La pandémie de Covid-19 a engendré une augmentation drastique de l'activité économique du secteur de la santé mais aussi en concernant l'attractivité des investissements. Qu'en est-il aujourd'hui ? Thierry Scheur, directeur général opérationnel d'Euryale Services, et Mounia Chaoui, directrice associée de Turenne Santé, analysent les enjeux de ce marché.
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00:00Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine. Nous allons nous poser une question aujourd'hui. Comment se porte le secteur de la santé ?
00:11Une question que nous nous sommes déjà posée dans l'émission alors que post-Covid, le secteur connaissait un boom. Qu'en est-il aujourd'hui en 2024, à mi-année 2024 ?
00:22Nous avons le plaisir de recevoir deux experts pour en parler sur le plateau de Smart Patrimoine. Mounia Chahoui, tout d'abord. Bonjour Mounia Chahoui.
00:28Bonjour. Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine. Vous êtes directrice associée de Turenne Santé, Turenne Santé qui est spécialiste du non-côté et Turenne Santé dans le domaine de la santé.
00:37Et nous avons le plaisir d'accueillir également Thierricher. Bonjour Thierricher. Bonjour. Bienvenue également. Vous êtes directeur général de Royal Service, société de gestion immobilière spécialisée dans le secteur de la santé.
00:48Alors nous avons donc deux experts pour nous parler de la santé justement de ce secteur d'activité. Peut-être commencer avec vous Mounia Chahoui. A mi-année 2024 ou presque, peut-on toujours dire que le secteur de la santé reste un des secteurs les plus dynamiques comme on pouvait le voir en France il y a un an et demi par exemple ?
01:10Alors c'est vrai que c'est encore un secteur qui est très dynamique. Depuis le Covid, on a quand même eu aussi notre petite crise dans certains secteurs. Pourquoi ? Parce que les taux d'intérêt ont monté qui faisaient suite à une inflation, notamment une inflation salariale.
01:25Les introductions en bourse se sont arrêtées, donc plus de sorties par l'intermédiaire des introductions en bourse. Par contre, on a certaines sociétés qui ont pu être vendues à des gros industriels et pour des prix très significatifs parce que ces gros industriels avaient accumulé pas mal d'argent pendant la période Covid et donc avaient de quoi acheter des nouvelles sociétés.
01:46On l'a vécu notamment chez Turin de Santé puisqu'on a fait trois sessions industrielles à des gros acteurs du secteur, voilà justement, qui avaient pu s'enrichir pendant la période Covid. Et puis dans le domaine de la santé sur le marché du LBO, donc plus le capital développement transmission, ça va dépendre des secteurs. Il y a des secteurs qui sont très dynamiques, tout ce qui est e-santé, tout ce qui est cybersécurité pour la santé, tout ce qui est dispositif médical.
02:12Puis il y a des secteurs où c'est un peu plus difficile, par exemple tout ce qui est manufacturier, fabrication pour compte de tiers, où là on a souffert de l'augmentation du prix de l'énergie, des augmentations salariales, de l'augmentation des matières premières.
02:25Finalement des mêmes sujets qu'on a pu voir dans l'industrie classique, l'industrie de la santé n'a pas été épargnée quelque part.
02:32Même si elle réalise des marges qui sont meilleures que l'industrie classique, ces marges ont quand même baissé du fait de l'augmentation du prix de l'énergie, de l'augmentation des salaires.
02:42Et du coup ça a eu une influence un peu sur toute la chaîne, c'est-à-dire qu'en général vous êtes fabricant pour compte d'un autre fabricant et ce fabricant-là va avoir tendance à déstocker plutôt qu'à produire par lui-même.
02:53Et donc tout le monde a été un peu affecté sur la chaîne, tout ce qui est fabrication pour compte de tiers.
02:59– Je comprends bien ce que vous dites, peut-être que je caricature, mais vous m'avez parlé d'e-santé, de cybersécurité, donc d'innovation dans la santé,
03:06ou en lien, alors la cybersécurité n'est pas forcément l'innovation, mais proche du sujet innovation dans la santé.
03:11Comparé finalement à l'industrie plus classique, c'est là où on fait la différence aujourd'hui ?
