Il y a vingt ans, dans la nuit du 6 au 7 avril 2004, Jonathan Coulom, un petit garçon de dix ans et demi disparaissait d'un centre de vacances de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique. Emporté sans un bruit par un inconnu. Six semaines plus tard son corps était retrouvé dans un étang. L'enquête va se concentrer sur un crime à caractère sexuel. Celui d'un pédophile. Un prédateur qui aurait repéré sa proie avant de passer à l'acte. Un meurtrier d'expérience tant le scénario semble parfaitement millimétré.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime du 02 avril 2024 avec Jean-Alphonse Richard.
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00:00 -14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL. Jean-Alphonse Richard.
00:06 -C'est une petite lueur d'espoir pour que je puisse faire mon deuil,
00:10 avoir un visage et un nom.
00:12 J'ai besoin de ça et de savoir ce qu'il lui a fait.
00:15 Je veux savoir s'il lui a fait du mal, s'il l'a fait souffrir.
00:19 Tourner la page, me dire que la personne qui a fait ça à mon fils
00:23 va payer pour ce qu'il a fait.
00:25 -Bonjour. Il y a 20 ans, dans la nuit du 6 octobre,
00:30 le 7 avril 2004, Jonathan Coulombe, un garçon de 10 ans et demi,
00:34 disparaissait d'un centre de vacances à Saint-Brévin-les-Pins,
00:38 en Loire-Atlantique.
00:39 Emporté en pleine nuit par un inconnu,
00:42 son corps sera retrouvé 6 semaines plus tard dans un étang.
00:45 L'enquête va se concentrer sur un prédateur sexuel
00:48 qui aurait repéré l'enfant avant de passer à l'acte,
00:51 un meurtrier d'expérience, tant le scénario semble millimétré.
00:55 Les investigations vont s'étirer en longueur
00:58 avant qu'apparaisse la silhouette d'un criminel allemand,
01:01 le dénommé Martin Ney, un éducateur condamné
01:04 pour 3 meurtres d'enfants, des meurtres qui ressemblent
01:07 de façon troublante à celui de Saint-Brévin-les-Pins.
01:10 Il nie, mais il va être mis en examen.
01:13 Que dit-il dans sa longue confession au juge français ?
01:16 Qu'a-t-il raconté sur sa vie et ses obsessions à une psychiatre ?
01:20 Sera-t-il renvoyé aux assises ?
01:22 Réponse avec nos invités.
01:24 L'affaire Jonathan Coulombe, le suspect n°1,
01:27 s'appelle Martin Ney.
01:28 Cette affaire ressemble au meurtre du Schwarzmann en Allemagne.
01:32 Même mode opératoire, même signature.
01:35 L'enquête de l'heure du crime,
01:37 la seule émission radio 100 % fait divéra,
01:39 tout de suite sur RTL.
01:54 -Dans l'heure du crime, les 20 ans de l'affaire Jonathan Coulombe,
01:57 au printemps 2004, ce petit garçon disparaît en pleine nuit
02:01 d'un centre de vacances dans une station du littoral atlantique.
02:04 La fugue, envisagée et rapidement exclue,
02:07 pour laisser place à un scénario criminel.
02:10 Mercredi 7 avril 2004, peu avant 9h,
02:13 les gendarmes de Saint-Brévin-les-Pins,
02:16 station balnéaire de la Côte de Jade, en Loire-Atlantique,
02:19 sont alertés de la disparition d'un petit pensionnaire
02:23 dans une station de vacances.
02:24 Au réveil, ses camarades de chambre et un éducateur
02:27 ont trouvé son lit vide. On l'a cherché partout, sans succès.
02:31 Le garçon s'appelle Jonathan Coulombe, 10 ans et demi.
02:34 Il est arrivé il y a une semaine à Saint-Brévin,
02:37 accompagné d'autres écoliers de la région de Bourges.
02:40 Il a disparu, seulement vêtu de son pyjama,
02:42 ses chaussures, ses chaussettes, ses pantoufles.
02:45 Toutes ses affaires sont restées sur place.
02:48 Jonathan, dormait dans une chambre du rez-de-chaussée,
02:51 pas bien. Le verrou est cassé depuis des jours.
02:54 Les parents, Virginie et Stéphane Coulombe,
02:56 sont sur place dans la journée.
02:58 Jonathan n'a rien d'un fugueur pendant des jours.
03:01 Les gendarmes, les militaires, les pompiers cadrillent le terrain.
03:05 Un camping est exploré, une petite forêt de pins ratissée.
03:08 Pas moins de 480 automobilistes contrôlés,
03:11 mais aucune trace du petit garçon.
03:13 Mercredi 19 mai, 6 semaines après la disparition,
03:17 un corps est découvert peu après 20h30,
03:20 flottant entre deux eaux dans un étang privé,
03:23 sur la presqu'île de Guérande,
03:25 à une trentaine de kilomètres de Saint-Brévin.
03:27 C'est un résident du domaine, le manoir de Porte Calon,
03:31 qui a prévenu les gendarmes.
03:33 Il avait aperçu cette forme quelques jours auparavant,
03:36 mais avait cru qu'un animal était dans l'eau.
03:38 Il s'agit bien du corps de Jonathan Coulombe,
03:41 immergé selon un rituel sadique.
03:43 L'enfant était totalement déshabillé.
03:45 Des cordelettes de nylon enserrent ses chevilles,
03:48 ses poignets et son cou afin de le placer en position fétale.
03:52 Le corps est lesté d'un parpaing de 18 kilos.
03:55 Le tueur a pris son temps pour cette opération macabre.
03:58 Le crime sexuel ne fait garde-doute.
04:01 Même si les légistes ne peuvent être formels,
04:03 la dépouille est trop abîmée.
04:05 Des médecins hésitent aussi sur la date de la mort.
04:08 Lundi 24 mai, l'Office fédéral allemand de la police criminelle
04:12 reprend contact avec les gendarmes.
04:14 Avant même la découverte du corps,
04:16 l'Office allemand avait déjà signalé les similitudes
04:19 entre le rapte de Jonathan et trois cas recensés en Allemagne.
04:23 Trois enlèvements de petits garçons
04:25 dans des centres de vacances entre 92 et 2001.
04:28 Les victimes, Stéphane Yahr, 13 ans,
04:30 Denis Rostel, 8 ans, Dennis Klein, 9 ans,
04:34 ont toutes subi des violences sexuelles.
04:37 Leur corps retrouvé dissimulé
04:39 à plusieurs kilomètres du lieu de leur enlèvement.
04:42 Ce tueur en série masquée est surnommé le Schwarzmann,
04:45 l'homme en noir.
04:46 Il est à ce moment-là activement recherché.
04:49 Cette affaire ressemble à celle du Schwarzmann.
04:53 Même mode opératoire, même signature, confie un policier allemand.
04:56 L'homme en noir va être arrêté en Allemagne sept ans plus tard.
05:00 Un certain Martin Ney, un éducateur, 40 ans, célibataire,
05:04 va être condamné pour les trois meurtres d'enfants
05:07 et neuf agressions sexuelles.
05:09 Octobre 2016, les gendarmes français veulent l'entendre
05:12 dans sa prison allemande, mais ils refusent.
05:16 Cinq ans plus tard, il dira à un juge français
05:18 qu'il se doutait qu'on allait l'interroger sur Jonathan,
05:21 mais il craignait qu'on évoque d'autres affaires.
05:25 Martin Ney, qui va être entendu à plusieurs reprises
05:29 par le juge de Nantes chargé du dossier Jonathan Coulombe,
05:32 audition qui vont se dérouler en 2021,
05:34 17 ans après le crime.
05:37 Nous avons pu consulter ces auditions
05:39 et on va voir ce que raconte ce tueur d'enfants à propos de Jonathan.
05:43 Ça sera pour le prochain chapitre de l'heure du crime.
05:46 Mais pour l'instant, il faut revenir au tout début
05:48 de cette affaire terrifiante avec ce centre de vacances à Saint-Brévin.
05:53 Bonjour, maître Cathy Richard.
05:55 Bonjour, Jean-Alphonse.
05:56 Merci beaucoup d'être avec nous dans le studio de l'heure du crime.
05:59 Alors, vous êtes avocate et dans cette affaire,
06:02 vous défendez les intérêts de la grand-mère de Jonathan Coulombe.
