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Une fille et deux garçons. Trois jeunes gens, âgés de 18 à 21 ans, qui rêvaient de fortune et d'Amérique. A la Noël 1984, la France va découvrir l'épopée meurtrière de ce trio, Valérie Subra Laurent Hattab et Jean-Rémi Sarraud. Ils venaient de tuer coup sur coup un avocat parisien et un commerçant du Sentier. Deux célibataires noctambules, torturés à mort pour qu'ils donnent leur argent et leur bijoux. Qui sont donc ces bourreaux d'un soir dépourvus de scrupules ?
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 23 avril 2024

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Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:06 Gagner de l'argent, se faire une place, monter une boîte.
00:08 Voilà les mots qui reviennent sans arrêt dans la bouche des trois accusés.
00:11 Que ce soit Valéry Subra ou bien Jean-Rémi Sarrot ou encore Laurent Attab.
00:15 Le trio infernal n'étant fait qu'un pâle groupe de meurtriers sans envergure.
00:19 Bonjour, une fille et deux garçons.
00:23 Trois jeunes gens âgés de 18 à 21 ans qui rêvaient de fortune et d'Amérique.
00:28 A la Noël 1984, la France va découvrir l'épopée meurtrière de ce trio Valéry Subra,
00:35 Laurent Attab et Jean-Rémi Sarrot.
00:37 Ils venaient de tuer coup sur coup un avocat parisien et un commerçant du Sentier.
00:43 Deux célibataires torturés à mort pour qu'ils donnent leur argent et leurs bijoux.
00:48 Ces trois jeunes gens vont être surnommés les Diaboliques
00:50 car c'est dans un piège qu'ils ont attiré leurs victimes.
00:54 Il a suffi pour cela que la très jolie et très charmeuse Valéry séduise ces hommes
00:59 qui lui ont ouvert leurs portes.
01:01 Elle a servi d'appât.
01:02 Les garçons se sont ensuite chargés de la basse besogne.
01:06 Un trio qui n'en était qu'au début d'une série noire.
01:09 D'autres cibles étaient inscrites sur leur sinistre carnet de chasse.
01:13 Qui sont donc ces bourreaux d'un soir, dépourvus de scrupules ?
01:17 Comptent-ils raconter aux enquêteurs comment une jeune femme insouciante et souriante
01:21 est-elle devenue du jour au lendemain une figure du crime ?
01:25 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:27 Valéry Subra et les deux garçons, piège fatal dans les Beaux Quartiers.
01:32 La petite, c'est une fille bien.
01:34 Elle est toute jeune, jamais elle n'aurait fait de mal à Laurent.
01:37 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:41 A tout de suite sur RTL.
01:44 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
01:48 Jean-Alphonse Richard.
01:50 14h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:55 L'heure du crime.
01:57 Dans l'heure du crime aujourd'hui nous revenons sur l'affaire Valéry Subra, hiver 1984.
02:02 Cette jeune femme et les deux garçons qu'elle fréquente vont se profiler derrière deux meurtres.
02:07 Le premier est celui d'un avocat amical et bon vivant qui n'a jamais été menacé.
02:13 Samedi 8 décembre 1984, vers 18h45, Françoise Nicoulot, secrétaire de l'avocat parisien Gérard Lelaydier,
02:22 débarque au cabinet en rez-de-chaussée sur cour au numéro 97 de la rue de Prony,
02:27 dans le 17e arrondissement de la capitale.
02:30 Elle est accompagnée d'une amie, Patricia Montblus.
02:33 Les deux femmes ont un mauvais pressentiment.
02:36 Le matin, Gérard, divorcé, a oublié d'aller chercher son fils au lycée.
02:41 Il ne répond plus au téléphone et il n'a pas récupéré son courrier devant la porte de son cabinet,
02:46 qui lui sert aussi d'appartement.
02:48 La secrétaire ouvre avec le double des clés.
02:51 Les deux femmes découvrent en logement sans dessus-dessous des tiroirs ouverts, une chaise renversée.
02:56 Dans le salon, la radio est allumée. Il y a là le corps de Gérard Lelaydier, 50 ans.
03:02 Il gît sur le dos, chevillé, poignet lié, une éponge dans la bouche, le visage étant sanglanté
03:08 et la perruque que portait la victime est tombée.
03:10 Les légistes notent une longue liste de sévices.
03:13 L'homme a reçu des coups au ventre, au visage, frappé au crâne,
03:17 avec un morceau de bois qui s'est brisé, torturé, avant d'être poignardé.
03:22 Le ou les meurtriers cherchaient de l'argent.
03:25 Ils sont repartis avec 1 200 francs. Aucun dossier du cabinet n'a été volé,
03:30 hormis deux ou trois affaires de stupes.
03:32 L'avocat ne traitait pas d'affaires sensibles, le plus souvent des divorces ou des infractions routières.
03:39 La brigade criminelle n'exclut pas le crime crapuleux,
03:41 mais elle n'écarte pas non plus une agression à caractère privé ou même un sordide jeu sexuel.
03:47 Ces derniers temps, des homosexuels ont été agressés et ligotés,
03:51 même si une ancienne collaboratrice de Maître Lelay-Dié témoigne que ce dernier,
03:55 penché plutôt pour les jeunes et jolies femmes, elle en voyait passer beaucoup au cabinet.
04:00 Il est présenté comme des hôtesses de l'air ou des stagiaires.
04:03 Gérard Lelay-Dié avait sa table au jardin de la Boétie, dans le quartier des Champs-Élysées,
04:08 un établissement chic et feutré, réputé pour sa clientèle de couples libertins, de maris et de femmes infidèles.
04:15 Le jour de sa mort, vers 20h45, Lelay-Dié a parlé à sa mère au téléphone.
04:20 Il lui a dit qu'il attendait une « amie » pour l'emmener dîner au jardin de la Boétie.
04:26 Mais la table de l'avocat est restée vide.
04:28 Lundi 17 décembre, 9 jours après le meurtre de l'avocat,
04:32 la police est appelée à une adresse toute proche, au numéro 12 de la rue Marguerite.
04:37 Le corps d'un commerçant du sentier, Laurent Zarade, 29 ans,
04:41 a été découvert dans le bureau-chambre d'amis de son appartement.
04:44 C'est son frère, inquiet de ne pas avoir de nouvelles,
04:47 qui l'a retrouvé dans cette pièce fermée à double tour.
04:50 Laurent Zarade, habillé d'un pantalon et d'un polo blanc,
04:54 repose sur le sol, la tête enfouie dans un peignoir rose, ensanglanté.
04:58 Autour de son cou, une écharpe bleue qui a cédé alors qu'on tirait dessus.
05:02 Les pieds et les mains sont attachés avec les cordons des rideaux.
05:06 Laurent Zarade a été frappé, achevé, à l'aide d'un coup de papier retrouvé sur place,
05:11 qui lui a perforé le thorax et un poumon.
05:14 On lui a volé sa chaîne en or, sa bague aux trois anneaux quartier,
05:18 et sa montre de luxe, comme l'avocat le lédiait, le commerçant Zarade.
05:22 Aimer le monde de la nuit et les jolies femmes, c'était un habitué de l'apocalypse,
05:26 la boîte à la mode des Champs-Élysées.
05:28 Le soir de sa mort, il devait dîner avec son frère et des amis,
05:31 mais il a fait savoir qu'il avait rendez-vous avec une fille.
05:34 Le frère et la sœur se renseignent dans le sentier.
05:37 Ces derniers temps, Laurent a été vu avec la vendeuse d'un magasin du quartier,
05:41 Valérie Subrat, 18 ans.
05:43 Mais un commerçant les rassure.
05:45 La petite, c'est une fille bien.
05:47 Elle est toute jeune. Jamais elle n'aurait fait de mal à Laurent.
05:51 Et évidemment, la brigade criminelle va vérifier qui est cette Valérie Subrat,
05:56 dernière petite amie en date de la deuxième victime.
05:58 Il va s'avérer qu'elle connaissait aussi la première et qu'elle n'était pas seule.
06:03 Quand les crimes se sont déroulés, on va détailler tout cela dans la suite de l'émission.
06:07 Alors, il faut se rapprocher tout d'abord de ces scènes de crimes
06:11 qui, effectivement, se ressemblent à quelques centaines de mètres l'une de l'autre,
06:16 dans un même quartier.
