Un déjeuner partagé avec Stéphane Peu, député "Gauche démocrate et républicaine" de Seine-Saint-Denis pour parler des jardins ouvriers: cultiver ses légumes et recréer du lien social. Au menu également: un concours de cuisine pour aider à la réinsertion de jeunes en difficultés.
Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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NewsTranscription
00:00 Générique
00:02 ...
00:17 -Bonjour à tous et bienvenue dans "Politique à table" sur LCP,
00:20 l'émission où on parle cuisine, alimentation, agriculture,
00:23 mais aussi politique.
00:25 Cette semaine, nous recevons Stéphane Peu.
00:27 Bonjour. -Bonjour.
00:29 -Bienvenue. Avec moi, Jean-Pierre Montanay.
00:31 Bonjour, Jean-Pierre. -Bonjour, Brigitte.
00:34 Stéphane Peu. -Bonjour.
00:35 -Vous êtes député depuis 2017.
00:37 Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents communistes,
00:41 mais c'est votre cas.
00:42 Votre papa était ouvrier et très vite,
00:44 vous développez un esprit de camaraderie.
00:47 C'est avec, après votre service militaire,
00:49 à vous, donc, les jeunesses communistes,
00:52 des convictions qui trouvent en vite un débouché électoral
00:55 en Seine-Saint-Denis, votre terre d'élections.
00:58 Vous êtes élu sur la liste PCF en 1995.
01:01 Ca fait donc 28 ans, bientôt 29.
01:04 Une longévité qui fait de vous un pilier du département,
01:08 que vous défendez à l'Assemblée
01:10 au travers de rapports sur l'état de la santé
01:12 ou de l'éducation en Seine-Saint-Denis,
01:14 comme cette dernière question au gouvernement
01:17 où vous pointez du doigt la grève des profs
01:19 pour cause d'écoles délabrées.
01:21 L'enfance, pour vous, c'était en Bretagne,
01:24 un indice pour le menu du jour.
01:26 Avec un plat sorti du chalut,
01:27 des filets grillés de mackereaux aux pommes de terre nouvelles
01:31 et en dessert, du fromage avec un saint-marcelin.
01:34 -Dans le dessous des plats,
01:35 les jardins ouvriers pour cultiver ses légumes
01:38 et recréer du lien social, un art de vivre menacé
01:41 par le besoin de foncier.
01:42 Reportage à Villetanoz.
01:43 -Dans les pieds dans le plat, un concours de cuisine
01:46 pour aider à la réinsertion de jeunes déscolarisés
01:49 en rupture avec la loi.
01:51 Mesure gadget ou vraie promesse.
01:53 Reportage à suivre.
01:54 -Allez, on passe à table.
01:56 Tout de suite, cuisine et confidence.
01:59 -Stéphane Peu, j'imagine que le choix de votre assiette
02:07 et de votre plat était un vrai casse-tête.
02:10 L'assiette est devenue tellement politique,
02:12 alors comment envoyer un signal au parti
02:15 sans se mettre ses électeurs à dos,
02:17 tout en rendant hommage à ses racines ?
02:19 Sacré défi. L'idée vous a effleuré de choisir une langouste
02:22 pour dévoquer les trésors de Cuba,
02:24 pour faire oublier ces cauchemars.
02:26 Fidèle que vous êtes à cette île,
02:28 l'un des derniers bastions du communisme.
02:31 Mais vous avez vite compris que cette piste sentait la fausse bonne idée.
02:35 La langouste est à la table, ce qu'est Hermès au sac à main.
02:38 Une certaine idée du luxe, entre 80 et 100 euros le kilo.
02:41 Bref, un coup a déclenché des émeutes
02:44 dans votre très cher 9-3.
02:45 Vous vous êtes rabattu sur la Bretagne de votre enfance
02:48 et sur un poisson que vous avez traqué en culotte courte,
02:52 qui a donné son nom dans l'argot aux souteneurs.
02:54 Vous le saviez, Brigitte ? Les mâques.
02:56 Car tel un proxénète des fonds marins,
02:59 il rapproche les harengs mâles des femelles lors de leur migration.
03:02 Bien sûr, ce n'est pas cette anecdote qui vous a convaincu.
03:06 Non, ce qui vous plaît, chez le macro, ce sont ses vertus.
03:09 Bon marché, deux saisons.
03:10 Il se pêche dès le printemps en Bretagne,
03:13 et surtout, bourré de vitamine et d'oméga 3.
03:16 L'OMS nous recommande même d'en manger deux fois par semaine.
03:19 -Un message subliminal, monsieur Peu.
03:21 Vous exhortez la gauche à se doper au macro
03:23 pour se refaire une santé.
03:25 Est-ce que je me trompe ? -Exactement.
03:27 Vous avez tout à fait raison.
03:29 Du point de vue des caricatures,
03:31 il y avait la langouche de Cuba.
03:33 J'aurais pu aussi, étant député de Saint-Denis,
03:36 prendre un plat que j'adore,
03:37 mais qui est tellement une idée reçue sur la Seine-Saint-Denis,
03:41 de couscous. -Ca faisait un peu
03:43 Sandrine Rousseau. -Oui.
03:45 Non, parce que... -Parce qu'elle nous a demandé
03:48 de la manger. -Parce que je l'aime
03:49 avec beaucoup de viande. -Ca aurait pas été
03:52 le même goût. -Non, le macro,
03:54 tout simplement, d'abord parce que j'adore ça,
03:57 et j'adore ça depuis que je suis tout petit,
03:59 ça a été dit, j'ai grandi en Bretagne,
04:02 et avec mon papa, nous allions le pêcher,
04:05 ou avec des voisins, nous allions le pêcher,
04:07 non pas au chalut, mais surtout à la mitraillette,
04:10 c'est-à-dire une ligne avec sept ou huit zameçons,
04:14 et bon, à l'époque... -Parce que le macro,
04:17 ça trappe en banc. -Ca trappe en banc,
04:19 et dans la baie de Saint-Brieuc, où j'ai grandi,
04:22 il y en avait beaucoup, et donc c'était un plat fréquent
04:26 et populaire. -Populaire.
04:27 -Très populaire, parce que sur le marché de Saint-Brieuc,
04:31 il y avait à l'époque des femmes de pêcheurs
04:33 qui venaient avec des charrettes pleines de macro
04:36 tirées par un âne, pas un âne, on appelait ça un bardot,
04:39 un bardot, c'est pas un mulet, c'est l'inverse,
04:42 c'est un croisement de cheval et d'âne,
04:45 et ils venaient avec des charrettes remplies de macro.
04:50 J'ai connu ça dans ma jeunesse, c'est pas si vieux.
04:53 -A l'époque où la surpêche n'était pas une question...
04:56 -Le macro n'est pas menacé par la surpêche,
05:00 c'est un poisson assez résilient, qui fonctionne bien,
05:03 c'était un poisson populaire.
05:05 -C'était pas très cher, comme poisson.
05:07 -Non, mais comme à une certaine époque,
05:09 le cabillaud ne l'était pas, il est devenu très cher,
05:13 et le bieu jaune, qui était aussi un poisson fréquent
05:16 dans la baie de Saint-Brieuc, était aussi un poisson populaire,
05:19 il est devenu un poisson de luxe.
05:21 J'espère que le macro n'aura pas le même sort.
05:24 -Vous y retournez beaucoup ? -Oui, je y vais,
05:27 parce que, bon, il y a peu de temps,
05:29 j'avais encore mes parents, mais j'ai ma soeur,
05:32 j'ai ma fille, qui, après avoir grandi à Saint-Denis,
05:35 vit maintenant en Bretagne,
05:37 donc oui, je suis amené à y retourner souvent.
05:40 -Vous constatez qu'il y a moins de poissons,
05:42 que vous allez toujours à la pêche ?
05:44 -D'abord, il y a des réglementations
05:46 qui existent aujourd'hui, qui n'existaient pas avant.
05:49 Mes plus grands souvenirs, c'est d'aller avec mon grand-père
05:53 ou avec mon père, poser des lignes de fond.
05:55 Les marées dans la baie de Saint-Brieuc se retirent très loin.
05:58 Quand la marée était très basse,
06:00 surtout dans les coefficients de grande marée,
06:03 on allait poser des lignes sur 20 m de long,
06:06 avec deux piquets à chaque bout, des hameçons avec des appâts,
06:09 on laissait la marée recouvrir les lignes,
06:12 et à la marée basse suivante, on y allait...
06:15 -On récoltait des pêches miraculeuses.
06:17 C'est interdit, ça, maintenant ? -C'est interdit,
06:20 mais à l'époque, toutes les familles le faisaient.
06:23 On ramassait des barres, des sols,
06:25 beaucoup de poissons de sable, les sols, les raies...
06:28 -On parlait de la langoute, il y avait du homard ?
06:30 -Il y avait du homard. -Plutôt au casier.
06:33 -Oui, au casier, ou... -Au filet.
06:35 -Ou même quand il y avait des grandes marées
06:38 et que ça découvrait certains rochers
06:41 qui étaient rarement découverts,
06:43 on y allait et à la pêche à pied, on pouvait ramener des homards.
