Richelieu - 1977 - Episode 04

  • il y a 6 mois
DB - 22-03-2024
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00:43 (Propos en français)
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00:57 (Propos en français)
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01:01 - Vous êtes assuré, mon éminent confrère... - Il y a des signes qui ne trompent pas.
01:05 Vous avez vu, les bubons...
01:09 - Quelques fièvres infectieuses, peut-être... - Non. La peste.
01:14 - Ah, nous viendrait des soldats de retour d'Orient, alors ?
01:17 - Peut-être. En tout cas, c'est le 20e cas autour de Saint-Jean-de-Maurienne.
01:21 - Je suis sûr que vous avez vu, mon ami. - Je ne l'ai pas vu.
01:25 - Vous avez vu ? - Non.
01:28 - Vous avez vu ? - Non.
01:31 - Vous avez vu ? - Non.
01:34 - Vous avez vu ? - Non.
01:37 - Vous avez vu ? - Non.
01:40 - Vous avez vu ? - Non.
01:43 - Vous avez vu ? - Non.
01:46 - Vous avez vu ? - Non.
01:49 - Le roi, souffrant comme il l'est, n'a-t-il le droit de contracter la peste ?
01:53 - Sans sa majesté, il ne saurait être question de poursuivre la campagne.
01:56 - Mais si elle meurt, il n'y aura plus jamais de campagne.
01:59 - Le duc de Savoie... - Mais c'est là, le duc de Savoie.
02:02 - Il est en grand dommage. - Il n'importe. Le roi est très fiébreux.
02:06 - Sire, j'ai eu l'honneur d'exposer à M. de Richelieu...
02:19 ...les raisons pour lesquelles il importe de s'en aller.
02:22 - Vous ne m'avez pas convaincu. Sire, je vous supplie de prêter l'oreille à mon propos.
02:26 - Allez, monsieur.
02:28 - Votre majesté l'a déclaré elle-même. Elle le sait mieux que tout autre.
02:32 Nous devons tout faire pour briser l'hégémonie espagnole.
02:35 Nous n'avons pas oublié que voici 40 ans à peine, les Hidalgos occupaient Paris.
02:39 - Qui l'oublierait ? Les Habsbourgs dominent l'Espagne, les Pays-Bas et le Saint-Empire.
02:44 - Au sud, à l'est, au nord...
02:48 ...c'est la Tenaille.
02:51 - Les troupes de votre majesté, c'est vrai, ne sont pas en état d'attaquer la maison d'Autriche.
02:56 Que ce soit dans l'Empire, en Espagne ou aux Pays-Bas.
02:59 Pour empêcher la Tenaille de se refermer,
03:01 nous pouvons seulement interdire aux troupes levées dans ces pays de communiquer entre elles.
03:05 - À la condition que les protégés de nos adversaires, le duc de Savoie et le duc de la Reine, se tiennent tranquilles.
03:11 - Nous tenons les verrous, les places fortes de Casal et Pignerol.
03:15 - Vous oubliez que Casal et Pignerol sont terres d'Empire.
03:19 - Je ne l'ai pas oublié, sire.
03:22 C'est pourquoi j'ai dépêché le père Joseph à assister notre ambassadeur auprès de Ferdinand II.
03:27 - Votre majesté impériale connaît les bons sentiments de mon maître.
03:34 - Et ceux de monsieur le cardinal ?
03:36 - Et ceux de monsieur le cardinal.
03:39 - Alors, mon bon père, c'est le moment de le prouver.
03:43 - Je connais trop de malheurs pour courir le risque de se priver de la stabilité.
03:48 Il faut que mon fils me succède, que les princes électeurs le désignent comme roi des Romains,
03:53 pour que le jour où je viendrai à mourir, il puisse cindre la dignité suprême.
03:58 - Chez nous, il y a cinq siècles que les pères n'élisent plus le roi.
04:01 - Je le sais bien. Mais il faut croire, monsieur l'ambassadeur, que chez vous, on s'attache plus aux titres qu'aux fonctions.
04:09 - Bref, est-ce que le roi de France serait enfin décidé à ne pas contrecarrer l'élection de mon fils ?
04:17 - Assurément.
04:20 - À ne pas intervenir auprès des princes, aussi bien par de l'argent que des promesses, contre les intérêts de ma maison ?
04:26 - Hélas, mon maître n'a nul besoin d'intervenir pour que les électeurs soient mal disposés à l'égard de votre fils.
04:33 - Mais que voulez-vous dire ?
04:36 - Ils ont peur, Sire, comme toutes les Allemagnes ont peur.
04:39 - Ils ont peur de moi ou de mon fils ?
04:41 - Peur de monsieur le lieutenant général de Wallenstein, duc de Friedland.
04:46 - Le duc est ma meilleure épée.
04:50 - Les grands électeurs appréhendent qu'ils ne s'en servent dans l'empire et contre eux...
04:56 - Mais qui me défendra contre les entreprises du roi de Suède ?
04:59 - Tous vos vassaux et principalement l'électeur de Bavière, qui est monsieur de Wallenstein.
05:06 - C'est bon, je vais faire en sorte que monsieur de Wallenstein éprouve le besoin de se reposer en Bohême.
05:11 - Son état de santé nous inspire en quelque inquiétude.
05:14 - Vous voilà satisfait ?
05:17 - Oui, Sire, puisque ces dispositions marqueront dans le même temps la fin des difficultés italiennes.
05:24 - Je vous laisse les mains libres en Italie, je ne soutiendrai pas le Saint-Père.
05:28 - J'enterrinerai l'occupation des places de Casale Pignorol par vos troupes.
05:33 - Toutefois, je dois y mettre deux conditions.
05:37 - En premier lieu déjà l'élection de mon fils.
05:40 - Ensuite la cessation définitive de votre aide aux troupes du roi de Suède Gustav Adolf.
05:47 - Vous ne craignez pas de renforcer la position de l'Empereur ?
05:59 - J'ai vu les électeurs. - Et bien ?
06:02 - Nous sommes convenus que le bon sens, l'intérêt leur interdit d'élire le fils de Ferdinand II.
06:07 - Joliment joué. Mais vous n'appréhendez pas de soulever la colère de Wallenstein ?
06:11 - La colère de Wallenstein ? Pourquoi ?
06:14 - Je l'ai vu longuement, je lui ai conseillé d'accepter son départ afin de se rendre indispensable.
06:18 - Indispensable quand ?
06:20 - Quand le roi de Suède attaquera.