06:18 Bonjour, Guillaume Fard.
06:20 - Bonjour.
06:21 - Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio du crime.
06:24 Vous êtes journaliste, police, justice sur BFM TV.
06:27 Tous les spectateurs vous connaissent et puis vous êtes auteur de ce livre,
06:32 "Fleek Stories", qui sort demain aux éditions du Rocher.
06:36 Merci de nous donner la primeur de cet ouvrage.
06:39 Alors, si vous vous intéressez aux histoires de police,
06:41 si vous vous intéressez aux personnages qui font la police,
06:44 à ces grands commissaires, à ces grands enquêteurs,
06:46 il faut lire ce livre parce qu'il y a beaucoup de détails.
06:49 Il est plein d'enseignements.
06:51 Et également, vous avez interrogé dans ce livre Christian Flech,
06:55 ancien patron du 36 qui est avec nous aujourd'hui dans le studio L'Heure du Crime.
07:00 Bonjour, Christian Flech.
07:01 - Bonjour Jean-Léonce Richard.
07:02 - Alors, on va revenir sur vous parce qu'à l'époque,
07:04 vous êtes commissaire, directeur d'enquête au 36 qui est des Orfèvres
07:07 et vous avez traité cette affaire au plus près
07:10 puisque c'est vous qui avez notamment interrogé cette jeune femme, Valérie Subrat.
07:15 Guillaume Fard, Gérard Lelaydier, puis 9 jours plus tard, Laurent Zarade,
07:21 tous les deux torturés, massacrés.
07:23 Il y a une signature criminelle.
07:24 - C'est toute la question que doivent se poser les enquêteurs
07:28 et c'est Christian Flech ici présent qui les dirige sur cette enquête.
07:32 Mais il faut faire le rapprochement.
07:33 Ce n'est pas si évident de faire le rapprochement
07:35 parce que vous avez deux victimes qui au fond n'ont pas grand-chose à voir entre elles.
07:38 Vous l'avez très bien rappelé, il y a un avocat,
07:41 il y a quelqu'un qui est plutôt dans le sentier, dans le milieu du commerce.
07:45 - Et qui ne se connaissent pas, malheureusement.
07:46 - Qui ne se connaissent pas.
07:48 Alors, des mots d'opératoire qui peuvent être certes voisins.
07:51 Il y a eu beaucoup de sévices, de blessures physiques.
07:55 Ils sont poignardés tous les deux, peut-être pas avec les mêmes objets.
07:58 Mais encore faut-il faire ce lien-là.
08:01 Et ce lien, je ne sais pas si on peut le lire dès maintenant, comment est-ce qu'il est fait ?
08:05 Mais c'est par les carnets d'adresses.
08:07 A l'époque, pas de téléphone portable, les carnets d'adresses sont papiers.
08:11 - Ou en l'autre coup, évidemment, ça laisse des traces.
08:13 - Avec des abécédaires.
08:15 - C'est vrai.
08:16 Christian Flech, vous le disiez, vous êtes l'ancien patron du 36,
08:19 on vous connaît bien et merci encore d'être avec nous aujourd'hui dans cette heure du crime.
08:23 A l'époque, évidemment, vous vous emparez de cette affaire, à la crime.
08:25 C'est vous qui allez superviser ce dossier et le suivre au plus près.
08:29 Il y a cette première victime, il est avocat.
08:31 Alors ça c'est sensible, parce que les avocats on ne sait pas trop.
08:34 Il y a peut-être plusieurs options.
08:35 - Bien sûr. Merci de m'inviter.
08:37 Et puis j'ai un peu de scrupules à venir pour parler de ce livre
08:40 où je suis l'un des dix qui a été interviewé.
08:42 Je suis un peu le porte-parole des autres, de mes collègues.
08:45 Mais je le fais avec beaucoup de gentillesse pour eux.
08:49 Et beaucoup de respect aussi.
08:51 Sur cette affaire, d'abord la brigade criminelle c'est une vraie machine,
08:55 une vraie structure qui a ses habitudes.
08:57 Et sur une affaire comme ça, il y a un groupe d'enquête qui est désigné.
09:00 Donc ce samedi soir, lorsque pour la découverte du corps de Maître Leliedier,
09:06 c'est un groupe d'enquête qui est désigné.
09:08 Et il se trouve que par le hasard des permanences,
09:10 je suis le commissaire qui est de permanence avec ce groupe d'enquête,
09:13 comme par l'autre des coïncidents, je serai le commissaire de permanence
09:17 pour la deuxième affaire, quelques jours plus tard, dans le 17ème.
09:21 - Celle de Laurent Zahrad.
09:22 - Celle de Laurent Zahrad, qui sera avec un autre groupe.
09:24 Donc effectivement, un avocat qui meurt dans son cabinet,
09:27 on a toujours tendance à penser que ça peut être à cause d'un de ses dossiers.
09:31 Donc vous avez parfaitement résumé la scène de crime.
09:34 On dit qu'il n'y a pas de dossiers qui ont été volés, peut-être.
09:38 - Il faut le vérifier, évidemment.
09:40 - Il y a un avanterre complet.
09:41 En tout cas, des dossiers ont pu être consultés.
09:43 Et puis, en tout cas, vous l'avez dit, ce sont des dossiers de divorce.
09:46 Il peut toujours y avoir une partie qui peut ne pas être satisfaite du résultat
09:50 et qui va se venger sur la situation.
09:54 Donc, on privilégie d'abord ça.
09:56 C'est avec l'ordre des avocats, avec tout ça, qu'on peut éventuellement progresser,
10:01 puisqu'il y a le problème du secret lié au dossier.
10:04 Et puis, il y a la vie nocturne, je dirais, de la victime
10:09 qui devient immédiatement plus intéressante pour l'enquête.
10:13 - Alors ça, c'est intéressant.
10:14 Guillaume Fard, vous y avez fait allusion.
10:16 Mais c'est le monde de la nuit, finalement.
10:17 Ces deux victimes, elles sortent beaucoup et elles voient beaucoup de jolies femmes.
10:21 - Oui, exactement.
10:22 Mais après, encore il faut...
10:24 - Mais on avance un peu quand même.
10:26 - Oui, parce qu'il y a beaucoup de monde.
10:27 Et en plus...
10:28 - Ils ne fréquentent pas les mêmes lieux, c'est vrai.
10:30 - Dans le monde de la nuit, effectivement, cet avocat, Maître Lédier, il sort beaucoup.
10:35 Vous avez rappelé, il a ses habitudes dans certains restaurants, dans certaines boîtes de nuit.
10:39 Il y a beaucoup de femmes.
10:40 Et vous l'avez très bien dit, elles sont présentées comme des hôtesses de l'air.
10:43 - Oui, mais il est discret, l'avocat.
10:44 - Des alibis aux poussières, etc.
10:46 Mais bon, l'entourage de l'immeuble n'est pas tout à fait dupe sur la vie sentimentale,
10:50 on va dire très riche, très dense, de cet avocat.
10:53 Est-ce que c'est une piste ?
10:55 En tout cas, elle mérite aussi d'être explorée.
10:58 Et c'est peut-être à la faveur de cette deuxième affaire que, justement, les liens...
11:03 - On fait le lien.
11:04 Et vous avez parlé du carnet d'adresses.
11:05 On va trouver des noms identiques dans le carnet d'adresses.
11:08 Christian Flèche, il y a un défilé de femmes au 36.
11:11 Vous allez en interroger plusieurs.
11:12 - Ce n'était pas le moment le plus...
11:14 - Désagréable.
11:15 - Désagréable de la période, puisqu'on recevait des femmes.
11:18 Malheureusement, elles n'étaient pas toutes à un niveau de compréhension de la situation
11:23 suffisante pour être satisfaisantes, je dirais.
11:27 Le boulot du premier groupe d'enquête était de savoir avec qui Maître Leledi avait rendez-vous,
11:34 quel était son dernier rendez-vous.
11:36 Ce qui était un peu difficile, comme il avait une vie nocturne agitée,
11:39 et parfois, il avait, sur la même période, plusieurs rendez-vous.
11:42 On ne savait pas à laquelle personne il avait rencontré en dernier.
11:47 Et donc, il faut qu'on trouve la personne qu'il a vue pour la dernière fois vivante.
