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Joseph Force Crater était en passe de devenir l'un des juges les plus influents de New-York et même des Etats-Unis. Intelligent, fin juriste et impitoyable avec ceux qui pouvaient enfreindre la loi. En cette année 1930, à 41 ans, il venait tout juste d'accéder à de hautes fonctions. Jusqu'à ce qu'il disparaisse, au cœur de Manhattan, à l'été 1930. Ces travers secrets ont-ils causé sa perte ?
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 08 avril 2024

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Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:04 Jean-Yvon Seychard.
00:06 C'est l'une des disparitions les plus mystérieuses.
00:10 Une affaire qui marque l'histoire judiciaire depuis plus de 50 ans.
00:13 La disparition du juge Crater, l'homme le plus disparu d'Amérique.
00:17 Bonjour, Joseph Force Crater était en passe de devenir l'un des juges les plus influents de New York.
00:25 Et même des Etats-Unis, intelligents, fins juristes, impitoyables avec ceux qui pouvaient enfreindre la loi.
00:32 En cette année 1930, à 41 ans, il venait tout juste d'accéder à de hautes fonctions.
00:38 Jusqu'à ce qu'il disparaisse au cœur de Manhattan à l'été 1930.
00:43 Dès les premiers jours, l'enquête sur la disparition fait voler en éclat le portrait flatteur du haut magistrat.
00:50 On découvre un mari volage qui a des maîtresses, court les starlettes des music-hall.
00:54 Un juge également obsédé par l'argent, au point que les investigations vont se pencher sur de possibles faits de corruption.
01:02 Ces travers secrets ont-ils causé sa perte ?
01:05 Avec qui avait-il rendez-vous ce soir de mois d'août à Manhattan ?
01:10 Comment cette affaire est-elle devenue l'un des plus grands mystères criminels américains ?
01:14 Au point de traverser le temps et d'agiter toujours les imaginations ?
01:18 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:21 L'affaire du juge Crater, le disparu de Broadway.
01:25 Il a reçu un coup de fil, juste après, il m'a dit qu'il devait tout de suite partir à New York, car il devait recadrer certaines personnes.
01:33 L'enquête aujourd'hui de L'Heure du Crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver, à tout de suite sur RTL.
01:40 L'Heure du Crime, Jean-Alphonse Richard jusqu'à 15h30 sur RTL.
01:45 L'Heure du Crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:51 Dans L'Heure du Crime aujourd'hui, la disparition inexpliquée à l'été 1930 à New York, d'une des personnalités les plus en vue de la ville.
01:59 Joseph Forst Crater, un juge craint et respecté, qui vient d'accéder à de hautes fonctions, promis à une carrière prestigieuse.
02:07 Pas question d'ébrouiter tout de suite l'affaire.
02:10 Samedi 9 août 1930, dans l'après-midi, Stella Wheeler Crater commence à s'inquiéter.
02:17 Elle tourne en rond dans la petite maison de vacances de Belgrade, dans le Maine, dont les fenêtres s'ouvrent sur un grand lac et d'immenses forêts verdoyantes.
02:27 Son mari, le juge Joseph Forst Crater, 41 ans, a quitté le cottage il y a 6 jours pour se rendre en train jusqu'à New York, à 500 km.
02:37 Il avait des affaires urgentes à régler.
02:40 Il a promis à Stella qu'il serait de retour ce samedi, jour de son anniversaire. Il lui a même fait livrer son cadeau, un nouveau canoë.
02:48 Les heures s'égrènent, mais Joseph ne se montre pas.
02:51 Il arrive à son mari de s'absenter et de disparaître quelques jours, sans donner de nouvelles.
02:57 Stella a pour habitude de ne poser aucune question, mais cette fois-ci, elle s'interroge.
03:02 Le lendemain, dimanche, elle téléphone à leur appartement new-yorkais au numéro 40 de la 5e avenue.
03:08 La sonnerie résonne dans le vide.
03:11 Lundi, Stella demande à son chauffeur d'aller voir ce qui se passe à New York.
03:15 Elle exige la plus grande discrétion, car son mari va bientôt faire son entrée à la cour suprême de New York.
03:22 Elle ne veut pas que cette histoire d'absence s'ébruite.
03:26 Le chauffeur va rapporter que le juge n'a plus été vu depuis le mercredi 6 août, 3 jours après qu'il a quitté sa femme.
03:34 Il précise que personne ne s'inquiète à New York et que M. Crater ne va pas tarder à réapparaître.
03:42 Stella Wheeler-Crater, cloîtrée dans la maison de Belgrade Lakes, patiente encore quelques jours, puis contacte un détective privé.
03:51 Elle n'a aucune idée d'où se trouve son mari.
03:54 Elle raconte que le dimanche 3 août, date de son départ, il a reçu un coup de fil longue distance à l'épicerie du coin.
04:01 A l'époque, c'est vrai, le cottage n'est pas équipé du téléphone.
04:05 Quand il est revenu à la maison, il a annoncé qu'il devait partir tout de suite pour New York.
04:10 « Je dois recadrer certaines personnes », a-t-il déclaré.
04:13 Il a pris le soir même un train de nuit.
04:16 Le détective sait qu'à son arrivée à New York, Joseph Crater a donné congé à sa femme de ménage.
04:22 Seule certitude, il était vivant jusqu'au 6 août au soir.
04:26 Ce jour-là, il a été aperçu par des témoins, notamment dans son bureau de la Cour suprême à New York, sur la 60e rue.
04:33 Ses collaborateurs l'ont vu travailler sur des dossiers.
04:38 L'épouse finit par alerter des collègues de son mari, parmi lesquels Simon Rifkind,
04:43 qui travaille au cabinet du sénateur démocrate de New York, Robert Wagner.
04:47 C'est grâce à l'influence de ce parlementaire que Crater a été nommé à la Cour suprême.
04:53 Rifkind n'est pas dupe.
04:55 Joseph Crater est certes réputé pour être un bon mari, qui ne boit pas, ne fume pas,
05:00 mais on lui connaît des penchants pour les très jeunes danseuses, les prostituées de luxe, le poker.
05:07 25 août, 19 jours après la disparition, le juge est absent à la rentrée de la Cour suprême,
05:14 son fauteuil est vide, la police de New York est alertée.