06:22 - Parce que Gustav Adolf va... - Bien sûr.
06:25 - S'il est formellement engagé vis-à-vis de nous, nous le payons pour ça.
06:29 - Comme vous le savez, le roi, mon fils, nous est revenu fort incommodé.
06:34 - C'est donc à nous qu'il incombe la tâche de présider ce conseil.
06:39 - Les affaires avec les puissances étrangères nous portent grand souci.
06:47 - Je vous écoute.
06:49 - Monsieur le chancelier ?
06:51 - Madame.
06:53 - Le père Joseph ?
06:55 - Les communications sont si lentes dans l'empire en tumulte que nous ne sommes pas informés.
07:01 - Et puis, monsieur Joseph réserve ses informations au cardinal.
07:06 - Vraiment, quand je pense que nous en sommes à rechercher un arrangement avec les puissances catholiques,
07:11 - avec nos alliés naturels, avec nos frères...
07:14 - Votre majesté voit juste. On poursuit des chimères, encore de chez nous.
07:19 - Ce qui nous empêche de travailler au bien de ce royaume.
07:23 - Ceux qui se prétendent les bons français et ne rêvent que bataille,
07:26 - il nous appartient de faire triompher notre programme de bons chrétiens.
07:31 - A l'extérieur, amitié avec les Habsbourgs.
07:35 - A l'intérieur, révocation de cette scandaleuse grâce d'Alaise,
07:40 - qui conduit le roi non seulement à tolérer les protestants dans les grands emplois,
07:44 - mais encore, ne l'oublions point, à entretenir les écoles de la réforme.
07:49 - Et cela, vous en conviendrez, mon frère, est l'ouvrage personnel du cardinal.
07:54 - On se demande vraiment pourquoi nous avons gagné la guerre contre les Huguenots.
07:57 - Oh, mais voyons, c'est monstrueux.
07:59 - Il y a, madame, trop de souffrance.
08:02 - Trop de pauvres.
08:04 - Il y a des paysans qui ignorent le goût de la viande.
08:07 - Des bains ouvriers qui se nourrissent de racines.
08:10 - D'autres ont voulu conduire la prétendue politique de demain.
08:15 - Nous croyons plus raisonnable, moins glorieux peut-être, de faire la politique d'aujourd'hui.
08:21 - Guerre à la guerre, guerre à la misère.
08:25 - Et tous nos peuples béniront le nom de votre majesté.
08:28 - Et cela peut-il se faire avec le cardinal?
08:31 - Si vous saviez ce que cet homme m'a coûté.
08:33 - Si vous saviez ce qu'il coûte à la France.
08:35 - Pourtant, autrefois, il m'écoutait.
08:37 - Maintenant, il vous ignore.
08:40 - C'est vrai, mais il me doit la pourpre.
08:42 - Il vous retire votre couronne.
08:44 - Alors, que voulez-vous?
08:46 - Ne précipitons pas l'affaire.
08:48 - Le roi semble désirer la paix.
08:51 - Attendons le résultat des pourparlers du père Joseph avec l'empereur
08:56 - et du cardinal lui-même avec ce jeune représentant du Saint-Siège
09:02 - qui s'est en même temps chargé des intérêts du roi d'Espagne.
09:05 - Parlez de Mazarin?
09:07 - Monsieur de Richelieu, le qu'un jôle volontier.
09:09 - Tout cela ne peut mener à rien.
09:11 - Nous n'en serons alors que plus forts pour faire comprendre au roi qu'il faut changer de politique.
09:17 - Et de principal ministre.
09:20 - Le génie de votre éminence discerne sans difficulté les avantages de la paix.
09:38 - A moins d'être aveugle ou fou, jamais je n'accepterai de proposer à mon maître un traité
09:42 - au terme duquel la place de Pignol serait restituée au duc de Savoie.
09:46 - Nous l'avons prise et nous la garderons.
09:49 - Il y va de la sécurité du royaume.
09:51 - Un tel geste rassurerait et stupéfierait la chrétienté.
09:55 - Je ne suis là ni pour rassurer ni pour stupéfier la chrétienté.
09:59 - Mais pour servir le roi de France.
10:02 - Alors ne serait-ce pas le moyen de le bien servir que d'apaiser le Saint-Siège.
10:07 - Brisons-la s'il vous plaît.
10:10 - Votre éminence me permettra-t-elle de lui parler comme à un père?
10:17 - Certes.
10:18 - Rien ne saurait me permettre de dépasser mes instructions. Elles sont intangibles et je ne saurais y contrevenir.
10:26 - Et bien?
10:27 - Mais j'admets, je comprends, je ressens si fortement les raisons de votre éminence
10:32 qu'il me prend en vie, moi, Italien de naissance et serviteur de l'Espagne, par occasion
10:39 d'épouser la cause que vous avez bien voulu embrasser.
10:43 - Vous autres, gens d'Italie, vous êtes prêts à d'étranges ripostes.
10:49 (Bruit de moteur)
10:52 - Allez, mince!
11:04 (Bruit de moteur)
11:18 (Bruit de moteur)
11:21 - Mon mari et seigneur, reposez-vous. Cela devrait passer.
11:28 - Mon fils, mon roi, comment puis-je me rendre utile?
11:37 (Bruit de moteur)
11:42 (Bruit de moteur)
11:45 - Maintenant, cela va-t-il mieux?
11:52 - Dites-moi, ma fille, vous plairez-t-il de demeurer?
12:02 - Il nous plaît, madame.
12:06 (Bruit de moteur)
12:09 - Vous avez tous pris connaissance des événements.
12:22 Et la disparition de mon fils aîné ouvre une ère nouvelle pour la France.
12:28 - Madame, Sa Majesté est toujours là?
12:33 - Sans doute, mais si peu.
12:36 Et bien tant de plus.
12:38 - Est-ce bien le moment?
12:42 - Mon frère, restez-vous d'obéir à notre reine.
12:46 - Monsieur le chancelier?
12:49 - Tout dépend du frère du roi.
12:53 - J'ai pu vous l'affirmer sur l'instant.
12:57 Après le temps de veuvage que les convenances nous imposeront,
13:01 Gaston épousera la reine à...
13:03 - Il rechèvera les liens avec l'Espagne et l'Empire.
13:06 - Et monsieur le maréchal,
13:08 il fera de votre frère notre principal ministre.
13:12 - Je n'imposerai aucune décision qui ne soit prise à l'unanimité du conseil.
13:18 - Or bien?
13:20 - Voilà qui nous changera de votre prédécesseur.
