Richelieu - 1977 - Episode 6 - Les Caprices de la Providence - 1639-1642

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DB - 05-10-2024

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Transcription
01:00C'est son droit vu son office.
01:06Autant nous vivons, c'est pourtant bien triste de nous faire lancer l'occasion.
01:09Si encore ils étaient pour nous, mais les gens du roi nous prennent tout quand c'est pas la taille, c'est la gabelle.
01:13Les gens du roi, vous voulez dire les gens du cardinal ?
01:16Chez qui donc que ça brûle ?
01:18Au feu ! Au feu !
01:22Au feu ! Au feu !
01:25Faits, rendus, décapités, brûlés !
01:29Ils sont tous fous, un homme d'église.
01:31Un monsieur de chalets dont la tête est tombée en vingt-seuvième coup.
01:34Comme l'avait grangé et qu'on n'a même pas étranglé.
01:37Avant de mettre le feu, comme le seigneur de Bouteville et des chapelles.
01:41Pour avoir tiré l'épée en place royale.
01:43Comme monsieur de Montmorency, dont la mort fait pleurer tout le land d'Oxford.
01:48Comme Val-l'Être demain, le capitaine de Saint-Raphaël.
02:00Il aura mieux d'aller qu'il ne doit pas ça.
02:06Lui là-bas, c'est le bourreau.
02:13Tant de sévérités sont-elles utiles.
02:16Ce pauvre saint brûle.
02:18Dois-je rappeler à votre majesté qu'elle pouvait t'accorder la grâce ?
02:22Vous en auriez montré du chagrin.
02:26Je vais tenir un texte à la gazette.
02:31Montrez.
02:37Son éminence eût fait de grandes instances pour la grâce de ce gentilhomme
02:41si les considérations de l'Etat ne prévalaient toujours sur ses affections particulières.
02:48Et cela pour avoir massacré quelques Espagnols au mépris d'une convention.
02:56Je n'aime pas votre manière.
02:58A vous lire, enfin, à lire Renaudot,
03:02il suffit que vous ordonniez pour que j'obéisse.
03:06Si vous réclamez la grâce, que je l'aurai accordée.
03:09Le roi m'entend mal.
03:11Je ne vous entends que trop bien.
03:13Je ne veux pas que l'horreur qui inspire une répression nécessaire retombe sur vous.
03:18Le ministre peut être allié, pas le roi.
03:20Jolie façon d'affirmer que je vous dois l'affection de mon peuple.
03:23J'affirme seulement qu'il faut me laisser le mauvais rôle.
03:25Inutile de vous le laisser.
03:27Vous prenez bien tout seul.
03:30Vous ne mesurez pas l'extrême misère de mon peuple.
03:33Les chacries sont éternelles.
03:34Pas avec des bourgeois et même des gentils hommes à leur tête.
03:37Nous avons tonté la Guyenne.
03:38Mais le feu se rallume en Normandie.
03:41Nous avons besoin d'argent pour faire la guerre.
03:43Quand on n'a plus d'argent, on arrête la guerre.
03:47Depuis la prise de Brissac et nos dernières victoires,
03:50le royaume n'est plus en danger.
03:52Traitons.
03:53Pour obtenir un bon traité, il faut encore se battre.
03:56Pour obtenir un bon traité, il faut encore se battre.
03:59N'est plus un couplet, c'est un refrain.
04:03Avez-vous recherché la négociation avec Dolivarez ?
04:06Il ne veut rien entendre.
04:07Il refuse notre maintien en Lorraine.
04:09Faut-il martyriser 20 millions de Français pour en acquérir 500 000 nouveaux ?
04:13La Lorraine est indispensable à notre défense.
04:15Vous auriez donc toujours raison et contre tous ?
04:17Tous.
04:18Or, Votre Majesté...
04:20Recherchez la paix.
04:21Je m'y emploie.
04:22Avec l'esprit de ne jamais y parvenir.
04:24Sir.
04:25De tous côtés.
04:26Les hommes et les femmes les plus dévoués à notre cause
04:29nous supplient de mettre fin à la guerre.
04:31Je suis persuadé de la bonne foi des entours de Votre Majesté,
04:34mais je crains qu'ils s'entendent peu dans le gouvernement de la chose publique.
04:38Vous jugez les gens que j'aime.
04:40Libre au roi d'aimer qui il veut.
04:42Encore heureux que vous l'admettiez.
04:43Mais l'affection n'est pas la politique.
04:45Monsieur le Cardinal, nous avons passé l'âge de recevoir des leçons.
04:48Dieu m'est aimé.
04:49Et vous faites plus que nous donner des leçons.
04:51Vous cherchez à nous dominer.
04:53Non seulement dans le conseil,
04:55mais dans notre maison.
04:57Je sens bien qu'on cherche à me perdre.
05:00C'est vous qui perdez les êtres les plus chers à notre cœur.
05:05D'être un gentil homme,
05:07c'est nous divertir,
05:09partager nos pauvres joies
05:11et nos tristes secrets.
05:12Vous n'avez de cesse que de l'éloigner.
05:14Je n'aspire qu'au bonheur de mon roi.
05:17Votre tyrannie ne se limite pas aux hommes.
05:20En eux, vous voyez peut-être des compétiteurs.
05:24Mais les femmes.
05:25Que vous avez fait, par exemple, Mademoiselle de Lafayette.
05:28C'est vous, par les voies les plus tortueuses,
05:31en dominant son confesseur,
05:33vous avez amené à se retirer dans un couvent.
05:35Mais elle se sera sans doute effarouchée de moi.
05:37Vous n'allez pas juger de mes passions.
05:39Quand les vôtres vous conduisent à faire tenir votre maison par votre niètre.
05:43Le roi l'estime assez pour avoir érigence à faveur d'un duché péril.
05:46C'est une faiblesse.
05:48Non.
05:49Vous n'allez pas juger de mes passions
05:51quand les vôtres distraient la cour et la ville.
05:54Vos goûts sont aussi divers.
05:56On vous voit chez la Marion de l'Ordre.
05:59Vous mettez tant de rudesse
06:01à surveiller la règle.
06:03On murmure que ma femme ne vous inspire pas moins que ma mère.
