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Journée d'études : Des métiers du patrimoine en mutation ? Approprisations du numérique, rapport aux objets et aux publics.

Session III : Des relations au public « dématérialisées » ?

Quand les archives d’écrivains s’exposent : réflexions à propos de quelques tendances numériques au sein de musées et maisons littéraires
Jessica de Bideran (Université Bordeaux Montaigne- MICA)

La journée d’études clôture le programme de recherche « Les reconfigurations du travail des archives face à l’informatisation : trajectoires, rapport au travail et légitimités des archivistes face à l’informatisation d’un monde professionnel » lancé par le Service interministériel des Archives de France, en partenariat avec le Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et le Département du Calvados, et mené par l’université de Caen Normandie (unité CERREV : Centre de recherche risques et vulnérabilités).

Cette recherche laisse entrevoir combien les transformations observées résultent de l’articulation du numérique comme modalité de réforme de l’État avec des démarches issues d’autres injonctions politiques et sociales (incitations à la participation des publics, au travail en mode projet, à l’externalisation, à la contractualisation, à la patrimonialisation…). Pour mettre en perspective ces analyses et ouvrir de nouvelles pistes de recherche, la journée d’étude se propose de mettre en regard les travaux menés dans le monde des archives avec des analyses explorant les mutations dans d’autres univers professionnels relevant des métiers de la culture et du patrimoine (bibliothèque, musées, etc.).

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Éducation
Transcription
00:00 Merci beaucoup d'abord à toutes et tous pour votre invitation et pour aussi avoir accepté
00:11 que je puisse vous présenter une partie de mes travaux à distance parce que c'est vrai
00:15 que la fin du semestre universitaire est toujours un petit peu chaotique et il était vraiment
00:20 compliqué pour moi de me déplacer aujourd'hui et cette semaine.
00:23 Le travail que je vais vous montrer rapidement cet après-midi, donc il va vraiment faire
00:29 écho avec ce qui a été présenté par Léa sur la Grotte Chauvet, je le trouvais vraiment
00:35 très très intéressant et aussi ce que vient de finalement présenter Geneviève,
00:39 c'est vraiment en écho à ce qui vient d'être dit, donc ça ouvre plein de pistes de réflexion.
00:46 Donc effectivement mon travail il est inscrit en sciences de l'information et de la communication
00:50 et ça fait maintenant plusieurs années que je travaille notamment autour de la question
00:57 des musées, expositions, maisons d'écrivains, musées littéraires, expositions littéraires
01:02 et maisons d'écrivains.
01:03 Et donc dans le cadre de cette journée, lorsque j'ai été sollicité, j'ai proposé de présenter
01:11 donc une réflexion autour du travail mené autour d'une maison d'écrivains et comment
01:17 ça a transformé les métiers, notamment des médiatrices.
01:21 Donc je vais vraiment être très très rapide sur l'introduction parce que je pense que
01:28 tout le monde dans la salle et à distance finalement connaît ces éléments et puis
01:33 ça a été rappelé par les personnes qui sont intervenues auparavant.
01:40 Mais c'est vrai que toutes les campagnes de numérisation qui ont été menées ces
01:45 20 dernières années, pour le dire rapidement, ont effectivement amené au partage, ouverture
01:52 des données, mais il y a eu aussi toute une création d'outils de médiation, comme
01:56 l'a très bien souligné Geneviève juste avant.
02:00 Et le point de départ de mon travail, c'est de me dire que finalement cette numérisation
02:07 massive qui concerne notamment des fonds d'écrivains, des fonds littéraires, va bouleverser ce
02:16 qui est le tropisme des maisons d'écrivains, des maisons de musées, qui s'inscrivent
02:21 généralement dans ce qu'on appelle une muséographie analogique.
02:24 Ça avait été travaillé notamment par Raymond Montpetit, à la fois notamment dans
02:28 les musées d'histoire, c'est-à-dire la reconstitution ou la conservation d'un
02:36 décor plus ou moins authentique, et où les objets vont avoir un rôle presque, souvent
02:42 les termes de reliques sont souvent utilisés pour évoquer ces maisons d'écrivains,
02:47 ces musées littéraires.