06:46 -La Saint-Jacques n'était pas aussi libre qu'aujourd'hui.
06:49 -C'est une bonne chose. -Il y a beaucoup cette année.
06:52 -Absolument. Et les pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc
06:56 ont eu la sagesse de se regrouper et de s'autoréguler.
07:00 Il y a maintenant des horaires de pêche,
07:03 c'est de trois heures par semaine, très encadrés.
07:06 -Dans l'année, c'est encadré. -On a retrouvé la coquille Saint-Jacques.
07:10 -La ressource naturelle se reproduit, se multiplie,
07:14 donc il n'y a pas de pénurie.
07:15 C'est un métier qui a pu perdurer.
07:19 -On va le goûter, ce macro,
07:21 pour voir s'il ressemble au macro de votre enfance.
07:24 C'est un macro grillé. -Il a belle allure.
07:27 Et puis, des pommes de terre nouvelles,
07:30 parce qu'en Bretagne, une journée sans pommes de terre...
07:33 -Est une journée ratée. -Effectivement.
07:37 Pendant ce temps-là, dites-nous d'abord...
07:40 On va vous laisser goûter tranquillement.
07:43 -Il est bon. On est en Bretagne.
07:45 -Jean-Pierre sur la cuisine du macro.
07:47 -Il existe une quarantaine d'espèces de macro,
07:50 mais sur les étals des poissonniers, on en retrouve trois.
07:54 Le macro bleu, en raison de ses reflets,
07:56 c'est celui-ci, même s'il a été grillé,
07:58 c'était sans doute bleu.
08:00 C'est le plus pêché et le plus commun.
08:02 Il mesure entre 30 et 60 cm.
08:04 Il y a le macro tazard, qui se singularise par ses taches,
08:07 je parlerai de maître macro,
08:09 et la lisette, qui est un jeune macro.
08:11 -La lisette. -Oui.
08:12 Le macro peut se faire cuire entier au four,
08:15 20 minutes à 180°C pour les plus gros.
08:17 Pour le parfumer, garnissez l'intérieur du macro
08:20 avec des rondelles de citron, du thym, du romarin.
08:23 Pour les filets, comme c'est notre cas,
08:25 ça va plus vite au four, c'est 10 minutes.
08:27 Ca peut se faire au barbecue, à la plancha.
08:30 Les macros adorent la poêle, la vapeur.
08:32 C'est un poisson qui n'est pas très compliqué
08:35 avec toutes les cuissons.
08:37 -Il est cuisinier. -Et manger aussi du macro,
08:39 à lui, il en boite, car il conserve ses vertus,
08:42 l'oméga 3, même dans une boite.
08:44 Enfin, il est idéal en cuisine, facile à marier,
08:46 prêt à toutes les fantaisies.
08:48 Il adore ses vieux compères, le vin blanc, la moutarde,
08:51 mais il accepte d'être farci à la tapenade.
08:54 Il adore se lever dans une sauce japonaise teriyaki.
08:57 Il n'est pas frileux à l'idée de se mélanger à des kumquats,
09:00 les macros kumquats, pour une rillette.
09:03 -On part loin de la Bretagne.
09:04 On peut le mettre en papillote avec du fenouil.
09:07 Il y en a pour tous les goûts. -Vous, vous l'aimez grillé ?
09:10 -C'est un peu la version poisson du cochon.
09:15 On dit "dans le cochon, tout est bon",
09:17 dans le macro, tout est bon,
09:19 et on peut le faire de beaucoup de manières,
09:23 et c'est très simple à cuisiner.
09:25 C'est pour ça aussi que c'est un poisson.
09:27 Par ailleurs, c'est un poisson très joli.
09:30 -C'est un beau poisson. -Quand vous allez
09:32 dans un étal de poissonnier, c'est un poisson très beau.
09:35 On reconnaît le poisson de ligne et le poisson de chalut.
09:39 -Ah, comment ?
09:40 -Le poisson de ligne, quand il sort de l'eau,
09:43 il se tord et il fait un croissant.
09:46 Donc quand vous avez, dans un étal de poissonnier,
09:49 un macro en forme de croissant,
09:54 c'est qu'il est de ligne.
09:56 -Au chalut, il est tout droit.
09:58 -Donc je vous conseille le macro de ligne.
10:00 -C'est un poisson aussi extrêmement fragile.
10:03 Il faut bien faire attention s'il a l'oeil qui brille,
10:06 s'il est bien brillant, il ne se conserve pas longtemps.
10:09 -C'est un poisson qu'il faut manger très frais et très vite.
10:13 C'est un super poisson, il a plein de vertus.
10:16 -Est-ce qu'il est bon ?
10:18 -Il est bon, il est très bien cuit,
10:20 les pommes de terre sont très bonnes aussi.
10:23 Attention, la pomme de terre, c'est pareil.
10:25 -La cuisson de la pomme de terre, c'est un art.
10:28 -L'origine de la pomme de terre,
10:30 c'est des pommes de terre nouvelles,
10:32 donc c'est un petit goût sucré.
10:34 -Un peu de noisette aussi. -Exactement.
10:36 C'est excellent.
10:38 -Vous aimez cuisiner ? Vous le préparez, le macro ?
10:42 -Franchement, le macro, c'est un peu comme les oeufs au plat.
10:46 Vous voyez, c'est un peu... -Dans vos tendes ?
10:48 -Oui, j'aime bien cuisiner.
10:51 -Ca fait toujours un peu peur, le poisson.
10:53 -La cuisson, ça. -Je ne suis pas tout à fait d'accord.
10:56 -L'oeuf au plat, vous le cassez, le macro,
10:58 est-ce qu'il va être trop cuit ?
11:00 -C'est un poisson qui se cuit au barbecue,
11:03 c'est un peu comme la sardine.
11:05 Bon, il faut être précis, mais enfin, voilà, c'est pas...
11:08 Non, mais moi, j'aime bien cuisiner,
11:10 et c'est l'activité qui me permet le plus de faire le vide.
11:16 -Ca vous détend ? -Oui, oui.
11:18 Quand ça va pas ou quand c'est trop compliqué,
11:23 je me détends en faisant la cuisine.
11:25 -Et alors là, vous cuisinez toutes sortes de plats
11:28 ou vous avez des préférents ? -Oui, j'aime bien tous les plats
11:31 en sauce, donc je fais la blanquette,
11:34 le bourguignon, les potets...
11:37 -Tradi. -Ah oui, très tradi.
11:39 -Et vous suivez la recette ou vous jetez vos ingrédients ?
11:42 -Non, je suis les recettes et puis j'affine.
11:45 Oui, oui, non, mais j'aime bien...
11:47 -Touche personnelle ? -Oui, oui, petite touche.
11:50 Et puis je fais tester, et en principe, ça fonctionne.
11:53 -Ca plaît à la maison.
11:55 -Et un peu d'audace, parfois ? Vous sortez des sentiers battus
11:58 ou vous lancez dans des aventures exotiques ?
12:01 -En cuisine, je suis pas très...
12:03 En politique, je peux être un peu audacieux,
12:06 mais en cuisine, pas trop. -Moins destructif ?
12:08 -D'ailleurs, quand je vais manger au restaurant,
12:11 j'aime bien les choses... -Un peu bordées, quoi.
12:15 -Classiques, traditionnelles. -Oui, je suis assez...
12:18 -Toute cette nouvelle cuisine qui fait appel à plein de petites...
12:22 Des petites choses, des koum-kat, comme on parlait,
12:25 des nouveaux ingrédients, on mélange, on fusionne des cultures.
12:29 Ca vous dérange ? -Non, mais je suis pas fan, quoi.
12:32 La cuisine, ça reste un moment, d'abord,
12:35 un moment de partage, un moment de convivialité,
12:38 et puis j'ai des goûts, peut-être,
12:41 un peu trop...
12:42 Un peu trop datés, donc...
12:44 Rires
12:45 Donc j'aime bien...
12:47 Alors j'hésite pas, si on m'invite,
12:50 j'essaye, je goûte. -Vous essayez ?
12:52 -Je suis pas fermé, mais j'ai tendance, quand même,
12:55 à chaque fois, à revenir aux choses valeurs sûres.
12:58 -Il y a une tradition du repas chez vous ?
13:01 Est-ce que c'est le samedi, le dimanche, un soir,
13:04 ou pas spécialement ?
13:05 -Bon, moi, j'ai une tradition du repas
13:10 qui est plutôt le repas avec les copains,
13:12 et les copines, c'est pas... -C'est pas qu'entre hommes.
13:15 -Non, c'est pas... C'est très mixte.
13:18 -C'est mixte. -Mais on a eu
13:20 toute une bande à Saint-Denis
13:22 qui est...
13:23 ...d'amis qui aiment bien manger,
13:26 donc des fois, le dimanche midi, le samedi soir...
13:29 -Vous vous retrouvez. -On aime bien se retrouver
13:32 et partager un restaurant,
13:34 souvent un restaurant simple,
13:36 on en a quelques-uns dans ma circonscription,
13:39 ou à côté, à Saint-Ouen,
13:40 j'ai un restaurant à l'esprit à Saint-Ouen,
13:43 qui est excellent, le Repailleur,
13:45 donc son nom...