06:06Si le roi pensait ce qu'il dit,
06:08il ne me conserverait pas aux affaires depuis bientôt 18 ans.
06:11Mais si je m'étais trompé depuis 18 ans.
06:13Si votre majesté s'était trompée,
06:15elle n'aurait pas sauvé le royaume de l'invasion.
06:17Domptez les grands.
06:19Puis triomphez la justice.
06:21Créez un art nouveau.
06:23Fait surgir des chefs-d'oeuvre de lettres et de pierres.
06:25Porgez une France nouvelle.
06:27Que vous jetez dans l'abîme par votre obstination.
06:30Sire,
06:32le temps passe vite.
06:34Je suis chaque jour moins vaillant.
06:37Je sens qu'il me reste peu de moi.
06:40Vous consacrez votre gloire.
06:43Comme votre majesté, je veux la paix.
06:46Je m'engage à mettre tout en œuvre pour l'obtenir.
06:50Passez le premier
06:52puisqu'on dit que vous êtes le vrai roi.
06:56Et ce premier ?
06:58Oui.
07:00Bim !
07:01Oui.
07:03Oui.
07:06C'est ça.
07:08Oui.
07:10Oui.
07:12Oui.
07:14Oui.
07:16Oui.
07:18Vous êtes le vrai roi.
07:26Oui, seigneur, afin de mieux vous éclairer.
07:34Il n'a mille sujets de se réjouir.
07:37Il se complaît dans les difficultés.
07:40Pourquoi voudriez-vous qu'un roi se préoccupe de ce qui va bien ?
07:44Il veut tenir la main à ce qui va mal.
07:47La vérité, c'est qu'il est malheureux
07:49et artisan de son malheur.
07:53Il a combattu son penchant pour les hommes
07:55parce qu'il le jugeait coupable.
07:58Il ne trouve pas plus de satisfaction auprès des femmes.
08:02Elles sont plus dangereuses ?
08:04Assurément.
08:07Il va voir Mademoiselle de Lafayette.
08:11Les ténèbres de son couvent, elles règnent toujours sur son cœur.
08:14Ne manque jamais de le monter contre moi, contre ma guerre.
08:22La reine et ses femmes font aussi mauvaise besogne.
08:27Alors suscitez un favori.
08:29Qui ?
08:31Cela se trouve.
08:33Cela serait un saut dans l'inconnu.
08:35Pour que l'élu vous soit fidèle,
08:37il suffirait qu'il vous doive tout.
08:40Vous croyez à la reconnaissance ?
08:43Il suffirait qu'il ne soit rien
08:45et continue de n'être rien en dehors de vous.
08:49Monsieur Mazzarini.
08:51Quilan.
08:54Madame la Duchesse.
08:56Eminentissime Seigneur.
08:59Quelle nouvelle ?
09:01La pire.
09:03Monsieur le Cardinal de Lafayette est mort.
09:05Mort ?
09:07A Rivoli. De la fièvre.
09:09Après le père Joseph,
09:11Monsieur le Cardinal de Lafayette.
09:13Après le vainqueur de l'ombre,
09:15le triomphateur au grand soleil
09:17des champs de bataille.
09:23L'humain n'était pas trop heureux
09:25quand nous le parcourions ensemble,
09:27Capucin, le Cardinal et moi.
09:29Oh non.
09:31Il m'a proposé d'amener de temps.
09:35Je dirai la messe de vin pour Monsieur
09:38le Cardinal de Lafayette et pour le père Joseph.
09:42Je suis seul.
09:44Seul.
09:46Devant un roi dont j'ai perdu l'amitié.
09:48Il est plus malaisé de conquérir
09:50les quatre pieds de son cabinet que le royaume entier.
09:54Seul devant l'Espagne en colère.
09:58Seul devant la France
10:00que je contraindrai à devenir elle-même.
10:03Le roi est triste.
10:05Vous êtes gai.
10:07On le dit si sombre.
10:09S'il ne l'était pas, vous n'auriez aucune chance
10:11d'être remarqué.
10:13Je n'entends rien aux affaires.
10:15À votre âge, c'est bien normal.
10:17Et puis vous n'avez pas à vous en occuper.
10:19Je brûle de servir.
10:21Et où pouvez-vous servir plus brillamment
10:23que sous l'œil du maître?
10:25Vous pourrez chasser et guerroyer.
10:27Puis-je savoir pourquoi son éminence
10:29a jeté les yeux sur moi?
10:31Pourquoi, Marquis de Saint-Marc?
10:33Parce que j'aime votre famille.
10:36Parce que votre père, le maréchal d'Ephia,
10:38fut pour moi une aide constante
10:40et ne me causa de chagrin qu'à sa mort.
10:44Vous êtes jeune, ardent.
10:48Je vous place sur le chemin d'un grand prince.
10:50N'allez pas trop vite.
10:53Je veillerai à votre élévation.
10:57Comment m'acquitterais-je d'une telle dette?
10:59En prouvant par votre fidélité
11:01qu'on peut être à la fois l'ami du roi
11:03et le mien.
11:06Merci.
11:16Il n'employait pas celui-ci.
11:18Non plus que celui-là.
11:20Mais M. Denoyer me disait
11:22que ses officiers se battent
11:24très joliment contre les Espagnols.
11:27N'allez pas confondre les Espagnols
11:29avec le comte de Soissons.
11:31La guerre étrangère n'est pas la guerre civile.
11:33C'est avec l'argent de Madrid
11:35que M. de Soissons entre en campagne contre nous.
11:38Il est même la dernière chance de l'Espagne.
11:42L'Escurial s'est saigné aux quatre veines
11:44pour réunir les subsides.
11:46Je sais tout cela.
11:48Parce que les Espagnols
11:50ne peuvent l'emporter par eux-mêmes,
11:52ils suscitent chez nous les démons de la discorde.
11:54Tel capitaine fait son devoir
11:56contre l'envahisseur
11:58qui ne le connaît plus
12:00dès qu'on l'oppose à un cousin du roi,
12:02un prince du sang de France.
12:04Le sang aurait-il ici des vertus magiques ?
12:06Assurément.
12:08La personne du monarque
12:10compte à peine plus que celle des princes.
12:12Dès que des insurgés
12:14en portent un à leur tête,
12:16ils se sentent presque toute la légitimité pour eux.