02:48 Et l'idée, c'est finalement pas tant les fonds d'écrivains ou la littérature
02:53 ou les archives littéraires qui sont au centre de ces muséographies, mais ce qu'on
02:57 peut appeler l'auteur en tant qu'expo, c'est-à-dire que c'est lui qui devient
03:02 l'objet de l'exposition et finalement il est présenté toujours en essayant, avec
03:09 cette difficulté autour du patrimoine littéraire qui est à la fois immatériel et matérielle.
03:15 Donc ce que je vais vous présenter, c'est vraiment une recherche en cours, et notamment
03:21 sur un territoire d'observation privilégié qui est mon territoire, la Nouvelle-Aquitaine,
03:27 parce qu'on a une diversité de maisons d'écrivains, de musées littéraires, et
03:32 on a un certain nombre de projets, notamment de numérisation autour des fonds d'écrivains.
03:38 Et depuis 2014, je travaille plus particulièrement avec le Centre François-Mauriac de Malagard,
03:43 comme sont l'indique, c'est la maison de villégiature de la famille Mauriac, de
03:48 François-Mauriac, qui a été conservée.
03:51 Cette collaboration a d'ailleurs commencé d'abord par la numérisation d'archives
03:57 et de presse notamment, et ensuite toute une réflexion sur l'évolution des outils
04:02 de médiation qui sont proposés en ligne et hors ligne.
04:07 Donc le Centre François-Mauriac de Malagard, on peut d'abord dire que c'est une maison
04:12 musée authentique, dans le sens où elle a été donnée par ses enfants à la famille,
04:20 et surtout, elle permet d'illustrer ce que Daniel Fabre appelait en 2001, dans le
04:26 cas d'une réflexion sur l'apparition de ce concept de patrimoine littéraire, qui
04:30 est un des rares objets patrimoniales qui n'a pas de définition juridique précise,
04:37 parce que justement il est en permanence entre des objets écrits, du patrimoine écrit,
04:41 et des objets monumentaux et l'immatérialité.
04:44 Donc il est l'idée d'une vérité fictionnelle et performatique de toute conversion patrimoniale,
04:52 c'est-à-dire que c'est le fait évidemment de déclarer que cet objet-là est patrimonial,
04:56 qu'il devient patrimoine.
04:57 Et à Bordeaux, ça s'illustre particulièrement, enfin Bordeaux et Gironde plus largement,
05:02 ça s'illustre particulièrement autour de cette fiction qu'on appelle "Les Trois M".
05:06 J'ai mis ici un extrait de Michel Suffrand, un écrivain bordelais, qui parle des biadits
05:12 culturels dits des Trois M.
05:14 Donc on a Montaigne, Montesquieu et Moriac.
05:17 Et je vous ai mis une photographie de la grande bibliothèque de la ville de Bordeaux, qui
05:24 lorsque la nuit arrive, s'éclaire et où on a une représentation éclairée ici, des
05:31 trois signatures, donc Montaigne, Montesquieu et François Moriac, qui s'affiche comme
05:39 ça dans l'espace public sur la façade de cette bibliothèque.
05:47 Alors cet exemple, il n'est pas anecdotique, c'est que finalement, la difficulté de ce
05:54 patrimoine littéraire, c'est qu'effectivement, il trouve des ancrages et il a besoin d'une
05:59 multitude de lieux et d'ancrages et d'acteurs pour s'ancrer et pour exister finalement
06:04 dans l'espace public.
06:05 Donc ces ancrages, ça va d'abord être évidemment les fonds littéraires.
06:08 Donc très belle photographie de François Moriac dans sa bibliothèque.
06:12 Donc les fonds littéraires autour de Moriac, ils sont dans trois lieux.
06:16 La bibliothèque littéraire Jacques Doucet, prioritairement.
06:19 C'est François Moriac de son vivant, de trois ans avant son décès, qui lègue une
06:24 grande partie de ses archives à la bibliothèque littéraire Jacques Doucet.
06:27 Puis il y a deux autres fonds qui se sont constitués plus tardivement et notamment
06:35 suite à la volonté de la famille de ses enfants et maintenant de ses petits-enfants,
06:40 donc à la bibliothèque de Bordeaux et donc à Malagarre.
