• il y a 8 mois
SESSION 2 : NUMÉRIQUE ET TRANSFORMATIONS DU
RAPPORT À L’OBJET DANS LES ESPACES DE TRAVAIL

Évoluer en réaffirmant son identité professionnelle : les
bibliothécaires aux prises avec le numérique
Cécile Rabot (Université Paris Nanterre- CESSP)
Transcription
00:00 La prochaine intervention sera celle de Cécile Rabault, qui est professeure de sociologie,
00:13 directrice adjointe du Centre européen de sociologie et de sciences politiques, spécialiste
00:19 en sociologie de la littérature, sociologie des politiques culturelles et qui a mené
00:23 plusieurs recherches sur les bibliothèques.
00:26 Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie d'être là aujourd'hui et je remercie les
00:32 organisatrices et organisateurs de cette journée.
00:36 Je vais pour ma part vous parler des bibliothécaires et ce métier a évidemment un rapport de proximité
00:48 avec le métier d'archiviste.
00:50 Et en même temps, quand on m'a proposé d'intervenir dans cette journée, j'ai eu un petit moment
00:58 d'hésitation.
00:59 Petit moment d'hésitation d'abord à partir d'une première question qui était, est-ce
01:06 que pour moi, bibliothécaire, c'est vraiment un métier du patrimoine ? Et ça renvoie
01:14 plutôt à la manière dont moi j'avais appréhendé le métier de bibliothécaire et mon angle
01:19 d'approche avait été plutôt d'envisager le métier bibliothécaire sous l'angle de
01:24 la médiation culturelle et avec un prisme lecture publique.
01:29 Et je sais bien évidemment qu'il y a aussi une dimension patrimoniale, mais ce n'est
01:34 pas sur cette dimension que moi je m'étais concentrée.
01:37 Ensuite, ma deuxième réticence, disons au départ, c'était aussi lié au fait que je
01:47 n'avais pas enquêté spécifiquement sur le rapport des bibliothécaires au numérique.
01:52 Donc, on me demandait d'intervenir sur le rapport des bibliothécaires au numérique.
01:56 Ah oui, mais non, je ne sais rien.
01:57 Bon, et finalement, je me suis dit que si, je savais quand même des choses, mais des
02:02 choses qui sont donc liées plutôt à des enquêtes préalables diverses, mais qui ne
02:08 portaient pas spécifiquement sur cette question du numérique et d'autre part, des observations
02:16 que j'ai pu mener à partir de la position qui est la mienne aujourd'hui.
02:20 Donc, les enquêtes, il s'agit d'enquêtes que j'ai menées en bibliothèque de lecture
02:25 publique à chaque fois, qui concernaient d'une part les acquisitions en matière de
02:31 littérature, les valorisations en matière de littérature et ensuite les politiques
02:38 des bibliothèques de lecture publique en direction des adolescents, donc des questions
02:43 assez loin du patrimoine.
02:46 Donc, ça, c'était pour les enquêtes, puis plus d'autres enquêtes sur les prix littéraires
02:50 en bibliothèque, les résidences d'auteurs en bibliothèque, bref, d'autres choses comme
02:54 ça.
02:55 Et pour ce qui concerne l'appréhension de ce terrain plutôt par un autre moyen, je
03:06 voulais évoquer le fait que je m'occupais aujourd'hui d'un master métier du livre
03:10 et de l'édition à l'Université Paris-Nanterre, ce qui m'amène à croiser un certain nombre
03:18 de professionnels des bibliothèques, à aller voir des étudiants en stage, à siéger
03:22 au conseil d'administration de ceci ou cela, de médiadis par exemple, à siéger dans
03:28 des comités de recrutement, etc. et donc à envisager cette profession de bibliothécaire
03:34 un peu sous d'autres angles.
03:35 Alors, pour ce qui concerne l'objet du numérique en bibliothèque, il me semble qu'on peut
03:43 dire que c'est un objet qui est extrêmement présent et qui est extrêmement hétérogène.
03:49 En réalité, le numérique recouvre une très grande diversité de réalités, de pratiques
03:57 et d'objets.
03:58 Il me semble qu'on peut relier cette présence du numérique d'une part à un air du temps,
04:05 évidemment le numérique traverse toutes nos pratiques et donc c'est assez normal finalement
04:10 qu'on le retrouve en bibliothèque sous toutes ses formes.
