Autour de Bérengère Bonte, les informés débattent de l'actualité du jeudi 21 mars 2024.
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00:00 France Info, les informés, Bérangère Monte.
00:03 Bonsoir à tous, au menu des informés, évidemment la mort de Frédéric Mitterrand,
00:07 on l'a appris ce soir, écrivain, réalisateur, animateur de télévision,
00:11 ministre de la Culture aussi, de Nicolas Sarkozy, personnalité inclassable,
00:15 diront certains, le neveu du président Mitterrand avait 76 ans.
00:19 Et on va revenir sur les grands moments de son parcours.
00:24 Au menu également le déficit de la France,
00:26 qui va déraper au-delà des 5%.
00:30 Le gouvernement a-t-il minimisé la gravité de la situation ?
00:33 C'est ce que laisse entendre très clairement le rapporteur du budget au Sénat.
00:37 Les Européens au chevet de l'Ukraine,
00:38 on verra comment se passent les retrouvailles des 27
00:41 pour la première fois ensemble depuis les déclarations d'Emmanuel Macron
00:45 sur l'hypothèse d'envoyer des troupes au sol.
00:47 Et puis le Sénat qui dit non au traité de libre-échange CETA,
00:52 traité entre les Européens et les Canadiens,
00:55 dans une alliance inédite entre les communistes et la droite.
00:58 On parle de tout ça avec Armelle Le Goff,
01:00 directrice adjointe de la rédaction de l'hebdomadaire Le Point,
01:03 Claire Planchard, rédactrice en chef informations générales du groupe ÉBRA
01:08 et Bruno Cotteres, chercheur CNRS au Célipof.
01:11 Bonsoir et bienvenue à tous.
01:13 Et je salue Matteo Maestraci.
01:17 Bonsoir Matteo.
01:18 - Bonsoir.
01:18 - Service culture de France Info, Frédéric Mitterrand,
01:23 personnalité inclassable, le mot est peut-être pourré par Edgardo Galvaudet,
01:27 mais c'est vraiment le cas.
01:29 - Oui, on vient de se dire bonsoir, Bélangère.
01:32 C'est ce fameux bonsoir un petit peu traînant.
01:35 Bonsoir qui restera la signature de Frédéric Mitterrand.
01:38 Et ce sont ces émissions évidemment de télé
01:40 dont se souvient le plus le grand public.
01:42 Alors il y a eu la partie politique, évidemment on va en parler,
01:44 mais il y avait cette émission "Étoiles, étoiles", ça ne nous rajeunit pas.
01:48 Moi, je suis dans 1980, j'en ai quelques souvenirs.
01:51 C'était sur TF1 de 1981 à 1986.
01:54 Ensuite, il avait traversé la scène pour aller à Antenne 2 à l'époque,
01:57 France 2 aujourd'hui, du côté de chez Fred, sur France 2.
02:00 Passionné de culture, passionné d'histoire,
02:03 il arrivait à transmettre ça dans ses émissions,
02:06 à la fois la culture et l'histoire.
02:07 Il a toujours été passionné également de cinéma.
02:10 Son émission s'appelait "Étoiles, étoiles", ce n'était pas pour rien.
02:12 Il avait lui-même d'ailleurs été gestionnaire d'un cinéma qui s'appelait "L'Olympique"
02:16 dans le 14e arrondissement de Paris, dans les années 70.
02:19 Il avait ouvert des salles d'arrêt-essai qui s'étaient un petit peu cassées la figure financièrement.
02:25 Et puis, en 1981, quand il commence à le présenter, cette émission "Étoiles, étoiles" sur TF1,
02:31 il sort lui-même son premier film, un documentaire, "Lettres d'amour en somalique".
02:35 Il l'adapte aussi en même temps en roman.
02:38 Et puis, en parallèle à cette carrière cathodique, médiatique,
02:43 qui fait qu'il était devenu familier des Français,
02:46 il avait commencé à graviter un peu dans le monde institutionnel.
02:49 Il s'était notamment occupé de l'année du Maroc à Paris, c'était en 1999.
02:54 Et petit à petit, il est arrivé au CNC, le Centre National du Cinéma.
02:58 Ce qui est amusant avec l'enculé, c'est que c'était un homme de gauche,
03:01 neveu de François Mitterrand, on l'a dit.
03:04 S'il avait été nommé à l'Avance sur recette du cinéma au CNC par Catherine Tasca en 2000,
03:10 c'était dans le gouvernement Jospin, c'est bien Nicolas Sarkozy,
03:13 un homme de droite, clairement, qui lui avait donné ses postes les plus prestigieux,
03:17 avec d'abord la Villa Médicis en 2008 à Rome,
03:20 et puis ensuite le ministère de la Culture,
03:22 poste qu'il a occupé pendant trois ans, de 2009 à 2012,
03:26 avant la victoire de François Hollande à la présidentielle de 2012.
03:31 Et d'ailleurs, en janvier encore, il y a vraiment quelques semaines,
03:34 Frédéric Mitterrand avait été l'invité de Julien Langlais sur France Info
03:38 pour commenter l'arrivée ruthvaloise de Rachida Dati,
03:42 ce qu'il avait à l'époque considéré comme une très bonne idée.
03:45 - Autour de la table, les informés, je vous voyais réagir sur la partie télé,
03:49 il y a évidemment ce parcours politique pas commun,
03:53 on avait parlé de prise de guerre, on va dire ça comme ça pour cet homme de gauche
03:57 qui entre dans un gouvernement de Nicolas Sarkozy, Bruno Cotteres.
04:01 - Oui, c'est clair, d'abord, on l'a redit, c'est une personnalité que tout le monde connaît en France.
04:06 - Vous, ce qui vient d'abord, c'est quoi ?
04:08 - Ce qui vient d'abord, c'est évidemment l'homme de culture et de cinéma,
04:11 c'est évidemment pour toute une génération, étoile, étoile,
04:14 cette incroyable émission de télé qui racontait le cinéma, qui racontait les vies des stars,
04:19 en même temps avec la tonalité que lui donnait Frédéric Mitterrand,
04:23 le choix qu'il mettait, le soin qu'il mettait au texte de ses présentations,
04:29 qui était assez éblouissant, effectivement.
04:31 Donc moi, ce qui vient en premier, c'est d'abord l'amour fou de cinéma et de culture qu'il était.
04:37 J'ai eu l'occasion, il y a à peu près un mois, de faire un plateau de télé un soir avec lui
04:41 où il était venu, effectivement, dire tout le soutien qu'il apportait à la nomination de Rachida Dati.
04:46 Il disait qu'il fallait des personnalités toniques qui incarnent le ministère de la Culture
04:50 parce que c'est jamais gagné dans un gouvernement d'incarner le ministère de la Culture
04:54 et de lui faire gagner des arbitrages.
04:57 Et donc, on voyait que c'était toujours quelqu'un qui était très au fait de ces questions de culture et de cinéma.
05:01 - Il avait d'ailleurs l'air de tenir absolument à appuyer cette nomination.
05:06 Moi, ça m'avait frappé. Je ne sais pas comment vous avez compris ça, Armel Legoz.
05:09 - C'est peut-être la similitude avec le fait qu'il a été considéré à l'époque comme une prise de guerre par Sarkozy
05:16 et que là, le côté un petit peu à contre-courant de la nomination de Rachida Dati par exemple...
05:20 - Ça, ça lui plaisait, oui.
05:22 - Sans doute que ça lui plaisait. C'était une personnalité très éclectique qui avait un goût de l'écriture.
05:27 Et il a beaucoup écrit, et même récemment encore.
05:31 Il avait écrit sur la maladie de son frère qui avait eu le Covid.
05:35 Il avait écrit aussi, il me semble, quelque chose sur Brad Pitt.
05:38 Il y a quelques mois.
05:40 Donc, il aimait écrire et puis il aimait les gens.
05:43 Et c'est ça aussi qui transparaissait beaucoup dans son amour du cinéma, des stars, des autres.
05:48 C'est la rencontre aussi qui donnait sa force, je pense, à ses émissions et à sa façon d'exister et d'être reconnue.
05:58 - Claire Planchard, pour vous ?
06:00 - Oui, je rejoins. Et c'est surtout, je pense, cette voix...
06:04 J'en parlais tout à l'heure avant, présidente, mais il a tellement occupé...
06:08 Je pense, pour beaucoup de Français, les soirées, dans ses récits, les personnalités, des têtes couronnées.
06:12 Il avait presque un peu d'auto-dérision.
06:14 Et j'ai le souvenir, effectivement, que dans Amélie Poulain, il avait prêté sa voix à cette espèce de faux documentaire.