13:46 -Oui, son nom. -On l'indique bien.
13:48 Voilà. Et donc, on se régale.
13:51 -Mais pas derrière les fourneaux, là, c'est plus...
13:54 -Oui, c'est plus entre copains,
13:56 ou alors, au beau jour, on fait des barbecues
13:59 dans les jardins familiaux,
14:01 parce que j'ai plein de copains qui ont des jardins,
14:04 des 100, 150 mètres de jardin,
14:08 et on y va, on fait un petit barbecue.
14:11 -C'est une cuisine sommaire, des légumes grillés, des viandes.
14:15 -Et puis, il y en a qui amènent
14:17 des petites terrines qu'ils ont faites eux-mêmes.
14:20 -Il y a du fait maison. -Il y a du fait maison,
14:22 des desserts. Oui, oui, non, non, non.
14:25 Le barbecue, on fait pas merguez chipolata.
14:30 C'est un peu plus élaboré que ça.
14:32 -Vous nous avez demandé du mackerel,
14:34 mais il y a d'autres poissons que vous affectionnez ?
14:37 -J'aime beaucoup la morue, le cabillaud,
14:39 le lieu jaune,
14:41 la solle.
14:44 -La solle, c'est très bon. -Le bar, bien sûr.
14:47 -La lote ?
14:48 -Un peu moins, non. -Il faut bien la cuisiner.
14:52 -Elle est moche. -Ca peut être très bon.
14:54 -C'est sûr. -On parlait du bon mackerel.
14:57 -Et après, je suis fan aussi de tout ce qui est fruits de mer.
15:00 -En Bretagne, il y a les huîtres. -Les arignées de mer.
15:05 Rien meilleur que le tourteau.
15:07 -Ca n'arrive pas jusqu'à Paris, les arignées ?
15:09 -Pas trop. -On a du mal à en trouver.
15:12 -C'est pas trop, non. -Les pâtes aux arignées,
15:14 c'est bon ? -Les arignées, c'est bon.
15:16 -Les palourdes, les coques, les bulots.
15:19 -Les coques, j'adore. On allait pêcher les coques
15:21 dans la baie de Saint-Brieuc. -C'est des souvenirs d'enfance.
15:25 -Oui, les bigorneaux, même si ça nourrit...
15:27 -Ca se mange, le bigorneau ? -Oui.
15:30 -Ah oui ? -On a insulté ta Bretagne.
15:33 -Les bigorneaux. -C'est vrai.
15:34 -Il en faut beaucoup pour se faire un salut.
15:37 -A l'apéro, c'est sympa.
15:38 -Je préfère les bulots, il y a plus de matière.
15:41 -C'est moins fin.
15:42 -Vous avez l'estomac très marin, vous aimez la viande ?
15:46 -Ah oui, j'adore la viande. -Quand même.
15:48 -Et les huîtres ? -Les huîtres, oui.
15:50 Les huîtres, mais...
15:52 Je suis assez difficile sur les huîtres.
15:54 -Vous, la taille ? -En fait, j'adore les belons.
15:57 -Les belons. -C'est la Bretagne du Sud.
16:00 Elles sont plates. -Plus rondes ?
16:02 -Non, elles sont plates. -Plates, ouais.
16:04 -Et puis, elles ont la caractéristique,
16:07 elles grandissent dans la rivière du Belon,
16:09 et donc, à marée haute,
16:11 elles sont recouvertes par la mer,
16:14 par l'eau de mer, et à marée basse, par l'eau de rivière.
16:17 Donc, elles... De 6h en 6h,
16:20 elles baignent pas dans la même eau,
16:23 eau salée, eau douce.
16:25 -Ca lui donne un petit goût particulier ?
16:27 -Une huître extraordinaire.
16:29 -Bravo à Françoise, c'est du vrai poisson frais,
16:32 pas du poisson de synthèse, il y a des arêtes.
16:34 -Pas du poisson de synthèse, mais heureusement !
16:37 -Le macro de synthèse... -Il faut aussi,
16:39 le macro de synthèse, là, franchement...
16:42 -Là, on en est loin.
16:43 -Vous mangez quand même de la viande ?
16:45 -Oui, oui, non, moi, je mange à peu près de tout.
16:49 En bon breton, je suis assez fan de la charcuterie.
16:52 J'en gaffe quand même un petit peu, mais bon, j'aime bien.
16:56 -Mais vous en mangez moins qu'avant ?
16:58 -De la charcuterie, oui, mais pour des raisons...
17:01 -Vous faites plus attention ? -Pour des raisons de santé.
17:04 La charcuterie, c'est...
17:05 Il faut en manger... -Avec modération.
17:08 -Si vous prenez un peu d'oméga 3 et de charcuterie,
17:11 on peut faire la balance. -J'adore la charcuterie.
17:13 Bon...
17:14 Moi, chez mon grand-père, on tuait le cochon, donc...
17:17 Voilà, donc... -Mes chouis, aussi.
17:20 -Boudin. -Oui, mes chouis de boudin,
17:22 j'adore. Enfin, non, moi, je suis...
17:24 -Vous mangez un peu de tout.
17:25 C'est pas trop difficile. -Non, j'adore les abats, aussi.
17:28 -Ah oui, ça, on en trouve de moins en moins, les abats.
17:31 -La vache folle est passée... La crise de la vache folle
17:35 est passée par là, mais depuis, il y a une résurrection
17:37 de certains tripiés. J'adore les tripes.
17:40 -Les tripiés, c'est pas la même chose.
17:42 -Oui, mais dans les restaurants, il y en a plus de mal à en trouver.
17:46 -Les riz de veau, les rognons... -La cervelle, on n'en voit plus.
17:49 -Vous les cuisinez, aussi ? -Oui.
17:51 Les riz de veau, c'est long à faire,
17:53 parce qu'il faut enlever toutes les petites...
17:56 -Les herbures. -Les herbures.
17:58 C'est très bon. -Vous nous avez demandé,
18:00 avec ce macro, un vin blanc. -Exactement.
18:03 -C'est un château neuf du pape, de la vallée du Rhône.
18:06 C'est une appellation d'origine contrôlée.
18:08 Le désigne est de 2022.
18:10 On retrouve donc grenache blanc, roussane, clairette,
18:13 bourboulingue, pour ce château neuf du pape,
18:16 mais il peut y avoir aussi du pic-poule et du picardant,
18:19 dans certains. Ca, c'est pour les cépages blancs,
18:22 et il y a huit cépages rouges.
18:24 Sa particularité, c'est son ampleur, sa rondeur, sa fraîcheur.
18:27 C'est ça que vous aimez dans le château neuf du pape ?
18:30 -Oui, c'est mon vin blanc préféré,
18:33 avec le Saint-Péret, qui est pas très loin
18:36 du château neuf du pape, mais un peu plus vers les Condrieux.
18:39 Alors, pour le coup, c'est pas des vins à un bon marché.
18:43 -Non. -C'est des vins assez chers,
18:45 assez rares, parce que dans le château neuf du pape,
18:48 le vin blanc doit faire 6 ou 7 % de la production totale
18:51 de château neuf du pape, mais par contre, pour moi...
18:54 -C'est le summum du vin blanc. -C'est le summum du vin blanc,
18:57 avec, bien sûr, les meursaults.
18:59 En Bretagne, sur le vin, bon...
19:02 -Alors, il se met le jour du final, ça le deviendra peut-être.
19:05 -La légende dit qu'on en consomme beaucoup,
19:08 mais qu'on en produit peu. D'ailleurs,
19:10 quand j'étais gamin,
19:13 il y avait des...
19:15 Tous les 15 jours, il y avait un bateau,
19:17 on appelait ça un pinardier. -Portait bien son vin.
19:20 -Il s'appelait le Sloughi, il ramenait du vin d'Algérie.
19:23 -Ah oui. -Il mélangeait,
19:26 dans des grandes cuves sur le port de Saint-Brieuc,
19:29 il mélangeait le vin d'Algérie avec le vin du sud
19:32 du Languedoc, qui, à l'époque,
19:35 faisait un vin horrible.
19:38 -Une afro-espiquette.
19:40 -Mais qu'on retrouvait sur tous les...
19:42 -En toute illégalité, j'imagine. -Ah non, pas du tout.
19:46 C'était le vin, vous savez, le vin...
19:48 -Le pichet, qu'on vendait au pichet.
19:51 -Ouais, qu'on vendait le...
19:52 -Donc un peu de Sidibrahim et puis un peu de...
19:55 -Oui, du Sidibrahim, non, pas de gamme.
19:58 -Pas de gamme. -C'était... Voilà.
20:00 -C'était rigolo, parce que ce bateau avait une sirène particulière,
20:04 donc quand il rentrait dans le port de Saint-Brieuc,
20:07 on entendait sa sirène dans toute la ville.
20:09 Si vous étiez dans un bar, à ce moment-là,
20:12 les vieux étaient devant leur petit verre de vin rouge
20:15 et disaient "Ah, ça y est, on est ravitaillés."
20:18 -On est ravitaillés.
20:19 -Alors, on va voir si vous êtes vraiment incollables.