03:16– Alors c'est vrai que ces secteurs-là ont très très bien marché effectivement, parce qu'on l'a vu, il y a beaucoup d'hôpitaux qui ont été affectés par des cyberattaques, etc.
03:25Et donc dans le domaine des technologies de l'information pour la santé, elles se sont beaucoup modernisées, elles ont beaucoup innové,
03:31et ces nouvelles offres ont été vendues aux hôpitaux, aux cliniques, etc.
03:36Sur le dispositif médical, les produits matures marchent aussi très bien, produits matures, produits innovants.
03:43Pourquoi ? Parce qu'on a toujours autant besoin de nouveaux produits de la santé, de dispositifs médicaux pour pouvoir faire la chirurgie en orthopédie, etc.
03:54En pharmacie, alors les médicaments c'est un peu plus dur, parce qu'il y a eu une baisse des prix, la sécurité sociale a baissé certains prix.
04:05Donc les labos pharmaceutiques souffrent un peu, malgré tout c'est un joli secteur avec des nouveaux produits, avec toujours une demande qui est importante en France.
04:17Même question Thierricher, alors là on va parler plus immobilier, vue globale immobilière, deux éléments, enfin un seul élément finalement,
04:24c'est cette hausse des coûts de financement, et puis l'inflation aussi quand même, qui ont pu avoir un certain impact sur certaines de ces pays.
04:31Vous êtes spécialisé dans le domaine de la santé, comment est-ce que vous voyez cette mi-année 2024, comment est-ce que vous analysez ce secteur de la santé ?
04:41Non, je ne vais pas vous dire que tout est rose, tout est facile, parce que dans l'immobilier d'entreprise santé, les trois mots sont importants, il faut les distinguer sûrement,
04:48il faut les conjuguer mais les distinguer, l'immobilier, bon, je ne vais pas nier la situation, forcément il y a eu des replis, il y a eu des difficultés sur le financement,
04:56les taux d'intérêt, etc, donc tout ça a des conséquences. Certes le secteur de la santé s'est comporté comme étant plus résilient que d'autres secteurs,
05:04puisque beaucoup moins cycliques, parce qu'effectivement les demandes ou les besoins sont fondamentaux, donc ça c'est le deuxième aspect.
05:15Le côté exploitant en quelque sorte, les entreprises, effectivement on voit naître des entreprises autour de l'innovation, etc, donc il faut qu'elles se logent ces entreprises,
05:25il faut de l'immobilier autour de tout ça, et puis le secteur de la santé qui a toujours ces deux piliers qui sont absolument fondamentaux,
05:31qui ont été révélés encore davantage, j'allais dire sublimés, le terme est peut-être mal choisi, mais en tout cas on en a vraiment fait quelque chose de beaucoup plus important,
05:41grâce ou à cause du Covid, parce qu'on s'est rendu compte des besoins fondamentaux, et en fait les deux piliers en matière de santé c'est quoi ?
05:47C'est la longévité, donc dans les économies modernes on vit de plus en plus longtemps, tant mieux, mais en quel état ?
05:56Ce qui suppose des solutions d'hébergement pour des personnes dépendantes, pour des personnes handicapées, pour des résidences seniors, etc.
06:04Donc là il y a toute une industrie qui s'est mise en place autour de ça, avec aussi beaucoup d'inspiration qui vient de l'étranger, je pense aux opérations de type co-living,
06:12qu'on voyait assez peu en France, les hôtels hospitaliers qu'on voit très très peu en France, qui là notamment est lié aussi au deuxième phénomène important,
06:20c'est comment on consomme la santé. Donc on la consomme aujourd'hui très différemment d'il y a dix ans, et on la consomme également sûrement très différemment de ce que ce sera dans dix ans.
06:29Et alors ça veut dire quoi, consommer de la santé en 2024 ?
06:32C'est vrai que c'est toujours difficile d'associer ce terme de consommation à quelque chose d'essentiel comme la santé.
06:39Je vais vous prendre quelques exemples, mais il y en a un qui est assez prégnant, c'est notamment tout ce qui est chirurgie ambulatoire.
06:45Il y a dix ans, c'était l'épaisseur du trait quasiment. Aujourd'hui, plus de 60% des actes chirurgicaux se font en ambulatoire.
