• il y a 9 mois
Le fermier Robert Pickton est le plus grand tueur en série du Canada et l'un des plus importants jamais recensés dans l'histoire du crime. Il a lui-même confié avoir tué quarante-neuf femmes, précisant qu'il avait pour objectif d'arriver à un chiffre rond de cinquante victimes. Des femmes qui ne réapparaissaient pas. Leurs corps étaient livrés aux cochons. Comment a-t-il pu échapper si longtemps à la police ?
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime du 22 mars 2024 avec Jean-Alphonse Richard.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:07 Robert Picton, un fermier qui a tiré des prostituées de Vancouver dans sa ferme.
00:14 Il les a emprisonnés, les a torturés, les a assassinés, il les a donné à manger à ses cochons.
00:21 Qui est le tueur en série le plus prolifique du Canada ?
00:25 Bonjour, le fermier Robert Picton est le plus grand tueur en série du Canada.
00:31 Et l'un des plus importants de l'histoire du crime.
00:34 Il a lui-même confié avoir tué 49 femmes,
00:37 précisant qu'il avait pour objectif d'arriver au chiffre rond de 50 victimes.
00:43 Des femmes qui ne réapparaissaient pas, leur corps était livré aux cochons.
00:48 L'arrestation du fermier Picton va plonger les enquêteurs au cœur d'un film de crime.
00:54 Le rôle principal étant tenu par un homme qui, pendant presque une dizaine d'années,
00:59 a tranquillement assassiné des femmes, certes disparues,
01:02 mais que personne ne recherchait vraiment, des prostituées, des marginales.
01:07 Des dénonciations auraient dû attirer l'attention des autorités,
01:10 mais celles-ci sont restées inertes.
01:12 Quand elles sont allées voir ce qui se passait derrière les murs de cette ferme,
01:17 il était déjà trop tard.
01:19 Qui est ce tueur qui a agi en toute impunité pendant de si longues années ?
01:24 Comment a-t-il échappé si longtemps à la police ?
01:26 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:29 Robert Picton, les disparus de la ferme aux cochons.
01:33 Il a voulu me tuer, il m'a poignardé.
01:35 Arrêtez-le, c'est un malade !
01:37 L'enquête aujourd'hui de L'Heure du Crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:41 A tout de suite sur RTL.
01:43 L'Heure du Crime.
01:45 Jean-Alphonse Richard jusqu'à 15h30 sur RTL.
01:49 14h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:54 L'Heure du Crime.
01:56 Dans L'Heure du Crime, aujourd'hui, la trajectoire inouïe de Robert Picton,
02:00 un fermier canadien qui va être présenté en 2002
02:03 comme l'un des pires tueurs en série jamais recensé,
02:06 une cinquantaine de femmes tuées.
02:08 Il aurait pu être démasqué bien plus tôt.
02:11 Voilà des années qu'il a tiré l'attention.
02:15 Samedi 22 mars 1997.
02:19 Une femme affolée, les habits en partie déchirés, menottées, couvertes de sang,
02:24 court sur une petite route de campagne à Port Coquitlam,
02:28 à une trentaine de kilomètres de Vancouver.
02:31 Elle fait signe à une voiture.
02:33 Les occupants croient à un accident.
02:35 La femme a juste le temps de dire qu'elle a été poignardée au ventre et au buste.
02:39 Elle s'évanouit.
02:41 Une ambulance la conduit jusqu'au Royal Columbian Hospital à New Westminster
02:46 où elle est opérée en urgence.
02:48 Au même moment, un homme est admis aux urgences, lui aussi blessé.
02:52 Il s'appelle Robert Picton.
02:54 Il tient une grosse ferme, un élevage de cochons à Port Coquitlam.
02:58 Il s'est battu avec la femme.
03:00 Sur lui, on trouve les clés des menottes.
03:02 « Il a voulu me tuer ! Je me suis défendu. Arrêtez-le, c'est un malade ! »
03:06 dit la femme.
03:07 Dément, mais il est inculpé de tentatives de meurtre et de séquestration.
03:11 Poursuite vite, abandonné car la plaignante toxicomane n'est pas jugée crédible.
03:17 Printemps 1999, la police de Vancouver est avertie
03:21 qu'une prostituée dit avoir vu un corps nu de femme
03:24 suspendue dans l'abattoir de la ferme Picton.
03:27 Interrogée, elle se montre évasive.
03:29 Elle connaît bien Robert Picton et choisit de retirer ses propos.
03:33 À la même époque, un homme qui travaille pour les Picton prévient la police
03:37 que des vêtements féminins, des sacs à main, des papiers d'identité
03:41 sont disséminés dans la ferme.
03:43 Mais les policiers ne donnent pas suite à ce témoignage.
03:46 Vendredi 1er février 2002, la gendarmerie royale du Canada
03:51 est contactée par un certain Scott Chubb, chauffeur routier qui transporte du bétail.
03:56 Il a travaillé pour la ferme Picton.
03:58 Il déclare avoir vu sur place des armes, des fusils, des revolvers,
04:02 certaines de ces armes sont cachées dans une vieille caravane
04:05 qui sert d'habitation et de bureau à Robert Picton, le propriétaire.
04:09 Les gendarmes regardent le casier judiciaire de l'individu.
04:13 Ils retrouvent l'agression au couteau en 1997
04:17 et plusieurs plaintes pour tapage nocturne.
04:19 Avec son frère David, il avait mis sur pied une association de bienfaisance,
04:23 la "Piggies Palace Good Times Society"
04:27 qui organisait des balles géantes dans la ferme,
04:29 une clientèle de motards, de mauvais garçons, de prostituées,
04:33 alcool, drogue et bagarre après 4 ans de débauche.
04:36 La ville avait fermé le "Piggies Palace", le palais des cochons.
04:41 Mardi 5 février au soir, 4 jours après la dénonciation,
04:45 les gendarmes cernent la ferme.
04:47 Les deux frères David et Robert sont interpellés,
04:49 mais seul le dernier est suspect.
04:52 Dans sa caravane est retrouvé une arme non déclarée,
04:55 un pistolet automatique sur lequel est attaché un sextoy.
04:59 Robert Picton est arrêté, mais laissé libre, sous caution.
05:02 Les gendarmes décident de fouiller de fond en comble
05:05 les 6 hectares et demi de l'exploitation.
05:07 Ils découvrent de nombreux vêtements et chaussures de femmes,
05:10 des paires de menottes, des bijoux.
05:12 Un inhalateur pour l'asthme est identifié
05:15 comme appartenant à une certaine séréna à Bosway,
05:19 29 ans, portée disparue en août 2001.
05:22 Du sang prélevé dans la caravane est analysé
05:25 comme étant celui de Mona Wilson, 26 ans,
05:28 disparue, elle, il y a seulement 2 mois.
05:31 Elles font partie d'une liste de 61 femmes
05:34 qui se prostituaient à Vancouver et qui,
05:37 depuis une vingtaine d'années, étaient portées disparues.
05:40 Et cette fois, Robert Picton va devoir s'expliquer,
05:44 non pas sur ces quelques armes non déclarées
05:47 qu'on retrouve dans cette ferme,
05:49 mais sur toutes ces femmes, des femmes disparues.
05:51 On va voir le scénario épouvantable
05:54 qui va alors se dessiner et ce que va déclarer
05:57 surtout ce personnage dans la suite de l'heure du crime.
06:00 Pour le moment, il nous faut planter le décor.
