• il y a 6 mois
Dans Destins de femmes, Judith Beller reçoit Camille Yolaine, créatrice de contenu et auteure de "J’aime" - Ed. Albin Michel

"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.

Une émission de Judith Beller.

Merci au Groupe Connect Travail Temporaire !

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##DESTIN_DE_FEMMES-2024-05-18##

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News
Transcription
00:00Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
00:03Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
00:08Le groupe Connect présente Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:14Bienvenue à toutes et à tous dans Destin de Femmes, l'émission qui valorise les femmes françaises.
00:18Inspirée du livre au même titre de Valérie Pérez-Hénouchillon, les haimes, ces femmes qui s'incarnent.
00:24Aujourd'hui, vous êtes en compagnie de Camille Yeulen, influenceuse, rédactrice et créatrice de contenus
00:28à plus de 500 000 followers sur Instagram, mannequin, actrice, entrepreneur à la tête de sa propre marque de cosmétiques Yeulen.
00:36Sans oublier écrivaine depuis peu avec la publication de votre tout premier roman, Camille, J'aime, qui est sorti chez Albin Michel.
00:43Tout cela du haut de votre insolente vingtaine, bientôt trentaine, je l'ai appris.
00:47Camille Yeulen, bienvenue sur Sud Radio.
00:50Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:53Alors Camille Yeulen, les quatre questions auxquelles doivent répondre toutes les invitées de Destin de Femmes.
00:57Vous êtes prête ?
00:58Oui, bien sûr.
00:59Quel destin de quelle femme vous inspire le plus ?
01:01Je pense que la femme qui m'a le plus inspirée, c'est Françoise Sagan, pour sa liberté, pour son écriture, bien évidemment,
01:09pour cette espèce d'insolence qu'elle avait et qui me fascine, enfin qui moi m'a toujours fascinée.
01:16C'est grâce à elle que j'ai un petit peu découvert aussi la littérature et j'avais l'envie d'écrire assez jeune,
01:24en tout cas de jouer avec les mots et c'est en lisant Bonjour Tristesse, comme beaucoup de collégiens lycéens, que je me suis dit...
01:31Ça vous a donné le virus ?
01:32Ah oui, complètement. Il était déjà bien installé, disons que ça l'a fait exploser.
01:36Ça l'a amplifié quoi.
01:37Et alors cette femme justement, cette insolence, cette liberté, pourquoi ça vous touche autant ?
01:40C'est quelque chose à laquelle vous aspirez ?
01:43Complètement. Moi je pense que je me suis beaucoup brimée plus jeune, j'ai jamais vraiment osé peut-être m'écouter
01:51et je trouve que cette audace d'être soi-même et d'aller au bout des choses, je trouve ça fou.
01:58Vous en manquiez pas d'audace a priori Camille Yolène ?
02:00Non mais je sais pas comment expliquer, j'ai l'impression que j'ai beaucoup de...
02:06Plus jeune, j'ai eu beaucoup de cadenas mentaux un petit peu, de ne pas oser aller au bout, de commencer à écrire des textes...
02:10Et plus jeune c'est quoi alors ?
02:11C'est quand j'avais six ans. Non, c'est oui, toute ma période, toute ma vingtaine notamment.
02:20On en parlait avant, moi j'ai plutôt hâte de cette trentaine qui se présente.
02:24Oui c'est impressionnant parce qu'en général on y va avec reculons, vous vous y allez en courant quoi.
02:27Ah non pas du tout, mais peut-être la première, j'ai hâte parce que je pense que toute ma vingtaine notamment,
02:31j'ai été un petit peu... J'ai tenté beaucoup de choses sans forcément avoir le courage d'aller au bout de celles qui comptaient le plus pour moi peut-être.
02:41Donc il y a l'écriture du livre qui s'est faite dans la fin de ma vingtaine, mais j'aurais aimé peut-être découvrir ça plus tôt.
02:46Et en même temps bon, ça fait aussi partie du processus d'apprentissage.
02:49Il paraît qu'il n'y a pas de regrets à avoir, mais que des expériences, est-ce que ça résonne chez vous ça ?
02:53Complètement, complètement.
02:54Quel a été votre plus grand succès du coup Camille Yolen ?
02:57En termes de succès, je dirais je pense que ce serait plutôt le lancement de ma marque Yolen de cosmétiques,
03:05parce que c'est quelque chose qui était terrifiant pour moi.
