La Région et la CEA commencent les négociations autour de transferts de compétences à l'Alsace. Le député haut-rhinois de la majorité, Olivier Becht, est l'invité de France Bleu Alsace.
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00:00 Une belle matinée ensoleillée en Alsace. Bon mardi matin, il est 7h46, vous écoutez le 6/9.
00:04 La CEATO et la région se retrouvent en préfecture aujourd'hui.
00:08 Une première réunion de négociation autour des compétences accordées à l'Alsace,
00:13 mais toujours au sein de la région Grand Est.
00:15 Car si des compétences sont sur la table, la sortie de la région n'est pas du tout au programme de ces discussions,
00:20 si l'on en croit les participants. Bonjour Olivier Becht.
00:22 Bonjour.
00:23 Vous êtes député Renaissance du Haut-Rhin, ancien ministre également.
00:26 Puisqu'il n'est pas question de toucher au périmètre du Grand Est,
00:29 est-ce que cette réunion va servir à quelque chose, vous qui êtes partisan de la sortie de l'Alsace du Grand Est ?
00:34 Écoutez, dialoguer c'est toujours une bonne chose.
00:38 Après, il faut être lucide, je pense qu'on a des positions qui sont assez irréconciliables,
00:43 puisque pour Franck Leroy, le président de la région Grand Est,
00:46 il est hors de question que l'Alsace sorte du Grand Est, en tout cas aujourd'hui.
00:50 Et pour Frédéric Biri et les élus de la collectivité européenne d'Alsace,
00:55 des délégations de compétences ne sont pas à la hauteur de ce que l'Alsace attend aujourd'hui,
01:02 c'est-à-dire la sortie du Grand Est.
01:04 Alors pour Franck Leroy, pour Emmanuel Macron, pour le gouvernement,
01:07 il y a quand même un rapport de force qui a l'air assez déséquilibré sur ce sujet-là.
01:10 Oui, mais je pense, si vous voulez, qu'on a tort de parler de rapport de force,
01:15 parce que si on parle de rapport de force, en fait c'est une incitation aux Alsaciens
01:20 à se mobiliser et à rentrer dans un rapport de force,
01:22 d'où nous avons toujours choisi la voie démocratique,
01:25 à la fois celle de la consultation des Alsaciens,
01:28 qui a été faite par la collectivité européenne d'Alsace.
01:31 On a vu les clubs sportifs qui se sont prononcés,
01:33 quand le district de tennis ou le district de football Alsace se prononce à 96%
01:42 pour la sortie du Grand Est, c'est quand même, si vous voulez,
01:44 ce qu'on appelle des sondages grandeur nature.
01:47 Donc ça montre bien qu'il y a un sujet, qu'il y a un problème.
01:50 Moi je souhaite qu'il puisse être résolu par le dialogue,
01:53 sans que l'on soit forcément dans le rapport de force.
01:56 Ce serait un mauvais signal donné à l'Alsace, en disant, en France finalement,
02:01 il n'y a que ceux qui menacent de tout casser ou de tout bloquer qui sont entendus.
02:05 Je souhaite que justement le dialogue permette à l'Alsace de sortir du Grand Est.
02:10 Nous avons un bon projet, ce n'est pas simplement la sortie du Grand Est,
02:13 c'est cette collectivité unique, le fait de reprendre toutes les compétences de la région,
02:18 qui permettrait d'économiser une strate de collectivité,
02:22 à un niveau, vous savez, le fameux millefeuille administratif,
02:24 où on a la commune, les intercôts, le département, la région, l'État, etc.
02:28 Là concrètement, on économise une strate, on a à la fois plus de proximité,
02:32 plus d'efficacité, et pour le coup, là on fera des économies.
02:35 Frédéric Biri parle d'un cadre clair de bases non négociables,
02:38 par rapport aux discussions qui se déroulent à partir d'aujourd'hui.
02:41 Quelles sont-elles ces bases non négociables ?
02:43 Est-ce qu'il y a des compétences sur lesquelles on ne peut pas transiger ?
02:46 C'est-à-dire qu'ils doivent revenir au niveau de l'Alsace ?
02:48 Je ne sais pas quelles seront les bases que Frédéric Biri mettra sur la table,
02:53 mais moi je pense qu'on ne peut pas se contenter de délégations de compétences, si vous voulez.
02:58 Moi je suis pour des transferts de compétences, qui sont d'ailleurs, à mon sens, impossibles,
03:03 hors le fait de transmettre toutes les compétences à la collectivité européenne d'Alsace.
03:08 Transferts, ça veut dire que ce serait l'Alsace qui récupérerait intégralement la propriété du sujet ?