11:51 Voilà, ça, c'était un vrai boulot.
11:53 - C'est l'objectif.
11:54 - C'est l'objectif de cette première enquête,
11:56 qui se déroule quand arrive la deuxième enquête.
11:59 Et sur cette deuxième enquête, on a eu plus de chance,
12:02 dans la mesure où, comme vous l'avez rappelé,
12:04 mais peut-être en accélérant un peu les choses,
12:06 c'est qu'on a su qu'il sortait,
12:10 et grâce à la famille de la deuxième victime,
12:14 on a pu savoir avec qui il avait été vu la veille au soir, dans la boîte de nuit.
12:17 - Et il est vu avec Valérie Subra.
12:19 - Avec Valérie Subra, qui nous était donnée comme étant une vendeuse dans un magasin du Sentier.
12:24 - Juste un mot là-dessus, Guillaume Fard. Valérie Subra, ça y est, elle est dans le paysage,
12:28 mais elle n'est pas la seule, on est d'accord.
12:30 Elle n'est pas connue, cette jeune femme ?
12:32 - Non, et là où Christian Flèche le résume bien,
12:34 c'est qu'il y a un côté aidant par rapport à la solidarité des commerçants du Sentier.
12:39 - C'est la famille qui est sur la piste.
12:41 - Ils mènent pas une enquête parallèle,
12:43 mais en tout cas, ils font leur meilleur effort pour aider la brigade criminelle.
12:47 Et c'est eux qui finissent par dire,
12:50 mais en fait, ils fréquentent cette jeune femme, Valérie Subra,
12:54 elle n'est pas inconnue dans le quartier du Sentier,
12:58 puisqu'elle vend des vêtements.
13:01 Et donc après, il y a la question,
13:04 comment est-ce qu'on la relie, elle, à la première victime ?
13:07 - La jeune vendeuse va se retrouver la première en garde à vue.
13:11 Valérie Subra et les deux garçons, piège fatal dans les beaux quartiers.
13:14 Laurent voulait amasser 10 millions pour qu'on s'installe en Amérique.
13:18 Je voulais faire ma vie avec lui.
13:20 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:24 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard.
13:26 Jusqu'à 15h30 sur RTL.
13:28 14h30, 15h30, L'heure du crime sur RTL.
13:33 - Au programme aujourd'hui de l'heure du crime, l'affaire Valérie Subra.
13:36 En décembre 84, 7 jeunes vendeuses et 2 garçons de son âge
13:40 vont être soupçonnés d'avoir tué, torturé, dépouillé
13:43 2 hommes dans un quartier huppé de la capitale.
13:46 Ils vont être tour à tour interpellés.
13:50 Jeudi 20 décembre 1984, seulement 3 jours après le 2ème meurtre du 17ème arrondissement,
13:56 les policiers de la brigade criminelle se présentent au numéro 49 de la rue du Caire,
14:01 dans le sentier, une boutique de vêtements à l'enseigne Jeep.
14:05 Ils interpellent la vendeuse, Valérie Subra, 18 ans, jeune femme brune et souriante.
14:10 Son nom et numéro de téléphone figurent dans les agendas des 2 victimes.
14:15 Valérie Subra ne montre aucune surprise.
14:18 On remarque qu'elle porte une chaîne en or autour du cou,
14:21 ainsi qu'une bague quartier à 3 anneaux à son doigt.
14:24 Des bijoux identiques à ceux volés chez Laurent Zahrad.
14:28 La vendeuse est conduite à l'appartement de sa mère où elle vit.
14:31 On y retrouve une carte de visite de Gérard Leledié, la 1ère victime.
14:35 Elle est placée en garde à vue, dément pendant quelques heures son implication dans les 2 crimes,
14:39 puis demande à voir le chef d'enquête, le commissaire Christian Flech.
14:44 Elle lui confie qu'elle n'a pas tué, mais a effectivement servi de rabatteuse dans cette histoire.
14:50 C'est elle qui a choisi les victimes pour le compte de 2 garçons, juste un peu plus âgés qu'elle.
14:55 Les crimes, c'était pour l'argent.
14:58 En garde à vue, Valérie Subra livre les noms des 2 garçons,
15:02 dont le quartier général et le bar Le Martins, proche du bois de Boulogne.
15:06 Le 1er s'appelle Laurent Atab, 19 ans, son petit ami depuis 3 mois.
15:10 Elle est amoureuse, bien décidée à faire sa vie avec lui, Atab.
15:14 Travaille avec son père dans une société qui fabrique des sweatshirts.
15:18 C'est un enfant gâté qui a toujours eu tout ce qu'il voulait,
15:21 jusqu'à ce que les finances familiales soient au plus bas.
15:24 Il s'est alors mis à chercher de l'argent partout et à imaginer des coûts.
15:28 Il voulait amasser 10 millions de francs pour s'installer aux Etats-Unis.
15:32 Le 2ème homme, c'est Jean-Rémi Sarraud, 21 ans, lui aussi inconnu de la police,
15:37 apprenti pâtissier, qui n'a jamais terminé ses études,
15:40 une scolarité en dent de scie et en rupture avec sa famille.
15:43 Laurent Atab l'avait pris sous son aile.
15:46 Valérie Subra explique que c'est Atab qui a eu l'idée de la transformer en napa
15:52 pour séduire des hommes riches.
15:54 Elle n'avait qu'à se faire inviter chez eux, les 2 garçons se chargeaient de les dépouiller.
15:58 Selon elle, Atab voyait les choses en grand.
16:00 Il souhaitait que d'autres filles servent d'apas.
16:03 Il en avait contacté quelques-unes, mais sans succès.
16:05 Le 30 novembre, 8 jours avant le 1er crime, Sandris, 18 ans,
16:10 a cependant accepté d'accompagner Valérie chez René Bessot, 38 ans, un industriel.
16:16 Mais Sandris a pris peur, elle s'est enfuie.
16:19 Atab et Sarraud attendaient au coin de la rue.
16:21 "Raté, on se fera René une autre fois", se serait exclamé Atab.
16:26 Le responsable des Jardins de la Boétie était également sur la liste des cibles.
16:31 Valérie Subra, mou, juvénile et voix calme, raconte les crimes avec une naïveté déconcertante
16:37 à son avocat, maître Jean-Louis Pelletier.
16:39 Elle a demandé combien de temps tout cela allait durer.
16:42 "Longtemps", lui a-t-il répondu.
16:44 En fin de garde à vue, elle a indiqué qu'elle avait tout dit et qu'elle voulait rentrer chez elle.
16:48 Il fallait qu'elle passe Noël en famille.
16:51 Et voilà donc pour la garde à vue de Valérie Subra.
16:55 On a l'impression d'être d'ailleurs dans un jeu.
16:57 Elle est très absente. Valérie Subra très présente dans ce qu'elle raconte, très précise.
17:01 Mais également très absente.
17:03 Et finalement, elle a raconté énormément de choses en minimisant évidemment son rôle
17:07 et en désignant les auteurs principaux des crimes.
17:09 Selon elle, bon ça c'est plutôt de bonne guerre dans ce genre d'enquête.
17:14 Il va y avoir la confession des deux garçons.
17:16 Ce sera dans la suite de l'heure du crime.
17:18 Christian Flech, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
17:21 Commissaire et directeur d'enquête, je l'ai dit, au 36 Quai des Orfèvres à l'époque.
17:25 C'est vous qui pilotez cette enquête de la criminelle.
17:28 Alors elle veut vous voir Valérie Subra.
17:30 Parce que finalement elle a envie de parler au chef.
17:32 Elle ne veut pas parler aux subordonnés.
17:34 - Alors, criminel, on n'aime pas trop le terme de directeur d'enquête.
17:37 - Je sais, mais oui, mais... - Je suis chef de section.
17:39 - Vous êtes bien responsable. - Oui, je suis responsable.
17:41 Donc il y a chef de section, il y a des enquêteurs, un groupe d'enquête qui travaille sur ces deux dossiers.
17:47 Et puis on l'avait mise en garde à vue dans le deuxième dossier, celui sur lequel on avait des éléments
17:52 puisqu'il y avait des bijoux qui avaient été retrouvés.
17:55 Donc ça donnait des éléments assez forts.
17:57 Et puis à un moment donné, par rapport à toutes les difficultés qu'elle avait à justifier la possession des bijoux,
18:04 elle a voulu effectivement me parler.