06:06 Et puis, je rappelle votre dernier livre qui s'appelle, au pluriel,
06:10 "Crimes, délits et vies brisées", publié chez Albain Michel.
06:13 Et évidemment, la vie brisée de cette famille,
06:17 des parents de Jonathan Coulombe, des grands-parents de Jonathan Coulombe.
06:21 Alors, il y a ce rapte à lui-même qui est très audacieux,
06:24 Cathy Richard, très bien préparée.
06:27 Et puis, ensuite, il y a cette découverte du corps dans cet étang.
06:31 On a le sentiment que c'est quelque chose de très "professionnel",
06:36 que c'est l'œuvre d'un prédateur.
06:38 Vous l'avez dit, c'est audacieux, c'est plus qu'audacieux d'ailleurs.
06:42 C'est vrai que lorsqu'on sait que Jonathan n'est pas partie de lui-même,
06:47 lorsqu'on connaît son caractère,
06:50 c'est un petit garçon plutôt timide, plutôt discret.
06:53 À ce moment-là, on peut s'empêcher de penser que la personne,
06:56 suffisamment déterminée pour rentrer à l'intérieur d'une colonie de vacances,
07:02 pour ensuite, déjà dans le centre lui-même.
07:07 Puis se faufiler dans l'immeuble.
07:10 Puis se faufiler dans la chambre où il y a d'autres enfants qui dorment.
07:15 On se dit que cette personne a un sang-froid extraordinaire.
07:20 Et c'est vrai que si à ce moment-là,
07:23 on a, après la découverte même du corps de Jonathan,
07:27 on a cherché beaucoup s'il pouvait y avoir des gens dans la région,
07:30 pour des raisons...
07:31 C'est vrai qu'à une époque, on a pensé qu'il avait peut-être été séquestré.
07:34 Donc, il y avait l'idée de la séquestration,
07:37 donc on a cherché dans le périmètre des gens autour.
07:39 Mais une chose a été sûre, en tout cas pour moi dès le début,
07:42 c'est que la personne qui avait fait ça n'en était pas à son coup d'essai.
07:45 Pourquoi ? Parce qu'il y a une patte ?
07:46 Il y a un savoir-faire, c'est ça ?
07:48 Parce qu'il y a un sang-froid.
07:50 Un pédophile, parce qu'on est dans le cadre, bien évidemment,
07:54 d'un crime à vocation sexuelle, d'un crime pédophile.
08:00 Un pédophile ne commence pas par enlever un gamin
08:03 au milieu d'une colonie de vacances.
08:05 C'est-à-dire qu'un pédophile va commencer par s'en prendre
08:08 à des enfants autour de lui, à des enfants qu'il peut voir facilement.
08:12 Et en plus, il ne va pas enlever et il ne va pas tuer.
08:15 On est vraiment dans un...
08:18 On sent que des paliers ont été franchis,
08:21 des paliers doivent se franchir.
08:22 Et là, on sent que des paliers ont été franchis
08:24 avant la disparition de Jean-Natho.
08:26 Et puis, pardon, Cathy Richard, pour ces détails malcars.
08:28 Évidemment, on ne va pas tout raconter dans le détail,
08:30 mais il y a cette découverte du corps.
08:32 Là aussi, il y a une mise en scène.
08:35 Il y a un scénario.
08:36 C'est très étonnant, la manière dont le corps est ligoté.
08:40 Tout ça répond, encore une fois, à une expérience criminelle.
08:43 Oui, vous l'avez dit, il était ligoté,
08:46 il était accroché à un parpaing très lourd.
08:49 - Il faut bien le dire. - Qui devait le faire couler.
08:51 Qui devait le faire couler et qui aurait même dû empêcher la remontée.
08:55 Donc, on voit aussi là qu'il faut un sang-froid terrible
09:01 pour avoir l'enfant, forcément, avoir gardé l'enfant avec soi.
09:04 Un moment, l'enfant vivant ou le corps de cet enfant.
09:08 L'avoir emmené de Saint-Brévin à Guérande.
09:12 Ensuite, avoir réussi à sortir le corps de cet enfant
09:16 de l'endroit où il était, d'une voiture.
09:19 Voilà, il faut le dire, d'une voiture.
09:21 Et de le jeter dans cet étang,
09:25 qui lui aussi est entouré par des murs,
09:27 qui est aussi lui protégé d'une certaine manière.
09:30 Mais ce qu'il y a, c'est qu'il y a quand même un immeuble,
09:33 une grande bâtisse, et de cette bâtisse, on voit l'étang.
09:36 Donc, là encore, on remarque, et dans le fait de se procurer
09:42 le parpaing, les liens, les nœuds,
09:45 et de jeter cet enfant à cet endroit,
09:47 on remarque quand même une forme absolue de sang-froid,
09:52 de répétition d'un mode opératoire.
09:55 - Pas un coup d'essai, c'est ce que vous nous dites,
09:57 mais Cathy Richard, effectivement, c'est troublant.
09:59 Et les gendarmes qui travaillent sur l'affaire,
10:01 ils vont être alertés par ce mode opératoire très particulier.
10:05 Bonjour, Timothée Boutry. - Bonjour.
10:07 - Journaliste au journal "Le Parisien",
10:10 vous publiez aujourd'hui un article dans "Le Parisien",
10:12 un journal avec qui nous sommes en partenariat aujourd'hui.
10:15 Un article évidemment sur Martin Ney,
10:17 cet homme dont on va beaucoup parler au fil de cette émission.
10:20 L'article intitulé "L'ombre de l'homme en noir".
10:23 Alors, Timothée Boutry, vous êtes avec nous
10:24 parce que vous êtes sans doute la personne
10:25 qui connaît le mieux ce dossier.
10:27 C'est vous qui, à l'époque, avez révélé l'existence
10:30 de ce Schwarzmann, l'homme en noir.
10:32 Il faut dire quelque chose, Timothée,
10:34 c'est que les Allemands, ils signalent très vite...
10:37 Alors, à l'époque, le Schwarzmann, il n'est pas identifié.
10:39 C'est un tueur en série itinérant,
10:41 mais ils signalent très vite cette possibilité.
10:44 - Oui, en raison des similitudes,
10:46 puisque à l'époque, l'homme en noir, vous l'avez dit,
10:49 il est recherché, il n'a pas été arrêté.
10:50 On lui impute déjà trois homicides et plusieurs agressions sexuelles.
10:54 Et la particularité de cet agresseur,
10:55 c'est de s'introduire dans des lieux clos,
10:58 type colonie de vacances, centre de vacances, internat,
11:01 et de s'en prendre à des enfants prépubères,
11:04 souvent blonds, il y a un type particulier.
11:08 Et donc, il y a beaucoup de cas d'agressions sexuelles,
11:12 on est sur des attouchements.
11:14 Et donc, il y a ces trois homicides qu'on lui impute.
11:17 Et c'est vrai qu'on est dans un scénario
11:20 extrêmement particulier et extrêmement similaire.
11:22 C'est pour ça que très vite, les Allemands se manifestent
11:24 auprès de leurs homologues français.
11:25 - Et ils ont du flair, d'ailleurs, parce qu'effectivement,
11:27 ils voient tout de suite qu'il y a une connexion.
11:29 Là, les services fonctionnent bien, les rapports sont échangés, etc.
11:33 Puis après, tout ça va un petit peu se dissoudre.
11:35 On voit l'arrêter, Martinet.
11:38 - Peut-être qu'il faut aussi dire, ça a été évoqué brièvement,
11:39 mais qu'il y a eu au départ une erreur sur la datation.
11:42 - On a perdu beaucoup de temps.
11:44 - D'abord, on a pensé que Jonathan avait été séquestré.
11:48 Et c'est pour ça que la piste locale avait été privilégiée,
11:50 puisque celle d'un tueur itinérant venant de l'étranger
11:53 paraissait moins probable s'il y avait un délai
11:55 entre le moment de l'enlèvement et le moment de l'immersion dans les temps.
11:59 Finalement, il y a une nouvelle expertise
12:02 qui fait qu'on a pensé qu'effectivement,
12:04 le décès était beaucoup plus proche de l'enlèvement.
12:07 - Alors, on arrête Martinet.
12:08 Alors, en quelques mots, Timothée Boutry, qui est-il, cet homme ?
12:12 Éducateur, c'est ça ?
12:13 - Oui, éducateur.
12:14 Il a d'abord fait des études de mathématiques et de physique.
