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00:00Et avec moi autour de cette table pour cette deuxième heure, Victor Hérault, bonsoir.
00:08Bonjour Pierre.
00:09Journaliste politique à Valeurs Actuelles, bonsoir Gilles Boutin.
00:11Bonsoir Pierre.
00:12Journaliste politique économique au Figaro, bonsoir Jean Garrigue.
00:15Bonsoir.
00:16C'est notre invité de 20h10, Jean Garrigue, historien et président de la commission internationale
00:20de l'histoire des assemblées.
00:22Vous avez écrit beaucoup justement sur le régime parlementaire, sur les assemblées,
00:27sur l'Assemblée nationale qui aujourd'hui est dans un...
00:30C'est même pas le point mort, c'est le frein à main, parce qu'on est dans trois couloirs de nage
00:33et c'est très très difficile de les départager puisque personne ne veut travailler avec quiconque.
00:38Quand vous entendez le Premier ministre, qui vient d'être renommé, dire de Mayotte que
00:44c'est un territoire international, au détour d'une phrase, c'est certainement, on connaît
00:50vous et moi François Bayrou depuis longtemps, c'est certainement une faute de quart,
00:54mais ça fait des ordres on va dire.
00:56Je vous le concède volontiers, de la part d'un aussi fin politique que François Bayrou,
01:01qui a quand même une expérience de 40 ans dans la vie publique, et qui est un homme cultivé,
01:08je mettrais ce lapsus sur le compte de la fatigue peut-être, et d'un moment de tension extrême.
01:15Déjà ? Alors qu'il vient de commencer ?
01:17C'est peut-être conjoncturel, mais c'est une grosse faute politique,
01:22et qui d'emblée le met dans la nasse des critiques qui viennent de partout,
01:28y compris d'ailleurs de son propre camp, puisqu'Yael Brown-Pivet a dit qu'elle l'estimait
01:34qu'il aurait mieux fait d'aller à Mayotte plutôt qu'à Pau.
01:37Le matin même ?
01:38On ne peut pas, à mon sens, on ne peut pas lui reprocher de ne pas être parti à Mayotte,
01:44d'autant plus que Bruno Rotailleau et d'autres ministres y étaient, et qu'il a peut-être aussi...
01:49Mais on peut lui reprocher d'être allé à Pau peut-être ?
01:51Mais voilà, on peut lui reprocher d'être allé à Pau, c'était pas le moment.
01:54Et d'avoir parlé du cumul des mandats ?
01:56Voilà, c'était pas le moment, tout simplement, il y a des questions de timing dans la vie publique.
02:00Cette bourde énorme, elle va le suivre pendant des années ?
02:03C'est un truc qu'on va découvrir au zapping encore dans 10 ans, 20 ans, 50 ans ?
02:08C'est une certitude, mais au fond, il y en a eu d'autres.
02:10Il y a eu cette image où il avait donné une petite claque, une petite gifle, pas très forte d'ailleurs,
02:16à un gamin qui lui faisait les poches, ça lui est resté.
02:19C'est pas exactement sur le même registre, Jean-Garrick.
02:21Non, évidemment, on n'est pas sur le même registre.
02:23Une erreur digne d'un élève de CM1 et une gifle qu'on donne parce que ça vous pousse comme ça,
02:31parce qu'on vous fait les poches, c'est quand même pas agréable de se faire les poches.
02:34Je suis complètement d'accord avec vous.
02:35À une époque où il y avait beaucoup d'argent liquide encore en plus.
02:37Exactement, et d'ailleurs, beaucoup de gens ont plutôt abondé dans son sens à ce moment-là.
02:43Mais là, c'est une grosse fausse politique.
02:46Mais il me semble, malgré tout, que Bayrou Bachine, qui ne va pas tarder à arriver,
02:55ne devrait pas non plus nous obstruer ce qui est quand même l'impératif de l'heure,
03:01c'est-à-dire sortir un peu de l'impasse politique et trouver un gouvernement qui gouverne.
03:06Donc c'est quand même ça l'essentiel.
03:08Mais qu'est-ce qui lui a pris François Bayrou d'accepter la proposition d'Yael Braun-Pivet ?
03:12Parce que visiblement, c'est une proposition de l'Assemblée nationale.
03:15De se donner à cet exercice du...
03:18Alors nous, sur CNews, par exemple, on fait des faces A.
