La Fédération nationale des transports routiers en Alsace lance une pétition contre la taxe poids-lourds de la CEA. Michel Chalot, président de la FNTR, est l'invité de France Bleu Alsace, ce vendredi 22 mars 2024.
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00:00 En Alsace, lance une pétition contre la future taxe poids lourd.
00:03 Ce projet de la CEA pour rééquilibrer le trafic de poids lourd entre l'Alsace et l'Allemagne.
00:08 Car 2000 à 2500 camions traversent le Rhin chaque jour pour ne pas payer la maoute côté allemand.
00:14 Et la FNTR dit non à cette taxe poids lourd alsacienne.
00:17 On va voir pourquoi avec vous. Bonjour Michel Chaleau.
00:19 Bonjour.
00:20 Président en Alsace de la Fédération Nationale des Transports Routiers,
00:23 votre refus de la taxe poids lourd, c'est avant tout parce que vous pensez à la santé de vos entreprises ?
00:29 Oui, il y a un problème économique c'est sûr, mais c'est surtout parce que c'est quelque chose qui est très injuste.
00:34 Si vous voulez, la manière dont c'est présenté aujourd'hui par la CEA ne dit pas la vérité.
00:41 C'est-à-dire que ça a été présenté au grand public en disant on ne va taxer que le trafic de transit.
00:49 Ça, c'est déjà pas possible. Si on taxe, on taxe tout le monde. Point numéro un.
00:55 Point numéro deux, à ce moment-là, c'est quand même 85% du trafic alsacien qui sera taxé.
01:03 Ça, c'est la deuxième chose.
01:05 Et donc ce sont les entreprises alsaciennes qui en pâtissent le plus, d'après vous ?
01:08 Les entreprises et derrière les consommateurs. Il faut quand même qu'ils soient informés.
01:13 Pourquoi les consommateurs ?
01:14 Parce qu'à un moment, les entreprises aujourd'hui ne payent pas de taxes.
01:18 Donc ce n'est pas dans leur coût.
01:20 Donc à partir du moment qu'on met une taxe qui est autre qu'un impôt indirect en place,
01:26 ce sera répercuté dans les prix.
01:29 Et c'est donc les prix qui augmenteront.
01:31 Et d'autre part, c'est que souvent, comme on dit aujourd'hui "consommer local",
01:37 on utilise plusieurs fois le réseau pour les produits alsaciens.
01:41 Et à ce moment-là, on taxera plusieurs fois les mêmes produits.
01:44 Mais est-ce que vous avez été consulté par la CEA pour ce projet de taxes poids lourds ?
01:49 Oui, bien sûr, ils nous ont consulté. On a participé à l'étude.
01:53 Mais après, c'est une décision politique.
01:56 Leur décision, à eux, est déjà prise.
01:59 Et ils disent que 80% des Alsaciens sont derrière eux parce qu'on ne leur a pas dit la vérité.
02:05 Donc nous, aujourd'hui, ce qu'on lance, c'est une campagne de vérité
02:09 pour que les gens sachent que ce n'est pas neutre.
02:11 La CEA avait promis de reporter la mise en place de la taxe si le contexte économique n'était pas bon.
02:18 C'est ce que vous constatez aujourd'hui pour vos entreprises ?
02:21 C'est ce qu'ils disent.
02:22 Aussi bien qu'ils disent que ça va être affecté à la route.
02:26 Mais personne ne signe rien.
02:28 Si aujourd'hui on croit tous nos politiques et tout ce qu'ils disent,
02:32 je veux bien, mais quand on voit l'état de la situation, on peut se poser des doutes.
02:36 On va poser la question à nos auditeurs auditrices de France Boulalzès
02:39 qui réagissent comme chaque matin à l'actualité.
02:40 La question qu'on leur pose, c'est cette taxe poids lourds.
02:42 Est-ce que vous êtes pour ? Est-ce que vous êtes contre ?
02:44 Est-ce que c'est une façon de décongestionner le trafic autoroutier sur nos grands axes ?
02:49 Béatrice, bonjour.
02:51 Bonjour à tous.
02:52 Vous nous appelez de Bainheim dans le nord de la région, donc non loin de Soufflenheim.
02:55 On est dans le Barin avec vous Béatrice.
02:58 Exactement, et là c'est infernal, tous les camions qui passent la frontière.
03:04 Nous avons presque pu la possibilité de rejoindre l'autoroute
03:09 pour la bonne raison qu'ils sont 15, 20, l'un derrière l'autre.
03:13 Écoutez, c'est pas normal.
03:17 Pour rejoindre la 35 ?