18:06 Je ne sais pas si c'était parce que j'étais le commissaire ou si c'était le plus jeune, peut-être un peu des deux.
18:11 En tout cas, c'est effectivement à moi, en tête à tête, qu'elle a voulu raconter sa part de responsabilité,
18:17 telle qu'elle la prenait.
18:19 Donc j'ai désigné, et mes copains c'était Saro et Attape, qu'on ne connaissait absolument pas.
18:24 - Quelle est cette jeune femme qui est en face de vous ?
18:27 A quoi elle ressemble ? Est-ce que vous êtes surpris par ce personnage ?
18:31 - Bah évidemment je suis surpris parce que moi-même je suis jeune,
18:35 je suis arrivé il y a quelques années seulement à la brigade criminelle et dans la police,
18:39 et puis en face de moi j'ai une femme qui a 18 ans,
18:42 qui paraît complètement insouciante par rapport à la gravité des faits.
18:46 Et effectivement, à la fin de l'audition, pas à la fin de la garde à vue,
18:49 à la fin de l'audition, elle a eu le sentiment d'avoir dit ce qu'elle devait nous dire,
18:53 ce qu'il fallait, ce qui était suffisant,
18:55 et elle nous a demandé, elle m'a demandé si elle serait libre pour Noël.
18:58 Et on était donc en novembre ou décembre.
19:01 - Elle ne réalise pas a priori ce qui se passe ?
19:04 - Elle est convaincue qu'à partir du moment où elle nous a dit sa part de responsabilité,
19:08 celle qu'elle prenait, c'est-à-dire j'ai organisé,
19:12 en me faisant draguer, en allant chez les gens, en laissant la porte ouverte,
19:15 et mes copains ont fait le reste, ça suffisait, il n'y avait pas besoin d'aller au-delà.
19:19 - Guillaume Fard, vous êtes avec nous également dans cette heure du crime,
19:23 l'un de nos invités aujourd'hui, journaliste police-justice sur BFM TV,
19:26 et auteur, je le cite à nouveau, du livre "Flick Stories"
19:29 qui sort demain aux éditions du Rocher.
19:31 Ce sont en fait des grands flics qui se racontent,
19:33 vous avez évidemment interviewé Christian Flèche dans ce livre,
19:37 10 flics, 10 grands flics qui se racontent, 10 flics et un gendarme.
19:40 9 policiers et un gendarme, il faut le citer, sinon je vais me faire gronder.
19:45 Alors Valérie Sumra, elle désigne tout de suite ses complices, Atab et Saro,
19:50 alors là ce sont deux personnages qui sont aux antipodes, les deux garçons.
19:54 - Oui, parce que vous l'avez très bien résumé, il y en a un qui voit grand,
19:58 et l'autre qui est recruté, enfin le second qui est recruté un peu par le premier,
20:02 mais chez elle, il y a une forme de double naïveté,
20:05 alors est-ce que c'est parce qu'elle a 18 ans,
20:07 est-ce que c'est parce qu'il y a une forme d'insouciance,
20:09 il y a la naïveté de l'audition avec Christian Flèche ici présent,
20:14 où elle lui dit "mais au fond j'envisage de passer Noël en famille".
20:19 - C'est surréaliste.
20:20 - C'est une méconnaissance profonde de ce qu'est notre droit pénal,
20:24 et du fait que le plus probable c'est qu'elle le passe en détention provisoire,
20:28 et puis ensuite il y a un peu le côté "au fond, puisque je n'ai pas porté de coups mortels"
20:34 - Je risque rien, en quelque sorte.
20:36 - "je risque beaucoup moins que les deux autres que je viens de dénoncer".
20:39 Et ça c'est quelque chose qu'elle a poursuivre même au moment du procès,
20:43 j'imagine qu'on en parlera un peu plus tard.
20:45 Mais cette naïveté-là, je crois, la caractérise assez bien.
20:48 - Et on va voir donc ce que vont raconter ses complices,
20:51 en tout cas les deux garçons, Atab et Saro,
20:54 eux, ils ont essayé, elle le dit, d'entraîner d'autres filles dans leur aventure.
20:59 Ils voyaient grand là, Atab.
21:01 - Et donc elle au fond ne serait qu'une parmi d'autres,
21:03 et ce qui minimiserait encore son rôle,
21:05 mais oui, le cycle infernal devait se poursuivre.
21:08 Vous l'avez rappelé dans votre récit, Jean-Alphonse,
21:11 il y a une troisième victime qui avait été à tout le moment identifiée.
21:14 - Approchée.
21:15 - Approchée.
21:16 Et puis, il y avait une forme de...
21:19 alors, ce que c'est du romantisme, de rêve américain,
21:21 mais une volonté d'amasser rapidement beaucoup d'argent pour aller vivre autre part.
21:26 Une vie un peu nomade, un peu bohème,
21:29 et donc il fallait aller très vite pour constituer ce pactole.
21:33 Et au fond, on se rend compte que par rapport à la somme
21:37 qui était initialement envisagée,
21:40 au lieu d'aller 10 millions de francs,
21:42 ce qu'ils avaient en termes de butin était assez dérisoire.
21:45 Chez Maître Lédier, ils ne prennent pas grand chose, objectivement.
21:50 Peut-être un peu plus pour la deuxième victime,
21:54 mais encore.
21:55 - Mais il n'y avait pas de coffre, il n'y avait pas de lingots, etc.
21:59 Christian Flèche, est-ce qu'ils allaient faire d'autres victimes,
22:02 si vous ne les aviez pas arrêtées à ce moment-là ?
22:04 - Bien sûr, sûrement.
22:05 Et peut-être même, d'ailleurs, le jour où on les arrêtait.
22:07 Et pour poursuivre sur ce que disait Guillaume,
22:09 une partie de ce qu'ils ont trouvé, d'ailleurs,
22:11 le premier soir, ils sont allés en boîte de nuit,
22:13 ils ont bu du champagne.
22:15 - Ils ont dépensé une partie, sans doute,
22:17 des chaussures tachées du sang de la victime.
22:21 Donc, évidemment, on a vraisemblablement évité d'autres victimes,
22:25 dans la mesure où, au moins, une des personnes qui était ciblée
22:29 s'est aperçue que sa porte était ouverte et est allée la refermer,
22:32 alors que Valérie était à l'intérieur de l'appartement.
22:35 Donc, ça, c'était une tentative qui a échoué,
22:37 parce que la victime s'est rendue compte que sa porte était ouverte
22:40 et que les deux personnes qui étaient dehors n'ont pas pu rentrer.
22:43 Et puis, sans doute, le soir, au moment où les deux hommes étaient regroupés
22:48 et où on les a arrêtés, ils allaient récupérer Valérie
22:51 et peut-être partir sur une autre affaire.
22:53 - Il y avait une liste, finalement.
22:54 Ils avaient ces carnets d'adresses, elles connaissaient beaucoup de monde.
22:57 - Elles connaissaient beaucoup de monde. Après, il y a des opportunités.
22:59 Ça dépend des rendez-vous qu'elle peut avoir avec telle ou telle.
23:03 Et puis, il faut que les personnes soient seules aussi.
23:05 - Elle raconte juste un mot là-dessus, Guillaume Fardel raconte que,
23:09 finalement, le planificateur, c'est le petit ami, c'est Laurent Attabe.
23:12 - Oui. - Ça paraît être celui qui est au centre.
23:14 - Effectivement, et celui qui entraîne Sarrault aussi dans ce trio diabolique,
23:22 comme on dirait au moment du procès.
23:24 Et finalement, c'est un peu lui l'instigateur, celui qui a le plus d'ambition,
23:30 y compris financière.
23:31 Mais au fond, qu'en fait-il de cette ambition ?
23:34 Je le rappelais, si c'est pour boire en boîte de nuit le maigre pécule,
23:39 on regarde la gravité du crime qui plus est.
23:42 Et c'est ainsi que se dessine ce trio.
23:44 Et ce qui va être assez central pour l'après,
23:47 c'est justement la répartition des rôles des uns et des autres.
23:51 Laurent Attabe et Jean-Rémi Sarrault sont en garde à vue.
23:54 Quels récits vont-ils faire des crimes ?
23:56 Valéry Sumra et les deux garçons, piège fatal dans les Beaux-Quartiers.