03:20Face à Bardella, face à Manombri, face à...
03:23Là, c'était face aux députés.
03:24Il est tout seul, il n'y a pas de gouvernement.
03:26Il s'est dit, je vais pouvoir répondre à toutes les questions.
03:28D'habitude, c'est différents ministres qui...
03:30On se retrouve quand même une rafale, et encore une fois assez violente,
03:35notamment de certains groupes politiques.
03:37Et il faut répondre à tout.
03:39C'est un peu casse-gueule, pardonnez-moi l'expression.
03:41Il faut connaître un peu l'histoire de François Bayrou et de sa famille politique.
03:45Ce sont des parlementaristes.
03:48L'idée de se présenter devant le Parlement,
03:50c'est quelque chose qui est cohérent avec l'idée que François Bayrou se fait des institutions.
03:57Il l'a dit à plusieurs reprises.
03:59Et que d'ailleurs, à la faveur de cette crise, on retourne vers le Parlement.
04:04On le sait, c'est aujourd'hui devenu le pivot du débat politique, du débat public.
04:11Moi, ça ne me paraît pas choquant.
04:13Ce qui est choquant, c'est d'une part le voyage éclair à peau,
04:18d'avoir remis au cœur des questionnements cette idée du cumul des mandats,
04:25qui est une vraie question, mais pas opportune,
04:28et puis la bourde sur le territoire national.
04:33Gilles Boutin du Figaro.
04:34François Bayrou est persuadé de pouvoir rassembler sur sa personnalité.
04:39Or, il se trouve que là, il est embarqué dans des négociations âpres avec tous les partis.
04:44Pensez-vous qu'il puisse réussir son pari de composer un gouvernement rapidement,
04:49le tout en le fondant sur sa personnalité, sur son charisme ?
04:54Sachant qu'il se voit avec le Président, je crois, à peu près en ce moment, sur le gouvernement.
04:59Ce n'est pas uniquement une question de popularité ou de charisme.
05:05Il y avait un style barnier qui lui a permis aussi, à un moment donné,
05:10notamment par rapport à l'opinion, de donner l'impression qu'il pouvait être l'homme du compromis.
05:15L'idée du compromis politique est inscrite dans l'ADN de François Bayrou depuis au moins 2002,
05:23depuis le moment où il a quitté la nébuleuse de la droite et du centre,
05:29assez courageusement d'ailleurs, et où il a accepté notamment un dialogue avec les socialistes,
05:34qui l'a conduit à soutenir Ségolène Royal en 2007 et François Hollande en 2012.
05:40Donc, l'idée qu'on puisse élargir le socle commun qui existait à l'époque déjà lointaine de Michel Barnier,
05:49de l'élargir à une partie de la gauche, non-lfi,
05:54ce n'est pas une idée totalement absurde quand on connaît précisément non seulement le parcours de François Bayrou,
06:00mais aussi les liens et les discussions qui existent depuis, y compris depuis 2022,
06:07entre le modem, le parti de François Bayrou et les socialistes.
06:11Il y a eu des votes communs, des négociations communes, y compris au moment du vote du budget Barnier,
06:17il y a des rapprochements qui existent.
06:19Donc il est, pour ce faire, dans cette injonction de l'élargissement,
06:27il peut être mieux placé que son prédécesseur,
06:32d'autant plus que, et j'en termine là, on a bien vu que l'accueil du RN a été quand même étrangement bienveillant.
06:43C'est-à-dire que Marine Le Pen a dit « j'ai été écoutée », alors que la première entrevue avec Michel Barnier,
06:49elle a dit « je n'ai pas été écoutée ».
06:51En parlant de RN, dans sa question au Premier ministre,
06:54Laure Lavalette, députée du RN, a pointé du doigt la responsabilité,
06:58ou plutôt l'irresponsabilité du barrage républicain,
07:01en indiquant que c'était précisément ce barrage républicain qui avait empêché au RN,
07:06en tous les cas c'est pour ça qu'il s'est constitué, d'obtenir une majorité,
07:09et que le grand problème que nous voyons aujourd'hui,
07:11c'est que nous n'avons pas de majorité à l'Assemblée Nationale.
07:13Quelle est votre position vis-à-vis de ce barrage républicain ?