06:52Ça a des conséquences sur l'établissement. Il doit s'organiser, la logistique, l'équipement est complètement différent.
06:58Donc tout ça, ça crée effectivement une industrie, les besoins sont là, il y a une désadéquation entre l'offre et la demande, et donc il y a un déficit d'équipement extrêmement important,
07:07tant en France que dans nombre de pays assez avancés, dans lesquels déjà nous sommes investis, puisque nous sommes investis dans neuf pays.
07:13— Et ça, l'ambulatoire, c'est quelque part quitter le lieu physique immobilier pour aller effectivement chez le patient ou autre ?
07:21C'est des sujets que regarde un investisseur immobilier ?
07:24— Alors là, dans l'exemple que je prenais, c'est plus aller dans une clinique où vous arrivez le matin, vous ressortez le soir, l'acte chirurgical a été fait.
07:32Mais justement, quand je parlais tout à l'heure des hôtels hospitaliers, alors c'est peut-être encore l'épaisseur du trait, mais c'est symptomatique.
07:39Créer un hôtel hospitalier à côté d'une clinique ou d'un hôpital, ça veut dire que vous vous hébergez la veille, vous repartez le lendemain de votre acte chirurgical.
07:48Vous n'avez pas trop fait la queue le matin à 7 heures du matin avec votre dossier, en étant un peu fébrile quand même, parce que vous allez passer sur le billard.
07:55Et donc tout ça fait que vous vivez mieux cette hospitalisation. — D'accord.
07:58— Évidemment, c'est moins remboursé. Vous n'aurez pas du tout remboursé. Mais pour ceux qui ont les moyens – et il y a un marché, évidemment, pour ça –,
08:04eh bien ça crée là aussi une émulation, ça crée une nouvelle industrie. Mais c'est tout ça qui fait que l'économie de la santé en tant que telle est en pleine évolution,
08:15est en pleine mouvance, et l'immobilier avec, puisque l'immobilier va accompagner tous ces phénomènes.
08:20— On est dans une émission qui s'adresse quand même aux particuliers ou aux conseillers en gestion de patrimoine. Un mot du rendement.
08:25Alors avant que vous me répondiez, je vais rappeler que plus le rendement est élevé, plus le risque est élevé.
08:30Il y a toujours ce rendement en risque à garder en tête. Vous m'avez dit que c'était plus résilient peut-être que d'autres secteurs en termes d'immobilier.
08:38Est-ce que du coup, ça suppose... Enfin comment se comporte le rendement finalement dans le secteur de la santé ?
08:44— Alors il se comporte plutôt bien. Donc effectivement, sur le long terme, on voit une certaine régularité. Alors jamais complètement en échapper.
08:54C'est plutôt dans le bon peloton. Ça, c'est important. Mais encore une fois, ce que l'on vise, c'est plutôt la régularité.
09:01Je pense que le rendement, il faut l'analyser sous deux angles. C'est le rendement immédiat récurrent qui vous verse des revenus.
09:07Ça, c'est effectivement important. Mais c'est aussi la valorisation du patrimoine, du capital. Et pour les épargnants, nous sommes vraiment
09:13très très attachés à cette préservation-là. Pour nous, c'est le premier enjeu. On a 58 000 associés. On peut pas leur dire du jour au lendemain
09:19« Tiens, on a dévalorisé le prix de part parce qu'on a peut-être un peu moins bien géré, on a peut-être un peu moins bien acheté », etc.
09:26Donc on préfère un peu temporiser sur les nouvelles acquisitions, mais bien construire et solidifier cet édifice-là et assurer le rendement
09:34qui est tout à fait correct, bien évidemment, et plutôt dans le haut du panier. — Mounia Chahoui, je voudrais revenir sur... Vous nous avez très bien
09:41écrit au début, effectivement, les différentes tendances dans le secteur de l'immobilier. Et vous avez mentionné effectivement... — La santé.
09:47— Pardon, de la santé. Excusez-moi. On a parlé immobilier, de la santé. Et vous avez notamment mentionné la difficulté qu'on pouvait avoir
09:55notamment à trouver une porte de sortie via des IPOs, ce qui était le cas qu'on pouvait connaître encore il y a quelques années, qui n'est plus le cas aujourd'hui.