06:45 Donc la bibliothèque de Bordeaux, je vous ai mis aussi ici une autre monumentalisation
06:50 de ce patrimoine littéraire.
06:52 C'est un facsimilé d'un cahier sur lequel François Moriac écrivait, puisqu'il écrit
06:59 sur des cahiers d'écoliers.
07:01 C'est un facsimilé qui est un auvent pour se protéger de la pluie avant qu'on pénètre
07:06 dans la bibliothèque de Bordeaux.
07:08 Ces auvents reprennent là aussi des archives d'écrivains.
07:12 Ici on a une page de Montaigne, de l'exemplaire de Bordeaux et ici une page de François Moriac.
07:20 On a le centre François Moriac de Malagarre, j'y reviendrai tout à l'heure, sa maison
07:25 de vacances.
07:26 Et on a aussi des séries d'actions qui permettent cette monumentalisation et aussi des séries
07:32 d'actions d'animer ce patrimoine littéraire.
07:34 Ici une présentation en bibliothèque avec, dans le cadre de projets d'éducation artistique
07:40 et culturelle, une conservatrice de la bibliothèque qui présente une partie des fonds Moriac à
07:46 des élèves qui vont ensuite, et on retrouve le numérique, donner une seconde vie à ces
07:51 fonds en créant par exemple des, comment dire, qui vont écrire en ligne, utiliser
08:00 des réseaux sociaux par exemple pour écrire à la manière de François Moriac.
08:04 Puis on a aussi évidemment les amis de François Moriac, toute une série d'associations comme
08:09 ça qui font vivre les illustres dans l'espace public et ici aussi sur les réseaux sociaux
08:17 puisque c'est le capture écran du compte Twitter de cette association.
08:22 Pour être plus précis sur la particularité du Centre François Moriac de Malagarre, parce
08:29 que peut-être que tout le monde ne connaît pas bien cette structure, François Moriac
08:36 décède en 1970 et en 1985 les enfants décident de donner la maison à la région Aquitaine
08:47 et elle est restée vraiment, c'est-à-dire qu'ils continuent à s'en servir mais il
08:54 n'y avait pas eu de transformation majeure depuis le décès de François Moriac et entre
08:59 1985 et 1997 il va y avoir une série de travaux pour pouvoir accueillir des publics puisque
09:05 dans le don qui est fait par la famille est stipulé que la maison doit être ouverte
09:09 au public et que la structure doit aussi devenir un centre d'archives et accueillir une série
09:14 de fonds documentaires liés à l'écrivain.
09:18 Je vous ai mis quelques extraits de verbatim, des entretiens que j'ai régulièrement avec
09:24 les médiatrices, donc j'envoie à dessein le terme médiatrice féminin puisque ce ne
09:29 sont que des équipes féminines, elles ne sont pas à 70 comme à Chauvet mais elles
09:34 sont 5 à faire des visites et la particularité c'est que c'est une maison d'écrivains
09:38 qui aussi ne se visite que sous forme de visite guidée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'accès
09:42 libre à l'intérieur de la maison et donc les termes qu'elles utilisent ça va être
09:47 des termes de type une authenticité médiatisée, une colline inspirée, un haut lieu mauréatien.
09:54 Donc on voit bien que l'auteur est partout présent dans cet espace-là, il y a une forme
10:02 de présence, d'aura qui est extrêmement présente.
10:05 Et la particularité aussi du Centre François Mauriac de Malagarre mais d'une façon générale
10:10 des maisons d'écrivains comme le signalait Dominique Poulot en 2013, c'est vraiment
10:15 l'idée de l'expérience scolaire, ces maisons d'écrivains elles existent aussi
10:19 en lien avec l'école pour amener à la lecture principalement et c'est vrai que
10:24 dans les publics qui sont accueillis au sein du Centre François Mauriac de Malagarre,
10:28 on a à peu près 15 000 visiteurs par an et donc voilà plus d'un tiers qui est des
10:35 publics scolaires, ce qui représente quand même un chiffre assez important avec une
10:39 personne dédiée qu'au public scolaire et c'est vrai que les actions qui sont menées
10:44 sont vraiment des actions en direction de l'apprentissage de la lecture et d'amener
10:51 une diversité de publics, ça va de la maternelle, on ne va pas les amener à la lecture, mais
10:57 ça va de la maternelle à l'enseignement supérieur et d'avoir comme ça toute une
11:02 série d'actions autour de la lecture et donc on se sert finalement de la maison comme
11:08 une réserve pour amener à la lecture de François Mauriac qui apparaît encore de temps
11:16 à autre dans les programmes scolaires notamment des lycéens.