06:19 Amélie Poulain, un film qui a eu un succès, c'est vraiment un film populaire qui a eu beaucoup de succès.
06:25 Un faux documentaire sur cette Amélie Poulain qui se voyait en mère Thérésa.
06:28 Et donc, on voyait à la fois cette écriture, cette diction, ce rythme reconnaissable entre tous.
06:33 Et je pense que ça montre un peu l'éclectisme de cette personnalité et son souhait de lier les arts
06:40 et d'avoir une certaine auto-dérision par rapport au personnage médiatique qu'il était devenu, en fait, pour beaucoup de Français.
06:47 - Le Fil-Info, et on continue d'en parler 20h10. Emmanuel Langlois.
06:51 - Il fut tour à tour journaliste, romancier, animateur, télé, radio, réalisateur,
06:56 directeur aussi de la Villa Médicis à Rome, puis ministre de la Culture.
07:00 Frédéric Mitterrand est donc décédé aujourd'hui à l'âge de 76 ans,
07:04 neveu de l'ancien président François Mitterrand, ministre sous Nicolas Sarkozy.
07:09 Cette personnalité inclassable, grand cinéphile, avait annoncé en avril dernier être malade sans en dire davantage.
07:16 "Sa disparition me bouleverse", réagit sur X Jack Long.
07:21 Gabriel Attal annonce, lui, le lancement d'un audit des espaces numériques de travail des établissements scolaires
07:26 après qu'une cinquantaine de lycées d'Île-de-France ont reçu depuis hier des messages de menaces d'attentats terroristes
07:33 accompagnés d'une vidéo de décapitation.
07:36 Un total de 2,7 tonnes de cocaïne saisie par les douaniers lundi au port du Havre,
07:41 dans un conteneur en provenance de Guadeloupe.
07:43 Les plus de 2400 pins de drogue étaient dissimulés dans des caisses de déménagement.
07:50 Et puis à l'étranger, le chef du Mossad, les services de renseignement israélien,
07:53 est attendu demain à Doha, au Qatar, pour y rencontrer le chef de la CIA
07:58 dans le cadre des négociations autour d'une éventuelle trêve dans la bande de Gaza.
08:02 Pour la première fois hier, les Etats-Unis ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans l'enclave palestinienne.
08:07 On est en compagnie d'Armel Le Goff du Point, Claire Planchard du groupe Ebra,
08:21 Bruno Cotteres du Cevipof et pour le service culture de France Info, Matteo Maestraci,
08:26 après l'annonce ce soir de la mort de l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy,
08:30 Frédéric Mitterrand, mais surtout le réalisateur, l'homme de télévision.
08:33 Et on ne l'a pas dit, Matteo, l'historien, le géographe, l'enseignant,
08:38 donc prof d'histoire, prof des géos, prof d'économie, gros attachement aussi à la Tunisie,
08:43 on peut en dire un mot, et à la Méditerranée.
08:46 Oui, absolument, et je vous le disais un peu tout à l'heure,
08:49 il avait, quand la France, quand il y avait eu des partenariats entre France et Tunisie,
08:53 notamment dans les années 90, il y avait eu l'année de la Tunisie en France,
08:57 l'année du Maroc en France, c'était à lui qu'on avait demandé,
09:00 avec une casquette d'amateur de ces pays, de ces cultures-là, de mener ça.
09:09 Effectivement, il avait lui-même un petit peu enseigné, très brièvement,
09:12 mais avant d'être repris par sa passion du 7e art à l'époque,
09:16 et puis dans sa vie privée aussi, puisque vous parliez de son attachement à la Tunisie,
09:21 Frédéric Mitterrand a toujours été ouvertement homosexuel,
09:25 c'est quelque chose qu'il n'a absolument jamais caché.
09:27 Il laisse derrière lui trois fils, un fils naturel qui est né en 1981,
09:34 et deux garçons plus jeunes qu'il avait adoptés, justement, à Hammamet, en Tunisie,
09:41 donc il avait un fort attachement, évidemment, à cette culture-là,
09:45 et une passerelle qu'on peut faire, d'ailleurs, avec Jacques Lang,
09:49 qu'on a entendu à l'instant, qui devrait réagir ce soir sur France Info,
09:52 actuel patron de l'Institut du Monde Arabe, amoureux des cultures méditerranéennes en général.
09:58 Quand on parle de Tunisie aussi, il était ministre dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy
10:03 au moment de la chute du Tunisien, Ben Ali, on sait,
10:08 en tout cas moi je me souviens pour avoir travaillé sur cette période-là,
10:11 qu'il a beaucoup échangé avec Nicolas Sarkozy sur l'état réel de ce pays,
10:16 et que c'est, on va pas lui faire porter bien entendu la responsabilité du retard de la France
10:21 dans la condamnation de ce qui se passait là-bas, mais ça fait partie de l'histoire.
10:26 En tout cas, il a accompagné, Bruno Cotteres, cette période-là des rapports entre la France et la Tunisie.
10:32 - Oui, c'est sûr qu'il avait cette grande passion pour le Maroc, pour la Tunisie,
10:37 et qui partage d'ailleurs avec beaucoup d'intellectuels français, beaucoup de personnalités des arts et de la culture,
10:44 bien évidemment. Alors après, est-ce qu'il avait pu jouer un rôle ?
10:48 On se rappelle surtout de la ministre de la Défense de l'époque, qui avait un peu trébuché sur ce dossier,
10:54 on va dire les choses comme ça, mais sans aucun doute que le président Sarkozy,
11:00 sachant l'attachement de Frédéric Mitterrand à la Tunisie et ses connexions avec ce pays,
11:05 avait sans aucun doute dû un peu s'appuyer sur ses conseils, j'imagine en tout cas.
11:10 - Un souvenir en particulier, pour finir sur...
11:17 - Peut-être qu'on peut dire que ça a été un ministre de la Culture qui est resté assez longtemps, Rudvalois,
11:22 puisque en général... - 2009, 2012.
11:24 - Voilà, c'est trois ans, et c'est généralement un peu plus court quand on est nommé au ministère de la Culture,
11:30 et qu'il avait porté la loi ADOPI 2 sur la protection de la création,
11:35 donc une loi quand même importante pour le monde de la culture et de la création et des arts.
11:42 - Voilà ce qu'on pouvait dire ce soir, avec les informés et les souvenirs de chacun,
11:47 sur Frédéric Mitterrand qui s'est éteint ce soir à l'âge de 76 ans.
11:52 Merci beaucoup Matteo Maestraci, Service Culture de France Info, merci à vous.
11:57 Notre deuxième sujet, le déficit de la France, rien à voir, qui va donc déraper au-delà des 5%
12:08 qu'évoquait ce matin Thomas Cazenave, le ministre des Comptes publics sur France Info.
12:13 On va rappeler que la prévision sur laquelle le budget a été établi, c'était 4,9%, le budget voté en décembre.
12:19 Et pour tenter d'y voir plus clair, figurez-vous que la Commission des Finances du Sénat a envoyé cet après-midi
12:25 à Bercy son rapporteur général Jean-François Husson pour ce qu'on appelle un contrôle sur pièce et sur place.
12:31 Ça fait partie de sa mission de contrôle et alors là le constat, disons-le, est assez accablant.
12:36 Il parle désormais d'un chiffre, non pas de 4,9, non pas de 5% du PIB, mais de 5,6 et plus grave, vous allez l'entendre,
12:44 il affirme que le gouvernement a ignoré des éléments inquiétants dès le mois d'octobre et ensuite à nouveau en décembre.
12:52 Ça donne l'impression que le gouvernement a donc fait un pari dangereux d'une croissance très forte au quatrième trimestre,
12:59 alors que les signaux étaient à ce moment-là au rouge.
13:03 Dès décembre 2023, les services de Bercy alertaient le gouvernement sur un déficit pour 2023 prévu à l'heure à -5,2%.
13:15 Il aura fallu un trimestre pour que le gouvernement sorte du bois.
13:20 Là encore, je pense qu'il aurait dû ajuster la trajectoire du PLF.
13:26 Voilà, il dit aussi Jean-François Huisson qu'en février, Bercy était sur 5,7% au moment justement où, comme il dit,
13:35 le gouvernement est sorti du bois et a annoncé des coupes budgétaires.
13:37 Bruno Le Maire, le ministre de l'économie, annonçant ces coupes budgétaires.
13:40 Alors les accusations sont graves.
13:42 Écoutez ce que lui répond le député de la majorité sur France Info, Mathieu Lefebvre.
13:46 Je pense qu'il exagère grandement la situation.
13:49 Il pense que le gouvernement était alerté, qu'il n'a pas tiré la sonnette d'alarme.