06:03 Et pour cela, on retrouve au Canada,
06:05 justement, où il vit Stéphane Bertomé.
06:07 Bonjour Stéphane Bertomé.
06:08 - Bonjour.
06:09 - Merci infiniment d'avoir accepté aujourd'hui
06:11 l'invitation de l'heure du crime.
06:13 On vous entend souvent dans notre émission,
06:15 vous êtes ancien policier et aujourd'hui,
06:17 vous vivez au Canada, je viens de le dire,
06:19 vous réalisez des podcasts et je cite votre dernier podcast,
06:22 c'est "Contre-enquête" et qui est disponible d'ailleurs
06:25 sur toutes les plateformes d'écoute,
06:27 chaque jeudi, un nouvel épisode.
06:29 Pour votre travail instructif sur la justice et le crime,
06:32 Stéphane Bertomé, alors vous connaissez parfaitement cette histoire.
06:35 Il y a cette ferme, finalement, les policiers, les gendarmes,
06:39 ils ont convenu qu'il fallait peut-être aller voir
06:41 ce qui se passait derrière ces murs.
06:43 Ça fait des années qu'on leur signale cet endroit,
06:45 mais ils n'avaient pas bougé.
06:47 C'est cette ferme qui est en train de devenir
06:49 une immense scène de crime, c'est ça ? On fouille partout ?
06:51 - Ah oui, réellement.
06:53 Cette ferme, il faut l'imaginer comme
06:55 une sorte de mélange entre une ferme traditionnelle,
06:58 un ensemble de bâtisses assez imposants
07:01 et un dépotoir.
07:04 Il faut le dire tel que c'est,
07:06 c'est-à-dire qu'il y a un peu,
07:08 quand on regarde les photos
07:10 de l'ensemble du terrain,
07:12 parce qu'au départ, c'était un terrain très très vaste
07:14 qui a été vendu petit à petit
07:16 à des promoteurs immobiliers.
07:18 Quand on regarde l'ensemble du terrain,
07:20 on voit bien que c'est une sorte de foutoir
07:22 sur lequel il y a des bâtisses qui sont là.
07:24 Dans ces bâtisses, il y a effectivement
07:26 un élevage de cochons, mais il y a aussi
07:28 des bâtisses que Picton a réservées
07:30 à son visage personnel,
07:32 et notamment celles à ces fameuses soirées
07:34 dont on a du mal à qualifier le style.
07:36 - Soirées musicales,
07:38 on a le sentiment qu'il a tiré des victimes,
07:40 il y a beaucoup de femmes qui sont venues ici,
07:42 des prostituées,
07:44 donc effectivement, ça lui permettait aussi
07:46 de sélectionner certaines de ses cibles.
07:48 Et bien justement, Stéphane Berthomé,
07:50 qui est ce Robert Picton,
07:52 cet éleveur de cochons ?
07:54 - Alors, on le connaîtra
07:56 très rapidement sous le nom du "Pig Farmer Killer",
07:58 ou le "Boucher".
08:00 Il est né en octobre 1949.
08:02 Il est considéré,
08:06 et quand on va le connaître au cours du procès,
08:08 comme un être plutôt socialement maladroit.
08:10 On dit de lui qu'il agit
08:12 un peu étrangement, il vit seul dans sa ferme,
08:14 sur une petite caravane.
08:16 Il y a son frère,
08:18 qui est dans son entourage très proche.
08:20 Ils ont créé ensemble cette œuvre de "charité",
08:22 qui en fait, contexte
08:24 à faire des fêtes
08:26 de façon assez débridée.
08:28 En fait, on comprend
08:30 qu'il s'en sert à la fois pour faire du financement,
08:32 il fait des collectes de fonds.
08:34 C'est une personnalité qui vit un peu
08:36 en marge, c'est quelqu'un
08:38 qui ne se mélange pas,
08:40 qui ne se mêle pas à la société.
08:42 Il est dans la région de Vancouver,
08:44 qui est une région extrêmement grande,
08:46 extrêmement vaste, dont vous avez déjà parlé
08:48 dans un épisode de l'autoroute des larmes.
08:50 On se souvient de ça,
08:52 parce qu'on n'est pas loin de cette situation-là.
08:54 C'est une région propice
08:56 à la chose criminelle,
08:58 puisqu'il est facile de s'y cacher, de s'y disparaître.
09:00 Vous avez dit que c'est très grand, très vaste,
09:02 et pas forcément très habité.
09:04 Ce qui frappe tout de suite dans cette histoire,
09:06 c'est qu'effectivement, on l'a raté Robert Pickton.
09:08 Pourquoi ?
09:10 Peut-être par inertie,
09:12 ou par envie de chercher ce qui se passait.
09:14 Mais le fait est que cette arrestation,
09:16 elle vient très, très tard.
09:18 Bonjour Kim Rossmo.
09:20 - Hello Mr. Richard.
09:22 - Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui,
09:24 dans l'heure du crime, parce que votre témoignage,
09:26 il nous est très précieux. Vous êtes criminologue, spécialiste
09:28 du profilage géographique.
09:30 C'est une technique toute moderne.
09:32 Vous êtes ancien policier, et à l'époque,
09:34 vous êtes sur cette affaire.
09:36 Vous êtes policier, vous enquêtez
09:38 sur cette affaire, en tout cas sur cet homme.
09:40 Et vous avez signalé
09:42 la présence d'un tueur
09:44 en série, dans cette région,
09:46 notamment à cause de ces
09:48 histoires de femmes qui disparaissent.
09:50 Quand est-ce que vous avez commencé à vous poser
09:52 des questions sur ces disparitions ?
09:54 - Well, I was tasked
09:56 to look at
09:58 - J'ai été chargé d'examiner tous les signalements
10:00 de personnes disparues.
10:02 Ça concernait
10:04 principalement des femmes en marge
10:06 de la société,
10:08 qui fréquentaient les bas quartiers de Vancouver.
10:10 C'était des prostituées
10:12 qui ont tendance à être juste de passage.
10:14 Elles n'avaient pas de famille.
10:16 Des femmes
10:18 qui pouvaient disparaître facilement
10:20 sans que personne ne s'en aperçoive.
10:22 On m'a donc demandé
10:24 de faire un profilage géographique.
10:26 Je me suis concentré sur les endroits
10:28 où il y avait eu le plus d'incidents.
10:30 J'ai regardé le nombre de femmes
10:32 disparues sur 20 ans, et je me suis dit
10:34 qu'il y en avait beaucoup trop.
10:36 Ce n'était pas normal.
10:38 En regardant les faits, la seule conclusion plausible
10:40 était qu'un tueur en Syrie sévissait
10:42 dans la région. - Alors ça c'est extrêmement intéressant
10:44 ce que vous nous dites, Kim Rosemont. Est-ce qu'on vous croit ou on vous croit pas ?
10:46 - My direct
10:48 superior was interested
10:50 in this, but in the
10:52 - Eh bien, mon supérieur m'a cru.
10:54 Mais à la brigade criminelle,
10:56 personne n'était convaincu par mes conclusions.
10:58 Il pensait que ces femmes
11:00 étaient simplement parties.
11:02 Ils avaient confié l'enquête à un débutant.
11:04 Mais une enquête
11:06 sur un tueur en Syrie nécessite
11:08 beaucoup de monde et d'argent.
11:10 Vous savez, je pense
11:12 qu'il y a eu pas moins de 13 meurtres
11:14 entre le moment où Picton a été suspecté
11:16 et le moment où il a été
11:18 enfin arrêté.