24:00 Il a perdu sa perruque. J'ai eu peur, j'ai cru que je l'avais scalpée.
24:04 Je suis sorti de la pièce. Je suis revenu avec un couteau.
24:08 L'enquête de l'heure du crime. Pourquoi fallait-il tuer à tout prix ?
24:11 C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
24:13 L'heure du crime. Jean-Alphonse Richard jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:19 Il y a une opération.
24:20 L'heure du crime. Jean-Alphonse Richard jusqu'à 15h30 sur RTL.
24:25 J'ai eu un rendez-vous avec elle. Je suis arrivé avec un peu de retard.
24:28 Je me suis rendu compte qu'elle n'était pas seule, qu'elle était avec deux personnes.
24:32 Et donc je ne suis pas rentré chez moi.
24:33 Elle m'a dit "Est-ce qu'on peut se revoir ?"
24:35 Elle m'a expliqué que c'était seulement des copains qui l'accompagnaient
24:37 et donc je n'avais aucune raison de m'inquiéter.
24:39 Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'affaire Valéry Sumra.
24:42 En décembre 1984 à Paris, cette jeune vendeuse, 18 ans,
24:46 est accusée d'avoir participé au meurtre de deux hommes.
24:49 Elle a servi d'appât pour deux garçons à peine plus âgés qu'elle.
24:52 Les meurtriers présumés sont interrogés.
24:55 Jeudi 20 décembre 1984, Jean-Rémy Sarrault et Laurent Atabe
25:00 sont en garde à vue au 36 Quai des Orfèvres.
25:03 Sarrault, garçon fragile et apeuré, avoue les crimes sans hésitation.
25:07 Pendant six heures, il en livre les moindres détails.
25:10 Valéry Sumra était bien l'appât.
25:12 Elle avait rencontré l'avocat Gérard Lelédier qui l'appelait "mon poussin".
25:16 Le vendredi 17 décembre, vers 21h, Valéry s'est rendu chez l'avocat.
25:21 Elle avait le code de l'immeuble. Les deux garçons l'ont suivi.
25:24 Après quelques minutes, elle est ressortie de l'appartement et leur a lancé
25:27 "Il est seul, c'est ok".
25:29 Les deux hommes, cagoulés et armés, ont braqué l'avocat.
25:32 Pour que Valéry ne soit pas inquiété, ils l'ont également ligoté.
25:37 Sarrault raconte comment Gérard Lelédier a été menacé, giflé,
25:41 pour qu'il avoue où il cachait son argent.
25:44 On le frappe alors à coup de bûche sur le crâne.
25:46 "Il a perdu sa perruque, j'ai eu peur, j'ai cru que je l'avais scalpé.
25:50 Je suis sorti de la pièce", explique Jean-Rémy Sarrault.
25:53 Laurent Atabe lui donne alors un couteau.
25:55 Il fallait tuer la victime qui risquait de les reconnaître.
25:59 Sarrault a poignardé l'avocat à la gorge et en plein cœur.
26:03 Mimi-nuit, le trio a quitté l'appartement.
26:05 L'argent volé, 1500 francs, a été dépensé en champagne dans une boîte de nuit.
26:11 Laurent Atabe n'est pas bavard.
26:14 Il faut une journée de garde à vue, des perquisitions au domicile de ses parents
26:18 où l'on retrouve ses baskets ensanglantées pour qu'il avoue.
26:22 Il confirme le film de la mort de l'avocat Gérard Lelédier
26:25 pour le commerçant Laurent Zahrad.
26:27 Il explique que lui et Sarrault étaient armés de pistolets
26:30 mais ne portaient pas de cagoule.
26:32 Pendant qu'il frappait Zahrad, Valéry Subra est sorti de la chambre
26:36 pour regarder dans le salon des clips vidéo.
26:39 Jusqu'à 3h du matin, les deux hommes ont essayé de faire dire à Laurent Zahrad
26:43 où il cachait son argent, ni coffre-fort ni lingots.
26:47 Laurent Atabe a fini par achever le commerçant
26:51 en le poignardant avec un coup papier.
26:55 Et dans cette heure du crime, on retrouve Christian Flèche, l'un de nos invités à l'époque.
27:00 C'est vous qui, au 36 Quai des Orfèvres, la brigade criminelle,
27:04 vous supervisez cette affaire et notamment vous assistez à ces garde-à-vue.
27:09 Pourquoi fallait-il tuer pour ces garçons ?
27:13 Parce qu'en fait, il y a quelque chose qui est toujours étonnant, qui m'étonne un peu,
27:16 c'est que pour l'avocat Lelidier, ils étaient masqués.
27:19 Donc on n'aurait peut-être pas pu les reconnaître.
27:21 Par contre, pour Zahrad, le commerçant, alors là, il n'y a pas de masque.
27:25 Ce que vous dites, ce que vous décrivez parfaitement,
27:28 il aura aussi des conséquences sur un terme juridique,
27:31 entre le meurtre et l'assassinat.
27:33 On peut imaginer que sur la première affaire,
27:37 il n'est pas forcément eu l'intention de tuer l'avocat,
27:40 même si, bien sûr, si l'avocat était resté vivant,
27:44 le point de contact aurait été la jeune femme,
27:47 que l'avocat nous aurait immédiatement désignée,
27:49 et qui ensuite, par enquête, aurait pu nous rapporter
27:53 vers Jean-Rémi Sarrault et Laurent Attabe.
27:55 Mais dans la deuxième affaire, d'abord il y a déjà un mort,
27:59 et ensuite ils n'ont pas de masque, ils n'ont pas de cagoule.
28:02 Donc ils sont clairement identifiables.
28:04 Donc il faut imaginer qu'il faut le tuer,
28:07 et que s'ils ne mettent pas de façon de se masquer,
28:12 on peut imaginer qu'ils sont venus dans l'intention de le tuer,
28:15 comme ça s'était passé la première fois,
28:17 et là on rentre dans la notion juridique d'assassinat.
28:19 - Donc ils ont changé un petit peu de posture,
28:22 entre les deux assassinats ?
28:24 - Oui, les premiers morts, après c'est peut-être toi, vous avez raison.
28:29 - C'est ça, on oublie tout finalement, on ne cherche pas à se cacher.
28:33 Guillaume Fard, vous êtes avec nous également dans le studio du crime,
28:36 auteur du livre "Flick Stories", qui sort demain aux éditions du Rocher.
28:40 Des grands flics qui se racontent,
28:42 et vous parlez de cette histoire dans votre ouvrage.
28:47 Alors Attabe va se rétracter, il va avouer, mais avec difficulté d'ailleurs,
28:51 il va dire que c'est Jean-Rémi Sarrault qui menait la danse.
28:54 Alors là c'est de bonne guerre, on se renvoie un petit peu le bébé.
28:58 - Oui, mais il arrive que dans les affaires de crime,
29:01 que vous connaissez bien, pour les suivre quotidiennement,
29:04 quand il y a des duos masculins, bon là c'est un trio,
29:07 l'un prend parfois l'ascendant sur l'autre, recrute l'autre,
29:11 finalement n'assume pas totalement ce que l'un a fait.
29:15 Et là effectivement, il y a ce côté "on renvoie la balle",
29:19 et puis il y a ce côté aussi,
29:22 pour Jean-Rémi Sarrault, j'assume puis j'assume pas aussi,
29:28 parce que dire dans le cas du meurtre de Maître Lézier,
29:32 il perd sa perruque, donc j'ai peur, je m'en vais,
29:35 mais je reviens et quand on me donne l'arme, je m'en sers.
29:39 Et puis dans le cas du deuxième meurtre,
29:42 c'est Laurent Attabe qui fait le travail.
29:45 - Il fait le boulot, il va dire qu'il avait beaucoup hésité,
29:48 il a beaucoup tergiversé, Christian Flèche vous confirmez ça ?
29:51 - Oui, je pense que, pour poursuivre sur ce que dit Guillaume,
29:54 je pense que dans la première affaire de Lézier,
29:57 effectivement il n'est pas bien,
29:59 effectivement Attabe lui donne le couteau pour qu'il le tue,
30:02 et Sarrault est sous l'emprise, donc il le fait.
30:05 Il le fait et il l'assume complètement.