03:11Ça fait combien de temps que c'est lancé là ?
03:13Ça fait deux ans et demi. Je l'ai lancé en octobre 2021.
03:17Donc oui, ça fait deux ans et demi et ça fonctionne.
03:20Ça fonctionne, oui, ça fonctionne.
03:21Et vous étiez étonnée au départ ?
03:23Oui, parce qu'encore une fois, c'était quelque chose où je ne me suis jamais imaginée entrepreneur pour le coup.
03:28Vraiment pas du tout.
03:29Cet aspect business, ce côté tenir une marque, ça me glaçait le sang presque.
03:35Je me disais, mon Dieu, mais c'est des chiffres, c'est des choses que je ne maîtrise pas.
03:38J'ai peut-être des intuitions sur certaines choses.
03:39Vous avez été accompagnée ?
03:41Oui, bien sûr.
03:41Heureusement. Et là, on vient d'avoir un nouvel investisseur avec qui les perspectives sont encore mieux qu'avant.
03:48Donc, je suis très, très heureuse.
03:50Vous avez des employés du coup ?
03:52Pour le moment, on est deux sur l'équipe.
03:53On recommence un petit peu.
03:55Et c'est très excitant aussi parce que c'est totalement différent du fonctionnement qu'on avait avant.
03:59Il y avait vraiment une grosse équipe.
04:00Tout était très bien distribué, complètement.
04:04On recommence de zéro, mais deux ans et demi après.
04:06Parce que l'opportunité s'est présentée et que je trouve que ça peut nous emmener
04:10encore plus loin et c'est totalement différent.
04:13Beaucoup plus agile aussi dans le raisonnement et dans ce que ça peut présenter.
04:17Vous avez la tête dans les étoiles un peu, Camille Alain.
04:20Oui, beaucoup, beaucoup.
04:22Quelle a été votre plus grande déception du coup ?
04:25Ça a été difficile pour moi de réfléchir à cette question.
04:28Ceci dit, c'est plutôt une bonne chose que rien ne me vienne en premier lieu,
04:32parce que je pense que j'ai la chance de ne pas avoir eu beaucoup d'énormes déceptions,
04:37vraiment à proprement parler.
04:38Je pense que je suis plus déçue vis-à-vis de moi-même,
04:42des choses que j'aurais aimé peut-être faire avant ou différemment.
04:50Ou tout simplement de moins réfléchir, peut-être, si je pouvais me parler plus jeune.
04:54C'est d'ailleurs quelque chose qui peut vite m'émouvoir quand je pense à la personne que j'étais,
04:59ne serait-ce qu'il y a cinq, il y a huit ans, il y a quinze ans.
05:02Je la regarde et je me dis « Mais pourquoi ? Pourquoi t'aurais pu ? »
05:07Heureusement, j'y arrive aujourd'hui, au rêve que j'avais quand j'étais plus jeune.
05:12On est encore très jeunes à 30 ans, vous savez, Camille Galet.
05:15Oui, c'est vrai.
05:16Si je peux me permettre, en vieille doyenne.
05:19Oui, c'est vrai, bien sûr.
05:21Il y a un peu ces sensations-là.
05:23Dans ma vingtaine, j'aurais aimé peut-être à d'autres moments...
05:26Il y a un peu de regrets quand même.
05:28Est-ce que vraiment c'est des regrets ?
05:31On dit « Il vaut mieux des remords que des regrets », je crois.
05:34Je crois que c'est un peu la même chose.
05:36Il me semble que je m'étais renseignée à l'époque sur la nuance parce que j'aimais bien...
05:40Vous vous mordez un peu les doigts sur les trucs que vous auriez voulu faire avant,
05:42mais vous le faites maintenant, quoi.
05:43Oui.
05:44Ok, mais vous les faites maintenant.
05:46Oui, c'est vrai, donc c'est une déception en demi-teinte.
05:49Est-ce que c'est ça votre plus grande joie, alors ?
05:50Parce que c'est la question d'après.
05:51Oui, ma plus grande joie, c'est d'être publiée.
05:54C'est d'ailleurs de toutes les très belles choses que j'ai eu la chance de faire
05:58et d'avoir ces dernières années que j'ai construites.
06:02Il y a cette impression quand Gérard, mon éditeur que j'adore,
06:07m'a appelée pour me dire qu'il aimait mon texte
06:09et qu'il ne savait pas, en plus, qu'il y avait le compte derrière.