13:24 À son propos,
13:27 votre Majesté a bien voulu nous faire connaître
13:31 que, si tôt le roi expirait,
13:34 monsieur d'Alain-Court arrêterait le cardinal.
13:38 Cette issue me semble périlleuse.
13:41 - Pourquoi périlleuse?
13:43 - C'est là où je vous demande excuse.
13:46 Une solution bâtarde. - Bâtarde?
13:48 - Votre Majesté m'entend mal.
13:51 Monsieur de Guise parlait tout à l'heure d'exil.
13:55 On en rentre.
13:57 Monsieur de Basson, Pierre, de prison perpétuelle.
14:00 On en sort.
14:02 Il n'est qu'un état dont on ne saurait revenir.
14:07 Souvenez-vous, le duc de Guise, le maréchal d'Ancre...
14:12 Pardonnez-moi, madame.
14:14 Le roi est grand justicier.
14:19 Nous autres, membres du conseil, agissons au nom du roi.
14:24 Nous possédons légitimement le droit de vie et de mort.
14:30 - Je suis le cardinal écrit comme un chat aux heures de nuit.
14:34 Je lis, il importe...
14:37 Il m'importe...
14:39 - Des bournets. Vous connaissez son écriture depuis si longtemps.
14:43 - Depuis le temps qu'il apprenait à écrire.
14:46 Il est vrai qu'il calligraphiait mieux.
14:49 C'est pour le grandur.
14:51 Il importe de développer entre le divan et nous...
14:55 Il importe de développer entre le divan et nous...
14:59 Les plus...
15:01 Les plus amicales relations de négoces.
15:05 - Ce qui va au trafic de la Baltique et à l'ensemble du commerce de mer...
15:10 Cela me paraît clair.
15:12 - Je suis absent depuis des mois et venez de pointe au bout de mon courrier.
15:16 - C'est que mon oncle... Entre un chat et vous.
15:22 - Et mes chats, comment m'en tirez-ils?
15:25 - Je vous en prie, débournez vite.
15:27 Père Joseph, je vous suis et je vous aime.
15:33 Je vous serai gré d'appliquer ce précepte...
15:36 - Ne finir pas si vite.
15:38 - D'appliquer ce précepte dans votre négociation.
15:41 Maintenir coûte que coûte les affaires de l'Empire dans le plus grand embarras possible.
15:46 Le plus grand embarras possible, c'est la classe.
15:49 Vite, débournez, vite.
15:52 - Depuis 30 ans, vous me demandez de faire vite.
15:54 - Un enfant, la mamelle, s'y reconnaîtrait.
15:57 Entre le royaume prospère par nos échanges avec les Turcs, les Baltes et quelques autres...
16:02 Révérendissime frère et seigneur.
16:04 - Révérendissime frère et seigneur.
16:07 Votre santé? - Comme la vôtre.
16:09 - Bonne, alors. Excellente. Madame.
16:12 - Votre servante?
16:14 - Non, tout va bien. Sauf le roi.
16:17 - Vous l'avez quitté un peu de lent?
16:20 - Dans les débuts, on avait pris ce malaise à la légère.
16:22 Maintenant, on songe à l'extravention.
16:24 - La peste? - La peste n'est pas seule mortelle.
16:27 - Je suis perdu. - Perdu.
16:29 Vous tenez tout de la règle mère.
16:31 - Il y a bien longtemps que je ne gare plus rien que du roi.
16:34 Et si le roi...
16:36 - Ne manquez pas de m'avertir à temps.
16:41 Cela ne nous rendra nullement...
16:49 mélancolique.
16:50 Car...
16:53 nous ne craignons nullement...
16:56 de mourir.
17:18 - Je suis si troublé, monsieur de Saint-Simon.
17:20 - Il vous faut d'abord coiffer celui-ci.
17:25 - Oui.
17:27 Alors à ce moment, vous m'ouvrez la fenêtre...
17:30 et je crie "le roi est mort".
17:33 Je rentre...
17:36 je coiffe l'autre.
17:38 Je referme la fenêtre...
17:41 je la rouvre...
17:46 je reviens...
17:47 et je crie...
17:49 "Vive le roi".
17:51 - N'anticipez pas.
17:53 Tout doit être légal.
17:55 Mais ne prenez non plus aucun retard.
17:58 Sortez de maintenant, montez à cheval...
18:01 et ayez l'œil sur le balcon.
18:03 L'instant que le grand écrivier apparaîtra...
18:06 jetez-vous chez le cardinal.
18:09 Si le maréchal, mon frère, vous y rejoint...
18:15 laissez-le agir.
18:16 Quoi qu'il fasse...
18:18 ce qu'il fera est d'ordre de la reine.
18:21 - Avignon n'est pas loin.
18:33 - Un ministre du roi de France ne passe point à l'étranger.
18:36 - Avignon est terre d'église et vous êtes cardinal.
18:39 - Il y a 50 cardinaux, mais ce n'est qu'un cardinal de Richelieu.
18:43 - Vous avez donné au moins votre place du Havre de grâce.
18:45 Vous ne l'avez pas fait fortifier pour rien.
18:48 - Cela sent son féodal d'une lieu.
18:50 - J'aime mieux un féodal vivant qu'un ministre mort.
18:53 - Vous ne me ménagez pas.
18:55 - Je vous aime trop pour vous ménager.
18:58 - Je dois rester, mais vous devez vous mettre à l'abri.
19:01 - Jamais! Vous voulez demeurer, je demeure.
19:04 - Comprenez que le roi vivant, je dois continuer mes travaux...
19:08 et suivre l'affaire du père Joseph à Patisbonne.
19:12 - Le roi mort?
19:13 - Le roi mort, il nous faudra partir dans la seconde.
19:18 - Messieurs...
19:22 un pauvre capuchin est parvenu à nous vaincre.
19:27 Et qui plus est...
19:29 tout étroit que puisse être son capuchon,
19:33 il a réussi à y fourrer six bonnets d'électeur.
19:37 Notre fils n'est pas désigné comme notre successeur.
19:40 Nous avons renvoyé Wallenstein...
19:45 à l'instant même où le Suédois nous attaque.
19:52 - M. l'ambassadeur, père Joseph, soyez prudents.
19:55 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
19:58 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:01 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:04 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:07 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:10 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:13 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:16 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
20:19 - M. l'ambassadeur, père Joseph, soyez les bienvenus.
20:23 Je vous ai fait préparer le traité. Je vous en prie.