13:53 La vérité, c'est qu'il a pris les conséquences de ce ralentissement économique à bras-le-corps,
13:59 puisqu'il a lui-même proposé un décret d'annulation de 10 milliards d'euros de crédit.
14:03 On peut le critiquer pour cela, mais on ne peut pas à la fois dire que le gouvernement savait et qu'il n'a pas agi.
14:07 Ça, ce n'est pas possible.
14:09 Alors, je voudrais vous entendre, évidemment, mais je vais vous faire écouter encore une réaction,
14:12 parce qu'évidemment, les oppositions réagissent beaucoup.
14:15 On leur avait fait une réputation de Mozart de l'économie.
14:18 Ils ont créé 900 milliards de dettes, ironisait hier Marine Le Pen pour le RN.
14:23 Mensonge ou incompétence ?
14:25 Interroge carrément Valérie Rabault, la première vice-présidente de l'Assemblée nationale,
14:29 députée PS du Tarn-et-Garonne, ancienne rapporteure générale du budget à l'Assemblée,
14:34 elle qui était ce matin sur France Info.
14:36 Depuis 2022, l'Assemblée nationale n'a voté aucun budget.
14:40 Tout est passé en 49-3.
14:41 Et donc, ne pas avoir une expression démocratique lorsqu'il y a une situation économique qui est difficile
14:46 et que je ne nie pas, que je ne nie absolument pas, je pense que ce n'est pas responsable.
14:51 Mais quoi qu'il en soit, le gouvernement va devoir rendre des comptes pour expliquer
14:54 comment il passe d'un déficit prévu de 4,9% à peut-être plus de 5,
14:59 je ne sais pas si on ira jusqu'à 5,6%, je n'en sais rien, on verra la semaine prochaine.
15:02 Mensonge ou incompétence ?
15:03 C'est un pilotage des finances publiques qui ne va pas du tout.
15:06 Mensonge ou incompétence ?
15:08 On est clairement, avec tout ça, dans un procès en insincérité.
15:14 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
15:15 C'est grave en tout cas comme accusation, Claire Planchard.
15:18 Oui, et puis la séquence est assez assassine parce qu'on a entendu beaucoup Bruno Le Maire,
15:23 le ministre des Finances, depuis sept ans, en début de semaine, fin de semaine,
15:27 qui faisait la promotion de son nouveau livre où il parlait de sérieux budgétaires, d'économie,
15:32 enfin voilà, il a démenti prendre des habits de présidential,
15:36 mais bon, clairement, certains en ayant vu un livre-programme,
15:39 et on a là une séquence où effectivement d'un côté, le gouvernement temporise et refuse ces derniers jours
15:43 déjà de confirmer cette rumeur de 5,6% qui a été sortie dans plusieurs médias,
15:48 et là, ce contrôle qui est de l'ordre des prérogatives de la commission du Sénat,
15:54 d'aller à Bercy, regarder les documents et de dire "regardez, voilà ce qui est véritablement ce qui nous attend",
16:01 puisque c'est mardi que l'INSEE doit officialiser le chiffre,
16:04 et une séquence qui est très très dommageable pour le gouvernement,
16:08 et effectivement, dans une période électorale à quelques mois des européennes,
16:12 les oppositions s'y engouffrent,
16:15 sachant effectivement qu'ils sont en minorité à l'Assemblée,
16:17 et que s'ils devaient faire une loi de finances rectificative, ils passeraient par le 49-3,
16:21 donc ils sont coincés.
16:23 Ils n'auraient pas le choix.
16:23 Voilà, Bruno Le Maire l'a annoncé potentiellement à l'été,
16:26 après ce coup de rabot de 10 milliards, mais il y a une vraie tension sur ce sujet.
16:31 Jean-François Husson dit aussi "je n'ose pas croire qu'il s'agisse d'une stratégie de communication".
16:37 Bruno Cotteres là aussi, les mots sont quand même extrêmement durs là.
16:40 Oui, les mots sont durs, sont importants, symboliquement c'est très important.
16:45 On va préciser qu'il est républicain, le François Husson.
16:47 Voilà, il est sénateur républicain, il est président de la commission des finances au Sénat,
16:53 et on voit que c'est le contrôleur contrôlé d'une certaine manière,
16:57 c'est descendre du Sénat à Bercy.
17:00 C'est quand même très sérieux parce que ce sont des parlementaires
17:03 qui ont une mission essentielle en démocratie, certifier nos comptes publics,
17:10 les ministres et les parlements qui s'enchincent,
17:12 c'est évidemment un point capital de notre fonctionnement économique et démocratique.
17:16 Donc là, on est vraiment dans le dur, dans quelque chose qui est très, très lourd et très sérieux.
17:21 Il faut rappeler quand même que le gouvernement, il a en ligne de mire aussi les agences de notation,
17:25 Standard & Poor's, qui arrive dans pas longtemps, avec tout le monde qui redoute une dégradation éventuelle
17:30 de la note de la France.
17:33 Et sur ces questions, on voit qu'il est en train de se passer quelque chose.
17:37 Ce n'est pas seulement budgétairement qu'il est en train de se passer quelque chose,
17:40 mais c'est politiquement qu'il est en train de se passer quelque chose,
17:43 avec beaucoup d'acteurs qui commencent à dire finalement, dans la perspective de 2027,
17:47 ça va devenir le sujet, ça va être un des sujets très importants.
17:51 Et comme une des dimensions assez fondamentales aujourd'hui de notre vie politique,
17:56 dans la perspective de 2027, c'est que va-t-il se passer à droite et au centre-droite,
18:02 où on sait que cette question, elle va jouer un rôle très important.
18:05 On voit qu'on est rentré dans quelque chose de très, très important politiquement aussi.
18:09 On va rentrer plus en profondeur encore dans tout ça.
18:11 À 20h21, d'abord le Fil-Info, Emmanuel Langlois.
18:14 À la disparition de Frédéric Mitterrand, il avait 76 ans, ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy,
18:19 de 2009 à 2012, neveu de l'ancien président François Mitterrand.
18:23 Il avait marqué l'histoire de la télévision française en présentant de nombreuses émissions
18:27 et en réalisant ainsi des films pour le cinéma.
18:30 En avril dernier, Frédéric Mitterrand avait annoncé qu'il était malade depuis trois mois.
18:35 À la Courneuve, en Seine-Saint-Denis, la marche blanche organisée à la mémoire de Ouinis
18:39 a rassemblé plusieurs centaines de personnes cet après-midi.
18:42 Mercredi dernier, l'adolescent avait été tué lors d'une collision à scooter
18:46 avec un véhicule de police après un refus d'obtempérer.
18:50 La CGT de la RATP appelle à la grève.
18:53 Le 4 avril prochain, le premier syndicat du groupe de transport francilien
18:57 demande un retour à la table des négociations pour discuter de hausse de salaire.
19:03 Les 27 réunis jusqu'à demain au sommet à Bruxelles pour s'entretenir des moyens
19:08 pour mieux armer l'Ukraine face à la Russie.
19:11 Parmi les pistes envisagées, l'utilisation des bénéfices
19:14 générés par les avoirs russes gelés ou encore la mise en avant
19:18 des fournisseurs d'armes européens au détriment des Américains.
19:21 On parle de ce déficit public de la France qui dérape pour 2023
19:35 avec Bruno Cotteres, Ossievi Pov, Sclaire Planchard du groupe Ebra et Armel Le Goff du Point.
19:41 Jean-François Huisson, le rapporteur général du budget dont on parlait au Sénat,
19:45 dit aussi que c'est une situation inédite.
19:49 Est-ce qu'on a déjà eu ce type de dérapage, ce type de décalage
19:53 entre les prévisions sur lesquelles le budget est établi et le déficit à l'arrivée ?
20:00 Est-ce qu'on a déjà eu cette accusation d'insincérité finalement ?
20:04 Bruno Cotteres ou Armel Le Goff ?
20:06 Moi, je ne saurais pas vous répondre sur cette accusation d'insincérité
20:08 mais on avait des signaux quand même depuis plusieurs mois sur des prévisions de croissance
20:13 qui étaient pointées beaucoup trop à la hausse,
20:15 sur l'agitation qui avait quand même gagné déjà Bercy et l'Elysée en décembre, me semble-t-il.
20:22 Mais on était sur des marges, sur du 0,1, sur du 0,2, enfin là, on est quand même...
20:25 Avec une agence de notation qui menaçait de dégrader la France.
20:29 Et il y avait eu vraiment des gros coups de chaud.
20:32 Donc là, effectivement, il y a un décalage qui est énorme.
20:35 Pour l'instant, on n'a pas non plus les chiffres définitifs.