20:22 C'est le quiz.
20:23 -Alors, moi, je reste dans la caricature,
20:30 bien entendu. En bon communiste que vous êtes,
20:32 monsieur Peu, sauriez-vous nous dire
20:35 si les plats suivants font partie de la cuisine chinoise ?
20:38 Ah oui, c'est compliqué.
20:39 Bah oui, mais...
20:41 Alors, peut-être qu'à la sonorité, vous pouvez retrouver.
20:44 La soupe Tom Kakaï.
20:46 Est-ce que c'est une soupe chinoise ou pas ?
20:48 -Non, je crois pas. -Non.
20:50 C'est une soupe thaïlandaise avec du lait de coco et du poulet.
20:54 Les chung fun, est-ce que c'est une recette chinoise ou pas ?
20:59 -Euh... Je vais dire oui, mais enfin...
21:02 -Oui, c'est vrai.
21:04 -C'est très bon.
21:05 C'est des crêpes de farine de riz, là, comme ça, toutes blanches,
21:08 fourrées avec des crevettes.
21:10 C'est délicieux avec de la sauce soja.
21:12 Les banh cuon, est-ce que c'est une recette chinoise ou pas ?
21:16 -C'est uniquement à la sonorité.
21:18 -Oui, c'est faux.
21:19 Ce sont les raviolis vietnamiens, très proches de la frontière,
21:22 mais pas chinois.
21:23 Et je finis par les nouilles dan dan.
21:26 Est-ce que c'est chinois ou pas ? -Je dirais oui.
21:28 -100 % de récits.
21:29 -M. Peau n'a jamais mangé de la soupe à la vietnamienne,
21:33 ni des chung fun, ni des boules de boue.
21:35 -Et pour vous dire,
21:36 j'étais au Vietnam il y a pas très longtemps.
21:39 -Vous avez pas mangé de banh cuon ?
21:41 -On mange bien en Vietnam.
21:44 -Ah oui ? Très, très bon.
21:46 -Mais pour tout vous dire, je suis...
21:48 Je suis d'un classicisme vraiment désespérant,
21:51 parce que je suis pas fan de la cuisine asiatique.
21:54 -Ah bon ? On cuisine très bien le porc, pourtant, les vietnamiens.
21:58 -Ou alors, en fait, pour être tout à fait juste,
22:00 j'aime bien la cuisine asiatique quand je suis là-bas.
22:04 -Oui. -Je ne bois jamais de bière en France,
22:06 mais si je vais en Belgique, je vais en boire.
22:09 Je suis assez... -Vous vous fondez localement.
22:11 -Voilà. -Dans les traditions locales.
22:14 -Je m'adapte. Je suis un peu caméléon.
22:16 -Vous allez être moins perdu,
22:18 parce qu'on va parler du Vietnam,
22:20 puisque vous connaissez sans doute le banh mi,
22:22 ce sandwich franco-vietnamien.
22:24 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
22:28 A, la baguette française débarque en 1860 en Indochine.
22:32 -1860, je dirais, oui. -Vraie.
22:35 Dans les années 50, au Vietnam,
22:38 le pain français se démocratise et devient un produit populaire.
22:42 Dans les années 50.
22:44 -Hm... Oui.
22:46 -Faux. En raison du prix du blé, c'est un produit de luxe
22:50 qui est destiné aux colons de la bourgeoisie locale,
22:53 donc on ne sait pas si il est bien arrivé dans les années 50 ou pas.
22:56 -C'est vrai. -C'était pas populaire.
22:58 -Je suis surpris de revoir mes quiz.
23:01 Le pain français est effectivement...
23:03 Il s'était démocratisé. -Nous, Jean-Pierre.
23:05 -Il s'était pas démocratisé, car c'était un produit de luxe.
23:09 On avait beaucoup de farine de riz, mais pas de farine de blé.
23:12 -Après le départ des Français, la baguette vietnamienne
23:15 est préparée avec un mélange de farine, de blé et de riz.
23:19 -Non. -Si, vrai.
23:21 -Un mot ? -Vrai.
23:22 -Il existait dans les années 60 un bât de mie à la vache qui rit.
23:26 Dans les années 60, un bât de mie à la vache qui rit.
23:30 -Hum...
23:31 Pourquoi pas, ouais. -C'est vrai.
23:33 -Oui. -Le fromage
23:35 a été exporté dans une boîte métallique.
23:37 -La vache qui rit a été exportée très tôt.
23:40 Quand vous allez au Vietnam, à un moment,
23:42 vous mangez une vache qui rit.
23:44 Les Vietnamiens ont toujours des vaches qui rient.
23:46 C'est drôle. La vache qui rit, elle rit très fort au Vietnam.
23:50 -Vous aimez la vache qui rit ?
23:52 -Oui.
23:53 Nous disons, oui, j'en ai mangé beaucoup,
23:55 mais enfin, vous savez,
23:57 on dit qu'on a une mémoire
24:01 olfactive très forte.
24:04 Et donc, la vache qui rit, à chaque fois que j'en goûte,
24:08 parce que mes petits-enfants en mangent,
24:10 ça me rappelle tout de suite... -C'est régressif.
24:13 -C'est régressif. C'est marrant,
24:15 parce que j'ai rencontré un confrère à vous,
24:17 qui s'appelle Louis Bozon,
24:19 qui animait le jeu des mille francs.
24:21 Et puis, le jeu des mille européens,
24:23 un jour, je l'ai croisé,
24:25 on parlait de ce jeu que j'écoutais religieusement
24:27 tous les midis. -Avec Lucien Jeunesse.
24:30 -Puis avec Louis Bozon.
24:31 Quand j'allais à l'école, je revenais de l'école,
24:34 je mangeais à la maison et j'écoutais religieusement
24:37 le jeu des mille francs. Ma mère faisait tous les midis,
24:40 quoi qu'il arrive, des betteraves rouges.
24:42 -Tous les midis ? -Tous les midis.
24:44 Elle avait dû lire un truc comme quoi c'était bon pour la santé.
24:48 On avait betteraves rouges et saucisson à l'ail,
24:51 mais il y avait toujours la betterave rouge.
24:53 Et donc, j'ai mangé mes betteraves rouges,
24:56 j'en écoutais... Cuites.
24:57 J'ai mangé mes betteraves rouges en écoutant le jeu des mille francs.
25:01 Un jour, je dis à Louis Bozon, j'étais dans ma voiture,
25:04 20 ans après, 30 ans après,
25:07 et j'entends le petit ding-ding du jeu
25:09 qui était devenu le jeu des mille euros.
25:12 -L'enjeu des betteraves. -J'étais en voiture
25:14 et j'ai eu un goût de betterave rouge dans la bouche.
25:17 J'ai dit "c'est incroyable".
25:19 -C'est les souvenirs qui remontent.
25:21 Vous le savez, c'est souvent autour de la table
25:24 que se racontent les petites histoires,
25:26 que se fait aussi la grande histoire,
25:28 et c'est la brève de comptoir.
25:30 On vous a demandé, Stéphane Peu,
25:35 de réfléchir à une anecdote, éventuellement autour d'un repas,
25:38 et si elle pouvait être politique.
25:40 -Alors...
25:41 J'en ai deux, au choix.
25:43 J'en ai une, vous savez, à Saint-Denis,
25:46 il y a la basilique cathédrale.
25:49 C'est la nécropole des rois de France.
25:51 Donc, chaque 21 janvier,
25:53 date anniversaire de la mort de Louis XVI,
25:57 il y a une messe royaliste à la basilique de Saint-Denis
26:00 qui regroupe 700, 800 royalistes
26:03 qui viennent à la messe le 21 janvier au matin.
26:06 Le 21 janvier, aussi,
26:07 par ailleurs, l'anniversaire de la mort de Lénine,
26:10 mais ça, on le célèbre pas... -Même façon.
26:12 -Même manière. On le célèbre pas.
26:15 Et il y a une tradition des républicains,
26:18 qui date de 1794, si ma mémoire est bonne,
26:22 enfin, si mes...
26:23 Qui est que, ce jour-là,
26:27 le jour où le roi a été guillotiné,
26:31 on mange de la tête de veau. -Ah ! C'est élégant.
26:33 -Bah, c'est une tradition,
26:36 chez les libres penseurs, chez les républicains,
26:40 c'est une tradition un peu moqueuse,
26:42 très française, mais voilà.
26:45 Et donc, il y avait des restaurants face à la basilique,
26:49 et puis, un restaurant un peu plus loin,
26:52 ils mettaient la tête de veau à la carte, ce jour-là,
26:56 avec une bande de copains, de tout horizon.
26:59 Il y avait des chefs d'entreprise, des profs,
27:02 il y avait des... C'était militant,
27:04 on sentait être militant, mais tous les gens qui aimaient bien
27:08 soit l'esprit frondeur, se moquer des royalistes ce jour-là,
27:12 soit marquer leur attachement républicain,
27:14 indépendamment des sensibilités politiques.
27:17 On se retrouvait autour d'une tête de veau,
27:19 on blaguait sur le roi,
27:23 et on glorifiait la Révolution française.