05:18 Et l'affaire du juge Crater va alors prendre une tout autre allure,
05:23 elle va être à la une de tous les journaux, et Dieu sait s'ils sont puissants et nombreux,
05:28 ces quotidiens à New York portent ouvertes aux informations d'ailleurs de toutes sortes,
05:32 et parfois totalement fantaisistes, la police va, elle, s'appliquer.
05:36 Méthodiquement, retracée les derniers jours du juge,
05:39 et elle va découvrir que cet homme avait bel et bien plusieurs visages.
05:43 On va le découvrir évidemment dans la suite de l'heure du crime.
05:47 Retour à New York en ce mois d'août 1930, et on retrouve pour cela notre premier invité, c'est Olivier Renaud.
05:54 Bonjour Olivier Renaud.
05:55 - Bonjour M. Richard.
05:57 - Merci infiniment d'être avec nous en ligne dans l'heure du crime.
06:01 Vous êtes journaliste à West France, vous êtes l'auteur d'un long article sur la disparition du juge Crater,
06:08 comment le juge Crater est devenu en 1930 l'homme le plus disparu de New York,
06:12 puisqu'on va l'appeler comme ça, l'homme le plus disparu,
06:15 et cet article est disponible sur le site de votre journal, West France.
06:19 C'est un très bon papier qu'il faut lire si on veut comprendre cette histoire,
06:22 c'est d'ailleurs cet article qui a attiré notre attention à l'heure du crime.
06:25 On a vu que vous connaissiez parfaitement cette affaire.
06:27 Alors Olivier Renaud, on est là en plein été 1930, il fait une chaleur torride à New York,
06:33 et puis il y a cette annonce de cette disparition qui explose,
06:37 alors tout de suite, c'est un peu non pas la panique, mais enfin ça fait la une des journaux,
06:41 c'est très spectaculaire, on a un grand juge comme ça qui disparaît en plein Manhattan.
06:45 - Oui, parce que c'est effectivement une personnalité, c'est quelqu'un qui est très connu,
06:50 qui disparaît comme ça du jour au lendemain,
06:54 même si on apprend la nouvelle finalement, comme vous l'avez dit,
06:57 que trois semaines, un mois après sa disparition,
07:00 et si les premiers articles sont assez courts finalement,
07:04 parce qu'on lui laisse encore une chance de réapparaître,
07:06 on s'inquiète un petit peu de sa disparition,
07:08 mais on va attendre un petit peu, et plus ça va aller, plus les articles vont être longs,
07:12 plus on va évoquer certaines hypothèses, on va commencer à le voir partout,
07:20 ça va être effectivement aux Etats-Unis une énorme affaire.
07:23 - Bien sûr, et après ça va s'enflammer, et puis on va aussi raconter n'importe quoi,
07:27 il faut bien le dire, parce que quand on lit les journaux de l'époque,
07:29 c'est parfois très approximatif.
07:31 Alors, il y a quelque chose quand même qui est très troublant tout de suite,
07:34 c'est que son épouse n'a pas envie d'avoir un scandale sur les bras,
07:38 on la comprend, donc elle garde le silence,
07:40 elle ne veut pas alerter tout le monde tout de suite, très bien.
07:42 Mais il y a ce coup de fil qui est étrange,
07:45 il y a quelqu'un qui appelle le juge Crater,
07:47 il va aller se rendre au téléphone,
07:50 et puis là il va dire tout de suite en rentrant son épouse,
07:52 "ah il faut filer à New York, il faut y aller tout de suite,
07:54 je dois recadrer certaines personnes."
07:57 Est-ce qu'on sait ce qu'il a voulu dire ?
08:00 Est-ce qu'on sait qui l'a appelé ?
08:02 - Non, justement on ne sait pas,
08:04 parce que toute la réponse,
08:06 la clé de l'énigme se trouve très probablement dans ce coup de téléphone.
08:10 On ne sait pas à qui il l'a passé,
08:13 qui était au bout du fil surtout,
08:15 on ne sait pas ce qu'ils se sont dit,
08:17 mais ce que l'on sait c'est qu'en revenant au cottage,
08:21 il n'a plus du tout le sourire qu'il a habituellement,
08:24 parce que c'est quelqu'un d'assez jovial,
08:26 et là il paraît vraiment préoccupé,
08:28 et il dit qu'il va partir pour recadrer certaines personnes,
08:31 mais on ne sait pas trop de quoi il parle.
08:34 - Et on ne sait pas trop parce que c'est un homme très secret,
08:37 même à sa femme il ne lui confie rien,
08:39 et là effectivement il y a un premier doute,
08:41 mais c'est étonnant ce que vous racontez sur cet homme
08:44 qui change de visage à ce retour de ce coup de fil.
08:47 Bonjour Stephen Riegel.
08:49 - Hello Mr. Richard.
08:50 - Merci infiniment à vous d'être avec nous dans l'heure du crime,
08:53 c'est un honneur d'ailleurs,
08:54 vous êtes ancien procureur fédéral à New York,
08:57 et vous connaissez très bien cette affaire,
08:59 vous avez même écrit un livre,
09:00 que hélas on ne trouve qu'en anglais,
09:02 mais je vais donner le titre quand même,
09:04 "Finding Judge Crater",
09:06 à la recherche du Judge Crater,
09:07 on pourrait traduire comme ça,
09:08 qui a été publié aux éditions Syracuse University Press.
09:12 Alors Stephen Riegel,
09:14 présentez-nous,
09:15 ce Joseph Force Crater,
09:17 c'est l'un des nouveaux hommes forts,
09:19 et homme jeune j'ai envie de dire,
09:20 de cette justice dans cette grande ville.
09:23 - C'était un homme très intéressant,
09:28 il est arrivé à New York pour étudier le droit à Columbia.
09:31 Il est vite devenu un grand avocat,
09:37 avant de devenir juge.
09:38 En 20 ans,
09:44 il a réussi à se faire un nom dans différents secteurs.
09:48 Judiciaire, politique et le monde de la nuit.
09:52 Il avait presque deux visages,
09:56 on peut dire que c'était un homme aux multiples facettes.
09:58 - Stephen Riegel,
09:59 on en parlait à l'instant avec Olivier Renaud,
10:01 il disparaît,
10:02 évidemment son épouse Stella s'inquiète,
10:04 mais je le répète,
10:06 pas question de faire du bruit.
10:07 - Oui, vous avez raison.
10:11 Les policiers ne sont intervenus qu'un mois après sa disparition.
10:16 C'est à cause de son épouse et de ses amis.
10:19 Crater était en pleine campagne pour sa réélection.