20:39 Le chiffre de 5,6, clairement, il était sorti dans la presse
20:42 parce que c'est le directeur du budget lui-même qui l'avait dit en réunion interne.
20:46 Il ne sort pas de nulle part ce chiffre et c'est effectivement le chiffre qu'on retrouve là avec le sénateur.
20:50 Le vocabulaire, évidemment, est très important.
20:52 L'idée d'insincérité, là, on voit que sur les signaux qui sont envoyés au pays,
20:58 les signaux qui sont envoyés aux différents électorats, c'est quelque chose qui va imprimer.
21:02 Je me demande si ça n'est pas arrivé déjà qu'un budget de la France soit qualifié d'insincérité.
21:07 Il faudrait reprendre ça.
21:09 Mais surtout, on voit que c'est corrélé.
21:11 Et là, de ce point de vue-là, ce que disait Valérie Rabault peut s'enchaîner dans l'opinion,
21:15 c'est corrélé pour certains à l'idée de l'absence de débats budgétaires avec des budgets votés au 49-3.
21:21 Et c'est vrai que depuis cette situation inédite d'avoir cette majorité relative,
21:27 tout le monde se pose la question, est-ce qu'en démocratie, pendant un mandat entier, 5 ans,
21:32 tous les budgets pourraient être adoptés au 49-3 ?
21:34 On voit qu'il y a une difficulté qui n'est pas constitutionnelle.
21:37 C'est tout à fait constitutionnel de le faire.
21:39 Mais on voit qu'il y a une grosse, grosse difficulté politique.
21:41 Le budget, c'est quand même le cœur de l'activité parlementaire.
21:44 - Mais est-ce que ça entraîne une transmission de moins d'informations aux oppositions ?
21:49 Le fait que tout ça passe en 49-3 ? Non, parce que c'est dans les textes, malgré tout.
21:54 - Ça entraîne moins de délibérations.
21:56 - Moins de délibérations, c'est un mot accessible.
21:57 - Et moins de délibérations veut dire potentiellement moins de démocratie.
22:00 - Oui, et sur toutes les options qui sont sur la table, en fait.
22:02 Quelles options sont sur la table ? C'est un point assez important.
22:06 Et dans la séquence, on a pu lire ce matin les comptes rendus de la réunion d'urgence,
22:12 qui pour le coup, elle, est assez atypique.
22:14 Hier soir à l'Élysée, où le président de la République s'est entouré des membres de la majorité,
22:19 de ministres éminents, pour traiter notamment de cette question de quelles options,
22:25 en cas de dérapage budgétaire...
22:26 - Mathilde Sirot raconte cette soirée dans Le Point.
22:29 - Aucun arbitrage, et la soirée se termine quand même au Champagne.
22:33 Donc insoutenable légèreté quand même à l'Élysée.
22:37 - Parmi les pistes, il y avait un tabou absolu sur la hausse d'impôts.
22:41 Yael Brune-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, c'est pas n'importe qui,
22:45 évoque clairement visiblement le sujet hier soir à l'Élysée.
22:50 C'est un tabou qui va finir par... Une ligne rouge qui va finir par être franchie, ça ?
22:54 - C'est compliqué, parce que le chef de l'État a réitéré à nombreuses reprises cet engagement, très fortement.
23:01 - Pourquoi il fait ça ? Il y a une répartition des rôles ?
23:05 - Je pense qu'il y a une vraie discussion. Il y a sans doute une vraie discussion, qui est comment combler les trous.
23:10 Certains sont plutôt sur l'idée qu'il faut accentuer l'activité, l'emploi.
23:15 Par exemple, la bataille sur le front de l'emploi des seigneurs, pour beaucoup de membres de la majorité,
23:20 c'est au fond, là, la solution, faire rentrer des cotisations, faire rentrer de l'impôt sur le revenu et des cotisations.
23:27 D'autres disent qu'on n'échappera pas à des augmentations d'impôts. Et on voit bien le débat qui doit y avoir à l'intérieur sur ces questions-là.
23:34 Mais c'est très difficile, parce que le chef de l'État s'est quand même engagé à plusieurs reprises sur l'absence d'augmentation des impôts.
23:40 - Il y a la piste de l'indemnisation du chômage, dont on parlait ces derniers jours.
23:44 Et alors, Bruno Retailleau, sénateur LR, a-lui d'autres pistes ? On va l'écouter.
23:51 - Pour l'administration administrante. Parce qu'on a des fonctionnaires...
23:54 Je vois, par exemple, dans les départements, les préfectures sont à l'ausse.
23:58 Et on a besoin d'un État présent au niveau territoire. - Alors où les trouvez-vous, ces fonctionnaires à Sugru-Mec ?
24:02 - Je les trouve dans les grandes administrations centrales. C'est eux qui produisent de la norme.
24:07 Et donc, on aura double bénéfice. Bénéfice en salaire, mais surtout bénéfice normatif.
24:11 Et si on déburocratise la France, ce sont des milliards.
24:15 - Voilà, ce matin, chez nos confrères de Sud Radio, on supprime des postes de fonctionnaires de la solution de la droite.
24:22 Claire Planchard ? - On va avoir des propositions de tout le monde,
24:26 et qui vont être dans l'ordre de leur famille politique.
24:29 C'est-à-dire que chacun va y aller de sa proposition.
24:31 Mais on peut quand même rappeler qu'on est dans un contexte vraiment très particulier, géopolitique, qui s'est aggravé.
24:39 On a parlé de l'Ukraine, il y a la Chine qui ralentit.
24:43 Il y a quand même des choses. Et puis les partenaires européens, notamment l'Allemagne aussi, qui patinent en termes de croissance.
24:49 Donc on est dans un contexte particulier. Et chacun va venir amener effectivement des propositions.
24:53 L'administration, on en a quand même beaucoup parlé après les Gilets jaunes.
24:56 Là, il parle des administrations locales. Il essaie de faire le distingo.
25:00 Mais on a des services publics dans des situations difficiles.
25:03 Le quoi qu'il en coûte, politiquement, quand même, les Français ont apprécié.
25:08 Enfin voilà, ce soutien, et notamment aussi les chefs d'entreprise.
25:11 On se souvient du Covid. Cette dépense publique a été massive.
25:14 C'est peut-être plus difficile aujourd'hui de dire qu'on va tout couper.
25:17 On voit bien le gouvernement dans une difficulté.
25:19 Enfin, la marge de manœuvre n'est pas immense.
25:22 Parce que les mêmes oppositions qui pointent une insincérité et qui demandent du coup une remise à plat des finances publiques
25:29 sont les mêmes qui régulièrement réclament des moyens pour les agriculteurs récemment,
25:35 pour l'hôpital, pour l'éducation nationale, en pointant les faillites d'un système qui est en difficulté aussi budgétaire.
25:44 Donc c'est vrai que là, on va avoir effectivement un éventail de propositions
25:50 qui nécessitent vraiment du débat et de pouvoir être proposé aux Français.
25:58 Juste pour conclure sur ce thème, Jean-François Huisson pointe aussi, quand vous parliez du risque politique, Bruno Cotteres tout à l'heure,
26:06 comme une rupture de confiance qui, à quatre mois des Européennes, peut aussi avoir des conséquences politiques énormes.
26:14 Il le dit aussi clairement. Vous partagez ça ?
26:18 Oui, c'est clair que déjà l'état global de l'opinion est un état assez inquiet.
26:23 Le niveau d'anxiété, de santé mentale du pays, on a de très nombreux indicateurs qui nous montrent que le moral ne va pas très fort globalement dans le pays.
26:33 Et c'est vrai que rajouter une couche supplémentaire, qui est d'élever le niveau d'anxiété ou d'inquiétude pour les acteurs économiques,
26:39 mais pour les ménages aussi, en disant peut-être qu'il va y avoir des augmentations d'impôts, peut-être qu'on va passer des coups de rameau,
26:45 peut-être qu'on va supprimer des emplois dans la fonction publique.
26:46 Et peut-être qu'on n'a pas tout dit au départ.
26:48 Oui, voilà. Et ça introduit cette idée qu'il y a malheur au fond, ils ne savent pas ce qu'ils nous racontent, il n'y a pas de visibilité.
26:56 Comment se fait-il qu'on découvre ça du jour au lendemain ?
26:58 Et ça souligne encore une fois un problème fondamental qui est où est le cas principal ?
27:02 C'est-à-dire qu'on s'y tienne, qu'on dise il y a une priorité absolue, on n'y touchera jamais, et qu'on dise un peu plus clairement les choses de ce point de vue-là.
27:10 On voit que ce problème est là depuis. Et tant de messages contradictoires ont été passés.
