• il y a 9 mois
DB - 29-02-2024

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00:00 ♪ ♪ ♪
00:14 - Bonsoir.
00:16 Vous vous souvenez sans doute de l'affaire que je vous ai
00:19 exposée hier, le témoignage de ces trois jeunes filles
00:22 qui accablaient un sportif à l'entraînement dans les
00:25 bois de Saint-Cucufa.
00:26 Eh bien, en réalité, ce triple témoignage était un triple
00:31 faux témoignage.
00:33 Et c'est la surveillante générale qui en a donné la
00:36 preuve au commissaire.
00:37 - La jeune Brigitte s'est assise au pied de l'arbre, en plein
00:42 soleil, alors qu'il était à peu près 18 heures.
00:46 Ses deux camarades à côté d'elle également en plein soleil.
00:50 Mais à 10 heures du matin, cette partie de l'arbre était
00:54 à l'ombre. Elles étaient là pour bronzer, accessoirement,
00:58 pour réviser leur examen.
01:00 Elles étaient donc assises au soleil, c'est-à-dire du côté
01:04 opposé. Dans ces conditions, elles ne pouvaient pas voir
01:08 surgir l'homme d'entre les broussailles à l'endroit qu'elles
01:11 avaient désigné, puisqu'elles lui tournaient le dos et qu'il
01:14 était caché par l'arbre.
01:16 - Mais quoi! Il était tellement amusant d'être les héroïnes
01:20 d'un fait divers. Et puis, ni Brigitte ni Marie-Paul,
01:24 n'auraient accepté de laisser la vedette à une rivale.
01:27 À chaque précision que donnait l'une, l'autre tenait
01:30 à ajouter un détail et un petit mensonge en entraînant
01:33 un autre. L'enquête prouva par la suite que la surveillante
01:37 générale avait vu juste. Le noyé de l'étang était un désespéré.
01:42 Mes noiselles Brigitte, Marie-Paul et Sylvie jurèrent
01:46 qu'elles ne mentiraient plus. Elles furent toutes les trois
01:49 reçues à leur examen. Quant à Robert-Quentin, le sportif,
01:53 il court encore dans les bois de Saint-Cucufa.
01:57 ♪ ♪ ♪
02:05 Ah! Voilà! Un coup au coeur.
02:10 Certains auteurs prétendent que des crimes en assez grand nombre
02:15 restent impunis pour la simple raison qu'ils ne sont jamais
02:19 découverts. Moi, je suis loin de partager ces vues.
02:23 Et je crois personnellement que ce sont des cas
02:27 excessivement rares. Il y a toujours un moment où le
02:30 criminel le plus sûr de lui finit par se trahir.
02:34 Voici, par exemple, une affaire qui s'est déroulée il y a
02:38 quelques années dans une petite ville de Normandie que nous
02:43 appellerons Marteville.
02:49 Nous sommes le 18 mai 1960. Il est près de 14 h.
02:53 C'est dimanche. Mme Veuf-Tricot est encore à table avec
02:57 son neveu Jacques Duval qu'elle reçoit aujourd'hui à déjeuner.
03:01 - Encore un peu de crème renversée.
03:03 - Ah non, non, vraiment, merci, ma tante. Elle était délicieuse,
03:05 mais je peux plus.
03:07 - Ah! Dire que je peux même pas t'offrir de café. Depuis que
03:09 le docteur me l'a défendu, il y en a plus jamais dans la maison
03:11 et j'oubliais d'en faire acheter.
03:13 - Écoute, ça tombe très bien, j'en prends pas.
03:15 - Ah! Aimes-tu toujours les cerises à l'eau de vie?
03:18 T'aurais follé autrefois, tu te souviens?
03:20 - Oui, je me souviens. Je crois même que je vais me laisser
03:22 tenter.
03:24 - Et puis, tu sais, celles-là, c'est moi qui les ai faites.
03:29 Te prends pas de mal.
03:31 Tiens, aide-moi donc. Attrape donc deux petites coupes
03:34 que tu vas trouver dans le buffet à droite.
03:36 J'en prendrai moi aussi.
03:38 - C'est ça? - C'est ça.
03:42 Ah! C'est bien que c'est pas raisonnable, mais qu'est-ce que
03:44 tu veux? T'as pas tous les jours que tu viens me voir.
03:47 - Ah!
03:49 - Merci, ça va. - Bon.
03:54 - Ça fait combien d'années que t'étais pas venue à Marteville?