04:14 Mais il y a un enjeu spécifique, il me semble, qui a été évoqué ce matin à propos des
04:21 archives avec la question de dépoussiérer les archives.
04:24 Je pense qu'il y a aussi un enjeu pour les bibliothécaires à dépoussiérer les bibliothèques,
04:30 c'est-à-dire à lutter contre une certaine représentation de ces institutions qui les
04:35 associeraient au passé et à des lieux éventuellement poussiéreux, obsolètes, désagréables ou
04:46 je ne sais quoi de négatif qui pourraient être associés à tout ça.
04:50 Bref, un enjeu à paraître moderne, à paraître aux prises avec le présent et le numérique
04:56 fait partie de ça.
04:58 Alors, ce que je voudrais esquisser aujourd'hui, c'est simplement quelques hypothèses, trois
05:06 hypothèses.
05:07 Une première hypothèse qui est celle d'une technicisation du métier.
05:13 Je développerai dans un instant, je ne le fais pas maintenant.
05:19 Une seconde hypothèse qui est que malgré cette technicisation du métier, finalement
05:26 et malgré l'adoption de nouveaux objets, finalement ce sont plus ou moins les mêmes
05:33 compétences professionnelles qui se transposent et qui est donc une certaine permanence de
05:39 l'identité professionnelle et bibliothécaire.
05:41 Mais une troisième hypothèse serait qu'on observe quand même des phénomènes de recomposition
05:49 et de redéfinition, parfois pas forcément là où on les attend, mais des redéfinitions
05:55 un peu encreux.
05:56 Voilà, donc ce sera les trois points qui structureront mon intervention et je vais essayer d'aller
06:05 assez vite sur chacun.
06:06 Donc je commence tout de suite avec le premier aspect qui concerne la technicisation du métier.
06:13 Il me semble que cette technicisation du métier, elle concerne toute une partie des tâches
06:22 qui constituent la base du métier de bibliothécaire, peut-être moins la partie médiation culturelle,
06:33 à proprement parler, mais toute la partie un peu historique, disons, du métier, le
06:41 cœur du métier, mais au sens historique du terme.
06:43 Pour ce qui concerne la veille professionnelle, qui est un premier élément essentiel dans
06:50 le métier, elle passe aujourd'hui par des outils professionnels qui sont numériques,
06:58 essentiellement numériques.
06:59 Cette veille professionnelle, elle concerne à la fois ce que j'appelle une veille documentaire,
07:09 c'est-à-dire elle concerne la production culturelle aujourd'hui.
07:12 En bibliothèque, il faut pouvoir faire des acquisitions et donc il faut pouvoir se tenir
07:18 au courant de ce qui se fait, de ce qui se publie notamment.
07:22 Il faut se tenir au courant de l'actualité du monde du livre en général et il faut
07:28 pouvoir faire une veille métier, particulièrement pour toutes ces choses.
07:35 Les outils sont évidemment des outils, aujourd'hui, numériques, un peu classiques, newsletters,
07:42 listes de diffusion, réseaux sociaux, sites web avec des techniques pour les appréhender,
07:50 notamment des agrégateurs de flux et puis des revues professionnelles qui aujourd'hui
07:58 sont numériques, des collections de livres spécialisés comme les presses de l'Ainsib
08:04 ou les éditions de la BPI qui sont aujourd'hui passées en version numérique, etc.
08:10 Donc voilà, du numérique un peu à tous les étages dans cette veille professionnelle.
08:15 Et là-dessus, il me semble qu'il y a une sorte d'évidence, c'est des choses qu'on
08:19 ne questionne même pas.
08:21 Ensuite, pour ce qui concerne le catalogage, là, on a vraiment une technicisation et des
08:31 enjeux très forts autour du numérique et autour de la construction d'une visibilité.
08:38 L'enjeu, c'est de décrire les documents, comme dans les archives, dans le but que des
08:44 usagers puissent les trouver dans un catalogue.
08:48 Mais il faut aussi qu'on puisse trouver le catalogue.
08:51 Donc, il y a des enjeux aussi de mutualisation des catalogues, de rendre visibles les documents
08:56 au-delà de l'institution elle-même qui les héberge.