27:16 En deux, trois ans, les priorités ont un peu bougé. Des fois, c'est le climat et l'écologie.
27:21 Des fois, c'est l'éducation. Peut-être maintenant, il faut se préparer à la guerre.
27:25 Voilà. Et c'est vrai que l'opinion de ce point de vue-là est un peu perdue.
27:28 Merci pour la transition, Bruno Cotteres.
27:30 Après, le Point sur l'info, on va évoquer le sommet européen de Bruxelles où il est question justement d'Ukraine.
27:37 20h30, Point sur l'info.
27:38 (Générique)
27:45 Et bonsoir Thomas Giraudot.
27:46 Bonsoir Berger, bonsoir à tous.
27:48 Les hommages après l'annonce du décès de Frédéric Mitterrand à l'âge de 76 ans, l'ancien ministre de la Culture sous Nicolas Sarkozy,
27:55 l'ex-président de la République, décrit un homme profondément humain.
27:58 Sur France Info ce soir, l'écrivain Éric Orsenna, proche de Frédéric Mitterrand, salue un grand visage, une voix de la télévision.
28:04 Frédéric Mitterrand avait animé plusieurs émissions sur la culture et le cinéma.
28:08 Sa famille précise ce soir qu'il luttait depuis plusieurs mois contre un cancer.
28:12 Les halveurs, notamment Beauvins, se félicitent du vote des sénateurs.
28:16 Ils ont rejeté à une large majorité le CETA, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada.
28:21 Il s'applique depuis sept ans, même si le Sénat ne l'a jamais ratifié.
28:24 Les produits canadiens sont une source de concurrence déloyale, dénonce une partie du monde agricole.
28:29 Le ministre délégué au commerce extérieur fustige une manœuvre politique des sénateurs à quelques semaines des élections européennes.
28:36 Le rapporteur général du budget du Sénat, lui, s'est rendu à Bercy cet après-midi visite surprise pour constater l'ampleur du dérapage du déficit public.
28:43 Estimé par le ministère de l'Économie, il devrait atteindre 5,7% du PIB de la richesse produite cette année et 5,9% l'an prochain.
28:52 L'opposition reproche au gouvernement d'avoir tardé à dévoiler ses mauvaises prévisions.
28:56 Volodymyr Zelensky met de nouveau la pression sur les Européens.
28:59 Il s'est adressé aux 27 chefs d'État et de gouvernement de l'UE réunis à Bruxelles pour fournir plus de munitions à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie.
29:07 Et puis un soulagement mitigé chez le millier de salariés de 26 Galeries Lafayette situés à Amiens, à Toulon ou encore à La Rochelle.
29:13 Le tribunal de commerce valide le plan de continuation présenté par leur propriétaire Michel Wayon.
29:18 Les emplois sont pour l'instant préservés, mais les syndicats se méfient de l'homme d'affaires mis en cause dans une enquête pour escroquerie en bande organisée.
29:25 *Générique*
29:34 Autour de la table ce soir, Claire Planchard, rédactrice en chef information générale du groupe ÉBRA,
29:39 Armelle Le Goff, directrice adjointe de la rédaction de l'Abdomen d'Air Le Point
29:43 et Bruno Cotteres, chercheur CNRS au CDIPOF et enseignant à Sciences Po.
29:48 Si nous voulons la paix, il faut se préparer à la guerre, qui dit ça,
29:53 le président du Conseil Européen, Charles Michel, c'est dans une tribune publiée dans plusieurs quotidiens européens
29:59 et c'est ce qu'il a dû répéter aux 27 chefs d'État et de gouvernement réunis en Sommet à Bruxelles.
30:05 Comment passer en économie de guerre quand les caisses sont vides ?
30:09 On le sait en France, mais c'est pas vrai uniquement en France et c'est toute la question.
30:13 Bonsoir Angélique Bouin.
30:14 - Bonsoir, bonsoir à tous.
30:15 - Correspondante de France Info à Bruxelles.
30:18 Alors parmi les pistes pour soutenir toujours l'Ukraine, évidemment, il est question d'utiliser les intérêts des avoirs russes gelés.
30:25 Expliquez-nous et dites-nous pour qui et contre parmi les 27.
30:28 - Alors ces avoirs russes gelés, en fait, il faut le rappeler, c'est sur ces sommes colossales qui sont gelées dans des banques européennes,
30:33 en Belgique essentiellement, qu'elles sont estimées à 210 milliards d'euros.
30:37 Et en fait, depuis plus de deux ans, elles génèrent des intérêts environ 3 milliards d'euros par an.
30:43 Quand on pensait que l'Ukraine allait renverser la situation sur le terrain militaire, on se disait ce sera toujours utile cet argent pour la reconstruction.
30:50 Mais aujourd'hui, vous l'avez dit, la question n'est plus de reconstruire, mais d'empêcher l'Ukraine de tomber.
30:54 L'idée est donc de puiser dans cet argent pour acheter des munitions.
30:59 Pour le faire, il fallait quand même une proposition juridique assez solide, car depuis des mois, on entend des experts européens dire que si on ponctionne ces intérêts,
31:07 ça pourrait détourner des États ou des investisseurs non européens des places financières de l'Union.
31:11 Donc il fallait utiliser cet outil avec quand même intelligence, en tout cas avec un support juridique.
31:19 Et la Commission a proposé ce support juridique hier.
31:23 Donc les 27 dirigeants qui sont réunis ce soir ici sont en train d'en discuter pour valider ou non cette proposition.
31:30 Alors, les grands pays européens, France, Allemagne en tête, sont d'accord.
31:33 Les pays de l'Est, Pologne, évidemment, sont aussi d'accord.
31:36 Il y a quand même quelques pays où il y a une tradition de neutralité militaire, comme l'Autriche ou l'Irlande, qui sont, eux, réticents non pas à l'idée de ponctionner ces intérêts pour les utiliser en faveur de l'Ukraine,
31:47 mais à l'idée de les utiliser pour acheter des armes.
31:49 On comprend tout de même ici ce soir que face à l'urgence, ils peuvent basculer.
31:53 Il y a une inconnue aussi, c'est Viktor Orban, le Hongrois, toujours aussi pro-russe.
31:58 Quelle position va-t-il adopter ? On ne le sait pas à cette heure-ci.
32:01 On sait aussi que ces quelques milliards, ce ne sera pas suffisant pour changer le cours de la guerre.
32:04 Mais c'est quand même une somme bienvenue, vous l'avez dit.
32:06 Les caisses sont vides un peu partout.
32:09 Cela pourrait se décider sinon ce soir, au moins dans les prochaines semaines.
32:12 Et en visio, le président Zelensky, oui, il a été très insistant sur l'urgence d'envoyer des armes, mais aussi de renforcer toute l'industrie de défense en Europe.
32:22 Il n'a pas exclu que ce fou, il parlait de Poutine, ordonne l'extension de sa guerre à d'autres pays.
32:27 Il a encouragé vivement les 27 à s'y préparer militairement.
32:32 Juste d'un mot, on parlait des avoirs russes gelés.
32:34 Il y a d'autres hypothèses, notamment il y a cette empreinte dont a parlé Emmanuel Macron.
32:39 Est-ce que c'est sur la table aussi, ça ?
32:41 Oui, alors c'est beaucoup moins consensuel, l'idée de réemprunter comme on l'avait fait pour le Covid.
32:45 C'est une idée de l'Estonie qui parlait de 100 milliards d'euros qu'on pourrait effectivement emprunter en commun pour booster l'industrie européenne de défense en lui passant des commandes publiques.
32:56 Il y a quelques pays avec la France, le Portugal, la Roumanie qui seraient favorables, mais ça va se heurter à l'Allemagne, aux pays frugaux.
33:03 Ce n'est pas mûr du tout. Ce qui est un peu plus mûr, c'est d'utiliser le bras financier armé de l'Europe, la Banque Européenne d'Investissement,
33:10 qui aujourd'hui, dans ses statuts, n'a pas le droit de financer des armes.
33:12 On l'appelle d'ailleurs la Banque pour le climat, mais elle pourrait, sous pression des États, il y en a 14 qui lui ont demandé de le faire à cette heure-ci,
33:19 donc une majorité d'États, il faut convaincre les autres, pour qu'elle investisse dans l'industrie de défense pour donner un signal.
33:27 Parce que les banques, en période de paix, elles et les investisseurs ne mettaient pas de l'argent dans des lignes de production.
33:33 C'est cynique. En période de paix, ce n'est pas rentable. Mais en période de guerre et dans une situation aussi incertaine pour les années à venir en Europe,
33:40 on va relancer cette industrie de la défense. On espère que les banques, et on peut utiliser cette Banque publique européenne,
33:47 cette Banque européenne d'investissement, pour donner un signal aux investisseurs privés et relancer cette industrie.
