Jean-Luc Cayez était le paisible concierge d'une résidence de l'Essonne. Toujours prêt à rendre service. Les habitants disaient de lui qu'il avait le cœur sur la main. Jusqu'à cette fin d'été 2005 où les gendarmes sont venus l'interpeller dans sa loge. Soupçonné d'avoir attaqué et tué Audrey Jouannet, une jeune résidente de 24 ans.
Qui est donc ce dissimulateur qui semble si satisfait d'être arrivé à ses fins ?
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 26 avril 2024
Qui est donc ce dissimulateur qui semble si satisfait d'être arrivé à ses fins ?
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00:0014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL, Jean-Alphonse Richard, gardien d'immeubles appréciés mais aussi pervers, diaboliques et retorts,
00:11qui n'avait pas hésité à récupérer un préservatif usagé pour brouiller les pistes après son dernier crime, le viol et le meurtre d'une jeune habitante de son immeuble.
00:21Bonjour, Jean-Luc Cayez était le paisible concierge d'une résidence de l'Essonne, toujours prêt à rendre service.
00:29Les habitants disaient de lui qu'il avait le cœur sur la main, jusqu'à cette fin d'été 2005 où les gendarmes sont venus l'interpeller.
00:36Dans sa loge, soupçonné d'avoir attaqué et tué Audrey Jouanet, une jeune résidente de 24 ans, va alors apparaître la trajectoire de cet homme,
00:45un violeur récidiviste habité par la violence et la volonté de posséder les femmes, un pervers qui a calqué le scénario de son crime sur un épisode de série télé américaine,
00:56un plan d'une ingéniosité machiavélique qui a bien failli fonctionner.
01:01Les enquêteurs et les psychiatres vont longuement s'interroger sur le personnage, qui est donc ce dissimulateur qui semble si satisfait d'être arrivé à ses fins,
01:10pourquoi disait-on de cet homme sans pitié qu'il était devenu inoffensif ?
01:15Question posée à nos invités.
01:17L'affaire Audrey Jouanet, le double visage du concierge.
01:21Moi aussi, je mène mes propres recherches.
01:24Il faut vraiment retrouver le salaud qui a fait ça.
01:27L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers.
01:31A tout de suite sur RTL.
01:4014h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:45L'heure du crime.
01:47Dans l'heure du crime, nous revenons aujourd'hui sur le viol et le meurtre à la fin de l'été 2005 dans l'Essonne d'Audrey Jouanet, une jeune femme de 24 ans.
01:55Une attaque sauvage derrière laquelle va apparaître au fil des jours le visage familier et amical du concierge.
02:02Jeudi 15 septembre 2005, les amis d'Audrey Jouanet sont surpris de ne plus avoir de ces nouvelles.
02:09Les copines devaient pourtant se rappeler pour organiser une sortie, mais Audrey ne répond pas.
02:14Les appels échouent sur sa messagerie.
02:17Audrey travaille normalement à Londres dans un restaurant, mais elle est en ce moment en France.
02:22Elle occupe seule un appartement au deuxième étage du domaine de Gerville, une résidence tranquille assoisie sur Seine dans l'Essonne.
02:31Une des copines se rend sur place, sonne à l'interphone.
02:34Aucune réponse.
02:35Au deuxième étage, les rideaux sont tirés.
02:37La Peugeot 206 d'Audrey est sur le parking, impossible d'entrer dans le logement.
02:43Une voisine, qui a normalement un double des clés, ne retrouve plus le trousseau.
02:47Il a mystérieusement disparu.
02:50Le gardien, Jean-Luc Cayez, est alerté.
02:53Il n'a pas les clés, mais propose de laisser le mot suivant sur la porte.
02:58« Mademoiselle Jouanet, joindre la police municipale à votre retour, inquiétude des proches, signé M. Cayez, le gardien. »
03:0717 septembre, Marie-Antonia Jouanet, la mère d'Audrey, qui habite à une centaine de kilomètres de Soisy-sur-Seine, est alertée de l'absence de sa fille.
03:15Elle arrive à la résidence avec les clés.
03:17Le logement est vide.
03:19Les valises d'Audrey ne sont pas défaites.
03:21Son ordinateur traîne sur le canapé.
03:23Personne dans la chambre.
03:25Marie-Antonia Jouanet quitte les lieux, mais a un pressentiment.
03:30Elle y revient dans la nuit.
03:32Elle regarde sous le lit.
03:33Il y a là le corps nu de sa fille.
03:35« Mais qu'est-ce que tu fais là ? » demande la maman, avant de comprendre qu'Audrey est morte.
03:40À 1h45, la gendarmerie est alertée.
03:44Dimanche 18 septembre 2005, lendemain de la découverte du corps, les légistes indiquent qu'Audrey Jouanet a été étranglée avec un lien.
03:52Des traces sont clairement visibles autour du cou.
03:55Elle présente aussi des échymoses sur les bras et les avant-bras.
03:58Elle s'est défendue.
03:59La victime a été ligotée aux poignets, aux chevilles, baillonnée avec de l'adhésif.
04:04Elle a été violée.
04:05Des traces de sperme sont retrouvées et confiées au laboratoire, tout comme un ticket de caisse sur lequel figure une tâche de sang.
04:12Le 7 octobre, une analyse toxicologique indique que l'organisme de la jeune femme présente des traces de sédatifs, de somnifères,
04:21produits destinés à neutraliser sans doute sa vigilance.
04:26Les gendarmes de la section de recherche de Paris multiplient les auditions auprès des proches d'Audrey.
04:31Sa grande sœur Karine la dépeint comme une fille pleine de vie.
04:35Sa mère la décrit comme une enfant adorable, intelligente, spontanée, qui aime le contact avec les autres.
04:41Les enquêteurs sont intrigués par le comportement du gardien de l'immeuble, Jean-Luc Cayez, 48 ans.
04:48Ce célibataire se met en quatre pour les aider.
04:51Un résident, il a confié qu'il menait sa propre enquête et qu'il fallait vraiment retrouver le salaud qui a fait ça.
04:58Les gendarmes apprennent que le 14 septembre, trois jours avant la découverte du corps, Cayez était soudain invisible.
05:05Les résidents ont tambouriné à la porte de sa loge, mais sans succès.
05:09Les pompiers ont été appelés, ils ont actionné leur sirène.
05:12Le gardien a alors entremâillé sa porte pour indiquer que tout allait bien.
05:16Il n'avait pas besoin d'aide, il était tout simplement fatigué.
05:19Les enquêteurs s'aperçoivent que cet ancien légionnaire a un casier judiciaire chargé.
05:23C'est un violeur, récidiviste, condamné à sept ans de prison en 1984, puis vingt ans pour un deuxième vol en 1991.
05:31En liberté depuis trois ans, sans suivi médical.
05:34Il y a quelques mois, une habitante de la résidence a porté plainte contre lui.
05:38Elle l'avait surpris alors qu'il pénétrait chez elle.
05:4120 septembre, 9h15, Jean-Luc Cayez est interpellé en garde à vue.
05:46Il nie. Après 24 heures d'interrogatoire, tout se complique pour les enquêteurs.
05:51Avec le résultat des tests ADN, le labo leur apprend que le sperme retrouvé sur la victime n'est pas celui du suspect,
06:00mais il appartient à un autre homme, un ADN inconnu.
06:05Et là, on va voir comment les enquêteurs vont réagir à cette nouvelle,
06:09car si l'ADN de Cayez n'est pas celui de la scène de crime, alors le concierge pourrait être mis hors de cause.
06:15Dans la suite de l'émission, on va suivre ces dernières heures de garde à vue qui vont se révéler capitales.
06:21Restons pour le moment derrière les murs du domaine de Gerville, au deuxième étage de cette résidence.
06:27Bonjour Cécilia Catalano.
06:29Bonjour.
