Un Mystère par Jour - 1970 - Série 1 - Episode 08

  • il y a 7 mois
DB - 29-02-2024
Transcript
00:00 ♪ ♪ ♪
00:18 - Vous vous souvenez, je pense, de l'affaire
00:20 que je vous ai présentée hier soir.
00:22 Jacques Duval s'accusant du meurtre de sa tante.
00:25 Voici, comme promis, toute la lumière
00:28 sur cette affaire telle qu'elle est apparue
00:31 au cours de la Reconstitution.
00:33 Jacques Duval connaissait, quoi qu'il en eût dit,
00:36 l'existence du coffre
00:38 où la vieille dame gardait sa fortune.
00:40 En parlant du portefeuille, il l'avait implicitement admis.
00:44 L'héritage tardait à venir,
00:47 et en ce beau dimanche de mai, Jacques Duval décida
00:49 de donner un coup de pouce au destin.
00:53 Pendant que sa tante est occupée à préparer le déjeuner,
00:56 il monte à la chambre, ouvre le coffre,
01:02 le vide de son contenu...
01:05 qu'il dissimule à peine en haut d'une armoire.
01:16 Lorsque, vers 14h30, Mme Tricot monte à son tour
01:19 dans sa chambre, elle s'aperçoit que le coffre est vide.
01:23 C'en est trop, la surprise est trop forte.
01:25 Après un déjeuner copieux, son vieux coeur,
01:27 fatigué par l'ascension de l'escalier,
01:29 ne résiste pas à ce nouveau coup.
01:33 À la fin de la journée, à 19h02, très exactement,
01:36 Jacques Duval retourne chez sa tante
01:38 et la trouve morte dans sa chambre.
01:42 Il remet tout en place...
01:45, et il appelle le docteur.
02:13 Souvenez-vous, il est 19h17.
02:16 - Jacques Duval n'était qu'un amateur.
02:23 Si ses nerfs n'avaient pas craqué,
02:26 souvent les nerfs des comédiens craquent.
02:29 Il aurait accompli un crime parfait
02:32 et nous n'en aurions jamais rien su.
02:35 Évidemment, une émotion même forte
02:37 tue moins sûrement qu'une balle de revolver.
02:40 Le coeur de la vieille dame aurait pu résister.
02:43 Eh bien, dans ce cas, que risquait le neveu?
02:46 Après tout, il n'avait rien volé.
02:49 ♪ ♪ ♪
02:56 Euh...
02:58 Ah! La chimère.
03:01 La chimère.
03:03 Ah oui, oui, je sais pourquoi j'ai choisi la chimère.
03:06 Parce que j'ai reçu ce matin...
03:09 ce matin même une lettre
03:12 d'une téléspectatrice d'Avennes,
03:15 Avennes dans le Nord, qui m'écrit ceci.
03:18 "Pourquoi nous présentez-vous toujours des crimes?
03:21 "N'avez-vous point dans vos dossiers
03:22 "des affaires d'escroquerie
03:24 "qui, sans être aussi spectaculaires que des meurtres,
03:26 "pourraient néanmoins nous intéresser?"
03:29 Eh bien, vous avez tout à fait raison, madame Dumoulin.
03:31 Dumouli... Dumoulé.
03:33 Ben, Demou... Demou... Demoulin.
03:36 Enfin, excusez-moi, je peux pas lire votre signature.
03:39 Si mes dossiers concernent surtout des affaires criminelles,
03:44 c'est bien normal pour un criminologiste,
03:47 j'ai également quelques cas d'escroquerie
03:51 qui me semblent très intéressants
03:53 par l'originalité de leurs mécanismes
03:56 ou par la personnalité de leurs auteurs.
04:00 Pourquoi, pour quelle raison profonde,
04:03 des êtres que rien ne destinait à devenir des malfaiteurs,
04:08 se sont-ils brusquement mis hors la loi?
04:12 C'est la question que je me suis posée,
04:14 en particulier à l'examen de ce dossier.
04:18 L'affaire remonte à...
04:24 Euh...
04:26 Oh, ben, peu importe, peu importe,
04:28 c'est une affaire récente.
04:32 - Ce jeune homme s'appelle Robert.
04:34 Et voici Silvio Scott,
04:36 antiquaire renommé, spécialiste internationalement connu
04:39 de l'art chinois de la haute époque.