12:18M. le comte de Soissons
12:20est loin dans l'ordre de succession.
12:22Donc une importance.
12:24Et d'autant moins que ce prince
12:26présente du sérieux dans sa folie.
12:28De rares qualités d'homme de guerre.
12:32Il a volonté d'accéder aux affaires.
12:34Vous semblez presque l'admirer.
12:36Non.
12:38Je dis seulement qu'un personnage de sa naissance
12:40et de sa qualité
12:42trouvera partout des complices.
12:44Tréville, votre avis ?
12:48Je trouve cela plein de belles allures.
12:50Eh bien, nous ne voulons pas
12:52qu'on nous habille ainsi.
12:54C'est bon pour vous, mon cher ami.
12:56Nous, nous n'avons pas besoin
12:58de nous vêtir en petits maîtres
13:00comme la mademoiselle Marion de Lorme.
13:02Que votre majesté remette
13:04ses vieux pourpoints noirs.
13:06Quant à moi, je ne me suis jamais paré
13:08plaisamment pour ébahir les dames.
13:10Au fond, Tréville, nous n'aimons que notre armure.
13:12Nous l'endosserons
13:14volontiers contre le comte de Soissons.
13:16M. le comte de Soissons
13:18est-il si mauvais ?
13:20Par sa révolte, il insulte à notre mission divine et humaine.
13:22Écarté des affaires,
13:24il pense qu'il pourrait y venir.
13:26Le dommage est qu'il ne comprenne pas
13:28le génie de M. le cardinal.
13:30Vous n'êtes pas ici pour faire
13:32l'éloge de mes serviteurs.
13:34Tréville, merci.
13:38Aurais-je le malheur
13:40de déplaire au roi ?
13:42S'il en est ainsi, je
13:44n'assombrirais pas davantage par ma présence.
13:46Ne vas pas faire ta mauvaise tête.
13:48Paris est plein de plaisir.
13:50Ingrat.
13:52Alors ne supportez pas le spectacle de l'ingratitude.
13:54Je t'ordonne de rester.
13:56Non, je te le demande.
14:00J'ai écrit ce matin à Rondeau.
14:02Tu seras le premier à l'entendre.
14:06Qu'on m'ait exilé, soit.
14:08Que je ne puisse plus porter les armes,
14:10je le veux bien.
14:12On surveille mes courriers,
14:14passe encore.
14:16Mais ma charge de grand écuyer,
14:20je la tiens du roi Henri III.
14:26Jamais je ne m'en désaisirai.
14:28Monseigneur de Bellegarde,
14:30vous pouvez compter sur de belles compensations.
14:32Compense-t-on
14:34une charge de grand écuyer ?
14:36J'y suis
14:38bientôt plus attaché qu'à ma pérille.
14:42Que ne crée-t-on ce jeune marquis
14:44de Saint-Marc, premier écuyer ?
14:46Il ne le veut pas. Il l'a pris de très haut,
14:48même avec le roi.
14:50Il faut qu'il se sente bien puissant.
14:52Notre maître ne peut se passer de lui.
14:54Son éminence tient à le voir comblé.
14:58Par l'enfant,
15:00vous m'arrachez ma charge.
15:02Comme le marquis
15:04est maître de sa garde-robe...
15:06Je l'ai été.
15:08Il prétend que ce serait des choix que de devenir premier écuyer.
15:14Ce n'est pas tellement faux.
15:16Comment est-il, ce jeune homme ?
15:18Il est aimé des dames et passionne le roi.
15:20Il a son parti à la cour.
15:22Un astre nouveau.
15:24Qui cherche parfois l'éclipse.
15:26Qui cherche l'éclipse ?
15:30De notre temps, sous les Henrys,
15:32rien ne comptait que la faveur du roi.
15:34Puisque le Saint-Marc aime accourir
15:36la place royale, avoir les belles,
15:38il voudrait s'illustrer aux armées.
15:40Le roi le retient, le veut sans cesse auprès de sa personne.
15:42Alors le marquis
15:44multiplie les escapades.
15:46Et le cardinal ?
15:48Il passe une bonne part de son temps à faire signer des traités de réconciliation
15:50entre sa majesté
15:52et son favori.
15:54Étrange besogne pour un principal ministre.
15:56Le roi est parfois
15:58tellement déroutant.
16:00Est-ce à son grand écuyer de le dire ?
16:02Mon cher de tout, je ne suis pas aveugle
16:04devant leur roi.
16:06Comme vous, devant la reine.
16:08Ses malheurs, son esprit,
16:10son courage, touchent mon cœur,
16:12mais je ne lève pas les yeux sur elle.
16:14Le roi non plus.
16:16Il est avant tout un soldat.
16:18C'est fatigant, les soldats, quand ils ne sont pas à la guerre.
16:20Prenez-vous les cardinaux
16:22plus reposants.
16:24Monsieur Treville, vous parlez trop.
16:26J'aime votre confiance.
16:28Mais je place la mienne
16:30autant dans son éminence
16:32que dans le roi.
16:34Seriez-vous quelque peu danseur de cordes ?
16:38Le roi ne visite plus.
16:40Mademoiselle de Lafayette
16:42et madame de Hautefort
16:44est hors de cours.
16:46Il fallait bien que sa majesté choisisse ?
16:48Choisisse.
16:50Entre
16:52ces deux moiselles
16:56et moi ?
16:58C'est forcément ici qu'aura lieu la rencontre.
17:00Ici,
17:02au village de la Marfée.
17:04Pour l'armée de monsieur de Soissons,
17:06c'est un passage obligé.
17:08Si les troupes de votre majesté
17:10plient...
17:12Je supplie votre majesté
17:14de m'excuser si je demeure assis.
17:16La fatigue...
17:18Et puis, c'est en Espagne
17:20le privilège des cardinaux.
17:22Je l'avais oublié, monsieur,
17:24étant devenu toute française.
17:26Je salue la princesse de Bonsaigne.
17:28Qu'il me soit permis de dire la joie
17:30que j'éprouve en apprenant que la reine
17:32va donner un nouveau prince à la France.
17:34Prions Dieu qu'il soit moins grognon
17:36que son aîné, qui ne fait que hurler
17:38et se débattre dès qu'il nous voit.