06:30Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de L'Horreur du Crime.
06:33Vous êtes réalisatrice en chef chez Tony Committee,
06:37et vous avez réalisé un excellent épisode de l'émission Indices sur cette affaire.
06:42Merci.
06:43J'ai visionné évidemment le calvaire de l'étudiante, c'est l'affaire Jouanet,
06:47l'épisode qui est disponible sur rmcbfmplay.com.
06:53Voilà, si on veut retrouver cet épisode, mais ça vaut le coup d'aller le visionner.
06:57Cécilia Catalano, il y a cette scène, on ne sait pas trop si c'est une scène de crime en fait.
07:03Le corps a été dissimulé sous le lit, on sait qu'il y a une mise en scène en tout cas.
07:07On peut surtout se dire que le coupable, le violeur, celui qui a tué Audrey Jouanet,
07:14a voulu retarder un certain nombre de choses.
07:18Évidemment la découverte de son corps a été retardée comme il a pu,
07:23parce qu'il a pu cacher le cadavre d'une manière incroyable.
07:29Mais effectivement, il a voulu retarder le moment où on allait découvrir son corps.
07:33Il y a quelque chose d'étonnant, c'est qu'il n'y a pas d'effraction.
07:36L'appartement il semble en ordre.
07:39On se dit que c'est quelqu'un qui a les clés, un familier à qui elle a ouvert.
07:44Un familier, un proche, oui.
07:46Déjà c'est souvent le cas dans les affaires de meurtre d'une manière générale.
07:50Et effectivement l'absence de traces d'effraction permet d'orienter vers cette hypothèse.
07:56Alors on verra par la suite qu'en réalité ça fait partie quelque part du mode opératoire et de la mise en scène.
08:03Le corps d'Audrey est nu.
08:05Elle a été violée, on ne va pas rentrer dans les détails parce qu'ils sont assez sordides ces détails.
08:10Pas question de faire ça aujourd'hui.
08:13Le corps d'Audrey est nu et il semble qu'il a été nettoyé.
08:17On a effacé les empreintes partout à cet endroit, même si on retrouve effectivement du sperme.
08:23Effectivement, c'est très méticuleux.
08:27C'est-à-dire que là on peut imaginer qu'on n'est pas dans une pulsion.
08:31Déjà l'absence de traces d'effraction, etc.
08:33On est dans un acte qui a été pensé.
08:37On n'est pas dans un crime a priori d'opportunité.
08:41Un rôdeur, une mauvaise rencontre.
08:44On est dans quelque chose qui a été réfléchi.
08:46Et c'est d'autant plus glaçant car effectivement la pauvre Audrey Rejouanet a vécu...
08:52Un calvaire.
08:53Un calvaire, c'est absolument barbare.
08:56D'ailleurs les légistes vont bien s'apercevoir qu'il y a des traces de coups.
09:01Qu'il y a des blessures qui sont infligées.
09:04On l'a étranglée.
09:06Il y a du sparadrap.
09:07Elle a été manifestement séquestrée.
09:09Il n'y a pas de doute pour les légistes.
09:10Séquestrée et maintenue.
09:13On le vit aussi par celui qui l'a torturée et lui a infligé des sévices véritablement innommables.
09:22Encore une question, Cecilia Catalano.
09:25On est dans une résidence tranquille.
09:27Sois-y sur scène.
09:29C'est un petit immeuble.
09:31Tout le monde se connaît.
09:32Et cette famille Rejouanet d'ailleurs on la connaît.
09:34Puisque ça leur appartient cet appartement.
09:36On se demande ce qui s'est passé.
09:38Parce que personne n'a rien vu, rien entendu.
09:40Personne n'a rien entendu.
09:42Ce n'est pas tout à fait vrai.
09:44Il y a eu des voisins qui ont entendu dans la nuit du 13 au 14 des cris de femmes.
09:50Vers 4h du matin.
09:51Mais ça, ils ne l'ont dit qu'au gardien de l'immeuble.
09:56Évidemment les enquêteurs vont s'en rendre compte.
09:59Mais rien entendu.
10:01Ils l'ont rapporté au gardien de l'immeuble.
10:02Ils ont entendu des cris.
10:03Oui, effectivement.
10:05Dès le lendemain, dès le 14 septembre, des gens ont dit au gardien de l'immeuble
10:09qu'il y avait eu ces cris de femmes à un moment donné.
10:11Et ça, Jean-Luc Caillès ne s'est pas empressé de le dire aux gendarmes.
10:15Alors oui, parce que les gendarmes s'intéressent à ce personnage.
10:18Jean-Luc Caillès, c'est le gardien de la résidence.
10:20C'est le concierge.
10:21Bonjour Maître Laurent-Franck Liénard.
10:23Bonjour.
10:24Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
10:27Vous êtes avocat au barreau de Paris.
10:29Et on vous connaît bien évidemment.
10:31Vous avez de nombreux dossiers en cours.
10:33Vous êtes dans cette affaire l'avocat de la famille d'Audrey Jouanet.
10:38Et notamment de la maman et de sa sœur.
10:41Et puis je cite votre dernier livre.
10:43Avocat des flics publiés aux éditions du Nouveau Monde.
10:46Alors dans cette affaire, ce ne sont pas les flics mais ce sont les gendarmes qui s'occupent du dossier.
10:51Tout de suite, ils s'intéressent à cet homme.
10:54Pourquoi ? Parce qu'il a un profil un peu particulier ?
10:57Alors non.
10:58Ce qui est amusant, c'est que...
10:59Amusant si on peut dire.
11:00C'est que c'est plutôt le gardien d'immeuble qui s'intéresse aux gendarmes.
11:04Il est dans leurs pattes.
11:06Les gendarmes arrivent, commencent à faire leurs investigations, les constatations.
11:09Et le gardien est omniprésent.
11:12Et il va au devant d'eux en leur disant
11:14de toute façon vous allez vous intéresser à moi parce que j'ai un casier.
11:18Ah c'est lui ?
11:19Et donc c'est lui qui dit ça.
11:20Ah bon d'accord.
11:21Et les gendarmes, à ce moment-là, sont un peu interloqués.
11:25Et Kayesse dit oui oui j'ai un casier de violeur.
11:28Et le directeur d'enquête lui répond du tac au tac et assez brutalement
11:33je ne cherche pas un violeur, moi je cherche un tueur ici.
11:36Et tout de suite ils comprennent qu'il y a un truc qui ne va pas.
11:39Il n'y a pas de raison sur une scène de crime avec un mort
11:42que quelqu'un arrive en disant j'ai un passé de violeur donc ça peut être moi.
11:45Il prend les devants.
11:47Parce que de toute façon il sait que le casier va être examiné un jour ou l'autre.
11:51C'est une évidence.
11:52Et ce casier il est chargé Maître Liénard ?
11:54Il est très chargé parce qu'il a deux condamnations pour viol avec acte de torture et de barbarie.
11:59Les deux.
12:00Et dans les deux affaires où il a été condamné quand même assez lourdement
12:05la dernière fois à 20 ans, il ne fait que 12 ans
12:08mais avec un rapport psychiatrique qui dit que la récidive est certaine.
12:11Le rapport est pourmais là-dessus ?
12:13Dans les deux affaires, les deux experts psychiatres qui se sont penchés sur Keyes
12:17ont tous les deux dit la récidive est certaine.
12:19Elle est plus que probable.
12:22Et donc on a un profil qui est quand même vraiment très inquiétant
12:26et c'est vrai que ce gars-là quand il arrive auprès des gendarmes en disant
12:30vous allez vous intéresser à moi, il y a quelque chose qui cloche évidemment.
12:34Mais on comprendra pourquoi il va vers les gendarmes,
12:37c'est parce qu'il pense que les preuves matérielles qu'il a fabriquées lui-même
12:41le dédouanent totalement, notamment l'ADN.