12:16 Il se destinait plutôt à l'enseignement.
12:19 Et en fait, il s'est rendu compte qu'il avait plus envie
12:22 de travailler sur la pédagogie plus que sur l'enseignement.
12:25 Et donc, il a trouvé plusieurs emplois dans ce domaine-là.
12:28 Et le dernier, c'était dans un centre pour enfants
12:32 qu'il accompagnait.
12:33 Alors, de ce qu'on sait,
12:35 c'est qu'il ne s'en est jamais pris aux enfants qui le suivaient.
12:38 - Qui le suivaient, c'est ça.
12:39 - Même si on découvrira qu'il a eu une relation quand même
12:44 avec un enfant qui a finalement été placé chez lui.
12:46 Enfin bon, c'est assez particulier.
12:47 Mais en tout cas, dans son travail, il n'avait jamais attiré l'attention.
12:52 Il a eu plusieurs emplois successifs.
12:54 Et sa dernière employeur a été entendue.
12:57 Elle n'avait absolument rien à lui reprocher.
12:58 - Et là, effectivement, on va découvrir le visage de cet homme
13:01 qui est un pédophile patenté.
13:03 Un suspect qui va finir par faire des confidences
13:06 à propos de l'assassinat du petit Français.
13:09 L'affaire Jonathan Coulon, le suspect numéro 1,
13:12 s'appelle Martine Ney.
13:13 Sur le principe, ce petit garçon pourrait me plaire physiquement,
13:16 mais je n'ai jamais mis les pieds à Saint-Brévin.
13:19 L'enquête de l'art du crime en partenariat
13:21 avec Le Parisien aujourd'hui en France.
13:23 On se retrouve dans un instant sur RTL.
13:25 - L'art du crime consacré à la fin de l'enquête
13:40 sur l'enlèvement et le meurtre de Jonathan Coulon.
13:43 10 ans et demi, en 2004, en Loire-Atlantique,
13:46 un suspect allemand, Martine Ney, tueur d'enfants,
13:48 est apparu très tôt dans le dossier.
13:50 17 ans plus tard, la France va enfin pouvoir l'entendre.
13:54 Mercredi 20 janvier 2021, Martine Ney, 49 ans,
13:58 est transférée de sa prison de Zell en Allemagne
14:01 jusqu'à celle de Nantes.
14:02 La justice allemande a accepté de confier le détenu à la France
14:06 pendant 6 mois pour qu'il soit interrogé sur Jonathan Coulon.
14:09 Ney, condamné à la prison à vie,
14:11 aurait fait des confidences très précises à un co-détenu.
14:14 Il aurait avoué le meurtre de Jonathan.
14:17 Le co-détenu, Mario T, a rapporté aux autorités
14:20 des détails jamais publiés dans les journaux
14:23 et que seul l'auteur du crime pouvait connaître.
14:25 Ney lui aurait ainsi confié avoir perdu sur place
14:28 sa besace en cuir.
14:29 Avec ses papiers à l'intérieur, des recherches avaient été menées
14:33 pour retrouver ce sac en 2018, mais sans succès.
14:36 Jeudi 11 mars 2021, Martine Ney, encadrée de ses deux avocates,
14:41 fait face au juge d'instruction de Nantes, Stéphane Lawrence.
14:44 Première longue audition où le mise à l'examen
14:47 décrit son enfance et son penchant pour les jeunes garçons.
14:50 "On peut dire que je suis pédophile,
14:52 même si j'ai eu quelques contacts avec des hommes adultes", dit-il,
14:55 ajoutant qu'il n'a jamais connu de femmes.
14:58 Sur les agressions sexuelles et le plaisir éprouvé à les commettre,
15:01 Ney répond que oui, cela lui fait du bien.
15:04 Sur les meurtres, le suspect explique
15:06 qu'il a toujours étranglé ses victimes.
15:07 Il est arrivé à cette extrémité
15:10 quand il craignait que l'enfant les reconnût
15:12 et puisse le dénoncer.
15:14 Martine Ney raconte qu'il ne repense jamais
15:17 aux homicides qu'il a commis,
15:18 mais est toujours obsédé par ses agressions sexuelles.
15:21 Il confirme éprouver du plaisir quand il repense à tout ça.
15:25 À propos de l'affaire Jonathan Coulon,
15:27 il sait simplement ce qu'ont raconté les journaux.
15:30 Il dément avoir voyagé en France en 2004.
15:32 Il n'a jamais mis les pieds à Saint-Brévent-les-Pins.
15:34 Les seules fois où il a traversé la France,
15:37 c'était à 11, 15 et 21 ans pour des vacances.
15:41 La nuit de l'enlèvement, Martine Ney répète qu'il était en Bourg
15:44 "Je n'ai pas d'alibi,
15:45 mais je suis sûr que j'étais cette nuit-là dans mon lit", dit-il.
15:48 On lui montre une photo de Jonathan Coulon.
15:51 Il commente sur le principe.
15:53 "Il pourrait me plaire physiquement,
15:55 mais je ne peux pas dire qu'il me plairait particulièrement beaucoup."
16:00 Jeudi 8 avril 2021,
16:03 Martine Ney est à nouveau devant le juge Laurent
16:05 s'il est interrogé sur un curieux message
16:08 qu'il a posté une dizaine de jours seulement
16:09 après la disparition de Jonathan
16:12 sur un forum intitulé "L'homme en noir".
16:15 Ney écrit
16:16 "Tu devrais te rendre en France et y rechercher l'homme en noir,
16:20 car c'est là qu'il a encore frappé,
16:22 précisément à son rythme, de tous les trois ans."
16:26 Le juge considère ce message comme un aveu,
16:29 mais Ney s'en défend.
16:31 "À l'époque, il a écrit ça, dit-il, sans réfléchir.
16:33 Il était surpris que notre criminel agisse de la même façon que lui.
16:37 Je ne faisais que répéter ce que les médias allemands disaient,
16:40 que le schwarzmann avait encore frappé, se justifie-t-il,
16:43 à son codétenu.
16:45 Il aurait pourtant raconté avoir violé et tué un jeune garçon en France.
16:49 Dans sa confession, il aurait même précisé avoir été surpris
16:52 près d'un étang par un homme et un chien,
16:54 précisant qu'il s'agissait d'un berger allemand,
16:57 un détail jamais relaté dans la presse.
16:59 Un agriculteur et son berger allemand
17:02 avaient bien aperçu une silhouette près d'un étang."
17:05 Martine Ney explique que son codétenu
17:09 raconte n'importe quoi.
17:11 Il nie avec constance l'enlèvement et le meurtre de Jonathan Coulon,
17:14 même s'il livre en creux, on vient bien de le comprendre,
17:17 et on va aller un peu plus loin avec nos invités,
17:19 il livre en creux une multitude de détails intéressants
17:22 et de précisions.
17:23 On va voir tout ça dans le chapitre suivant de l'Ordre du crime,
17:27 et notamment ce qu'il raconte à une psychiatre.
17:29 Pour l'heure, Martine Ney est devant la justice française.
17:33 Avec nous dans le studio de l'Ordre du crime,
17:35 Maître Cathy Richard, avocate de la grand-mère de Jonathan Coulon.
17:39 Il faut tirer le chapeau quand même aux juges français.
17:42 Parfois on les critique beaucoup ces juges,
17:43 mais là le juge d'instruction, M. Lawrence,
17:46 il a vraiment fait le boulot, il est allé le chercher loin cet homme.
17:48 - Ah oui, le juge Lawrence, il a été, je le dis sans flagornerie,
17:52 remarquable dans cette affaire.
17:53 Il a gardé ce dossier, il le connaît parfaitement,
17:57 et il savait qu'il aurait du "mal" à s'approprier
18:02 quelque temps Martine Ney pour pouvoir l'interroger,
18:05 parce que comme il est allemand, il était détenu en Allemagne,
18:07 tout ça c'est très compliqué.
18:09 Donc on peut dire que quand enfin Martine Ney a pu comparaître devant lui,
18:13 le juge Lawrence, il était prêt, et il était plus que prêt.
18:16 Il connaissait parfaitement bien le dossier,
18:17 il savait sur quoi il allait l'interroger,
18:19 et vraiment sur ce point, je dois dire que ça a été un travail remarquable.