03:57 - Écoute, quatre ans. Oui, depuis la mort de papa.
04:00 - Voilà.
04:02 Eh bien, la prochaine fois...
04:04 Tarde pas trop, parce qu'alors, ça sera au cimetière
04:09 que tu me trouveras. - Allons, allons.
04:11 Faut pas vous laisser abattre. Vous avez une mine magnifique.
04:14 - C'est bien aimable, mais tu sais, je connais pas
04:17 mon état. Le docteur Gamay me l'a pas caché, d'ailleurs.
04:20 Déjà fait trois attaques à la quatrième.
04:23 Mon coeur, il résistera pas. - Non, à ce point?
04:26 - Oh, mais tu sais, sois tranquille. Je fais très attention.
04:29 Pas d'émotions fortes, pas d'écart de régime, pas d'effort.
04:34 Mais cinq minutes pour monter à ma chambre.
04:36 - Je suis désolé, je suis venu vous donner du travail en plus.
04:39 - C'est pas parce que la bonne est sortie que je vais pas te recevoir.
04:43 - Quand rentre-t-elle?
04:45 - Après 11 heures, après le cinéma.
04:48 Elle fera la vaisselle demain matin.
04:50 (sonnerie)
04:51 - Ça doit être Moulin. Vous savez, le gros Roger Moulin.
04:54 Je lui avais demandé de passer vers 2 heures.
04:56 - Tu t'en vas déjà?
04:58 - Vas-y, entre. Ça va? - Ça va.
05:09 Je vais déranger. - Non, entre une minute.
05:12 - C'est ça. - Vas-y, vas-y.
05:15 - Oh!
05:16 - Vous connaissez Moulin?
05:18 - Bonjour, madame.
05:20 - Ah! Dire que je vous ai connus si petit.
05:23 Vous prendrez bien une cerise à l'autre ville?
05:25 - Ce serait avec plaisir, mais j'ai peur qu'on soit en retard pour l'inauguration.
05:29 - Que voulez-vous, madame? Nous sommes deux anciens piliers de l'Athletic Club de Marteux.
05:33 - On ne peut pas inaugurer le stade sans nous.
05:35 - Bon, on va retrouver tes camarades.
05:37 Mais tu me promets de revenir me dire bonsoir avant d'aller... de retourner à Paris?
05:41 - Oui, c'est promis.
05:42 - J'aurai une surprise pour toi.
05:44 - En fait de surprise, Jacques Duval, retournant chez sa tante après le vin d'honneur à la mairie,
05:51 découvrait la vieille dame dans sa chambre, morte.
05:54 Il était juste 19 h 2 min.
05:57 À 19 h 17, il appelait au téléphone le Dr Gamay,
06:02 et quelques minutes plus tard, le médecin était là.
06:05 Hélas, il n'y avait plus rien à faire.
06:07 - Merci.
06:11 - Si ça peut vous consoler, elle n'a certainement pas souffert.
06:14 - D'après vous, à quelle heure ça s'est passé?
06:17 - La crise a dû se produire au début de l'après-midi, aux alentours de 3 h peut-être.
06:22 - Quand je pense à cette heure-là, j'étais au stade.
06:25 - De toute manière, vous savez, dans l'état où étaient ses coroners,
06:29 moi, je m'y attendais d'un jour à l'autre.
06:32 Il suffisait d'un rien, un trottement de pas, un effort physique, une émotion, et...
06:37 C'était la surcharge.
06:39 - Nous avons déjeuné ensemble. Elle était très guée. Elle a repris de tout.
06:43 - Eh bien, voilà. Ne cherchez pas plus loin.
06:46 - Personne ne chercha plus loin.
06:48 La vieille dame eut un très bel enterrement.
06:51 Et quelques semaines plus tard...
06:53 Maître Chassieu notéra Marteville,
06:58 convoquait en son étude les héritiers Tricot.
07:01 - Je vous prie d'accepter mes condoléances.
07:04 - Succession Veuve Tricot.
07:06 Asseyez-vous.
07:11 Laissez-nous.
07:17 Vous devinez sans doute, messieurs, pourquoi je vous ai demandé de passer en mon étude.
07:23 Votre tante, Mme Veuve Tricot, avait déposé chez moi son testament
07:26 et m'avait chargé d'en assurer l'exécution.
07:29 Je vais d'abord vous en donner l'écriture.
07:32 Je vais d'abord vous en donner l'écriture.
07:35 Ceci est mon testament qui révoque toute disposition antérieure.