33:52 En tout cas, c'est de ça dont ils discutent. C'est très long. Ils en discutent depuis le début de l'après-midi, ils viennent de passer à table.
33:57 Et ce volet-là de comment on se prépare un jour, peut-être, à être en guerre, ça prend du temps et c'est extrêmement lié à ces problèmes de budget.
34:05 Il faut de l'argent pour fabriquer des munitions et des armes.
34:09 - Toute la subtilité, la lenteur, vous le disiez, de ces sommets que vous connaissez par cœur. Angélique Bouin, correspondante de France Info à Bruxelles,
34:16 merci beaucoup, avec les moyens techniques. Et on le remercie également de Marc Garveness.
34:21 Les informés, il y a cette rigueur budgétaire, finalement, on y revient tout le temps.
34:27 Il y a aussi l'occasion un petit peu de tâter le terrain sur l'état de ce groupe des 27 après les déclarations d'Emmanuel Macron,
34:38 qui finalement, je ne sais pas quel regard vous avez, a secoué le cocotier. - A permis de faire bouger les lignes. Oui, effectivement.
34:46 On n'arrive pas à très bien savoir si c'était vraiment préparé, cette déclaration, ou si ça ne l'était pas vraiment.
34:53 Mais en tout cas, le bénéfice de cette déclaration, c'est que ça a clairement fait bouger les lignes, qu'on a quand même des blocs qui se créent
35:00 au sein de l'Union européenne, avec forcément les pays les plus proches de la Russie qui sont très en soutien de la France.
35:08 Et le fait que l'Union européenne se dise qu'aujourd'hui, effectivement, c'est du fait du contexte de blocage des aides côté américain,
35:22 de se dire « ben voilà, maintenant, la balle est dans notre camp et il va falloir jouer et jouer soudé ».
35:28 - Sur les avoirs russes gelés, ça fait un moment qu'on en parlait, Bruno Cotteres. Là, on sent que c'est quand même une hypothèse.
35:37 Alors Angélique le disait très bien, ça va pas régler tout le problème. Mais bon, 3 milliards par an, c'est toujours bon à prendre.
35:44 - Oui, c'est les intérêts de ces avoirs. - C'est ça, c'est les intérêts des 210 milliards d'avoirs.
35:47 - C'est ce dont il est question, sachant qu'il y a ces 60 milliards de dollars bloqués pour le moment avec la situation américaine.
35:54 Donc effectivement, on est en situation d'urgence de ce point de vue-là. On voit effectivement qu'on est en tournant, ça, très clairement.
36:03 Le président français a effectivement mis un gros coup de pied dans la fourmilière de ce point de vue-là.
36:09 Cette question des avoirs russes, elle est susceptible, effectivement, d'être assez indolore dans les opinions,
36:15 puisqu'au fond, on voit très bien quel peut être l'argumentaire qui est utilisé, qui est assez simple à expliquer aux opinions.
36:22 Par contre, c'est vrai qu'au-delà, c'est-à-dire passer véritablement en économie de guerre, c'est-à-dire détailler très concrètement
36:29 ce que ça veut dire pour nos pays de passer en économie de guerre, qu'est-ce que ça implique comme choix budgétaire,
36:34 qu'est-ce que ça implique comme priorité, qu'est-ce que ça veut dire très concrètement, est-ce que c'est à horizon de 2 ans,
36:40 est-ce que c'est pour 5 ans, est-ce que c'est pour 10 ans, on ne sait pas. Et donc, de ce point de vue-là, la tâche va être beaucoup, beaucoup plus compliquée.
36:47 C'est une notion, un concept qu'on entend beaucoup. Par contre, pour le moment, on a quand même beaucoup de mal à saisir très concrètement ce que ça veut dire.
36:54 — Et c'est pas forcément très présent dans le débat français. On continue d'en parler après le Fil info. 20h40, Emmanuel Langlois.
37:01 — La disparition de Frédéric Mitterrand, annoncée tout à l'heure, peu avant 20h. Le neveu de l'ex-chef de l'État, François Mitterrand,
37:08 était également une personnalité du monde de la culture au sens large. Il avait tour à tour été exploitant de cinéma, animateur, producteur de télé, écrivain,
37:16 réalisateur de documentaires et de films, romancier. Il avait par ailleurs dirigé la Villa Médicis à Rome avant d'être nommé ministre de la Culture
37:25 sous la présidence de Nicolas Sarkozy dans le gouvernement de François Fillon. Sa mort me bouleverse. Une amitié de plus de 60 ans nous liait
37:33 d'une infection inaltérable réagie sur X Jack Lang. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris après que des messages de menaces d'attentats
37:41 terroristes ont été envoyés à une cinquantaine de lycées de la région parisienne, hier et aujourd'hui. Gabriel Attal annonce lui un audit des espaces numériques
37:50 de travail des établissements scolaires. Le gouvernement traque les auteurs, assure le Premier ministre depuis Matignon où il a pris la parole en fin d'après-midi.
37:59 L'Algérie annonce la tenue d'une élection présidentielle anticipée, ce sera le 7 septembre prochain, soit trois mois avant la date initialement prévue.
38:09 Et puis ce nouveau contrat pour Airbus, la compagnie sud-coréenne Korean Air va passer commande à l'avionneur européen de 33 exemplaires de l'Airbus A350
38:19 pour un montant catalogue de 13 milliards 700 millions de dollars.
38:26 France Info
38:29 20h21, France Info, les informés, Bérangère Bonte.
38:35 On évoque ce sommet européen et on en viendra dans un instant à une question qui touche aussi l'Europe, le fameux traité libre-échange CETA entre l'Union européenne et le Canada
38:44 contre lequel le Sénat a voté. Aujourd'hui on est avec Armel Le Goff du Point, Claire Planchard du groupe ÉBRA, Bruno Cotteres du Cévi-POV.
38:52 Claire Planchard, juste sur cette économie de guerre dont on parlait, c'est vrai que c'est une notion, alors on parle au niveau de l'Europe, mais c'est vrai qu'en France,
39:01 politiquement, c'est un concept qui n'est pas présent. Et on imagine que s'il faut avancer vers ça, c'est quelque chose sur lequel il va falloir faire de la pédagogie peut-être ?
39:13 Oui tout à fait, c'est vrai que les propos d'Emmanuel Macron s'adressent évidemment à six aux alliés, à faire bouger les lignes, mais aussi à son opinion publique.
39:20 Alors il y avait un élément qui a été beaucoup souligné, qui était un peu politicien dans la campagne européenne, c'est-à-dire d'obliger chacun à se positionner aussi sur une intervention possible ou pas en Ukraine,
39:29 notamment l'adversaire principal de ces élections, le Rassemblement national. Mais il y a aussi l'idée de peut-être dramatiser cet enjeu géopolitique pour faire prendre conscience
39:37 que véritablement, sans doute, que ça va avoir des conséquences au-delà d'une intervention ramée dans la vie des Français, que ce soit budgétairement ou dans les choix économiques qui vont être faits.
39:47 Et c'est vrai qu'Emmanuel Macron insiste là-dessus, parce qu'effectivement, concrètement, il va falloir décider à quelle mesure des industries, des sites industriels sont mobilisés pour produire davantage d'obus.
40:02 On a entendu aujourd'hui qu'il y avait une usine Thales en Irlande qui allait vraiment augmenter ses capacités de production directement pour les envoyer en Ukraine.
40:10 Donc on a vraiment des choix qui vont être faits concrètement et qui vont devoir se faire, comme on l'a dit, dans une économie, enfin dans des ressources restreintes.
40:17 Donc il va y avoir des arbitrages et peut-être fiscaux. Enfin voilà. Donc effectivement, Emmanuel Macron, je pense qu'il y a la volonté, ce que les sondages le disent,
40:25 les Français sont de moins en moins favorables à un soutien financier de l'Ukraine. En un an, ça a fortement chuté. Donc il y a toujours, politiquement, plutôt un soutien.
40:34 - Il y a toujours ce débat autour des agriculteurs et de la position de Blake et de... - Tout à fait. La solidarité est là, mais on voit que dans le paysage politique et dans d'autres pays, ça divise davantage.
40:43 Plus la guerre va durer, plus ça va diviser.
40:45 - Dans d'autres pays d'Europe, justement, c'est un débat et c'est cette notion d'économie de guerre qui est plus présente, Bruno Cotteres, de ce qu'on en comprend.
40:54 - Oui, j'imagine que dans les autres pays européens, quand même, budget constraint, ces questions, comme nous avons en France, se posent également.