27:29 Et ce qui était marrant, c'est que souvent,
27:32 arrivait dans le restaurant des gens qui avaient été à la messe.
27:36 -Des royalistes. -Ah oui.
27:38 Et tout ça se passait bien,
27:39 parce que le but, c'était pas un truc secret.
27:42 C'était un truc rigolo, un truc...
27:44 -Il y avait un peu d'autodérision et d'ironie.
27:47 -Mais prenaient-ils de la tête de veau ?
27:49 Ils ne commandaient sans doute pas ça.
27:52 -C'était marrant, parce qu'il y avait une table
27:54 qui n'était pas loin de nous, ils avaient des asperges,
27:57 des tartares de thon, et on avait la tête de veau
28:00 qui arrivait en majesté entière, avec son persil dans les narines.
28:04 -Ah oui, d'ailleurs. -Et donc, voilà.
28:06 C'était rigolo. L'autre anecdote, c'est que...
28:09 La fête de l'humanité, pendant longtemps,
28:11 c'est dans les saules, mais c'est un grand lieu de gastronomie.
28:15 On a souvent moqué la fête de l'humanité
28:17 en disant que c'était la fête où on boit du Ricard
28:20 et on mange des merguez, mais c'est faux.
28:22 J'invitais toujours des gens de ma circonscription,
28:25 des gens de Saint-Denis,
28:27 qui avaient un regard,
28:28 qui n'avaient jamais mis les pieds à la fête de l'humanité,
28:31 donc le commissaire de police, le sous-préfet,
28:34 des fois le curé de la basilique...
28:36 -A vous mélanger, tout ça.
28:38 -Des gens avec qui j'entretenais des relations,
28:41 et je leur disais, la veille ou l'avant-veille
28:43 de l'ouverture de la fête, "Venez avec moi, on va faire..."
28:47 On arrivait le matin, on mangeait une omelette au cèpe
28:50 au stand de la Haute-Vienne,
28:51 parce que je savais qu'au stand de la Haute-Vienne,
28:54 les militants communistes, retraités,
28:57 tout l'été, ils vont ramasser des cèpes,
28:59 ils les stérilisent... -En bocaux.
29:01 -En bocaux, et ils les ramènent à la fête de l'humanité.
29:04 Vous avez des omelettes au cèpe, incroyable, le matin.
29:07 Après, on allait manger quelques huîtres,
29:10 on allait au stand des Landes, on mangeait un foie gras
29:13 et un confit fait maison,
29:15 issu de fermes de militants
29:19 ou de sympathisants qui donnaient ou qui vendaient
29:22 à des prix très bas.
29:23 J'ai vu tous ces gens qui n'avaient jamais mis les pieds
29:26 à la fête de l'humanité,
29:28 j'ai même invité un de vos confrères, Yves Tréard...
29:31 -Journaliste Figaro.
29:32 -Oui, et qui est aussi sur la chaîne parlementaire.
29:35 Je l'ai emmené avec moi une fois,
29:37 et je faisais une tablée de gens,
29:39 très différents, qui n'avaient jamais mis les pieds
29:42 à la fête de l'humain, qui pouvaient avoir
29:44 une vision caricaturale de cette fête,
29:46 et ils repartaient enchantés, ils y retournent tous chaque année.
29:50 -Pas pour les communistes, mais pour la table.
29:53 -Ils n'avaient pas écouté un seul débat.
29:55 -Mais aussi pour la fraternité. -C'est une bonne idée,
29:58 de faire des projets de justice. -Bien sûr, c'est un vecteur.
30:02 Mais c'est aussi un lieu incroyable,
30:04 où, contrairement...
30:07 Vous ne sentez aucun sectarisme,
30:09 que de la fraternité, les gens veulent aller les uns vers les autres.
30:12 Entre deux plats, vous pouvez voir des très belles expositions.
30:16 -Il y avait souvent une très bonne production musicale,
30:19 avec des grands groupes. -Il y a quelques débats.
30:22 -C'était assez fort pour attirer des politiques.
30:24 -Il y a quelques débats, mais ce jour-là,
30:27 on n'y allait pas beaucoup. -Pas beaucoup pour parler politique.
30:30 Maintenant, on va cultiver son jardin,
30:33 en banlieue ouvrière, c'est possible,
30:35 et c'est "Le Dessous des Plats".
30:37 Musique jazz
30:39 ...
30:41 -On vous emmène à Ville-Tanneuse.
30:43 Là-bas, ils sont nombreux à cultiver les jardins ouvriers,
30:46 un lopin de terre qui crée du lien social entre les habitants,
30:50 l'occasion de partager, mais aussi de découvrir d'autres cultures.
30:54 Marion Becker.
30:55 Musique douce
30:59 -Au coeur de Ville-Tanneuse se trouve un poulon vert.
31:02 Musique douce
31:04 C'est le repère de Jean-Marie Beauchamp et de ses jardiniers amateurs.
31:08 Musique douce
31:10 -Ça bosse ? -Ça bosse un peu.
31:12 -Salut, Emmanuel. -Comment tu vas ?
31:14 -Très bon.
31:15 -A partir du printemps, Daniel, Joël, Moctar et Manuel
31:19 passent 2 heures par jour dans leur jardin.
31:21 -T'as du monde, aujourd'hui ?
31:23 -Oui.
31:24 -Cette semaine, ils annoncent du soleil,
31:27 donc ça devrait aller mieux.
31:29 On va pouvoir se dépenser un peu notre énergie.
31:32 -On prépare le terrain pour faire de la semence.
31:34 On va planter l'ail, l'oignon,
31:37 puis on va semer les petits pois.
31:39 Déjà, on est un peu en retard.
31:41 -S'ils partagent la passion de la terre
31:43 et aiment manger leurs propres légumes,
31:45 le jardin ouvrier, c'est surtout un art de vivre.
31:48 -De se détendre, d'être à l'air,
31:52 d'avoir...
31:53 Pour parler avec des amis jardiniers.
31:57 -On fait un brin de cosette,
31:58 et après, on se rebat au travail.
32:00 Moi, c'est ce qui me donne un sens à ma vie.
32:04 -Ici, chacun cultive 250 mètres carrés.
32:08 Chaque parcelle est différente, à l'image de son jardinier.
32:12 -T'as mis un avancé, là, Mio ?
32:14 -Oui, sous serre.
32:15 -Ceux-là, c'est des plants que t'avais achetés ?
32:18 -Ce sont des plants que j'avais achetés,
32:20 et là, c'est des semis que j'ai faits.
32:22 Il y a des semis ici. Dans l'autre serre, j'ai des semis.
32:25 Pour les premières salades, les premières tomates,
32:28 j'achète toujours les plants pour avoir un peu plus d'avance.
32:32 -Les cultures se rencontrent.
32:33 Manuel rapporte des semences de son pays d'origine.
32:36 -Donc, voilà, ça, c'est les oignons portugais,
32:39 les jaunes et les blancs.
32:41 -Ca vous donne... -C'est portugais, ça.
32:43 -Des gros choux ? -Oui.
32:45 Je fais un peu du produit de chez moi,
32:47 du produit portugais.
32:49 -Manuel ne s'imagine pas vivre sans son jardin, ses légumes,
32:53 et les échange avec ses voisins de parcelle.
32:55 Musique douce
32:57 -T'as fait voir au président pour être bien noté ?
33:00 Rires
33:02 -C'est toujours la petite dispute entre jardiniers.
33:05 -Ah oui, on avait mis des navettes.
33:07 -Il a dit à Daniel...
33:08 -Il est en bonne santé.
33:10 ...
33:13 -Ca donne de la convivialité,
33:14 puis l'expérience qu'on a,
33:18 vu l'ancienneté, on essaie de redonner ça
33:20 aux nouveaux arrivants, aux nouveaux jardiniers.
33:23 -Ces jardins font vivre le lien social au coeur de la ville.
33:26 -On a peur que les promoteurs viennent nous prendre nos parcelles.
33:31 On espère bien longtemps les garder.
33:33 Il y a eu quelques essais,
33:36 quelques essais, auparavant, qu'ils voulaient implanter,
33:39 mais on a résisté, et c'est ce qu'on fera toujours,
33:42 pour garder nos jardins.
33:43 Il faut qu'on les garde le plus longtemps possible.
33:46 -Ensemble, ils feront tout pour préserver et transmettre
33:51 leurs coins de paradis.
33:53 -Stéphane Peu, ces jardins ont été créés
33:55 pour améliorer le sort des ouvriers.
33:57 Pensez-vous qu'ils améliorent la vie des gens ?
34:00 -Ah oui.
34:01 C'est une réalité trop méconnue,
34:04 mais dans ma circonscription, sur trois villes,
34:07 Pierrefitte, Saint-Denis et Ville-Tanneuse,
34:09 j'ai plein de jardins ouvriers ou familiaux.
34:12 C'est des parcelles de 150 m2 avec une petite cabane.
34:16 C'est réglé et c'est organisé par une association.
34:19 Les règles sont hyper strictes.
34:21 J'étais encore à l'Assemblée générale,
34:23 il y a quelques semaines, de l'un d'entre eux...