18:24 - Et on le sent d'ailleurs en lisant ces auditions très longues,
18:27 ça a cinq reprises, Martine Ney va être entendu,
18:30 il va être questionné sur sa vie, sur son passé, sur son mode opératoire.
18:33 Et bien un mot justement là-dessus, Maître Cathy Richard,
18:36 parce qu'il y a les profils de ses victimes d'Allemagne,
18:39 ça ressemble beaucoup à Jonathan.
18:41 - Mais bien sûr, j'entendais tout à l'heure cette phrase,
18:44 "il pourrait me plaire physiquement",
18:46 ce n'est pas qu'il pourrait lui plaire physiquement,
18:48 c'est qu'il suffit de regarder les autres, les photos des autres.
18:51 Jonathan c'est un petit blond aux yeux bleus,
18:53 qui ressemble comme deux gouttes d'eau aux autres victimes de Martine Ney.
18:57 C'est-à-dire que c'est vrai que quand on est sur un criminel en série,
19:02 on regarde plusieurs choses, on regarde notamment le profil de ses victimes,
19:05 on regarde son mode opératoire, on regarde sa signature,
19:08 on regarde ce qui l'intéresse, on regarde ce qui l'excite,
19:10 on regarde aussi effectivement le timing,
19:14 la régularité de ses passages à l'acte.
19:17 - Mais c'est tous les trois ans, etc.
19:18 - J'ai le souvenir d'avoir lu dans Le Parisien,
19:21 alors qu'il n'était pas encore question du Schwarzmann dans le dossier instruit,
19:26 à l'époque d'ailleurs, je ne crois pas que c'était le juge Lorenz
19:28 qui était déjà dans ce dossier,
19:31 et je me souviens d'avoir vu dans Le Parisien cette carte de l'Allemagne
19:35 avec des petites flèches et les photos des gamins,
19:38 et tous on avait l'impression que c'était Jonathan.
19:40 - Les ressemblances sont troublantes.
19:42 - Incroyable ! En plus que troublante, c'est incroyable.
19:44 - Effectivement, c'est très important ce que vous dites, Cathy Richard,
19:47 parce que ça explique sûrement beaucoup de choses,
19:48 même si on ne fait pas de la morphopsychologie de bazar,
19:51 mais il faut bien reconnaître que ces ressemblances sont troublantes.
19:55 Ça c'est très important.
19:56 Timothée Boutry, nous sommes avec votre journal aujourd'hui en partenariat,
20:00 Le Parisien, aujourd'hui La France,
20:01 vous avez publié un grand article sur cette affaire ce matin.
20:04 Encore une fois, je le répète, vous la connaissez très bien cette affaire,
20:06 c'est vous qui avez révélé l'existence du Schwarzmann il y a déjà quelques années.
20:10 Alors il y a ces longues auditions, elles sont très précises,
20:13 le juge Lawrence y va doucement, mot après mot,
20:16 les questions elles sont pensées, il y a des longues réponses.
20:19 Qu'est-ce qu'il raconte sur son mode opératoire notamment, Martine Né ?
20:23 - Après c'est assez classique, ce genre d'audition,
20:25 on commence d'abord par la personnalité, l'enfance, etc.
20:29 Voilà, c'est séquencé, après il y a différents thèmes qui sont abordés,
20:34 c'est très réfléchi, comme l'a dit Maître Richard,
20:37 on a un juge qui connaît bien son dossier,
20:39 il avait un temps à partie et il a effectivement bien séquencé ses auditions,
20:43 en revenant sur certains éléments,
20:44 mais il y a plusieurs phases qui ont été abordées.
20:47 C'est vrai que c'est quelqu'un qui verbalise beaucoup, Martine Né,
20:49 mais il a été interrogé à très nombreuses reprises.
20:51 Il a été interrogé en Allemagne.
20:53 - Oui, il connaît la musique, comme on dit.
20:54 - Oui, et même là, quand il voit, je ne sais plus si c'est l'expert psychologue,
20:58 il dit "pfff, qu'est-ce que je vais encore raconter que je n'ai pas déjà dit ?"
21:01 parce que c'est aussi la procédure,
21:02 parce qu'il y a une procédure judiciaire en Allemagne, évidemment,
21:05 en France aussi, et donc des auditions par juge,
21:07 une enquêtrice de personnalité, un expert psychiatre, un expert psychologue.
21:10 Mais à chaque fois, il verbalise.
21:11 - Il raconte, il raconte, et il y a quelque chose,
21:13 je voudrais que vous nous en parliez, parce que c'est très troublant.
21:16 Il dit finalement que la chose sexuelle, ça l'excite beaucoup,
21:20 il dit même qu'il en rêve encore, etc.
21:23 Ce sont des images qui continuent à le hanter,
21:25 mais pour lui, c'est du plaisir.
21:27 Et il dit aussi, pourquoi il tue, c'est ça ?
21:30 - Oui, alors déjà, il repère avant, souvent,
21:33 mais même, il repère des lieux, on ne va pas rentrer,
21:36 mais même des victimes, en fait.
21:38 Il repère des enfants qui correspondent à son type, on l'a indiqué.
21:42 Et voilà, lui, son but, au départ,
21:45 c'est de commettre des attouchements sexuels.
21:47 Et il s'avère que soit les enfants ne se réveillent pas, soit ils se réveillent.
21:51 Il y en a certains avec lesquels il dialogue, il dit,
21:54 "Mais j'ai dit quand même, vous êtes effrayant, vous êtes en noir,
21:56 mais non, j'arrivais à parler, bon."
21:58 Et là où il y a des homicides,
21:59 les trois pour lesquels il a été condamné,
22:00 il dit que c'est que les enfants, à un moment donné,
22:04 allaient le reconnaître, soit il y en a un avec lequel il a passé trois jours.
22:07 Donc là, c'est quand même considérable.
22:08 Trois jours, il l'a emmené chez lui, il était en vacances au Danemark,
22:10 il l'a ramené chez lui au Danemark.
22:12 Et là, il dit, "J'étais comme un père avec lui."
22:15 On aurait dit un père et son fils, parce qu'ils sont sortis,
22:17 et au bout d'un moment, il dit, "C'était plus possible."
22:18 Parce qu'il allait forcément le reconnaître.
22:21 Les deux autres, le troisième, c'était quasiment dans le lieu
22:25 où il l'a enlevé, il a commencé à faire du bruit,
22:27 donc là, il l'a tué pour ne pas qu'on l'identifie.
22:30 Et le premier, c'était quelques temps après l'avoir enlevé.
22:34 Donc lui, il dit, "Je ne voulais pas qu'on me reconnaisse,
22:37 mais plus, parce que je ne voulais pas qu'on apprenne ma déviance sexuelle."
22:40 Plus que ça, culpabilité.
22:41 Alors, in fine, derrière, il y a ça, il y a une culpabilité.
22:45 Mais que lui, vraiment, son angoisse, c'est de dire,
22:47 "Je ne veux pas qu'on sache que je suis un pédophile et que j'ai ces penchants-là."
22:52 - Cathy Richard, juste un petit mot là-dessus,
22:53 sur cette espèce de déviance qu'il refuse.
22:56 C'est un miroir qu'il n'accepte pas, ça, en permanence, Martine Ney.
22:59 - Oui, on se rend compte que pour certaines personnes,
23:02 ce qui est difficile, c'est de se présenter d'une certaine manière.
23:05 Et comme vous l'a dit aussi, Timothée, tout à l'heure,
23:08 on lui confiait, dans le cadre de son travail aussi,
23:11 on lui confiait des jeunes, on lui avait confié des enfants,
23:15 et on lui confiait des jeunes.
23:16 Donc, je pense que pour lui, ça posait un problème
23:18 d'être étiqueté à ce moment-là en cahier de pédophile
23:21 et avec des perversions et des pulsions sexuelles
23:25 qu'il choisissait de cacher.
23:26 - C'est plus de la peur, finalement, que de la honte, en quelque sorte.
23:29 Parce qu'il a aussi peur de se faire repérer,
23:31 de se faire taxer, effectivement, de criminels.
23:34 - En fait, on ne peut pas dire que ce soit quelqu'un qui assume.
23:37 - Ah, ça, il n'y a pas beaucoup de courage là-dessus.
23:41 Juste un tout petit mot, Timothée Boutry,
23:44 il donne beaucoup de détails à son codétenu,
23:47 qui sont frappants, d'ailleurs.