04:42 Robert n'est pas valet de chambre.
04:46 Quand on parle de lui, on dit le stagiaire.
04:49 Il est le neveu de l'associé de Silvio Scott,
04:51 Nicole Mercier.
04:53 Quant à ce monsieur, eh bien, c'est un client.
04:55 - C'est tout à fait normal que vous vouliez revoir cette pièce.
04:59 - Ah, que c'est joli, quel merveilleux!
05:01 Je ne me lasse pas de le regarder.
05:03 - Le poli est particulièrement beau.
05:06 - C'est vrai.
05:07 Je crois que je vais me décider.
05:09 OK, c'est une folie, mais je l'achète.
05:14 - Ah!
05:15 Une très jolie folie.
05:18 Si vous voulez bien me suivre.
05:20 Pardon.
05:21 Asseyez-vous, je vous en prie.
05:28 Une pièce unique.
05:35 Il n'y en a pas dix de cette qualité dans le monde.
05:38 Ah, voici M. Scott.
05:40 Monsieur s'intéresse à cette chimère.
05:42 - Je regrette, monsieur, cette pièce n'est pas à vendre.
05:45 - Comment? Je paie? En dollars?
05:48 - La question n'est pas là, monsieur.
05:49 C'est une pièce d'une valeur inestimable
05:51 et je n'ai pas l'intention de m'en défaire.
05:53 - Mais pourquoi, mademoiselle, m'a-t-elle montré alors?
05:55 - Mademoiselle n'était pas au courant, voilà tout.
05:57 - Elle était là pour vendre, non?
06:00 - Non, pour l'exposition.
06:03 - Je suis là, frère, monsieur. - Monsieur.
06:04 - Absolument désolée. - Je regrette, croyez-le bien.
06:07 - Je vous prie encore de m'excuser.
06:11 - Écoutez, écoutez, si le change d'avis,
06:13 téléphonez-moi au Grand Hôtel, à la chambre 412,
06:16 avant la fin de la semaine, OK?
06:18 - D'accord, OK. Au revoir, monsieur.
06:20 Maintenant, Sylvion, expliquez-moi.
06:31 - Je ne crois pas que vous soyez en mesure de comprendre.
06:33 Je peux peut-être essayer.
06:35 - Il m'a fallu 30 ans pour avoir cette chimère.
06:38 Oui, 30 ans.
06:40 Tout a commencé en 1938, chez Stuker, de Bern.
06:45 À la dernière minute, un Hollandais a couvert mon enchère.
06:49 J'ai suivi sa trace pendant toute la guerre,
06:51 et en 1947, quand Paul Brandt, d'Amsterdam,
06:56 a été chargé de la vendre,
06:58 j'ai fait une offre,
06:59 et un gros Anglais l'a emmenée sous mes yeux.
07:03 En '55, il l'a vendue, seulement, malheureusement,
07:06 je l'ai eue trop tard.
07:07 Malcom Collins s'en était déjà rendu acquéreur.
07:09 Alors, j'ai attendu, une fois encore.
07:12 Et chaque fois que cette chimère était exposée,
07:15 j'allais la voir.
07:17 Et il y a trois mois, j'ai appris que Collins était mort,
07:21 que sa collection allait être dispersée.
07:24 Alors, je me suis trouvé à Londres, chez Sotheby's,
07:26 deux heures avant que ne commence la vente.
07:28 Et cette fois, je l'ai eue.
07:29 - À quel prix? - Ah!
07:32 J'étais sûr que vous ne comprendriez pas.
07:35 - Eh bien, moi, ce dont je suis sûre,
07:37 c'est qu'un client était là, il y a cinq minutes,
07:40 prêt à acheter cette chimère à n'importe quel prix.
07:43 - À n'importe quel prix?
07:44 Ben oui, justement, c'est le genre de client
07:45 auquel je ne veux pas vendre.
07:47 - Mon cher Silvio, avant d'être collectionneur,
07:50 un antiquaire est un commerçant.
07:52 - Oui, oui, je sais.
07:53 Pour vous, antiquité doit être synonyme de profit.
07:56 Vous vendez les objets d'art comme si ça n'était que des...
07:58 - Des épiceries, c'est ce que vous pensiez, n'est-ce pas?
08:01 - Ça m'arrive parfois, je ne vous le cache pas, oui.