11:20 13 meurtres qui auraient pu être évités.
11:22 - Oui, c'est ça qui est terrifiant.
11:24 C'est qu'il y a plein de meurtres qui auraient pu être arrêtés.
11:26 En tout cas, on n'aurait pas
11:28 on aurait pu les éviter, évidemment.
11:30 Stéphane Bertome, le moins qu'on puisse dire,
11:32 et on vient d'entendre Kim Rossmo,
11:34 c'est passionnant d'ailleurs, ce qu'il raconte,
11:36 c'est qu'on l'a raté, Picton.
11:38 Il y a eu plein de signalements sur lui.
11:40 - Oui, vous savez, il faut mesurer
11:42 l'importance de ce que vient de dire Kim Rossmo.
11:44 C'est très très rare au Canada
11:46 qu'un policier
11:48 dise publiquement qu'on a loupé
11:50 une affaire, qu'on a manqué
11:52 à une affaire. Je peux vous garantir que pour
11:54 les policiers qui ont été sur des dossiers depuis des années
11:56 et documentés des dossiers judiciaires
11:58 depuis des années, c'est une parole
12:00 extrêmement rare que vous avez pu
12:02 diffuser maintenant. - Elle est dans le...
12:04 - Oui, on l'a raté. Et effectivement, Kim Rossmo
12:06 le dit parce que c'est tout à fait fondé.
12:08 C'est un des plus grands ratés
12:10 policiers
12:12 de l'époque, du XXe siècle,
12:14 clairement,
12:16 plus d'une dizaine de meurtres qui auraient certainement
12:18 pu être évités. - C'est ça,
12:20 ce qui est énorme, parce qu'il y a toutes ces découvertes,
12:22 Stéphane Bertome, il y a des habits
12:24 de femmes qu'on voit,
12:26 il y a cette femme qui est suspendue,
12:28 il y a ce témoignage, c'est hallucinant
12:30 qu'on arrive pas à voir ce qui se passe derrière cette ferme.
12:32 - Le plus frappant,
12:34 c'est en 97, ce que vous avez raconté
12:36 en introduction de l'histoire,
12:38 cette femme qui vraisemblablement
12:40 est une prostituée, qui est admise à l'hôpital,
12:42 même hôpital dans lequel
12:44 Picton est admis. - Hallucinant.
12:46 - On découvre dans les affaires, dans les poches de Picton,
12:48 la clé des menottes qui
12:50 sont attachées au poignet de cette femme.
12:52 Donc, évidemment, on fait le lien,
12:54 on l'accuse et on abandonne
12:56 les charges, comme on dit en Canada,
12:58 quelques temps après, parce qu'on la considère
13:00 comme un mauvais témoin, en raison de sa
13:02 dépendance aux drogues, en l'occurrence.
13:04 Et tout ça, c'est symptomatique
13:06 justement de la problématique du système à l'époque,
13:08 on n'accorde pas
13:10 de confiance à la parole des gens qui sont
13:12 pas, entre guillemets, "socialement
13:14 normaux".
13:16 - Le fermier est arrêté, accusé pour le moment
13:18 de deux meurtres de femmes, mais d'autres
13:20 vont suivre. Robert Picton,
13:22 l'est disparu de la ferme aux cochons.
13:24 Je suis déjà une légende, tout le monde me connaît,
13:26 le monde entier me connaît, partout,
13:28 jusqu'à Hong Kong.
13:30 L'enquête, aujourd'hui, de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant
13:32 sur RTL.
13:46 Au programme, aujourd'hui, de l'heure du crime,
13:48 le tueur en série, Robert Picton,
13:50 en février 2002, ce fermier
13:52 canadien, qui vit près de Vancouver,
13:54 se retrouve accusé de deux meurtres
13:56 de femmes. Il conservait
13:58 les affaires de nombreuses autres prostituées
14:00 disparues. Il dément
14:02 ou garde le silence.
14:04 Dans les jours qui suivent l'arrestation de Robert
14:06 Picton, deux têtes coupées
14:08 en deux, verticalement placées
14:10 dans un congélateur, sont retrouvées.
14:12 Ce sont celles de Serena
14:14 Aboswe, 29 ans,
14:16 et Andrea Joesbury, 22 ans,
14:18 toutes deux disparues en 2001.
14:20 La porcherie est explorée,
14:22 le terrain retourné à la pelleteuse
14:24 des archéologues, des légistes
14:26 participent à la campagne de fouille.
14:28 Après un mois de travail, la policière Catherine
14:30 Galliford annonce,
14:32 « Soyons très clairs, l'enquête sur les femmes disparues
14:34 n'est pas terminée. La fouille, centimètres
14:36 par centimètres de la ferme,
14:38 va continuer pendant des mois. »
14:40 Ce sont des restes d'autres
14:42 prostituées disparues, 65
14:44 comptabilisées qui sont recherchées,
14:46 des femmes qui avaient leurs habitudes
14:48 dans le quartier chaud de Vancouver.
14:50 Avec ces recherches, des familles sortent
14:52 désormais de l'ombre pour demander des nouvelles.
14:54 Wendy Lachance
14:56 recherche sa cousine, Marnie
14:58 Frey, 24 ans, disparue depuis
15:00 cinq ans. Elle a soudain cessé
15:02 de venir, elle n'a plus téléphoné.
15:04 « Je veux savoir ce qui s'est passé »,
15:06 dit la jeune femme.
15:08 Vendredi 22 février 2002,
15:10 Robert Pickton est interrogé par les enquêteurs.
15:12 Ils esquivent les questions.
15:14 Après 36 heures de dénégation,
15:16 il est reconduit dans sa prison.
15:18 Ici, il sympathise avec
15:20 son co-détenu accusé de plusieurs
15:22 viols et qui, comme lui, parle
15:24 en argot. Le fermier
15:26 ignore que cet homme est en fait
15:28 un gendarme missionné pour
15:30 lui soutirer des confidences.
15:32 Au fil des jours, Pickton se laisse
15:34 aller à des révélations
15:36 stupéfiantes. « J'ai tué 49
15:38 femmes. Je voulais en tuer
15:40 une autre pour aller jusqu'à 50
15:42 car c'est un chiffre rond », confie-t-il
15:44 au co-détenu. Il regrette
15:46 de s'être fait prendre à cause de ses négligences.
15:48 Il aurait dû se débarrasser
15:50 des vêtements de ses victimes.
15:52 Il est fier de ses crimes.
15:54 « Je suis déjà une légende.
15:56 T'as probablement entendu parler de moi
15:58 à la télé ou dans les journaux. Tout le monde me connaît.
16:00 Le putain de
16:02 monde entier me connaît. Partout.
16:04 Jusqu'à Hong Kong. »
16:06 Lundi 2 décembre 2002,
16:08 Robert Pickton, 53 ans,
16:10 fili physique plutôt chétif,
16:12 crâne dégarni, apparaît
16:14 devant la cour de justice de Port-Coquitlam
16:16 pour une audience
16:18 destinée à préparer un prochain
16:20 procès. À ce moment-là, le fermier
16:22 est accusé de 15 meurtres.
16:24 Les découvertes ADN dans la
16:26 ferme de l'horreur, le Piggy Palace
16:28 comme l'appelle la presse, ne sont
16:30 pas terminées. Quelques mois plus tard,
16:32 Robert Pickton est inculpé au total de
16:34 26 meurtres de femmes,
16:36 prostituées et toxicomanes
16:38 pour la plupart. Une liste
16:40 qui pourrait faire de l'accusé
16:42 le pire des tueurs en série
16:44 du Canada.