23:48 - Oui, alors, lui, il dit qu'il ne s'est pas confié à ce codétenu,
23:52 donc c'est quand même assez central de le dire.
23:55 - On se demande où trouver toutes ces informations.
23:57 - Effectivement, c'est quand même quelque chose d'important
23:59 et si on arrive à un procès,
24:01 ou rappelons-le, Martinet bénéficie de la prévention d'innocence,
24:04 c'est important de le rappeler,
24:06 ça va être évidemment débattu.
24:07 Parce qu'il dit que c'est de la coïncidence.
24:09 C'est vrai que la coïncidence est très forte,
24:11 parce que sur différents éléments, c'est très prestigieux,
24:15 notamment, vous l'avez indiqué, cet épisode avec l'agriculteur et le chien.
24:19 - Le suspect numéro un ne va pas s'exprimer uniquement devant le juge,
24:23 mais aussi devant une psychiatre.
24:25 - L'affaire Jonathan Coulon, le suspect numéro un, s'appelle Martinet.
24:28 Je suis conscient que la maman veut savoir ce qui est arrivé à son fils,
24:32 mais je n'ai rien fait à cet enfant.
24:34 L'enquête de l'heure du crime,
24:35 pourquoi le suspect a-t-il si peur de parler de cette affaire ?
24:38 C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
24:41 - L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
24:46 - L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard.
24:49 - Jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:51 - En Allemagne, s'il n'était pas passé aux aveux,
24:53 il n'aurait peut-être pas été condamné.
24:55 Il a peut-être appris de ses erreurs.
24:57 Et puis, il y a autre chose.
24:59 Sa plus grande honte, ce n'est pas d'avoir été attrapé,
25:02 mais c'est d'être étiqueté à tout jamais comme un tueur d'enfants.
25:06 - Retour aujourd'hui sur l'affaire Jonathan Coulon,
25:09 10 ans et demi enlevé et tué en Loire-Atlantique en 2004,
25:12 20 ans après l'enquête est close.
25:14 Un violeur et tueur d'enfants, l'Allemagne, Martinet,
25:17 mis un examen, il n'y l'est fait,
25:19 entendu en 2021 par le juge français,
25:21 mais aussi par une psychiatre.
25:23 Entre le 11 mars et le 9 septembre 2021,
25:27 Martinet est entendu à cinq reprises
25:29 par le juge de Nantes, Stéphane Lawrence.
25:32 "La pédophilie est une sexualité
25:34 "qui m'a été donnée par la nature et qui est innée.
25:37 "La Bible dit, l'homme est mauvais,
25:40 "et c'est une argumentation que j'accrédite",
25:42 déclare un jour le suspect.
25:43 Lui, qui est si proche de sa mère,
25:46 est encore amené à parler de la mère du petit Jonathan.
25:49 "Je suis tout à fait conscient que la mère de Jonathan
25:51 "veut savoir ce qui est arrivé à son fils.
25:54 "En Allemagne, je souhaite parler avec les parents des victimes,
25:57 "mais dans le cas de Jonathan, je n'ai rien à dire,
26:00 "car je ne suis pas l'auteur des faits", répond-il.
26:02 Il explique qu'il ne serait d'aucune aide à cette famille française
26:06 pour parler d'un acte qu'il n'a pas commis.
26:08 Quand le juge lui demande qui d'autre que lui aurait pu tuer Jonathan,
26:12 Martinet répond qu'il ne sait pas.
26:16 Mardi 27 juillet 2021,
26:18 la psychiatre qui a examiné Martinet lors de son séjour carcéral en France
26:22 rend un volumineux rapport d'expertise.
26:25 La docteure explique que si le suspect n'a pas voulu s'expliquer
26:28 devant les enquêteurs français en 2016,
26:31 c'est parce qu'il avait en tête le sentiment
26:33 qu'on allait peut-être lui reprocher d'autres affaires
26:36 auxquelles il ne pourrait pas répondre.
26:38 "Il avait peur qu'on lui parle de cas non résolus,
26:40 "comme ça avait déjà été le cas en Allemagne", écrit la psy.
26:44 Celle-ci note des similitudes entre les trois meurtres en Allemagne
26:46 et celui de Jonathan Coulomb,
26:48 mais elle ne peut pas se prononcer sur l'implication du suspect
26:51 dans le meurtre de Saint-Brévin.
26:53 "L'homme qui n'est pas un psychopathe reste insondable,
26:57 "inexprime, dit-elle, ni culpabilité, ni responsabilité."
27:01 Et on retrouve dans cette heure du crime,
27:05 maître Cathy Richard, avocate de la grand-mère de Jonathan Coulomb,
27:08 avec cette famille qui est sous le choc depuis 20 ans,
27:11 qui attend une vérité qui ne s'est toujours pas dessinée,
27:14 même si on arrive au bout de l'enquête,
27:15 et que finalement, cette homme,
27:17 la présence de ce Martinet est importante dans le décor.
27:20 Alors, maître Cathy Richard, le juge, Laurence, à Nantes,
27:25 il l'emmène doucement sur sa mère à lui,
27:29 et puis sur la maman de Jonathan Coulomb,
27:30 mais là, il ne bronche pas.
27:32 Pourtant, la mère, c'est un point faible chez lui.
27:35 - Oui, c'est vrai qu'il pourrait, éventuellement,
27:40 avoir de la peine pour la maman de Jonathan.
27:43 - Lui qui adore sa mère.
27:44 - Mais voilà, il adore sa mère,
27:46 et je pense que c'est un vrai problème d'assumer,
27:51 déjà devant la société, mais devant sa propre mère.
27:54 Vous savez, dans un procès, il y a des victimes collatérales,
28:00 j'allais dire, beaucoup de victimes collatérales.
28:01 Et on pourrait penser que pour lui,
28:04 finalement, il a déjà été condamné en Allemagne.
28:07 Qu'est-ce que ça peut faire ?
28:08 Est-ce qu'il ne peut pas soulager la peine de cette maman ?
28:10 Mais il sait aussi que s'il est à nouveau poursuivi
28:14 devant la justice française,
28:15 ce que je pense qu'il sera, je n'en ai pas de doute là-dessus,
28:19 mais lui, à ce moment-là,
28:20 espère encore passer à travers les mailles du filet.
28:23 Il espère ne pas être poursuivi devant la justice française.
28:25 Il espère que sa mère ne sera pas amenée à être témoin.
28:28 - Une nouvelle épreuve, c'est ça ?
28:29 - Une nouvelle épreuve pour sa mère.
28:31 Je pense qu'effectivement, lui, dans ce qu'il a à protéger,
28:37 qu'il souhaite encore protéger,
28:39 je pense que ce sont ses proches, oui,
28:41 plus que la maman de Jonathan.
28:43 - Timothée Boutry, vous êtes avec nous dans le studio "Le Loir du crime".
28:46 Nous sommes en partenariat aujourd'hui avec votre journal,
28:48 "Le Parisien aujourd'hui en France".
28:49 Vous publiez un grand article ce matin
28:51 dans "Le Parisien aujourd'hui en France" sur cette affaire.
28:55 Alors, il démente tout là-dessus sur Jonathan Coulomb, Martin Ney.
29:00 C'est un peu une forteresse.
29:01 On a l'impression qu'il est enfermé dans son système.
29:03 - Alors, ça, lui...
29:06 - Ce n'est pas nouveau en matière criminelle.
29:07 - Oui, mais après, bon, c'est ses déclarations.
29:10 Je veux dire, il faut aussi faire un cher...
29:13 On va voir à ce stade.
29:14 On l'a dit, il a présenté son innocence,
29:16 il a dit qu'il n'y est pour rien.
29:17 Bon, après, ce ne sera pas à moi de dire
29:19 s'il est enfermé dans quelque chose ou pas.
29:20 En tout cas, il est constant en disant non, mais c'est vrai,
29:23 ça ressemble, j'admets, effectivement,
29:25 je comprends qu'on se pose la question.
29:26 Il revient et dit oui, mais tout ça, vous avez raison.
29:28 Oui, il y a des coïncidences, mais non, ce n'est pas moi,
29:30 ce n'est pas moi, ce n'est pas moi, je ne l'ai pas fait.
29:32 Donc, il est vraiment extrêmement constant.
29:34 Alors, on parlait de sa mère, et ça, c'est ce que dit son co-détenu.