03:18 En plus, ils nous cassent les routes, ça c'est sûr et certain.
03:21 Ça honte dommage, oui.
03:22 Et c'est qui qui paye ? C'est le contribuable.
03:27 Donc Béatrice…
03:28 C'est nous qui trinquons.
03:29 Est-ce que vous vous prenez la voiture régulièrement Béatrice ?
03:31 Vous vous prenez la voiture régulièrement ?
03:34 Non, je ne l'emprunte pas régulièrement, heureusement, parce que c'est à devenir dingue.
03:40 Vous n'osez même plus presque prendre la voiture à cause de la présence de poids lourds ?
03:44 C'est ce que vous dites.
03:45 Alors on prend les petits villages, tant pis.
03:47 On prend les petites routes.
03:48 Vous fuyez la 35 et les grands axes et donc vous êtes pour cette taxe poids lourds.
03:52 Nous sommes rentrés un dimanche soir, on était à la douane allemande.
03:58 J'ai arrêté de compter à 42 camions, je ne sais pas si vous vous rendez compte.
04:05 Merci Béatrice en tout cas de votre témoignage ce matin et on l'entend.
04:08 Écoutez, et s'ils faisaient une vignette pour les camions,
04:12 au lieu de te faire payer à chaque fois, c'est mal régulé ces trucs-là.
04:17 Béatrice, on va laisser notre invitée, Michel Chalot, répondre à vos sollicitations
04:23 et on vous remercie en tout cas d'avoir témoigné ce matin sur France Bleu Alsace.
04:27 À bientôt Béatrice.
04:28 À bientôt, bonne journée.
04:29 Merci Béatrice.
04:31 Ce qu'elle souligne ici, c'est le problème que pointe aussi la CEA,
04:34 à savoir qu'il y a beaucoup de camions étrangers qui passent par l'Alsace
04:37 et que cette taxe est donc un moyen de faire en sorte d'équilibrer
04:40 entre l'Allemagne et l'Alsace les flux.
04:42 Qu'est-ce que vous en dites Michel Chalot ?
04:44 Alors moi j'en dis qu'aujourd'hui les Allemands ont une taxe qui est beaucoup plus chère
04:49 et c'est pas pour ça qu'il y a plus de camions encore chez nous.
04:52 Il y en a plus côté Allemand que côté Français, il faut le savoir.
04:56 Les comptages sont à peu près à 15 000 poids lourds hauteur Fribourg,
05:01 ils sont à 11 000 hauteur Célestin.
05:03 Mais est-ce que les infrastructures allemandes peuvent supporter davantage de poids lourds
05:06 que nos infrastructures en Alsace ?
05:07 Ils les ont mis à trois voix, mais eux ont orienté dès le début leur taxation,
05:13 ce qui n'est pas le cas chez nous.
05:16 Chose numéro un.
05:17 Chose numéro deux, on ne sait pas dans les poids lourds ce qu'il y a.
05:22 Il peut y avoir des origines destinations qui vont sur le territoire
05:27 et qui ne sont plus du transit.
05:29 Et ça, ça représente une grande partie du trafic.
05:32 Donc ça, cibler uniquement la plaque du camion, c'est très dangereux.
05:38 Si on ne sait pas ce qu'il y a dedans, le seul moyen de le savoir, c'est la lettre de voiture.
05:43 Donc ça limite.
05:45 Après, si le camion est aujourd'hui le transport premier,
05:50 le transport routier, le transport premier,
05:52 c'est parce que ça a toujours été le plus souple et le plus fiable.
05:55 - Alors dans ce cas, vous demandez quoi ?
05:57 Vous demandez à être dispensé de cet axe ou alors d'être soutenu ?
06:00 - Non. - Puisque la SCEA dit qu'elle le fera de toute façon.
06:03 Donc il faut bien réfléchir à un moyen d'aller de l'avant.
06:05 - Qu'ils le fassent.
06:06 Mais contrairement à ce que dit Madame,
06:09 ce sera toujours les contribuables qui paieront.
06:12 Avant comme après.
06:14 - C'est sous forme de menace, vous dites finalement.
06:15 C'est-à-dire, allez-y, en têtez-vous.
06:17 Mais donc, vous verrez bien ce que ça donnera derrière.
06:19 - Derrière, ils ne taxeront pas.
06:22 Si vous taxez un camion à 20 centimes par kilomètre,
06:27 aujourd'hui, ce n'est pas dans son coût.
06:28 Il le répercutera au destinataire final.
06:33 Et derrière, lui, le répercutera sur les prix du produit.