16:46 Et c'est tout un pays qui attend ce procès
16:50 qui va un peu faire...
16:52 un peu plus, pardon, faire plonger
16:54 les familles de victimes dans l'horreur.
16:56 On va savoir pourquoi les corps
16:58 n'ont jamais été retrouvés et l'issue
17:00 funeste de ces malheureuses
17:02 dans les tables aux cochons. On va parler
17:04 de ce procès dans la suite de l'émission.
17:06 Retournons une nouvelle fois dans
17:08 cette ferme où la plupart des crimes ont sans doute été
17:10 perpétrés.
17:12 On vous retrouve Stéphane Berthomé, ancien
17:14 policier, je le dis, créateur
17:16 et réalisateur de podcasts. C'est vous.
17:18 Vous habitez et vous vivez au Canada,
17:20 vous connaissez bien cette affaire et vous connaissez bien les
17:22 histoires criminelles. Il y a un podcast
17:24 qui s'appelle d'ailleurs "Contre-Enquête"
17:26 que vous sortez chaque jeudi
17:28 sur Internet. Et on les retrouve
17:30 sur les réseaux sociaux, ces podcasts.
17:32 "On fouille centimètres par centimètres"
17:34 dit une policière.
17:36 On a presque du mal à y croire parce qu'elle dit
17:38 "Ah mais non, les recherches ne vont pas durer une semaine,
17:40 deux semaines, elles vont durer des mois."
17:42 - Oui, ce n'est pas un
17:44 euphémisme, ce n'est pas une façon de parler,
17:46 ce n'est pas une image. La police a utilisé
17:48 du matériel lourd pour fouiller la
17:50 propriété. Ils ont creusé, ils ont
17:52 tamisé des centaines de milliers de mètres
17:54 cubes du sol.
17:56 Pourquoi ? Parce qu'on
17:58 a bien compris qu'il allait
18:00 être très difficile de trouver des corps, donc on cherche
18:02 des traces résiduelles.
18:04 Il faut dire que c'est probablement l'une des
18:06 enquêtes qui a été la plus importante
18:08 et la plus coûteuse de l'histoire du Canada.
18:10 On l'estime à un peu plus de 70 millions
18:12 de dollars. - 70 millions
18:14 de dollars canadiens ou... ?
18:16 - Oui, canadiens. - Donc ça fait un peu moins
18:18 quand même. - Oui, mais c'est déjà
18:20 un montant assez colossal.
18:22 - C'est déjà un montant colossal. Il y a autre chose
18:24 Stéphane Bertome qui est passionnant
18:26 dans cette affaire, c'est que là,
18:28 il n'y a plus grand chose de ces filles
18:30 qui ont été tuées par Picton.
18:32 On a retrouvé deux crânes, mais c'est tout parce qu'il
18:34 n'a pas eu le temps de s'en débarrasser.
18:36 Il n'y a que l'ADN qui peut
18:38 jouer dans cette affaire.
18:40 - Alors, effectivement, si on
18:42 exclut le fait qu'on trouve
18:44 quand même beaucoup d'éléments matériels,
18:46 on trouve des objets
18:48 qui ont appartenu à des victimes et c'est donc
18:50 sur ces objets-là qu'on va
18:52 travailler avec l'ADN. Et oui,
18:54 l'ADN est à ce moment-là
18:56 clairement un des éléments clés.
18:58 Vous l'avez dit, il y a aussi cette confession
19:00 à un agent infiltré
19:02 dans le cadre d'une opération qu'on appelle l'opération
19:04 "Mr Big" qui est quand même
19:06 essentielle à l'affaire puisque c'est une reconnaissance
19:08 de sa responsabilité qui est reconnue
19:10 à la cour. - Et bien, alors, un mot
19:12 là-dessus Stéphane Bertome, parce que nous en France,
19:14 évidemment, on n'est pas habitué à ça. Vous n'allez
19:16 pas mettre un gendarme
19:18 anonyme dans une cellule pour faire parler
19:20 le détenu, ça ne peut pas se faire.
19:22 Là, effectivement, il y a
19:24 cette ruse qui est employée par la police,
19:26 un gendarme va se confier. Il est
19:28 très fier d'être un tueur en série
19:30 "Picton" lorsqu'on écoute cette confession.
19:32 - Oui, et cette
19:34 opération, on l'appelle vraiment "Mr Big",
19:36 c'est le nom de l'opération, c'est-à-dire qu'on
19:38 fait croire à quelqu'un, et on le fait aussi dans le
19:40 cadre de la mafia, de motards,
19:42 de crimes organisés,
19:44 permet de faire croire à quelqu'un qui
19:46 a affaire à un criminel. Et parfois, on y met
19:48 de très gros moyens, à tel point que
19:50 la justice a limité un petit peu l'accès
19:52 à ce type de méthode, parce que ça
19:54 poussait quasiment à faire des
19:56 reconnaissances de crimes qui n'étaient pas
19:58 tout à fait réels, ou tout le temps réels.
20:00 Mais là, dans ce cas-là, effectivement, il est avec
20:02 un co-détenu qui croit être
20:04 un criminel lui aussi,
20:06 et il se vante de ses crimes. Alors, on joue
20:08 bien sûr, dans ces cas-là,
20:10 sur l'ego
20:12 de ces criminels, et en particulier "Picton"
20:14 qui semble en avoir un démesuré
20:16 en la matière. - Oui, c'est ça, il dit
20:18 "Je suis très très content, on me connaît partout,
20:20 je suis devenu une star", mais ça, je ne vous
20:22 cache rien Stéphane Bertomé, parce que vous les connaissez
20:24 aussi bien que moi, c'est le propre des tueurs en série.
20:26 Ils sont ravis de briller
20:28 à un moment donné. - C'est un des éléments clés,
20:30 effectivement, de leur psychologie.
20:32 - Kim Rossmo, alors vous, vous êtes
20:34 ancien policier, et vous nous avez dit que
20:36 à l'époque, vous aviez alerté les autorités
20:38 sur ces femmes qui disparaissaient, on vous avait
20:40 demandé d'enquêter là-dessus, mais on vous
20:42 n'a pas cru, et effectivement, "Picton"
20:44 il a continué à prospérer
20:46 dans ce décor canadien,
20:48 alors il y a sa méthodologie à ce
20:50 tueur en série,
20:52 on a l'impression que les filles venaient le
20:54 retrouver à la ferme,
20:56 en tout cas certaines prostituées survivantes
20:58 ont raconté qu'effectivement
21:00 elles venaient à cette
21:02 ferme, sur les lieux.
21:04 - C'est exact.
21:06 Je crois me souvenir
21:08 qu'il avait dit que s'il se mettait en colère
21:10 contre elles,
21:12 ou qu'elles essayaient de l'arnaquer,
21:14 qu'il les assassinerait.
21:16 Mais c'est vrai qu'il y en avait
21:18 beaucoup qui y allaient seuls,
21:20 et qui n'ont jamais rien eu.
21:22 Donc il ne tuait pas toutes les prostituées
21:24 qui se rendaient chez lui.
21:26 - Alors effectivement, il y a des
21:28 survivantes, il y en a qui vont raconter,
21:30 même avoir vu des choses, etc.
21:32 Mais après, une fois qu'il sera en prison,
21:34 parce qu'il fait peur à tout le monde, ce "Picton",
21:36 ces victimes, Kim Rosmo,
21:38 elles ont toutes quasiment
21:40 le même profil ?