29:39 - Mario. - Mario, auquel, alors, je veux dire,
29:41 il est censé avoir fait des confidences,
29:43 parce que lui, il nie en avoir fait.
29:44 Mais en tout cas, ce Mario a été entendu lui aussi
29:47 à plusieurs reprises et a à chaque fois détaillé
29:50 ce qu'il avait recueilli auprès de Martinet.
29:52 Et Martinet lui aurait dit que tant que sa mère était en vie,
29:55 il ne pourrait pas avouer d'autres meurtres,
29:58 à commencer par celui de Jonathan.
30:00 - Il pourrait en avouer d'autres,
30:01 mais là, il ne veut pas faire de la peine à sa maman, c'est ça ?
30:04 - C'est comme ça que le retranscrit le co-détenu de Martinet.
30:07 Il dit, il explique clairement que tant que sa mère sera là,
30:11 il ne pourra pas avouer d'autres crimes.
30:12 Alors là encore, Martinet dit, non, non,
30:14 je n'ai pas pu lui dire ça puisque je ne lui ai rien dit.
30:16 Mais c'est vrai qu'on retrouve, effectivement, l'épisode de ça.
30:18 Mais c'est vrai que sa mère, il en est très proche.
30:20 Il a deux frères qui ont coupé les ponts avec lui,
30:23 qui ont été réentendus dans le cadre de la Commission de la Gatineau internationale
30:26 et qui ont dit, bon, il n'y a pas grand-chose à dire,
30:28 même s'il y a un des deux avec lequel il était en vacances
30:31 au moment de l'enlèvement.
30:32 - Oui, il en parle beaucoup au juge.
30:34 - Voilà, mais ça, c'est important parce qu'il en est proche de celui-là.
30:36 Et puis, ça compte sur l'événement
30:38 puisqu'il était en vacances avec lui à Cologne.
30:40 À ce moment-là, son frère lui dit qu'il est rentré en Allemagne aussi.
30:44 Tout ça, on est vraiment sur la période des faits.
30:46 L'autre a totalement coupé les ponts.
30:48 Et sa mère, elle est donc très proche et elle lui rend visite.
30:52 Il a même eu le droit de lui rendre visite.
30:54 C'est possible en Allemagne de faire des visites
30:56 dans le cadre de la détention.
30:57 Et quand il est en France, il lui parle au téléphone
31:00 quasiment toutes les semaines et c'est retranscrit dans le dossier.
31:03 Donc, il y a vraiment un lien très, très proche avec sa mère.
31:05 - Cathy Richard, juste un petit mot.
31:07 La psy, elle dit "ni culpabilité, ni responsabilité".
31:11 Il est insondable.
31:13 - C'est ce que je disais lorsque je vous expliquais
31:16 qu'on pouvait lui parler de la maman de Jonathan.
31:20 Ça lui fait ni chaud ni froid.
31:21 C'est-à-dire que lui, effectivement, le juge essaie
31:24 d'utiliser le ressort mère pour essayer de lui faire penser à la sienne.
31:30 Mais en réalité, il y a dans ce type d'individu
31:34 une déréalisation de ce qu'il a fait.
31:38 - Oui, il est ailleurs, il est à côté.
31:39 - Vous avez dit tout à l'heure, c'est quelqu'un qui est capable de dire
31:42 "j'ai passé du bon temps avec cet enfant pendant plusieurs jours
31:44 et on était comme un père à un fils.
31:46 Ah bah oui, alors du coup, il fallait bien que je le tue".
31:48 On imagine bien quel est le sens de la morale,
31:52 de la responsabilité, de l'empathie que peut avoir un tel individu.
31:56 - Le suspect n'a pas avoué, il retourne dans sa prison allemande.
32:00 L'enquête touche à sa fin.
32:01 L'affaire Jonathan Coulon, le suspect numéro 1, s'appelle Martine Ney.
32:05 Aucun témoin ne s'est manifesté pour dire que le suspect
32:08 est passé dans la région.
32:10 L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime en partenariat
32:12 avec le journal Le Parisien aujourd'hui en France.
32:14 On se retrouve dans un instant sur RTL.
32:16 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
32:21 Jean-Alphonse Richard.
32:23 L'heure du crime.
32:24 Jean-Alphonse Richard.
32:25 Jusqu'à 15h30 sur RTL.
32:27 - Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
32:30 l'enlèvement et la mort du petit Jonathan Coulon
32:32 au printemps 2004 à Saint-Brévin-Lépin,
32:34 sur la côte atlantique.
32:36 L'allemand Martine Ney, violeur et tueur d'enfants,
32:38 a été mis en examen 20 ans après l'effet.
32:40 L'enquête est close.
32:42 Mardi 9 mars 2021, le procureur de Nantes lance un appel à témoins
32:47 accompagnés de trois portraits différents du suspect numéro 1,
32:51 Martine Ney.
32:52 Il est décrit comme un homme à la stature imposante,
32:54 en mètre 96.
32:55 L'appel est destiné à toutes les personnes
32:57 qui auraient pu lui louer ou prêter un hébergement.
33:01 Le but est évidemment de savoir si cet homme a été vu
33:04 en Loire-Atlantique ou en France,
33:06 à la période du meurtre de Jonathan Coulon.
33:08 Aucun témoignage décisif ne va parvenir aux enquêteurs.
33:12 Décembre 2023, le juge nantais Stéphane Lawrence
33:15 clôt le dossier Jonathan Coulon.
33:18 La procédure est depuis cette date
33:20 sur le bureau du procureur de Nantes, Renaud Godel.
33:23 Il doit se prononcer sur le renvoi ou non
33:26 de l'Allemand Martine Ney, 53 ans, devant une cour d'assise.
33:29 Martine Ney n'a jamais fait les aveux attendus.
33:32 Il a toujours démenti son implication dans l'affaire,
33:35 indiquant qu'il ne s'est jamais rendu à Saint-Brévin-les-Pins.
33:38 La justice française estime toutefois qu'il existe un faisceau
33:41 d'indices suffisant pour l'amener devant une cour d'assise,
33:44 le mode opératoire.
33:45 Lors des trois meurtres commis en Allemagne
33:47 qui ressemblent à ce qui est arrivé à Jonathan Coulon,
33:50 l'agriculteur qui avait aperçu la silhouette d'un homme
33:53 grand près d'un étang, deux jours après la disparition,
33:56 et qui avait décrit un individu
33:58 ayant la même morphologie que le suspect,
34:01 les enquêteurs s'interrogent encore sur la nature des nœuds
34:04 destinés à entraver la petite victime.
34:07 Des comparaisons avec d'autres crimes en Allemagne et en Europe
34:10 sont toujours en cours.
34:12 Et dans cette émission, nous sommes en partenariat
34:15 avec le journal Le Parisien, aujourd'hui en France,
34:17 qui sort aujourd'hui même un grand article sur cette affaire,
34:20 "L'ombre de l'homme en noir" signée par Timothée Boutry,
34:23 qui est avec nous dans cette heure du crime.
34:26 Timothée Boutry, évidemment ce Martinet,
34:28 vous le suivez depuis des années,
34:30 vous étiez déjà sur l'affaire lorsqu'on parlait uniquement
34:32 du Schwarzmann, de l'homme en noir.
34:35 Il y a quelque chose qui m'a étonné à la lecture du dossier,
34:38 c'est qu'on ne l'a jamais vu, Martinet, en France.
34:41 Il n'y a aucun témoin qui dit qu'il serait passé
34:44 en région parisienne ou à la frontière allemande.
34:47 On ne le voit pas.
34:48 - Non, il n'y a rien eu, mais vous l'avez dit,
34:49 il y a eu un appel à témoin, certes longtemps après,
34:51 avec la photo.
34:52 - 17 ans après.
34:54 Voilà, ça c'était Cathy Richard.
34:55 - Et avec notamment cette besace, vous en avez parlé,
34:59 puisque son co-détenu aurait recueilli les confidences de Martinet,
35:03 selon lesquelles il avait oublié son sac besace sur place,
35:06 et dans l'appel à témoin que vous avez évoqué,
35:07 il y avait aussi la question de ce sac,
35:09 qui n'a pas été retrouvé.