41:03 C'est vrai que pour le moment, c'est un concept qui est un peu au-dessus des dettes en ce qui concerne la France, qui est peu incarné très concrètement.
41:10 - Comment ça s'explique, ça ?
41:11 - On voit que le chef de l'État essaye d'expliquer que c'est une question de sécurité nationale, en fait. Et le Premier ministre, le président disent au fond si l'Ukraine tombait,
41:23 il y a un impact direct, concret dans la vie de tous les jours des Français.
41:28 Mais on voit que c'est un énoncé qui est à la fois tellement explosif, tellement paradoxal, qui est, alors finalement, est-ce que nous vivons vraiment, vraiment dans une situation de menace de notre sécurité nationale ?
41:38 C'est tellement complexe à expliquer, difficile, c'est tellement source d'anxiété qu'il est quand même assez difficile pour l'exécutif, pour le moment, d'agir sur ce levier.
41:49 - Mais c'est ça, le rôle du politique, non ?
41:51 - C'est le rôle du politique, mais aussi le rôle du politique, c'est aussi de donner du sens, évidemment, mais aussi de ne pas s'embarquer dans un niveau d'anxiété.
42:00 Je l'ai dit tout à l'heure, le niveau d'anxiété globale dans le pays est très élevé.
42:03 Regardons les données de Santé publique France, qui ont beaucoup d'indicateurs qui nous disent qu'au niveau santé mentale du pays, c'est pas optimal.
42:11 Voilà, on va dire les choses comme ça. Donc voilà, il y a une situation qui est complexe.
42:15 - Allez, on passe à notre dernier sujet, le CETA. Alors, depuis le temps, et je dis depuis le temps, mais ce traité date de 2016.
42:25 Je salue Mathilde Dupré, bonsoir à vous.
42:27 - Bonsoir.
42:28 - Vous êtes notre experte sur ce sujet. Le CETA, on en parle donc depuis 2016. Il est appliqué, ce traité de libre-échange, entre les pays de l'Union européenne et le Canada depuis 2017.
42:37 Je précise que vous êtes en charge du programme commerce à l'Institut Veblen.
42:42 Ce texte a été... Le Sénat a voté... N'avait jamais été ratifié par le Sénat. Et le Sénat a voté contre aujourd'hui.
42:51 Alors, politiquement, ça s'annonçait, les communistes voulaient faire un coup de tonnerre politique. C'est réussi, puisqu'il y a cette alliance improbable, on va dire, en tout cas inédite, entre les communistes et la droite.
43:01 Mais, à l'arrivée, on en parlera peut-être aussi, il y a un espèce de moment de farce, même si c'est pas drôle, c'est franchement pas drôle, mais qui a fait que...
43:12 Avec des rentrées-sorties, des groupes qui quittent l'hémicycle, et on pourra en dire quelques mots.
43:18 À l'arrivée, ce traité du CETA, on a envie de comprendre comment il peut être appliqué depuis 2017, alors qu'il n'était pas ratifié, et quels effets, finalement, il a, quand on parle de libre-échange ?
43:32 Alors, c'est en effet un accord qui a été déjà ratifié par le Parlement européen et le Conseil en 2016 et 2017.
43:40 Et donc, suite à ces deux décisions-là, une grosse partie du texte est rentré en application provisoire en septembre 2017.
43:46 En fait, c'est le volet commercial qui est rentré en application provisoire, et il y a encore des dispositions qui portent sur l'investissement et la protection des investisseurs étrangers dans les deux zones,
43:55 qui ne sont pas en application, et dont l'application ne serait déclenchée que par un vote positif dans l'ensemble des États membres.
44:02 Et aujourd'hui, on est dans une situation un peu à mi-chemin, puisque dans les 27, on a encore 10 pays qui ne se sont pas prononcés sur le texte.
44:09 Ça pose pas de problème pour l'application ? C'est ça qui est difficile à comprendre pour nous, ici ?
44:15 C'est toute l'ambiguïté de l'Union européenne d'avoir voulu faire un grand, grand traité qui mêle des sujets de compétence européenne et des sujets de compétence des États membres.
44:23 Et c'est pour ça qu'on se trouve un peu dans cet imbroglio juridique. Et d'ailleurs, depuis, l'Union européenne ne procède plus de la même façon,
44:30 pour pouvoir... Elle découpe les accords pour que, justement, le volet commerce rentre en application sans attendre, sans avoir besoin de ratification des États membres.
44:38 Et c'est seulement sur le volet investissement qu'ils sont véritablement consultés.
44:42 On va revenir sur ce qu'il y a vraiment dans cet accord et les effets que ça a eu, parce que, de fait, les exportations européennes profitent déjà de cet accord.
44:52 D'abord, je voudrais juste qu'on comprenne bien Bruno Cotteres, comment tout ça a été adopté, quand je parlais de farce, sur ce texte qui fait l'objet d'énormément de critiques
45:05 dans les différentes oppositions depuis des années, et qui, là, tout d'un coup, est bloqué par une alliance entre les communistes et la droite.
45:14 – Sur le cas français, en tout cas, ce qui s'est passé a été l'utilisation par le groupe communiste au Sénat de sa niche parlementaire
45:22 pour remettre sur la table ce sujet, puisque le texte avait été adopté par l'Assemblée nationale il y a déjà plusieurs années,
45:31 qu'il a été parti un peu aux oubliettes, d'une certaine manière. Et c'est vrai qu'il vient d'être remis par un groupe de l'opposition sur le dessus de la pile,
45:38 avec une discussion au Sénat. On est à quelques semaines, à 80 jours des élections européennes. Il y a eu la crise agricole.
45:48 Et donc tout un tas de... On va dire tout un contexte qui fait qu'effectivement, ce texte, aujourd'hui, d'un seul coup, on dit...
45:55 Mais alors c'est vrai qu'il y a du libre-échange entre le Canada et les pays membres de l'Union européenne. Quelles sont les conséquences ?
46:02 Est-ce que ça veut dire que... Je reprends l'un des orateurs au Sénat cet après-midi, un sénateur républicain, qui ne peut plus continuer à importer,
46:11 d'ailleurs, ce que nous produisons chez nous. Un autre sénateur écologiste disait que le bilan commercial est mitigé.
46:18 Il reconnaissait qu'il y avait quelques avancées mitigées, mais au plan écologique, c'est absolument désastreux.
46:23 Et donc on voit que les différentes forces politiques réinvestissent d'un seul coup un sujet qui était un peu parti aux oubliettes
46:30 et qui vient activer quelque chose qui est un objet central du débat sur les questions européennes. Est-ce que l'Europe est un bouclier qui protège
46:38 les pays membres de l'UE de concurrence déloyale ou est-ce que c'est une Europe qui, au contraire, de ce point de vue-là, est faible ?
46:45 Et c'est vrai que dans le contexte des élections européennes, ce sujet, il est en fait assez central.
46:50 Marie Dupré, Mathilde Dupré.
46:52 On peut quand même noter qu'il y a une certaine constance dans le vote des parlementaires français, puisque déjà en 2017,
46:58 au Parlement européen, ils avaient été majorité à se prononcer contre le CETA, même si c'était pas du tout le reflet de l'opinion
47:06 des autres groupes politiques des autres pays membres. Et ensuite, à l'Assemblée nationale, ça avait été un vote très houleux,
47:12 alors même que le gouvernement avait une majorité confortable à l'époque et l'ensemble des oppositions avaient voté contre le texte
47:19 et même certains députés de la majorité s'étaient abstenus ou avaient voté contre.
47:23 Donc il y a certes le contexte actuel, post-crise agricole et des élections européennes, mais finalement,
47:31 la position des différents groupes n'a pas tant varié que ça.
47:36 On se demandera après quand même ce qui va devenir de ce texte, parce qu'évidemment, il y a eu un vote du Sénat
47:44 qui n'oblige pas la France à annoncer qu'elle ne ratifie pas, mais qui pose des questions sans doute démocratiques,
47:51 est-ce que ça repasse à l'Assemblée, etc. On parle de tout ça après. Le Fil info, 20h51, Emmanuel Langlois.
47:57 Il avait tour à tour été cinéaste, producteur, journaliste, écrivain, ancien ministre de la Culture et membre de l'Académie des Beaux-Arts.
48:04 Frédéric Mitterrand est décédé ce jeudi à l'âge de 76 ans. Il se battait depuis plus d'un an contre un cancer
48:11 publiquement révélé. Le monde de la culture perd ce soir un de ses grands serviteurs.
48:15 Salut sur X, Yael Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée. C'est un homme profondément humain.