06:36 Donc c'est bien les produits qui feront plus cher en Alsace,
06:39 et parfois deux, trois fois, parce qu'ils utilisent le même trajet.
06:43 Et à ce moment-là, c'est tout simple, on se tire une balle dans le pied.
06:46 - On va accueillir Dominique.
06:47 Bonjour à vous, Dominique.
06:49 - Bonjour. - Bonjour, Einstein.
06:51 Dominique, vous êtes un professionnel de la route, j'ai envie de dire.
06:55 Vous êtes routier, vous, donc.
06:57 C'est dire si on est curieux d'entendre votre point de vue sur cette taxe.
07:00 Est-ce que pour vous, c'est une bonne chose ?
07:02 - Non, pas du tout. - Et pourquoi ?
07:04 - Parce que ce que vient de dire Michel, qui est notre président du LURSA,
07:08 d'ailleurs, bonjour Michel.
07:09 - Bonjour.
07:11 - Il faut arrêter, il le dit lui-même, Michel.
07:15 On se tire une balle dans le pied,
07:16 tous ces gens qui réclament des taxes, des taxes, des taxes,
07:19 de toute façon, c'est eux qui payeront au final.
07:21 Et cette madame qui s'appelle Béatrice, je crois, tout à l'heure.
07:23 - À l'instant, oui, absolument.
07:24 - J'aimerais bien l'inviter, qu'elle passe une journée avec moi dans le camion,
07:27 qu'elle voit ce qui se passe vraiment.
07:28 Et là où je suis de nouveau d'accord avec Michel,
07:31 je suis souvent sur la 5, Michel, tu le sais.
07:33 - Oui, oui. - Je fais du maritime,
07:36 je travaille avec le train, avec le bateau.
07:38 Je vais souvent sur la 5, en Forenois,
07:41 jusqu'aux frontières autrichiennes, et ainsi de suite.
07:43 Ce qui roule chez nous en Alsace, c'est vraiment ridicule
07:45 par rapport à ce qui roule en Allemagne,
07:47 malgré la taxe allemande qui est largement plus chère.
07:50 - Mais pour vous-même, Dominique, est-ce que ce ne serait pas plus intéressant
07:52 qu'il y ait moins de camions sur les routes alsaciennes
07:54 quand vous faites vos trajets ?
07:55 - Non, pas du tout.
07:57 - Non ? - Parce qu'on a tous besoin d'un camion,
07:59 comme on a besoin de nos agriculteurs,
08:00 on a besoin de notre boulanger, notre boucher.
08:03 On a besoin des camions, tout se fait par camions aujourd'hui.
08:06 Nos poubelles dans les quartiers, dans les résidences,
08:08 qui c'est qui les enlève ?
08:10 On commence par là, c'est des camions.
08:11 Il faut savoir une chose, c'est qu'on est taxé,
08:14 on paye une taxe avec, si Michel me dit toujours,
08:17 me conforte dans ce que je dis, on paye l'éco-taxe,
08:20 on la paye cette éco-taxe sur le litre de gasoil qu'on achète.
08:23 Ils veulent nous remettre une taxe,
08:24 mais on fait des taxes sur les taxes en France.
08:26 C'est tout ce qu'on sait faire dans ce pays.
08:28 On laisse laisser travailler les gens.
08:30 - Donc clairement, de ce que vous nous dites, Dominique,
08:33 ce n'est surtout pas une bonne idée, selon vous,
08:35 de mettre cette taxe en place, cette taxe voulue par la CEA.
08:39 Merci de votre témoignage, de vos avis ce matin, Dominique.
08:42 - Merci et puis encore bonjour Michel, à bientôt.
08:44 - Merci et bonne route.
08:46 - Le bonjour est transmis à Michel Jallot,
08:48 le président régional de la Fédération nationale
08:50 des transports routiers.
08:52 Il y a quand même une question qui est au centre des débats actuellement,
08:55 c'est comment est-ce qu'on réduit le transport routier,
08:57 comment on pense à la planète aussi ?
09:00 Est-ce que votre combat n'est pas un peu à contre-temps de ça,
09:03 en disant on doit garder le même niveau de transport routier qu'il y a aujourd'hui ?
09:08 - Oui, il y a aujourd'hui,
09:10 on essaye d'aller plus vers du multimodal de manière naturelle.
09:14 Seulement, ce qui se passe aussi, c'est le contexte géopolitique qui est là,
09:19 c'est que le transport routier, s'il est aujourd'hui à cette place-là,
09:25 ce n'est pas lui qui l'a voulu,
09:27 c'est que c'est le moyen le plus souple pour répondre aux besoins.