30:08 Ensuite, lorsqu'il va avouer ses participations,
30:11 il mettra en cause Attabe, et on n'avait aucune raison
30:14 de ne pas le croire, dans la mesure où il avait assumé
30:17 le meurtre, il aurait pu assumer le deuxième aussi.
30:20 Et d'ailleurs, Attabe finit par reconnaître sa participation,
30:23 pour revenir en arrière beaucoup plus tard,
30:26 au cours de l'instruction. - Alors il y a quelqu'un qui assume
30:29 qui est très très d'Isère, qui parle beaucoup, c'est le cas de Jean-Rémy Sarrault,
30:32 qui raconte très vite, il vend très vite.
30:35 Après, chacun dans ces moments-là, sans doute,
30:38 s'arrange un peu avec sa conscience.
30:41 Si vous n'assumez pas pleinement, pas au sens de la reconnaissance,
30:44 mais au sens de la culpabilité que vous pouvez porter,
30:47 vous pouvez avoir tendance à beaucoup dire,
30:50 avec beaucoup de détails. Et on voit que chez Laurent Attabe,
30:53 il y a des sortes de palinodies, des tergiversations,
30:56 il vient, il repart. C'est probablement que le chemin
30:59 n'a pas été le même sur le plan psychologique, j'entends.
31:02 - J'ajoute à ça aussi qu'il y a beaucoup d'immaturité,
31:05 évidemment, dans ces jeunes gens-là, on a l'impression
31:08 que ça part un peu dans tous les sens. Juste un petit mot, Guillaume Fard,
31:11 Valérie Subra, elle n'a rien vu, rien entendu ?
31:14 - Elle, de toute façon, comme ça a été rappelé tout à l'heure,
31:17 dès l'instant où elle a donné à la briquette criminelle
31:20 les deux noms, bon, après,
31:23 ce n'est plus elle qui porte les coups.
31:26 - Elle se met de côté. - Elle se dédouane un peu.
31:29 Et au fond, ça va être une des questions centrales
31:32 du procès. Par exemple, vous servez d'APA.
31:35 Vous êtes quoi ? Vous êtes complice ? Vous êtes co-auteur ?
31:38 Quel est votre rôle exact ? Et dans quelle mesure,
31:41 vu que c'est un trio, on peut vous incriminer à parité
31:44 avec les deux autres, sachant que vous n'avez pas porté les coups mortels ?
31:47 - Un trio qui, quatre ans plus tard,
31:50 effectivement, va comparaître aux Assises.
31:53 Valérie Subra et les deux garçons, piège fatal dans les beaux quartiers.
31:56 Lors de la soirée du premier crime, Laurent et moi, nous sommes
31:59 devenus méchants. L'enquête de l'heure du crime,
32:02 on se retrouve dans un instant sur RTL.
32:05 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
32:08 Crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
32:13 Heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Valérie Subra,
32:16 accusée en décembre 1984 à Paris
32:19 d'avoir attiré deux hommes dans un piège mortel.
32:22 Elle a servi d'APA pour deux jeunes garçons qui ont dépouillé
32:25 et tué un avocat et un commerçant. Quatre ans plus tard,
32:28 le trio est jugé. Vendredi 8 janvier 1988,
32:31 Valérie Subra, 21 ans, cheveux tirés,
32:34 pull noir, visage enfantin et yeux
32:37 embués de larmes. Laurent à table, 22 ans,
32:40 blouson en bain, regard fermé et Jean-Rémi Sarraud,
32:43 chemise à carreaux, petite lunette, sont devant
32:46 la cour d'assises de Paris. Seule Valérie Subra attire
32:49 les regards. Une semaine avant le procès, elle a fait la couverture
32:52 de Paris Match. Une photo où on la voit sortir d'une piscine,
32:55 t-shirt mouillé, avec ce titre, Valérie,
32:58 la diabolique. Jean-Louis Pelletier, son avocat,
33:01 s'insurge contre cette présentation qui pourrait fausser
33:04 l'esprit des jurés. Valérie Subra
33:07 proteste, elle aussi. Elle se met à sangloter.
33:10 "Pourquoi vous acharnez-vous sur moi, tué comme ça,
33:13 pour un peu d'argent ? C'est horrible et monstrueux",
33:16 dit-elle. L'avocat général annonce qu'il ne fait pas, lui,
33:19 de différence entre les uns et les autres.
33:22 Unis, tous trois dans la préparation,
33:25 unis, tous trois dans l'exécution,
33:28 unis dans le partage. "Il serait choquant qu'ils ne soient pas
33:31 unis dans la condamnation", martèle le magistrat.
33:34 Jean-Rémi Sarraud raconte le supplice
33:37 de Gérard Lelletdier, qui a duré 30 minutes.
33:40 "Laurent et moi, nous sommes devenus méchants", dit-il.
33:43 Pour Laurent Zahrad, la deuxième victime, le président de la Cour demande
33:46 s'il avait été décidé de le tuer. "Oui",
33:49 vont répondre Valérie Subra et Jean-Rémi Sarraud.
33:52 L'avocat de la famille Zahrad, François Spiner,
33:55 compare le trio à Thierry Paulin, le tueur de Vieille Dame
33:58 du 18ème. "C'est facile de dire je n'ai pas de sang
34:01 sur les mains, mais vous avez du sang sur la conscience",
34:04 dit-il. L'avocat général s'adresse à Valérie Subra.
34:07 "Je sais qui vous êtes, une poule
34:10 perverse. Vous avez l'audace, la plomb,
34:13 l'intelligence. Je vous demande pardon, pardon,
34:16 pardon", répond la jeune femme. Après trois heures
34:19 de délibérés, les jurés rendent un verdict identique pour
34:22 les accusés. Perpétuité pour tous. Vingt ans de sûreté
34:25 pour Atab et Sarraud, seize ans pour
34:28 Subra. Un procès où les accusés vont
34:31 dire qu'ils regrettent, mais ont-ils pu
34:34 expliquer ce qu'ils avaient fait à ce procès ? On n'en est pas
34:37 tout à fait sûr. Christian Flech, ancien patron du 36
34:40 et à l'époque que vous étiez à la Brigade Criminelle, vous avez
34:43 participé à cette longue enquête avec vos collègues
34:46 de la Criminelle. Enquête rapide et efficace
34:49 et très bien menée, il faut bien le souligner.
34:52 Est-ce que... Vous êtes cité comme témoin,
34:55 vous venez rencontrer, vous, comment vous avez mené cette enquête, etc.
34:58 C'est très classique et c'est normal. Qu'est-ce que vous apprenez
35:01 à ce procès ? Ou peut-être que vous n'apprenez pas d'ailleurs ?
35:04 Si vous voulez, quand on arrive devant une cour d'assises
35:07 et qu'on a déjà cette affaire qui a quelques années,
35:10 on arrive devant... Et avec
35:13 le retentissement médiatique qu'il y a eu dans les jours qui précèdent
35:16 le début du procès, évidemment la cour d'assises c'est un
35:19 jeu de rôle, un jeu de scène
35:22 dans lequel nous aussi on a notre part en tant que témoin
35:25 et où les avocats, chacun, ont leur rôle. L'avocat
35:28 de la partie civile également et l'avocat général.
35:31 Ce qu'on apprend, c'est un peu ce qu'on savait déjà, c'est-à-dire qu'on a une jeune femme
35:34 qui joue la jeune femme éplorée
35:37 qui a le nez dans son mouchoir.
35:40 C'est une victime finalement. - Parce qu'au début, les photos que vous voyez, c'est des photos
35:43 qui sont prises avant le début du procès, au moment où les
35:46 journalistes ont le droit de les prendre en photo avec
35:49 l'accord. Et ensuite, c'est fini.
35:52 Et ensuite, vous évoquiez Laurent Attab. Laurent Attab a changé régulièrement
35:55 de vêtement au gré des journées
35:58 d'audience. Et puis, Sarrault était très effacé.
36:01 Après, il y a le jeu des avocats, des uns et des autres
36:04 pour mettre en avant ou pas tel ou tel point.
36:07 C'est de bonne guerre. Et on a
36:10 clairement, si on ne peut pas être sûr d'avoir deux assassins,
36:13 on a au moins sûrement un meurtre et un assassinat à juger.