10:23 Ils avaient peur que ça salisse sa réputation.
10:26 - On le voit,
10:28 et on vous retrouve Olivier Renaud dans cette heure du crime,
10:31 on le voit pendant au moins trois jours à New York,
10:34 on va détailler ce qu'il va faire dans le prochain chapitre,
10:36 mais on sait qu'il est là,
10:37 il est vivant,
10:38 il arrive le lundi,
10:39 mais jusqu'au mercredi,
10:40 il est en Shereanos.
10:42 - Oui, la dernière fois qu'on le voit,
10:45 c'est le mercredi 6,
10:47 un peu après 21h,
10:48 quand il quitte le restaurant
10:50 où il a dîné avec deux amis.
10:53 Effectivement,
10:55 on sait qu'il y est du lundi au mercredi,
10:58 et il y a quand même beaucoup de zones d'ombre
11:00 sur ce séjour new-yorkais.
11:02 On sait qu'il a quelques rendez-vous,
11:03 qu'il passe quelques coups de fil,
11:04 qu'il voit quelques amis,
11:06 mais on ne sait pas tout.
11:08 On sait que son humeur change au fur et à mesure des jours.
11:10 S'il est plutôt en forme le lundi,
11:12 il a sans doute reçu de bonnes nouvelles,
11:14 et puis ça se dégrade le lendemain,
11:16 et ça ne va plus du tout le mercredi.
11:18 - Oui, c'est étonnant.
11:19 Et ensuite, il va disparaître.
11:21 Alors, on en parlait avec Stephen Riegel,
11:24 il s'est un homme influent, etc.
11:27 Il a eu ce poste à la Cour suprême de New York,
11:31 c'est un poste très élevé,
11:32 parce que ça va faire de lui un des juges
11:34 presque les plus importants des Etats-Unis,
11:36 en tout cas de New York.
11:37 Il l'a eu grâce à une nomination politique,
11:40 il faut le dire,
11:41 parce qu'il va y avoir effectivement
11:42 des postes de politique, etc.
11:44 Tout ça, il a été soutenu par les démocrates, c'est ça ?
11:47 - Oui, c'est ça, mais c'est forcément un petit peu politique,
11:50 puisque le juge est nommé par le gouverneur,
11:53 en l'occurrence, ici, c'est Franklin Roosevelt.
11:56 Donc oui, c'est politique,
11:59 et il fait partie du "Tamani Hall",
12:03 qui est un organe démocrate,
12:06 une sorte de groupe de pression, en fait,
12:09 qui sera un peu éclaboussé par quelques scandales
12:12 de corruption, notamment,
12:15 mais qui compte des personnes extrêmement influentes,
12:18 et il est assez proche d'elles.
12:21 Même si ça n'est pas non plus l'homme le plus impliqué dans "Tamani Hall",
12:24 il y a d'autres personnes plus,
12:26 qui auraient pu avoir ce poste avant lui,
12:28 mais Roosevelt l'a choisi tout spécialement.
12:30 - Mais effectivement, on va s'interroger sur ses connexions politiques,
12:33 et puis sur son goût des femmes, on va y revenir,
12:35 parce que là, effectivement, ça va faire rouler
12:37 beaucoup d'encre dans les journaux.
12:38 La police s'est mobilisée pour retrouver le haut magistrat.
12:41 Elle va fouiller dans sa vie privée.
12:44 L'affaire du juge Crater le disparut de Broadway.
12:47 Les filles lui avaient donné un surnom,
12:49 "Good Time Joe",
12:51 Joe le fêtard.
12:53 L'enquête aujourd'hui de L'Heure du Crime,
12:55 on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:57 14h30, 15h30, L'Heure du Crime sur RTL.
13:01 Jean-Alphonse Richard.
13:03 14h30, 15h30, L'Heure du Crime sur RTL.
13:08 Jean-Alphonse Richard.
13:10 - Au programme aujourd'hui de L'Heure du Crime,
13:12 la disparition d'un juge en vue à New York au mois d'août 1930.
13:15 Joseph Crater, 41 ans,
13:17 venait d'être nommé à la cour suprême de la ville,
13:20 prévenu de la disparition.
13:23 La police déclenche tout de suite les grands moyens.
13:26 Mercredi 17 septembre 1930,
13:28 100 000 affichettes portant la photo de Joseph Force Crater
13:32 sont affichées dans les bureaux de poste,
13:34 les hôtels et les commissariats de New York.
13:36 Une récompense de 5000 dollars est offerte
13:39 pour tout renseignement permettant de retrouver le juge,
13:42 un homme de 1,82m pour 83kg,
13:46 qui porte des costumes de marque Vroom,
13:48 et une montre en or au poignet.
13:51 Son index droit est bandé après être resté coincé
13:55 dans une portière de voiture.
13:57 Le commissaire Edouard Mulroney mobilise une trentaine d'inspecteurs,
14:01 parmi lesquels les experts du bureau des personnes disparues.
14:04 La police apprend qu'un mois avant de disparaître,
14:07 le juge a déjà quitté une fois sa maison de vacances,
14:11 l'espace dans le week-end,
14:12 pour aller s'amuser dans la station balnéaire d'Atlantic City.
14:16 Il était là-bas avec deux hommes et quatre femmes.
14:19 Les enquêteurs apprennent alors que le juge a un surnom,
14:22 Good Time Joe, Joe le fêtard.
14:26 Quand il est arrivé à New York le lundi 4 août au matin,
14:29 il est passé à son appartement.
14:31 À midi, il a déjeuné seul.
14:33 En fin d'après-midi, il a vu son médecin pour sa blessure aux doigts.
14:36 Le soir, il a pris des verres à l'Abbaye Club,
14:39 fréquenté par la pègre et connu pour ses spectacles de travesti.
14:43 Mardi 5 août, il a passé du temps à son bureau.
14:46 Le soir, il a dîné avec son médecin.
14:48 Crater était de bonne humeur.
14:50 Il a joué aux cartes avec le docteur jusqu'à minuit.
14:54 La police de New York reconstitue avec un maximum de détails
14:59 la fameuse journée du mercredi 6 août,
15:02 la dernière où le juge Crater a été vu en vie.
15:05 Il est arrivé assez tôt le matin à son bureau.
15:08 Il a trié ses dossiers, il les a reclassés, a détruit des documents.
15:12 À 11 heures, il a demandé à son secrétaire particulier, Joseph Marat,
15:17 d'aller retirer sur ses comptes de la Chase National Bank
15:20 et de l'Empire Trust Company un total de 5 100 dollars.