09:00 Il y a aussi un enjeu plus généralement de communication des différents catalogues
09:06 et d'interopérabilité, d'import-export de notices, etc.
09:12 Et pour cela, il y a tout un ensemble d'outils qui sont mis en place pour normaliser, établir
09:20 des formats, établir des protocoles d'échange et à partir de tout ça, pouvoir établir
09:29 des catalogues communs.
09:32 Voilà, donc, enjeu très fort autour du catalogage.
09:40 Ensuite, enjeu numérique aussi qui concerne la numérisation de collections patrimoniales,
09:47 la numérisation et ensuite la valorisation de ce patrimoine.
09:52 Je commençais par évoquer bien sûr le cas de Gallica qui est le projet national énorme
10:02 de numérisation et de valorisation du patrimoine de la Bibliothèque nationale avec 10 millions
10:12 de documents accessibles, avec toute une diversité en plus de documents.
10:18 Mais on retrouve aussi cette ambition à plus petite échelle puisque les bibliothèques
10:26 municipales ont pour un certain nombre d'entre elles un fonds patrimonial et il y a aussi
10:35 ce travail de numérisation et valorisation du patrimoine qui est fait à cette échelle-là.
10:40 Je vous ai mis un exemple qui est une exposition numérique proposée par la Bibliothèque
10:50 municipale d'Angers.
10:51 Voilà, donc on peut aller sur le site internet de la Bibliothèque patrimoniale d'Angers
10:59 et visiter l'exposition en ligne qui est articule des contenus, des éléments de médiation
11:09 et des fonds numérisés.
11:12 Alors tout ce travail autour du numérique se focalise, enfin plutôt se cristallise
11:25 dans un langage extrêmement élaboré, spécifique qui est en fait lié à l'informatique,
11:36 qui relie les bibliothèques au monde de l'informatique et c'est ce que j'appelle une technicisation
11:45 du métier, notamment autour de la notion de web de données ou de web sémantique.
11:51 Et ces notions de web sémantique et web de données, elles sont au départ, ce sont des
11:58 notions qui viennent de l'informatique.
12:01 J'ai trouvé un MOOC sur la plateforme FunMOOC, je vous montre ici une copie d'écran et
12:08 c'est porté par l'INRIA et le descriptif de ce MOOC comporte tout un ensemble de langages
12:18 spécifiques qui montrent bien que c'est extrêmement précis, technique et très lié à l'informatique.
12:27 Et ce qui relie, je ne sais pas, peut-être les archives se relient plus à l'histoire.
12:33 On voit bien à partir de là que les bibliothèques s'inscrivent plutôt dans l'essence de l'information
12:38 et de la communication.
12:39 Je vous donne ensuite comme exemple suivant une formation qui est proposée cette fois
12:49 non pas du côté de l'informatique mais du côté des bibliothèques.
12:53 Par Médiadis, le centre de formation régional en Ile-de-France au métier des bibliothèques
13:01 et il y a un module proposé par Médiadis dans le catalogue proposé actuellement qu'on
13:08 trouve sur la plateforme CIGFOR, un module qui s'appelle Bibliothèque numérique et
13:14 on va retrouver tout ce vocabulaire très, très spécifique et on ne va pas regarder
13:20 tout le programme mais on trouve aussi un module autour de sciences ouvertes et données
13:25 de la recherche, c'est la partie du bas de la diapo.
13:28 Et j'ai passé en jaune ce qui est tout en bas qui me paraissait une phrase symptomatique
13:38 de cette technicisation puisqu'on va proposer des exercices pratiques pour crawler un corpus
13:44 de texte avec Istex et Arsing en extraire des entités nommées et les data visualisées
13:50 avec Cortex.
13:51 Donc une fois qu'on a dit ça, bon, je ne sais pas ce qu'on a compris, en tout cas
13:56 on a forcément compris quelque chose quand on est du métier mais quand on n'est pas
13:59 du métier, on n'a absolument pas compris.
14:02 Donc voilà, je voulais vous donner ça comme simplement un symptôme de cette technicisation
14:06 extrême.
14:07 Voilà, donc au-delà de cette technicisation, il me semble qu'on peut dire qu'il y a aussi
14:14 une permanence de l'identité professionnelle des bibliothécaires, une permanence qui se
14:22 traduit dans le fait qu'on retrouve les différentes tâches, les différentes composantes qui
14:27 sont finalement traditionnellement au cœur du métier de bibliothécaire et d'abord
14:33 autour de la constitution des collections.