07:16C'est évidemment une vraie question,
07:18parce que ce front républicain, dont on voit bien qu'il était quelque part factice,
07:25puisqu'il n'a pas donné lieu à une majorité de gouvernement,
07:30ce front républicain a eu pour effet, paradoxal,
07:35de transformer le RN en maître du jeu,
07:38puisqu'on voit bien, et on a vu ça au moment du gouvernement Barnier,
07:42que c'est la décision ou pas de censurer venant du RN qui fait la différence,
07:48et qui permet de mettre en place, ou de faire durer, de pérenniser un gouvernement.
07:53Donc on peut véritablement se poser cette question,
07:57d'autant plus que ce front républicain est une alliance électorale de circonstances,
08:04dont la France Insoumise est aujourd'hui exclue,
08:07et donc elle s'exclue elle-même,
08:09puisque la stratégie de Jean-Luc Mélenchon est très claire,
08:11c'est une stratégie présidentielle qui l'écarte de toute culture du compromis.
08:15Or, on a besoin aujourd'hui de la culture du compromis,
08:19ce qui s'est passé lors de ces élections législatives,
08:23était aux antipodes de cette culture du compromis,
08:26qui est devenue nécessaire par le biais de ces élections.
08:30On est dans quelque chose de totalement paradoxal.
08:32Alors l'unification et le compromis, et se parler les uns les autres,
08:36c'est justement ce qu'a dit tout à l'heure François Bayrou devant la représentation nationale.
08:40Je ne dissimulerai rien.
08:43Je ne laisserai rien sans traitement et sans réponse.
08:47Tous les problèmes que vous avez indiqués,
08:50qui tiennent à la dépense publique,
08:52qui tiennent aux fractures de la société française,
08:57j'essaierai de les résoudre.
09:00J'essaierai, pour les autres, les fractures, de les résorber.
09:05Et j'essaierai de le faire en tenant compte de chacun des groupes, en tout cas qui siègent sur ces bancs.
09:14Je ne fais pas de différence entre les députés.
09:18Et là t'as envie de dire bon courage !
09:20Oui, c'est la quadrature du cercle.
09:23On est dans une situation qui est totalement insoluble, a priori,
09:29à moins d'avoir chevillé au corps, du côté de nos responsables politiques,
09:36cette idée de l'intérêt général,
09:38qui a conduit, par exemple, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale,
09:44à un gouvernement d'union nationale.
09:47C'est le fameux faire-nation du général de Gaulle,
09:49mais aujourd'hui chacun y voit ses petits intérêts.
09:52Bien sûr, c'est une évidence.
09:55Ce qui est intéressant dans la démarche de François Bayrou,
09:58au moins dans le discours,
10:00c'est que précisément il ne ferme aucune porte.
10:03Et ça, avoir fermé la porte, ça a été une erreur de Michel Barnier,
10:10et ça a été une erreur que je fais remonter à 2022,
10:14peut-être même en 2017, d'Emmanuel Macron.
10:18Il n'a pas discuté non plus, ni avec LFI, ni avec le RN, François Bayrou, au début.
10:24Donc là maintenant il leur ouvre la porte,
10:26mais pour les discussions d'avant la prise de parole,
10:29il n'y a pas eu de consultation.
10:31Mais il y a au moins, semble-t-il,
10:34à enregistrer les réactions de Marine Le Pen et du RN,
10:40il y a au moins une volonté là, peut-être, d'écouter.
10:43Et ça me semble indispensable.
10:45La gauche et ce fameux Front républicain
10:49se sont argotés sur cette idée d'exclure le RN,
10:54précisément de cet arc républicain.
10:56On ne parle plus d'arc républicain,
10:58d'ailleurs ça a changé, la sémantique a changé.
11:00On parle d'arc de gouvernement.
11:02Mais vous ne pouvez pas laisser 11 millions d'électeurs
11:06en dehors du champ démocratique.
11:08Ça veut dire qu'on ne les respecte pas.
11:10Ça veut dire qu'il faut écouter au moins ce que demandent les électeurs,
11:18et que surtout, et c'est là que ça va être très compliqué,
11:21que ça se traduise dans la politique qui va être menée.
11:24Or, cette politique, notamment sur les questions,
11:27là aussi il faut dire les choses clairement,
11:30les questions d'immigration, d'identité, de sécurité,
11:33c'est précisément ce qui est repoussé de manière catégorique,
11:36c'est la ligne rouge pour la gauche.
11:38Or, on a besoin aussi de la gauche pour gouverner.
