Un Mystère par Jour - 1970 - Série 2 - Episode 07

  • il y a 6 mois
DB - 02-03-2024
Transcript
00:00 [Musique]
00:14 Je vous ai présenté une étrange affaire d'assassinat
00:17 dans une villa au bord de la mer
00:20 par une nuit d'équinoxe.
00:22 L'ancien capitaine au long cours
00:25 prétendait avoir été surpris en plein sommeil
00:28 par la présence dans sa chambre d'un inconnu.
00:31 Se croyant menacé, il aurait alors pris son revolver
00:34 dans le tiroir de sa table de nuit
00:37 et de son lit, il aurait abattu le visiteur.
00:40 Cette version des faits permettait de plaider la légitime défense.
00:44 Malheureusement pour le golec, cette version était inexacte.
00:48 Voilà.
00:56 Qui c'est?
00:58 Je ne sais pas.
01:00 Qu'est-ce qu'il fait là?
01:02 Je ne sais pas non plus.
01:04 Qu'avait-il dit?
01:06 C'était un homme de haute taille.
01:08 Je voyais sa silhouette se découper sur la fenêtre.
01:11 Vous avez entendu?
01:13 Sa silhouette se découper sur la fenêtre.
01:16 Le golec prétendait avoir aussitôt tiré.
01:19 La première balle n'avait fait qu'effleurer l'épaule de l'inconnu.
01:23 Mais le golec avait menti.
01:25 Car si l'homme s'était trouvé dans sa chambre devant la fenêtre,
01:29 cette fameuse première balle,
01:31 après avoir arraché le tissu de la veste,
01:34 aurait fracassé la vitre.
01:36 En réalité, le meurtre avait été commis dans une pièce du rez-de-chaussée.
01:42 On retrouva la balle perdue qui s'était logée dans une tapisserie.
01:46 Le golec avait organisé cette mise en scène
01:49 pour accréditer la thèse de la légitime défense.
01:52 Contrairement à ce qu'il prétendait, il connaissait fort bien la victime
01:55 qui avait été son associée dans quelques affaires douteuses
01:59 au temps où il bourlinguait dans les mers de Chine.
02:03 L'homme avait retrouvé la trace de le golec
02:06 et s'était mis en tête de faire chanter son ancien complice.
02:10 Le golec, pour intimider le maître chanteur,
02:14 avait sorti son revolver.
02:16 On n'est pas toujours maître de ses impulsions un soir de grande marée.
02:22 C'est du moins ce qu'a affirmé l'avocat de la défense.
02:29 La bataille de Marignan.
02:37 Oui, oui, je sais, je sais, 1515.
02:40 Peut-être vous attendez-vous à ce que j'évoque ce soir
02:45 le combat fameux qui opposa François Ier aux Suisses de la Sainte-Ligue
02:49 ou que je vous raconte tel ou tel méfait commis par un gentilhomme de la suite du roi.
02:55 Non, non, rassurez-vous, vous n'assisterez pas à une rétrospective historique.
03:00 La bataille de Marignan dont je vais vous parler est un tableau.
03:05 Jusqu'au printemps dernier, il constituait le principal ornement
03:10 du musée municipal de Montrécis-sur-Côdre.
03:13 C'est un de ces musées de province comme il en existe des milliers en France.
03:18 Orgueil des petites villes qui ont rassemblé là tous leurs trésors.
03:23 Tout ça n'a souvent d'autre valeur que sentimentale.
03:27 Mais le musée de Montrécis-sur-Côdre, lui, possédait la bataille de Marignan.
03:35 Merci, monsieur Darwin.
03:42 Nous voici dans la salle Justin de Pellégru,
03:45 ainsi nommé en l'hommage au vicomte Justin de Pellégru,
03:49 1852-1944,
03:52 qui fit donc de ses collections personnelles à la ville.
03:55 À ma droite, un vase de sèvres autentiques,
03:59 un vase de sèvres de la ville de Montrécis-sur-Côdre,
04:03 un vase de sèvres de la ville de Montrécis-sur-Côdre,
04:07 un vase de sèvres de la ville de Montrécis-sur-Côdre,
04:11 un vase de sèvres authentiques offerts à la Duchesse Douerière de Pellégru
04:15 par Sa Majesté la Reine Amélie à l'occasion de son 78e anniversaire.
04:20 À ma gauche, une tapisserie des gobelins datant de la fin du XVIe siècle
04:26 et représentant une scène de chasse.
04:29 Vous remarquerez la grâce élancée de la biche qui sort des bois poursuivie par des chiens.
04:34 Derrière moi, vous pouvez admirer la bataille de Marignan,
04:38 peinture à l'huile attribuée à un élève de Léonard.
04:42 Dans le coin supérieur gauche, l'artiste a réalisé un effet de contre-jour
04:47 qui contraste avec le brillant des armures et fait ressortir la profondeur de la scène.
04:52 Par ici, la suite de la visite.
04:55 - Hé ! La bataille de Marignan !