21:42 - Eh bien,
21:44 ce sont toutes des femmes.
21:46 Environ la moitié
21:48 était autochtone, et l'autre moitié
21:50 blanche.
21:52 C'était des prostituées
21:54 toxicomanes qui travaillaient dans un quartier
21:56 chaud de Vancouver, appelé
21:58 le "Low Track".
22:00 C'était un quartier
22:04 où les femmes étaient réellement en danger,
22:06 et plus susceptibles
22:08 d'être victimes de crimes.
22:10 - Stéphane Bertome, on voit bien
22:12 que les cibles, ce sont des marginales,
22:14 et c'est assez facile, parce que ces filles,
22:16 on sait qu'on ne va pas forcément les rechercher.
22:18 Les familles qui ont perdu quelqu'un,
22:20 et qui se sont manifestées sans doute à l'époque,
22:22 qui sont allées voir le commissariat, jamais
22:24 elles ont réussi à se faire entendre ?
22:26 - Non, et ça démontrait
22:28 l'existence, à l'époque, d'un problème systémique
22:30 au sein des corps policiers,
22:32 qui était de
22:34 quasiment faire une différence entre les bonnes
22:36 et les mauvaises victimes, il faut le dire
22:38 tel que c'était.
22:40 Donc, effectivement, il y a des familles
22:42 qui ont signalé la disparition
22:44 de gens, il y a des dossiers
22:46 qui sont apparus et qui ont été
22:48 laissés sur un coin de table
22:50 pendant des années, c'est ce qui a creusé
22:52 une frustration incroyable
22:54 du côté des familles, et ce qui a aussi
22:56 contribué à l'émoi national
22:58 sur cette affaire, c'est que les gens, au fur
23:00 et à mesure que le public découvrait
23:02 des informations de ce type-là,
23:04 évidemment, les gens étaient de plus en plus
23:06 scandalisés et avaient de plus en plus
23:08 d'intérêt pour cette affaire.
23:10 - Cinq ans après son arrestation,
23:12 le fermier va être jugé.
23:14 Robert Picton l'est disparu
23:16 de la ferme au cochon.
23:18 Il l'est baillonné, l'est menotté, l'est tué,
23:20 il donnait une partie des corps
23:22 à ses porcs, qui l'est dévoré.
23:24 L'enquête de l'heure du crime, un procès
23:26 qui pousse la porte d'un sordide
23:28 abattoir, c'est à suivre,
23:30 dans un court instant sur RTL.
23:32 - 14h30, 15h30...
23:34 - L'heure du crime sur RTL.
23:36 L'heure du crime,
23:40 Jean-Alphonse Richard.
23:42 - Jusqu'à 15h30 sur RTL.
23:44 - Les excuses ne changent rien.
23:46 Ces femmes sont mortes.
23:48 Si les victimes avaient été des étudiantes
23:50 de bonnes familles, les policiers
23:52 auraient agi différemment. Mais puisque
23:54 c'était des prostituées droguées,
23:56 leurs dossiers ont été jetés
23:58 et on n'en a plus parlé. Personne
24:00 ne se souciait d'elles.
24:02 - C'est un crime qui a été
24:04 fait par des femmes,
24:06 qui ont été jeter des trucs
24:08 et personne ne les a tuées.
24:10 - L'heure du crime consacrée
24:12 au pire des tueurs en série canadien.
24:14 Robert Picton, à l'hiver 2007,
24:16 ce fermier accusé de 26 meurtres
24:18 de femmes, est jugé près de Vancouver
24:20 pour ce premier procès.
24:22 Six homicides ont été retenus.
24:24 L'accusé n'a jamais avoué
24:26 officiellement.
24:28 Lundi 22 janvier 2007,
24:30 dans la petite salle du tribunal de New Westminster,
24:32 à une vingtaine de kilomètres
24:34 de Vancouver. Dès l'ouverture
24:36 des débats, il se plonge dans un
24:38 dossier bleu et prend des notes.
24:40 Le procureur fait la liste des preuves
24:42 découvertes dans la ferme aux cochons.
24:44 Des traces de sang qui ont livré des ADN
24:46 ou encore ces deux crânes
24:48 retrouvés dans le congélateur.
24:50 Le fermier n'avait pas eu le temps de s'en débarrasser.
24:52 Au fil des semaines et des mois,
24:54 le Canada découvre l'itinéraire
24:56 de cet homme qui, après avoir travaillé
24:58 dans des abattoirs pendant sept ans,
25:00 a repris la ferme familiale.
25:02 Il était, dira-t-il, à la recherche
25:04 d'une femme avec qui il pouvait
25:06 refaire sa vie à la ferme,
25:08 mais aucune n'a voulu de lui.
25:10 Fin juillet, après six mois
25:12 de procès, le témoin numéro
25:14 97, Andrew
25:16 Bellwood, glace les juges
25:18 et les jurés. Il raconte
25:20 qu'un soir de 1999,
25:22 invité à dîner à la ferme,
25:24 Robert Picton lui a raconté
25:26 comment il tuait les prostituées.
25:28 Il les baillonnait, les menottait,
25:30 les attachait, abusait d'elles, puis
25:32 les étouffait ou les égorgeait. Il
25:34 découpait ensuite les corps dans l'abattoir de la ferme,
25:36 en donnait une partie
25:38 aux cochons, le reste
25:40 était mélangé à d'autres viandes
25:42 animales et amené à une
25:44 usine de reconditionnement,
25:46 dit le témoin. Dès 2004,
25:48 les autorités avaient enquêté sur
25:50 les pâtés et les salaisons fabriqués
25:52 par la ferme Picton et vendus
25:54 à des particuliers sans trouver de traces
25:56 de restes humains. Le témoignage de
25:58 Bellwood, contesté par l'avocat de
26:00 l'accusé, fait sensation.
26:02 9 décembre, après un an de procès,
26:04 Robert Picton
26:06 est condamné à perpétuité avec
26:08 une peine de sûreté de 25 ans.
26:10 Évidemment, sans doute, c'est un procès qui est
26:14 extrêmement suivi au Canada.
26:16 Stéphane Bertone, on vous retrouve.
26:18 Vous êtes en direct depuis le Canada
26:20 où vous vivez, créateur et réalisateur
26:22 de podcasts, donc contre-enquêtes
26:24 et podcasts criminels. Et vous êtes
26:26 ancien policier, vous connaissez bien cette affaire
26:28 Picton. Alors, ce procès, effectivement,
26:30 il fait la une dans les journaux du
26:32 Canada. Mais Picton,
26:34 quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse,
26:36 il va rester, à cause de ce dernier
26:38 témoignage, comme l'homme qui
26:40 donnait ses victimes aux cochons. On ne retient
26:42 que ça de Picton ? - Oui,
26:44 c'est l'élément le plus sensationnaliste
26:46 évidemment, de cette affaire
26:48 et vous savez que c'est ce qui souvent caractérise
26:50 ces dossiers, c'est le
26:52 sensationnalisme et c'est ce qu'on retient,
26:54 c'est ce qui frappe l'attention,
26:56 c'est ce qui crée le débat, c'est ce qui choque.
26:58 C'est vraiment
27:00 ce qui marque ce dossier.
27:02 Ce n'est pas si surréaliste
27:04 que ça, puisqu'on sait que la
27:06 mafia, notamment la mafia calabrèse, par
27:08 exemple, donnait
27:10 certaines de ses victimes à manger
27:12 aux cochons pour se débarrasser des corps.
