Macron et la frénésie mémorielle

  • il y a 5 mois
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mercredi 17 avril, il revient sur la boulimie mémorielle du président de la République.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcript
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:02 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brezel.
00:07 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:08 Alors hier Emmanuel Macron était avacieux en Vercors pour y honorer la mémoire de la résistance,
00:13 ce qu'il avait déjà fait il y a dix jours sur le plateau des Glières.
00:16 Le 8 mai, il sera pour la victoire des alliés à Marseille.
00:20 Alors bien sûr cette année c'est le 80e anniversaire de la Libération,
00:23 mais est-ce que toutes ces commémorations Alexis, ça ne commence pas à faire un peu beaucoup ?
00:27 Oula, mais vous n'avez pas encore tout vu Dimitri.
00:30 Ce n'est que le hors-d'œuvre des festivités qui vont durer pendant des mois.
00:34 Après le 8 mai, il y aura les cérémonies des 5, 6 et 7 juin, l'anniversaire du débarquement sur les grands sites de Normandie,
00:41 avec la présence de Joe Biden et puis aussi peut-être, Europe 1 l'a révélé hier, d'une délégation venue de Russie.
00:47 Et puis il y aura l'anniversaire du massacre d'Oradour-sur-Glane le 10 juin,
00:51 celui de l'assassinat de Georges Mandel en juillet,
00:54 le débarquement de Provence, puis la Libération de Paris en août,
00:57 celle de Strasbourg en novembre, tout ça en présence d'Emmanuel Macron.
01:00 Évidemment, entre-temps, il y aura les multiples événements à Paris et en province,
01:05 liés à l'ouverture, la clôture et le déroulement des Jeux Olympiques.
01:09 Et le 7 décembre, pour finir l'année en beauté,
01:12 la restitution, toujours par Emmanuel Macron, de Notre-Dame de Paris à l'Archevêché.
01:16 N'en jetez plus, la coupe est pleine, à ce degré ce n'est plus du devoir de mémoire,
01:21 c'est de la frénésie mémorielle, de la commémorationnite aiguë.
01:27 - D'ailleurs, toutes ces agitations, certains ne pourront pas s'empêcher, Alexis,
01:30 de prêter des arrières-pensées politiques à Emmanuel Macron.
01:33 - Il y en a, c'est l'évidence.
01:34 Pour un président, parler d'histoire, célébrer la mémoire,
01:37 c'est un moyen sans risque, valorisant de se poser en rassembleur,
01:41 de s'installer au centre du jeu et de faire passer quelques messages d'actualité à l'opinion.
01:46 Le 6 juin, par exemple, à trois jours pile de l'élection européenne,
01:50 on peut imaginer sans peine qu'Emmanuel Macron trouvera un moyen plus ou moins subtil
01:54 de faire un lien avec les enjeux du scrutin, la paix contre la guerre,
01:58 la fraternité européenne contre les égoïsmes nationaux, patalipatala.
02:02 Le parti présidentiel Renaissance, comme par hasard,
02:05 a d'ailleurs décidé de ne pas organiser de meeting après les cérémonies de débarquement,
02:10 histoire de laisser le dernier mot au chef de l'État.
02:12 Mais bon, ce n'est pas ça qui lui permettra de remporter l'élection
02:16 ni de retrouver une majorité à l'Assemblée.
02:18 C'est pour ça au fond que je ne crois pas que la politique soit le motif principal
02:22 de cette boulimie mémorielle du président.
02:25 La vérité, Dimitri, c'est qu'Emmanuel Macron adore ça.
02:30 Les célébrations, les commémorations, les hommages nationaux aux avalides,
02:35 d'ailleurs, rendez-vous compte, il en a organisé 28 depuis 2017,
02:39 quand Nicolas Sarkozy en un quinquennat n'en a présidé que quatre.
02:42 Eh bien, il en raffole. Pendant qu'il défile, le menton levé, le mollet roidi,
02:48 l'œil fixé sur l'horizon, il kiffe, comme on dit maintenant.
02:52 Il surkiffe même. Il se sent pleinement président.
02:56 - Vous ironisez un peu Alexis, mais les moments que commémore le chef de l'État
02:59 sont dignes d'être célébrés tout de même.
03:01 - Vous avez raison Dimitri. L'histoire, pour un peuple, c'est important.
03:05 Mais justement, évitons de nous en raconter des histoires.
03:09 Parce qu'on nous dit gravement que ces célébrations républicaines
03:12 sont une réponse d'unité aux fractures françaises
03:15 creusées par la montée du communautarisme et par les réseaux sociaux.
03:18 Mais quelle blague ! Qui peut croire un instant
03:23 que le jeune homme d'origine immigrée soumis à la propagande islamiste TikTok
03:26 se sentira plus français parce qu'il aura entendu dire
03:30 qu'Emmanuel Macron est allé se recueillir dans ce lieu,
03:32 il est vrai, bouleversant, qu'est le cimetière américain de Colville.
03:36 Mais personne ! Tout ce blabla sur l'esprit de résistance,
03:40 toutes ces tartines sur le courage,
03:43 alors qu'on ne peut même plus enseigner l'histoire à l'école,
03:47 alors que l'antisémitisme prospère dans nos banlieues,
03:51 alors qu'on n'est pas capable de trouver un milliard d'économies
03:53 dans les dépenses de l'État.
03:55 Mais en vérité, c'est accablant.
03:58 Le grand historien Pierre Nora, le maître d'œuvre des fameux lieux de mémoire,
04:02 a dit un jour au Figaro, "Plus notre pays rétrécit,
04:06 plus on rêve de sa grandeur."
04:08 Je crois malheureusement qu'il n'y a rien à ajouter.
04:10 L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézé.
04:13 À la Une du Figaro, justement,
04:14 comment Emmanuel Macron exploite le filon des commémorations ?

Recommandée