17:40Monsieur, il est encore si petit.
17:42Cet enfant n'est pas élevé
17:44dans l'amour de son père.
17:46Nous savons bien ce que nous disons,
17:48mais nous trouverons bien un moyen
17:50de le soustraire à une influence pernicieuse.
17:52Monsieur le Dauphin est,
17:54comme tous les enfants,
17:56victime de sa timidité,
17:58mais cela n'implique point
18:00qu'il manque d'affection pour son père.
18:02Nous en reparlerons, monsieur le cardinal.
18:06Il est bien affligeant
18:08de le mener dans sa famille.
18:10Monsieur, s'il en était ainsi,
18:12on pourrait du moins affirmer
18:14que vous trouvez des dérivatifs
18:16à votre malheur.
18:20Il vous étonne de me voir arbitrer
18:22de médiocres querelles
18:24entre Sa Majesté et le petit Saint-Marc.
18:26Comprenez que ces menus besognes
18:28aboutissent à deux grandes choses.
18:30Le péché commis auprès du roi
18:32cesse d'être des péchés
18:34dès l'instant qu'il favorise
18:37Le grand écuyer est un joli jeune homme,
18:39sans autres ambitions que les charges de cour.
18:43Mais grâce à lui, nous sommes à l'abri
18:45des entreprises du parti espagnol,
18:47dans l'intimité du souverain.
18:50Je plains votre génie
18:52de se condamner à ces misères.
18:55Que veut-il, celui-là?
19:02Parlez, monsieur.
19:04Un homme de Soissons a totalement rompu
19:06notre armée au village de la Marfaie.
19:08A l'heure présente, il doit marcher sur Paris.
19:10Je vous remercie.
19:12Allez!
19:17Monsieur Denoyer,
19:19a-t-on pas décidé de prendre
19:21quelques sûretés concernant monsieur de Soissons?
19:23Je m'étonne.
19:25L'un de nos fidèles
19:27aurait-il mal interprété nos instructions?
19:30Elles me paraissaient suffisamment nettes.
19:33La Providence
19:35n'aurait-elle pas voulu que le rebelle
19:37soit approché dans son camp?
19:39Votre éminence aurait grand tort de s'inquiéter.
19:41Vous savez ce qu'exigera monsieur de Soissons.
19:43Il gagne à être connu.
19:45Il suffit de posséder sur lui un peu d'influence.
19:47Ce prince n'a point si mauvais naturel.
19:49Il va marcher sur Paris.
19:51Est-ce si important
19:53si je vous affirme qu'il ne sera pas touché
19:55à un seul cheveu de votre éminence?
19:57Vous pensez pouvoir, monsieur le Grand?
19:59Vous protégez, monsieur le Cardinal,
20:01contre des entreprises dictées
20:03par des rancœurs anciennes.
20:05Croyez-vous que j'ai oublié tout ce que je vous dois?
20:07Pour moi, je me souviendrai
20:09de la nouvelle preuve d'excellent naturel
20:11que vous venez de me donner.
20:13C'est bien le moins, éminence.
20:17Et encore une fois,
20:19ne vous mettez pas Martel en tête.
20:31Monseigneur,
20:57la Providence n'a pas voulu
20:59que Soissons exploite sa victoire.
21:01L'affaire s'entoure de ténèbres.
21:03Il a inspecté ses gens sur le champ de bataille.
21:05Quand il est passé de vie à trépas.
21:07De vie à trépas, oui.
21:09Il faut courir chez le bonhomme Renaudot.
21:11Lui rappeler la fâcheuse habitude
21:13de monsieur de Soissons.
21:15La fâcheuse habitude?
21:17Oui, la fâcheuse habitude de toujours relever
21:19la visière de son casque avec son pistolet.
21:21On peut faire cela cent fois
21:23et un jour le coup part.
21:25Courez vite, monsieur Denoyer.
21:27Portez la nouvelle pour la gazette.
21:29Mon cher Rochefort,
21:31il est heureux que la cour et la ville
21:33aient appris la victoire de Soissons
21:35avant de connaître son trépas.
21:37Tout à l'heure,
21:39l'un des cent mille complices du rebelle
21:41le plus insoupçonnable
21:43s'est révélé
21:45avec une tranquille impertinence.
21:47Il était temps
21:49que les écailles me tombassent des yeux.
21:51Si c'est pour les fermages...
21:53Sommes-nous dans l'habitude
21:55de les percevoir nous-mêmes?
21:57C'est vrai.
21:59Vous avez toujours une armée d'intendants.
22:01Ce ne sont pas pire que les commis de l'impôt.
22:03On dit ça...
22:05Fous-moi la paix.
22:07La paix, d'habitude.
22:09Il faut supplier les seigneurs pour qu'ils nous l'accordent.
22:11Ne va pas faire le raisonneur.
22:13Il y aurait pourtant de quoi.
22:15Tu es si malheureux que ça?
22:17Au point de manquer le châtaigne, non?
22:21Elles ont l'air d'être bonnes.
22:23Ça vous changera des hortolandes de la cour.
22:27La cour...
22:29Depuis que l'homme rouge y fait la loi...
22:31Il n'y a plus de place pour vous?
22:33Ils s'amusent.
22:35Ton boulot, petit?
22:37De s'amuser quand on abaisse les reins?
22:39Je vais te dire...
22:41Il vaut mieux un seigneur qu'on connaît
22:43et avec qui on s'explique
22:45qu'un ministre qui ne connaît personne.
22:47C'était comme ça avec les deux envoyés.
22:49Et tu étais moins malheureux.
22:51Ne me dites pas que c'était tous les jours la fête?
22:53Non, non.
22:55Ce n'était pas tous les jours la fête.
22:57Ce n'était pas la mort.
22:59Bien sûr.
23:01D'abord, de couper une tête qui dépasse...
23:03Le riz se lieux.
23:05En arrière, il doit tailler dans les petits.
23:09Mais...
23:11Est-ce qu'il croit en Dieu, cet homme-là?
23:13Non.
23:15Est-ce qu'il croit en Dieu, cet homme-là?
23:17Il croit en lui.
23:19En sa chance.
23:21En sa fortune.
23:23Et le roi laisse faire.
23:25Parait qu'il est bon, pourtant.