15:26 Une somme considérable à l'époque.
15:28 Marat est revenu avec deux grosses enveloppes.
15:31 Crater n'a pas reconté les billets, il a mis l'argent directement dans sa poche.
15:35 Les enquêteurs découvrent que deux mois auparavant,
15:38 il avait déjà retiré 7 000 dollars en liquide.
15:42 Le juge a emporté plusieurs dossiers dans un attaché case.
15:45 En quittant le bureau, il a déclaré qu'il partait nager tout l'après-midi à Westchester.
15:51 Réflexion étonnante pour un homme qui déteste nager.
15:55 Il n'est jamais allé à Westchester.
15:58 On l'a vu dans les heures suivantes en compagnie d'une danseuse de cabaret, June Bryce.
16:03 Puis sur Broadway où il a acheté un ticket pour le spectacle Dancing Partner
16:07 donné à 21h au Théâtre Belasco.
16:10 Avant cela, il a dîné avec un vieil ami et une autre danseuse, blonde, très à la mode, Sally Ritz.
16:16 L'ami et la danseuse déclarent l'avoir vu quitter le restaurant en taxi
16:20 alors que le Théâtre Belasco est à 5 minutes à pied.
16:25 Les deux témoins vont ensuite revenir sur leur déclaration.
16:29 Les policiers s'interrogent sur ces énormes retraits d'argent
16:33 et les documents emportés, rien n'est retrouvé dans l'appartement.
16:37 Ils pensent à un possible chantage financier exercé sur le juge.
16:41 La danseuse June Bryce ne va pas pouvoir être interrogée, elle est introuvable.
16:45 Elle réapparaîtra 18 ans plus tard, démente, dans un asile psychiatrique.
16:51 L'autre danseuse, Sally Ritz, va elle aussi disparaître, on ne va jamais la retrouver.
16:56 Une troisième femme que fréquenter a si dûment cratère, connue pour faire chanter ses clients,
17:01 sera découverte assassinée 9 janvier 1931, 5 mois après la disparition.
17:08 L'enquête est close, le grand jury annonce n'avoir aucune preuve pour conclure à un crime
17:14 ou à une disparition volontaire.
17:17 5 mois d'enquête pour conclure à un mystère et faire prospérer des thèses, des spéculations, des scénarios.
17:24 D'autant plus que d'autres interrogations ne vont cesser d'émerger dans cette affaire
17:28 comme ce curieux mot d'adieu que l'épouse va retrouver dans un endroit pourtant déjà fouillé par les policiers.
17:34 Ce sera à suivre dans le prochain chapitre de l'émission.
17:38 On retrouve dans cette heure du crime l'un de nos invités, c'est Olivier Renaud, journaliste à West France
17:44 et qui connaît parfaitement cette affaire.
17:46 Olivier Renaud, vous avez signé un grand papier sur cette disparition,
17:49 un article qu'on peut lire sur le site de votre journal West France.
17:55 Il y a effectivement cet arrivé le lundi 4 à New York, il va y rester jusqu'au mercredi 6, le juge cratère.
18:03 On sait à peu près ce qu'il a fait, mais impossible, on vous l'avait déjà dit, mais il faut bien le répéter,
18:09 impossible de savoir ce qu'il est venu faire à New York.
18:13 Non, c'est vrai, on ne sait pas.
18:16 On ne sait pas, on ne sait pas.
18:18 Il passe plusieurs fois au bureau, ça c'est sûr, il passe au palais de justice à plusieurs reprises.
18:23 On sait quand même relativement bien ce qu'il fait le 6, et ça semble préoccupant,
18:28 puisqu'il va quand même faire le tri dans ses dossiers, retirer une énorme somme d'argent.
18:34 Je crois qu'en dollars actuels, ça doit faire à peu près l'équivalent de 80 000 dollars.
18:39 C'est vraiment une grosse somme.
18:41 Et puis il va disparaître en fin de journée, après avoir pris pourtant un billet pour un spectacle qu'il doit aller voir le soir.
18:50 C'est vraiment très étonnant, et on ne sait vraiment pas ce qu'il vient faire là.
18:56 - Est-ce qu'il est allé à ce spectacle le soir ?
18:58 - Ça justement, c'est la grande énigme, on ne sait pas.
19:01 Il y a des versions qui divergent, la plupart disent qu'il n'y est jamais allé.
19:06 Il existe quelques versions où le billet aurait été retiré, mais on ne sait pas si c'est lui qui l'a retiré ou pas.
19:13 - On ne sait pas s'il avait un rendez-vous peut-être dans ce théâtre,
19:15 on ne sait pas si c'est lui qui était assis sur ce strapontin du théâtre.
19:18 - Non. - Et effectivement c'est très mystérieux.
19:20 Alors vous nous parliez à l'instant d'Olivier Renaud, et c'est très intéressant,
19:24 parce qu'il y a tout cet argent qui est retiré d'un coup, il en avait déjà retiré auparavant, dans les deux mois précédents.
19:30 Est-ce qu'il a des dettes, Crater ?
19:32 Est-ce que ses comptes sont dans le rouge ?
19:35 Il doit peut-être de l'argent à beaucoup de personnes ?
19:37 - Alors ça je ne sais pas trop, mais je ne crois pas, parce que c'est quelqu'un qui a très bien gagné sa vie.
19:43 On dit d'ailleurs que le krach boursier, la crise de 1929 et la grande dépression n'auront pas de prise sur lui,
19:51 donc il n'est pas... - Il est à l'abri.
19:53 - Oui voilà, il a de l'argent, il a investi dans son très bel appartement new-yorkais,
19:58 il n'est pas inquiété de ce côté-là.
20:00 - Oui c'est ça, il a une belle maison de vacances, etc.
20:03 Les choses vont plutôt bien pour lui.
20:05 - Elle est modeste la maison de vacances, c'est vraiment un cottage, c'est assez rudimentaire quand même.
20:10 - C'est un endroit maintenant très réputé, très beau, j'ai vu que les prix s'envolaient.
20:14 Donc peut-être à l'époque c'était une petite cabane sur un coin de lac,
20:18 mais enfin vous avez bien raison de le souligner qu'il n'a pas de problème financier ce juge.
20:24 Stephen Riegel, ancien procureur fédéral de New York,
20:27 et vous êtes l'auteur d'un livre sur cette affaire Crater,
20:30 vous êtes avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime et on vous en remercie une nouvelle fois.