07:41 Je sous-signais, Framuse et Emilienne Georgette,
07:44 Veuve de Tricot, Marcel Gustave,
07:46 lègue à Norbert Tricot, mon neveu,
07:48 la totalité de mes biens immobiliers, à savoir...
07:51 La ferme du Préau, avec les terres qui lui appartiennent,
07:53 12 hectares de bois sur la commune de Merteuil et ma maison de Marteville,
07:56 moins les meubles que je lègue à mon neveu Jacques Duval,
07:59 fils de ma soeur Blanche décédée.
08:01 Je lègue également à Jacques Duval la totalité des valeurs.
08:04 Titres nominatifs et titres porteurs,
08:06 billets de banque et métal précieux
08:08 qui se trouvent dans le coffre de ma chambre,
08:10 à charge pour Jacques Duval de prélever une somme de 5 000 francs
08:13 qu'il remettra à maître Chassieu, mon auteur,
08:15 pour le remercier de ses soins.
08:17 Fait, écrit, daté et signé entièrement de ma main en toute lucidité
08:20 à Marteville, le 22 septembre 1956.
08:23 Messieurs, voulez-vous examiner ce document ?
08:27 Oh, vieille tante ! Je ne savais pas qu'elle avait un coffre.
08:30 Ici, voyons, ce vient toujours.
08:32 Quelle idée de garder toutes ces valeurs chez elle.
08:34 Votre tante était une vieille cliente de l'étude.
08:36 Elle me demandait souvent conseil et elle m'écoutait presque toujours.
08:39 Mais il y a une chose à laquelle je n'ai jamais pu la décider,
08:42 c'est de mettre sa fortune à la banque.
08:44 Elle n'avait pas confiance.
08:45 Elle préférait son coffre.
08:47 À vrai dire, ce n'était même pas un coffre fort,
08:49 mais une sorte de meuble en ébène,
08:51 avec une serrure sans combinaison,
08:53 dont elle gardait la plaie dans le tiroir de sa table de nuit.
08:55 Incroyable ! N'importe qui aurait pu la dévaliser.
08:58 Les salaires ont été levés hier après-midi
09:01 et j'ai fait procéder par huissier à l'inventaire du coffre.
09:04 Je vais vous en donner la lecture.
09:06 Quatre paquets d'actions en bourse
09:08 dont la valeur sera appréciée ultérieurement.
09:10 Une liasse de bon du trésor pour un montant de 150 000 francs.
09:13 Plusieurs rouleaux de pièces d'or,
09:14 évalués approximativement à 120 000 francs au cours actuel.
09:17 Un coffret en marqueterie,
09:18 contenant des bijoux dont l'inventeur sera dressé
09:21 sous réserve d'expertise.
09:23 Et un livret de caisse d'épargne au nom de la défainte.
09:26 Et le portefeuille ?
09:28 J'allais y venir.
09:30 Un portefeuille contenant 50 000 francs en billets de banque.
09:35 Je le mentionne à part parce que je connaissais
09:38 la volonté formelle de ma cliente à cet égard.
09:40 Elle m'avait chargé, quelques jours avant sa mort,
09:43 de négocier certains titres pour réaliser cette somme.
09:46 C'était un cadeau pour vous, M. Duval.
09:49 Pour moi ?
09:50 Oui. Elle était tellement contente de votre visite
09:52 qu'elle voulait vous en faire la surprise au moment de votre départ.
09:55 Vous étiez au courant ?
09:56 Ah non, pas du tout.
09:58 Alors, comment connaissiez-vous l'existence de ce portefeuille ?
10:02 Réponds, Jacques.
10:05 Qu'est-ce que ça signifie ?
10:07 Le soir même, Jacques Duval se livrait à la police
10:15 et s'accusait en sanglotant du meurtre de sa tante.
10:19 Il n'avait pas l'étoffe d'un criminel.
10:22 Mais de quoi s'accusait-il au juste ?
10:26 Comment avait-il pu faire mourir la vieille dame ?
10:30 Et dans toute cette affaire, quel rôle avait joué
10:33 le fameux portefeuille bourré de billets de banque ?
10:36 Hein ?
10:37 Ah, peut-être.
10:39 Avez-vous déjà trouvé ? Non ?
10:41 Ah bien, en tout cas, vous avez jusqu'à demain soir pour réfléchir.
10:45 Demain soir, nous ferons toute la lumière sur cette affaire.
10:48 À demain. Bonne soirée.
10:50 Sous-titrage Société Radio-Canada
10:53 ...

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