23:27Oui, il est bon.
23:29Enfin...
23:31Il l'était.
23:33Je vais te dire, au fond...
23:35Il te ressemble.
23:37Il me ressemble?
23:39Il a besoin d'un maître.
23:41Je m'en passerai bien, moi.
23:43Il est temps que tu aies tombé sur le plus mauvais.
23:45Peut-être point.
23:47Mais ce que je sais,
23:49c'est que j'aime mieux vous donner mes châtaignes
23:51que de les voir manger par l'homme rouge.
23:53Mais que dirait-on si l'on nous voyait?
23:55On n'aurait rien à dire puisque nous allons nous marier.
23:57C'est mon plus cher désir.
23:59Mais ma naissance fait de cette union une affaire d'Etat.
24:01Je suis princesse souveraine et il faut que le cardinal consente.
24:03Il dira oui.
24:05Bien sûr qu'il dira oui.
24:07Que peut-il me refuser?
24:09Son mariage a-t-il eu de mariant de l'ordre?
24:17Un mariage clandestin ne compte pas.
24:19Les banques n'avaient pas été publiées.
24:21On passait à une princesse souveraine.
24:25Une ascension a donné le vertige.
24:27Or, il me fait peur.
24:29Je ne crois pas que la princesse Marie ait tellement oublié sa naissance
24:31qu'elle veuille s'abaisser à épouser si petit compagnon.
24:33Mais vous devez vous souvenir
24:35que vous êtes un simple gentilhomme élevé par la faveur.
24:39Je ne sais comment vous pouvez prétendre à une telle alliance.
24:41Ma mère ne s'oppose pas.
24:43Au contraire.
24:45Elle considère que, fils de maréchal de France,
24:47je puis aspirer...
24:49C'est tout de suite vrai.
24:51Votre mère est une folle.
24:53Et si la princesse de Gros-Ages songe à un tel mariage,
24:55elle est encore plus folle que votre mère.
24:57Allez.
24:59Et ne m'entretenez plus de sottises.
25:09Mon oncle.
25:11Bien.
25:13Vous vous êtes montré un peu rude.
25:15Je me suis montré comme il convenait.
25:17Marie de Gonzac donne volontiers dans l'intrigue.
25:19Et il m'appartient d'interdire mes alliances.
25:21Elles constituent un désordre.
25:23Oui, mais vous pouviez l'expliquer.
25:25Je m'explique,
25:27mais je ne peux pas.
25:29Je ne peux pas.
25:31Je ne peux pas.
25:33Je ne peux pas.
25:35Je ne peux pas.
25:37Vous pouvez l'expliquer.
25:39Je m'expliquais devant un Saint-Marc.
25:41Il intrigue grand.
25:43Il a déjà intrigué avec feu M. de Soissons.
25:47Cela ne prête point à conséquences.
25:51Je le hais.
25:53Je le hais.
25:55Il fait la bête.
25:57J'obtiendrai sa disgrâce.
25:59Ce serait difficile en paix, c'est impossible en guerre.
26:01A la demande des Catalans eux-mêmes,
26:03là de l'Ivaresse, les hostilités vont devenir plus chaudes.
26:05Alors j'obtiendrai plus.
26:07Vous perdez la raison.
26:09Non, je la retrouve.
26:11Il s'est servi de moi comme d'un pantin.
26:13Songez au destin de ceux qui vous ont précédés dans cette lutte.
26:17Croyez-vous qu'un Saint-Marc connaisse la peur?
26:19La prudence n'est point la peur.
26:29Ne place pas tes pistolets aussi en arrière.
26:31En cas de surprise, tu ne peux pas le tirer.
26:35C'est la rapidité qui sauve.
26:43Nous vous félicitons, monsieur.
26:45Voici une troupe bien tenue.
26:47Ces six mois de campagne ont été profitables à nos armes.
26:51Et vous n'avez pas contribué médiocrement à nos succès.
26:55La Catalogne dans le sud des Pyrénées est à nous.
26:59Et le Roussillon reste Perpignan.
27:01Le temps de victoire nous rende l'initiative de proposer la paix.
27:09Pour déclarer la guerre, il suffit d'être un.
27:13Pour faire la paix, il faut être deux.
27:15Et monsieur de Livarès?
27:17Rossé, battu, fourbu.
27:19Il ne veut rien entendre.
27:21Ce n'est pas monsieur de Livarès.
27:23Alors qui?
27:25Le cardinal?
27:27Bien sûr.
27:29Point de paix sans son renvoi.
27:31Tout bon.
27:33Pas si vite.
27:37Le cardinal est le plus grand serviteur que la France ait jamais eu.
27:41Nous saurions nous passer de lui.
27:45Le jour où il se déclarerait contre vous,
27:47nous ne pourrions même pas vous conserver.
27:51Il se pignâtre dans la guerre.
27:55Nous l'avons déjà contraint à faire des ouvertures.
27:59Nous ne pouvons pas.
28:03Ne sont-elles jamais satisfaisantes, sire?
28:05Qui pouvons-nous?
28:09Votre majesté ne peut-elle s'assurer par elle-même
28:11que ses ouvertures sont faites et bien faites
28:15ou a besoin en faire donner de nouvelles?
28:17A cela, nous consentons.
28:21Et nous donnons licence à monsieur le grand écuyer
28:23ainsi qu'à monsieur le conseiller de Tours
28:25d'écrire eux-mêmes à la cour d'Espagne.
28:29Il est vrai.
28:31Monsieur le grand va bien vite en besogne.
28:33Je vous aime trop pour lui souhaiter quelque inconvénient
28:35mais la démarche paraît hasardeuse.
28:37Il est très sûr du roi.
28:39Mon beau-frère Gaston et une bonne dizaine de ducs,
28:41les Huguenots eux-mêmes,
28:43disposaient à une prise d'armes contre monsieur le cardinal.
28:45Voilà qui devrait amener toute l'Espagne,
28:47mon frère et son ministre,
28:49à soutenir de leur or et de leurs mousquets
28:51cette nouvelle tentative contre l'homme rouge.
28:53Peut-être n'en faudra-t-il pas tant.
28:55Que voulez-vous dire?
28:57Le roi ne désespère point d'amener sa majesté
28:59à prendre d'autres résolutions.