27:14 Donc, ce n'est pas quelque
27:16 chose qui a été complètement établi,
27:18 mais c'est très vraisemblable en effet.
27:20 - Oui, et puis c'est vrai que, vous le disiez,
27:22 des corps entiers,
27:24 on n'en retrouve pas, des squelettes
27:26 entières, on retrouve quelques morceaux
27:28 et puis des affaires, mais c'est à peu près tout.
27:30 - Exact.
27:32 Il n'y aura pas de dépouilles complètes qui
27:34 vont être retrouvées, ce qui va
27:36 évidemment corroborer cette hypothèse
27:38 des corps qui ont été
27:40 donnés aux cochons. - Kim Rasmow,
27:42 on vous retrouve, vous êtes ancien policier,
27:44 criminologue, et vous avez,
27:46 vous connaissez bien cette affaire, puisqu'au début,
27:48 vous enquêtiez sur ces disparitions de femmes et qu'on
27:50 ne vous croyait pas au sein de la
27:52 police canadienne. Alors, il y a ce
27:54 très très long procès qui s'étend
27:56 au Canada, parce que c'est comme aux Etats-Unis, c'est la même
27:58 procédure, on refait toute l'enquête lors du procès.
28:00 Qu'est-ce qu'on apprend sur le mode
28:02 opérateur de Picton,
28:04 et peut-être sur sa personnalité ?
28:06 - Il n'a jamais
28:08 avoué, donc nous ne savons pas grand-chose
28:10 de ces meurtres, malheureusement.
28:12 Après son arrestation, il n'a
28:14 jamais fourni d'aveu détaillé.
28:16 Il a toujours nié.
28:18 Je pense qu'on ne saura jamais
28:20 vraiment quel était son mode opératoire.
28:22 - Stéphane Bertome, c'est compliqué avec Picton,
28:24 parce qu'il est toujours dans cette
28:26 dénégation, il n'y a pas moyen de le faire bouger.
28:28 - Oui, c'est paradoxal
28:30 en même temps, parce que, comme vous
28:32 l'avez dit, comme on l'a expliqué, il s'est
28:34 ouvert de façon très lâche sur
28:36 son parcours criminel, sans donner
28:38 de détails, évidemment, mais il a reconnu
28:40 tout à fait les crimes aux policiers de la GRC
28:42 qui avaient été infiltrés dans la cellule.
28:44 Et pour autant,
28:46 il ne reconnaît pas, il refuse
28:48 de donner des détails sur les circonstances
28:50 des crimes. Peut-être qu'il y a
28:52 des choses qui seraient encore
28:54 plus incriminantes, on pense au nombre de victimes.
28:56 On sait aussi que, comme il avait une ferme
28:58 avec des porcs, il avait du matériel
29:00 pour désosser et pour découper
29:02 les animaux, excusez-moi pour ce moment
29:04 graphique, mais c'est aussi
29:06 une possibilité, on sait qu'il a pu utiliser
29:08 son matériel pour se débarrasser des corps.
29:10 Oui, c'est ça, et tout a été étudié
29:12 et passé au peigne fin par les policiers,
29:14 mais effectivement, on n'a pas son scénario
29:16 à lui, à Picton, on n'a pas ça dans ses paroles.
29:18 Il n'y aura pas d'autre
29:20 procès pour les autres meurtres
29:22 et c'est un nouveau camouflet
29:24 pour les familles des victimes.
29:26 Robert Picton, les disparus de la
29:28 ferme aux cochons, s'il avait choisi
29:30 d'agresser des femmes d'un quartier riche
29:32 et pas des prostituées, les investigations
29:34 auraient été tout autres.
29:36 L'enquête, aujourd'hui, de l'heure du crime,
29:38 on se retrouve dans un instant sur RTL.
29:40 L'heure du crime,
29:42 présenté par Jean-Alphonse Richard,
29:44 sur RTL.
29:46 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard,
29:48 jusqu'à 15h30 sur RTL.
29:50 Retour, aujourd'hui,
29:52 dans l'heure du crime, sur la trajectoire de Robert
29:54 Picton, le pire tueur en série du
29:56 Canada, accusé de 26 meurtres de
29:58 femmes, condamné à la perpétuité
30:00 pour 6 d'entre eux.
30:02 En 2007, la justice avait
30:04 promis un autre procès pour les
30:06 femmes, autre victime, mais ce procès
30:08 n'aura jamais lieu.
30:10 Mercredi 4 août 2010,
30:12 3 ans après la condamnation de
30:14 Robert Picton, les procureurs
30:16 de la couronne de Colombie-Britannique
30:18 annoncent qu'il n'y aura pas
30:20 de second procès. Selon la justice,
30:22 un tel rendez-vous ne servirait
30:24 à rien, le tueur en série
30:26 ayant déjà été condamné à la peine maximale.
30:28 Les familles des victimes se disent
30:30 choquées par cette décision.
30:32 Elles, qui dénoncent depuis des années
30:34 le laxisme des autorités dans cette
30:36 affaire. Selon elles, Picton
30:38 aurait pu facilement être arrêté
30:40 plus tôt, une dizaine de
30:42 meurtres auraient pu être évité.
30:44 Lundi 24 décembre 2012,
30:46 l'enquête publique
30:48 ouverte sur l'affaire Picton
30:50 et le travail de la police et de la gendarmerie
30:52 rend ces conclusions.
30:54 Elles sont très sévères.
30:56 Le rapport indique que
30:58 le fait que les victimes aient été
31:00 entraînées...
31:02 négligées a entraîné
31:04 une inertie chez les enquêteurs.
31:06 Ils n'ont pas pris au sérieux ces disparitions,
31:08 les ont même occultées.
31:10 Si Picton avait choisi d'agresser des femmes
31:12 d'un quartier riche de Vancouver,
31:14 la réponse aurait été tout autre,
31:16 indique le rapporteur, qui affirme
31:18 "je conclue à des préjugés défavorables
31:20 généralisés de la part
31:22 des policiers".
31:24 Et dans cette heure du crime,
31:26 on retrouve Kim Rossmo,
31:28 ancien policier,
31:30 criminologue,
31:32 qui connaît parfaitement cette affaire,
31:34 puisque c'est lui, au début,
31:36 qui a enquêté sur ces femmes
31:38 qui disparaissaient, je le répète tout le temps,
31:40 on ne vous a pas cru.
31:42 Il y a ce rapport
31:44 qui fait le point sur le travail
31:46 de la police et de la gendarmerie royale,
31:48 et il dit tout simplement
31:50 que ces malheureuses victimes
31:52 n'avaient strictement aucune importance
31:54 pour les autorités.
31:56 - Oh oui, c'est certain,
31:58 pour deux raisons.
32:00 Premièrement, ils ciblaient des femmes
32:02 qui ont plus de risque d'être agressées.
32:04 Deuxièmement, elles n'avaient pas
32:06 de famille ou de proches
32:08 qui pouvaient alerter et se battre pour elles.
32:10 Les victimes de Picton
32:14 étaient des prostituées, toxicomanes,
32:16 et la moitié étaient autochtones.
32:18 Et certains policiers,
32:20 je ne vise personne en particulier,
32:22 mais certains policiers ne s'intéressaient pas
32:24 à ces femmes-là.
32:26 Elles n'étaient pas considérées
32:28 comme importantes,
32:30 alors que nous savons qu'une prostituée
32:32 a 100 fois plus de chances d'être victime
32:34 de meurtre qu'une femme lambda.