20:27 - Je regrette que la bienveillance impériale soit...
20:40 plus nuancée qu'à l'habitude.
20:43 - Et pour notre part, nous regrettons de ne pouvoir faire mieux, père Joseph.
20:48 Nous voulons bien accepter la présence de vos troupes à Casal et Pignerolle,
20:52 à une condition toutefois.
20:54 Votre maître doit s'engager formellement, en conscience,
20:58 à ne plus bailler ses écus au roi de Suède et au prince réformé de l'Empire,
21:02 en révolte contre nous.
21:04 Je pense... que ce n'est pas trop exigé.
21:17 - Je rappelle à votre majesté que le traité ne prendra effet qu'après
21:21 la ratification par le roi, en son conseil.
21:25 - M., c'en est fini de notre grand-luteur.
21:29 Je vais prier sans cesse et ma mère avec moi.
21:32 - Mon coeur est en liesse. J'espère que vous ne me trouvez pas...
21:36 trop mal habile à vous soigner, M. mon fils.
21:39 - Très habile.
21:41 Votre tendresse m'est précieuse.
21:44 - C'est beau, la vie.
21:47 - Vous trouvez ?
21:49 Je m'en allais sans regret.
21:52 - Et vous ne songez donc pas au malheur dans lequel vous auriez plongé votre mère et votre famille ?
21:57 - C'est incroyable.
22:01 - Sa majesté était à peine revenue de son dernier évanouissement,
22:05 qu'elle a demandé quand elle pourrait remonter à cheval.
22:08 - Mais qu'était donc ce mal ?
22:10 - Les médecins l'ont expliqué à M. de Tourville.
22:13 C'était un abcès dans l'intestin. L'abcès a crevé,
22:16 et le sang gâté s'est écoulé normalement, délivrant Sa Majesté.
22:20 - Vous avez bien fait de remonter.
22:25 Votre mission est désormais sans objet.
22:28 Jusqu'à nouvel ordre.
22:32 - Il est vrai, le cardinal n'est pas Dieu.
22:36 Mais c'est le plus grand serviteur que la France ait jamais eu.
22:41 - Il n'existe pas dix de vos sujets pour partager votre avis.
22:45 - Pourquoi voudriez-vous que mes sujets résonnent à cet endroit ?
22:50 - Souvent, par le passé, le cardinal a montré les qualités que le pouvoir lui a fait perdre.
22:59 - Il n'est point d'autre pouvoir que le mien.
23:01 - C'est pas ce que l'on dira si vous persistez à conserver M. de Richelieu.
23:05 - Est-il préjudiciable à ma gloire de posséder un ministre qui fait bien mes affaires ?
23:11 - Vous m'aviez promis, mon fils.
23:13 - Peut-être.
23:15 Mais l'empereur Ferdinand nous prendrait pour des lâches
23:19 si nous nous séparions du cardinal au moment de discuter la ratification du traité.
23:26 Plus tard, à Paris, nous verrons s'il y a lieu de continuer M. de Richelieu.
23:34 Dans le moment, il doit demeurer dans notre conseil.
23:40 - Les propositions de l'empereur vous agréent ?
23:44 Vous avez toujours manqué d'appétit, M. de Chancelier ?
23:46 Vous me voici rassasié à peu de frais ?
23:48 Le conseil va en finir à l'essuieuse, soit.
23:51 Ferdinand reconnaît avant tout notre candidat Charles de Gonzague, soit.
23:55 Mais nous devons évacuer le Savoie.
23:57 Et tenez-vous pour rien l'engagement qu'on veut nous extorquer ?
24:01 - L'engagement ?
24:02 - L'engagement d'abandonner nos alliances avec le roi de Suède et tous nos amis.
24:06 - Nos alliances avec les meneurs de la réforme ?
24:08 - Nos alliances avec tous ceux qui, réformés ou non,
24:10 sont soucieux d'empêcher la maison d'Autriche de dominer le monde.
24:13 - Vous prêtez au Habsbourg vos propres projets ?
24:15 - Nos projets sont ceux de notre maître.
24:18 Délivrer le royaume du cauchemar de l'invasion.
24:20 - Alors pourquoi risquer de la provoquer ?
24:22 - Le roi tient à ses alliances.
24:24 - Les croyez-vous nécessaires,
24:29 lorsque les Huguenots de France, impunis,
24:32 ne pénétreront guère ces subtilités,
24:34 prennent prétexte de votre assistance aux réformés de l'extérieur
24:38 pour recommencer leur tumulte en ce royaume ?
24:41 - Ce n'est ni l'heure ni le lieu de revenir sur les dispositions de la grâce d'Alaisse.
24:47 - Ne comptez-vous pour rien dans les propositions de l'empereur,
24:52 la reconnaissance à notre profit de Metz, Toul et Verdun ?
24:55 - Nous y sommes depuis bientôt un siècle.
24:57 - Votre éminence sait que la France a l'impérieux besoin
25:02 de pénétrer enfin dans une paix profonde.
25:05 Les laboureurs, quand ils ne rossent ou massacrent les commis de l'impôt,
25:09 courent la campagne parce qu'ils n'ont ni feu ni pain.
25:14 - Me croyez-vous moins insensible que vos amis à cette grande pitié ?
25:18 En ai-je versé des pleurs sur la misère des petits ?
25:21 Mais le moment n'est plus aux larmes.
25:24 Certes, le roi s'efforce de remédier à l'infortune de ses peuples
25:28 par les échanges de commerce et en développant le trafic maritime,
25:31 mais il n'obtiendra la prospérité qu'en assurant d'abord la sécurité.
25:35 - Tout entendu, avec la même attention et tout bien pesé,
25:39 j'opine dans le sens de M. le cardinal.
25:42 - Nous repoussons le traité de Ratisbonne.
25:49 L'accord signé pour la place de Casal par les généraux
25:53 à l'initiative de Monsignoré Mazzarini sera respecté.
25:57 Nous mettons fin à l'état de guerre.
26:01 Mais, fort des déclarations et des arguments de M. le cardinal,
26:07 nous ne signons point la paix.
26:10 Nous exigeons une autre négociation.
26:14 Pour l'heure, nous rentrons à Paris.
26:17 - Je forme le vœu que le voyage ne vous fatigue pas trop.
26:25 - Me fatiguer, non point. La reine-mère...
26:28 - La reine-mère ? Parce que ?
26:30 - J'ai demandé et obtenu de l'accompagner durant son voyage.
26:33 - Singulière requête.
26:35 - Vous croyez, ma nièce, que c'est pour mon plaisir ?