34:26 -Paris Métropole Habitat cherche ça ?
34:28 -Ah non, non, non. C'est des associations.
34:31 Là, par exemple, les jardins de Ville-Tanneuse,
34:33 il y a une association des jardins ouvriers de Ville-Tanneuse,
34:37 avec un président, un trésorier.
34:39 Les terrains sont soit des terrains de la commune,
34:42 soit des terrains... rarement des terrains privés,
34:45 c'est souvent des terrains publics.
34:48 Moi, j'ai fait plusieurs propositions
34:51 pour que l'on classe ces jardins ouvriers
34:53 dans les documents d'urbanisme,
34:55 de façon à ce qu'ils puissent être inconstructibles.
34:58 Vous candidatez pour avoir un lopin de terre,
35:03 c'est l'association qui vous retient.
35:05 Si vous respectez pas les règles...
35:07 -Vous vous engagez à cultiver ce jardin toute l'année ?
35:11 -Voilà. Vous faites pas n'importe quoi.
35:14 Il y a des règles.
35:16 Le jardin doit être entretenu, cultivé.
35:18 Vous devez des heures à la collectivité.
35:20 Il y a une dimension de solidarité,
35:24 c'est-à-dire pour entretenir les grillages,
35:27 les haies, pour entretenir ce qui est collectif.
35:29 Vous devez des heures à la collectivité,
35:32 moyennant quoi, grâce aux cotisations,
35:34 il y a du matériel qui est mis en commun,
35:37 un motoculteur, enfin, des...
35:39 -Des outils. -Des outils,
35:41 qui sont un peu... dont on se sert pas tous les jours,
35:44 ou qui coûtent cher.
35:46 Et donc, il y a une dimension collective,
35:48 associative, d'entraide, et puis, il faut le dire,
35:51 c'est aussi le moyen d'avoir des produits frais,
35:54 d'avoir le plaisir de les voir...
35:56 -Il y a vraiment beaucoup de produits.
35:59 On peut finir les fins de mois avec ça,
36:01 ou on peut pas remplir son caddie ?
36:03 -150 mètres carrés de jardin, vous en faites.
36:05 -Mais pour combien de personnes ?
36:07 -C'est pour des familles.
36:09 Mais enfin, entre les...
36:12 Tous les légumes de saison...
36:15 Non, non, vous pouvez...
36:17 Et puis, vous avez une petite cabane.
36:19 Alors, il faut pas y aller...
36:22 Au beau jour, c'est un lieu très bien pour faire la sieste, aussi.
36:26 -Il y a quoi ? Il y a quelques transats ?
36:28 -Et puis, non, mais c'est formidable.
36:32 Vous avez toute la diversité culturelle
36:34 et d'origine de la Seine-Saint-Denis
36:37 qui se retrouve dans les jardins que vous vous êtes allés filmer.
36:40 Il y a des...
36:42 des Portugais, on l'a vu, des Maghrébins,
36:45 des Espagnols, des Bretons, des...
36:48 -Ils doivent cultiver leur propre culture.
36:51 -Il y a des gens du Nord, oui, bien sûr.
36:53 Et puis, ils s'échangent.
36:55 -Mais ceux qui cultivent mettent en commun ce qui est cultivé ?
36:58 -Ce que vous cultivez, c'est pour vous.
37:00 -Si vous avez été choisi pour cultiver,
37:03 c'est quand même une bonne nouvelle,
37:05 parce que vous allez pouvoir manger vos récoltes.
37:08 -Il y a des files d'attente.
37:09 Il y a des listes d'attente.
37:11 -Il y a un loyer. 50 euros.
37:13 -C'est une cotisation. -Oui.
37:15 -C'est pas très cher. -Non.
37:17 C'est une cotisation qui permet à l'association de vivre,
37:20 de se doter d'outils, d'entretenir.
37:23 Ces jardins sont magnifiques.
37:25 Parce que le long des jardins,
37:29 il y a des fleurs, il y a des haies,
37:31 il y a des arbres fruitiers.
37:33 Non, c'est...
37:34 -Ca mélange les générations ?
37:36 On a vu des personnes un peu plus âgées,
37:38 des retraités qui ont plus de temps pour s'en occuper.
37:41 Vous voyez aussi les petits-enfants qui viennent aider un peu ?
37:45 -Oui, bien sûr.
37:46 Ca devait être en semaine, quand vous êtes allés filmer,
37:49 mais si vous allez le week-end, surtout à partir des beaux jours,
37:53 vous allez voir qu'il y a des enfants partout.
37:55 Et puis, c'est formidable d'apprendre en Seine-Saint-Denis
38:00 à des enfants... -Avoir un peu de verdure.
38:03 -Avoir un peu de verdure, et puis à jardiner.
38:05 Bon, et puis...
38:06 C'est vraiment quelque chose de très précieux.
38:09 Il y a beaucoup de jardins,
38:11 il y a une dizaine d'associations différentes
38:14 qui gèrent des jardins sur les trois villes où je suis.
38:17 Il y en a un qui est menacé,
38:18 parce qu'il y en a un... Faites attention.
38:21 La prochaine fois... -Cornillon.
38:23 Vous avez posé une question à Elisabeth Borgnes
38:25 pour les défendre.
38:27 -Elle m'a pas répondu.
38:28 -Elle n'est plus là.
38:29 -Elle n'est plus là, donc je vais la reposer.
38:32 -A l'époque, elle était ministre de la Transition.
38:35 -Je vais reposer une question à Christophe Béchut,
38:38 parce que quand vous arrivez à la gare RER Stade de France
38:41 et que vous allez vers le Stade de France,
38:44 le jour... Vous verrez, sur votre gauche,
38:46 il y a des jardins familiaux.
38:48 Bien sûr, tous les promoteurs lorgnent sur ces...
38:51 -C'est pas le Grand Paris Express ?
38:53 -C'est la propriété privée. -Il est à côté.
38:55 -Jardin familiaux, c'est privé ?
38:57 -C'est des... Non, c'est des terrains...
38:59 Là, pour le coup, ceux qui sont à côté du Stade de France
39:02 sont des terrains qui appartiennent à la ville de Paris,
39:06 même si on est sur la commune de Saint-Denis.
39:08 Les terrains appartiennent à la ville de Paris,
39:11 mais je fais tout pour les préserver,
39:13 pour inscrire dans les plans locaux du urbanisme
39:16 la non-constructibilité de ces terrains.
39:18 -Les promoteurs font des offres régulièrement pour acheter ces parcelles.
39:22 -Bien sûr. Un terrain à côté du Stade et au pied de la gare...
39:26 -Ah, oui.
39:27 -Alors, on se dit qu'effectivement,
39:29 si c'est près de la gare ou près de l'autoroute,
39:32 il y a forcément de la pollution.
39:34 Est-ce que vous pensez que c'est des produits
39:36 qu'on peut consommer sans aucun problème ?
39:39 -Oui, on peut les consommer sans aucun problème.
39:41 Il faut juste faire attention.
39:43 C'est pas tellement la pollution de l'air...
39:46 Les plantes, je suis pas un agronome,
39:49 mais il y a la photosynthèse, etc.,
39:51 qui permet de... -C'est les sols.
39:53 -C'est surtout les sols.
39:54 La plupart des jardins ouvriers sont sur des sols
39:57 qui ont été peu ou pas industrialisés.
40:01 -C'est cultivé en bio, vous pensez ?
40:04 -Ah, bah oui.
40:05 Chacun fait comme... Ils font chacun comme ils veulent,
40:08 mais ils tendent vers le bio.
40:09 De toute façon, c'est eux qui les consomment,
40:12 donc ils font tous attention à ce qu'ils produisent
40:15 et dans quelles conditions.
40:16 Non, c'est surtout la pollution des sols.
40:19 Donc, on fait très attention,
40:21 parce que là où vous mettez des jardins ouvriers
40:23 sur des sols qui, auparavant, ce qui était le cas beaucoup,
40:27 à la Plaine-Saint-Denis, étaient fortement industrialisés,
40:30 vous pouvez avoir des sols pollués.
40:32 C'est le plus embêtant, pas la pollution de l'air.
40:35 -C'est un coup, on a bien compris,
40:37 la lutte finale pour les jardins ouvriers.
40:39 -Pour les classer. -Oui, et puis, en plus,
40:42 franchement, ça se transmet, quand vous voyez les listes d'attente,
40:45 il y a une demande très forte.
40:48 Moi, j'y vois, dans ces jardins ouvriers,
40:51 une multitude de vertus,
40:52 de solidarité, d'apprentissage de la nature,
40:56 de liens sociaux, de connaissances de l'autre,
40:59 bon, de métissage.
41:01 -De partage. -Et de partage.
41:03 Enfin, non, c'est très beau.
41:06 -On va parler de la cuisine, mais de l'insertion par la cuisine.
41:09 La Protection judiciaire de la jeunesse
41:12 vient en aide aux jeunes qui ont commis des délits.
41:15 On en parle et on met les pieds dans le plat.
41:17 -Brigitte est une sorte de top chef
41:24 pour aider à se réinsérer des ados de 13 à 17 ans en difficulté,
41:28 souvent déscolarisés,
41:29 et déjà connue des services de police et de justice.