12:43Donc il est tranquille ?
12:44Il est tranquille.
12:45Il affiche un visage tranquille ?
12:46Et il est impatient qu'on fasse la recherche.
12:48Un suspect qui est en garde à vue, l'ADN n'est pas le sien,
12:52les gendarmes vont donc abattre leur dernière carte.
12:55L'affaire Audrey Jouanet, le double visage du concierge,
12:59c'est mieux que vous m'arrêtiez maintenant
13:01car je pense que j'aurais recommencé l'enquête de l'heure du crime.
13:04On se retrouve dans un instant sur RTL.
13:18Heure du crime consacrée aujourd'hui à la mort d'Audrey Jouanet,
13:2124 ans, retrouvée étranglée et violée dans son appartement en septembre 2005 dans l'Essonne.
13:27Le gardien de la résidence, violeur récidiviste,
13:30est en garde à vue trois jours après la découverte du corps.
13:35Mercredi 21 septembre 2005, deuxième jour de garde à vue de Jean-Luc Cayez.
13:40Les gendarmes sont face à un dilemme.
13:42Ils étaient persuadés que le sperme retrouvé sur le corps de la victime
13:46était celui du suspect, mais ce n'est pas le cas.
13:49On a pris un vrai coup de bambou sur la tête,
13:51il nous restait 24 heures pour le faire avouer,
13:54plus beaucoup de temps, sous peine de devoir le libérer,
13:58se souvient un enquêteur dans le journal Le Parisien.
14:00Cayez n'est pas informé des résultats des tests ADN.
14:04On l'interroge sur les découvertes faites chez lui.
14:07Plusieurs paires de gants, des rouleaux d'adhésif entamés,
14:10une longue corde ou encore un livre,
14:12l'étrangleur masqué signé Michael Prescott,
14:15l'histoire d'un criminel sexuel qui entre dans les appartements de femmes et les assassine.
14:20Cayez finit par avouer qu'il a tué Audrey Jouanet.
14:24Il avait tout prévu.
14:25Dans la nuit du 13 au 14 septembre, à 4 heures du matin,
14:29il est monté chez la jeune femme,
14:31il avait le double des clés trousseau volé chez la voisine,
14:34mais la porte était bloquée par la sécurité.
14:37Il l'a frappé en disant « c'est moi, ouvre ».
14:40Audrey est apparue, à moitié endormie.
14:42Il a mis un coup d'épaule, il l'a poussé dans la chambre,
14:45lui a attaché les mains dans le dos, l'a déshabillé et a tenté d'abuser d'elle.
14:49Il était cagoulé, ganté, armé d'un fusil à canon scié et d'un couteau.
14:53Vers 6h15, il a entraîné la jeune femme sous la menace du fusil jusque dans sa loge.
14:59Il l'a gardé toute la journée.
15:01Audrey, qu'il avait reconnue, a été baillonnée.
15:03Il a continué à lui faire subir des sévices quand il a reçu un message d'un résident
15:08demandant pourquoi le courrier n'était toujours pas dans les boîtes aux lettres.
15:12Il s'est demandé « qu'est-ce que je vais faire si je ne la tue pas ? »
15:17C'est la prison, il l'a étranglé avec une corde à sauter.
15:22Jean-Luc Hayez, très bavard, explique avoir pris toutes les précautions
15:25pour ne laisser aucun indice.
15:27Il a tué Audrey Jouanet dans sa loge et non chez elle.
15:30Il a pris soin de lessiver le corps avant de le ramener dans l'appartement.
15:34Pour le sperme masculin retrouvé sur la jeune femme,
15:37il s'est inspiré de la série télévisée américaine NCIS
15:41qui met en scène des experts de police scientifique.
15:44Chargé du local poubelle, il a récupéré quelques jours avant le meurtre
15:48le préservatif usagé d'un résident et l'a congelé avec une seringue.
15:52Il a dispersé quelques gouttes sur le corps de la victime.
15:55Si Hayez avait été libéré à l'issue de sa garde à vue,
15:58le sperme aurait fatalement conduit au voisin,
16:01lequel aurait certainement fait l'objet de toutes les suspicions.
16:04C'est diabolique, quasiment imparable, dit en magistrat.
16:07Suivant les indications de l'ancien légionnaire,
16:10les gendarmes retrouvent dans la scène les vêtements d'Audrey,
16:13des draps, des cagoules, des gants, des liens.
16:16Après ces aveux, Jean-Luc Hayez déclare
16:18« C'est mieux que vous m'arrêtiez maintenant,
16:21car je pense que, malheureusement, j'aurais recommencé de tels actes. »
16:26Jeudi 22 septembre, la juge d'Evry, Catherine Larmigna,
16:29met en examen Jean-Luc Hayez pour viol,
16:32acte de barbarie, récidive et homicide volontaire.
16:35Le procureur Jean-François Pascal se félicite de cette enquête
16:38qu'il présente comme exemplaire.
16:40Il évoque la personnalité complexe et très inquiétante du meurtrier présumé.
16:44Le lieutenant-colonel Jean-Philippe Guérin estime
16:47que Hayez a gravi les hachelons de la dangerosité,
16:50passé de voleur à violeur, puis à meurtrier.
16:54Lors des deux premières affaires de viol,
16:56il avait été reconnu par ses victimes,
16:58mais leur avait laissé la vie sauve.
17:00Là, il a choisi de tuer, précise le gendarme.
17:03Au domaine de Gerville, les résidents sont accablés par ce dénouement.
17:07Tout le monde connaît ici la famille Jouanet.
17:10On est encore abasourdis par l'arrestation de ce concierge
17:13qui s'occupait des fleurs, toujours prêt à rendre service.
17:16Dans les jours qui ont suivi le meurtre,
17:18on l'a vu vaquer à ses occupations habituelles.
17:21Le jour de la découverte du corps,
17:23il m'a dit que les gendarmes étaient chez lui,
17:25car ils avaient trouvé un cheveu blond.
17:27Il se comportait comme si de rien n'était,
17:30alors que c'était lui, jamais froid dans le dos,
17:33commente une habitante.
17:36Jean-Luc Hayez est arrêté.
17:38Il a beaucoup parlé aux enquêteurs, puis face à la juge.
17:40Mais a-t-il tout dit ? Rien de moins sûr.
17:43Et pourquoi ce récidiviste doublement condamné
17:46était-il alors dans la nature ?
17:48On va répondre à ces questions dans la suite de l'heure du crime.
17:52Maître Laurent-Franck Liénard,
17:54vous êtes avec nous dans cette heure du crime,
17:56avocat au barreau de Paris.
17:58Dans cette affaire, vous défendez les intérêts de la famille d'Audrey Jouanet.
18:01On va en parler tout de suite, mais c'est extraordinaire
18:04cette histoire d'ADN.
18:06Il a tout prévu, il a pris un ADN étranger,
18:09retrouvé dans une poubelle,
18:11il l'a congelé,
18:13et il l'a placé sur le corps,
18:15pour aiguiller vers un autre homme.
18:17C'est diabolique, le terme est parfois un peu
18:19très usité, mais c'est diabolique.
18:21C'est totalement machiavélique et très intelligent.
18:23Il ne vole pas l'ADN d'un voisin.
18:27Il vole l'ADN, un préservatif plein,
18:30d'un homme de passage
18:32qui vient voir sa maîtresse,
18:34qui est un homme marié.
18:36Deux fois, il va voler un préservatif.
18:38La première fois, ce préservatif
18:40va être utilisé sur Audrey Jouanet,
18:42mais après le meurtre d'Audrey,
18:44il va voler un deuxième préservatif,
18:46du même sperme, du même homme.
18:48C'est-à-dire que son but
18:50était de tuer les deux femmes,
18:52en mettant dans les deux corps le même sperme,
18:54celui de cet homme de passage,
18:56qui venait voir sa maîtresse.