09:30 Et ça, il ne faut pas l'oublier.
09:32 - Mais pas le moins polluant, c'est là où je voulais en venir.
09:34 - Aujourd'hui, on est...
09:36 Si vous voulez, aujourd'hui, on va quand même vers des systèmes
09:41 qui sont des labellisations pour les transporteurs,
09:44 des changements en effet de motorisation,
09:48 avec des motorisations gaz, des motorisations électriques.
09:52 Mais si en plus on taxe encore, tout ça, ça demande des moyens.
09:56 Si on taxe encore en plus les infrastructures,
09:59 à un moment, ces moyens-là,
10:01 ils seront répercutés sur les prix de transport
10:05 et la mobilité des marchandises deviendra de plus en plus chère.
10:08 - Ça ne va pas vous aider, c'est ce que vous dites.
10:09 On va également écouter Sophie qui nous a appelés ce matin de Strasbourg.
10:13 Bonjour Sophie.
10:15 - Oui, bonjour.
10:16 - Alors, on vous laisse, peut-être vous stationner dans un premier temps
10:19 parce que là, on sent qu'il y a un petit peu de monde autour de vous.
10:22 - Oui, j'ai repris la route parce que du coup,
10:23 comme ce n'était pas sûr qu'on allait me prendre Valentin, je vais m'arrêter.
10:26 - Alors, on vous écoute.
10:28 - Alors, merci de me recevoir.
10:29 Alors, moi, je suis totalement contre cette taxe.
10:32 Je ne suis pas du tout dans le milieu routier.
10:35 Je suis commerciale, je fais entre 50 000 et 60 000 km par an
10:40 sur l'Alsace et la Moselle.
10:41 Et du coup, je prends souvent l'autoroute en Alsace.
10:44 Pour moi, cette taxe, elle est déjà taxe sur taxe,
10:47 comme disait l'auditeur tout à l'heure, ça ne sert à rien.
10:50 Moi, je pense qu'il faut déjà commencer par faire des contrôles
10:52 un peu plus soutenus sur le respect de la réglementation sur la route.
10:56 Ça veut dire quand il y a un 80 pour les camions qui ne sont jamais respectés,
11:00 eh bien, contrôler, voilà, on y reste à 80.
11:03 80, on pollue moins, on a une fluidité au niveau de la circulation
11:07 et les véhicules, les VSL, ils peuvent, enfin les véhicules légers,
11:13 pardon, ils peuvent circuler normalement.
11:16 Ensuite, je pense que ce n'est pas assez contrôlé non plus
11:20 au niveau des zones de dépassement.
11:22 - Donc, il faut plus de contrôles.
11:24 C'est ce que vous nous dites, Sophie.
11:26 Mais merci beaucoup de nous avoir appelés ce matin.
11:27 Je voudrais juste faire réagir du coup, Michel Chalot,
11:29 à ce que vous nous avez dit, Sophie.
11:32 Vous en pensez quoi ? Davantage de contrôles, c'est possible, c'est souhaitable ?
11:35 - Madame a complètement raison.
11:36 Après, ce sont des comportements individuels.
11:39 Derrière chaque voulant, il y a un être humain.
11:42 Après, c'est à eux de respecter.
11:44 Nous, on les forme pour qu'ils respectent.
11:46 On leur donne le travail pour qu'ils le respectent.
11:49 Ce n'est pas toujours fait.
11:51 Le contrôle ne nous gêne pas en plus.
11:53 - Pour terminer, ce mouvement de colère que vous portez
11:56 au niveau de la FNTR contre la taxe poids lourd,
11:59 il pourrait prendre quelle forme ?
12:00 Est-ce que vous pensez aller vers des manifestations, vers des blocages ?
12:02 - Pour l'instant, on n'est pas là.
12:03 Pour l'instant, on veut déjà faire cette campagne de vérité.
12:09 On a l'appui aussi de la CCEA, qui est en fait le collectif
12:14 qu'on a créé avec les industriels, parce qu'eux sont parfaitement
12:17 au courant de ce qui va se passer.
12:19 Et je vous répète, ce qu'on veut éviter,
12:21 c'est qu'on se tire une balle dans le pied.
12:23 - Donc informer avant de potentiellement manifester.
12:26 - Informer avant de continuer. Après, on verra.
12:28 - Très bien. Merci beaucoup Michel Chalot d'avoir été avec nous ce matin,
12:31 président en Alsace de la FNTR,
12:33 et d'avoir aussi répondu aux auditeurs de France Bleue Alsace.
12:35 Bonne journée.