29:19Nos architectes lambines.
29:21Je voudrais qu'à notre retour de campagne,
29:23Paris, bien reconstruit, ait pris son nouveau visage.
29:25Éminence.
29:29Simplement cette incommodité que je ressens à m'asseoir.
29:31Arrêtons-nous.
29:33Il ne faut jamais s'arrêter.
29:35Le temps, lui, ne s'arrête pas.
29:37Non plus que nos ennemis.
29:39Il y a toujours des gens pour n'aimer que le passé.
29:43Ce peuple comblé par la Providence
29:45adore se retourner contre lui-même.
29:47Les Parisiens veulent en rester au Moyen-Âge
29:49et ils n'y resteront pas.
29:51Les Normands ne veulent plus payer d'impôts
29:53et ils les paieront.
29:55Les capitaines ne veulent plus faire la guerre
29:57et ils la feront.
29:59Les écrivains négligent les règles de l'Académie
30:01et ils les observeront.
30:03Les princes et les grands veulent un roi pour eux seuls
30:05et il sera le roi de tous.
30:09Nous voudrions qu'il lutte à partie contre lui en France.
30:11Comme il y en avait eu un, jadis,
30:13contre le maréchal Dante.
30:15La maladie l'exaspère, sire.
30:17Parce qu'il est peut-être le seul à subir la maladie.
30:19Chasser le don?
30:21C'est pas la même chose.
30:23On parle maintenant de royalistes et de cardinalistes.
30:27Puisque vous en êtes là,
30:29il vous reste la voie la plus courte et la plus sûre.
30:31Le faire dépêcher quand il arrivera ici,
30:33ses gardes n'entrent pas.
30:35Il est cardinal et prêtre
30:37et nous serions excommuniés.
30:41Pourvu que j'ai l'aveu de votre majesté,
30:45je ne m'en mettrai pas en peine.
30:47Le coup joué girait à Rome,
30:49et je suis sûr d'y être bien reçu.
31:05Merci, Rochefort.
31:13Le détail présente son intérêt.
31:15Maintenant, prenez la route d'Espagne.
31:17Vous avez toute chance d'y rencontrer un ou deux seigneurs
31:19qui négocient en secret au nom du roi.
31:21Je ne suis pas certain que ce soit réellement au nom du roi.
31:31Allez!
31:47Allez!
32:17Monsieur, accepteriez-vous une partie des chèques?
32:23Monsieur Robert...
32:27Excusez-moi, monsieur.
32:47Le roi m'excusera,
32:49mais mon état de santé,
32:51comme les humeurs de son entourage,
32:53m'interdisent de me déplacer seul.
32:59Je dépose une heureuse nouvelle
33:01aux pieds de votre majesté.
33:03Monsieur le maréchal de Brézé
33:05est entré dans Barcelone.
33:09Le roi m'excusera,
33:11mais mon état de santé,
33:13comme les humeurs de son entourage,
33:15m'interdisent de me déplacer seul.
33:19Demeurons-nous?
33:21Je ne sais,
33:23mais cela va grandement faciliter
33:25notre présence en Roussillon.
33:27En traitant,
33:29cela nous donnera une monnaie d'échange.
33:31Si Madrid consente jamais à traiter.
33:35Monsieur d'Olivarès ne veut se prêter
33:37à aucun accommodement.
33:45Allez-y.
34:09J'irai à Roussillon,
34:11entrer dans le royaume.
34:13Le roi va guérir.
34:15À quoi bon?
34:17Ma nièce m'écrit que le roi n'a tant que ma guérison
34:19pour me faire arrêter.
34:21Va-t-il un pied dans la tombe
34:23compromettre les résultats de son rêve?
34:25Je ne suis pas le seul
34:27à souffrir les affres de la maladie.
34:43Roussillon.
34:45Espagne.
34:47On y signe des traités
34:49entre les partisans de M. Frère du Roi
34:51et le comte-duc d'Olivarès.
34:53Quel partisan?
34:55Le petit Samar?
34:57Je ne sais pas,
34:59mais le moment où le traité a été signé
35:01correspond à l'absence d'un ami de M. Samar,
35:03marquis de Fontrale.
35:05Ce n'est pas une preuve.
35:07Non, mais une présomption,
35:09et il s'en ajoute une autre.
35:11Ce Fontrale, après une brève apparition
35:13à Perpignan auprès de Samar,
35:15a de recherche quitté la ville.
35:17Bien.
35:19Il existe forcément des copies du traité.
35:21Des copies?
35:23Un texte pour M.
35:25un texte pour M. de Bouillon
35:27et, selon toute vraisemblance,
35:29un texte pour la reine.
35:31Noyer.
35:33Mériteriez-vous de devenir premier ministre?
35:35Votre éminence est trop bonne.
35:37Ce n'est pas ce qu'on affirme généralement.
35:39Mais bien sûr, Noyer, bien sûr,
35:41vous avez là la clé de l'affaire.
35:43La reine!
35:45La reine!
35:47Mais quel moyen possédez-vous,
35:49éminentissime, pour faire pression sur la reine?
35:51Un seul.
35:53Le roi.
35:55Qu'importe
35:57s'il s'affirme là de ma domination,
35:59s'il balance entre ma personne
36:01et mes ennemis.
36:03L'instant que ceci se donne
36:05de roi d'Espagne,
36:07je redeviens à ses yeux
36:09le seul défenseur du royaume.
36:11Pourquoi mes enfants piraient-ils
36:13pour les folies des conjurés,
36:15de la princesse Marie
36:17et de M. de Saint-Marc?
36:19Le roi
36:21veut me les arracher à la demande du cardinal.
36:23Mais ils sont si petits.
36:27Ils ne pourraient vivre éloignés de leur mère.
36:31Seigneur et mon Dieu,
36:33pardonnez-moi.
36:35Je vais plonger
36:37mes amis dans l'affliction,
36:39mais les devoirs d'une mère
36:41passent avant les complaisances d'une amie.
36:45Au demeurant,
36:47la lutte contre M. de Richelieu
36:49est-elle si juste?
36:53Il ne m'aime point
36:55parce qu'il m'aime trop.
36:59Mais sans lui, serais-je l'épouse d'un grand roi?