32:36 Elle court donc un danger énorme.
32:40 On aurait dû leur prêter davantage attention.
32:42 Enquêter dans ces groupes est très dur,
32:44 mais nécessaire, car elles sont importantes.
32:46 - Bien sûr.
32:48 Est-ce que la police
32:50 a retenu la leçon
32:52 de cette affaire ?
32:54 Est-ce qu'elle a vraiment été critiquée ?
32:56 On l'a vraiment accusée à travers cette commission ?
32:58 - C'est une très bonne question.
33:04 La gendarmerie royale du Canada
33:06 avait déjà fait des rapports détaillés
33:08 sur ces manquements
33:10 après l'affaire du tueur en Syrie canadien
33:12 Clifford Olsen,
33:14 puis après l'affaire Bernardo O. Molka.
33:16 Mais je ne suis pas certain que ces rapports
33:20 aient eu un réel impact.
33:22 Ils apprennent de leurs erreurs localement.
33:24 Donc la police de Vancouver
33:26 a compris certaines erreurs
33:28 et a mis en place des choses pour prévenir.
33:30 Mais est-ce que ça a vraiment changé les choses ?
33:34 Je pense qu'avec le temps,
33:36 on oublie bien vite ce qu'il s'est passé.
33:38 On oublie les échecs.
33:40 Parce que c'est ce qu'était cette enquête.
33:44 Un échec.
33:46 Et ça pourrait arriver de nouveau ailleurs au Canada.
33:50 Je vous remercie pour votre franchise.
33:52 Kim Rossmo, Stéphane Bertome,
33:54 vous aussi vous êtes ancien policier.
33:56 Aujourd'hui vous faites des podcasts criminels.
33:58 Il y a quelque chose d'étonnant,
34:02 j'ai lu en feuilletant ce dossier,
34:04 c'est qu'on attendait un deuxième procès
34:06 parce qu'il restait une vingtaine de victimes.
34:08 Il fallait juger ces cas.
34:10 Et ce procès, non.
34:12 On dit que ça ne servirait à rien.
34:14 Ça serait impensable en France.
34:16 Oui, en fait, on n'entrera pas
34:18 dans les détails juridiques
34:20 de ce contexte-là.
34:22 La couronne,
34:24 l'équivalent du procureur,
34:26 du parquet, a l'opportunité
34:28 de décider si, un,
34:30 les poursuites peuvent aboutir,
34:32 et si, vous savez, conformément
34:34 au système nord-américain,
34:36 si on pense qu'on n'a pas suffisamment d'éléments
34:38 pour peut-être arriver à une condamnation,
34:40 on va avorter le procès.
34:42 Mais aussi de décider s'il y a une valeur ajoutée
34:44 à ce procès. Dans ce cas-là,
34:46 c'est quelque chose qui est vraiment
34:48 de l'ordre du débat de fond. Parce que les familles
34:50 des victimes ont déjà exprimé le fait
34:52 qu'elles avaient été sous-estimées,
34:54 qu'on les avait mises de côté,
34:56 qu'on n'avait pas accordé suffisamment d'importance à leur parole.
34:58 Et en prenant cette décision,
35:00 qui est une décision au fond extrêmement
35:02 rationnelle, je ne la cautionne pas,
35:04 mais c'est comme ça qu'elle a été prise,
35:06 en mesurant l'utilité de poursuivre
35:08 une nouvelle fois Picton pour des faits
35:10 qui vont le condamner à la même peine
35:12 qui va être confondue avec celle qu'il a déjà,
35:14 on contribue aussi
35:16 à donner l'impression aux familles
35:18 des victimes que leur parole n'a pas d'importance.
35:20 Et ça, c'est vraiment, d'un point de vue
35:22 de société, une réelle problématique.
35:24 Ça a beaucoup, beaucoup
35:26 causé des mois.
35:28 - Bien sûr, mais vous savez très bien aussi
35:30 qu'un procès permet aussi d'apaiser,
35:32 de faire le deuil, souvent. Donc,
35:34 ce n'était pas inutile non plus d'avoir ce procès,
35:36 même si la peine en sans doute aurait été identique.
35:38 - Je ne m'en mens pas.
35:40 Je penche pour le fait que
35:42 la justice est aussi
35:44 un moment qui est utile
35:46 à l'expression d'une certaine vérité,
35:48 même si elle n'entraîne pas toujours
35:50 les conséquences voulues. Dans l'occurrence,
35:52 certainement que ce procès
35:54 aurait été bénéfique pour les familles des victimes.
35:56 Je vous rappelle aussi les coûts
35:58 énormes de cette enquête.
36:00 Donc, il y a aussi
36:02 cet élément qui, de plus en plus,
36:04 entre en ligne de compte, y compris
36:06 en France. Les lois de programmation
36:08 financière contribuent à
36:10 limiter certaines actions des policiers
36:12 pour des raisons d'économie.
36:14 C'est peut-être aussi une des raisons
36:16 qui a pu jouer dans cette affaire-là.
36:18 - Début
36:20 2024, le fermier est
36:22 déclaré libérable.
36:24 Robert Picton est disparu
36:26 de la ferme aux cochons. Il ne mérite
36:28 pas de faire un seul pas à l'extérieur.
36:30 Il doit rester en prison jusqu'à sa mort.
36:32 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve
36:34 tout de suite sur RTL.
36:36 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard
36:38 jusqu'à 15h30 sur RTL.
36:40 L'heure du crime,
36:42 présenté par Jean-Alphonse Richard
36:44 sur RTL.
36:46 - Dans l'heure du crime, aujourd'hui, un tueur en série nommé
36:48 Robert Picton, ce fermier
36:50 canadien, avait un jour revendiqué
36:52 49 meurtres de femmes.
36:54 Disparu à Vancouver,
36:56 inculpé pour 26 cas,
36:58 condamné pour 6 en 2007.
37:00 Il peut désormais demander sa libération
37:02 conditionnelle.
37:04 Le 6 22 février 2024,
37:06 Robert Picton, 75 ans,
37:08 est déclaré apte à formuler une demande
37:10 de semi-liberté. Il pourrait être
37:12 autorisé à sortir en journée et
37:14 retrouver le soir un foyer
37:16 de réinsertion sociale.
37:18 Les psychiatres considèreraient que l'homme,
37:20 actuellement, n'est plus dangereux.
37:22 Les familles de victimes restent toujours
37:26 mobilisées. Elles ont déjà
37:28 organisé des soirées de veille sur
37:30 l'ancien site de la ferme de l'horreur,
37:32 aujourd'hui détruite, afin que
37:34 personne n'oublie.
37:36 Et cette voix, c'est celle de Michelle Pinault,
37:58 la mère de Stephanie Lane.
38:00 Elle est une des victimes du
38:02 fermier. Cette femme était
38:04 à ces fameuses soirées où on allume des
38:06 bougies à la mémoire de ses victimes, sur
38:08 le site de la ferme de l'horreur, encore une fois, qui n'existe
38:10 plus, parce que les autorités ne souhaitaient
38:12 pas de visite morbide,
38:14 comme cela arrive parfois dans les histoires
38:16 de tueurs en série.
38:18 On retrouve dans cette heure du crime l'un de nos invités,
38:20 c'est Stéphane Bertome, ancien policier
38:22 et créateur, aujourd'hui, de podcast criminel
38:24 qu'on peut retrouver sur Internet, ça s'appelle
38:26 Contre-Enquête. Stéphane
38:28 Bertome, où en est-on avec
38:30 Robert Pickton ? Est-ce qu'il est sorti de prison ?