26:38 La reine-mère m'a étrangement soutenu au conseil dans la dernière seconde.
26:41 - Impulsion ? Calcul.
26:44 Vous l'avez reconquise, mon oncle.
26:48 - Je ne sais. En tout cas, il me faut la reconquérir.
26:53 - Je vous en prie.
26:55 - Ai-je dit à votre majesté ma reconnaissance pour son intervention au conseil ?
27:07 Sans elle, le roi m'eût sans doute donné tort.
27:10 - Non, pas sans doute, mais plutôt sûrement.
27:12 - Veuillez-je savoir pourquoi vous vous êtes déterminée à me soutenir ?
27:15 - Pourquoi ? Parce que j'avais noté la justesse de votre propos.
27:19 - Raisonnable. Il est tout à fait normal que j'appuie le ministre,
27:22 même si l'homme a cessé de me plaire.
27:24 - S'il en était ainsi, je serais l'être le plus malheureux du monde.
27:28 - Alors, monsieur, n'inversez pas les rôles.
27:31 Ce n'est pas moi qui me suis éloignée de vous, mais bien vous de moi.
27:35 - Vous êtes inhumaine. - Moi ? Inhumaine ?
27:38 - Inhumaine, oui. Je ne puis vivre sans votre confiance ni votre affection.
27:42 - J'aimerais. Je voudrais bien pouvoir vous garder toute mon affection.
27:46 - Comme un précieux souvenir.
27:49 Mais comment voulez-vous que je vous conserve ma confiance ?
27:54 Vous ne vous souciez plus de moi.
27:57 - Je me soucie de vous à chaque seconde,
27:59 mais vous ne trouvez plus le temps de me parler, de me conseiller.
28:02 Il vous suffit d'ordonner pour être obéi.
28:04 - Autrefois, je n'avais nul besoin d'ordonner quoi que ce soit.
28:08 Vous alliez au-devant de mes désirs, rappelez-vous.
28:12 - Comme je voudrais retrouver ces temps d'autrefois.
28:15 - Est-ce possible, monsieur le cardinal ?
28:19 - À cette époque bénie, vous déniez m'appeler mon évêque.
28:24 - Hum. Ce serait donc possible, mon cardinal.
28:30 - C'est bien.
28:41 Plutôt non, il conviendrait d'élargir davantage cette fenêtre.
28:46 Vous pouvez construire ces nouveaux navires.
28:51 Quant aux échanges avec Kiev et le Turc, il me semble bien vu.
28:57 - Je remercie votre majesté.
29:00 - Vous avez fait tendre votre appartement au petit Luxembourg ?
29:04 - Oui, sire.
29:06 - Avec ses travaux du Louvre,
29:08 nous partons nous installer à l'hôtel des ambassadeurs.
29:11 Et comme ma mère est au Luxembourg,
29:14 nous voici tous à un jet de pierre.
29:16 - C'est vrai.
29:18 - À propos, comment s'est effectué ce voyage avec la reine mère ?
29:26 - Mieux que je n'osais l'espérer. Je dirais même parfaitement bien.
29:30 - Vous vous trompez.
29:32 - Je me...
29:34 - Vous vous trompez.
29:36 Messieurs, au revoir, monsieur le cardinal.
29:41 - Lisez, monsieur le chancelier.
29:44 Lisez.
29:46 - Votre majesté veut que je lise la lettre de monsieur le cardinal.
29:50 - Oui. Vous pourrez mesurer toute la bassesse de l'homme.
29:54 - "Je m'ennuierai partout où votre majesté ne serait point,
30:01 "et sans la permission de la voir, je ne veux plus que celle de mourir.
30:08 "Je souhaiterai pour ma réputation et en faveur du rang que je tiens dans la maison de Dieu..."
30:13 - Dites-moi qui lui a donné ce rang.
30:15 - Votre majesté.
30:17 "Je souhaiterai pour ma réputation et en faveur du rang que je tiens dans la maison de Dieu
30:23 "que mon trépas n'intervienne point, que je n'ai reçu votre approbation formelle
30:28 "et retrouvé pleinement vos bonnes grâces."
30:32 Votre majesté va répondre.
30:35 - Répondre? Vous voulez que je réponde à l'homme qui m'abaisse et ne songe qu'à s'élever?
30:42 À l'homme qui, pour un simple air de lutte, croit sortir de ma dépendance,
30:49 qui n'hésite pas à me piétiner? Il m'impose sa scandaleuse nièce.
30:55 Il va jusqu'à me suggérer cette alliance outrageante,
30:59 accepter de marier cette bagasse à mon fils cadet.
31:02 Après tout cela, réellement, je vous le demande, cela mérite-t-il vraiment réponse? Jamais!
31:08 - Il va demander audience.
31:10 S'il vient sous la pourpre jusqu'à votre anti-chambre,
31:13 il vous sera mal aisé de ne point le recevoir.
31:16 - Je sais un moyen très efficace de lui interdire ma porte.
31:21 Je vais faire publier que, que demain dimanche, fête de la Saint-Martin,
31:29 je devrais prendre médecine et je ne pourrais pas tenir ma cour.
31:35 Et conséquence évidente, cette chère éminence se trouvera dans l'impossibilité d'y venir.
31:42 - Mais votre majesté lui a donné raison dans l'affaire du traité.
31:45 - Simplement pour qu'on ne m'accuse pas de partialité.
31:48 Et à franchement parler, je ne suis pas hostile au maintien de M. le Cardinal quelques semaines.
31:53 Pourquoi pas, s'il peut signer un bon traité.
31:56 Cependant, j'exige qu'il s'en aille après.
31:59 Et en cela, il me l'a affirmé, je rejoins le roi, mon fils.
32:03 - Le roi?
32:05 - Mais oui, le roi.
32:07 Et en ce qui me concerne, je n'ai pas à douter de sa promesse.
32:10 - La détermination de sa majesté est absolue?
32:12 - Oui. Et nous sommes au mieux avec notre fils, M. le chancelier.
32:17 Et pour bien marquer l'absence de toute hostilité,
32:21 je viens gentiment d'accepter de confirmer la petite comballée parmi mes dames.
32:26 Et pour être franc, je l'ai fait à la demande du roi.
32:30 Je la recevrai demain dimanche au cours de la visite que me fera le roi.
32:34 A cette fête de la Saint-Martin.
32:37 Toutes nos affaires s'en trouveront réglées au mieux.
32:40 Ça en sera terminé d'un valet qui se voulait le maître.