05:02 On a volé la bataille de Marignan !
05:05 On a volé la bataille de Marignan !
05:08 C'est pas croyable !
05:17 - Pas croyable, pas croyable !
05:19 N'empêche qu'on l'a volé, votre tableau !
05:23 - C'est pas malheureux ? Il était encore là à midi.
05:26 - C'est intéressant, ça.
05:29 À midi, dites-vous. Et après ?
05:33 - J'ai fermé la grande porte.
05:35 Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi,
05:38 de 9h à midi et de 15h à 18h.
05:41 - C'est donc à la réouverture, à 15h,
05:44 que vous avez constaté la disparition du tableau ?
05:47 - Ben oui. - D'où.
05:50 Je conclue...
05:52 que le vol a été commis entre 12h et 15h.
05:58 - C'est pas possible ! Je vous dis que la porte était fermée !
06:01 - À clé ! Le trousseau ne me quitte jamais !
06:04 - Y a pas d'autre issue ?
06:15 - Ben... Il y a la porte de service qui donne derrière l'immeuble.
06:19 - Fermée à clé, elle aussi ?
06:22 - Ben oui. Mais la serrure est cassée.
06:30 - Je l'ai dit je ne sais combien de fois, M. le maire.
06:32 Cette porte à jour, elle nous fera des ennuis.
06:34 Ben voilà, ça y est.
06:36 - Allez, circulez, messieurs-dames.
06:39 - C'est pas grave. - Allez, circulez, y a rien à voir.
06:41 - Qu'est-ce qui se passe, Léonie ? - On a volé la bataille de Marignan.
06:43 - Et le voleur est passé par là ? Ben dites donc, j'aurais pu le voir.
06:46 - Vous ?
06:48 - Aujourd'hui, je faisais la terrasse. Il est passé à l'heure du service.
06:51 - Entre 12h et 15h. - Alors je l'ai sûrement vu.
06:54 Il ressemblait à quoi, votre voleur ?
06:56 - Comment voulez-vous que je vous le dise ?
06:58 - Vous pouvez nous renseigner, si vous l'avez vu.
07:00 - Attention. Quand je dis vu,
07:02 toutes les tables étaient occupées, j'étais débordée.
07:04 J'ai pas eu le temps de regarder ce qui se passait ailleurs.
07:06 - Autrement dit, vous ne savez rien.
07:09 - C'est quoi, votre bataille de Marignan ? Une statue ?
07:12 - Non, un tableau.
07:14 - Une pièce unique. - Un tableau ?
07:16 Attendez, ça me rappelle quelque chose.
07:20 Un tableau, vous dites ?
07:22 Je crois bien que je le connais, votre voleur.
07:24 Il y avait un client à la table du coin.
07:27 Sa voiture était rangée là, près de la porte.
07:29 Il a fini de manger vers 2h.
07:31 Il a demandé l'addition. - Bon, bon, bon, alors ?
07:33 - Un moment après, je l'ai vu qui fourgonnait dans son coffre.
07:36 Il y rangeait quelque chose. - Quoi ?
07:38 - Un grand machin plat emballé dans une vieille toile.
07:41 - La bataille de Marignan !
07:43 - Ça se pourrait bien.
07:45 Et qui était ce client ? - Je sais pas.
07:47 Un drôle de type. Il est sûrement pas d'ici. Il avait une sale tête.
07:50 - Il était seul ? - Oui.
07:52 - Il a parlé à personne ? - Non.
07:56 - Attendez.
07:58 Il m'a demandé s'il pouvait téléphoner.
08:00 - Quand je lui ai dit qu'il n'y avait pas de cabine, il a eu l'air contrarié.
08:19 Il parlait doucement, pour que j'entende pas.
08:21 - Et vous n'avez pas entendu ? - Pas grand-chose.
08:24 Ah, si ! Il a dit, juste au début,
08:27 "Ici, Jacques Joubès."
08:30 - Ah ! Ça doit être son nom, ça. Et puis, c'est tout ?
08:33 - Non. Il a parlé d'une marchandise qu'il fallait livrer cet après-midi sans faute.
08:38 - "Marchandise à livrer" ? Tiens, tiens, tiens.
08:40 - La bataille de Marignan ! - Ça se pourrait bien, oui.
08:43 - Ah ! J'oubliais aussi. À la fin de la communication,
08:46 il a parlé du camping, sur la route de Saint-Marcel.
08:50 (Musique de marchandises)
08:53 - Il n'y avait pas de temps à perdre.
08:57 L'adjudant se rendit sur le champ, au terrain de camping.
09:00 Le surveillant lui confirma qu'un certain Jacques Joubès y avait planté sa tente.
09:07 Pour le moment, il était absent,
09:09 mais il reviendrait certainement avant la fin de l'après-midi.
09:13 L'adjudant lui demanda de le prévenir par téléphone dès le matin.
09:17 Il lui demanda de le prévenir par téléphone dès le retour de Joubès.