20:33 La police, dès lors qu'elle est avertie, parce que ça a mis un peu de temps quand même,
20:37 elle prend l'affaire vraiment tout de suite très au sérieux.
20:40 - C'est une affaire qui a fait beaucoup de bruit, parce que Joseph Crater était un homme très en vue socialement.
20:48 Il était très populaire et en plus il était juge.
20:52 Les gens comme lui disparaissent rarement sans les traces.
20:57 Sa disparition a choqué tout le monde.
21:00 La police a donc mobilisé toutes ses ressources pour l'enquête.
21:04 C'est tout de suite devenu une très grosse affaire.
21:07 - Alors, il y a quelque chose d'étonnant Stephen Riegel, c'est qu'il est à New York cet homme, ce juge,
21:10 et il ne paraît pas vraiment inquiet.
21:13 On le disait avec Olivier Renaud, il est même détendu le lundi quand il arrive, ça va un peu changer après.
21:18 Mais il ne va qu'à ses occupations habituelles.
21:22 - La presse a interrogé les employés de Crater et les dernières personnes à l'avoir vu vivant,
21:28 pour savoir s'ils avaient remarqué un comportement étrange chez lui.
21:32 Et bien sûr, ils le protégeaient.
21:35 Ils répondaient que non, tout était parfaitement normal.
21:39 Mais je suis allé voir les archives des procès-verbaux de l'époque.
21:43 Les mêmes personnes ont dit au policier qu'il agissait de façon très étrange.
21:47 Il n'était pas bavard, contrairement à son habitude, il semblait faire des choses en cachette.
21:53 Quelque chose semblait le tracasser.
21:58 Toutes les personnes qui l'ont vu avant sa mort ont dit au policier que quelque chose n'allait pas, mais il ne savait pas quoi.
22:04 - Encore un mot, Stephen Riegel, il y a beaucoup de femmes, jeunes, jolies autour de lui.
22:09 - Vous savez, les années 1920 et 1930 à New York, c'était l'époque de la prohibition.
22:16 Il y avait toutes ces boîtes de nuit, ces barques clandestines, c'était une époque très vivante.
22:21 Et Crater adorait le théâtre, le vrai théâtre.
22:25 Et c'est comme ça qu'il s'est fait beaucoup d'amis dans le monde de la nuit à Broadway.
22:29 Il traînait dans les boîtes de nuit et se liait avec beaucoup de femmes.
22:34 Il a d'ailleurs eu une maîtresse qui l'a entretenue pendant 7 ans, jusqu'à ce qu'il disparaisse.
22:39 - Bien des pistes, mais le magistrat reste totalement introuvable.
22:44 L'affaire du juge Crater, le disparu de Broadway.
22:47 J'ai retrouvé toutes ces enveloppes et ce mot.
22:49 Je suis très fatigué, je t'aime, Joe. L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime.
22:54 Et si le magistrat, traqué, coincé, désespéré, avait décidé lui-même de se fondre dans le paysage ?
23:00 C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
23:03 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
23:08 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
23:14 La ville retenait son souffle dans l'attente de réponses.
23:19 L'enquête était une sorte de puzzle aux pièces manquantes.
23:24 Les policiers essayaient de trouver des indices pour percer ce mystère.
23:28 En vain.
23:30 Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur une énigme jamais résolue.
23:35 La disparition en août 1930 à New York dans le magistrat de la Cour suprême, le juge Joseph Crater.
23:41 Enquête infructueuse, 5 mois plus tard, l'épouse du disparu fait une curieuse trouvaille.
23:47 Dimanche 18 janvier 1931, 9 jours après la clôture officielle des investigations,
23:53 Stella Wheeler Crater, épouse du disparu, revient pour la première fois dans l'appartement New Yorkais du couple.
24:00 Le logement a été perquisitionné à deux reprises par les policiers.
24:03 Ils n'ont trouvé ni dossier, ni document.
24:06 Pourtant, dans le tiroir d'une coiffeuse, l'épouse découvre quatre enveloppes Kraft.
24:11 A l'intérieur, 6 619 dollars en cash, des chèques, une assurance vie à 30 000 dollars,
24:18 ainsi qu'une liste de 20 compagnies financières où l'argent est déposé.
24:23 Au bas de cette liste, il y a cette simple note manuscrite,
24:26 « Je suis très fatigué, je t'aime Joe », le diminutif de Joseph.
24:31 Stella Wheeler Crater informe le procureur de New York de sa découverte, mais l'enquête n'est pas relancée.
24:38 Mardi 6 juin 1939, même si aucun corps n'a été retrouvé, Joseph Crater est officiellement déclaré mort.
24:46 Les spéculations sur le dossier vont bon train.
24:49 L'avocat de l'épouse fait savoir que le juge a sans doute été tué par des malfrats qui le faisaient chanter.
24:55 Le commissaire Edouard Mulroney voit plutôt un homme empêtré dans des problèmes financiers.
25:00 Cette disparition était préparée et préméditée, dit le policier.
25:04 La piste politique est évoquée, le juge aurait donné beaucoup d'argent à ses amis démocrates pour être nommé à la Cour suprême.
25:11 Il craignait peut-être qu'une commission d'enquête anticorruption récemment créée les démasquait.
25:18 Le juge Crater aurait préféré prendre la fuite.
25:21 Aucun acte de corruption ne sera toutefois détecté contre lui.
25:28 Et on se demande tout de suite que veut dire ce mot "je suis très fatigué" ?
25:32 Presque un mot d'adieu, presque un petit testament.
25:35 Olivier Renaud, vous êtes journaliste à West France et vous connaissez bien ce dossier et cette affaire.
25:39 Vous avez écrit pour West France un grand article sur ce mystère Crater.
25:44 Qu'est-ce qu'il veut dire selon vous ce mot "je suis très fatigué" ? On ignore l'authenticité ?
25:49 Justement, on ignore l'authenticité parce que l'appartement est censé avoir été fouillé déjà, il me semble.
25:55 C'est très curieux de les voir apparaître maintenant.
25:59 Vraiment, c'est un mystère de plus dans cette affaire.
26:01 Ça rajoute un mystère parce qu'effectivement on ne sait pas s'ils n'ont pas été déposés après ces documents.
26:06 Alors le commissaire Mulroney a aussi ce mot, parce que là on joue aussi par les mystères et les allusions.