14:35 Alors d'abord, en matière d'acquisition, donc quand on parle des bibliothèques qui
14:44 acquièrent des documents et qui ne collectent pas du patrimoine, on va avoir affaire à
14:52 de nouveaux objets qui sont en partie des objets numériques, des livres numériques,
14:56 des revues numériques, de la presse en ligne, de la VOD, des plateformes d'auto-formation,
15:02 etc.
15:03 Donc des nouveaux objets très liés au numérique mais en revanche, les savoir-faire sont toujours
15:07 finalement un peu les mêmes, définir des orientations, évaluer l'offre, arbitrer,
15:14 faire connaître, évaluer ensuite l'usage du fond, etc.
15:21 Pour ce qui concerne l'autre partie du travail de constitution des collections qui est plutôt
15:27 la collecte, on va avoir cette fois une collecte spécifique qui porte sur des objets numériques
15:32 et je vous ai donné l'exemple des archives de l'Internet, de l'archivage du web par
15:37 la BNF, donc projet exemplaire qui montre bien que le travail qu'on faisait avant sur
15:42 autre chose, on peut continuer de le faire avec ces objets numériques.
15:45 Je voulais aussi donner l'exemple du jeu vidéo comme étant un nouveau support qui
15:52 a fait l'objet à la fois d'un travail patrimonial et d'un travail comme les autres d'acquisition,
16:00 de valorisation et de montage d'actions culturelles.
16:03 Il est notamment mobilisé beaucoup dans les bibliothèques de lecture publique en direction
16:09 du public adolescent, mais je ne vais pas développer davantage.
16:13 On retrouve aussi parmi les tâches un peu classiques des bibliothécaires ou en tout
16:19 cas les tâches auxquelles ils viennent de plus en plus, un travail de formation et on
16:27 trouve ce travail de formation aussi bien en lecture publique qu'en bibliothèque universitaire.
16:32 En lecture publique plutôt avec des ateliers d'initiation dans l'objectif d'une inclusion
16:38 numérique pour former au maniement de l'informatique ou à des choses un peu plus subtiles, mais
16:44 souvent quand même relativement de base.
16:46 Et ensuite un travail en bibliothèque universitaire plutôt sur des outils spécifiques.
16:52 Moi je vous ai mis ici comme exemple Zotero et ALM, mais ça pourrait être toutes sortes
16:57 d'autres choses.
16:58 Donc des rôles classiques des bibliothécaires qu'on retrouve ici.
17:02 Ensuite, pour avancer, il me semble qu'on peut quand même dire qu'on trouve une sorte
17:12 de division du travail ou des phénomènes de recomposition ou de redéfinition avec d'abord
17:18 l'apparition d'un pôle, je ne sais pas si c'est vraiment un pôle, mais en tout cas
17:22 un groupe de spécialistes du numérique.
17:25 Des spécialistes du numérique qu'on va trouver du côté du patrimoine.
17:29 Je vous ai donné ici un exemple de stage proposé à Tours en lien avec un projet spécifique
17:40 et qui a demandé des connaissances spécifiques très techniques.
17:45 Et on trouve aussi cette spécialisation plutôt autour du multimédia, du jeu vidéo en bibliothèque
17:55 de lecture publique.
17:56 Je vous ai donné ici un exemple de stage à la bibliothèque municipale de Trouville
18:02 et on demande aux personnes de pouvoir justement monter des ateliers d'initiation à Internet,
18:09 d'éducation aux médias et à l'information, de maintenance informatique de tenue du site
18:14 Internet, etc.
18:15 Donc on voit bien qu'on demande des compétences très techniques.
18:19 Et il me semble, alors ça c'est l'enquête reste à faire, que ces postes-là sont plus
18:26 volontiers occupés par des personnes plus jeunes et peut-être plus masculines.
18:32 Je disais peut-être que c'est trouver sa place en tant qu'homme dans un monde de
18:38 femmes en lecture publique.
18:40 Bon, c'est une hypothèse, je soumets à votre réflexion.
18:43 A contrario de ça, on va voir une réaffirmation de l'importance du livre par une partie de
18:51 la profession en disant mais comment des bibliothèques sans livre, vous n'y pensez pas, c'est très
18:56 très important, fondamental.