06:12Ça, moi, ça m'a profondément émue.
06:14Je me suis dit que mon texte a été apprécié...
06:16Pour ce qu'il a et pas pour le buzz, quoi.
06:19Et pas pour le buzz.
06:20Après, forcément, je suppose que ça a aidé derrière,
06:23mais l'appréciation du texte a été faite sans...
06:27Vous lui avez envoyé comme ça ?
06:28Oui, par mail, comme ça.
06:30J'avais eu son contact.
06:32Il a lu et vous a rappelé.
06:34Comme quoi, la chance, ça se provoque.
06:36Oui, ça, j'y crois et j'ai eu les larmes aux yeux
06:40quand il m'a appelée pour me dire qu'il aimait mon texte.
06:42J'ai pleuré.
06:43Je rappelle votre roman, quand même.
06:44« J'aime », c'est sorti chez Albin Michel.
06:47Déjà, « J'aime », pourquoi sous-titre ?
06:50J'aimais beaucoup ce titre.
06:51C'est le « like » ?
06:52Oui, c'est vraiment ça.
06:53Déjà, c'est la traduction du « like » sur Instagram.
06:57C'est un titre qui était dans ma liste de titres potentiels dès le début,
07:01mais je n'ai même pas osé y croire.
07:04Enfin, me donner la force de croire à ce titre
07:08parce que je me suis dit que c'est un titre qui est tellement beau,
07:12tellement grand que c'est impossible qu'il n'ait pas été déjà pris.
07:16C'est efficace aussi.
07:17Oui, c'est ça.
07:19J'avais envie d'un titre court.
07:20J'avais envie d'un titre un peu incisif.
07:23Et « J'aime », c'est ça.
07:24C'est à la fois l'unité de mesure du succès sur Instagram,
07:28donc le nombre de « j'aime ».
07:30Et il y a aussi cette idée de relation d'amour, de fascination.
07:35On ne sait pas exactement ce qu'ils lient,
07:36mais deux personnages féminins, ça dépeignait bien ça.
07:39Alors du coup, justement, un petit pitch pour les auditeurs et les auditrices.
07:42Lou, une influenceuse qui domine son univers numérique,
07:46elle est admirée de loin par Diane.
07:48Diane a une espèce de fascination un peu bizarre quand même.
07:52Leur relation va se transformer évidemment très profondément.
07:55Il va y avoir quelques petits éléments
07:59qui vont faire qu'on rentre vraiment dans une relation qui devient dramatique
08:03et qui va très mal finir, sans trop spoiler.
08:08Ce qui m'a marquée, alors vous, vous dites que vous n'êtes pas inspiré
08:10de votre monde d'influenceurs, etc.
08:11Mais la sincérité avec laquelle vous dépeignez ce monde-là quand même,
08:17avec ses travers évidemment, et puis sa face cachée aussi,
08:21ça m'a parlé tout de suite parce qu'on a l'impression
08:23que vous parlez quand même d'une expérience personnelle, Camille Yolande,
08:26même si effectivement l'histoire en elle-même est romancée.
08:29Oui, en fait, c'est ça. L'inspiration, bien sûr, est réelle.
08:33Ce sont des choses que je n'ai pas vécues, mais que j'ai pu observer.
08:37Oui, et plus que ça, je suis allée tirer le fil.
08:40J'ai inventé des situations à partir de choses que j'ai pu observer
08:45lors de certains événements.
08:46Je me tiens un peu à distance des événements d'influenceurs,
08:49parce que je m'y sens rarement moi-même.
08:53Ça me met dans un endroit un peu...
08:56Faux, quoi ?
08:59Je ne dirais pas faux, je dirais un endroit de moi-même
09:01qui ne me ressemble pas, tout simplement.
09:03Et j'avais envie d'aller titiller un peu ça,
09:06parce que forcément, c'est un monde qui est hautement romanesque.
09:09Moi, ça m'est tombé dessus il y a quatre ans et cinq ans.
09:13Oh là là, le temps passe si vite.
09:14Comment ça s'est passé, d'ailleurs ?
09:16Vous avez commencé avec une vidéo ?
09:19Non, pas du tout.
09:20En fait, j'avais écrit un article à l'époque.
09:22Je travaillais comme journaliste chez My Little Paris
09:24et j'avais écrit un article sur des friperies vintage
09:27qui valaient le coup d'être suivies sur Instagram.