11:40Vous voyez, c'est la quadrature du cercle.
11:42Gilles Boutin.
11:44J'allais abonder dans votre sens,
11:46il dit qu'il est prêt à ne pas utiliser le 49.3,
11:49sauf sur le budget,
11:51il ne ferait pas de loi immigration, effectivement.
11:54Reprenons la formule de Vincent Trémolet de Villers sur Europe 1,
11:58je l'ai déjà dit, mais elle est tellement bonne que je la reprends,
12:00c'est Roland Garros avec des balles en mousse.
12:05Ça génère un gel, forcément,
12:07il a quand même trois grands blocs,
12:09ça ne change pas la réalité des grands blocs politiques.
12:12Par son discours, il dit qu'il veut du consensus,
12:15en excluant moins les extrêmes,
12:17mais en réalité, ça ne change pas grand-chose.
12:19On se demande ce que ça change réellement par rapport à Michel Barnier.
12:23Je vous dis, on est dans une situation,
12:25dans un paysage politique
12:27qui est celui de la troisième ou de la quatrième république.
12:29La quatrième république,
12:31ils avaient réussi à constituer une troisième force
12:33entre, d'un côté les communistes,
12:35de l'autre côté des gaullistes.
12:37Ce serait une hypothèse
12:39qui permettrait aujourd'hui,
12:41au moins, de gouverner
12:43en essayant de tabler
12:45sur une non-censure
12:47des différents partenaires.
12:49Mais dans la situation actuelle,
12:51je le répète,
12:53ça me paraît difficile de ne pas tenir compte
12:55au cas où
12:57François Bayrou réussirait à constituer
12:59un gouvernement de ce type,
13:01duquel d'ailleurs la gauche s'est exclue,
13:03selon précis.
13:05Donc ce serait très différent de la troisième force
13:07à laquelle participaient les socialistes
13:09sous la quatrième république.
13:11Cela ne pourrait fonctionner,
13:13je le répète, qu'au cas où
13:15le Rassemblement National,
13:17à un moment donné, n'ait pas envie
13:19ou n'ait pas le besoin,
13:21par rapport à ses électeurs, par rapport à ses militants,
13:23de déclencher la censure.
13:25Ça veut dire qu'il y a des concessions
13:27à leur faire.
13:29Moi je vais vous dire, s'il y a des insoumis qui un jour
13:31deviennent gaullistes,
13:33pourquoi pas ?
13:35Tout arrive, il y a des choses
13:37très étonnantes qui se passent dans le monde.
13:39Ce qui est étonnant, par exemple,
13:41c'est que ce parti qui réclame...
13:43Tout à l'heure nous avions Perceval Gaillard,
13:45qui est député LFI de La Réunion,
13:47et il était très curieusement modéré
13:49par rapport à ceux qu'on a l'habitude
13:51d'entendre, M. Caron, Mme Pannot...
13:53C'était d'ailleurs
13:55assez étonnant de l'entendre parler,
13:57et surtout de la situation de Mayotte,
13:59parce qu'il est de La Réunion.
14:01Je crois qu'il ne faut pas forcément
14:03attendre beaucoup de choses de la part de
14:05la France Insoumise, parce que je le répète,
14:07la France Insoumise, c'est d'abord la stratégie
14:09présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
14:11Donc l'opposition pure...
14:13Le Pen, qui l'a dit
14:15tout récemment dans
14:17ce milieu de soirée,
14:19qu'elle s'attendait à une présidentielle anticipée
14:21parce que la situation
14:23de M. Macron était fragile.
14:25À force de pousser, de pousser, de pousser...
14:27Sauf que la présidentielle
14:29anticipée, dans l'état actuel des choses,
14:31n'aurait aucun sens, puisque
14:33le nouveau président ou la nouvelle
14:35présidente se retrouverait face à une assemblée
14:37divisée en trois blocs, donc
14:39ingouvernable, et on reviendrait
14:41au même problème où des majorités
14:43de censure pourraient se constituer.
14:45On ne peut qu'attendre
14:47au moins les
14:49juillet 2025, c'est-à-dire une dissolution.
14:51Merci beaucoup Jean-Garic d'avoir été
14:53avec nous.
14:5519h21,
14:57Pierre de Villeneuve.
14:59Au coeur de la polémique,
15:01François Bayrou.
15:03On va réécouter cette boulette intersidérale
15:05de M. Bayrou, tiens.