38:32 Est-ce qu'il va sortir de prison ? Est-ce qu'il ne sortira
38:34 pas de prison ? Vous voyez, ça fait trois questions à une.
38:36 - Alors, je vais vous faire
38:38 une réponse simple. Il est admissible
38:40 à demander une libération conditionnelle,
38:42 puisqu'il a purgé 25 ans de sa peine, comme le prévoit
38:44 le Code criminel, pour les condamnations
38:46 en meurtre de deuxième degré.
38:48 Mais, il n'est
38:50 pas libéré, à ma connaissance, j'ai fait quelques
38:52 recherches très récemment,
38:54 ces derniers jours, pour m'en assurer. Il n'a pas été
38:56 libéré, et je doute qu'il le soit,
38:58 parce qu'il y a un passage de
39:00 libération conditionnelle, un comité de libération
39:02 conditionnelle, qui tient compte, justement,
39:04 de la parole des victimes
39:06 et des familles des victimes, et
39:08 en l'occurrence, il y a lieu d'espérer
39:10 quand même, que cette parole soit entendue.
39:12 Donc, compte tenu de la gravité de ces
39:14 crimes, de l'atrocité de
39:16 sa condamnation, et aussi d'un élément clé
39:18 dans l'élément de la libération, c'est la reconnaissance
39:20 des actes coups.
39:22 Vous savez, c'est un petit côté
39:24 judéo-chrétien, pour obtenir
39:26 une libération, il faut d'abord reconnaître
39:28 sa faute, et là,
39:30 évidemment, on est loin du cas, on est loin du
39:32 compte avec Pickton. - Bien sûr.
39:34 - Donc cet élément peut lui aussi, évalue aussi, jouer
39:36 pour l'empêcher de sortir. - Oui, c'est
39:38 exactement la même chose aux Etats-Unis, d'ailleurs, on doit
39:40 faire acte de reconnaissance
39:42 de ces crimes, pour pouvoir être
39:44 admis à sortir de prison, c'est une
39:46 obligation, c'est comme ça que ça se passe.
39:48 Stéphane Berthomé, vous parliez justement
39:50 des familles, on entendait la voix de
39:52 Michel Pinault, c'est la maman de Stéphanie
39:54 Lane, effectivement, c'est l'une des victimes emblématiques
39:56 de cette histoire. Michel Pinault
39:58 était à ce procès, on l'a
40:00 vu beaucoup à la télé, dans les médias.
40:02 Les années, elles n'ont pas du tout effacé la
40:04 douleur des familles qui sont toujours
40:06 là, en train de dénoncer ces crimes ?
40:08 - Non, puis
40:10 c'est quelque chose qui ne peut jamais s'effacer.
40:12 Je suis souvent en contact
40:14 et j'entretiens des relations
40:16 continues avec des familles
40:18 de victimes
40:20 qui datent des années 80, des
40:22 enfants qui ont été assassinés
40:24 et ce sont des gens qui sont marqués
40:26 à vie. Il y a quelque chose
40:28 dans l'absence de
40:30 compréhension de ce qui s'est
40:32 passé pour leurs proches, qui empêche
40:34 quasiment
40:36 la famille de faire son deuil.
40:40 Et c'est vraiment une
40:42 absence de deuil. Pour certaines familles
40:44 même, il y a certaines familles, je me rappelle
40:46 une maman d'un enfant assassiné qui m'avait dit
40:48 "Moi, tant que je ne saurais pas,
40:50 mon deuil ne pourra même pas commencer."
40:52 Donc on imagine dans quel
40:54 drame se trouvent ces familles. - Mais vous avez
40:56 tout à fait raison Stéphane Bertomé, c'est très important ce que
40:58 vous dites, parce qu'effectivement dans cette histoire
41:00 pictonne, on sait
41:02 que le sort de ces filles a été tragique
41:04 et funeste et sûrement très très cruelle
41:06 mais on ne connaît pas leurs dernières heures,
41:08 savoir où elles ont été enlevées,
41:10 comment ça s'est passé, on ne sait rien de tout ça.
41:12 - Et paradoxalement,
41:14 c'est quelque chose qui m'a beaucoup surpris
41:16 quand on travaille avec des familles de victimes,
41:18 c'est que paradoxalement, c'est quelque chose
41:20 qui permet aux familles de
41:22 commencer à
41:24 passer à un autre stade
41:26 du deuil.
41:28 Je me rappelle notamment de la maman d'un enfant qui est
41:30 mort dans des circonstances terribles,
41:32 qui voulait voir les photos de la scène de crime,
41:34 ce qui moi,
41:36 vraiment me stressait beaucoup,
41:38 mais qui considérait
41:40 que c'était un bénéfice
41:42 pour elle et que ça lui faisait du bien de comprendre
41:44 enfin ce qui s'était passé.
41:46 Alors, évidemment, c'est un choc émotionnel
41:48 terrible, mais c'est vraiment une façon pour les familles
41:50 de passer par-dessus
41:52 et de commencer à
41:54 comprendre et donc d'accepter un petit peu
41:56 d'une certaine façon
41:58 que leur proche est mort
42:00 dans des conditions souvent terribles.
42:02 - Kim Rossmo, je vais
42:04 terminer cette émission avec vous, vous nous faites l'honneur
42:06 d'être dans l'heure du crime aujourd'hui, ancien policier,
42:08 vous avez été l'un des premiers
42:10 à dénoncer ces crimes en série de femmes,
42:12 on ne vous a pas entendu, on ne vous a pas écouté,
42:14 aujourd'hui vous avez la franchise de dire que
42:16 ça n'a pas marché cette histoire et que l'enquête
42:18 n'a pas été faite dans les règles.
42:20 Selon vous,
42:22 la question est sur Picton,
42:24 est-ce qu'il est possible de libérer aujourd'hui
42:26 le plus grand tueur en série du Canada ?
42:28 - Aucun psychologue ne peut réellement
42:34 prédire ce qui va se passer s'il sort.
42:36 Alors, on lance l'idée.
42:38 Mais soyons honnêtes,
42:40 les psychologues ne sont pas très bons à ce sujet.
42:42 Robert Picton est très certainement
42:46 un psychopathe, et on ne guérit pas
42:48 un psychopathe.
42:50 Il y a des meurtriers qui ont été
42:52 libérés alors qu'ils avaient une soixantaine
42:54 d'années, et ils ont recommencé à tuer.
42:56 Donc c'est absurde de penser qu'il ne recommencera pas
43:00 en sortant de prison.
43:02 Il n'y a aucun moyen de le guérir.
43:04 Il sera toujours un risque potentiel.
43:08 Mais si ça arrive, je pense que ce serait
43:10 une erreur. Et je ne connais
43:12 aucun tueur en série au Canada qui ait été
43:14 libéré. Ce serait une première.
43:16 - Merci beaucoup
43:18 Kim Rossemault et Stéphane Bertome
43:20 d'avoir été aujourd'hui les invités de L'Heure du Crime.
43:22 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef
43:24 Justine Vignaud. Préparation Marie Bossard,
43:26 Priscille De Guéphier. Traduction
43:28 Bastien Robin, réalisation Nicolas Godet.
43:30 Jean-Alphonse Richard sur RTL. L'Heure du Crime.
43:32 Jean-Alphonse Richard sur RTL. L'heure du crime.

Recommandations