09:30Et l'une d'entre elles m'a écrit pour me remercier,
09:32parce que ça avait généré pas mal de trafic sur son site, etc.
09:36Elle m'a dit, écoute, nous, on fait parfois des petites photos
09:39avec des filles qui sont mignonnes, mais pas mannequins officielles,
09:42qui ont envie de prendre un petit café avec nous, etc.
09:45Est-ce que ça te dirait ?
09:47J'ai dit, bah oui, moi, je suis très curieuse.
09:48J'aime bien, c'est rigolo.
09:49J'ai toujours bien aimé faire des photos.
09:51Et on a pris un café, on a pris plusieurs photos.
09:54Le soir même, elle a posté les photos sur son compte
09:56en taguant plein de comptes d'influence, d'inspiration, de style parisien, etc.
10:02Et comme elle m'avait tagué aussi, par effet, de ricochet, en fait.
10:07Je me suis retrouvée le lendemain avec 4000 followers, je pense.
10:09Ça sortait de nulle part.
10:11Et en fait, je m'étais même pas préparée à cette éventualité.
10:13J'y suis allée avec spontanéité dans cette histoire de prendre des photos.
10:16Et ça m'a terrifiée, en fait, pour être honnête.
10:19Je me suis dit, qu'est-ce que je fais ?
10:20C'est 4000 inconnus qui me suivent.
10:21C'est énorme.
10:22Moi, j'étais suivie par 38 personnes, ma famille et mes amis.
10:27Et j'ai un peu paniqué.
10:28Je me suis dit, est-ce que je ferme mon compte ?
10:30Est-ce que je...
10:31Au final, je me suis dit...
10:34Ça vaut le coup d'essayer de voir ce que ça donne.
10:37Qu'est-ce que ça peut donner, en fait ?
10:38Je savais pas, j'avais aucune ambition particulière.
10:40J'étais juste vraiment...
10:42Qu'est-ce que ça peut donner dans ma tête ?
10:45Qu'est-ce que ça peut donner dans la vie ?
10:47Et j'ai continué à faire des photos avec cette fille.
10:48Au fur et à mesure, comme la communauté a augmenté,
10:51ça m'a permis de rencontrer des photographes dont j'admirais le travail.
10:54Et j'avais jamais osé avant, parce que j'avais aucune légitimité,
10:57dans un sens, aller voir des photographes qui shootent des filles magnifiques
11:01et leur dire, j'aime trop ce que tu fais.
11:02Potentiellement, j'aimerais bien essayer de faire des portraits ensemble.
11:06Et comme ça, de fil en aiguille, en faisant des photos...
11:09Ça, pour le coup, je crois que c'est quelque chose que je fais dire à Lou.
11:11En l'occurrence, on a là-dessus un parcours assez similaire.
11:13Enfin, je lui ai fait vivre un parcours similaire au mien.
11:16Et du coup, ce livre, pour venir un petit peu sur Jem,
11:19je rappelle qu'il est sorti chez Albert Michel, votre premier roman.
11:23C'est aussi un message de précaution, en fait.
11:26Alors, j'ai l'impression tant sur l'amitié, en général,
11:28entre deux femmes qui peut être assez particulière.
11:31La sororité, ça n'existe pas tous les jours,
11:34que sur, en fait, les réseaux sociaux eux-mêmes.
11:37Et pour revenir à ce côté aussi,
11:43qui va au cœur de l'intimité sans qu'on la voit vraiment.
11:46Oui, bien sûr.
11:48Pour moi, ce qui est assez fascinant avec les réseaux sociaux,
11:50c'est qu'il y a un côté...
11:52Comment dire ? C'est à la fois un miroir,
11:55mais aussi un miroir à facette.
11:56On ne sait jamais vraiment s'il est déformant, s'il est réel,
11:58si c'est bien la même personne des deux côtés du miroir aussi.
12:03Il y a ce côté un petit peu de...
12:06Qu'est-ce qu'on voit ? Qu'est-ce qu'il nous est donné à voir ?
12:08Est-ce que c'est sincère ?
12:10Forcément, ce n'est pas entièrement de la poudre aux yeux non plus,
12:14parce que je pense qu'il y a toujours une part d'honnêteté et de sincérité,
12:17j'espère, dans les réseaux sociaux.
12:19Après, c'est vrai que forcément,
12:21ce qu'on voit n'est qu'une infime partie de la vie des influenceurs.
