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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il s'intéresse à la majorité et aux Républicains qui ne semblent plus espérer de miracle pour les élections européennes.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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NewsTranscription
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezeil. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 À onze jours des européennes, Emmanuel Macron a multiplié les appels à la mobilisation de son camp.
00:10 Pensez-vous Alexis que cette nature a apaisé le vent d'inquiétude qui souffle sur la majorité ?
00:15 Bah, inquiétude, le mot est faible Dimitri.
00:18 Vu le niveau de Valériaillet dans les sondages, on est plus proche du "sauf qui peut".
00:23 Et comme toujours, la panique entretient la pagaille.
00:27 Les macronistes se disputent sur le point de savoir s'il y a un lien entre immigration et délinquance.
00:32 Ils s'écharpent sur la question de la reconnaissance de l'État palestinien.
00:36 Un jour c'est Édouard Philippe qui critique à mot à peine couvert les pérégrinations néo-calédoniennes du chef de l'État.
00:42 Un autre c'est François Bayrou qui estime qu'à partir du 10 juin il faudra, je cite,
00:47 "dessiner un nouveau paysage politique" dans lequel cela va de soi, il occupera une place centrale.
00:52 Un autre encore c'est Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée,
00:55 qui envisage publiquement, je cite encore, que l'extrême droite fasse plus de 35%.
01:00 Bref, et les coups de menton du président de la République n'y peuvent rien changer,
01:04 chacun, dans la majorité, anticipe la débâcle et commence à poser ses petits pions pour l'après.
01:11 - Du côté de l'opposition et les Républicains, l'ambiance est-elle meilleure Alexis ?
01:17 - Bah, à peine.
01:19 Bon, disons que la campagne de François-Xavier Bellamy est jugée sérieuse et courageuse par son camp, ça fait une différence.
01:24 Et que, partant de plus bas, la droite ne peut que tomber de moins haut.
01:28 Mais enfin, force est de constater que pour l'heure la liste ne décolle pas
01:33 et qu'au-delà, les perspectives présidentielles de la droite ne sont pas vraiment radieuses.
01:38 Et donc, de ce côté-là aussi, on gamberge.
01:41 Reviennent, une fois encore, comme tous les six mois, les scénarios miracles, les combinaisons providentielles,
01:49 un accord de gouvernement entre Emmanuel Macron et Gérard Larcher,
01:53 une coalition sous l'égide de Michel Barnier,
01:56 une quasi-cohabitation avec, coucou le revoilà, un certain François Baroin.
02:01 Il n'y a que l'embarras du choix.
02:03 - Alors, tous ces scénarios, remaniement, recomposition, dissolution, y croyez-vous Alexis ?
02:08 - Très franchement, non.
02:09 Et je crois que ceux qui y croient seront déçus.
02:12 Alors, je peux me tromper, nous verrons bien.
02:13 Mais il me semble qu'il ne se passera rien, parce que fondamentalement, Emmanuel Macron ne peut rien faire.
02:21 Pour commencer, est-ce que vous l'imaginez, comme en rêve déjà tant de candidats à Matignon,
02:25 se séparer de Gabriel Tal, qui n'a pas démérité, qui s'est bien ébrouillé dans son débat,
02:29 alors que c'est lui, Macron, qui de bout en bout aura mené la bataille, fixé la stratégie,
02:34 et qui aura perdu cette bataille ?
02:36 Mais personne ne comprendrait, et puis ça ne résoudrait rien.
02:39 Ensuite, on nous parle de recomposition.
02:41 Enfin, Emmanuel Macron a eu mille occasions de passer un accord avec la droite, et il n'en a saisi aucune.
02:47 Ce n'est pas maintenant qu'il est par terre que les LR vont se rallier à son panache bien déplumé.
02:52 D'autant qu'il ne s'agit plus de grimper à bord du Titanic, c'était la phrase à une époque de François Barmoin,
02:57 mais de monter sur le radeau de la Méduse.
03:00 Et quand bien même, quand bien même, certains à droite seraient titillés par la tentation.
03:04 Mais l'opération se heurterait aussitôt à l'hostilité des macronistes de gauche,
03:09 qui s'organisent et qui expliquent déjà, avec quelques arguments,
03:12 que vu les scores respectifs de Glucksmann et de Bellamy, ce n'est évidemment pas à droite mais à gauche
03:18 que le parti du président doit chercher des renforts.
03:21 Quant à la dissolution pour finir,
03:23 enfin, Emmanuel Macron ne va pas trois ans avant l'échéance mettre volontairement un terme définitif à son propre mandat.
03:29 Il n'est pas fou.
03:30 Si une motion de censure finit par être adoptée, ce qui est possible,
03:33 il se gardera bien de dissoudre.
03:36 À la place de Gabriel Attal, il nommera un macroniste historique,
03:39 Richard Ferrand, François Bayrou, Yael Brown-Pivet,
03:42 histoire de gagner encore quelques mois.
03:44 Vous savez, Dimitri, comme tous les présidents de la République,
03:47 Emmanuel Macron adore raconter et se raconter qu'il est le maître des horloges.
03:53 Tous les conseillers se gargarisent avec cette expression, le maître des horloges.
03:56 Mais en vérité, elle n'a aucun sens.
03:58 En politique, on n'est jamais le maître du temps.
04:01 Les occasions manquées ne reviennent pas.
04:04 Le temps perdu ne se rattrape pas.
04:07 Pour le chef d'État, qu'il le veuille ou non, le compte à arbour est enclenché.
04:11 Le 9 juin à 20h, résonnera le premier coup de l'après-Macron.
04:16 L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brezé.