36:16 Et ensuite, je suis assez d'accord sur la position
36:19 juridique de l'avocat général qui dit qu'ils sont unis
36:22 dans la répression parce qu'ils étaient unis depuis le début
36:25 jusqu'au partage. - Guillaume Fard, journaliste police-justice
36:28 sur BFM TV, puis auteur du livre "Flics Stories"
36:31 qui sort demain aux éditions du Rocher.
36:34 Merci encore de nous en donner la primeur de ce livre où des grands flics
36:37 se racontent. Alors, il y a la Diabolique.
36:40 C'est comme ça qu'on la présente Valérie Subrat. Elle va être la vedette
36:43 parce que quelques jours seulement avant le procès, je l'ai dit,
36:46 Paris Match. Elle est en t-shirt mouillé, elle fait la une de Paris Match
36:49 et ça, ça crée presque un scandale. - Ça la dessert
36:52 assurément pour... - C'est pas elle
36:55 qui a posé pour Paris Match. - Ah non, clairement pas. C'est le fait que la photo
36:58 a été divulguée et a divulgué en une de match.
37:01 Et puis ce surnom, la Diabolique,
37:04 c'est un qualificatif poisseux parce que ça vous colle
37:07 à la peau pendant toute la durée du procès.
37:10 Et là où la ligne de défense assez classique
37:13 dans ce type de procès aurait pu consister à
37:16 essayer de minimiser son rôle, disons qu'au fond,
37:19 elle est plus complice qu'auteur, qu'elle a servi d'appât mais
37:22 elle n'a pas tué, elle n'a pas porté de coup mortel. Et vous essayez
37:25 ainsi de la détacher des deux autres en créant un fil
37:28 avec les jurés qui est un fil pour
37:31 la réhumaniser en disant "bon mais elle a 18 ans,
37:34 elle s'est laissée entraîner et au fond, ce qu'elle a fait
37:37 est moins grave que ce qu'ont fait les deux autres". - Oui, c'est ce que vous disiez.
37:40 - C'est une cassure. - Elle aurait pu être présentée
37:43 comme l'appât à quelqu'un qui a suivi malgré elle ?
37:46 - Si vous êtes avocat de la défense de Valérie Subra, vous tentez
37:49 la cassure du trio. Parce que sinon vous êtes emporté.
37:52 Vous êtes emporté, vous êtes jugé comme les deux autres.
37:55 Et la une de match, le qualificatif de Diabolique,
37:58 d'abord ça fosse sans doute ou ça biaise
38:01 à minima l'esprit des jurés et puis ça donne
38:04 beaucoup d'arguments à l'avocat général
38:07 qui au fond la présente comme une traînée.
38:10 Il la qualifie de prostituée.
38:13 A un moment il a une phrase terrible où il dit "votre avenir c'est à Barbès
38:16 comme prostituée". C'est assez sordide
38:19 comme présentation. Et là où ça va la desservir
38:22 jusqu'au bout, c'est que les jurés
38:25 en leur âme et conscience, et c'est leur souveraineté,
38:28 ne font finalement pas de distinction. Et considèrent qu'il y a équivalence
38:31 et que peut-être elle n'a pas porté de coups mortels
38:34 mais pour autant c'est un trio
38:37 qu'il faut voir à parité, à égalité
38:40 et chacun prend la perpétuité. Après on joue sur
38:43 la peu de sûreté. Effectivement à la saison, vous le rappeliez,
38:46 là où les autres ont davantage. Mais tout de même, pour elle,
38:49 elle peut estimer que c'est un verdict sévère.
38:52 - Christian Flèche, il y a aussi le récit de ces crimes
38:55 à ce procès. Et là les crimes sont glaçants,
38:58 il n'y a pas d'autre terme. Il y a "volonté de tuer". On n'est pas tellement habitué
39:01 à l'époque d'avoir des jeunes gens comme ça qui ne sont pas connus.
39:04 - Non, bien sûr, on n'a pas l'habitude d'avoir des jeunes qui sont prêts
39:07 à tuer pour de l'argent aussi facilement. Et c'est sans doute
39:10 ce qui a amené ce retentissement médiatique qui a abouti
39:13 à des livres sur cette affaire, dont celui de Morgan Sportes
39:16 que je me plais toujours à rappeler parce que je l'aime vraiment beaucoup.
39:19 - Le film qui a été fait beaucoup plus tard. - "La Pape" avec Marie Gillin.
39:22 - "La Pape" par Tavernier, oui, bien sûr. Donc on n'a pas l'habitude.
39:25 On voit des jeunes qui
39:28 jouent leur rôle aussi et puis
39:31 j'ai toujours été frappé parce que
39:34 j'étais avec la famille de Laurence Arad
39:37 au moment où le procès,
39:40 la décision a été rendue par la Cour d'assises
39:43 et finalement, elle avait 18 ans au moment des faits,
39:46 16 ans c'est quand même énorme.
39:49 Et sa sœur m'a relativisé par rapport à l'âge de la victime aussi.
39:52 Et elle m'a dit, tu vois,
39:55 quand elle va sortir, en tout cas mon frère ne sera plus là
39:58 et donc... - Elle aura son âge, c'est ça ?
40:01 - Elle aura un peu plus de son âge mais elle a refait
40:04 sa vie manifestement et donc
40:07 même si au moment où elle était
40:10 en maison d'arrêt, elle a eu une condamnation
40:13 qui a prolongé un peu sa détention.
40:16 Les condamnés vont donc purger leur peine puis vont tenter
40:19 de se faire oublier. Valérie Subra et les deux garçons
40:22 piège fatal dans les Beaux-Quartiers. Je ne peux pas exprimer
40:25 tous les regrets que j'ai, j'arrive à faire des cauchemars.
40:28 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
40:31 L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
40:36 L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
40:41 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Valérie Subra,
40:44 Laurent Atabe, Jean-Rémi Sarrault, condamnés à la perpétuité
40:47 pour les meurtres d'un avocat et d'un commerçant en 1984,
40:51 à Paris. La jeune femme servait d'appât pour démarcher
40:54 des hommes présumés riches, de longues années de prison
40:57 avant de sortir.
41:00 2001, Valérie Subra est la première à être libérée.
41:03 Elle sort discrètement de la prison pour femme de Reine.
41:06 Elle va quitter la France, se marier et avoir deux enfants.
41:09 Libérée deux ans plus tard, Laurent Atabe décède en 2020.
41:13 Jean-Rémi Sarrault meurt, lui, en 2022.
41:16 Lors du procès, Laurent Atabe, qui avait eu l'idée de cette expédition meurtrière,
41:22 se voyait reprocher de ne pas avoir formulé de regrets.
41:25 Il avait alors répondu "Je ne peux pas exprimer tous les regrets que j'ai,
41:30 j'arrive à faire des cauchemars".
41:33 On est dans une spirale, dans une spirale infernale.
41:36 On n'a pas eu avant, ni les uns ni les autres, d'avoir le courage de dire stop.
41:41 Donc on a été jusque là.
41:43 Je suis persuadé qu'il n'y a que la police qui puisse arrêter ça.
41:47 C'est la voix de Jean-Rémi Sarrault, un des condamnés dans cette affaire.
41:52 C'était dans une interview lors de l'émission "Faites entrer l'accusé".
41:57 Christian Flech, vous avez été au contact longtemps des familles dans cette histoire.
42:03 C'est votre rôle aussi, vous êtes à la criminelle à l'époque,
42:06 vous avez cette enquête, vous les voyez arriver, ces proches,
42:08 et vous leur parlez, la famille de Zahrad notamment.
42:11 Oui, la famille de Zahrad, je suis resté longtemps, malheureusement.
42:14 Sa sœur est décédée maintenant, mais j'ai été en contact avec elle,
42:18 parce qu'elle était avocate et qu'on se croisait aussi dans le palais de justice,
42:21 et qu'on se parlait.
42:23 Et effectivement, elle a eu un choc par rapport à sa foi,
42:29 et ensuite elle a eu un choc, sans doute,
42:32 parce que quand elle m'a annoncé qu'elle avait eu une maladie,
42:36 elle l'a liée, avec ce procès, à ce qui était arrivé à son frère.
42:41 Elle a eu une rémission, ensuite elle a eu une rechute,
42:44 et malheureusement elle est décédée.
42:46 Mais il y a eu une conséquence qui était évidente.