08:03 - Tandis que vous, vous ne vous arrêtez pas
08:05 à des détails aussi mesquins que le chiffre d'affaires.
08:08 Vous refusez des clients. Très bien.
08:10 Peut-être n'avez-vous les moyens. Moi, pas.
08:13 - Vous vous rattraperez sur une prochaine affaire.
08:15 Je vous fais confiance.
08:17 La petite Nicole.
08:19 - Dis, tante Nicole,
08:30 il y a quelque chose qui ne va pas?
08:32 - Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler tante Nicole.
08:34 - Devant les clients? Mais il n'y a personne.
08:37 - Non plus, à ton âge, c'est ridicule.
08:40 Oh non, oh non, écoute, je t'en supplie, arrête,
08:46 tu vas encore tout casser.
08:48 Arrête, pose ça.
08:50 - Silvio Scott devait s'absenter à la fin de la semaine
08:59 pour assister à une vente organisée par la Galerie Brera
09:02 à Milan. Nicole Mercier décida de profiter de l'occasion.
09:06 Elle téléphona au Grand Hôtel.
09:09 Et le jeudi 29 avril 1963,
09:15 alors que l'avion de Silvio Scott venait à peine de quitter Orly,
09:18 le même client se présentait au magasin.
09:21 On avait volé le Bouddha.
09:28 La police fit une enquête rapide.
09:30 Personne ne s'était introduit clandestinement dans le magasin.
09:34 On trouva deux séries d'empreintes sur le coffret,
09:37 celles de Nicole Mercier et celles de Robert un peu partout.
09:41 Les journaux accordèrent 30 lignes à l'affaire.
09:46 La police lui consacra trois jours.
09:47 Elle avait bien d'autres occupations et de toute façon,
09:50 l'objet était assuré pour une très forte somme.
09:53 Quelques jours plus tard...
09:56 - Monsieur? - Bonjour.
09:58 - Vous êtes le patron? - Non, stagiaire seulement.
10:04 Ah!
10:06 Ah, ben dites donc! C'est joli tout ça.
10:09 Faut en avoir pour cher.
10:11 Ah!
10:13 - Ah ben, même l'heure est ancienne. - C'est pas mal.
10:16 Alors, vous avez vu le patron?
10:18 - Oui. - C'est pas mal.
10:20 - Vous avez vu le patron? - Oui.
10:22 - Vous avez vu le patron? - Oui.
10:25 - Alors, c'est vous, Robert? - Vous connaissez mon nom?
10:30 - Emile Joubes, inspecteur d'assurance.
10:36 Pardon.
10:38 Ah, ben, il y a une pièce à côté.
10:40 Mais c'est quoi exactement un stagiaire?
10:43 Ah, des tableaux, des tableaux.
10:47 Ah, ah, ah, pitié.
10:49 Dites-moi, jeune homme,
10:53 le truc qui a été volé, c'était gros comment?
10:56 - Le bouddha? - Oui, le bouddha.
10:59 - Bon, comme ça, à peu près.
11:02 - Oui, en somme,
11:04 on pouvait facilement le cacher dans une poche.
11:07 Ou bien...
11:09 - Ah, c'est le sac de ma tante.
11:12 - Comment? Votre tante?
11:15 Ah, ben oui, Mme Mercier.
11:18 Mais dites donc, ça doit être agréable de travailler en famille.
11:21 - Oui.
11:23 - Ah, et ça, qu'est-ce que c'est? C'est un buffet?
11:25 C'est une armoire? Enfin, c'est chinois, en tout cas.
11:27 - Oui.
11:30 - Robert, faites attention à votre cigarette.
11:32 Vous allez brûler ce bureau.
11:34 Tenez, portez ça sur le commissaire Prizeur.
11:36 - À l'hôtel Drouot?
11:38 - Mais non, à son domicile personnel.
11:40 C'est sur l'enveloppe, mon vieux. Regardez.
11:42 Attention, vous allez renverser cette statuette.
11:45 Mon Dieu, quel petit imbécile!
11:48 - Ah, vous...
11:50 Vous êtes dur avec lui.
11:53 Oh! Oh, pardon, j'aurais dû me présenter.
11:56 - Émile Joubès, inspecteur d'assurance.
12:02 - Officier de police en retraite.
12:04 Permettez. Merci.
12:07 La compagnie m'a chargé de faire une petite enquête.
12:13 L'indemnité est très élevée,
12:18 et ces messieurs...