26:11 Il dit que tout était prémédité et préparé.
26:14 Ça c'est la piste de la police, c'est-à-dire qu'on estime que cet homme est parti de son propre chef, de son plein gré j'ai envie de dire.
26:21 Oui, pour Edouard Mulroney c'est effectivement une disparition volontaire.
26:25 Je pense qu'il est persuadé que le juge trempe dans des affaires pas très très claires,
26:29 ce dont on n'a jamais eu la preuve, donc il n'est pas question de l'incriminer ici.
26:34 Mais lui il est effectivement convaincu que le juge a disparu volontairement.
26:38 Il dit quand même qu'il a trouvé des éléments, quelques objets dont le juge ne se débarrasse jamais,
26:46 donc qu'il a toujours sur lui, à savoir une montre, un stylo, une serviette de cuir sur lesquelles il y a ses initiales.
26:51 Et pour lui c'est la preuve qu'il a voulu disparaître et qu'il ne voulait pas qu'on puisse l'identifier partout où il passerait.
26:57 Donc il est vraiment convaincu de ça.
27:00 Mais il reconnaît quand même que c'est une histoire extrêmement bizarre.
27:02 Oui, et puis il n'a pas la clé évidemment.
27:04 Mais effectivement c'est intéressant, j'ignorais ces histoires de documents qu'il a laissés, d'objets dont il ne se séparait pas.
27:09 Effectivement on a l'impression qu'il tourne la page, donc il serait parti.
27:13 Mais avec qui et où ? La question est toujours posée.
27:16 Stéphane Riegel, on vous retrouve dans cette heure du crime.
27:19 Vous êtes ancien procureur fédéral à New York.
27:21 Alors il y a la piste de la corruption.
27:24 Il aurait eu peur le juge Crater d'être finalement coincé dans des histoires d'argent qui allaient le dépasser.
27:30 Peut-être le scandale allait éclater et du coup il aurait pris la fuite tout simplement.
27:34 Il serait parti, il se serait mis à l'abri, il aurait peut-être changé d'identité.
27:37 La piste de la corruption, est-ce qu'on peut y croire Stéphane Riegel ?
27:42 Il était très impliqué dans la Tammany Hall, qui était un groupe politique très corrompu et plutôt dangereux.
27:51 Il dirigeait en quelque sorte New York, surtout lorsque Crater a disparu.
28:00 Il pouvait faire tout ce qu'il voulait, la police fermait les yeux.
28:06 Et Crater était conseiller auprès d'une des personnes les plus influentes de Tammany Hall.
28:11 On va dire que cette piste politique, Stéphane Riegel, on va même dire qu'elle a conduit à l'assassinat du juge.
28:18 C'est une théorie qui va prospérer et qui d'ailleurs aujourd'hui a ses partisans.
28:23 Certaines personnes ont dit que Crater s'était fait tuer chez lui sur les ordres de Martin Healy,
28:30 un des hommes à la tête du groupe politique Tammany Hall.
28:34 Et que le juge avait été enterré dans une maison de Westchester.
28:39 J'ai trouvé beaucoup d'éléments qui confirment cette théorie.
28:42 La maison est toujours là, mais aucune fouille n'a été faite par la police.
28:47 Le magazine Life a ordonné une fouille dans un tout petit coin du jardin en 1959 pour un reportage.
28:53 Mais ils n'ont rien trouvé.
28:56 J'aimerais vraiment scanner le jardin avec un géoradar.
29:00 Je pense que c'est notre meilleure chance de trouver son corps.
29:02 Olivier Renaud, c'est étonnant ce que dit l'ancien procureur fédéral de New York quand même.
29:06 Il dit qu'effectivement il y a des recherches qui ont été faites dans certains endroits,
29:09 mais tout n'a pas été exploré.
29:11 Et ce qui est étonnant c'est que l'enquête a été rapidement fermée,
29:14 mais que les investigations ne l'ont jamais cessé.
29:17 Oui c'est vrai, elles ont continué très très longtemps après.
29:20 Elles ont été démesurées d'ailleurs.
29:22 On trouve des commentateurs, des journalistes ou des hommes politiques
29:25 qui ont trouvé que les dépenses avaient été beaucoup trop importantes.
29:29 Déjà dès 1933, on dit qu'elles auraient déjà coûté 200 000 dollars au contribuable new-yorkais.
29:33 L'enquête, c'est ça !
29:34 C'est beaucoup en enquête.
29:37 C'est énorme parce que ça n'est que 1933 et on a continué effectivement à le chercher après.
29:41 Et comme de toute façon il y a toujours eu quelques petits éléments,
29:44 cette affaire c'est comme un feu qui ne s'éteint jamais.
29:47 On souffle un petit peu sur la braise et hop ça repart.
29:49 Et c'est exactement ce qui va se passer puisqu'on va avoir encore des rebondissements par la suite.
29:54 Tout à fait, 75 ans plus tard, un rebondissement effectivement imprévisible.
30:01 L'affaire du juge Crater, le disparu de Broadway,
30:04 il est enterré à Coney Island sur le site de l'aquarium de New York.
30:08 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
30:12 L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
30:16 L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
30:21 L'heure du crime, consacrée aujourd'hui à une disparition jamais éclaircie,
30:25 celle du juge de la Cour suprême de New York, Joseph Crater, à l'été 1930.
30:30 Des hypothèses, mais aucune explication.
30:33 75 ans plus tard, une nouvelle piste ressurgit.
30:37 Vendredi 5 août 2005, la police de New York indique que son unité Colt Cases
30:45 travaille sur une information qui concerne la disparition du juge Joseph Crater.
30:49 La petite fille d'une certaine Stella Ferrucci-Goudes, qui vient de décéder,
30:55 a trouvé une enveloppe dans les affaires de la défunte avec l'inscription
31:00 "À n'ouvrir qu'après ma mort".
31:02 Une lettre indique que son mari, ancien policier new-yorkais,
31:06 lui avait confié que deux de ses collègues, les frères Charles et Frank Burns,
31:12 avaient tué le juge Crater.
31:14 Ces deux frères policiers étaient connus pour travailler avec la pègre.
31:19 La lettre indique que le juge a été enterré à Coney Island,
31:23 sur le site actuel de l'aquarium de New York.
31:26 La police confirme que les frères Burns étaient bien enregistrés comme policiers.
31:30 À l'époque de la disparition, elle confirme aussi que des restes humains
31:35 avaient été exhumés au milieu des années 50,
31:37 lors de travaux à l'endroit où se trouve l'aquarium.