41:32 C'est le sens donné à cette nouvelle édition,
41:35 "Le parcours du goût",
41:36 organisé en novembre dernier à Bordeaux
41:38 par la Protection judiciaire de la jeunesse.
41:41 C'est un reportage de Léo Seux, de Gilles Lepêtre
41:43 et de Maïté Frémont.
41:45 Les visages ont été floutés, les voix modifiées,
41:48 pour protéger, bien sûr, l'anonymat de ces mineurs.
41:51 -Les gestes sont soignés,
41:56 réfléchis depuis des semaines.
41:59 Concentration maximale pour l'équipe des Dragons du Marais,
42:03 une brigade un peu attiquée.
42:05 -Leur éducatrice au quotidien, la voici.
42:23 Elle aussi a enfilé son tablier
42:28 pour soutenir son équipe,
42:30 des jeunes de 13 à 17 ans,
42:33 sous protection judiciaire et souvent déscolarisés.
42:37 -Ils sont au top, ils se sont hyper entraînés.
42:39 Je suis épatée par l'évolution qu'ils ont eue,
42:42 parce qu'ils étaient vraiment sur rien au départ.
42:45 -L'équipe affronte 30 autres brigades.
42:48 200 jeunes venus de toute la France,
42:51 tous s'y préparent depuis des mois.
42:53 -C'est un maquin de poireau
42:55 posé sur un sale picon avec de l'eau de mer.
42:58 Ca fait presque un an qu'on travaille dessus.
43:01 -C'est un vrai bonheur.
43:02 On dit que c'est des jeunes qui sont un peu perdus,
43:05 mais là, ils ont l'air tellement sereins,
43:08 tellement bien dans ce qu'ils font.
43:09 -Ca montre qu'il y a beaucoup d'avenir dans tout ça.
43:12 -La cuisine pour redonner du sens
43:16 et recréer du lien, et ça fonctionne.
43:19 -Essouffler des gens comme le vôtre,
43:22 comme le nôtre, comme ceux de nos éducateurs.
43:24 Les personnes qui nous entourent,
43:26 et même dans le public, les applaudissements.
43:29 On a un chef extraordinaire,
43:30 avec un groupe bien motivé, malgré le stress.
43:33 Et franchement, moi, je suis vraiment content de moi.
43:37 -Je sais que je vais me mettre à plus cuisiner chez moi.
43:40 Ca m'a redonné envie de cuisiner.
43:43 -Redonner de la motivation
43:46 à des jeunes au parcours cabossé,
43:49 le pari est réussi
43:51 pour ce concours vieux de 25 ans.
43:54 -Stéphane Peu, quand vous voyez ça,
43:56 cette initiative du ministre de la Justice,
43:59 vous applaudissez à ce genre d'initiative
44:01 ou au contraire, vous dites que c'est gadget
44:04 et que ça ne servira à rien du tout ?
44:06 -Non, j'applaudis dès demain.
44:09 J'ai surtout envie de dire qu'il en faudrait davantage
44:13 dans la cuisine ou dans d'autres métiers.
44:16 Moi, je pense qu'une société
44:19 développée, civilisée,
44:22 ne peut pas mettre une croix
44:25 sur un jeune de 15, 16 ou 17 ans
44:29 qui a fait des bêtises.
44:31 On doit à tout prix lui tendre la main,
44:35 le sanctionner, mais le sanctionner proportionnellement
44:38 et lui tendre la main.
44:40 On ne peut pas avoir une réponse uniquement répressive.
44:44 Ce qui est important, je le vois,
44:46 parce qu'il y a beaucoup de jeunes dans mon département
44:49 qui sont très civilisés et qui, parfois,
44:51 sombrent dans la délinquance.
44:53 Ce que je vois, c'est qu'il faut surtout
44:56 que la réponse de la sanction soit rapide.
45:00 Elle n'est pas assez.
45:01 -Le problème de la justice...
45:03 -À cet âge-là, ça n'a pas de sens
45:05 si vous êtes sanctionné deux ans après la faute commise.
45:08 -La réforme de la justice ne va pas améliorer ça ?
45:11 Les délais ont été considérablement raccourcis.
45:14 -Je peux vous parler du tribunal de Bobigny,
45:16 le deuxième tribunal de France, qui, malheureusement,
45:19 est en déficit de tout, engorgé sur tout.
45:23 L'un des secteurs le plus en difficulté,
45:25 c'est la justice des mineurs,
45:27 la protection judiciaire de la jeunesse,
45:30 qui a été mise à mal.
45:31 C'est la protection judiciaire de la jeunesse
45:34 qui fait ça. Ils font un boulot formidable.
45:37 -Un manque d'effectifs ou de moyens, en général ?
45:40 -C'est un manque d'effectifs,
45:42 c'est un manque de moyens.
45:44 C'est des métiers qui sont assez peu valorisés,
45:47 donc il y a aussi un problème de vocation.
45:50 Mais c'est excessivement important,
45:55 et à chaque fois qu'on a essayé, avec des jeunes,
45:58 de trouver des peines alternatives à la prison,
46:02 moi, je crois qu'il faudra en faire un bilan sérieux,
46:07 mais je crois que c'est très positif.
46:09 -Ca permet d'éviter la récidive ?
46:11 -Oui, et ça permet de vous entrevoir
46:13 d'autres perspectives que la délinquance,
46:16 ou que ça vous permet aussi de reprendre confiance en soi.
46:19 Vous savez que des jeunes qui ont été en échec scolaire
46:22 pendant toute la scolarité, qui ont quitté l'école à 16 ans
46:26 et qui n'ont connu dans leur vie personnelle ou à l'école
46:29 que l'échec et le manque d'estime de soi,
46:35 leur proposer des activités,
46:38 quelles qu'elles soient, avec de la rigueur,
46:40 de la discipline...
46:42 -La cuisine, ça a ses vertus ?
46:44 -La cuisine, il faut être discipliné pour être en cuisine.
46:48 On fait pas n'importe quoi, à n'importe quel moment.
46:52 Tout est ordonné, mais il y a plein de métiers,
46:54 dans le bâtiment aussi, il faut être discipliné.
46:57 Il y a plein de métiers,
47:00 mais vous vous redonnez confiance
47:02 et vous avez une société qui vous tend la main.
47:04 C'est-à-dire que moi, je ne crois pas
47:08 à la réponse uniquement répressive,
47:11 notamment pour les mineurs.
47:12 Je crois que l'ordonnance de 45, qui a beaucoup été décriée...
47:17 Enfin, vous étiez en 45, vous aviez beaucoup...
47:20 On considérait...
47:21 On nous dit que les jeunes d'aujourd'hui,
47:24 c'est plus les jeunes d'il y a 40 ans.
47:26 -On a vu les émeutes de l'été dernier.
47:28 -Oui, mais justement, ça reste pour une grande part des enfants.
47:31 Je pense que la société doit dire les règles,
47:34 elle doit s'en sonner, mais elle doit tendre la main.
47:37 -La cuisine, ça valorise.
47:39 On l'utilise à toutes les sauces,
47:41 mais pour des projets de réinsertion,
47:43 ça peut être aussi utile.
47:44 Le jeune dit qu'il veut plus cuisiner chez lui.
47:47 C'est un métier, avec les émissions de télé,
47:49 qui est assez valorisant.
47:51 -Oui, c'est vrai.
47:52 -A vos bâtiments... -Oui, c'est vrai.
47:54 La mécanique peut l'être également.
47:57 Enfin, bon...
47:58 Non, mais la cuisine a beaucoup de vertus.
48:00 C'est vrai que c'est valorisant.
48:02 Il faut faire attention de ne pas promouvoir tout le temps
48:06 que les choses qui se voient à la télé,
48:08 c'est pas "footballeur, rappeur ou chef étoilé,
48:13 "tu auras raté ta vie".
48:14 Non, on peut réussir sa vie en étant un bon mécanicien,
48:18 un bon chauffagiste, un bon ascensoriste.
48:21 Moi, j'avais beaucoup, j'ai été beaucoup bagarré
48:24 pour qu'il y ait une filière de formation professionnelle
48:27 dans les établissements de ma circonscription
48:30 pour former au métier d'ascensoriste,
48:32 qui est en pénurie de main-d'oeuvre.
48:34 -Pour réparer l'ascenseur social, peut-être ?
48:37 -Pas seulement. -Oui.
48:38 Ca avait la double vertu, réparer l'ascenseur social
48:41 et réparer l'escalator de la gare
48:43 ou de la station de métro, qui est souvent en panne.
48:46 -Vous êtes d'accord avec Gabriel Attal quand il dit
48:49 "tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies,
48:51 "on t'apprend à la respecter ?"
48:53 -Oui, bien sûr.
48:55 -C'est un peu éducatif aussi.
48:57 C'est le droit de boire, c'est un peu...
48:59 -Moi, je suis un père de famille.
49:01 Voilà, je... Oui.
49:05 -"Tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies."
49:07 -Oui, c'est le BHA, quoi. Enfin, voilà, je...
49:10 Je... Bon.
49:11 Qu'un Premier ministre...