37:05Monsieur le cardinal,
37:07sachant quel cœur vous mettez
37:09à détourner le roi
37:11du plus cruel des projets,
37:15nous vous faisons tenir copie
37:17d'un traité
37:19que la Providence
37:21a fait tomber dans nos mains.
37:23Vous y trouverez les noms
37:25de ceux qui en veulent à l'Etat
37:27et en votre personne.
37:29Allez chez le roi.
37:31Il va se récrier. Vous demandez des preuves.
37:33Vous les lui fournirez.
37:35Et vous obtiendrez sans peine
37:37l'arrestation du conseiller de Toux,
37:39de quelques autres
37:41et de M. Legrand.
37:43Éminence,
37:45preuve en main,
37:47je peux perdre n'importe qui
37:49dans l'esprit du roi.
37:51Je ne peux perdre
37:53n'importe qui
37:55dans l'esprit du roi.
37:57Sauf M. de Saint-Marre.
37:59Et pourquoi?
38:01Parce qu'il est pour sa majesté
38:03l'unique récréation,
38:05le seul printemps.
38:07Les vieillards n'ont plus de printemps.
38:09Peut-être.
38:11Mais les privés de leur espoir
38:13peuvent les tuer.
38:15Apprenez que chez le roi,
38:17les devoirs du souverain l'ont toujours
38:19emporté sur les passions du particulier.
38:21Vous ferez mener
38:23M. le conseiller de Toux
38:25et M. de Saint-Marre à Lyon.
38:27On prêtera l'affaire.
38:29On fera croire à l'un
38:31que l'autre a tout avoué
38:33et justice sera faite.
38:35Non.
38:37Non, non, non, M. de Noyer.
38:39Que M. Legrand-Écuyer
38:41nourrit
38:43quelques ressentiments
38:45ou quelques mauvais desseins envers le cardinal, peut-être.
38:47Mais
38:49se mettre à la solde de l'Espagne,
38:51pas ça.
38:53Pas lui.
38:55Sans une certitude absolue,
38:57aurais-je le front de me présenter
38:59devant Votre Majesté.
39:01Je connais trop le cardinal.
39:03La certitude n'est pas la preuve.
39:05Peut-être a-t-on mis un nom pour un autre.
39:07Nous avons procédé à toutes les vérifications,
39:09à toutes les expertises.
39:11Le nom,
39:13c'est bien celui
39:15de M. de Saint-Marre.
39:17Quel saut
39:19a fait M. Legrand.
39:23Le roi
39:25me permettra
39:27de lui rendre compte
39:29d'autres affaires.
39:33M. le chancelier Séguier
39:35voudrait que l'on trouve bonne
39:37une simplification des formes de justice
39:39dans les affaires normandes.
39:45M. de Bouillon
39:47à ce temps s'agit fort.
39:53Le comte-duc d'Olivarès
39:55suit avec une inquiétante attention.
39:59Quel saut a fait M. Legrand.
40:01Quel saut
40:03a fait M. Legrand.
40:07Le roi
40:11me donnera-t-il ses ordres.
40:15Vous les arrêtez tous.
40:19Mais pas d'Esclandre.
40:21Nous le prendrons au logis.
40:25Pour plus de sûreté,
40:27je fais fermer
40:29les portes de la ville.
40:31Allez.
40:37Très vite.
40:41Ce sera facile, Sire.
40:43Une porte restera de toute façon ouverte
40:45pour laisser passer le train du maréchal de la mairie.
40:51Que faites-vous ?
40:53Restez plantés là.
40:55Aidez-moi à faire les baignées.
41:21M. de Saint-Marc
41:23s'est laissé prendre au lit.
41:25Mais la porte ?
41:27Il avait envoyé son domestique pour la reconnaître.
41:29L'autre ne l'a pas trouvée alors
41:31il s'est couché.
41:39Quel saut a fait M. Legrand.
41:51Sire.
41:53Son Eminence,
41:55le Cardinal de Richelieu.
42:03Sa Majesté me pardonnera-t-elle
42:05de venir prendre ses ordres
42:07en pareille heure ?
42:09Je ne sais pas.
42:11Je ne sais pas.
42:13Je ne sais pas.
42:15Je ne sais pas.
42:17Je ne sais pas.
42:19Je ne sais pas.
42:21Je ne sais pas.
42:25Je suis dans l'habitude
42:27de beaucoup vous pardonner.
42:29Laissez-nous.
42:35Vous aussi.
42:41Où en sommes-nous de la grande conspiration ?
42:43Tout va au mieux des désirs du roi.
42:45Il lui faut pardonner à son frère.
42:47A-t-il déposé contre ses complices ?
42:49Oui, sire.
42:51C'est pourquoi je conseillerais
42:53d'augmenter ses pensions.
42:55Soit.
42:57Mais le Duc de Bouillon
42:59ne peut s'attendre à ma clémence.
43:01Pourtant...
43:03Les Espagnols ont trop à faire ici
43:05pour lui porter secours.
43:07Nous n'avons rien à craindre.
43:09Il est perdu.
43:11Alors faites-lui grâce
43:13contre la remise de sa principauté
43:15souveraine de Sedan.
43:25Monsieur le Cardinal.
43:27Sire.
43:31Étendons cette clémence
43:33à tous les conjurés.
43:35Ce serait sans profit pour la couronne
43:37et préjudiciable à sa dignité.
43:41Seriez-vous donc plus enragé
43:43que nous de la grandeur
43:45de notre royaume ?
43:47Il était trop petit pour Votre Majesté.
43:49J'ai voulu qu'il soit assez grand
43:51pour elle.
43:53Et pour Votre gloire ?
43:55A l'heure présente, je pense plutôt
43:57à mon salut.
43:59Vous aurez donc toujours le dernier mot.
44:01Je l'ai toujours laissé à Votre Majesté.
44:05Osez-vous affirmer
44:07que vous ne m'avez point tyrannisé ?
44:09J'ai conseillé, parfois.
44:11Vous avez ordonné, toujours.
44:27Une route charrette, paraît-il.
44:29Les amis de M. de Saint-Marles l'ont mis en bel état.
44:31Pour qu'ils ne puissent pas officier,
44:33se tisent.
44:35Lui est vraiment un homme de l'art.