12:27Et il y a un vrai danger de confondre la personne et le personnage.
12:31Parce que je pense qu'il ne faut pas oublier que sur Instagram,
12:34on est un peu tous des personnages,
12:36chacun à notre niveau plus ou moins important.
12:38Mais je pense qu'il y a cette vraie mise en scène-là de sa propre vie.
12:42Et donc, il faut libérer la parole là-dessus.
12:44Mais on va continuer cette discussion bien intéressante.
12:47Vous êtes bien sur Sud Radio et nous aussi,
12:48un destin de femme.
12:50C'est un compte-près de panier de l'entrepreneur polyvalent de Camille Yolenne
12:53et son tout premier roman, J'aime, qui est sorti chez Albin Michel.
12:57Vous partez pas trop loin, nous on reste là.
12:58On est avec vous, à tout de suite.
13:08Le groupe Connect présente
13:10Sud Radio, destin de femme, Judith Beller.
13:13Sud Radio, c'est Destin de Femme,
13:15l'émission consacrée aux femmes qui s'incarnent avec force dans leur propre destin.
13:19Aujourd'hui, on est avec Camille Yolenne,
13:20qui est influenceuse, rédactrice et créatrice de contenus à plus de 500 000 followers.
13:24Et c'est pas rien.
13:25Sur Instagram, mannequin, actrice, entrepreneur,
13:27à la tête de sa propre marque de cosmétiques.
13:30C'est Yolenne, puis sans oublier le premier roman,
13:33J'aime, sorti chez Albin Michel.
13:35Bienvenue à vous qui nous rejoignez.
13:38Alors Camille Yolenne, il y a un petit passage que j'ai noté
13:42par rapport à vos deux protagonistes, Diane et Lou.
13:46Il y a une phrase, c'est ce qui est sûr,
13:48c'est que je voulais qu'on soit deux dans cette chute si elle tombait, moi aussi.
13:52Et j'ai l'impression qu'on est comme dans une société
13:55où on a tendance à vouloir tirer les gens vers le bas quand on est en bas,
13:58mais pas tellement vers le haut quand on est en haut.
14:00Qu'est ce que vous en pensez de ça ?
14:02Alors ça, c'est très intéressant.
14:08C'est quelque chose que
14:12j'ai
14:14heureusement pas trop vécu moi,
14:18parce que c'est quelque chose que j'ai réellement pu constater.
14:22Ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup de compétition dans Instagram,
14:25c'est plus ou moins dit,
14:28plus ou moins verbalisé d'une certaine manière.
14:32Et c'est pour ça que c'est un monde avec lequel je prends
14:35un petit peu de distance aussi, parce que je sens qu'à ce niveau-là,
14:38je suis fragile, comme tout le monde, j'ai des insécurités,
14:40j'ai des syndromes de l'imposteur.
14:42Comme beaucoup de femmes.
14:43Comme beaucoup de femmes, effectivement.
14:44C'est important de le dire, leur destin de femme.
14:47Les femmes ont souvent une tendance à croire qu'elles ne sont pas dans la place,
14:50qu'elles se sont elles-mêmes attribuées, qu'elles n'ont rien à faire là.
14:53Et vous parliez de la sororité avant, moi, j'y crois beaucoup.
14:55C'est quelque chose qui est en cheminement.
14:57Il y a particulièrement dans certains milieux...
15:01Parce que quand on pense influenceuse, on ne pense pas à sororité.
15:04Malheureusement, oui. Malheureusement, c'est...
15:06On a l'impression qu'en fait, vous ne l'avez pas vécu de plein fouet,
15:10mais quand même, quand on vous lit, on sent quand même un petit peu de vécu, Camille.
15:13On imagine que ça n'a pas dû être simple quand même tous les jours pour vous.
15:16C'est un métier indéfinissable en même temps, en plus.
15:20C'est complètement indéfinissable.
15:22Déjà, moi, j'ai un vrai problème avec tous les mots qui sont utilisés
15:25pour définir ce métier-là.
15:27Je crois que ce soit influenceur ou je trouve ça très présentueux, en fait,
15:31de dire que notre métier, c'est d'influencer des gens.
15:33En fait, on n'en sait rien.
15:34Est-ce qu'on a vraiment des...
15:35Est-ce qu'on sait si on rentre comme ça dans la tête des gens
15:38et qu'on arrive à leur faire décider ?
