La CGT appelle à manifester dans les rues de Mulhouse (Haut-Rhin), ce jeudi, tout en claquant la porte du conclave sur les retraites "où il n'y a rien à négocier", regrette le secrétaire départemental dans le Bas-Rhin, Laurent Feisthauer.
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00:00Jusqu'à 9h, ici matin.
00:02Allez, 7h45, conclave des retraites en ordre réduit, Sébastien, à partir d'aujourd'hui.
00:08Après force ouvrière et l'organisation patronale U2P autour de la CGT de quitter la table des discussions,
00:14le syndicat estime que le Premier ministre a trahi sa parole en revenant ces derniers jours sur la question centrale,
00:21impossible retour du départ à la retraite à 62 ans.
00:24Un retour en arrière auquel vous croyez, oui, non, ou plus largement, vous en avez marre.
00:29On pouffe déjà de parler des retraites.
00:310-3-88-25-15-15.
00:33Bonjour Laurent Festauer, secrétaire départemental du syndicat CGT dans le Barin.
00:37Franchement, vous n'avez pas un peu l'impression de vous épuiser autour de ce sujet des retraites ?
00:41Non, pas du tout, parce que c'est un sujet qui parle aux Français.
00:46On l'a vu bien sur l'année dernière, on a quand même eu des mobilisations extrêmement fortes.
00:51On a plus de 60% des Français qui, à l'époque, étaient hostiles à cette réforme.
00:58Donc, non, je pense qu'il faut maintenir effectivement la pression sur le gouvernement.
01:03Ce que je veux dire, c'est qu'il y a eu ces manifestations monstres ces dernières années.
01:07A chaque fois, on rouvre les discussions.
01:09Là, cette fois, avec le conclave, les débats sont passionnés à chaque fois.
01:11Et à la fin, il n'y a pas de surprise, François Bayrou dit non.
01:13Oui, pourquoi il y a eu ce conclave ?
01:15Justement parce que la question n'a jamais été traitée démocratiquement.
01:18Le Parlement n'a jamais voté cette réforme.
01:21Donc, le peuple n'a jamais été interrogé.
01:24Donc, c'est pour ça qu'elle revient systématiquement comme un bon.
01:28Le peuple, on l'interroge, nous, chaque matin.
01:30Nos auditeurs, vous êtes les bienvenus pour toujours discuter de l'actualité.
01:33C'est ce qu'on fait chaque jour.
01:34Sylvie, bonjour.
01:35Bonjour, Sylvie.
01:36Oui, bonjour.
01:38Sylvie de Sigolsheim.
01:39Qu'est-ce que vous souhaitez nous dire sur les retraites, ce matin ?
01:41En fait, j'ai entendu un intervenant en privé
01:47qui disait qu'en fait, les Français ne travaillaient pas beaucoup.
01:50En fait, on travaille beaucoup et très bien.
01:52Et je suis sûre que si on créait un peu plus d'emplois dans le public,
01:56on aurait aussi peut-être plus d'argent pour les retraites.
01:58Aussi, c'est le fait que peut-être on dépense beaucoup trop au niveau de l'État
02:02et que certaines économistes seraient à faire.
02:04Je ne suis pas une très grande économiste.
02:06J'essaye de trouver des points de vue, des idées.
02:09Et je sais aussi que mon mari qui est retraité,
02:12qui continue encore à travailler.
02:14Donc, les gens travaillent.
02:17Donc, le problème est de trouver de l'argent.
02:20Il y a aussi les fraudes.
02:21On pourrait récupérer aussi de l'argent.
02:23Et je pense qu'il y aurait sûrement beaucoup d'idées pour trouver de l'argent.
02:26Je pense que c'est là qu'il faut se concentrer.
02:28Parce que les gens qui travaillent jusqu'à 62 ans,
02:31qui ont des travails difficiles, mon mari est ouvrier viticole,
02:34qui élève des enfants, les femmes aussi qui travaillent énormément.
02:38Donc, je pense que les gens méritent leur retraite à 62 ans.
02:41On n'a pas les mêmes conditions de travail
02:43que peut-être certaines personnes qui travaillent dans des lieux très aisés au gouvernement.
02:47Donc, qui pensent aussi un peu que les gens ont du mérite.
02:52Et peut-être que c'est normal qu'ils aient la retraite à 62 ans.
02:55Peut-être qu'il faudrait plus les respecter aussi.
02:57Merci beaucoup Sylvie.
02:58Elle a raison l'or en fait.
02:59Vous avez d'autres leviers concrètement ?
03:01Oui, nous partageons tout à fait cette analyse.
03:03On a chiffré les leviers.
03:04La fraude effectivement aux cotisations sociales s'élève à 5 à 6 milliards.
03:11Taxer les bénéfices des entreprises, taxer les dividendes rapporterait 10 milliards.
03:16On a largement de quoi financer notre modèle social,
03:19à condition d'arrêter effectivement la politique de l'offre,
03:23d'arrêter de faire des cadeaux aux entreprises,
03:25de faire des cadeaux qui sont à chaque fois des exonérations de cotisations.
03:29De faire ces cadeaux-là sans contrepartie.
03:31Ça fait quand même 14 à 15 milliards de dépenses supplémentaires pour les retraites en 2035.
03:37C'est un chiffre de la Cour des comptes.
03:39En tenant compte de la réforme Borgne qui est actuelle.
03:43Donc ça vous confirmez, on peut absolument combler cet écart-là avec d'autres choix politiques ?
03:49On peut le combler avec d'autres choix politiques.
03:50Le tout est de faire d'autres choix politiques.