32:43 - Bougez d'une aux gens. Nous sommes à un jet de pierre. Nous rentrons à pied.
32:50 (Musique)
33:17 - Permettez-nous de nous enquérir de votre santé.
33:20 - Elle ne serait point désirée,
33:23 si les affaires de l'extérieur ne nous donnaient tant de tourments.
33:26 - Nous formons le vœu de parvenir bientôt à un heureux accord.
33:31 - Et bien que le ciel nous entende.
33:34 Je crois qu'il nous faut aller vite.
33:36 - En la matière, madame, il ne faut jamais trop se rater.
33:40 - Madonna, cela vient du cardinal.
33:42 Il vous a recommandé cela parce qu'après le traité...
33:44 - Après le traité. Nous avons dit que nous examinerions.
33:48 - C'est vrai, Louis. Je vous sais bon fils et bon roi.
33:51 - Bon fils, oui. Mais je ne me soucie que d'être un roi juste.
33:57 - Vous êtes soucieux de l'amour de vos peuples.
34:00 Alors prenez bien garde de ne point conserver le cardinal plus qu'il ne faut.
34:06 Veillez à ce qu'il ne brouille votre royaume et vous,
34:10 comme il l'a sournoisement fait entre la France et les autres puissants.
34:14 - Vous savez que la marche de l'Etat ne doit appartenir qu'à vous.
34:21 Vous savez combien je vous aime.
34:25 Et lorsque vous menez campagne, vous avez la grande bonté de...
34:30 de bien vouloir me confier la régence.
34:34 Alors reconnaissez, mon fils, qu'il est parfaitement logique
34:39 que par amour pour votre gloire je me préoccupe.
34:43 Je ne vous demande pas de sanctions contre le cardinal.
34:47 Cependant, je ne peux m'empêcher de souhaiter le voir tout de même retourner à une messe qu'il...
34:53 qu'il ne dit pas assez souvent.
34:55 - Il était convenu que...
34:57 - Votre Majesté. - Que voulez-vous?
35:00 - Je viens, Madame, m'enquérir très humblement des volontés de votre Majesté.
35:05 - Vous enquérir de mes volontés? Vous vous moquez?
35:09 Voilà un discours bien neuf dans votre jeune bouche et qui surprend.
35:12 Vous êtes ici parce que vous m'êtes imposée par la tyrannie du cardinal,
35:15 par le mauvais prêtre, oui, par celui dont vous osez partager la même...
35:19 - Madame, je suis au désespoir d'avoir pu... - Je suis au désespoir!
35:23 Sachez que votre présence à la cour est un véritable outrage pour moi, pour vous, monsieur.
35:28 Cette jeune personne partage le toit d'un mauvais prêtre devenu cardinal par mon égarement, je le reconnais.
35:34 Il existe des forteresses où l'on enferme les fiches de la vie.
35:38 - Je pleure, Votre Majesté. - Madame, ce n'était point là nos conventions.
35:42 - Oui, des forteresses où l'on enferme les fiches publiques.
35:45 On leur coupe la chemise, râle cuillant les fêtes, les saloperies de votre engeance.
35:49 Et encore, elles sont bien moins dégueulées que vous.
35:53 Elles n'affichent pas des allures de veuve.
35:56 Pauvre putain, sale ordure de chiotterie comme votre oncle.
36:00 Et c'est avec la fortune que je lui ai remis qu'il vous entretient.
36:03 - C'est assez en avoir entendu. Retirez-vous.
36:06 - Non, vous ne vous retirerez pas. C'est moi qui vous chasse.
36:09 Vous et toutes les créatures à la solde du cardinal.
36:12 Les salauds et les putassiers qui ont imposé dans cette maison.
36:16 Oh, comme on respire mieux maintenant que j'ai enfin balayé toute cette charogne-là.
36:22 Oh, mon fils.
36:27 Ces gens-là me feront mourir.
36:30 Qu'on ferme toutes les portes de mon appartement. Toutes, tu m'entends.
36:35 Que nul ne vienne déranger ma conversation avec le roi.
36:39 Oh, monsieur.
36:43 Si vous saviez qu'il est dur de subir pareil outrage alors que l'on se trouve chez soi.
36:52 (musique)
36:55 - Vous pouviez, disiez-vous, vous rendre chez moi. Vous vous prétendiez malade.
37:12 - Mais, monsieur le cardinal... - Pas d'explication. Voilà qui me suffit.
37:18 (musique)
37:21 - Je n'allais pas plus avant. Un esclandre inimaginable.
37:25 Toutes les portes ont été verrouillées derrière moi. Tout ce qu'ils donnent sur les appartements de la reine mère.
37:30 - Rentrez vite chez moi. Vous oubliez que je suis surintendant de ce palais.
37:34 J'en ai dirigé la construction. J'en connais tous les détours.
37:38 Essayez de sécher vos larmes.
37:41 (musique)
37:45 (musique)
37:48 - Je vous supplie de me croire, monsieur. Il est impérieux de vous défier du cardinal Célapeste.
38:11 - Madame, s'il vous plaît, mettez plus de sérénité dans vos critiques.
38:14 - Je m'assure que vous parliez de moi. - Aucunement, monsieur.
38:18 - Avouez le don, madame. - Eh bien, oui.
38:21 En effet, nous parlions de vous comme du plus ingrat et du plus méchant des hommes.
38:26 - Qu'il me soit permis d'implorer le pardon de votre majesté. - Mon pardon, pauvérine.
38:30 Ce serait perdre mon honneur. Vous n'espériez tout de même pas que je m'abaisserais à pardonner une fois encore.
38:35 Oh, monsieur le cardinal, vous jouez à merveille la comédie.
38:39 Je vous promets de vous dire que vous n'êtes qu'un fourbe. Tout ce que vous faites n'est que pure momerie.
38:44 Un manège. Vous venez de me tromper une fois encore.
38:48 - Que la plus glorieuse des... - Ça, il suffit.
38:52 Je ne sais rien de plus vil que vous. Pas même ce que je dépose au fond de ma chaise.
38:58 Je vous ai offert un million en or. Je vous ai donné la croix de votre chapelle.
39:03 Et voici, fils de pute, qu'à peine sorti par moi de la fange,
39:08 j'essaie de marier mon fils Gaston à votre or de nièce.
39:12 Et dans quel but ? Pour qu'elle monte un jour sur le trône de France.
39:16 Vous n'êtes qu'un torche-cul. Et bien, les torches-culs, ça se jette.