15:40A priori, quand vous vendez un produit, ils se vendent derrière.
15:42Ou quand vous parlez d'un sujet qui vous a plu, d'une boutique ou whatever...
15:49Oui, pour moi, c'est plus une notion de partage
15:52qu'une notion vraiment de démarche d'influencer vraiment des gens.
15:57Mais est-ce que vous vous rendez compte que les réseaux sociaux,
15:59ils sont là pour ça, quand même ?
16:00Oui, bien sûr.
16:02Déjà, je pense qu'il y a beaucoup de voyeurisme aussi.
16:05Et je pense que c'est aussi pour ça que...
16:07C'est un peu une règle que je ne suis pas
16:09parce que je n'ai pas envie d'entrer dans cette mécanique-là.
16:12Mais c'est plutôt connu que plus on s'incarne, plus on est disponible
16:16et plus on est transparent vis-à-vis de sa communauté,
16:18plus on est suivi, plus on est aimé.
16:20J'en parlais encore juste avant avec quelqu'un qui a un compte sur les livres,
16:24donc vraiment dédié à la littérature,
16:26qui fait régulièrement des stories face caméra
16:29pour parler de ses coups de cœur littéraires.
16:31Et il me disait que dans la rue, il y a des gens qui le hait,
16:34qui sont « Ah, j'adore ce que tu fais, viens, on se fait la bise, etc. »
16:37Et il est là « Bah non, on appartient un peu au monde d'une certaine manière. »
16:43Et oui, c'est vrai qu'au sein d'Instagram,
16:47moi, j'ai la chance de ne pas...
16:50Les quelques connaissances que j'ai dans ce milieu-là,
16:52je ne ressens que de la bienveillance.
16:54On a plutôt tendance à s'entraider que ce...
16:57Que vous ne fassiez pas partie de ce monde impitoyable
16:59que vous décrivez d'ailleurs dans votre livre.
17:01Bah non, et puis après, encore une fois, c'est romancé.
17:03Si ça se trouve, j'ai moi-même exagéré quelque chose.
17:07Mais je pense d'ailleurs, forcément, j'ai tiré le fil.
17:11Et alors, vous êtes influenceuse, rédactrice, mannequin, actrice, entrepreneur,
17:15et maintenant écrivaine.
17:18Pourquoi tout ça ?
17:19Comment vous faites pour tout gérer en même temps ?
17:21Vous avez le temps de tout faire ou pas ?
17:23Non, j'ai rarement le temps de tout faire.
17:25Et j'aimerais me cloner.
17:27Moi, je pense que c'est mon plus grand rêve, déjà.
17:28Il y a un truc que vous avez envie de faire plus qu'un autre ou...
17:32Bah écrire, c'est sûr que je pense que toutes ces barrières
17:37que j'ai pu faire tomber en moi-même,
17:40avec toutes ces choses que je ne pensais pas forcément faire un jour de ma vie,
17:43d'une certaine manière, on menait à celle-ci, c'est sûr.
17:46C'est quelque chose que je sens.
17:47Et alors, justement, écrire, c'est quand même un process très différent
17:50de tout ce que vous faites d'habitude,
17:51puisque dans tout ce que vous faites, vous êtes très entourée.
17:54Et écrire, c'est s'isoler, quand même.
17:58Donc, c'est un sujet chez vous, la solitude ?
18:02Comment vous faites pour sortir de ce carcan de monde, en fait,
18:05où vous êtes en permanence, pour réussir à vous isoler
18:08et à donner le temps à un parti, à cette écriture, à cette création ?
18:11Eh bien, en prenant l'isolement dans son sens littéral
18:15et en allant sur une île, enfin moi, une île qui a beaucoup compté pour moi
18:18et qui est assez présente dans le livre aussi, c'est l'île de Ré.
18:21J'y suis allée, pareil, un peu sur un coup de tête, en juillet 2021.
18:26Je n'y étais jamais allée.
18:27Je ne savais pas particulièrement à quoi ça ressemblait.
18:30J'avais en tête les paysages de cartes postales,
18:32mais j'étais très intéressée à l'idée d'aller sur une île.
18:35Et c'est la première qui m'est venue à l'esprit.
18:37Et j'ai regardé des photos sur Google Images.
18:40J'ai regardé quel village me plaisait le plus.
18:42J'ai réservé un Airbnb sur un coup de tête et j'y suis allée.
18:44C'était mes premières vacances toute seule.