11:20 Donc ça c'est pour le constat non numérique du Centre François Mauriac de Malagarre et
11:29 depuis 2014, comme je vous le disais, le Centre François Mauriac de Malagarre connaît une
11:34 certaine mue, c'est-à-dire qu'une grande partie de ses pratiques professionnelles sont
11:42 impactées par l'introduction du numérique et notamment des pratiques professionnelles
11:46 qui vont de l'information à la communication, on a vraiment tout le prisme de l'information
11:51 et de la communication qui sont impactées par l'introduction comme ça du numérique,
11:57 enfin je reviendrai sur ce qu'on appelle numérique d'ailleurs, mais au sein de la structure.
12:02 Donc j'ai parlé à peu près de cinq médiatrices, il faut savoir que c'est une maison d'écrivain
12:06 qui a à peu près dix professionnels à temps plein dont une personne dédiée aussi à
12:11 la GED, enfin à la documentation et puis aujourd'hui à la GED, ce qui pour une maison
12:16 d'écrivain est relativement important puisque souvent ce sont des structures qui sont bien
12:21 plus modestes en termes de professionnalisation.
12:24 Donc depuis 2014 et avec une nette accélération depuis 2019-2020, le Centre François Mauriac
12:31 de Malaga est aujourd'hui ce qu'on peut appeler une maison musée augmentée, je reprends
12:35 l'expression qui était notamment présentée par Geneviève autour effectivement de l'apparition
12:42 comme ça notamment des objets connectés et de tout ce qui est réalité augmentée.
12:49 Donc comment ça se matérialise très concrètement dans le travail, la mise en circulation et
12:59 les formes d'adresses au public, cette numérisation ? On observe donc toute une série d'injonctions
13:05 comme l'ont très bien présenté Sébastien Apiotti et Eva Sandry, donc ces injonctions
13:10 à l'utilisation de médias numériques au sein des structures muséales et culturelles
13:15 plus largement.
13:16 Donc ça va de la numérisation des archives et de la mise en place d'une bibliothèque
13:23 numérique, ça a été présenté aussi en le travail, l'impact du numérique dans la
13:30 façon dont les professionnels des bibliothèques travaillent.
13:34 Il faut savoir qu'au sein de Malaga la documentaliste a dû se former sur le tas, donc il y a aussi
13:44 notamment à la gêne, à l'indexation etc.
13:46 Donc il y a toute une réalité derrière professionnel qui est quand même assez complexe.
13:50 Une injonction comme ça du pouvoir public, en l'occurrence ici de la DRAC et de la région,
13:57 à numériser les archives, ça représente à peu près 30 000 pièces d'archives, c'est
14:03 pas anecdotique, c'est pas un petit fond, c'est des archives qui concernent essentiellement
14:08 l'univers familial évidemment de la maison, là où à la bibliothèque de Niterra-Janvoussé
14:15 ou à la bibliothèque de Bordeaux ça va être des fonds plus liés évidemment à
14:19 la partie écrivain professionnel de l'auteur.
14:21 À Malaga on va plutôt avoir des fonds qui renseignent plutôt son entourage familial,
14:28 son entourage amical, son entourage de travail, des échanges aussi avec des lecteurs par
14:33 exemple, on a ce genre de choses.
14:34 Donc il y a une bibliothèque numérique, très concrètement on numérise, on met en
14:38 ligne et avec une difficulté, c'est que c'est un auteur qui est encore sous droit,
14:44 donc avec la problématique d'une bibliothèque numérique qui n'est pas en accès libre,
14:47 les données ne peuvent pas être en accès libre et il faut se créer un compte, demander
14:52 la création d'un compte et on ne peut pas accéder à tous les documents.