18:58C'est extraordinaire.
19:00Deux cadavres avec ce sperme.
19:02Il n'aurait pas eu d'alibi,
19:04puisque les deux soirs, il était là.
19:06Et homme marié qui trompe sa femme,
19:08donc menteur invétéré.
19:10Il n'aurait eu comme soutien
19:12que celui de sa compagne,
19:14qu'il venait voir occasionnellement
19:16et qui aurait pu dire qu'il était effectivement là
19:18le soir des faits.
19:20Il était totalement indéfendable, ce garçon.
19:22Et il aurait été condamné sur la base du sperme.
19:24En tout cas, inquiété.
19:26Très inquiété.
19:28Avec de fortes présomptions,
19:30il aurait été condamné
19:32sans pouvoir se défendre utilement.
19:34Puisqu'il y avait deux cadavres,
19:36il y avait deux fois son sperme.
19:38Et c'était machiavélique
19:40de la part de Keyes d'imaginer ça.
19:42C'est tout à fait malicieux.
19:44Il a pu s'inspirer d'une série télé, NCIS.
19:46Il a lu beaucoup de documentations là-dessus,
19:48sur comment truquer un crime, etc.
19:50Mais bon, là,
19:52c'est un cas de figure qui est extrême
19:54et presque réussi.
19:56Cécilia Catalano, vous êtes réalisatrice
19:58en chef chez Tony Comity.
20:00Et je rappelle que vous avez
20:02réalisé un épisode de l'émission
20:04Indice sur cette affaire.
20:06On a quand même le sentiment que
20:08il attendait un peu cette interpellation
20:10Keyes. Il s'est montré au gendarme.
20:12Alors, je ne vais pas dire
20:14qu'il est soulagé. Parce qu'on dit toujours ça,
20:16parfois les gens sont soulagés. Mais il va dire
20:18heureusement que vous m'avez arrêté.
20:20Parce que sinon, j'allais recommencer.
20:22Ça, c'est une fois qu'il a avoué.
20:24Il s'est préparé.
20:26Et il a fallu attendre 24 heures
20:28pour qu'il avoue.
20:30Il a fallu attendre 24 heures,
20:32et je me permets une petite digression,
20:34il a fallu aussi le concours,
20:36l'aide de Marie-Laure Brunel, de l'IRCGN,
20:38qui aujourd'hui est à la tête de la cellule Diane,
20:40qui est la première profaillousse de France.
20:42À l'époque, elle est toute petite.
20:44Elle vient de débarquer à l'IRCGN.
20:46Les experts
20:48de la gendarmerie qui font un travail formidable.
20:50Et elle intervient
20:52sur ce dossier de manière très officieuse.
20:54La cellule n'est pas encore constituée.
20:56Elle regarde, c'est ça ?
20:58Elle est à l'extérieur. Quand les résultats ADN tombent,
21:00est-ce qu'on le relâche ?
21:02Est-ce qu'on ne le relâche pas ? Une garde à vue.
21:04Il y a un temps limité. Est-ce qu'on le relâche
21:06pour après, éventuellement, le réinterroger
21:08avec d'autres éléments ? La question se pose.
21:10Voire même,
21:12les enquêteurs
21:14qui l'auditionnent sont un peu poussés.
21:16On leur demande plutôt de le relâcher.
21:18Et Marie-Laure Brunel va avoir
21:20une idée. Elle a remarqué que
21:22Jean-Luc Hayez a des rapports très conflictuels
21:24avec sa mère.
21:26Une histoire, je ne suis pas psy,
21:28de famille.
21:30On va dire qu'il
21:32a un peu peur de sa mère.
21:34Et depuis le début, il dit toujours
21:36qu'il vous voit, Mlle Jouanet.
21:38C'est le mot sur la porte.
21:40Mlle Jouanet, est-ce que vous ?
21:42Ils vont un peu le pousser
21:44dans ses retranchements en disant que votre mère
21:46dit que vous lui parlez, Mlle Jouanet.
21:48À cette occasion,
21:50vous la tutoyez, Mlle Jouanet.
21:52C'est pas vrai.
21:54Ils vont lui faire croire que sa mère est juste
21:56à côté et qu'ils vont
21:58les confronter.
22:00Entre sa mère et la tôle,
22:02en gros, le mec préfère la tôle.
22:04Et ça, c'est quand même
22:06absolument vrai. Là, il s'effondre.
22:08Il avoue.
22:10Et voilà.
22:12Cet aveu-là,
22:14c'est une science,
22:16c'est un comportement.
22:18C'est évidemment un travail.
22:20Je trouve ça incroyable.
22:22La profileuse a eu l'œil exact.
22:24Elle a eu le flair.
22:26Elle a senti qu'il y avait une faille. Ils se sont engouffrés.
22:28Ça a fonctionné.
22:30C'est extraordinaire.
22:32Maître Laurent Franklinard.
22:34Au moment de ces aveux, Cayesse dit aux gendarmes
22:36« Ok, je vais vous dire, c'est moi. »
22:38Les gendarmes,
22:40ça change tout. Quand il va y avoir des aveux,
22:42on fait venir les gendarmes.
22:44On commence à taper
22:46le procès-rabat.
22:48Et là, Cayesse dit « Mais je vais vous poser
22:50une question. À votre avis, elle est morte quand ? »
22:52Et donc, les gendarmes disent
22:54quand ils estiment l'heure de la mort.
22:56Et il les regarde en rigolant
22:58et il dit « Non, non. Elle est morte
23:00bien plus tard que ça. »
23:02C'est pour vous montrer un peu...
23:04Le degré de sadisme.
23:06Et le profil du garçon.
23:08Le jeu continue.
23:10Alors, question qui m'intrigue
23:12pour vous, Maître Laurent Franklinard.
23:14Il a tout préparé.
23:16Il a tout préparé.
23:18La seringue avec
23:20le sperme, le calcul,
23:22les horaires, la porte, le trousseau
23:24de clé. Il n'est pas mis à l'examen
23:26pour assassinat ?
23:28Il n'y a pas de préméditation ?
23:30On a estimé que le meurtre ne relevait
23:32pas de la préméditation puisqu'il
23:34dit qu'il s'est trouvé un moment
23:36coincé avec sa victime.
23:38Il a quand même eu 18 heures
23:40avec lui
23:42sous son pouvoir.
23:44Et au bout
23:46de 18 heures, il ne sait plus quoi en faire.
23:48Il dit « Si je la relâche, elle va me
23:50dénoncer, donc je vais la tuer. »
23:52C'est donc sans préméditation
23:54qu'il l'aurait tué.
23:56Alors qu'en définitive, on sait très bien
23:58tous que c'était prévu depuis
24:00le départ. Le premier sperme,
24:02il le congèle. Le deuxième, il ne le congèle pas.
24:04Ça veut dire qu'il allait l'utiliser immédiatement
24:06après. Il avait véritablement
24:08ces deux meurtres qui étaient prévus.
24:10Il aurait dû faire l'objet d'une
24:12poursuite pour assassinat.
24:14Et que l'issue était fatale, ça aurait dû être qualifié
24:16un assassinat, je suis bien d'accord.
24:18Jean-Luc Caillès va être réentendu sans
24:20jamais reconnaître certains actes.
24:22L'affaire Audrey Jouanet, le double visage
24:24du concierge. S'il n'était pas sorti,
24:26ma fille serait encore en vie aujourd'hui.
24:28L'enquête de l'heure du crime, le meurtre
24:30de la jeune femme aurait-il pu être évité ?
24:32On en parle dans un court instant. Restez avec nous
24:34sur RTL.