03:52Donc le Président insiste effectivement pour ne pas augmenter les impôts,
03:58n'est d'accord de ne pas les augmenter sur la population,
04:03mais on a les grands groupes qui ne se sont jamais aussi bien portés que maintenant
04:07et où il y a effectivement des leviers financiers à trouver.
04:10Vous n'avez pas peur que le conclave durcisse encore davantage le texte en votre absence,
04:14en l'absence de la CGT ?
04:16Certains aimeraient bien voir l'âge de départ à la retraite encore repoussé.
04:22Même chose, là cet après-midi on va parler usure professionnelle et pénibilité au travail
04:28entre les syndicats et les représentations du patronat qui seront encore au conclave.
04:32Là vous n'allez pas peser sur ces discussions-là ?
04:34Justement, c'est-à-dire qui c'est qui est encore à ce conclave ?
04:37Quelle légitimité peut-il encore avoir pour imposer des décisions à tout le monde ?
04:40CFGT, CFTC, CFECGC, MEDEF, CPAME, ce sont des organisations reconnues.
04:45Mais effectivement il n'y a déjà pas de consensus.
04:48In fine c'est le politique qui décidera, c'est nos représentants à l'Assemblée et au Sénat.
04:55Donc il n'y a pas de raison de durcir.
04:58Nous effectivement, c'est pour ça qu'on est parti, puisqu'il n'y a aucun grain à moudre,
05:03il n'y a rien à négocier sur un retour.
05:06Il y avait une entente syndicale l'année dernière, et je pense qu'elle est toujours,
05:12parce que la CFDT est également sur un projet de retour progressif à 62 ans.
05:18Je ne vois pas en quoi, et je pense que ces militants aussi,
05:21ne verraient pas d'un bon oeil qu'on aille à un durcissement des règles de retraite.
05:26Un retour à l'âge légal à 62 ans, y croyez-vous ?
05:29Question du jour, Maurice, bonjour.
05:31Bonjour Maurice.
05:32Bonjour Hubert.
05:34Maurice, pour vous, jouable ou pas jouable ?
05:40Je vois ça vraiment d'un mauvais oeil, parce que pour l'instant,
05:45l'espérance de vie de la population augmente, les retraités augmentent,
05:53les gens qui travaillent y en a de moins en moins.
05:57Je ne vois pas comment on va boucler les deux bouts avec ça.
06:01Moi-même, j'ai pris la retraite à 65 ans parce que ce n'était pas possible autrement.
06:06Je suis en agriculture, il faut que tout soit vraiment clean.
06:11Comment vous l'avez vécu ces quelques années de plus où vous avez dû travailler, Maurice ?
06:17C'est honteux, c'est honteux de prendre déjà la retraite à 65 ans.
06:23C'est vrai que nos voisins allemands l'apprennent à 67 ans,
06:27mais d'un autre côté, je suis encore en bonne forme.
06:32Moi, ce que je comptais, c'est le montant de la retraite en agriculture.
06:36C'est une aumône, c'est rien du tout.
06:39Toucher 1000 balles pour 47 ans de vie active, c'est vraiment honteux.
06:47C'est ce que je voulais dire.
06:49Merci Maurice d'avoir pris la parole ce matin avec ICI Alsace.
06:52On va vers ça, de toute façon, franchement, il ne faut pas se leurrer.
06:55Maurice, il y a le contexte international aussi.
06:57Vous avez bien entendu Emmanuel Macron, le Président de la République,
07:00dire qu'il allait falloir faire des efforts, notamment pour le réarmement de la France,
07:03vu le contexte international, la guerre en Ukraine,
07:06notamment le désengagement des États-Unis.
07:08Tout ça, vous devez y penser ?
07:10Bien sûr, on y pense, mais comme on le disait tout à l'heure,
07:13il y a des leviers à trouver.
07:15C'est vrai ce qu'on dit, on ne peut pas continuellement imposer le travail
07:19parce qu'il y a de moins en moins de salariés qui cotisent, etc.
07:22Mais il faut trouver l'argent, effectivement, là où il est.
07:25C'est-à-dire que les bénéfices des entreprises,
07:27la productivité n'a jamais été aussi grande dans nos pays occidentaux,
07:31sauf que la richesse est accaparée par une minorité
07:34et elle ne profite pas à l'ensemble.
07:35Ça, ça fait des années que vous parlez de ces cadeaux faits aux entreprises,
07:38de la taxe des gars-femmes, de l'évasion fiscale, tout ça,
07:41on en est encore là, pourquoi ça ne bouge pas ?
07:42Pourquoi ça ne bouge pas ?
07:43Parce que les lobbies des grandes entreprises sont très puissants
07:46et ils savent faire réécrire les directives européennes,
07:49ils savent faire réécrire nos lois, et c'est pour ça que ça bloque.
07:52– Vous appelez en tout cas aujourd'hui avec la CGT à manifester
07:55auprès des retraités, non pas pour la réforme des retraites,
07:58mais auprès des retraités qui défilent aujourd'hui pour leurs pensions,
08:01notamment aujourd'hui à Mulhouse, dans le Barin,
08:04il n'y a pas de manifestation prévue, à Strasbourg, à votre connaissance.
08:07Merci d'être venu, Laurent Festauer, ce matin secrétaire départemental
08:11de la CGT dans le Barin.
08:13– Merci.
08:14– Merci à Sylvie et Maurice également d'avoir échangé avec nous chaque matin,
08:17votre rendez-vous pour nous donner votre point de vue sur l'actualité.
08:20Ici Alsace, il est 7h53.