48:21 Salut l'ancien président Nicolas Sarkozy.
48:24 Ce grave accident en Bretagne où une voiture a fauché cet après-midi à un groupe de 12 cyclistes
48:30 sur une départementale à Noyal, Châtillon-sur-Seche, au sud de Rennes.
48:34 Un homme âgé d'une quarantaine d'années a été tué, un autre a été grièvement blessé.
48:39 Le conducteur de la voiture âgé de 18 ans ainsi qu'un troisième cycliste ont eux été légèrement blessés.
48:45 Lui vit en exil en Belgique depuis plus de 6 ans pour fuir la justice espagnole et le mandat d'arrêt qui pèse sur lui
48:52 depuis sa tentative de sécession avortée de la Catalogne en 2017.
48:57 Mais c'est depuis les Pyrénées-Orientales que l'indépendantiste Carles Puigdemont annonce aujourd'hui
49:02 qu'il sera de nouveau candidat aux élections régionales du 12 mai dans cette région de Catalogne en Espagne.
49:09 Bruno Cotteres et Lapolle Sevipov, Claire Planchard pour le groupe ÉBRA,
49:22 Armel Le Goff pour Le Point et Mathilde Dupré pour l'institut Veblen,
49:27 expertes sur ce sujet du traité de libre-échange, CETA, bilan commercial, bilan écologique,
49:33 dites-nous depuis 2017 en quelques mots.
49:37 Sur le plan économique, les retombées sont assez limitées, c'était d'ailleurs ce qui était annoncé depuis le départ,
49:44 en dépit d'une communication extrêmement positive de la Commission européenne.
49:49 Si on regarde les exportations de l'Union européenne en valeur,
49:52 elles ont augmenté de 0,7% entre 2017 et 2022, alors qu'elles avaient augmenté de 34% entre 2012 et 2017.
49:59 Donc l'effet est relativement imperceptible.
50:02 Alors que c'est censé faciliter l'exportation ?
50:06 Tout à fait, mais en fait il faut savoir quand même que c'est un accord qui baissait des droits de douane dans des domaines,
50:11 quelques-uns où il restait des pics tarifaires, mais sinon on commerçait déjà beaucoup entre l'Union européenne et le Canada
50:18 et il restait déjà plus beaucoup de barrières tarifaires.
50:20 Quels étaient les secteurs qui étaient censés être boostés par cet accord ?
50:24 Il y avait quelques pics tarifaires dans le secteur alimentaire et agroalimentaire, dans le secteur textile notamment.
50:30 Après dans les secteurs qui ont le plus bénéficié de ces échanges, de ces progressions d'échanges,
50:37 on trouve notamment côté Canada les engrais, le nickel, les combustibles minéraux,
50:42 et côté européen l'industrie automobile, l'industrie chimique et là aussi les combustibles minéraux.
50:47 Alors quand on parle du bœuf qui est une des grosses inquiétudes...
50:50 Pour le mercosur, plus que pour le cétat ?
50:53 Non, pour le cétat c'était déjà un argument mis en avant par les agriculteurs,
50:57 parce qu'il y avait 65 000 tonnes de bœuf qui pouvaient rentrer sur le marché européen,
51:04 ce qui peut faire 16% de la consommation européenne d'alloyaux,
51:08 si c'est que des morceaux de qualité qui y étaient exportés par exemple,
51:11 donc c'est pas non plus négligeable.
51:13 Et effectivement ce qui a été mis en avant par les producteurs, c'est qu'il y a des normes qui sont très différentes
51:18 entre celles qui s'appliquent aux producteurs européens et celles qui s'appliquent aux producteurs canadiens,
51:22 notamment l'utilisation de farines animales, qui est strictement interdite dans l'Union Européenne,
51:26 l'utilisation de antibiotiques comme activateur de croissance,
51:31 et aussi certaines solutions pour décontaminer les carcasses dans les abattoirs,
51:38 que jusque là auxquelles on avait dit non.
51:41 Que va-t-il advenir de ce texte, là aujourd'hui, maintenant que le Sénat dit non ?
51:45 Est-ce que le gouvernement français peut s'asseoir, pardon pour l'expression, mais sur ce vote ?
51:51 Est-ce que ça vous semble envisageable ?
51:53 Qui veut répondre ?
51:55 Armel De Goff, Bono Cotteres ?
51:56 Ça me paraît compliqué de complètement s'asseoir,
51:59 parce qu'on voit que ça peut éveiller dans l'opinion tout un tas de signaux.
52:03 En tout cas moi, du point de vue de mon domaine d'expertise,
52:06 je vois que dans l'opinion ça peut allumer plein plein de signaux.
52:08 Il y a tout un tas de mots qui sont associés aux traités.
52:12 Tiens, tiens, ça réveille un petit peu, traité constitutionnel 2005, ça n'a rien à voir, mais voilà.
52:17 Libre-échange, c'est vrai que c'est un mot qui est dans le débat politique français,
52:21 c'est un mot qui n'est pas toujours facile à porter.
52:23 Donc s'asseoir complètement dessus, faire comme si rien ne s'était passé aujourd'hui,
52:28 ça me semble un peu compliqué.
52:30 Donc l'étape suivante, c'est quoi ? Ça peut repartir à l'Assemblée,
52:33 puisque maintenant il y a une version, parce que le texte a été retravaillé, là ?
52:36 Ça peut être ça ?
52:37 Oui, ça peut repartir à l'Assemblée, effectivement.
52:39 C'est une des options.
52:40 Tout à fait, normalement, c'est l'Assemblée qui aura le dernier mot.
52:42 La question, c'est est-ce que le texte sera inscrit dans l'agenda de l'Assemblée ?
52:47 Aujourd'hui, le groupe communiste semble dire qu'il pourrait le faire dans leur niche communiste à nouveau,
52:51 et ils en ont une le 30 mai prochain.
52:54 Après, est-ce que le gouvernement acceptera cet examen ?
53:00 On verra, ils peuvent aussi retirer le projet de loi.
53:02 Enfin, tout est possible à ce stade.
53:04 Après, il faut savoir que même si un pays vote contre,
53:07 il y a encore toute une chaîne de décisions à prendre derrière.
53:10 Le pays doit notifier l'échec de la ratification au niveau européen,
53:13 et ensuite, il faudrait éventuellement que la Commission propose la fin de l'application provisoire,
53:18 ce qui demande encore beaucoup d'étapes de ratification.
53:21 Il y a d'autres pays, comme Chypre, qui avaient voté contre, et il ne s'était rien passé.
53:25 Et tout ça peut s'arrêter ?
53:27 Si un pays sort du traité, que se passe-t-il ?
53:31 Un pays ne sort pas tout seul du traité, puisqu'on est un marché commun.
53:34 Mais si un pays dit que ce n'est pas possible de ratifier le traité chez lui,
53:38 vu la façon dont il a été conçu, normalement, tout le monde doit y mettre fin.
53:43 Un mot sur ce qui s'est passé au Sénat.
53:45 Claire Planchard, le spectacle était quand même assez terrible, il faut aussi le dire.
53:50 Oui, on est dans un contexte, c'est vrai qu'on est moins habitué à ce genre de spectacle au Sénat,
53:54 qui avait toujours défendu son calme, sa pondération par rapport à l'Assemblée nationale.
53:59 Là, aujourd'hui, on est dans un climat électrique, où on voit bien que ce sujet est électriste.
54:04 Il y a eu les agriculteurs, il y a ce débat du libre-échange, il y a cette tension
54:09 qui fait qu'effectivement, les Républicains et les communistes, aujourd'hui, se sont alliés.
54:13 On voit bien que le gouvernement est scruté.
54:15 Tout pourra être motif à attaque et à des succès contre sa politique.
54:22 Puisque vous avez la main, la une des journaux du groupe ÉBRA, quotidien d'Est de la France,
54:26 demain, dites-nous Claire.
54:27 Demain, on va faire un gros dossier sur les 30 ans du sidaction,
54:29 quel regard sur la maladie, sur les malades et la séropositivité.
54:33 La une du point, Armelle Goff.
54:35 La contagie antisémite et on revient sur les événements de Sciences Po à Paris, laissons le passer.
54:40 On lira ça. Merci beaucoup Mathilde Dupré, merci pour vos éclairages, merci aussi à Bruno Cotteres.
54:47 Demain matin, pas d'informer pour cause d'émissions spéciales,
54:50 demain l'Europe avec comme invité Jordan Bardella, tête de liste RN,
54:53 pour les élections européennes de 8h30 à 9h30, notez-le.
54:56 Et pour vous accompagner dès 20h, demain soir, ce sera Benjamin Sportouche. Bonne soirée.