15:07Vous dites
15:09que le gouvernement
15:11n'était pas à Mayotte, ce n'est pas exact.
15:13Il y avait deux ministres,
15:15le ministre de l'Intérieur
15:17et le ministre de l'Outre-mer,
15:19qui étaient hier à Mayotte, et le Président de la République
15:21a annoncé
15:23qu'il irait à Mayotte.
15:25Il n'est pas d'usage
15:27que le Premier ministre et le Président
15:29de la République quittent en même temps
15:31le territoire national.
15:33Surtout que,
15:35disons-le humblement, j'ai la responsabilité
15:37de proposer au Président de la République
15:39un nouveau gouvernement
15:41et je le ferai
15:43dans les délais les plus rapides
15:45comme
15:47nous en sommes d'accord
15:49avec le Président de la République.
15:51C'est un peu comme dans les sketches de Coluche,
15:53il y en a un qui suit, je ne sais pas si vous entendez,
15:55il y en a un qui dit « C'est la France, c'est la France ! »
15:57« C'est le Premier ministre, c'est la France ! »
15:59Bref, je permets de dire que
16:01puisqu'il parle des deux ministres
16:03qui étaient sur place, le ministre de l'Outre-mer,
16:05M. Buffet, sera l'invité
16:07de Dimitri Pevlenko demain matin à 7h10.
16:09Bon, est-ce qu'on se relève
16:11d'un truc pareil, Gilles Boutin ?
16:13Ça commence très mal. Mais François Bayrou
16:15a la capacité de s'en relever, parce qu'il
16:17ressuscite de toutes
16:19les bourdes et même de toutes les morts politiques
16:21possibles, donc si ce n'est que ça,
16:23j'ai envie de dire...
16:25Il est plus grave !
16:27Je ne dirais pas
16:29que c'est à mettre sur le compte simplement de la fatigue.
16:31Il a tout de même
16:33cumulé un certain nombre de bourdes dans son histoire.
16:35Il y en a une qui a réémergé d'ailleurs sur les réseaux sociaux
16:37il n'y a pas longtemps, lors d'une conférence à Sciences Po
16:39où il expliquait qu'il faudrait créer
16:41des heures de baignade pour des femmes
16:43qui auraient, à force
16:45d'âge, un physique moins gracieux.
16:47Il s'est vraiment
16:49enfoncé là-dessus, donc
16:51ce n'est pas nouveau. Maintenant, ce qui est terrible,
16:53c'est que François Bayrou, sur le fond, ne dit pas
16:55des choses fausses. Effectivement, il a intérêt
16:57à rester en France pour former son
16:59gouvernement.
17:01Il ne devait pas aller à Pau, effectivement.
17:03Il s'est même fait tenser par un élu local
17:05qui lui a rappelé cette évidence.
17:07Je crois que François Bayrou doit
17:09surtout faire attention à lui-même.
17:11Pourquoi ? Parce que
17:13le fait qu'il ait voulu, par exemple,
17:15aller à Pau, malgré la situation
17:17à Mayotte, montre qu'il manque
17:19d'élasticité.
17:21C'est-à-dire qu'il avait prévu ça. Il s'était dit
17:23qu'il allait marquer un gros coup en défendant
17:25cet ancrage territorial,
17:27les doubles mandats,
17:29mais il a mis complètement de côté
17:31le bon sens
17:33que commandait
17:35la situation.
17:37Il a intérêt à prendre des notes
17:39de cette séquence très
17:41dommageable pour lui, pour ne plus
17:43commettre ses erreurs à la suite
17:45parce qu'on ne lui pardonnera pas.
17:47On ne lui pardonnera pas, vous êtes d'accord, Victor Hero ?
17:49Sur cette question du territoire
17:51international, on comprend qu'il voulait
17:53dire métropole.
17:55C'est une bourreau de mouse costaud.
17:57Je ne lui jetterai pas non plus la pierre.
17:59Je serai celui qui va le plus faire défense
18:01sur cette question.
18:03Je retiendrai
18:05votre mot, il s'enfonce.
18:07Plus il s'expliquait... Déjà, je ne comprends pas le principe
18:09d'organiser des questions
18:11pour le Premier ministre, des questions au Premier ministre
18:13face à une assemblée alors qu'il n'a
18:15ni gouvernement, ni discours de politique
18:17général, ni même feuille de conduite, ni programme.