03:12 Exactement. La délégation, c'est un peu juridique, mais pour expliquer à nos auditeurs,
03:17 le transfert appartient en propre à l'Alsace, la délégation appartient toujours au Grand Est,
03:25 mais il y a un acte de légation, on donne quelques sous pour pouvoir exercer la compétence.
03:29 On parle de transfert, mais vous vous dites que ce ne serait pas possible aujourd'hui en l'état de faire ça ?
03:32 La loi ne le permet pas, notamment parce qu'une compétence ne peut être transférée que par la loi,
03:40 et je vois difficilement comment est-ce qu'on pourrait le faire au sein d'une même région,
03:43 pour l'Alsace, sans le faire pour les autres départements en Lorraine et en Champagne-Ardenne.
03:47 Olivier Bech, t'invité de France 2 Alsace ce matin, député Renaissance du Haut-Rhin,
03:52 partisan, donc, vous l'entendez, de l'Alsace qui sort du Grand Est.
03:55 Vous, votre position, votre état d'esprit aussi, est-ce que vous seriez prêt à descendre de la rue,
04:01 à vous mobiliser pour que l'Alsace sorte du Grand Est, ou à l'inverse,
04:04 l'actuelle situation vous convient parfaitement, l'Alsace dans le Grand Est, ça fonctionne bien.
04:10 03 88 25 15 15
04:12 Alors le risque, est-ce qu'il n'est pas de se retrouver avec rien de plus au final,
04:16 au terme de ce mois de négociation, si au niveau de la CEA, on maintient son idée que seule une Alsace
04:22 entièrement autonome a de l'intérêt, Olivier Bech ?
04:25 Oui, mais est-ce que c'est intéressant aussi d'avoir des miettes, si vous voulez, c'est ça la vraie question.
04:30 Je vous donne un exemple concret, sur le sport.
04:32 Bon, sur le sport, moi j'étais rédacteur avec le député Vincent Thiebaud dans le mandat précédent,
04:37 de l'amendement qui a permis de recréer des ligues sportives au niveau Alsace.
04:43 C'est dans la loi, aujourd'hui.
04:45 Bon, concrètement, est-ce que c'est appliqué ?
04:47 Réponse, non. Pourquoi ? Parce que les autres territoires du Grand Est bloquent la sortie de l'Alsace.
04:53 On l'a vu sur le football, il y a de cela encore 15 jours.
04:58 Donc si vous voulez, si c'est pour faire semblant qu'on a donné quelque chose à l'Alsace et qu'au final rien ne change,
05:04 ce n'est pas simplement une question d'identité.
05:06 Je reprends l'exemple du sport.
05:08 Cette région, en fait, elle est invivable pour les jeunes sportifs.
05:12 Quand vous êtes jeune, que vous avez 10 ans, 12 ans, que vous évoluez en niveau régional,
05:16 si vous habitez Rixheim, la ville dont je suis originaire,
05:19 et que vous devez aller faire un match à Charleville-Mézières,
05:23 vous en avez pour 5h30 de route allée, 5h30 de route retour,
05:27 pour un match qui va durer 1h30, quand c'est un combat de karaté, il dure 3 minutes.
05:31 C'est absurde !
05:33 Ces régions ont été construites, si vous voulez, ces grandes régions,
05:36 ont été construites à rebours de l'histoire et de la géographie française.
05:40 Il y a la distance, en effet, qui vous gêne.
05:42 Vous parliez de miettes. En l'occurrence, Franck Leroy, le président du département,
05:46 il dit que si vous deviez récupérer, l'Alsace devait récupérer des compétences comme le tourisme, comme l'artisanat,
05:51 on ne peut pas parler de miettes au vu de l'importance économique que cela représente.
05:54 Oui, mais dans ces cas-là, transférons toute la compétence économique pour que ça ait du sens.
05:59 Si vous voulez juste le tourisme et l'artisanat et ne pas avoir l'industrie, l'innovation, etc.,
06:03 objectivement, je ne vois pas le sens.
06:05 On va accueillir Maurice, tenez, qui nous appelle et qui nous rejoint depuis Zainaim.
06:09 Bien le bonjour, Maurice !
06:10 Bonjour Hubert, bonjour M. Becht.
06:13 Vous avez complètement raison.
06:15 C'est-à-dire ? Dites-nous, Maurice.
06:17 Oui, c'est juste une histoire de gros sous, un millefeuille administratif qui nous embête,
06:22 nous les Alsaciens, on est vraiment au bord du Grand Est, on ne fait rien que faire,
06:27 des maraises incroyables, vous parlez du foot, vous parlez du sport en Alsace, voilà.