35:11 Donc, ça fait partie des éléments de l'enquête,
35:13 sachant qu'il y a aussi, et ça c'est pour sa défense,
35:17 qu'il met ça en avant, on sait que sa carte bleue
35:18 a été utilisée pour faire un retrait d'argent le 6 avril,
35:21 donc c'est le jour de l'enlèvement de Jonathan à Hambourg,
35:25 et il y a eu des investigations pour savoir
35:28 s'il aurait pu prêter sa carte à quelqu'un d'autre,
35:30 qu'on a notamment enquêté dans son réseau pédophile,
35:32 puisqu'il fréquentait pas mal de pédophiles.
35:36 Lui, il a toujours dit "non, non, c'est moi qui ai fait ce retrait-là",
35:38 donc ça, ça fait partie des éléments du dossier,
35:40 tout comme la BMW que l'agriculteur a vue,
35:43 avec des plaques allemandes.
35:45 On a cherché dans son entourage qui avait une BMW,
35:47 qui était susceptible de lui avoir prêté,
35:48 pour l'instant, on ne sait pas, donc voilà,
35:50 c'est vrai que sur les éléments concrets,
35:54 ça, il n'y en a pas précisément.
35:56 - Cathy Richard, il n'y a pas de preuve formelle, matérielle
35:59 de son implication dans cet enlèvement
36:02 et dans cet horrible meurtre de Jonathan,
36:05 mais il y a finalement un faisceau, c'est ça ?
36:07 - C'est plus qu'un faisceau. - Un faisceau d'indices ?
36:09 - Il faut savoir que c'est l'intime conviction des jurés
36:11 qu'on va emporter, et moi, j'ai aucun doute devant les assises.
36:14 J'ai aucun doute sur le fait d'emporter
36:16 l'intime conviction des jurés.
36:18 On demande qui peut se souvenir de lui 17 ans après,
36:21 en sachant que, bien évidemment,
36:23 il a fait tout pour passer inaperçu.
36:26 Il était en vacances à ce moment-là.
36:28 Là, je fais attention à ne pas violer le secret de l'instruction
36:32 qui est encore en cours, qui est terminé, vous l'avez dit,
36:34 mais on attend l'acquisitoire.
36:37 On sait quand même qu'il a tiré une grosse somme en espèces
36:40 juste avant, donc...
36:43 - Pas la carte bleue, c'est ça ? - Pas la carte bleue.
36:46 C'est-à-dire qu'avant, il a tiré une forte somme en espèces.
36:51 Et après, comme par hasard, le jour de la mort,
36:54 le jour de l'enlèvement, en tout cas, de Jonathan,
36:57 sa carte bleue fonctionne de façon à le dédouaner.
36:59 Mais si vous saviez le nombre de choses,
37:02 en revanche, le faisceau, on l'a à peine effleuré,
37:06 Dieu merci, parce qu'il y a le secret de l'instruction,
37:08 on a effleuré tout ce qui joue contre lui.
37:10 Mais il y a énormément... Je le disais,
37:13 quand on m'a parlé du Schwarzmann,
37:15 je me suis dit que ça ressemble beaucoup.
37:17 Quand j'ai vu les victimes du Schwarzmann,
37:19 je me suis dit, mais j'ai la conviction, c'est lui.
37:22 Et quand j'ai su qu'elle était Martine Ney
37:25 et quand j'ai vu le travail accompli par le juge Lorenz,
37:28 et quand on connaît le dossier,
37:29 on ne peut plus avoir de conviction, on a une certitude.
37:33 Alors après, bien sûr, on va nous dire,
37:35 mais il n'y a pas ci, mais il n'y a pas ça.
37:37 Mais comment peut-on tout avoir 20 ans après ?
37:40 On ne peut pas tout avoir 20 ans après.
37:42 On parle de cette voiture, oui, mais cette voiture,
37:44 il peut l'avoir empruntée d'accord à quelqu'un,
37:46 il peut l'avoir louée sous un autre nom, tout est possible.
37:49 Comment peut-on retrouver le fait qu'il ait utilisé une voiture,
37:52 enfin, c'est quand même une voiture avec des plaques allemandes,
37:54 ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est Timothée Boutry.
37:58 Voilà, ça fait quand même beaucoup de choses, non ?
38:00 - Timothée Boutry, il peut avoir organisé...
38:02 Ça fait penser un peu à Fourniré, avec ce coup de fil
38:05 que Fourniré dit avoir passé alors qu'il n'était pas à la maison.
38:10 Là, pareil, il peut avoir fait tirer cet argent par un homme
38:14 alors qu'il était déjà en Loire-Atlantique.
38:16 - Alors, si c'est lui l'auteur,
38:20 alors il y a une organisation, mécaniquement.
38:24 Mais bon, après, lui, il dit, c'est moi qui ai fait ce retrait.
38:27 Mais sachant qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas dit,
38:30 c'est que plusieurs années auparavant,
38:31 il y avait déjà eu une intrusion à Saint-Brévin,
38:34 à l'endroit où dormait Jonathan.
38:36 Or, on sait que Martinet avait l'habitude aussi
38:39 de faire des repérages dans les lieux.
38:40 Alors, lui aussi, il a évidemment nié être l'homme
38:42 qui a fait cette intrusion, qu'on n'a pas identifié à l'époque.
38:45 Donc, ça fait partie de l'hypothèse
38:47 sur laquelle peut-être il aurait pu agir
38:49 à un endroit qu'il connaissait déjà.
38:50 - Et qu'il était déjà venu sur place.
38:51 Dossier clos, la perspective d'un procès se dessine.
38:55 L'affaire Jonathan Coulon, le suspect numéro 1,
38:58 s'appelle Martinet.
38:59 Je demande la vérité, ce qu'il lui a fait,
39:01 pourquoi et dans quelles conditions
39:03 l'enquête de l'heure du crime.
39:04 Je vous retrouve tout de suite sur RTL.
39:06 - L'heure du crime.
39:08 Jean-Alphonse Richard.
39:09 - Jusqu'à 15h30 sur RTL.
39:11 - L'emploi.
39:12 - L'heure du crime,
39:13 présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
39:15 - Dans l'heure du crime, aujourd'hui,
39:17 l'affaire Jonathan Coulon a enlevé et tué en avril 2004
39:20 dans un centre de vacances de Saint-Brévin-Lépin.
39:23 Dossier clos.
39:24 Après 20 ans d'enquête, un homme mis en examen,
39:27 le pédophile allemand Martinet,
39:29 les proches de la victime attendent un procès.
39:32 Les parents et les proches de Jonathan Coulon
39:34 attendent depuis 20 ans de savoir ce qui s'est passé
39:37 dans la nuit du 6 au 7 avril 2004.
39:40 "Une partie de moi est morte et ne reviendra jamais",
39:43 indiquée sur BFM TV,
39:45 la maman Virginie Lacombe en 2021,
39:48 alors que Martinet allait être interrogé.
39:51 Après l'annonce de la clôture de l'instruction,
39:54 maître Cathy Richard, avocate de la grand-mère de Jonathan,
39:57 a indiqué à Ouest France,
39:59 il faut ce procès, il y a des charges suffisantes
40:02 pour remporter l'ultime conviction du jury.
40:06 -Si jamais c'est lui qui l'avoue,
40:08 qu'il est jugé au tribunal,
40:09 je veux qu'il me regarde dans les yeux et me le dise.
40:12 Même si ça fait mal, même si je veux souffrir encore.
40:14 Je ne peux pas plus souffrir que ce que je suis actuellement.
40:17 Mais j'ai besoin qu'il me le dise lui-même de sa propre bouche.
40:20 -La voix de Virginie Lacombe, c'est la maman de Jonathan Coulon.
40:25 Alors évidemment, il y a une attente de toute cette famille
40:27 pour un éventuel procès.
40:29 Maître Cathy Richard, vous défendez l'avocate de la grand-mère
40:32 de Jonathan Coulon, et puis vous êtes l'auteur de ce livre,
40:34 je le répète, "Crime, délit et vie brisée",
40:37 qui est publié chez Albert Michel,
40:39 où évidemment cette affaire a beaucoup de résonance.
40:42 Ce procès, votre cliente, la grand-mère,
40:45 et plus largement la famille, on l'attend vraiment avec impatience ?
40:49 -Bien sûr qu'on l'attend.
40:51 J'ai eu Chantal au téléphone avant de venir,
40:55 et elle me disait, j'attends avec impatience moi aussi
40:58 d'être devant lui, bien sûr, et de l'entendre.
41:00 On a parlé tout à l'heure, je veux dire,
41:03 de ce qui pouvait être à décharge,
41:06 mais moi je suis liée par le secret pour vous dire
41:08 tout ce qui peut être à charge.