14:56 Deuxième forme d'apparition du numérique, on va avoir un espace comme ça qui est une
15:05 sorte de centre d'interprétation qui est un sas qui permet de patienter avant de rentrer
15:09 justement dans la maison, ce qu'on appelle le chez du rouge, c'est une demeure où
15:14 on faisait de la vigne et où avait lieu les vendants, je crois que le chez où était
15:18 stocké le vin avant d'être mis en bouteille.
15:24 Donc on a ce qu'on appelle des totems documentaires avec des tables interactives et donc sur ces
15:34 totems documentaires, on va retrouver toute une série comme ça de tables.
15:38 Alors je suis désolée mais j'entends quelqu'un parler, c'est très personnel.
15:44 Et donc voilà, ces totems interactifs, ils sont mobiles et là aussi ils sont très monumentaux.
15:52 Donc c'est des tables interactives assez classiques, Jolien va présenter dans ses
15:57 diaporamas une série de photographies qui en montraient.
16:00 Donc on a un apport informationnel, c'est-à-dire qu'on va se puiser dans les archives pour
16:05 apporter des informations supplémentaires qui ne sont pas visibles dans l'espace de
16:11 l'exposition.
16:12 Et puis troisième expérience, déjà plus, en tout cas, enfin plus, comment dire, qui
16:28 est un peu à part autant la bibliothèque numérique, les tables interactives, c'est
16:31 des choses que l'on voit apparaître assez naturellement maintenant, enfin en tout cas
16:36 il y a une forme d'ancienneté.
16:39 La visite virtuelle qui a été créée dans le cadre de la fermeture des travaux et ici
16:45 il y avait vraiment un enjeu professionnel, c'est-à-dire que l'idée étant que la maison
16:52 avait besoin de restauration, il fallait fermer la maison pendant au moins un an ou deux ans
16:56 et on ne pouvait pas, enfin voilà, l'idée de la région c'était on ne va pas mettre
17:03 au chômage technique les médiateurs et les médiatrices en l'occurrence, donc on va proposer
17:07 une espèce de palliatif à la fermeture de la maison et on va créer une visite virtuelle
17:12 dans les écuries, non les tables pardon, où les visiteurs ont pu se rendre, donc bon,
17:18 après il y a eu le confinement donc c'est un peu compliqué la chose, mais voilà, cette
17:22 visite virtuelle a été faite à partir d'une captation photographique de la maison sur laquelle
17:27 on est venu enrichir le discours avec l'apport de documents et d'informations notamment
17:34 photographiques.
17:35 Et donc cette expérience a amené à repenser totalement la posture de Malaga et du numérique
17:47 et donc a été créée cette appellation que je trouve intéressante de Malagar numérique,
17:53 on a l'impression comme ça qu'on crée une espèce de marque et ça c'est quand même
17:58 un vrai changement de posture pour une maison d'écrivain, on va réunir sous l'appellation
18:03 Malagar numérique l'ensemble des offres qui sont faites par Malagar autour du numérique,
18:09 on a la bibliothèque numérique, on a Malagar vient à vous, je reviendrai là-dessus et
18:13 on a donc une présentation de la visite virtuelle, des écrans tactiles et de l'escape game,
18:18 on retrouve tout ce qui a été présenté encore une fois dans le cadre de la présentation
18:25 précédente.
18:26 Et ce que je trouve intéressant dans le fait d'utiliser ces termes qui rappellent une
18:29 marque c'est que ça permet de penser l'idée d'industrialisation, enfin on assiste comme
18:34 ça à une forme d'industrialisation des formes culturelles qui se déclinent en offre
18:38 et je reprends ici l'expression de Camille Rondeau qui a travaillé notamment sur la
18:42 déclinaison de Gallica en Gallica marque blanche dans un texte qui a été récemment
18:47 publié dans Communication et Langage et voilà elle analyse comme, je ne sais pas si vous
18:54 avez eu l'occasion de parler de Gallica marche peu blanche mais voilà c'est vraiment une
18:58 forme de, on va décliner le Gallica en des Gallica marque blanche pour des partenaires
19:04 collectifs, des territoriales ou autres et on retrouve finalement cette idée de, pareil,
19:10 de marque de réunir sous la même appellation un objet numérique qui va devenir une offre
19:14 en fait, une offre de service qu'on va proposer à différents publics et différentes personnes.