12:20 - Vous savez, aucune somme ne remplacera jamais
12:22 cet objet auquel j'étais très attaché.
12:24 - Ah, hélas, hélas, hélas.
12:26 Bon, qu'est-ce que je disais?
12:29 Je disais, vous êtes dur avec lui.
12:32 Vous l'aimez pas beaucoup, hein?
12:35 La police nous a communiqué le compte-rendu d'enquête.
12:40 Ce jeune homme n'a pas d'antécédent judiciaire.
12:42 Remarquez, il a pu subir de mauvaises influences.
12:45 Si ses parents sont séparés,
12:48 s'ils boivent...
12:50 - Nicole, voulez-vous venir une minute, s'il vous plaît?
12:53 Sa tante vous renseignera mieux que moi.
12:56 - Oh!
12:59 Oh, que c'est beau!
13:02 Oh!
13:05 Ça vaut combien?
13:07 - 2 500.
13:09 - Oh, eh bien, c'est pas cher.
13:12 - Deux vaux.
13:14 Nicole, ce monsieur fait une enquête pour l'assurance.
13:16 Il pense que c'est un coup de foudre.
13:18 Il pense que c'est Robert l'auteur du vol.
13:21 - Robert?
13:23 - Non, attention, attention.
13:25 Je dis, je dis, c'est possible, rien de plus.
13:27 - Voyons, pourquoi aurait-il fait ça?
13:29 Pas pour de l'argent?
13:31 - Je ne sais pas, peut-être...
13:33 a-t-il agi par ressentiment?
13:35 Vous êtes très sévère avec lui.
13:37 Il a peut-être voulu se venger
13:39 en vous dérobant un objet auquel vous teniez beaucoup,
13:42 car...
13:45 vous y teniez beaucoup, n'est-ce pas?
13:48 - Ce sont des pièces rares et de grande valeur.
13:50 - Ah, mais c'est vrai.
13:52 Vous êtes collectionneur vous-même.
13:54 Oh!
13:56 Oh, que c'est beau!
13:58 Et... et cher, probablement.
14:00 - Très cher.
14:02 - Et, en somme, vous teniez à conserver cette statuette.
14:05 L'idée que Mme Mercier
14:07 put la vendre pendant votre absence
14:09 devait vous être insupportable, non?
14:11 - Oui.
14:13 - Vous avez été très déçue.
14:16 - Je suis déçue.
14:18 Comment dois-je interpréter cette phrase?
14:20 Je n'aime pas ce genre d'insinuation.
14:22 - Je vous laisse avec ce monsieur.
14:24 Nicole.
14:26 - Ce que vous venez de dire est inadmissible.
14:29 L'honnêteté et l'intégrité de Sylvie Auxcote
14:32 ne fait de doute pour personne.
14:34 Je ne vous permettrai pas...
14:36 - Ah, mais, madame, je n'ai accusé personne.
14:39 - Je ne vous permettrai pas...
14:41 - Ah, mais, madame, je n'ai accusé personne.
14:44 Ah!
14:46 Il me vient une idée.
14:48 On m'a raconté que certains collectionneurs
14:52 étaient prêts à tout pour se procurer
14:55 des pièces auxquelles ils tiennent.
14:58 Ils iraient même jusqu'à...
15:01 racheter des objets volés.
15:03 - Personnellement, je n'en connais pas.
15:06 - J'allais justement vous dire
15:09 que vous posez la question.
15:11 - Mais c'est mon sac!
15:13 - Votre...
15:15 Oh!
15:17 Excusez-moi, madame.
15:19 - En quittant le magasin d'antiquité,
15:22 Émile Joubes ne retourna pas directement
15:25 au siège de la compagnie d'assurance
15:29 pour établir son rapport.
15:31 Il commença par traverser la Seine
15:34 pour aller rendre visite à ses anciens collègues
15:37 de la préfecture.
15:39 - Ah! Qui avait volé le Bouddha?
15:42 Hum? Silvio Scott?
15:45 Nicole Mercier?
15:47 Le jeune Robert?
15:49 Hein? Oh! Ah! Non!
15:51 Vous n'allez pas me dire
15:53 que vous êtes moins perspicace que le brave Joubes, hein?
15:56 Hum!
15:58 À demain. Bonne soirée.
16:00 Sous-titrage Société Radio-Canada
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16:15 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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