18:19Il passe, du coup, pour le Premier ministre
18:21qui n'a pas de réponse aux questions qu'on va lui poser.
18:23Ça, je n'ai pas compris l'exercice. Et puis,
18:25je l'accuserai plutôt, ou je le tiendrai rugueur,
18:27plutôt d'autre chose. Lorsqu'il explique
18:29aux députés
18:31« Écoutez, j'ai suivi la
18:33réunion de crise, comme le
18:35ministre de l'Intérieur en visioconférence
18:37façon de se dédouaner. » La différence
18:39étant que le ministre de l'Intérieur, lui,
18:41était sur place à Mayotte.
18:43Et il dit « J'ai suivi la visioconférence
18:45de la première à la dernière minute
18:47selon les informations
18:49de Valeurs Actuelles. » C'est faux. Il a loupé,
18:51pardonnez-moi l'expression, les 20 dernières minutes
18:53pour son conseil municipal de Pau.
18:55J'ai discuté avec des participants qui m'ont dit « Non, non,
18:57il était absent pendant les conclusions.
18:59Il est parti. Il a quitté la visioconférence
19:01pendant les 20 dernières minutes. Il n'a pas assisté aux
19:03conclusions du Président de la République. » Ça, à la limite,
19:05bon, voilà, mais il n'a pas assisté aux consignes
19:07que donnait le Président de la République pour pouvoir réagir
19:09rapidement. Alors, justement, puisqu'il
19:11est parti et qu'il s'est retrouvé
19:13donc à la mairie de Pau, puisqu'il fallait
19:15évidemment y aller. C'est difficile
19:17d'y aller en métro. Écoutez,
19:19donc il est arrivé à Pau
19:21et puis il a tout d'un coup parlé du cumul des mandats.
19:23Donc on l'a dit tout à l'heure avec Jean Garrigue,
19:25c'était ni l'heure ni l'endroit.
19:27Écoutez, Laure Lavalette, ce matin
19:29sur TF1. « Ce n'est pas un cumul des mandats
19:31puisque c'est un mandat et une fonction.
19:33Ce n'est pas encadré par la loi, ça. Exactement, ce n'est pas
19:35encadré par la loi. Voilà, c'est à lui. Après,
19:37on a aussi envie d'avoir des personnes
19:39en fonction qui soient enracinées. Donc, c'est
19:41toute cette question de savoir est-ce qu'il
19:43aura matériellement le temps ? Est-ce que ses équipes
19:45sont suffisamment, voilà, costauds ?
19:47Parce que c'est quand même évidemment de gros
19:49jobs. Mais le RN au pouvoir
19:51ne serait pas choqué par cette idée ? Probablement
19:53la question qu'on se pose, c'est sur le cumul
19:55des mandats, sur député-maire.
19:57Donc on pense qu'effectivement c'est sûrement possible
19:59en dessous d'un certain seuil
20:01qui n'est pas encore évidemment défini.
20:03Mais voilà, savoir à partir
20:05de quelle ville est-ce qu'on pense que ça devient problématique
20:07d'être à la fois député-maire ?
20:09Voilà, donc Laure Lavalette qui
20:11vient sur le fond de l'histoire
20:13du cumul des mandats. Écoutez, Manuel
20:15Bonpart sur ce sujet.
20:17Je suis opposé à l'idée qu'on puisse
20:19être maire et député. Je pense que
20:21c'est une erreur. Et alors, je vais vous dire franchement
20:23je trouve ça assez stupéfiant qu'on considère
20:25qu'on puisse être Premier ministre de la France
20:27et maire d'une grande ville comme celle de Pau.
20:29Il me semble que Premier ministre, on est déjà bien occupé.
20:31Que maire de Pau, on est déjà bien occupé
20:33et qu'on n'a pas besoin de faire les deux choses en même temps.
20:35Alors je trouve que M. Bayrou fait une grave
20:37erreur en s'accrochant à ce poste
20:39Pourquoi s'accroche-t-il ?
20:41Je pense que tout le monde a compris. Parce qu'il sait très bien
20:43qu'il est en sursis comme Premier ministre
20:45et que sans doute son mandat ne va pas durer très très longtemps.
20:47Et enfin, Olivier Faure se met à sur France 2.