18:58 Bon, je vous ai mis ici un exemple extrait d'un blog syndical qui a surgit autour de
19:05 la conception de bibliothèques troisième lieu qui serait des purs lieux sans livre
19:10 et en disant voilà les livres ça serait trop encombrant, voire oppressant, une bonne
19:15 connexion internet serait tout de même beaucoup plus adéquate et en fait la bibliothèque
19:20 troisième lieu serait le tapis rouge pour assassiner le livre au profit des technologies
19:24 numériques.
19:25 Et en parallèle de ça ou en tout cas dans des positions moins extrêmes, on observe
19:33 un phénomène de recentrage sur la bibliothèque comme lieu, comme lieu de travail sur place
19:40 avec notamment en bibliothèque universitaire, le constat fait que beaucoup d'étudiants
19:46 utilisent les bibliothèques pour venir travailler sur place y compris sans utiliser du tout
19:50 les collections.
19:51 La bibliothèque comme lieu c'est aussi le cas en lecture publique avec l'idée que
19:59 la bibliothèque est à la fois un lieu de sociabilité et un lieu d'expérience culturelle
20:04 où on va vivre la littérature et la culture et pas forcément toujours emprunter des documents
20:10 et cette conception de la bibliothèque comme espace se retrouve dans le fait qu'on mène
20:16 des projets architecturaux ambitieux avec une attention aux ambiances et à la cohabitation
20:23 des usages.
20:24 Voilà, donc j'en arrive à quelques points de conclusion pour dire qu'il me semble que
20:31 le tournant numérique est largement opéré, que le numérique a été approprié véritablement
20:38 par la profession, c'est ce qu'on a déjà dit tout à l'heure pour les archives, que
20:42 finalement les compétences ont été transférées à de nouveaux supports plus que réellement
20:51 affirmés, mais qu'il y a néanmoins une expertise numérique qui est affirmée, qui
20:59 conduit à une polarisation croissante du monde des bibliothèques peut-être entre
21:05 lecture publique et patrimoine, même si ce que j'ai montré c'est que le numérique
21:09 traverse aussi la lecture publique, mais j'ai l'impression quand même que cette polarisation
21:13 est de plus en plus forte.
21:15 L'affirmation d'une expertise numérique, il me semble que ça sert l'affirmation
21:21 d'une identité professionnelle, c'est-à-dire c'est une manière de dire on fait un travail
21:26 que le commun des mortels ne peut pas faire, on a des compétences très très spécifiques,
21:32 d'ailleurs regardez on parle une langue que personne ne comprend, donc je pense que
21:36 ça peut faire partie de cette affirmation de soi pour une profession qui se cherche
21:43 souvent et il me semble que à travers l'évolution numérique on voit aussi une revalorisation
21:53 du pôle patrimoine grâce au numérique.
21:56 Pôle patrimoine qui était plutôt le parent pauvre, enfin je lisais le repère de Dan
22:04 Marie Bertrand sur les bibliothèques, elle consacre trois pages au patrimoine dedans
22:08 et elle dit il me semble que le patrimoine, c'était il y a déjà 15 ans je crois, elle
22:15 disait il me semble que le patrimoine commence à retrouver un petit peu, enfin une position
22:21 un peu plus forte alors que pendant tout un temps c'était la lecture publique qui avait
22:26 été au centre des politiques publiques, des bibliothèques.
22:31 Voilà, mais donc ce qui m'a frappée vraiment pour terminer dans cette évolution c'est
22:39 quand même que derrière tout ce travail autour de la technicisation, il y a un enjeu
22:46 qui est le public et construire la visibilité des collections pour le public, c'est-à-dire
22:54 même ceux qui sont dans une approche finalement assez technique et patrimoniale et d'interopérabilité
23:02 des catalogues etc.
23:03 S'ils font ça c'est dans l'idée que l'usager doit pouvoir trouver son compte etc.
23:09 Donc c'est pas un pôle qui s'occuperait que du document versus un pôle qui s'occuperait
23:16 que du public, mais il me semble qu'on est bien dans l'idée de servir le public dans
23:22 tous les cas.
23:23 Voilà, merci.
23:24 [Applaudissements]
23:26 [Silence]

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