06:33 En plus, pour l'instant, on n'a fait que payer les Alsaciens,
06:42 c'est une région qui est très politique et très bonne en économie,
06:48 on n'a fait que payer pour le Grand Est, là, il faudrait peut-être le faire arrêter.
06:54 Donc, vous, c'est économique, Maurice, les raisons, on l'entend.
06:56 C'est économique, il faut arrêter de payer.
07:00 Et ça faciliterait sans doute les choses d'un point de vue administratif aussi,
07:03 si je comprends, si je résume vos propos.
07:05 Bien sûr, et puis voilà, si vous voulez faire des...
07:08 Rien que les conseillers du Grand Est qui doivent faire des kilomètres
07:14 pour aller à un salon en champagne ou n'importe où,
07:17 c'est inimaginable pour une réunion d'une heure,
07:21 ils font une journée de route.
07:23 Merci Maurice de nous avoir appelés ce matin.
07:26 Voilà, je vous remercie et à bientôt.
07:28 Et oui, à très vite sur France Bleu d'Alsace, c'est votre moment,
07:31 7h45, 8h pour discuter de l'actualité au 03 88 25 15 15,
07:35 on accueillera Hubert dans les prochaines minutes.
07:37 Olivier Becht, il y a eu cette lettre signée par des maires de grandes villes
07:41 de Alsaciennes, par des présidents d'agglomérations également.
07:45 Est-ce que c'est pas...
07:47 Il demandait explicitement à Emmanuel Macron de ne pas autoriser
07:50 la sortie de l'Alsace du Grand Est.
07:51 Est-ce que c'est pas un signal qu'il faut passer à autre chose sur ce sujet-là ?
07:55 Qu'il y a une partie des Alsaciens qui se fait entendre,
07:57 qui a du poids aussi, qui ne veut plus de ce débat-là ?
08:00 Oui, j'entends cela.
08:03 Je crois qu'il y a quatre maires qui ont signé en Alsace.
08:07 Il me semble qu'il y a 870 communes, quelque chose comme ça, en Alsace.
08:12 Alors qui représentent une grosse part de la population Alsacienne,
08:15 puisque ce sont les plus grandes villes.
08:16 Qui représentent, si vous voulez, alors non pas la majorité,
08:19 loin de là de la population Alsacienne,
08:21 même si Strasbourg et Mulhouse ont du poids,
08:24 il y a quand même quasiment 2 millions d'Alsaciens.
08:26 Je pense que dans ces villes, le débat n'est pas le même.
08:30 D'abord, ils bénéficient effectivement au titre de l'économie
08:34 d'aide substantielle de la région.
08:36 Donc ils sont sous une pression un peu plus forte de la région.
08:40 Et d'autre part, leurs habitants,
08:43 enfin une partie de leurs habitants n'ont pas tout à fait le même passé
08:47 que les habitants des zones rurales et périurbaines en Alsace.
08:51 Voilà, pas nécessairement la même histoire.
08:54 On sait qu'une partie, si vous voulez, de la problématique Alsacienne
08:59 vient que l'Alsace n'a jamais digéré, entre guillemets,
09:02 le rattachement forcé à la région Grand Est.
09:05 Le rattachement, ça, en fait, quand on regarde dans le rétroviseur,
09:08 ça a du sens en Alsace, dans notre histoire,
09:11 puisqu'on a passé des siècles à être rattachés de force
09:14 à des territoires auxquels on ne voulait pas nécessairement appartenir.
09:19 Le Saint-Empire romain germanique, le Royaume de France,
09:22 puis le Deuxième Rééchellement, puis la République française,
09:25 puis le Troisième Rééchellement, avant de redevenir français,
09:30 ce que nous sommes aujourd'hui, et nous sommes très heureux d'être français.
09:34 Mais si vous voulez, dans l'histoire alsacienne,
09:37 ce terme de rattachement forcé, on prend le territoire,
09:40 on le rattache à un autre territoire de force...
09:43 - Mais vous avez l'impression qu'identité alsacienne s'en trouve diluée par ça ?
09:46 - Je ne pense pas que c'est une question d'identité qui est diluée.
09:50 Je pense que l'Alsace a une histoire, elle a une géographie.
09:55 Vous savez, de toutes les réalités politiques,
09:59 il n'y en a qu'une seule qui est intangible, c'est la géographie.
10:02 Il y a une chaîne de montagne, de chaque côté du Rhin,
10:08 et ces chaînes sont plus difficilement franchissables que le fleuve lui-même.