24:36L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard
24:38jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:40L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard
24:42jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:44L'accusé n'a pas exprimé de remords,
24:46a en fait montré plusieurs visages
24:48colériques, arrogants ou pleurants,
24:50parfois comme un petit enfant. Il a été
24:52décrit par les habitants de la résidence comme un gardien
24:54gentil et serviable. Comment
24:56expliquez-vous ces deux personnages ?
24:58Lui a demandé le président. Moi je suis l'accusé,
25:00je ne suis pas l'expert, a-t-il répondu.
25:02Je sais que je ne suis pas un saint.
25:04Et alors ? Retour aujourd'hui
25:06dans l'heure du crime. Sur le viol, la séquestration
25:08et le meurtre d'Audrey Jouanet,
25:1024 ans, en septembre 2005.
25:12Le concierge de la résidence,
25:14Jean-Luc Cayez, violeur récidiviste,
25:16a été rapidement mis en examen.
25:18Des aveux longs, détaillés.
25:20Mais a-t-il vraiment tout dit ?
25:22Vendredi 7 octobre 2005,
25:24trois semaines après sa mise en examen,
25:26Jean-Luc Cayez confirme ses
25:28déclarations devant la juge d'instruction.
25:30Il a tué, mais il nie avoir
25:32donné des somnifères à Audrey, même si
25:34les analyses toxicologiques disent
25:36le contraire.
25:38Il n'a pas pu violer, dit-il, car un
25:40traitement médical l'a rendu sexuellement
25:42impotent. Un médecin conteste
25:44cette affirmation. Le récidiviste
25:46tente encore de minimiser sa responsabilité
25:48en précisant qu'il n'a pas été
25:50violent avec sa victime. Affirmation
25:52réfutée par les légistes.
25:54Ils estiment que les coups ou chocs
25:56relevés sur le corps d'Audrey Jouanet,
25:58traumatisme crânien, traces de défense,
26:00ne peuvent pas s'expliquer
26:02par une simple chute.
26:0426 juillet 2006, lors de la reconstitution,
26:06Jean-Luc Cayez se garde bien
26:08à ne reproduire le moindre geste de violence.
26:10Attitude jugée non crédible
26:12par un médecin présent
26:14à la reconstitution.
26:16Le parcours criminel de Jean-Luc Cayez
26:18est décrypté. En 1984,
26:20il a écopé de sept ans de prison
26:22pour le viol d'une femme de 27 ans sur un
26:24parking de Grigny, dans l'Essonne.
26:26Les psychiatres avaient alors indiqué
26:28qu'il présentait une certaine
26:30dangerosité.
26:32« J'ai toujours été contre le viol et je ne comprends
26:34pas pourquoi j'ai fait cela », avait-il
26:36dit avant son procès, à nouveau
26:38condamné en 1991 pour le
26:40viol d'une voisine. Il est sorti
26:42en 2002. Aucun suivi
26:44thérapeutique prévu à l'époque.
26:46« S'il n'était pas sorti, ma fille serait
26:48encore en vie aujourd'hui. Il était
26:50libre comme l'air alors qu'il était
26:52considéré comme un danger pour la
26:54société et pour nos enfants »,
26:56dira Marie-Antonia
26:58Jouanet.
27:00Et dans cette heure du crime, on retrouve Maître Laurent-Franck
27:02Liénard, avocat au barreau de Paris
27:04et avocat justement de la famille
27:06d'Audrey Jouanet. Maître Laurent-Franck
27:08Liénard, il y a cette
27:10reconstitution du crime.
27:12Comment est-ce que ça se passe ?
27:14Parce que ça, c'est toujours un moment très important
27:16dans la construction d'un dossier.
27:18Alors ça a été très tendu, très très
27:20tendu parce qu'on se retrouve sur des
27:22paliers d'immeubles devant des portes
27:24d'appartements. On est tous les uns
27:26sur les autres et c'est vrai que
27:28les regards sont
27:30terribles. Et il y a
27:32deux faits marquants
27:34pendant cette reconstitution. Le premier,
27:36c'est au moment où l'expert
27:38médical va
27:40expliquer les traces sur le corps
27:42et va dire que ce qu'il a vécu
27:44de la reconstitution ne correspond pas à la réalité
27:46puisque
27:48il y a évidemment des traces
27:50de coups, de violence.
27:52Et là,
27:54Jean-Luc Caillès va s'énerver
27:56très fort. Il va
27:58essayer de se lever, de se projeter vers
28:00le médecin en lui disant
28:02je te tue toi, je te tue. Et donc il va être
28:04tenu par les gendarmes, rassis sur la chaise
28:06mais c'est vrai que là on va avoir
28:08c'est on off
28:10Jean-Luc Caillès. Il peut être très très
28:12gentil, très calme, très souriant
28:14et tout à coup, il devient une bête féroce.
28:16Et c'était très impressionnant à voir.
28:18Ça nous a tous glacés le sang.
28:20Physiquement, il est comment ?
28:22Physiquement, il est très grand, très fort
28:24il était un peu gros
28:26mais il a une très forte corpulence
28:28on ne fait pas le poids.
28:30Vraiment, on ne fait pas le poids.
28:32Et la deuxième
28:34chose qui nous a beaucoup marqué
28:36c'est quand il a fait le geste d'étranglement
28:38on lui donne un mannequin, on lui donne
28:40une corde et il montre comment il a fait.
28:42Donc il va serrer très fort
28:44cette corde, il va serrer le cou du mannequin
28:46et on va sentir qu'il a une
28:48vraie jouissance à le faire.
28:50Et il le fait,
28:52il s'arrête, il souffle
28:54et il dit, non ce n'est pas tout à fait comme ça
28:56et il recommence.
28:58Et il le fait deux fois devant nous.
29:00Et c'est vrai qu'on a tous regardé ça
29:02avec effroi et on s'est dit
29:04ce type-là est véritablement
29:06un monstre. Qu'est-ce qui vous fait dire jouissance ?
29:08Vous avez vu qu'il prenait
29:10du plaisir à refaire ses gestes ?
29:12On voyait très clairement qu'il prenait du plaisir à les refaire.
29:14Très clairement.
29:16Et c'était long, c'était vraiment très long
29:18avec sa corde, il serrait
29:20et on voyait sur son visage
29:22on voyait dans ses yeux qu'il était content.
29:24Je suppose qu'il y a un silence et que c'est assez glaçant.
29:26Un silence de mort.
29:28Dès lors qu'il y a ce genre de scène dans les reconstitutions
29:30il n'y a pas une mouche qui vole.
29:32Cécilia Catalano,
29:34rédactrice en chef
29:36chez Tony Committee, vous avez réalisé un épisode
29:38de l'émission Indices
29:40sur cette affaire, l'affaire Jouanet.
29:42Les gendarmes vont dire
29:44lors de l'enquête, ils vont dire que
29:46cet homme n'a aucun remords.
29:48Ils ont trouvé quelqu'un
29:50qui racontait son histoire
29:52mais qui ne présentait pas de signes
29:54de culpabilité
29:56ou d'empathie.
29:58C'est ce que disent les gendarmes.
30:00C'est ce que disent les gendarmes.
30:02Après c'est...
30:04Jean-Luc Caillès a une particularité,
30:06c'est que c'est un des premiers en France à avoir
30:08bénéficié
30:10de la castration chimique.
30:12Et il l'a demandé
30:14spontanément lors de
30:16sa précédente
30:18peine pour viol.
30:20Après la deuxième condamnation.
30:22Il a été condamné une première fois en 1984,
30:24une deuxième fois en 1990. Il a demandé
30:26ce traitement-là.
30:28Je pense que Maître Linard a raison.
30:30Il y a deux faces chez Jean-Luc Caillès.
30:32Il y a le Jean-Luc Caillès
30:34qui aurait envie de ne pas être un
30:36violeur, manifestement, puisqu'à l'époque
30:38rien ne l'obligeait à prendre ce traitement.