39:21 - Madame, vous nous êtes désobligés. Vous nous torturez.
39:25 Songez à la dignité de la couronne. - Perfide, ingrat, pauvre immondice.
39:30 Vous trompez le roi. Vous trahissez l'État.
39:33 - Madame, plus de modération.
39:37 - Louis, je ne pourrai plus assister à vos conseils,
39:40 ni me trouver ne fusse qu'une minute en quelque lieu que ce soit avec ce monsieur.
39:44 À vous de choisir, mon fils, ou vous vous séparez de cet homme ou de moi.
39:51 - Alors je supplie votre Majesté de bien vouloir me permettre de me retirer n'importe où
39:55 pour passer le reste de mes jours en repos.
39:58 Car il ne serait pas juste que votre Majesté me continua dans le ministère
40:02 contre les volontés de sa mère. - Ce n'est ni le temps ni le lieu d'en délibérer.
40:06 - Dois-je en déduire que vous préférez un valet à votre mère?
40:09 - Je supplie votre Majesté de m'entendre. - Monsieur le cardinal,
40:13 relevez-vous et disposez.
40:16 Monsieur le trincion.
40:30 - Je suis bien heureuse que vous ayez décidé d'écourter ce pénible entretien.
40:35 - Un pénible? Il est vrai, madame? - Mon fils.
40:40 - Je vous en prie, ne vous en faites pas.
40:44 - Je vous en prie.
40:47 (Musique)
40:51 (Musique)
40:55 (Musique)
40:58 (Bruit de voiture)
41:07 (Musique)
41:09 - Peut-être qu'on viendrait-il de s'assurer pleinement de la victoire.
41:28 - Pourquoi? Je la trouve complète, notre victoire.
41:35 - Me serait-il loisible de déposer au pied de votre Majesté l'hommage de mes compliments?
41:39 - Je vous remercie, monsieur Despernaud.
41:42 Je sais maintenant pouvoir compter sur les grands de ce royaume.
41:45 Vous me permettrez de revenir enfin à une politique plus heureuse.
41:49 Il est arrivé que parfois mon fils me chagrine,
41:53 mais vous devez tous reconnaître qu'il m'est joliment revenu aujourd'hui.
41:57 - Comment votre Majesté a-t-elle arraché la victoire?
42:00 - J'ai tout simplement demandé au roi, mon fils,
42:04 de se prononcer entre le cardinal et moi.
42:06 En bon fils, il a donné sa préférence à sa mère.
42:09 Mes amis, il nous incombe d'honorer la sage décision que vient de prendre le roi.
42:14 Pour cela, la joie doit régner entre ses murs.
42:17 Je vous invite à danser.
42:19 - C'est un autre personnage qui va bientôt danser.
42:22 - La plus terrible offense jamais faite à la couronne.
42:26 Il ne se défendait pas!
42:33 Il ne se défendait pas!
42:34 Sa raison même l'abandonnait.
42:37 Car il a ses mères, M. le cardinal.
42:41 Il ne savait même plus expliquer le bien du royaume.
42:45 Il est vrai que notre mère n'en parlait moins que des personnes.
42:49 Tout cela dans notre cour!
42:57 Sous nos yeux!
43:01 Il est mieux valu qu'un boulet nous emporte à la tête.
43:05 Pouvions-nous penser que le cardinal ne voudrait jamais une telle humiliation?
43:14 Donnez un avis.
43:17 - S'il ne m'appartient pas...
43:19 - Nous vous l'ordonnons.
43:23 - Je suis bien fâché de me trouver dans le détroit forcé d'un tel choix.
43:27 - Tenez-vous de grâce! Tenez-vous!
43:30 - Je ne fais que ça. Où irons-nous, madame?
43:33 - Nous dormirons ce soir à Pontoise, puis nous essaierons de gagner le Havre de Grâce.
43:37 - Si nous y parvenons, il faut que les prêts n'instant de répit
43:40 et que nous ne soyons derrière les bonnes murailles de ma place de guerre.
43:43 Mais nous n'atteindrons pas le Havre.
43:45 - Une fois sortis de Paris, nous crèverons les chevaux!
43:48 - La févroté royale ira plus vite que nous.
43:50 Et alors, où que nous soyons sur la route, quand on apprendra ma chute et mon arrestation,
43:54 le peuple me massacrera.
43:56 Souvenez-vous de ce pauvre grand chenil.
43:59 Après la piste là, dont on lui a volé ses vêtements,
44:02 on l'a enterré, déterré, rôti et pour partie mangé.
44:05 De grâce, débourné!
44:07 - S'il vous plaît.
44:09 - Ah, mon ami, vous êtes assez bon pour venir me dire adieu.
44:14 - Non, monsieur le cardinal. - Non?
44:16 - Non, je n'ai aucune raison de vous dire adieu. - Pourquoi cela?
44:19 - Parce que vous ne partirez point. Du moins pour l'instant.
44:22 - C'est ma seule chance.
44:24 - Le roi vous a-t-il ordonné de sortir du ministère?
44:27 - C'est pire. Il ne m'est pas venu en aide.
44:29 - Monsieur le cardinal, demeurez.
44:32 Qui quitte la partie la perd. - Lui!
44:34 - Lui, perdu! - Votre gloire!
44:36 Vous commande de rester ici.
44:38 Tant que vous n'en êtes point d'assuré.
44:41 - Compte de Tourville?
44:43 C'est un tel remue-ménage dans cette demeure que l'on n'annonce même plus.
44:47 - J'ai un pressant message pour son éminence.
44:50 - Parlez, monsieur. - Ce ne peut être qu'en confidence.
44:53 - Monsieur de Saint-Simon m'envoie prévenir votre éminence
44:57 que le roi est parti pour Versailles et qu'il conviendrait qu'elle s'y rendit.
45:01 - C'est un ordre du roi? - Non, monseigneur.
45:04 - Ce n'est pas un ordre du roi. On veut m'arrêter en Paris sur le chemin de Versailles.
45:08 - Je vous excuse, mais les sentiments que vous porte monsieur de Saint-Simon
45:11 exclutent une possibilité de piège.
45:13 Il croit seulement que votre éminence doit s'expliquer avec le roi.
45:16 - Admettons. Est-ce là une garantie?
45:18 - Vous fallez tout des garanties.
45:20 Quand vous avez commencé de remettre debout ce malheureux royaume...
45:23 - Je n'en peux plus.
45:25 - Trouverez-vous le repos sans connaître votre sort?
45:28 - Vous me tuez.