19:19 Alors très concrètement, et là je vais juste me concentrer sur la visite, aujourd'hui
19:29 elle est, cette visite virtuelle qui était proposée pendant le temps du travau, depuis
19:33 septembre 2023, elle n'existe plus à Malagard puisque évidemment la maison a réouvert
19:44 et donc il a fallu transformer cette offre en une nouvelle offre et donc c'est la visite
19:48 de la maison augmentée et donc on va faire, on rajoute ce que Liz Rondeau appelle des
19:53 adjuvants numériques, c'est-à-dire de nouveau on va empiler comme ça les offres
20:00 de médiation, les discours, les formes d'écriture et très concrètement les médiatrices elles
20:05 sont passées comme ça d'être équipées avec des livres où on avait Le Sagouin,
20:10 les œuvres complètes de François Moriarty, Le Drôle, etc.
20:12 Donc elles se baladaient dans la maison avec leurs livres, très concrètement aujourd'hui
20:16 elles se baladent avec une tablette et sur cette tablette tactile elles vont en permanence
20:21 pouvoir aller piocher dans l'ensemble des au moins 8000 documents photographiques parce
20:29 qu'il y a une focalisation quand même et ça c'est une vraie transformation, c'est
20:32 que finalement on n'expose pas tant que ça des archives, des manuscrits mais on va
20:36 beaucoup exposer évidemment des photos, c'est logique on est dans la maison donc
20:40 ça fait écho à l'univers familial que l'on traverse et on va venir comme ça avec
20:46 une forme de transparence projetée, alors tout est caché, tout est masqué et on a
20:52 ici par exemple à l'intérieur d'un placard qu'elle ouvre, on nous présente donc le
20:58 service de porcelaine et on nous explique qu'il était utilisé pour le mariage et
21:02 on a ici une photographie du mariage de François Moriarty et de sa femme donc il y a quelque
21:07 chose qui est presque de l'ordre de la magie comme ça, une forme de transparence
21:11 de l'objet numérique, du substitut numérique qui va comme ça apparaître.
21:15 Ici dans le bureau pour avoir observé des visites on a des publics qui vont s'amuser
21:22 à retrouver, là on voit François Moriarty et sa femme puisqu'elle retapait à la machine
21:28 tout ce qu'il avait écrit de façon manuscrite et voilà on va rechercher la machine à écrire,
21:34 on va rechercher le fauteuil sur lequel il était assis etc.
21:37 Donc il y a un peu un cherche et trouve qui se met en place avec la projection de ces
21:42 photographies.
21:43 Et je pense que j'en arrive à la limite de mon temps donc je vais m'arrêter là
21:51 sur la dernière, je voulais quand même continuer avant de terminer mais ce qui est aussi intéressant
21:58 c'est que cette offre numérique elle va se décliner et là aussi c'est une transformation,
22:02 alors on n'est plus outillé avec des livres mais on va être outillé avec une tablette,
22:06 on va aller chercher des documents numériques en fonction de la réaction des publics, on
22:11 va s'adapter, on va aller comme ça chercher très très facilement une série d'images
22:16 dans la tablette et on va aussi avoir des propositions hors les murs donc avec une série
22:21 d'usages pédagogiques, les usages pédagogiques comme l'avait bien signalé Patrick Frey
22:25 dans un texte en 2019, l'usage pédagogique il est très utile pour réguler l'usage
22:30 numérique c'est-à-dire qu'il donne une forme d'usage à des propositions numériques
22:36 et très concrètement aujourd'hui les médiatrices elles se déplacent hors les
22:39 murs, elles vont dans les classes, c'est très difficile aujourd'hui pour des classes
22:43 de pouvoir avoir accès à des bus, de se déplacer etc.
22:46 On est une région qui est très vaste en termes de géographie et donc plutôt que
22:50 de venir à Balagar c'est Balagar qui vient à vous et donc on vous propose un escape
22:55 game en réalité virtuelle, on vous propose une visite virtuelle, on va retrouver les
23:00 mêmes offres mais plus à l'intérieur de la maison mais dans la salle de classe.