10:01Est-ce que ça veut dire qu'on aborde différemment des investissements dans le secteur de la santé aujourd'hui ? C'est peut-être pas forcément lié qu'au secteur de la santé,
10:07d'ailleurs, ce sujet IPO. — Alors c'est pas lié qu'au secteur de la santé, puisque dans les technologies de l'information, c'est pareil. Nous, comment on fait ?
10:14Effectivement, de toute façon qu'on investit dans une société de la santé en innovation, on va avoir tendance à regarder les deux portes de sortie,
10:21qui sont l'introduction en bourse ou la cession industrielle, voire éventuellement un LBO demain si la société devient rentable. Et donc du coup,
10:30à chaque fois qu'on regarde un dossier, on regarde ces trois options-là et on développe la société comme si elle allait faire l'une de ces trois options.
10:37Donc du coup, le fait qu'on puisse sortir par cession industrielle est déjà rassurant et nous a permis de réaliser... En tout cas, chez Turin,
10:46on a réalisé quand même 3 sorties l'année dernière, ce qui est très significatif en cession industrielle sur des multiples très importants. On est de l'ordre
10:52de cette fois la mise. Donc on peut faire des très belles opérations dans la santé en choisissant bien ses actifs et en n'étant pas très loin de la sortie.
11:00Aujourd'hui, c'est ce qu'il faut regarder parce qu'effectivement, relever de l'argent continuellement est assez difficile en ce moment puisqu'il y a moins de fonds de PE,
11:06il y a moins d'argent. Et donc les autres fonds de PE ont moins tendance à réinvestir dans vos sociétés innovantes.
11:13Donc il faut chercher quand même la rentabilité à court terme. On est loin du modèle biotech qu'on peut voir par exemple sur les marchés cotés.
11:21Aujourd'hui, on regarde plutôt ça. Effectivement, de pouvoir concrétiser une cession industrielle à pas trop trop long terme, à 4-5 ans avec un syndicat d'investisseurs
11:31qui peut mener la société du point A jusqu'à sa sortie, si possible. Après, on ne peut pas tout prévoir.
11:37Et en capital développement transmission, c'est-à-dire en LBO, sur des sociétés rentables, ce qu'on va regarder, c'est des sociétés qui sont résilientes,
11:46qui ont un EBITDA qui se transforme très bien en cash, qui ne sont pas sur des rentabilités non plus trop élevées, de peur qu'il y ait des changements en termes de prix aujourd'hui.
11:55Et aujourd'hui, il y a pas mal de sorties qui se réalisent. On a eu l'année dernière un petit peu un blocage sur les sociétés qui était de grosse taille.
12:04Pourquoi ? Parce que les LBO mid large cap ont eu du mal à trouver de la liquidité, à cause de quoi ?
12:10A cause tout simplement de la levée de dettes qui n'était pas facile, du fait de l'augmentation soudaine des taux, des banques qui étaient moins prêtes à prêter, etc.
12:17Aujourd'hui, tout cela est derrière nous. Et je pense que 2024 va être à nouveau une bonne année pour tout ce qui est LBO, notamment LBO mid et large cap.
12:26Alors là, on parle de non-coté dans le secteur de la santé, dans une émission à destination des particuliers ou des CGP. Est-ce que ça fait sens de mentionner un rendement ?
12:35Oui, ça fait sens. Sur le LBO, c'est-à-dire le capital développement transmission, sur des sociétés rentables de la santé, on est aux alentours de 15% net, à peu près, pour les souscripteurs.
12:46Et sur le capital risque, on va être un peu plus haut. On va être de l'ordre de 20% net, mais à une forte disparité entre les fonds.
12:52On rappelle quand même, effectivement, toujours ce couple rendement-risque qui existe, quels que soient les rendements proposés.
12:59Merci beaucoup, en tout cas, Mounia Chahoui, de nous avoir accompagnés dans l'émission, directrice associée de Turen Santé.
13:04Merci également Thierry Scheur, directeur général de Real Services, de nous avoir accompagnés tous les deux. Merci à vous de nous avoir suivis.
13:11On se retrouve tout de suite dans l'œil du CGP.