30:40Il y a toute une
30:42verbalisation autour de ça.
30:44Il y a une autre face qui est absolument
30:46glaçante et terrifiante.
30:48Effectivement, cette face
30:50très animale,
30:52très glaçante
30:54de lui, on ne peut pas
30:56se dire que ce type a des remords.
30:58Après il y a aussi la question
31:00dans le détail, on ne va pas
31:02évidemment revenir dans le détail, des horreurs
31:04qu'il a fait subir à cette pauvre Audrey
31:06Joannet. Maintenant,
31:08il y a quand même cette interrogation.
31:10Il y a un truc qui revient, c'est qu'il dit
31:12je n'arrive pas à jouir, je n'arrive pas à avoir
31:14un orgasme, etc. Il y a une espèce
31:16de gradation jusqu'au fait
31:18de tuer. Est-ce que la violence
31:20dont vous parlez, dont il a fait preuve
31:22lors de cette reconstitution
31:24et le plaisir qu'il avait à
31:26animer cette violence physique
31:28et cette jouissance qu'il avait à
31:30animer cette violence physique, on peut se demander
31:32si ça n'a pas remplacé finalement
31:34ses premiers instincts qui étaient des
31:36viols. Mais ça, c'est une problématique qui revient
31:38beaucoup en criminologie.
31:40Je pense que c'est important toujours de
31:42le rappeler. Il y a beaucoup plus de
31:44violeurs en série que de tueurs en série.
31:46Maître Liénard,
31:48il y a une autre petite question.
31:50Il est sorti de prison, ça faisait 3 ans
31:52je crois qu'il était sorti de prison
31:54après sa deuxième
31:56condamnation. Il n'y avait pas de suivi
31:58à l'époque, c'est ça ? Oui, il n'y avait pas de suivi
32:00médical des violeurs.
32:02Et il a bénéficié
32:04de remises de peine qui sont
32:06incompréhensibles. Puisqu'il était condamné
32:08à 20 ans en récidive. Et que vous aviez dit
32:10que les psychiatres avaient dit que... Les psychiatres avaient dit
32:12récidive certaine
32:14et donc
32:16il a eu 8 ans de remise de peine
32:18ce qui est véritablement incompréhensible.
32:20On a vu qu'il avait
32:22changé de lieu de détention
32:24et à chaque fois qu'il changeait de lieu de détention, il avait une nouvelle remise
32:26de peine
32:28sans comptabiliser celle qu'il avait déjà
32:30eue. Donc au fur et à mesure
32:32qu'il changeait de prison, sa peine
32:34se réduisait. C'était
32:36dramatique. C'est étonnant. Étonnant et dramatique.
32:38Et avec
32:40Mme Jouanet, nous sommes allés au Place Vendôme
32:42nous sommes allés interroger le ministère de la Justice
32:44sur cette érosion de peine
32:46et la réponse qui nous a été faite c'est que
32:48il fallait faire sortir les gens de prison parce qu'on
32:50ne les tenait pas en prison.
32:52C'est une réponse commune.
32:54On appréciera. Mais ça ne nous a pas véritablement satisfait
32:56vous imaginez. Je suppose. Et notamment
32:58la maman d'Audrey. Trois ans
33:00après le meurtre, Jean-Luc Cayez va se
33:02retrouver aux assises.
33:04L'affaire Audrey-Jouanet, le double visage
33:06du concierge. Tout ce que raconte
33:08M. Cayez est faux. Cet homme distille
33:10le mal. L'enquête
33:12de l'heure du crime. On se retrouve dans un instant sur
33:14RTL.
33:1614h30, 15h30
33:18L'heure du crime sur RTL
33:2014h30,
33:2215h30
33:24L'heure du crime sur RTL
33:26Jean-Alphonse Richard. Au programme
33:28aujourd'hui de l'heure du crime, le viol, la séquestration
33:30le meurtre en 2005 dans
33:32l'Essonne d'Audrey-Jouanet, 24 ans.
33:34Le concierge de la résidence et
33:36violeur récidiviste Jean-Luc Cayez
33:38a avoué les faits trois ans plus tard.
33:40Il est jugé.
33:42Mercredi 14 mai 2008
33:44Jean-Luc Cayez, 50 ans, silhouette
33:46massive, petites lunettes rondes, longs
33:48cheveux blancs retenus par un catogan
33:50est devant la cour d'assises de l'Essonne
33:52à Évry. Il s'insurge contre
33:54la présence de sa mère, malade, citée
33:56comme témoin. Il met un coup de poing
33:58dans la vitre du box. Cayez est
34:00interrogé sur son passé judiciaire et les
34:02viols de deux premières femmes.
34:04« Vous n'analysez jamais
34:06vos actes ? » demande le président.
34:08« Ça vient dans ma tête et ça
34:10repart. C'est une obsession » répond
34:12l'accusé. Le président dit avoir
34:14l'impression qu'il existe chez cet homme deux
34:16personnages qui cohabitent. « Une
34:18personne sympathique » dit le magistrat
34:20« et derrière le monstre »
34:22renchérit aussitôt Jean-Luc Cayez.
34:24Un des psychiatres qui l'a examiné évoque
34:26un individu qui a un besoin permanent
34:28d'être au centre de toutes les attentions.
34:30Laurent-Franck Liénard,
34:32avocat de la famille Jouanet, affirme
34:34« On a senti qu'il prenait du plaisir
34:36pendant l'instruction comme si l'arrestation,
34:38l'enquête, le procès
34:40faisaient aussi partie de sa
34:42jouissance. »
34:44Jean-Luc Cayez reconnaît le meurtre d'Audrey
34:46Jouanet, sauf les actes de violence
34:48et de torture. Il égrène soudain
34:50une confidence qui a tout d'une
34:52provocation. Audrey, qui
34:54était sa prisonnière, lui aurait dit
34:56qu'il lui rappelait son père.
34:58« Vous m'avez demandé de dire la vérité ?
35:00Eh bien, la voilà la vérité ! » s'exclame-t-il.
35:02La sœur de la victime quitte la salle,
35:04l'avocat de la famille s'insurge.
35:06Selon lui, tout ce que raconte
35:08Cayez est faux. Cet homme
35:10distille le mal. 16 mai,
35:12après trois heures et demie de délivérer,
35:14Jean-Luc Cayez est condamné au maximum,
35:16perpétuité,
35:18avec une peine de sûreté de 22 ans.
35:20La salle applaudit. Le condamné
35:22fait deux doigts d'honneur
35:24au public.
35:26Et dans cette heure du crime,
35:28on retrouve l'un de nos invités. C'est Maître
35:30Laurent-Franck Liénard, avocat dans cette
35:32affaire de la famille d'Audrey Jouanet. Je l'ai dit,
35:34vous êtes à ce procès, Maître Liénard.
35:36Quel climat règne sur cette audience ?
35:38D'abord, je voudrais savoir, vous l'aviez vu
35:40à la reconstitution, cet homme, cet accusé.
35:42Est-ce qu'il a changé entre cette
35:44reconstitution et cet homme qui
35:46se présente devant la cour d'assises ?
35:48Entre la reconstitution et la cour d'assises,
35:50il ne change pas. Mais le public
35:52ne l'avait pas vu à la reconstitution.
35:54Le public, ce sont les
35:56gens qui vivaient dans cette résidence, qui avaient l'habitude
35:58de côtoyer Jean-Luc Cayez,
36:00très propre sur lui, très bien
36:02habillé, toujours gentil,
36:04toujours souriant. Et quand ils ont vu rentrer
36:06Cayez dans le box, c'était
36:08un autre homme. Il avait effectivement
36:10les cheveux longs, il avait un regard dur,
36:12il était
36:14plus proche du monstre que l'on
36:16décrit, que du gentil
36:18gardien d'immeuble. Et c'est vrai qu'il y a
36:20eu un moment d'effroi auprès de ces
36:22résidents, qui se rendaient compte tout à coup
36:24que ce n'était pas le même homme,
36:26et que celui qui les avait côtoyés
36:28comme gardien d'immeuble gentil,
36:30c'était juste un uniforme
36:32pour le boulot, entre guillemets.