10:13 Notre bassin de vie aujourd'hui en Alsace,
10:16 il est sur la plaine d'Alsace, il est avec le pays de Bade,
10:20 pas le Bade-Württemberg, avec le pays de Bade,
10:22 et avec les cantons de Bâle, et encore pas le reste de la Suisse,
10:25 parce que derrière, il y a le Jura qui ferme.
10:27 La géographie, c'est très important.
10:28 On est naturellement tourné sur ces échanges-là,
10:31 plus que vers la Lorraine et la Champagne,
10:33 ce qui ne veut pas dire que nous n'apprécions pas les Lorrains et les Champenois.
10:36 Ma grand-mère est d'origine Lorraine.
10:39 J'ai commencé ma carrière administrative à Metz,
10:41 puis je l'ai poursuivi à Nancy.
10:43 On a d'excellents rapports avec nos amis Lorrains et Champenois.
10:47 - Mais en l'occurrence, vous voulez quand même que l'Alsace récupère toutes ses frontières.
10:51 - Mais parce que c'est le bassin de vie, si vous voulez.
10:54 C'est organiser un territoire au niveau où il se vit.
10:57 - On va accueillir Hubert, tenez, en quelques secondes.
11:00 Hubert, bien le bonjour.
11:01 Vous nous appelez de Dossonheim-sur-Tinzel.
11:03 Ravi de vous accueillir sur France 2 Alsace.
11:06 - Oui, bonjour Hubert.
11:07 Merci de me donner la parole.
11:09 Je viens d'écouter le monsieur précédent qui vient de parler.
11:12 J'en suis entièrement d'accord avec lui.
11:16 Il a très bien dépeint la situation actuelle.
11:21 Moi, je suis absolument pour qu'on sorte de la région Grand Est.
11:25 Et les raisons, il les a bien énumérées le monsieur.
11:30 - Olivier Bech, député du Haut-Rhin.
11:32 Vous parliez de lui quand vous étiez sur l'auditeur précédent, Maurice.
11:35 - Pas l'auditeur, mais le monsieur qui vient de parler à l'instant.
11:38 - Olivier Bech, député Renaissance du Haut-Rhin.
11:41 - Pourtant, je ne suis pas de Renaissance,
11:43 mais pour une fois, il y a un qui exprime très bien ce que je pense.
11:47 Et donc, on n'a pas accepté le système.
11:52 Parce que l'histoire de nous imposer cette histoire de Grand Est,
11:56 ça me fait penser au plus sombre aux histoires du communisme.
11:59 On est en train de rentrer dans un système,
12:01 et pas seulement au niveau régional en France.
12:04 On veut aussi nous diluer par la suite dans une Europe
12:08 dans laquelle on restera juste un petit État,
12:12 à l'image des États américains.
12:16 On n'aura plus la même souveraineté, on n'aura plus le poids,
12:20 on ne pourra plus imposer notre culture et notre vie sociale.
12:26 On est déjà dilué dans cette histoire de Grand Est,
12:30 alors qu'on voit bien qu'il n'y a pas que la région Alsace
12:35 qui sollicite d'être autonome, ou d'avoir une certaine autonomie.
12:41 - En référence à la Corse, j'imagine,
12:43 mais Hubert, on l'entend en tout cas,
12:45 pour que l'Alsace sorte de la grande région.
12:47 C'est votre point de vue, et on l'a entendu.
12:49 - On est tout à fait prêt à militer, à manifester,
12:52 et aller encore plus loin pour qu'on puisse avoir gain de cause.
12:55 - Hubert, on vous remercie, passez une excellente journée à Dossolam-sur-Dinzel.
12:58 - Merci beaucoup, au revoir.
12:59 - Au revoir Hubert.
13:00 - En effet Olivier Beche, dernière question,
13:01 vous appelez les Alsaciens à se mobiliser un peu plus fortement
13:03 que simplement des envois de courrier comme le suggérait Frédéric Béry ?
13:06 - Je crois qu'aujourd'hui l'heure est au dialogue.
13:09 Si le dialogue échoue, il faudra employer certainement d'autres moyens.
13:14 - Des manifestations, par exemple ?
13:17 - J'espère que nous ne serons pas obligés de partir dans un rapport de force.
13:22 Ce serait un très mauvais signal envoyé par le gouvernement
13:26 que de dire que dans ce pays, il n'y a que ceux qui veulent tout bloquer ou tout casser
13:30 qui peuvent se faire entendre et s'entendre donner raison.
13:32 - Merci beaucoup Olivier Beche de nous être venus ce matin,
13:34 d'avoir aussi dialogué avec les auditeurs de France Bleu Alsace.
13:37 Député Aurinois, Renaissance, merci, bonne journée.