31:40 Depuis la disparition du juge, la police de New York a enregistré des centaines de signalements.
31:47 Un corps tombé d'une falaise serait le sien.
31:50 On l'a vu se promener sur le bord de mer à Atlantic City.
31:53 On l'a reconnu parmi les patients d'un sanatorium,
31:57 ou bien en train de se faire raser dans le fauteuil d'un barbier du Nord Dakota.
32:03 Des années après la disparition, sa trace était toujours signalée en Amérique du Sud, au Canada,
32:08 et même dans les rangs de la Légion étrangère française.
32:13 Et effectivement, on va de surprise en surprise avec cette affaire Crater
32:18 qui ne s'arrête jamais, parce que là on est 75 ans plus tard.
32:22 Olivier Renaud, vous êtes journaliste pour Est-France,
32:25 et vous êtes l'un de nos invités aujourd'hui dans l'heure du crime.
32:27 Alors, quelques mots sur ce rebondissement qui est spectaculaire.
32:31 Parce qu'on va dire "ça y est, l'affaire Crater est résolue", etc.
32:34 Moi j'ai vu les titres des journaux à ce moment-là, en 2005, l'affaire était vraiment résolue.
32:40 Un mot sur ce testament, finalement, de cette vieille dame, qui fait couler beaucoup d'encre.
32:45 Oui, il fait couler beaucoup d'encre, parce qu'il est crédible,
32:48 et il est un peu la révélation miracle qu'on espérait, sans trop y croire.
32:52 Parce que c'est vrai que si cette affaire n'a pas fait énormément de bruit en France,
32:56 où elle est assez rarement abordée, dans quelques livres à la bord,
32:59 aux Etats-Unis c'était effectivement une très très grosse affaire.
33:02 Et là, on vient de lire dans les journaux "ça y est, l'affaire Crater est résolue".
33:06 C'est vraiment une surprise qu'on n'attendait plus,
33:10 et elle est crédible parce qu'elle reprend des éléments de la disparition du juge,
33:14 il est question d'un chauffeur de taxi aussi.
33:17 C'est plausible, encore une fois.
33:19 - Oui, c'est très détaillé, Olivier Renaud.
33:21 Elle est très détaillée, cette lettre. Elle ne fait pas uniquement ces deux noms jetés comme ça.
33:25 - Non, non, non, elle est détaillée. Ces personnes existent réellement.
33:29 D'ailleurs, la famille a été interrogée.
33:31 Il existe des articles de journaux dans la presse américaine,
33:34 où, au moment de la découverte de cette lettre,
33:38 des journalistes sont allés voir la famille des frères Burns,
33:41 qui évidemment ne souscrivent pas du tout à ces allégations.
33:46 - Oui, et il y a autre chose aussi, c'est que l'endroit où serait inhumé le juge Crater,
33:53 c'est sous un aquarium géant à New York, à Coney Island.
33:57 C'est un endroit où il y a beaucoup de touristes qui viennent,
34:00 les New Yorkais aiment aller se faire bronzer là-bas et puis se baigner.
34:04 Est-ce qu'il a été fouillé cet endroit ? Est-ce qu'il a donné quelques clés ?
34:08 Est-ce qu'on sait qu'il y avait eu des squelettes qui avaient été retrouvées lors de travaux ?
34:12 - Oui, des squelettes ont été retrouvées apparemment, selon certains rapports.
34:17 Non, il n'a pas pu être fouillé parce qu'effectivement l'aquarium est là,
34:21 donc on ne peut pas faire de fouilles.
34:23 Mais le plus embêtant, c'est que les squelettes découvertes ont disparu,
34:27 on ne sait pas du tout ce qu'ils sont devenus.
34:29 On ne sait pas s'ils ont été mis dans une fosse commune,
34:32 s'ils ont été conservés quelque part, on n'en a aucune trace en fait.
34:35 Donc ça, c'est quand même un problème.
34:37 On ne sait pas du tout de quelle époque et de quelle nature ils sont.
34:39 Ils remontent peut-être bien plus tôt que sur la disparition du juge.
34:43 - Oui, oui, effectivement.
34:45 Là, on peut s'interroger parce qu'il n'y a pas matière à avoir des comparaisons sur le sujet,
34:51 notamment des comparaisons ADN, puisqu'on n'a pas a priori l'ADN de la famille Crater et du juge Crater.
34:57 Il n'avait pas d'enfant le juge Crater.
34:59 - Non, non, ils n'ont pas eu d'enfant.
35:01 - Stéphane Riegel, on vous retrouve dans cette heure du crime, ancien procureur fédéral de New York.
35:07 Alors, il y a effectivement cette piste qui est, je trouve, séduisante,
35:10 la piste des deux frères Charles et Frank Burns
35:15 qui seraient liés à la mafia et qui auraient peut-être eu un contrat pour tuer le juge Crater.
35:21 C'est en tout cas ce que dit cette lettre posthume que l'on retrouve.
35:25 La police a beaucoup enquêté Stéphane Riegel sur cette fameuse piste de l'aquarium ?
35:32 - La police a très bien fait son travail.
35:39 Elle a examiné cette piste.
35:41 Mais la plupart des gens impliqués étaient morts.
35:46 Et la police a conclu que rien ne permettait de prouver ce qui est écrit dans cette lettre.
35:53 Mais en tout cas, la police a dit qu'elle n'avait rien à prouver qui pourrait être substantiel.
35:59 - La police n'a trouvé aucune preuve concrète et je suis d'accord avec eux.
36:02 - Et là, c'est l'ancien procureur fédéral de New York, effectivement, aux Etats-Unis, il faut des preuves.
36:06 Et là, ce que raconte cette vieille dame, on ne peut que la lire, ce qu'elle écrit,
36:12 mais on n'est pas censé forcément la croire.
36:16 - Tué par les politiques, par ses mauvaises fréquentations, ou bien mort dans les bras d'une maîtresse.
36:23 L'affaire du juge Crater, le disparu de Broadway, il peut très bien avoir fini sa vie dans les bras d'une prostituée.
36:30 L'enquête aujourd'hui de L'Heure du Crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
36:43 Dans L'Heure du Crime, aujourd'hui, la disparition en 1930 est jamais élucidée d'un haut magistrat new-yorkais.
36:49 Le juge Joseph Crater, 41 ans, pas de corps, aucune explication sur son sort,
36:54 probablement tué pour une histoire d'argent ou de femme tenue secrète.