36:34Mais que sa vraie personnalité, c'était
36:36celle du boxe.
36:38Il essaie de dire, je n'ai pas été violent, etc.
36:40Il tourne un peu autour du pot, puis après
36:42il va jouer avec
36:44le sadisme aussi. En fait, il a joué avec nous
36:46pendant trois jours d'audience, comme il avait joué
36:48pendant l'instruction, comme il a dû jouer
36:50avec Audrey, et c'était insupportable.
36:52Véritablement insupportable.
36:54Il hurle qu'il ne peut pas
36:56bander,
36:58il hurle ça de manière
37:00très familière
37:02à la limite de l'insulte,
37:04et on a dans le dossier
37:06l'expertise qui dit qu'il a des fonctions érectiles
37:08normales. Il n'a pas de difficultés,
37:10ce garçon, mais il est
37:12prêt à vous crier dessus
37:14qu'il ne peut pas bander, qu'il ne peut pas tuer,
37:16qu'il est gentil,
37:18et si on ose s'opposer à lui,
37:20il devient extrêmement violent, effectivement.
37:22L'histoire du témoignage de sa mère,
37:24il s'est mis à hurler
37:26comme une bête féroce, il tapait dans le boxe.
37:28Il a fallu que les gendarmes
37:30le retiennent.
37:32Il a joué véritablement à la comédie
37:34pendant trois jours, et c'était
37:36un peu détestable.
37:38Cécilia Catalano, rédactrice en chef chez Tony Comity,
37:40vous avez réalisé un épisode
37:42de l'émission Indices
37:44sur cette affaire. Le verdict,
37:46il n'y a pas de surprise pour Cahiers ?
37:48L'histoire, elle était déjà écrite ?
37:50Le verdict, il est juste aussi.
37:52On est quand même sur un violeur
37:54multirécidiviste.
37:56Au-delà des atrocités
37:58qu'il a fait vivre à Audrey,
38:00encore une fois,
38:02rappelons-le, c'était une jeune femme de 24 ans,
38:04une chouette fille,
38:06souriante,
38:08très chaleureuse,
38:10qui n'a eu de cesse
38:12de faire preuve d'humanité
38:14vis-à-vis de lui.
38:16Elle l'avait même défendue dans le cadre
38:18du...
38:20Je crois qu'il s'était introduit
38:22chez une voisine.
38:24Une voisine avait porté plainte.
38:26On a vraiment,
38:28s'il s'en est pris à elle,
38:30s'il s'est pris
38:32à une jeune femme
38:34qui avait été agréable
38:36avec lui.
38:42Et donc,
38:44effectivement, ce verdict, il est absolument
38:46sans surprise. Maître Lienard, il dit
38:48qu'il prend du plaisir, c'est vrai
38:50qu'il y a cette ambiguïté,
38:52effectivement, où il est toujours dans ce
38:54registre, finalement.
38:56Dès le début du procès, il a demandé
38:58la perpétuité. Il a demandé à être condamné
39:00au maximum. Lui.
39:02Les premiers mots, c'était pour demander
39:04à être condamné au maximum. Donc, la question
39:06du verdict ne se posait quasiment pas
39:08parce qu'il assumait parfaitement la
39:10culpabilité et
39:12il disait lui-même que s'il
39:14ressortait, il recommencerait.
39:16Donc, c'était assez clair pour les jurés
39:18que l'issue serait
39:20condamnée peut-être au maximum. En revanche,
39:22la manière de faire est vraiment
39:24déroutante et détestable,
39:26notamment lorsqu'il dit
39:28qu'Audrey, alors qu'elle était
39:30sous la contrainte d'une arme,
39:32les pieds, les mains liées
39:34sous les coups,
39:36sous les tortures sexuelles,
39:38lui aurait dit, tu me fais penser à mon père.
39:40Son père qui était décédé
39:42quelques années auparavant.
39:44Ça, c'est véritablement de la souffrance
39:46infligée vraiment gratuitement
39:48et le fait de le dire
39:50comme ça,
39:52c'est encore distillé
39:54un peu de souffrance et je pense que
39:56véritablement, il prend plaisir à faire souffrir les gens.
39:58Un mot sur les victimes aussi, collatérales,
40:00c'est-à-dire la famille, comment est-ce
40:02qu'elles ont vécu tout ce procès ?
40:04Ce procès, ça a été une...
40:06Parce que tout est dit au procès, aux assisins.
40:08Tout est dit, sauf
40:10la réalité des faits, puisqu'il nous l'a
40:12caché. Il n'a pas dit
40:14les violences, il n'a pas dit les coups,
40:16il n'a pas dit les somnifères, il a refusé
40:18de dire plein de choses alors que
40:20tout ce que lui demandait la famille, c'était
40:22dites-nous ce que vous lui avez fait.
40:24Dites-nous la vérité. Est-ce qu'elle a souffert ? Est-ce qu'elle n'a pas souffert ?
40:26On a besoin de savoir ça.
40:28Et là-dessus, il ne nous a pas répondu. Il nous a répondu
40:30par cette phrase,
40:32tu me fais penser à mon père.
40:34Pour la famille, ça a été
40:36un deuxième crime. Le premier crime,
40:38c'était la mort d'Audrey et le deuxième crime,
40:40c'était ces trois jours d'audience
40:42qui étaient dramatiques,
40:44c'était terrible.
40:46Le condamné retrouve une prison dont il ne sait pas s'il
40:48en sortira un jour.
40:50L'affaire Audrey-Jouanet, le double visage du concierge.
40:52J'aurais aimé savoir pourquoi
40:54il a fait ça.
40:56L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
41:08Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Audrey-Jouanet
41:10violée, séquestrée, tuée
41:12à l'âge de 24 ans en septembre 2005
41:14dans l'Essonne, le violeur
41:16récidiviste et concierge de l'immeuble
41:18a écopé de la perpétuité trois ans
41:20plus tard.
41:2216 ans après la condamnation de Jean-Luc Cayez,
41:24ce dernier est toujours en prison.
41:26Lors du procès, son avocat,
41:28Maître Jacques Bourdet, avait indiqué que son client
41:30allait être condamné,
41:32mais qu'il méritait d'être réintégré
41:34dans la communauté des hommes.
41:36La famille d'Audrey-Jouanet
41:38vit depuis des années avec cette tragédie.
41:40Après le procès,
41:42la maman Marie-Antonia Jouanet
41:44confiait
41:46« J'aurais aimé savoir pourquoi il a fait ça »,
41:48ajoutant « J'ose espérer
41:50qu'il ne va pas sortir ».
41:52La justice a fait son travail,
41:54c'est ce que j'attendais, bien sûr,
41:56qu'il ne puisse pas recommencer.
41:58Maintenant, j'ai essayé de faire mon deuil,
42:00si on peut appeler ça comme ça.
42:02Et je pense souvent à ma fille,
42:04qui a dû vivre à Calvaire pendant 15 heures,
42:06les derniers jours d'une petite jeune fille de 24 ans,
42:08les dernières heures.
42:10C'est assez difficile pour moi.
42:12La maman Marie-Antonia Jouanet,
42:14la mère d'Audrey,
42:16s'était sur RTL,
42:18et c'était juste après le verdict
42:20de la condamnation
42:22de Jean-Luc Cayez.
42:24Maître Laurent-Franck Liénard,
42:26vous l'avez accompagné, cette famille,
42:28pendant une bonne partie de l'instruction,
42:30et puis ensuite, pendant tout ce procès,
42:32avec évidemment la maman,
42:34et puis la sœur
42:36de la victime.
