Après l’AFD, quel allié en Europe pour Marine Le Pen ?

  • il y a 4 mois
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il revient sur l'annonce du Rassemblement national qui ne siègera plus avec ses alliés allemands de l'AFD au Parlement européen.

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Transcript
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors Marine Le Pen l'a annoncé hier à Laurence Ferrari,
00:08ses futurs eurodéputés ne siégeront finalement pas.
00:11Strasbourg dans le même groupe que les députés allemands de l'AFD
00:14rompent avec ses alliés à 15 jours d'une élection,
00:17c'est quand même pas banal. Alexis, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:20Il s'est passé justement que la énième provocation de l'AFD n'est pas passée.
00:25Ça fait des mois que Marine Le Pen s'inquiète et s'exaspère,
00:29parfois publiquement, des outrances de plus en plus fréquentes et scandaleuses
00:34de l'allié allemand avec qui le RN cohabite au sein du groupe ID,
00:39Identité et Démocratie au Parlement européen.
00:41Et voilà, vendredi dernier, que le chef de file de l'AFD aux européennes
00:45n'a rien trouvé de mieux que d'expliquer que non,
00:48les SS n'étaient pas automatiquement criminels, je cite.
00:52Et là c'était la goutte de trop.
00:53Ne rien dire pour Marine Le Pen, c'était prendre le risque de mettre à mal
00:57toute sa stratégie présidentielle de respectabilisation.
01:00Elle ne s'est pas donné la peine de rompre avec Jean-Marie Le Pen,
01:04de tourner la page du FN, de renoncer à la sortie de l'Europe, de l'euro, de Schengen,
01:10d'afficher sur tous les sujets une sorte de modération bonhomme qui,
01:15en Nouvelle-Calédonie, peut apparaître comme de la mollesse aux yeux de certains de ses partisans.
01:19Et tout ça, tout ce patient travail de dédiabolisation,
01:23pour être à la fin assimilé à un parti d'extrême droite allemand
01:26qui fait l'exact chemin inverse.
01:28Il fallait trancher dans le vif, elle a choisi d'éteindre la polémique
01:31en assumant le risque d'aggraver son isolement.
01:34Comment ça isolement Alexis ?
01:36Le RN en Europe est seul aujourd'hui,
01:39enfin presque seul avec la ligue italienne si elle accepte de le suivre.
01:42Déjà, au sein du groupe ID, avec les Allemands,
01:46les amis de Jordan Bardella ne pesaient pas beaucoup à Strasbourg.
01:49Mais là, sans les Allemands, ils vont compter moins encore.
01:53Le paradoxe justement souligné par les adversaires du RN
01:56est qu'on peut fort bien avoir un Bardella qui triomphe en France,
02:00mais qui reste totalement inutile parce que totalement isolé à l'échelle européenne.
02:04Sauf, et évidemment ce serait une immense surprise,
02:07sauf si Marine Le Pen décidait de rejoindre l'autre groupe,
02:10le plus important au nombre,
02:12où se retrouvent les autres partis de la droite radicale en Europe,
02:15le groupe ECR, celui des conservateurs et réformistes européens.
02:20Mais c'est impossible Alexis, ce groupe ECR,
02:22c'est celui de Giorgia Meloni, celui où Marion Maréchal et Reconquête ont choisi de siéger.
02:27Marine Le Pen ne peut pas passer un pacte avec ses meilleurs ennemis.
02:30Alors c'est vrai que ses relations avec la première ministre italienne
02:33n'ont jamais été très chaleureuses.
02:35Mais enfin, depuis quelques mois, les deux leaders nationalistes
02:37de congrès en meeting s'envoient de discrets signaux.
02:40C'est vrai aussi qu'il y aurait quelque chose d'un peu vaudevillesque
02:43dans des euro-retrouvailles avec Marion Maréchal.
02:46Mais enfin, la famille Le Pen nous a déjà réservé tant de surprises.
02:49Vous savez Dimitri, les responsables politiques sont des pragmatiques,
02:53il ne faut pas surestimer leurs incompatibilités personnelles.
02:56En revanche, il y a un vrai obstacle à ce rapprochement,
02:59c'est que sur le fond, Marine Le Pen est très éloignée
03:03des options politiques partagées par les membres du groupe ECR.
03:05Déjà, à la base, alors qu'on parle d'un groupe qui réunit les droites conservatrices,
03:10Marine Le Pen ne se veut ni de droite ni conservatrice.
03:13Qu'il s'agisse d'Ukraine, de l'OTAN, de l'euro,
03:16du rapport à l'islam ou des sujets dissociés,
03:18ça fait beaucoup de différence.
03:19Au fond, Marine Le Pen reste populiste au sens strict du terme,
03:23le peuple contre les élites,
03:25alors que les conservateurs s'inscrivent dans une logique post-populiste
03:29de réunion du peuple et des élites autour d'idées dites de droite.
03:32Alors, est-ce que tout ça est insurmontable ?
03:35Ou bien est-ce que le parti à la flamme, pour sortir de son isolement,
03:37pourrait participer à la constitution d'un super-groupe nationaliste à Strasbourg
03:42qui presserait très lourd, lui,
03:43et sans lequel le PPE ne pourrait rien décider ?
03:46La seconde hypothèse couronnerait le processus de normalisation du RN
03:51et ne déplierait évidemment pas Jordan Bardella.
03:53Mais c'est Marine Le Pen qui, très vite, va devoir trancher.
03:56Une l'édito politique sur Europe 1.
03:58Merci Alexis Brezé, Alain Dufigaro ce matin.
04:00L'assurance chômage et le plan du gouvernement
04:02pour inciter au retour à l'emploi
04:04en durcissant les conditions d'affiliation au régime.
04:07Merci beaucoup Alexis, à demain.