45:30 - Le cardinal se doit de ressusciter.
45:32 - Vous faites bon marché de sa vie.
45:34 - Mais pas de son honneur.
45:36 - À Versailles.
45:39 - À Versailles.
45:42 (Bruit de voiture)
45:45 (Musique douce)
45:56 (Musique douce)
45:59 - Continuez, dansez.
46:18 (Musique douce)
46:25 - J'ai tout lieu de me réjouir au pied de la madone, monsieur de Mariac.
46:29 Mon fils m'a prouvé son amour par la décision qu'il a prise.
46:32 - Que saint nom de Dieu soit béni.
46:35 (Musique douce)
46:38 - Monsieur le chancelier,
46:49 Sa Majesté vous prie et au besoin vous ordonne
46:52 de gagner Versailles sans tarder.
46:55 (Musique douce)
46:58 - Madame, je remercie de cette élévation votre majesté.
47:05 - Oh! Oh!
47:07 Écoutez! Écoutez!
47:09 Écoutez le roi appelle monsieur de Mariac.
47:12 Le roi appelle monsieur de Mariac.
47:15 Oh! Oh!
47:18 Vous savez ce que ça signifie.
47:22 - Ils ont rassenti mon frère de Vincennes.
47:25 - Monsieur le chancelier, aidez-moi à sortir mon fils d'Aristie.
47:29 - Vous éprouverez, nous vous l'affirmons en conscience,
47:35 les bienfaits d'un gouvernement paternel.
47:38 À Versailles.
47:40 (Musique douce)
47:50 (Musique douce)
48:18 - Le voilà, messieurs.
48:21 Au nom du roi, arrêtez!
48:29 Je dois m'assurer de votre maitre.
48:32 - Le voilà.
48:39 - C'est bien. Nous allons le recevoir.
48:45 - C'est une ère nouvelle qui s'ouvre pour le royaume.
48:49 - Vérifiez, monsieur, le saut du Dauphiné,
48:55 celui de Navarre et celui de France.
48:58 - À rapporter au roi.
49:04 - Maintenant, monsieur, vous plairait-il de me faire place dans votre carrosse?
49:11 - Je vous en prie, monsieur le cardinal.
49:14 - Sir.
49:33 - Monsieur le cardinal, nous avons en vous le plus fidèle
49:37 et le plus affectionné des serviteurs qui soit au monde.
49:40 - Monsieur le cardinal, vous avez fait un grand mystère.
49:43 Je ne voudrais point apparaître comme la cause d'une rupture si douloureuse
49:46 entre votre majesté et sa mère.
49:48 - Nous sommes plus obligés à notre état qu'à notre mère.
49:52 Au demeurant, vous auriez-vous manqué que nous vous aurions abandonné.
49:57 Mais nous savons bien qu'elle n'a aucun sujet de se plaindre de vous.
50:02 Continuez à nous servir comme vous l'avez toujours fait.
50:06 Nous vous soutiendrons contre les intrigues de vos ennemis.
50:10 - Vous ne demandez pas où nous vous menons?
50:18 - Non. Je vous demanderai seulement, si la route doit être longue,
50:23 de m'arrêter pour les offices d'Ivan.
50:35 - Le chancelier est interné à Châteaudun.
50:38 Son frère, le maréchal, arrêté dans son camp est déféré à des juges aux Andres.
50:42 - Je sais, je sais tout cela, monsieur Despernon.
50:44 - Faites un vacarme, madame, faites un vacarme.
50:47 Vous savez bien que nous autres, nous tirons l'épée comme au temps du roi Henri III.
50:51 - Ah, quoi bon, voyons. Vous ne connaissez pas le cardinal.
50:53 - Pourtant... - Vous ne le connaissez pas.
50:56 Il n'y a pas d'homme plus abattu quand la fortune lui est contraire.
51:00 Il devient plus redoutable qu'un dragon quand il a le vent en poupe.
51:06 - Je demande à votre majesté de bien vouloir faire excuse.
51:09 - Que voulez-vous? - Monsieur le duc Despernon?
51:12 - On me connaît. - Le roi vous donne 24 heures pour quitter Paris.
51:15 - Mais... - Cet ordre s'applique également à monsieur le duc de Belgare.
51:20 - Et... si je...
51:24 Monseigneur, je n'aurai pas l'impertinence de bailler un conseil à un duc épaire.
51:30 Mais qu'il me soit permis de vous informer qu'au regard de la majeure,
51:34 je vous informe qu'au regard de quelques autres, la mesure est clémente.
51:39 - La mesure est clémente.
51:43 - Voyez le maréchal de Mariac.
51:47 Il a été décapité ce matin.
51:51 - Mariac?
51:55 Il est un femme. Il a osé?
52:00 (pleurs)
52:03 (cri)
52:08 Non. Non!
52:12 Non!
52:15 - Nous sommes plus obligés à notre état qu'à notre mère.
52:19 Il s'est déchiré le coeur, le stoïcien, en prononçant ces mots-là.
52:23 Et dès lors qu'il le proclamait, tout devenait possible.
52:27 - Pourquoi avoir fait décoller le maréchal de Mariac?
52:30 - Le roi y tenait.
52:32 - Pas vous?
52:34 - En d'autres occasions, j'ai voulu des exemples,
52:36 mais cette fois, j'avais demandé une amnistie générale.
52:38 - Sans la reine-mère, me voilà privée de toute charge de cour.
52:41 - Ma nièce, il vous en sera trouvé une autre.
52:44 - C'en est fini, des colères de Junon.
52:47 Elle s'en est allée porter son courroux aux Pays-Bas.
52:50 - Vous l'avez incité à sa petite évasion.
52:52 - Et sa sortie a été une purgation salutaire.
52:56 - Eh bien, père Joseph, des nouvelles de l'empereur?
52:58 - Ah! Notre ami l'empereur.
53:01 - Ah! Ténébroso, cavernoso.
53:03 - Vous le comparez parfois au prophète Ézéchiel.
53:05 - Le père Joseph a toujours été les deux à la fois amants.
53:08 - L'empereur est en grande difficulté depuis que nous avons mis fin à nos litiges par les traités de Cherasco.
53:15 - Sans les traités, la cabale se furent levées.
53:18 - La majesté impériale, malgré le rappel et les protocoles,
53:24 est bien héritée par l'avance de Gustave Adolphe.
53:27 - Nous allons enfin briser la tenaille aspergeoise.
53:32 - Nous allons enfin briser la tenaille aspergeoise.
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