49:13 -C'est pour qu'il mette son niveau ?
49:15 -Bah, c'est le BHA éducatif.
49:19 -Ca mérite pas d'être rappelé ?
49:21 -Si, si, on peut le rappeler,
49:23 mais on peut le rappeler, mais enfin, j'y vois pas...
49:27 J'y vois pas...
49:29 une orientation disruptive.
49:31 -Avec ça, il avait annoncé des travaux d'intérêt éducatif.
49:35 Pour les moins de 16 ans,
49:36 vous pensez que c'est un peu l'idée des travaux d'intérêt général.
49:41 C'est une bonne idée, justement,
49:43 pour réparer ce qu'on a fait à la société,
49:46 pour se réinsérer ?
49:47 -Oui, mais il faut... Enfin, si vous voulez, c'est...
49:50 C'est toujours l'équilibre entre la sanction,
49:54 la répression, et je suis pas laxiste,
49:57 ni dans mon comportement personnel
50:01 de père et de grand-père,
50:03 ni comme élu local, puis député.
50:06 C'est pas ma réputation,
50:08 ça a jamais été mon orientation,
50:10 mais je le répète,
50:12 des enfants,
50:14 on doit, à côté de la sanction,
50:17 avoir la main tendue.
50:19 Et si on n'en a pas les deux,
50:21 eh bien, je crois qu'on est dans une société qui régresse,
50:26 et c'est vrai que les voix qu'on entend
50:28 le plus fortement aujourd'hui,
50:30 elles sont plus là pour valoriser la répression
50:34 que l'équilibre...
50:35 -Entre les deux.
50:37 -L'équilibre entre la sanction, l'accompagnement,
50:41 l'aide, l'éducation.
50:42 Vous savez, moi, quand Emmanuel Macron
50:45 a parlé après les émeutes de juillet,
50:48 il a eu une phrase
50:49 que je peux comprendre dans l'instant,
50:52 qui était "l'ordre, l'ordre, l'ordre".
50:54 Bon. Mais si...
50:56 Et on peut attendre ça d'un président de la République.
50:59 Si c'était projeté un peu plus loin
51:01 que la gestion immédiate des événements
51:03 que l'on a connus, début juillet,
51:05 sur ces quartiers, il aurait dit,
51:07 en tout cas, moi, je pense,
51:09 "l'école, l'école, l'école".
51:12 -Alors, on va à présent passer au dessert,
51:15 puisqu'on a fini le plat, et c'est le péché mignon.
51:18 -Tintin avec le sucré,
51:22 avec Stéphane Peu, voici du salé en dessert
51:25 avec un fromage, le Saint-Marcelin,
51:27 produit dans le Dauphiné, Brigitte,
51:29 entre les Alpes et la Provence,
51:31 autour de la commune de Saint-Marcelin.
51:34 Depuis 2013, il a droit à son IGP,
51:36 indication géographique protégée,
51:38 c'est un fromage de vache,
51:40 apparu au 15e siècle.
51:41 C'est pas un fromage d'hier.
51:43 Il y a deux types de séchage.
51:45 Il y a le Saint-Marcelin sec,
51:46 qui est un peu plus long
51:48 et avec un peu plus de pâte,
51:49 une pâte plus ferme,
51:51 et il y a celui moelleux.
51:52 J'ai l'impression que c'est celui qu'on nous a servi.
51:56 -C'est quoi, le Saint-Marcelin sec ?
51:58 -J'aime bien le moelleux. -Le coulant.
52:00 -C'est qu'il est bon.
52:02 -C'est vrai qu'il coule, le Saint-Marcelin.
52:04 -J'aime bien coulant et odorant.
52:06 -Oui ? -Oui.
52:08 -Un peu de fromage.
52:09 -Pour ça, il faut le sortir du réfrigérateur
52:12 ou jamais le mettre. -Jamais le mettre.
52:14 -Sauf en période de canicule, disons.
52:18 -Voilà, c'est ça.
52:19 Il faut le manger rapidement.
52:21 -Mais moi, j'aime bien odorant, coulant...
52:25 -Il est un peu coulant, celui-là. -Oui, il l'est.
52:27 Et avec une croûte fleurie.
52:29 Il y a quelques mois, ici.
52:32 -Ah. Bon.
52:33 -C'est encore meilleur. -Oui.
52:35 Tout ça... -C'est votre fromage préféré ?
52:38 -Oui, c'est un de mes fromages préférés.
52:41 Je suis très fromage.
52:42 J'ai pas pris de dessert. -Pas de moelle, plutôt ?
52:45 -Alors là, pour le coup, je suis aussi assez...
52:48 Comme pour la viande, je suis assez...
52:50 -Vous aimez un peu tout ? -Non, j'aime beaucoup.
52:53 J'ai quelques fromages phares.
52:55 Quand je vais chez mon fromager,
52:57 j'achète le bannon,
52:59 qui est un fromage des Alpes de Haute-Provence,
53:01 qui est un fromage de chèvre à tomber,
53:04 qui est souvent mis dans des feuilles de châtaignier.
53:07 -Ah oui, très bon. -Très bien.
53:09 -C'est délicieux. -Le Saint-Félicien,
53:11 ça ressemble au Saint-Martin. -Un peu plus gras.
53:14 -Un peu plus riche. J'adore le saler, ça.
53:17 -Oui. -Non, je...
53:19 Le camembert. -Le chabichou du Poitou.
53:21 Rires
53:23 -Oui, mais je le trouve...
53:25 Oui, mais je le mettrais pas
53:27 au summum de mes fromages préférés.
53:30 -Entre un Saint-Marcelin à Kouign-Aman
53:33 ou un phare breton, il n'y a pas photo.
53:35 -Et les époisses. -Ca, c'est odorant.
53:37 -Oui, c'est très odorant.
53:39 Le manser, les époisses, le chavours...
53:41 Oui, je suis très...
53:43 -Donc fromage, j'aime pas dessert.
53:45 -Je ne suis pas très dessert. -Vous gardez la ligne.
53:48 On finit toujours cette émission en chanson.
53:51 On va écouter celle que vous avez choisie.
53:53 "Un grand soleil noir
53:56 "tourne sur la vallée.
53:58 "Cheminée muette, portail verrouillé,
54:03 "wagons immobiles,
54:05 "tours abandonnées,
54:07 "plus de flammes oranges
54:10 "dans le ciel mouillé.
54:12 "On dirait la nuit..."
54:14 -C'est une chanson de Bernard Lavillier.
54:17 Il s'appelle "Les mains d'or".
54:19 Pourquoi vous l'avez choisie ? -Il n'y a pas 1000 refrains.
54:22 -Ca va continuer.
54:24 -Et...
54:26 Pourquoi je l'ai choisie ?
54:27 D'abord, j'adore Bernard Lavillier.
54:30 Je suis un fan absolu de Bernard Lavillier.
54:32 Je l'ai rencontré, oui, absolument.
54:34 C'est un habitué de la fête de l'humanité.
54:37 C'est un type qui a un talent incroyable,
54:40 une personnalité incroyable, un talent incroyable.
54:42 Il écrit très bien.
54:44 Je trouve que c'est un des...
54:46 un des meilleurs compositeurs
54:48 de textes.
54:50 -OK.
54:51 -Auteur de textes et compositeur.
54:53 Et il chante
54:57 la condition ouvrière,
54:59 entre autres. Il chante le voyage.
55:01 Donc il a deux passions
55:03 qui me touchent et que j'ai également,
55:06 parce que j'ai travaillé à l'étranger,
55:09 pendant une période de ma vie,
55:12 j'ai eu l'occasion de beaucoup voyager.
55:14 Il a deux passions, c'est le voyage,
55:17 l'aventure, la littérature du voyage.
55:20 Je suis un grand adepte de la littérature du voyage.
55:23 D'ailleurs, à Saint-Malo, pour revenir en Bretagne,
55:26 il y a un festival des écrivains,
55:28 qui s'appelle le Festival des grands voyageurs,
55:31 qui a été créé, qui est en sens
55:33 la littérature du voyage et de la découverte.
55:36 Donc j'aime son goût du voyage
55:39 et j'aime sa fidélité
55:41 à ses origines, à la classe ouvrière.
55:46 Je trouve que la classe ouvrière,
55:48 dans ce pays, pas seulement au sens politique du terme,
55:51 mais la classe ouvrière,
55:52 par ce qu'elle apporte au pays,
55:54 ce qu'elle apporte à la France,
55:56 mais aussi par les valeurs qui lui sont propres,
55:59 les valeurs de fraternité, de camaraderie...
56:02 -Lui, il les valorise, en tout cas.
56:04 -Ouais, et moi, ça me touche...
56:06 Ca me touche beaucoup.
56:08 -Merci, Stéphane Peu, d'avoir été avec nous
56:10 pour ce déjeuner et "Politique à table".
56:13 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
56:15 Merci à la classe qui nous a fourni ce délicieux maquereau
56:18 avec ses petites pommes de terre nouvelles.
56:21 On se retrouve la semaine prochaine
56:23 pour un nouveau numéro de "Politique à table".
56:26 Sous-titrage ST' 501
56:28 ...