18:46Et ça m'a fait un bien fou parce que je pense que tous les moments
18:50où j'avais été toute seule avant étaient des moments d'insécurité profonde,
18:55des moments où ça ne me plaisait pas d'être seule avec moi-même,
18:57où je me retrouvais un peu face à mes démons.
19:00Et ce n'était pas du tout agréable comme processus.
19:03Là, ça a été une libération énorme.
19:05Pas parce que j'étais enfermée à Paris, mais c'était le début de...
19:10Je me suis sentie déployée à ce moment-là.
19:12Je me suis dit, là, déjà, tu es dans un endroit où tu ne connais personne,
19:16où tu n'es jamais allée.
19:18Il y avait cette possibilité d'être, comment dire, pas une autre,
19:23mais presque moi-même à un instant T.
19:25Exactement, sans forcément mon passé, sans mon Instagram,
19:28sans toutes ces choses-là qui étaient très prenantes à Paris.
19:32Et alors au sujet un petit peu de la place des femmes et de l'avance de nos droits,
19:37évidemment, le respect, l'égalité, etc.
19:39C'est un sujet pour votre génération et pour toutes les générations,
19:43mais aussi pour celles qui sont plus jeunes et qui vont être amenées à prendre des positions,
19:48de pouvoir aussi plus tard, etc.
19:50Comment est-ce que vous gérez ça ?
19:52Est-ce que c'est un sujet pour vous déjà, Camille Yolaine ?
19:55De militer pour les droits des femmes ?
19:56Oui, bien sûr.
19:57Mais dans votre génération, c'est comment ?
20:00On a envie de savoir un petit peu si c'est autant un sujet
20:02pour les gens qui ont 25-30 ans que pour les gens plus âgés.
20:05Déjà, j'ai l'impression qu'il y a une vraie rupture, ne serait-ce qu'entre les 25 et les 30 ans.
20:09Moi, je sens qu'ayant la trentaine, j'ai l'impression que
20:13quand je regarde et quand je parle avec des amis qui sont plus jeunes,
20:15j'ai pas mal d'amis plus jeunes autour de 23-24 ans,
20:18même si c'est que 6 ans, ça fait déjà un...
20:21Mais c'est presque un gouffre générationnel.
20:23Déjà, elles sont beaucoup plus alertes, elles suivent beaucoup plus de comptes.
20:27Et là-dessus, je trouve que les réseaux sociaux ont un rôle bénéfique et génial à jouer
20:32parce qu'elles sont beaucoup plus connectées à des discours,
20:36à l'héritage de certaines femmes, de certaines grandes figures féministes.
20:39Moi, c'est via Instagram ou via Mona Cholet.
20:42Je ne sais plus que j'ai découvert Gloria Steinem, notamment,
20:44que je n'avais jamais lue avant et je me suis plongée dedans.
20:46Et ça a été un coup de cœur absolu.
20:48Et je me suis dit, c'est quand même super si les réseaux sociaux,
20:51qui peuvent être effectivement vecteurs de grandes insécurités et de jalousie entre femmes,
20:57malheureusement, peuvent aussi, à l'inverse, l'autre côté du pendule,
21:01presque pouvoir apporter autant de cultures, d'opportunités et de richesses sur ces domaines-là, bien sûr.
21:09Et alors, vos principales sources d'inspiration au quotidien, qu'est-ce que c'est, Camille Hélène ?
21:15Mes principales sources d'inspiration ?
21:17Moi, je n'écris jamais aussi, déjà autant et aussi bien.
21:22Je pense que quand je lis beaucoup, je suis une très grande lectrice.
21:25C'était déjà problématique quand j'étais petite parce que mes parents devaient partir en vacances
21:28avec une valise vide, qu'ils savaient qu'elle allait revenir pleine.
21:32Et je pars d'ailleurs pareil, moi, en vacances avec une valise quasiment vide
21:36parce que je sais qu'elle va revenir pleine de livres.
21:38J'adore lire, mes sources d'inspiration, c'est...
21:44S'il y avait une auteure, par exemple, à citer aujourd'hui ?
21:47On l'a déjà citée, c'est François Sagan.
21:50Oui, mais à part elle ?
21:51Évidemment, à part François Sagan, un auteur, dernièrement, que je lis beaucoup.
21:57Moi, j'adore, et je lui dois beaucoup d'ailleurs, j'aime beaucoup David Fuenckenhoff, notamment.