41:10 Mais il n'y a plus d'un élément, ce n'est pas simplement une impression.
41:13 -C'est ça, ce n'est pas un sentiment diffus.
41:15 -Quand on voit que c'est quelqu'un... On parle de ce retrait d'argent,
41:19 mais il n'y a rien de payé avec sa carte bleue,
41:21 il y a un retrait d'argent, mais il n'y a rien de payé.
41:23 Comment il vit pendant toute cette période,
41:25 si ce n'est avec l'argent qu'il a tiré avant ?
41:27 Comment ça se fait que son téléphone ne bouge plus pendant ce temps-là,
41:30 alors qu'il ne bougeait pas non plus quand il avait sévi en Allemagne ?
41:33 Je veux dire, je ne peux pas en dire plus.
41:36 -Il y a trop de hasards.
41:37 -Mais ce n'est pas de hasards, ce n'est pas des hasards.
41:38 Il y a trop d'éléments qui sont concordants,
41:41 qui sont absolument concordants.
41:43 Après, dans une affaire criminelle,
41:46 on ne peut pas apporter la preuve par A + B
41:49 comme maintenant on l'espère tout le temps.
41:50 Maintenant, à chaque fois, on vous dit qu'il faut qu'il y ait de la téléphonie.
41:53 Là, justement, il n'y en a pas.
41:54 On nous dit qu'il faut qu'il y ait de l'ADN,
41:55 mais là, à l'époque, il n'y en avait pas.
41:56 Il y a un moment où il y a largement,
41:59 il y a absolument largement de quoi amener ce garçon devant la cour d'assises.
42:04 Martinet sera devant la cour d'assises,
42:06 moi, j'en ai la conviction, et il sera condamné par les jurés,
42:09 parce que déjà, je serai là pour faire en sorte,
42:12 avec le parquet, aux côtés du parquet, pour qu'il le soit,
42:14 et pour mettre l'accent sur tout ce qui peut permettre
42:18 de démontrer qu'il est à l'origine de l'enlèvement et de la mort de Jonathan.
42:23 Et puis, il reste une lueur d'espoir.
42:27 Oui, il reste peut-être une lueur d'espoir,
42:29 parce que c'est vrai que dans un procès d'assises,
42:31 il peut tout arriver.
42:34 Tout peut arriver. Est-ce que sa mère viendra à l'audience ou pas ?
42:37 Qu'est-ce qu'on en tira comme conséquence ?
42:39 - Elle avait été, je crois, au procès en Allemagne.
42:41 - Oui, justement, c'est ce que je disais.
42:43 - Elle était présente, donc effectivement, ça, ça a beaucoup aussi marqué Martinet.
42:47 Alors, Timothée Boutry, on est en partenariat aujourd'hui sur RTL
42:51 avec Le Parisien aujourd'hui en France dans cette affaire,
42:52 où vous lisez en grand papier ce matin dans Le Parisien sur Martinet,
42:56 l'ombre de l'homme en or.
42:59 Alors, s'il y a procès, Timothée Boutry,
43:03 décidément, s'il y a procès,
43:06 fatalement, la vie et l'œuvre de Martinet vont être sur la table.
43:10 Il va parler de son enfance.
43:12 Il en a beaucoup parlé lors de l'instruction, à la psy notamment.
43:15 - Oui, il en a parlé à tout le monde.
43:17 Et il raconte qu'il était moqué quand il était enfant
43:21 parce qu'il avait un défaut de prononciation,
43:22 qu'il avait les oreilles décollées
43:24 et aussi qu'il était d'une issue d'un milieu modeste.
43:27 Voilà, donc il parle de ça.
43:29 Ses parents se sont séparés très tôt.
43:31 Son père était alcoolique, violent.
43:33 Il a quasiment grandi sans père.
43:36 Et donc, il était très, très proche de sa mère, assez autoritaire.
43:40 Il raconte qu'à 12 ans, il a subi une agression sexuelle dans une piscine.
43:44 Et on va se rendre compte, lui-même va le dire,
43:47 que la première agression sexuelle que lui commet,
43:49 ce sera dans la même piscine,
43:50 alors qu'il a 18 ans pour un enfant de 12 ans.
43:53 Désattouchement, comme à chaque fois.
43:55 Mais alors, ce qui est intéressant, c'est que l'expertificate
43:57 ne va pas considérer que c'est cet élément-là qui est fondateur.
44:00 Parce qu'on le sait, malheureusement,
44:03 beaucoup d'enfants abusés deviennent des abuseurs.
44:05 Malheureusement, l'histoire criminelle est pleine de ce genre d'histoire.
44:10 Mais là, elle va remonter beaucoup plus loin, en fait,
44:13 parce que Martinet, c'est un moment où il va être très ému
44:16 lors de cet entretien avec l'expertificate.
44:19 On est venu de la scène qui remonte à 1944.
44:22 - Bien des années, auparavant. - Voilà.
44:24 Et la famille de sa mère fuit l'armée rouge.
44:27 On est en Allemagne de l'Est,
44:29 elle suit l'avancée de l'armée rouge.
44:31 Et que la mère de Martinet a un petit frère,
44:34 qui est quasiment un bébé, un enfant,
44:36 qui va mourir de froid dans les bras de sa grand-mère.
44:39 Et que les parents vont devoir abandonner le bébé gelé au bord du chemin.
44:43 Un enfant qui ne sera pas inhumé.
44:45 Et pour l'expertificate,
44:46 elle dit qu'il y a un traumatisme générationnel qui s'est transmis.
44:49 - Cette histoire s'est racontée. - Elle est très émue quand il en parle.
44:53 Il y a cette idée de l'enfant abandonné,
44:56 qui n'est pas inhumé.
44:58 Elle, elle pense qu'il y a quelque chose comme ça qui se transmet.
45:01 Alors, voilà, c'est assez intéressant, c'est assez particulier.
45:05 Mais ce sera évidemment débattu aussi,
45:07 puisque les expertises psychiatriques sont partie du dossier.
45:12 Maître Cathy Richard, sans la piste allemande,
45:14 c'est une affaire qui serait peut-être tombée dans l'oubli,
45:16 s'il n'y avait pas eu cette piste étrangère.
45:19 Alors, Jean-Alphonse, vous pouvez compter sur moi
45:21 pour que cette affaire ne soit pas tombée dans l'oubli.
45:23 Je vous pose quand même la question.
45:25 Elle ne serait pas tombée dans l'oubli, certes,
45:26 mais sans la piste allemande, on n'avait rien d'autre.
45:29 C'est-à-dire que non seulement on est persuadé,
45:32 enfin, moi je suis persuadée de la culpabilité de Martinet,
45:34 mais en plus, il n'y a rien, mais strictement rien d'autre que lui.
45:37 Donc, si vous voulez, voilà, aussi on pourrait dire,
45:39 on avait d'autres suspects, d'autres pistes.
45:43 Non, tant qu'on ne l'avait pas lui, il n'y avait rien.
45:45 Parce que quand même, c'est aller enlever un enfant
45:49 dans une colonie de vacances, un enfant qui dort,
45:51 un enfant qui a 12 ans,
45:52 qui est dans la même chambre que d'autres enfants.
45:54 C'est quand même assez extraordinaire
45:57 pour qu'on sache que ça ne peut pas être le fait de n'importe qui.
46:01 Et effectivement, ça ne peut pas être le fait de quelqu'un d'autre que Martinet.
46:05 Et justement, là-dessus, Timothée Boutry,
46:07 vous me disiez, je crois, tout à l'heure, ou en tout cas à n'importe quel moment,
46:09 qu'il n'y avait pas d'autres cas
46:11 de ce genre de mode opératoire précis à un centre de vacances, etc.
46:15 - Oui, c'est ce que font... - Il n'y a que Martinet.
46:16 C'est ce que font, relève le juge, je crois, en disant,
46:19 on a cherché, on n'a pas trouvé d'autres exemples.
46:22 Merci beaucoup, Timothée Boutry et maître Cathy Richard,
46:25 d'avoir été aujourd'hui les invités de L'Heure du Crime.
46:27 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignaud,
46:30 préparation Marie Bossard, réalisation Nicolas Godet.
46:33 Jean-Alphonse Richard sur RTL.
46:36 L'Heure du Crime.
46:38 [Musique]