44:37On est allé quérir un portefeuille.
44:39J'ai dépassé le col de M. Le Grand.
44:41Et pour M. de Tours, il est repris à cinq fois.
44:43Une boucherie.
45:09Beau gorgon, mais...
45:39La fille des Césars,
45:41disparue dans le dénuement.
45:43Votre éminence venait de lui faire tenir
45:45cent mille livres.
45:47Pour elle, c'était un déjeuner de soleil.
45:49Elle en témoignait assurément de la reconnaissance,
45:51puisqu'elle voulait que son père recueille.
45:53Son père recueille.
45:55Qu'on se hâte de le faire tenir.
45:57On n'en séparerait jamais.
46:09Dépossez-vous, sinon la litière ne bossera pas.
46:13Maintenant, pour qu'il passe, il faut faire sauter les portes.
46:15Rien n'est assez grand pour lui.
46:39Ah.
46:41Nous allons voir ma sorbonne.
46:43Toutes bien raisonnables.
46:51Ma sorbonne.
46:53La reverrai-je?
46:55Assurément, mais pas aujourd'hui.
46:59C'était une bien vieille maison
47:01quand je m'y formais aux Humanités.
47:03Une vieille maison comme la France
47:05de ce temps-là.
47:07Mais comme la France aussi,
47:09elle demeure inachevée.
47:11Seuls les ornements
47:13lui font encore défaut.
47:15Le bâtiment est solide.
47:17Est-il à l'épreuve
47:19de tous les orages?
47:21Le temps
47:23toujours m'aura manqué.
47:25Il vous manquera plus encore
47:27si vous m'consentez à prendre des forces.
47:29Les médecins ne répondent pas de vous
47:31pour trois semaines
47:33si vous ne vous accordez du repos.
47:35Les tarnes m'en accordent point.
47:37Seigneur Mazarin,
47:39allez inspecter nos travaux.
47:47Les grandes affaires du Royaume
47:49doivent demeurer au jour,
47:51mais nos petits secrets
47:53disparaître.
47:55Aidez-moi.
48:01Pour moi, je n'en use aucun.
48:03Mais j'ai connu
48:05ceux des autres.
48:09Tais-toi.
48:13Écoute-moi.
48:15Tu ne veux rien entendre.
48:17Tu es un saut.
48:21Il est vrai qu'elle-même
48:23manquait parfois de lumière.
48:25Est-ce ma faute
48:27si elle a porté
48:29le désordre dans les tarnes?
48:34Nous ne voyons plus M. de Tréville
48:36non plus que M. de Gessard.
48:38Ils reviendront
48:40quand le cardinal aura passé.
48:42Nous lui devions bien
48:44la satisfaction de leur éloignement.
49:03M. le cardinal,
49:05vous nous mettez en grande affliction.
49:09Mais, grâce à Dieu,
49:11vous êtes revenu
49:13d'un commodité plus grave.
49:15Non, Sire.
49:17Il ne me reste
49:19que bien me préparer.
49:21Allons.
49:23M. le cardinal,
49:25vous qui n'avez jamais été
49:27à l'hôpital,
49:29vous savez bien
49:31M. le cardinal,
49:33vous qui n'avez jamais été espéré.
49:35Sire,
49:37il est temps de n'espérer qu'un Dieu.
49:41Acceptez cette maison.
49:45On l'appelait le palais cardinal.
49:47Qu'elle devienne le palais royal.
49:51Conservez ma chapelle d'or
49:53enrichie de diamants
49:55et mon buffet d'argent.
49:57Continuez, s'il vous plaît,
49:59d'employer ceci.
50:03Aidez-nous à conserver
50:05votre protection à ma famille.
50:15Vos recommandations
50:17nous seront sacrées.
50:19Encore que,
50:21nous espérions
50:23ne pas avoir de sitôt
50:25advertoire.
50:27La prise de Perpignan
50:29et la victoire
50:31sur les ennemis de l'Etat
50:33ont montré combien Dieu aime
50:35votre majesté.
50:37Sire, c'est le dernier adieu.
50:41En prenant congé de mon roi,
50:43j'ai la consolation
50:45de laisser son royaume
50:47dans le plus haut degré de gloire
50:49où il ait jamais été.
50:52J'ai tous ses ennemis
50:54humiliés
50:56et abattus.
51:04Il ne m'a jamais fait confiance.
51:06Maintenant, si.
51:08Il sait que le roi ne vivra plus guerre
51:10et que c'est vous qui défendrez l'héritage.
51:13Écrasante héritage.
51:16La femme d'un roi ne reçoit
51:18que des hommages.
51:20La mère d'un roi
51:22est chargée de devoirs.
51:24Je ferai tout pour mon fils.
51:26Il le sait.
51:28Mais le domaine est si grand.
51:30Mais il est mieux protégé.
51:32L'Artois, Sedan, l'Alsace,
51:34le Roussillon sont nos remparts.
51:36Et nous finirons bien par habituer
51:38la Lorraine et la Savoie
51:40à nous appartenir.
51:42Pour garder ses trésors,
51:44il faut être riche.
51:46Il a prévu cela.
51:48Les Antilles, le Canada
51:50et des établissements prospèrent.
51:52Et je serai seule pour conserver tout cela.
51:54Il m'a ordonné
51:56de ne pas vous laisser seule.
51:58Vous lui obéirez.
52:00Il a pensé qu'un petit Italien
52:02serait utile à une grande Espagnole
52:04pour préserver la France.
52:18Ma nièce,
52:20mon professeur,
52:22a voulu me faire avouer
52:24que j'avais porté
52:26de l'acharnement contre mes ennemis.
52:28Et ce stupide.
52:30Je n'en ai jamais su
52:32d'autres que ceux de l'Etat.
52:34Je le proclamerai
52:36face à la terre et au ciel.
52:38Vous avez
52:40une trop grande tendresse.
52:42Souvenez-vous
52:44que je vous ai estimée
52:46plus que personne.
52:48Et retirez-vous.
52:50Car il ne serait pas à propos...
52:52Une religieuse a contemplé le ciel.
52:54Elle affirme
52:56que vous survivrez.
52:58Je survivrai
53:00dans la grâce de Dieu
53:02et la mémoire des hommes.
53:08Une manus doit se dominer.
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