42:38Aujourd'hui, vous avez encore des contacts ?
42:40Elles portent toujours ce deuil
42:42et ce poids de cette affaire ?
42:44Elles porteront toujours le cercueil de leur fille.
42:46Vous savez, le vrai cercueil des morts,
42:48c'est le cœur des vivants.
42:50Chaque jour, elles y pensent.
42:52On n'a plus de contacts,
42:54parce que
42:56je représente
42:58cette aventure judiciaire
43:00pour elles.
43:02Les familles qui sont très endeuillées,
43:04souvent, prennent beaucoup de distance avec leurs avocats.
43:06Ce qui est normal, parce qu'à un moment,
43:08il faut tourner la page.
43:10Je ne vais pas vers elles,
43:12je pense à elles souvent,
43:14parce que je les laisse vivre leur deuil.
43:16Cette émission est dédiée
43:18à Audrey Jouanet, parce que c'est la seule victime
43:20dans cette affaire, avec sa famille,
43:22mais il n'y en a pas d'autres.
43:26Cécilia Catalano,
43:28rédactrice en chef chez Tony Committee,
43:30on a suivi le parcours de cet homme,
43:32Jean-Luc Cayez.
43:34Est-ce qu'il recommencerait peut-être ?
43:36Est-ce qu'il y avait d'autres cibles possibles ?
43:38On a dit qu'il avait préservé
43:40de l'ADN pour agir à nouveau.
43:42Tout à fait.
43:44C'est Maître Yénard,
43:46on a parlé tout à l'heure.
43:48Il avait récupéré
43:50un deuxième préservatif usagé
43:52dans les poubelles de l'immeuble
43:54et il comptait s'en servir
43:56très bientôt, car
43:58contre une autre habitante de l'immeuble
44:00qui était,
44:02et ça c'est vraiment,
44:04pour moi c'est un deuxième crève-cœur,
44:06c'était la véritable victime de Jean-Luc Cayez.
44:08En réalité,
44:10Jean-Luc Cayez, celle sur laquelle
44:12il fantasmait réellement,
44:14c'était une hôtesse de l'air qui est dans l'immeuble,
44:16qui avait cette amant,
44:18c'est bien ça,
44:22et c'était elle
44:24sa cible principale.
44:26Sa première cible.
44:28C'est un peu,
44:30en relisant le dossier,
44:32en refaisant le match, d'une certaine manière,
44:34ce qu'on comprend,
44:36c'est qu'Audrey Jouanet, c'était la répétition
44:38avant
44:40ce passage à l'acte
44:42qui réellement était son
44:44climax à lui.
44:46C'est assez terrible.
44:48Tout à l'heure vous parliez de la préméditation qui n'a pas été retenue.
44:50C'est vrai que dans ce contexte-là,
44:52moi j'ai du mal à
44:54comprendre aussi...
44:56Pourquoi la préméditation ?
44:58C'était évidemment pour assassinat qui devait être renvoyé
45:00devant une cour d'assises, je pense.
45:02Mais bon, ça c'est une autre histoire et la justice
45:04a tranché.
45:06Donc il y avait peut-être ces autres cibles.
45:08Est-ce qu'il était
45:10impossible à détecter
45:12Jean-Luc Caillès une fois sorti de prison ?
45:14Je rappelle qu'à l'époque il n'y avait pas de suivi
45:16judiciaire.
45:18On laissait sortir les gens comme ça.
45:20Est-ce qu'aujourd'hui ça serait possible encore ?
45:22Aujourd'hui,
45:24on mettrait du suivi socio-judiciaire,
45:26on mettrait des obligations de soins,
45:28on mettrait pas mal de choses dessus,
45:30mais ça n'empêche
45:32pas la récidive, ça n'empêche pas les nouveaux
45:34passages à l'acte.
45:36Les gens qui ont des personnalités comme ça sont
45:38extrêmement difficiles à cadrer, à canaliser
45:40autrement que par la détention.
45:44La détention sert à ça, la détention sert
45:46à extraire ces gens de la société
45:48de manière à ce qu'ils ne fassent pas de mal,
45:50parce qu'ils ne sont pas...
45:52Nous ne sommes pas en capacité
45:54de nous défendre contre ces gens-là,
45:56qui passent à l'acte de manière totalement
45:58imprévue,
46:00imprévue pour eux,
46:02pour nous, pas pour eux.
46:04Eux, ils ont leur calendrier qui n'est pas le nôtre
46:06et c'est très très difficile
46:08de se protéger de ce type de personnalité.
46:10Cecilia Catalano,
46:12il voulait absolument faire parler
46:14de lui, Cahiers.
46:16Il y a ce côté mégalomaniaque aussi
46:18qui est apparu. Les psys le disent,
46:20il veut être au centre du jeu.
46:22Effectivement, et je pense que c'est aussi
46:24pour ça qu'il a du mal à reconnaître certains
46:26actes, et notamment les actes de torture.
46:28Il y a une notion narcissique
46:30très forte,
46:32il est très égocentré,
46:34et donc reconnaître des actes
46:36de torture, ça provoquerait
46:38un effondrement
46:40narcissique
46:42qui serait trop fort pour lui.
46:44Je voulais juste compléter ce que disait
46:46Maître Lénard, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
46:48ce qui n'est plus possible,
46:50c'est d'embaucher un gardien d'immeuble
46:52sans avoir accès à son casier judiciaire.
46:54Ce qui était le cas, à l'époque,
46:56dans le privé. Dans tout ce qui était
46:58office HLM,
47:00on demandait le casier judiciaire.
47:02Un gardien d'immeuble, il a quand même accès aux clés.
47:04Il a quand même accès à beaucoup de choses dans un immeuble.
47:06Effectivement, ce drame,
47:08le calvaire d'Audrey,
47:10aura au moins permis ça.
47:12Cette profession-là,
47:14qui est quand même une profession pour quelqu'un
47:16qui a un potentiel de récidive.
47:18Maintenant, il y a quand même
47:20des vérifications qui sont faites.
47:22Parce que Cécilia Catalano,
47:24à l'époque, ça a fait beaucoup de bruit, cette histoire.
47:26Notamment sur la récidive, etc.
47:28Il y a beaucoup de dossiers.
47:30Je crois que les pouvoirs publics
47:32s'en sont emparés.
47:34Effectivement, par rapport aux remises de peine,
47:36ça a aussi permis
47:38de changer la loi en termes de législation
47:40pour les recrutements.
47:42Ce qui est un enjeu majeur
47:44dans la détection et dans le suivi
47:46des auteurs de violences sexuelles.
47:48C'est plutôt positif, parce que les choses ont quand même
47:50fini par évoluer.
47:52Maître Laurent-Franck Liénard,
47:54la maman, elle dit
47:56j'aurais aimé savoir pourquoi il a fait ça.
47:58On a l'impression d'entendre ça cent fois
48:00dans les bouches des familles de victimes.
48:02Et on comprend, évidemment. Pourquoi ?
48:04Pourquoi ? La réponse lui a été confisquée ?
48:06Oui, la réponse lui a été confisquée.
48:08Ces victimes, elles ont besoin de sens.
48:10Elles ont besoin de réponses,
48:12de réponses très concrètes,
48:14de manière à pouvoir tourner la page et avancer.
48:16Et tant qu'elles n'ont pas pu tourner la page,
48:18elles partent avec leur douleur.
48:20Et cette famille, elle est partie avec sa douleur.
48:22Merci infiniment, Maître Laurent-Franck Liénard
48:24et Cécilia Catalano
48:26d'avoir été aujourd'hui les invités de l'heure du crime.
48:28Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef
48:30Justine Vigneault, préparation Marie Bossard,
48:32Marie-Lou Goyer, réalisation Nicolas Gaudet.