09:21 Puis, il regagna la gendarmerie pour rédiger son rapport
09:25 et alerter la police judiciaire.
09:28 À 16h35, le surveillant téléphonait que Joubès venait de regagner sa tente.
09:33 À 16h40, l'adjudant était là.
09:36 - C'est vous, Joubès ?
09:41 - Oui. Pourquoi ? - Vous ne vous en doutez pas.
09:44 La bataille de Marignan, ça vous dit quelque chose ?
09:47 - Vous voulez me faire passer un examen ?
09:49 - Attention, hein ! Vous savez à qui vous parlez, là ?
09:53 C'est votre voiture ? - Ben oui.
09:57 - Ouvrez le coffre.
09:59 Où est-il ? - Quoi ?
10:10 - Le tableau. - Quel tableau ?
10:12 - Le tableau que vous avez volé. - Quoi ? Vous rigolez ?
10:16 - Discutez pas. On vous a vu.
10:18 - Je comprends rien à cette histoire. On m'a vu voler un tableau, moi ?
10:22 - Oui. On vous a vu le mettre dans votre coffre.
10:25 Je peux même vous dire que vous l'aviez enveloppé dans une vieille toile.
10:29 - Dans une vieille toile ?
10:31 C'était ma table de camping !
10:41 - Ben voyons ! Comme si ça ressemblait à un tableau.
10:44 Et si on parlait de ce coup de téléphone ? - Quel coup de téléphone ?
10:48 - Le coup de téléphone du restaurant.
10:50 "Marchandise à livrer, sans faute, cet après-midi." C'était le tableau, n'est-ce pas ?
10:53 - Qu'est-ce que vous me racontez ? Mais je téléphonais à mon patron !
10:56 - Votre patron ? Vous n'êtes pas en vacances.
10:59 - Mais si ! Mais...
11:01 Vous comprenez. Je suis représentant en article de droguerie.
11:05 Ce matin, en passant à Saint-Marcel, j'ai vu un de mes clients et...
11:08 - Vous travaillez pendant vos vacances ?
11:10 - Je passais devant chez lui.
11:12 Il m'a donné une commande urgente. Il voulait être livré tout de suite.
11:15 - Vous me prenez pour un imbécile ?
11:17 Vous croyez que je vais avaler cette histoire ?
11:19 Que faisiez-vous cet après-midi ?
11:21 - Je suis allé me promener. - Où ?
11:24 - Ben... Par là, dans les bois.
11:27 - Avec qui ?
11:29 - Tout seul. - Voyez-vous ça ?
11:32 Je vais vous dire ce que vous y faisiez, dans les bois.
11:36 Vous aviez rendez-vous avec vos complices, pour leur remettre le tableau que vous aviez volé.
11:41 Allez, j'vous baisse. Préparez-vous.
11:43 - Vous m'emmenez ? - Oui.
11:45 Prenez votre voiture.
11:49 Suivez-moi. Direction la gendarmerie.
11:56 (Musique de la fête)
11:59 - Et quand, une heure plus tard,
12:16 un inspecteur de la PJ arriva pour prendre l'affaire en main,
12:20 l'adjudant lui annonça, avec une évidente satisfaction,
12:24 que tout était réglé.
12:26 - Il n'a pas encore avoué, mais toutes les preuves sont contre lui.
12:31 Nous avons saisi sa voiture. - Vous avez bien fait.
12:34 D'après vous, le voleur s'est introduit dans le musée par l'entrée de service.
12:38 - Je vais vous montrer, monsieur l'inspecteur. C'est à deux pas.
12:51 - Il ne risquait rien. A l'heure du déjeuner, le musée est fermé.
12:55 Il y avait personne. Il a décroché le tableau.
12:58 La porte de service est juste de l'autre côté du couloir.
13:02 (Bruits de pas)
13:05 - Sa voiture était là. Il n'a eu qu'à ouvrir le coffre et y mettre le tableau.
13:26 - Je vois.
13:30 - Vous prendrez bien un petit quelque chose, monsieur l'inspecteur.
13:34 - Je remercie l'adjudant, mais je n'ai pas le temps. Je vais interroger les témoins.
13:38 Au fait, ce type-là, comment s'appelle-t-il, Joubesse, vous pouvez le relâcher.
13:43 C'est certainement pas lui qui a fait le coup.
13:46 - Ce pauvre adjudant, qui était tellement content d'avoir réussi la plus belle enquête de sa carrière.
13:52 D'un seul mot, l'inspecteur avait détruit ses illusions.
13:56 - Mais, au fait, sur quoi se basait le jeune policier pour affirmer que Joubesse n'était pas le coupable?
14:05 Hein? Cherchez un peu. Hein?
14:08 Bon. Non? Bon. À demain. Bonsoir.
14:12 (Bruit de tambour)
14:15 (Sifflement)
14:17 (Bruit de tambour)
14:20 (Bruit de tambour)
14:23 (Bruit de tambour)
14:26 [Son de tambour]
14:28 Merci.

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