23:06 Donc ça aussi c'est une transformation du métier de la médiatrice qui n'est plus
23:10 seulement sur site mais est amenée comme ça à se déplacer et qui gère aussi toute
23:15 une logistique qui n'avait pas forcément été anticipée en termes de casques, de
23:20 mises à jour etc.
23:21 Et je terminerai sur toute une série de questions parce qu'encore une fois ça reste
23:27 un travail qui est vraiment en cours et qui est des réflexes, enfin je vous soumets une
23:31 série de réflexions.
23:32 Ce qui est intéressant c'est que d'abord là où avant on avait plutôt des extraits
23:38 de lecture au sein de la maison, l'apparition de ces archives d'écrivains, de ce substitut
23:43 numérique et notamment de la photographie fait qu'on a une multiplication de ce que
23:48 les informaticiens appellent des scripts, c'est-à-dire qu'on va épuiser comme ça
23:53 dans les… il y a presque 8000 clichés photographiques qui ont été numérisés et dans lesquels
23:58 elles peuvent aller piocher, donc on multiplie les récits possibles autour de la maison.
24:02 Donc c'est plus seulement une maison littéraire mais ça va être la maison où on va présenter
24:07 aussi comment autrefois on vivait finalement.
24:09 Ça va déplacer comme ça le discours et le récit.
24:14 J'ai toute une série de réflexions autour justement d'une muséologie qui se rapproche
24:19 presque plus d'une muséologie à la Georges-Anthier-Rivière, des arts et traditions populaires, où on
24:24 va présenter d'anciennes façons de vivre plus que finalement juste la littérature
24:30 et le patrimoine littéraire.
24:32 La médiatrice, elle devient finalement une sorte de relais de témoin.
24:37 Elle n'est plus seulement là pour transmettre un discours mais elle a un rôle finalement
24:45 de témoin, de valeur, d'authenticité.
24:47 Elle va certifier l'authenticité de ce qu'elle raconte et cette authenticité,
24:51 elle va être le rappel à la photographie.
24:55 On ne retrouve pas du tout l'aliénation qu'on a pu avoir dans ce que présentait
24:58 Léa sur la Grotte Chauvet.
25:00 Elle se sent extrêmement libre puisqu'elle peut multiplier comme ça les formes de récits.
25:11 Il faut savoir aussi que toute cette médiation a été pensée avec elle.
25:16 Je pense que ça joue beaucoup sur l'outil qui est proposé à la fin puisque le fait
25:22 qu'elle prenne en charge le dispositif et pas les publics, que ce soit pas délégué
25:32 au public fait qu'elles ont eu vraiment leur moyen de la construction du dispositif.
25:38 On peut s'interroger sur est-ce que ça remet en question l'idée de la confiance éprouvée
25:44 qui avait été mis en avant par Johannes Le Marais.
25:47 L'objectif là maintenant ça va être d'aller faire des études du côté des publics.
25:51 Il y a aussi tout un travail à mener autour de cette utopie de la transparence, c'est-à-dire
25:56 que ces substituts numériques apparaissent comme par magie dans la maison puisqu'il
26:03 s'agissait d'être le moins intrusif possible.
26:05 Et en dernier recours, ce qui est intéressant aussi c'est de voir dans quelle mesure on
26:10 assiste finalement à une industrialisation des biens symboliques et à une transformation
26:14 des pratiques professionnelles dans le sens où ça entraîne aussi chez l'ensemble
26:19 de l'équipe toute une mise à niveau en compétences numériques.
26:24 Voilà, écrire un cahier des charges, mettre à jour les outils, appréhender le fait qu'il
26:36 y aura des évolutions techniques à mettre en place, etc.
26:38 Ça c'est des choses qu'il faut apprendre finalement sur le tas.
26:41 Et il y a un vrai rôle notamment de la région Nouvelle-Aquitaine dans la mise en place de
26:45 ces outils puisque c'est aussi vu comme un soutien à l'innovation locale puisque ce
26:50 sont généralement des entreprises locales qui participent à la production de ces outils.
26:55 Et je m'arrêterai là pour ne pas déborder, j'espère ne pas avancer trop longuement.
26:59 Je vous remercie.
27:01 Merci.
27:03 Merci.
27:05 Merci.
27:06 Merci.
27:08 Merci.
27:09 [SILENCE]

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