22:01Oui, vous le remerciez, dans vos remerciements pour La Petite Histoire,
22:05vous lui avez envoyé un mail avec le texte, c'est ça que vous me disiez avant-hier ?
22:08Non, avant même d'avoir écrit le roman, en fait.
22:11Je lui avais écrit parce que je l'avais entendu dans un podcast.
22:14Il y avait beaucoup de choses qui résonnaient avec ce que je ressentais moi à ce moment-là.
22:17Et je lui ai écrit pour le remercier pour tout ce qu'il avait pu partager.
22:21Et on a fini par prendre un café.
22:23Il était extrêmement inspirant, d'une accessibilité folle.
22:26Et ça m'a vraiment marqué.
22:29Et en fait, on a un petit peu échangé par mail tout au long de cet été 2021.
22:33Et ça m'a donné l'élan de croire en moi, en mon écriture.
22:38Et je pense d'ailleurs qu'alors que le PDF est dans sa boîte mail depuis deux ans,
22:42il l'a lu seulement là, il y a trois semaines.
22:45D'accord.
22:46Et ça m'a beaucoup touchée d'ailleurs.
22:48Ça permet d'avoir de nouvelles rencontres d'autres cieux, en fait, ce que vous faites Camille.
22:53Oui, bien sûr.
22:54Oui, bien sûr. C'est vrai que je le constate, quel que soit le domaine.
22:59Je le constate sur ma marque.
23:01Je le constate, c'est quand même une immense chance.
23:04Cette espèce de petit V bleu sur Instagram permet de fait,
23:08parce que l'algorithme est conçu comme ça, de remonter directement dans les messages
23:12des gens à qui on écrit.
23:14Donc, comme je suis très spontanée et ça m'arrive assez régulièrement d'écrire à,
23:18je ne sais pas, à des jeunes réalisateurs dont j'ai vu la vidéo
23:22et où j'aime beaucoup le style, leur court métrage,
23:25de leur écrire, de dire j'aimerais trop discuter.
23:28Ça m'est arrivé, ça m'est arrivé avec des auteurs, ça m'est arrivé avec des photographes.
23:34Et oui, je trouve que c'est les réseaux sociaux, c'est une superbe,
23:37si on les utilise bien, c'est une source d'inspiration immense.
23:41Et alors, si vous aviez un souhait pour terminer cette émission, ça serait quoi, Camille Yolen ?
23:46Ce serait que le livre soit lu et ce serait d'en parler, d'en parler avec des lecteurs.
23:50J'ai la chance d'avoir déjà des échanges avec certains et ça me nourrit énormément.
23:57Et un souhait pour vous ?
23:58Un souhait pour moi, de continuer à avoir la force d'écrire et d'écrire le prochain très bientôt.
24:04Vous êtes déjà en cours ?
24:06Je m'isole justement, encore une fois, pas à l'île de Rennes, mais sur une autre île.
24:10Je fais le grand tour des îles.
24:12Vous êtes quoi la prochaine alors ?
24:13C'est Brea.
24:14J'y étais il y a cinq ans déjà et j'avais adoré, j'avais pu y rester.
24:19J'adore la Bretagne, moi j'adore, je suis très très côte ouest, qu'il pleuve, qu'il vente.
24:25Exactement, mais vraiment, voilà.
24:27Et j'y étais il y a six ans et j'avais pu y rester que 24 heures
24:31et c'était une grande frustration, donc là j'y retourne.
24:33Bon, on attend le prochain avec impatience.
24:36En attendant, il y a le premier roman, chers auditrices, chers auditeurs, de Camille Yolen.
24:39Merci d'être venue par des parchemins, par Destin de Femme, c'est un plaisir.
24:43Le livre donc de Camille Yolen, son premier roman est à lire, c'est très intéressant
24:48et c'est bien écrit, ça s'appelle J'aime, c'est sorti chez Albin Michel.
24:52Voilà, chères auditrices, chers auditeurs, vous n'oubliez pas, demain on a rendez-vous
24:55évidemment pour cet excellent À 19h et puis on se retrouve aussi samedi prochain à 13h30
25:00pour un nouveau Destin de Femme.
25:01Merci à Thomas qui réalise pour vous aujourd'hui.
25:03Vous pouvez tout retrouver sur sudradio.fr et puis nos comptes réseaux sociaux aussi.
25:08Évidemment, bisous à tous et puis surtout à demain.

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