qu'on ne peut pas avoir une technologie
26:09 qui couvre l'ensemble de la chaîne des médias.
26:11 Notre objectif rêvé,
26:13 c'est d'être capable de créer un outil
26:15 qui va permettre à un client de faire une campagne
26:17 qui va couvrir la télé, la radio, l'affichage,
26:19 en splitant de manière intelligente,
26:21 plutôt qu'aux doigts mouillés.
26:23 On va mettre 30% en télé, 20% en digital.
26:25 Ce n'est pas très scientifique.
26:27 C'est sur ça qu'on est en train de travailler aujourd'hui
26:30 pour rendre l'achat d'espace plus efficace
26:32 pour les vendeurs et les acheteurs.
26:33 Merci beaucoup Emmanuel Dubuc.
26:35 Je rappelle que vous êtes le fondateur et CEO d'Advanti Group.
26:37 C'est la fin de cette émission.
26:39 Merci, bien sûr, de nous avoir suivis.
26:41 On se retrouve la semaine prochaine.
26:43 A très vite sur Bismarck.
26:45 [Musique]