20:49La place du Premier ministre, effectivement, n'était pas
20:51à Pau hier soir. La priorité,
20:53c'est Mayotte. J'ai eu du mal à comprendre
20:55y compris la sortie sur
20:57le retour du cumul des mandats
20:59qui n'est pas du tout une priorité
21:01pour les Françaises et les Français. Et même
21:03si on me parle régulièrement
21:05sur les marchés de pouvoir d'achat
21:07de services publics, jamais
21:09personne ne m'a parlé ni de proportionnel
21:11ni de retour du cumul des mandats.
21:13Le Premier ministre s'égare
21:15quand il évoque ces sujets qui ne sont
21:17prioritaires ni dans la période
21:19ni pour les Françaises et les Français. Et je souhaite
21:21qu'ils reviennent en considération
21:23qui nous sont rappelés en permanence par nos concitoyens.
21:25Alors je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je donne
21:27plutôt un point à Olivier Faure
21:29et j'enlève
21:31un point à Laure Lavalette
21:33parce qu'honnêtement, il n'est même pas
21:35question, là
21:37dans la situation dans laquelle on est,
21:39d'aborder la question
21:41du cumul des mandats. Alors Lavalette
21:43elle s'engouffre dans son interview
21:45en parlant, oui, peut-être, ça dépend
21:47pouvoir peut-être la proportionnelle
21:49pourquoi pas, enfin...
21:51Non ! Olivier Faure il dit, attendez...
21:53Revenons aux priorités...
21:55Et puis bon part, il dit, c'est peut-être
21:57assez
21:59occupant d'avoir un poste
22:01de Premier ministre et éventuellement
22:03de maire de Pau.
22:05Je ne comprends pas comment on peut encore
22:07tomber dans le piège
22:09de se dire qu'on va aller là-dessus, alors qu'en fait
22:11il n'est pas question
22:13de ça ! C'est une question même pas secondaire
22:15et tertiaire cette question-là.
22:17Maintenant je crois
22:19que François Bayrou a fait évidemment une erreur
22:21de symbole.
22:23Il n'a pas voulu faire diversion quand même, non ?
22:25Je ne suis pas à ce point...
22:27J'adhère un petit peu, et vous ne m'entendrez pas souvent dire ça
22:29à la thèse de Manuel Bompard qui dit
22:31qu'effectivement le Premier ministre, sachant qu'il n'est
22:33peut-être plus en place dans un mois,
22:35a peut-être plutôt intérêt à ne pas
22:37quitter tout de suite la ville de Pau. Maintenant je crois qu'il n'est pas
22:39non plus en difficulté électoralement à Pau.
22:41Donc c'est un petit peu absurde. Je crois que
22:43François Bayrou a voulu surjouer
22:45cette histoire d'enracinement, alors que
22:47je crois même qu'il n'en avait pas besoin, parce qu'on sait
22:49que François Bayrou est un homme enraciné.
22:51On le sait qu'il a cette préoccupation
22:53à cœur. Il n'avait
22:55pas besoin, et vous parliez de manque
22:57d'élasticité, c'est exactement ça. Il n'avait
22:59pas besoin de manifester ça.
23:01Le manque d'églastilité, le manque de flexibilité,
23:03quand on ne veut pas dire que quelqu'un
23:05s'est complètement planté sur toute la ville,
23:07oui, manque d'élasticité,
23:09dans le calendrier,
23:11tout prioritaire. Non mais c'est vrai, ce n'était pas
23:13prioritaire, et il a voulu se maintenir à ce calendrier
23:15là, ce qui était parfaitement idiot.
23:17Je pense que dans la psychologie de François Bayrou,
23:19Pau occupe une place réellement
23:21à part, mais bien plus que pour d'autres élus
23:23locaux. C'est-à-dire qu'il en a fait sa zone
23:25de survie. C'est-à-dire que c'est là que, tel
23:27que le phénix, tu disais, il renaît à chaque fois.
23:29Mais Matignon aussi, il en a rêvé toute sa vie.
23:31Oui, bien sûr, mais là, c'est...
23:33Il utilise les images qu'on veut, c'est Raspoutine
23:35qu'on a essayé de tuer plusieurs fois, et puis qui
23:37à chaque fois se relève.