36:59 Le dossier numéro 13 595 de la police de New York, celui de la disparition du juge Crater, est officiellement clos depuis 1979.
37:11 Depuis cette date, pourtant, les vérifications occasionnelles sur la base de témoignages ou même d'indications données par des voyants n'ont jamais cessé.
37:19 Richard Toffel, l'un des meilleurs spécialistes de l'affaire et auteur d'un livre sur le sujet,
37:24 n'exclut pas que la nuit de sa disparition, Joseph Crater ait rendu son dernier souffle,
37:29 dans les bras d'une prostituée, dans une maison de passe tenue par la plus célèbre proxénète de l'époque, Polly Adler.
37:40 Toujours pas de preuves dans la disparition du juge Crater.
37:43 Il s'accumule mais la vérité reste introuvable.
37:46 Plus on se penche sur le dossier et plus on a des questions.
37:50 C'est pour ça que sa disparition captive toujours autant.
37:54 Et c'est une question qui est posée encore aujourd'hui, c'est un extrait du podcast "Corkboard Mysteries" qui était consacré à l'affaire Crater.
38:02 Olivier Renaud, vous êtes l'un de nos invités aujourd'hui dans l'ordre du crime, journaliste pour Ouest France,
38:06 et on l'a dit, vous êtes avec nous depuis le début de cette émission, vous avez signé un grand article sur cette affaire dans votre journal Ouest France.
38:14 Il y a quelque chose d'étonnant dans cette affaire Olivier Renaud, enfin il y a plein de choses étonnantes, il n'y a que des choses étonnantes presque.
38:20 Mais c'est que même de façon posthume, j'ai envie de dire, même après, même des années après,
38:26 personne n'est parlé, il n'y a pas de témoignage, il n'y a pas une piste, une lettre laissée à part.
38:33 On a vu cette lettre qui avait été laissée mais qui ne va pas très loin, il n'y a pas de précision sur la dernière soirée du juge ?
38:39 Non, il y a les témoignages de l'époque mais qui apportent évidemment quelques éléments mais pas suffisamment.
38:48 Depuis, il n'y a effectivement pas grand monde qui a parlé, il y a eu la lettre de 2005,
38:55 il y a eu quand même au fil des années des personnes qui ont dit avoir rencontré le juge Crater,
39:01 notamment en Californie un chercheur d'or, ça fait partie aussi des jolies histoires qui ont suivi la disparition du juge Crater,
39:10 qui dit l'avoir rencontré et ça a été effectivement confirmé par 2-3 personnes autour de lui.
39:17 Il y a des personnes qui parlent mais ça ne va jamais bien loin en fait, les pistes se referment quasiment tout de suite.
39:22 La police a exploré environ 3000 pistes, ils ont vraiment fouillé partout et c'est vrai qu'ils ont fait un gros travail.
39:34 Le règlement de compte selon vous, c'est peut-être l'hypothèse la plus probable ou pas du tout ?
39:40 C'est possible et notamment la maison qui a été évoquée tout à l'heure avec votre invité,
39:45 c'est vrai que cette maison si elle n'a pas été fouillée pourrait évidemment nous apporter un éclairage intéressant
39:50 parce que c'est une maison qui appartenait à un monsieur qui a fait des confessions avant sa mort
39:54 et qui laisse entendre que ça pourrait avoir été une scène de crime en effet.
39:59 Ah oui, donc ça c'est effectivement vous confirmer qu'il y a sûrement encore des lieux à fouiller, Olivier Renaud.
40:05 Certainement, oui.
40:06 Stéphane Riegel, on vient de parler de vous, ancien procureur fédéral à New York et auteur d'un livre sur cette affaire.
40:12 On a l'impression, le problème dans cette affaire finalement, je résume, c'est que toutes les théories, elles peuvent fonctionner.
40:19 Le problème c'est que de nombreux aspects de sa vie peuvent expliquer sa disparition.
40:25 La politique, un scandale judiciaire en rapport avec son rôle de juge, son côté coureur du jupon.
40:33 Au début, on pensait sérieusement à un chantage de la part de sa maîtresse ou de certaines danseuses.
40:40 Ce sont toutes ces possibilités qui ont compliqué l'enquête.
40:46 Oui, tout a été compliqué. Il y a plein de pistes qui s'entremêlent. On tire un fil mais on en retrouve un autre.
40:53 Olivier Renaud, un mot quand même sur la piste des femmes, des danseuses.
40:58 Parce qu'il y a une malédiction autour de l'affaire Crater. Il y a plein de femmes qui disparaissent autour de lui.
41:03 Des femmes qui lui ont parlé récemment, juste avant que lui s'évapore dans la nature.
41:08 Oui, les femmes sont au cœur de cette histoire. C'est un peu normal parce qu'il connaît énormément de monde.
41:18 Il fréquente le milieu de la nuit. Son réseau est intéressant.
41:23 Il y a énormément de jeunes femmes qui ont envie de percer dans ce jazz edge.
41:29 À cette époque-là, à Broadway, on donne 250 spectacles différents chaque année.
41:38 Tout le monde veut percer. Le problème c'est qu'il y a une concurrence énorme.
41:42 C'est vrai que faire la connaissance d'un monsieur bien en place, riche et avec un réseau important,
41:48 ça peut aider à faire la différence avec la concurrence.
41:51 Effectivement, il a entretenu des liens plus ou moins étroits avec un certain nombre de danseuses.
41:57 D'où les suspicions de chantage. Ça pouvait mal tourner.
42:02 Oui, et puis l'argent est omniprésent.
42:04 Stephen Riegel, je termine cette émission avec vous.
42:07 Pour vous aussi, c'est toujours une affaire complètement fascinante, cette affaire Crater.
42:11 Oui, toujours. Surtout à New York. C'est un des plus grands "call case" de la ville.
42:22 Des questions sur l'affaire sont souvent posées aux guides touristiques par les gens qui en ont entendu parler.
42:27 C'est une affaire qui reste gravée dans la ville.
42:30 Merci beaucoup Stephen Riegel, Olivier Renaud d'avoir été aujourd'hui les invités de l'Heure du Crime.
42:36 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignaud, préparation Marie Bossard, Priscille DeGueffier.
42:41 Traduction Bastien Robin, réalisation Nicolas Godet.
42:45 Jean-Alphonse Richard sur RTL, L'heure du crime.

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