42:49 Et ensuite, Sarraud a été dans une démarche complètement différente,
42:53 parce qu'il sort de prison et il accepte, ce qui était assez extraordinaire,
42:56 de témoigner dans l'émission "Faites entrer l'accusé" à visage découvert.
43:00 Où là, on découvre le nouveau personnage,
43:02 où il raconte ce que l'aumônier a pu lui apporter aussi en prison,
43:06 et où évidemment, derrière, les gens le reconnaissent dans la rue.
43:10 Peut-être que c'était une démarche expiatoire,
43:13 je ne sais pas comment il a pu arriver à ça,
43:15 je découvre qu'il est décédé,
43:17 mais comment il a pu arriver à accepter de témoigner dans une émission,
43:20 longtemps après, après avoir purgé sa peine,
43:23 pour raconter dans une émission de télé qu'il a tué quelqu'un.
43:26 - Sans doute était-il, on dirait ça, à l'église,
43:28 mais dans le repentir, en cas de doute.
43:30 Parce qu'il y a cette démarche qui est assez troublante,
43:32 et lorsqu'on revoit ces images de cet homme qui est encore apeuré,
43:35 qui vit dans une espèce de tension secrète et permanente,
43:39 - Qui a changé physiquement.
43:40 - Qui a changé physiquement, on est très surpris par le langage qu'il tient,
43:43 il parle très lentement.
43:44 Il faut regarder, effectivement, ces images,
43:46 Guillaume Fard, vous êtes auteur du livre "Flick Stories",
43:49 qui sort demain aux éditions du Rocher,
43:51 "Les grands flics qui se racontent",
43:53 et parmi ces grands flics, évidemment, vous avez interviewé Christian Flèche,
43:55 qui est avec nous, dans cette heure du crime.
43:58 Est-ce que cette fille et ces deux garçons,
44:01 on parle beaucoup aujourd'hui de crimes violents, insensés, cyniques,
44:06 et notamment qui émanent de très jeunes,
44:08 où on a l'impression qu'il n'y a pas de barrière,
44:10 que les digues ont cassé, comme ça.
44:13 Est-ce que ça ne préfigure pas une génération de tueurs cyniques, effrois ?
44:18 - Moi, je crois qu'à chaque époque,
44:20 si on parcourt les archives criminelles,
44:22 et vous le faites beaucoup, je le fais beaucoup,
44:24 on trouve des crimes sordides.
44:26 La question, c'est plus, qu'est-ce qui va faire
44:29 qu'un crime sordide va être plus médiatisé que les autres,
44:32 va l'emporter médiatiquement.
44:34 Ça, c'est toujours assez fascinant.
44:35 - Les personnages, peut-être ?
44:36 - Les personnages, le récit,
44:39 le caractère parfois spectaculaire, cruel, romanesque,
44:43 les trois à la fois.
44:44 Et le fait que là, il y a un trio avec une très jeune femme au milieu,
44:47 qui ne s'y servent pas, probablement que c'est un déclencheur dramatique,
44:51 qui fait qu'il y a une focalisation médiatique sur cette affaire,
44:55 qui devient ensuite un objet littéraire,
44:57 puis un objet cinématographique,
44:59 et puis on en parle encore 40 ans plus tard à votre micro.
45:02 Et cette extrême violence-là est restée.
45:06 Et puis, il y a le côté piqûre de rappel aussi,
45:09 d'au moins un protagoniste, vous allez le rappeler,
45:11 Jean-Rémi Sarrot, qui jusqu'au bout,
45:13 quasiment l'année de sa mort ou l'année avant sa mort,
45:16 qui raconte encore, et à nouveau.
45:19 Un peu comme s'il était hanté par ce récit.
45:22 - Exactement, je crois que c'est le bon terme, il était hanté par ce récit.
45:25 J'ai découvert effectivement, moi comme Christian Flèche,
45:28 que ses protagonistes étaient morts, j'ignorais.
45:31 Les deux sont morts, Atta Abessarro,
45:34 et puis la paix à Valérie Subra, elle est partie.
45:38 - De ce que l'on sait, d'abord elle avait suivi des études en détention,
45:41 comme le rappelait Christian Flèche,
45:43 sa détention a été rallongée puisqu'elle a été condamnée entre temps.
45:47 Et ensuite, elle a refait sa vie, elle a eu des enfants.
45:51 De ce que l'on sait, elle vivrait au Maroc,
45:53 j'en parle conditionnel, parce que ce n'est pas confirmé, consolidé.
45:58 Et elle, pour le coup, a eu une très très grande discrétion.
46:02 - Oui, mais elle a effectivement tourné la page, sûrement,
46:05 et peut-être a fait son deuil de cette histoire,
46:08 et refait sa vie, elle a payé de toute façon sa dette à la société.
46:11 Christian Flèche, à l'époque, à la Brigade Criminelle,
46:14 ça aussi, je voudrais vous poser la question,
46:16 est-ce que vous avez percevé que cette affaire est un peu hors norme ?
46:19 - Non, encore une fois, c'est très très difficile pour nous,
46:22 quand on est dans les enquêtes, d'arriver à avoir du recul par rapport à tout ça.
46:26 Parce que, vous évoquez 84-85,
46:30 Spiner a évoqué Thierry Paulin,
46:35 c'était au moment où il y avait les personnes âgées dans le 18ème,
46:38 qui étaient agressées par Thierry Paulin et Mathurin,
46:42 et donc c'était un vrai sujet de la Brigade Criminelle,
46:45 et puis aussi c'était une période où il y avait des attentats très régulièrement.
46:48 Donc, la Criminelle prend des dossiers, un dossier chasse l'autre,
46:51 et elle n'a pas le temps d'avoir ce recul,
46:53 qui heureusement a été fait par d'autres,
46:56 et qui nous permet maintenant d'en parler, comme le disait Guillaume, 40 ans après.
46:59 - Oui, c'est ça, donc vous n'aviez pas à l'époque...
47:02 - Non, et même on arrive...
47:04 - Même si vous étiez surpris par la jeunesse des protagonistes, c'est une certitude.
47:06 - Bien sûr, on est surpris par la jeunesse...
47:08 Mais vous savez, on est toujours surpris comment des gens peuvent arriver à en tuer d'autres.
47:11 - Vous posez toujours cette question.
47:13 - Bien sûr, parce que chaque dossier est différent.
47:16 Dans le bouquin de Guillaume, il y a Ange Mancini qui dit que la Brigade Criminelle, c'est la culture du doute.
47:23 Donc, on est là, et on est sur un dossier, on a un doute,
47:27 et finalement on découvre des situations où des gens prennent des plaisirs à tuer,
47:31 de telle ou telle façon,
47:33 où là, ils ne prennent pas de plaisir, ils tuent pour avoir un peu d'argent.
47:37 - Guillaume Fard, je termine cette émission avec vous.
47:39 Un petit mot.
47:41 Dix grands flics interrogés, dont un gendarme.
47:44 - Il y en a fait un gendarme.
47:46 - Il y a dix personnalités, dix manières de mener des enquêtes.
47:50 - Absolument.
47:52 En fait, là où on aurait pu faire un livre qui est une collection d'affaires,
47:55 on a fait une collection de personnalités et d'enquêteurs.
47:57 Et donc, ça permet de revisiter plusieurs affaires,
48:00 et à chaque fois, la même surprise face aux sordides des crimes.
48:04 Christian Flèche citait Ange Mancini.
48:05 Ange Mancini, c'est l'occasion d'évoquer l'affaire du japonais cannibale.
48:08 - Ah oui, Issei Sagao.
48:09 - Bien connu à Ertel dans l'heure du crime.
48:11 Parce qu'un jour, il est de permanence, ça arrive souvent comme ça,
48:14 et il se retrouve avec un corps dans une valise,
48:16 qui a été en partie mangé.
48:17 Bon, vous voyez, il n'y a pas de limite dans le sordide.
48:20 - Merci infiniment Guillaume Fard.
48:23 Je rappelle le titre de votre livre, Flick Stories,
48:25 qui paraît aux éditions du Rocher.
48:27 Et Christian Flèche d'avoir été aujourd'hui les invités de l'heure du crime.
48:30 Merci à l'équipe de l'émission, rédaction en chef Justine Vignot,
48:32 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer,
48:35 réalisation Nicolas Godet.
48:37 God day !
48:37 Jean-Alphonse Richard sur Airsoft Entrepot.

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