23:39Que Pau, que ce soit en tant que maire
23:41ou d'autres statuts d'élus,
23:43représente cela à ses yeux, et on se souvient
23:45lors de son élection, je crois,
23:47à la mairie de Pau, son émotion,
23:49il pleurait, vraiment, tellement il était ému
23:51parce qu'il avait survécu à l'expiration
23:53de ses partis. Et donc,
23:55je crois que, dans sa psyché,
23:57cette ville
23:59est essentielle. Et donc, il n'a pas voulu
24:01la laisser de côté, et il considère
24:03que jusqu'au bout, ce sera
24:05le gage de sa survie politique.
24:07Vous êtes naïf.
24:08Absolument pas. Il faut croire à la dimension
24:10psychologique dans les dessins politiques.
24:12Vous êtes une naïveté, vous êtes jeune,
24:14mais vous êtes naïf.
24:15Dites-moi, pourquoi ?
24:16Parce que, en même temps,
24:18vous avez des gestes
24:20de François Bayrou qui ne trompent pas.
24:22Souvenez-vous d'un geste, on va parler de tout à l'heure,
24:24je crois que c'est Jean Garrigue qui parlait du geste
24:26où il avait ballagé un enfant de 11 ans.
24:28Je ne parle pas de ce geste-là.
24:30Souvenez-vous d'un geste où il arrive
24:32à une soirée,
24:34il enlève son manteau,
24:36et il balance son manteau
24:38à, on imagine, une collaboratrice
24:40qui est là pour le récupérer.
24:42Le mépris qu'il y a
24:44dans ce geste, la façon
24:46dont on se débarrasse.
24:48Tiens, mon Jacob, vous voyez le film Les Visiteurs ?
24:50Et il balance la nourriture
24:52sur le tapis. C'est exactement ça.
24:54Moi, je me souviens, on va retrouver
24:56avec les équipes d'Europe Un Soir
24:58quelle était l'année de ce geste.
25:00On en a parlé, mais pendant des semaines
25:02de ce geste-là.
25:04On me dit 2002, mais peut-être
25:06on était en train de vérifier.
25:08Ce geste a 22 ans, et qu'est-ce
25:10qu'on en a parlé ?
25:12Ce n'est pas parce qu'il a un attachement fondamental à sa région
25:14et à sa ville qu'il est pour autant,
25:16qu'il a pour autant de l'empathie.
25:18Le jour où il a pleuré, c'est un bon acteur.
25:20C'est ça.
25:22Moi, ma thèse, c'est qu'il sait,
25:24comme tous les acteurs, dans la minute,
25:26pleurer, rire,
25:28exprimer la colère, etc.
25:30Il a fait son Obama avant l'heure.
25:32Peut-être. 20h43.
25:34Visiblement, ce n'est pas 2002, mais on vous dit ça
25:36dans la demi-heure qui vient.
25:38A tout de suite sur
25:40Europe Un Soir.
25:42Alors, je remercie
25:44Capucine Patouillet pour avoir fait les recherches
25:46de ce geste.
25:48C'était tellement méprisant
25:50de ce manteau lancé.
25:52Alors, en 2019,
25:54il était accompagné d'Edouard Philippe
25:56qui était alors Premier Ministre
25:58et ils se rendaient tous les deux
26:00à la mairie de Pau.
26:02Ils rentraient à l'hôtel de ville
26:04et il a donc jeté
26:06ce manteau
26:08qui a été récupéré
26:10par une collaboratrice et
26:12il a tweeté, François Bayrou,
26:14il a tweeté ça.
26:16C'est ça qui est formidable, c'est qu'on explique
26:18toujours. Quand on a merdé, on essaye
26:20d'expliquer des trucs et c'était
26:22encore plus savoureux généralement que le geste.
26:24Alors, écoutez bien. Autrefois,
26:26on lançait la jartière de la mariée
26:28pour savoir qui convolerait dans l'année.
26:30A la mairie de Pau, le dispositif
26:32a été amélioré.
26:34Celui ou celle qui est capable de se saisir
26:36du manteau sans fer d'en avant
26:38reçoit une promotion.
26:40C'est Isabelle Deluga
26:42qui a donc gagné.
26:44Ça confirme une chose,
26:46c'est que François Bayrou
26:48passe toujours plus profondément une fois qu'il est
26:50parti dans un mauvais espace.
26:52Il faut qu'il arrête de se défendre.
26:54Il faut qu'il désigne quelqu'un pour lui faire des signes
26:56pour vraiment s'arrêter et qu'il écoute ses conseillers.
26:58C'est du foutage de gueule.
27:00Appelez ça comme vous voulez.