Le crépuscule universel : explications avec Chantal Delsol.

  • il y a 7 mois
Avec Chantal Delsol, philosophe, auteure de "Le crépuscule universel" publié aux éditions du Cerf.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-03-13##

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 13h03 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face André Bercoff.
00:09 Aujourd'hui, vous recevez la philosophe Chantal Delsol qui vient nous voir pour son livre
00:14 qui vient de ressortir aux éditions Poche, "Le Crépuscule de l'Univers".
00:17 Bonjour Chantal Delsol.
00:18 - De l'universel.
00:19 - De l'universel, oui.
00:21 De l'univers, c'est vrai.
00:22 L'univers aussi est au crépuscule, pas tout à fait le même effectivement.
00:27 Je rappelle d'ailleurs, vraiment je reçois toujours avec plaisir Chantal Delsol,
00:31 et vous avez écrit un autre livre aux éditions Bollens sur la démocratie.
00:36 Il y aurait beaucoup de choses à dire.
00:38 Alors est-ce que c'est aussi, je fais une transition un peu facile,
00:43 est-ce que c'est aussi le crépuscule de la démocratie en ce moment ?
00:47 - J'espère que non, mais c'est vrai que la démocratie est un régime fragile,
00:52 difficile à maintenir parce qu'il n'est pas si naturel que ça,
00:55 même pas du tout naturel.
00:57 Et donc je ne suis pas sûre qu'on fasse assez d'efforts pour le maintenir,
01:01 c'est un petit peu ça.
01:02 On s'imagine que ça coule de source, que ça va de soi, mais...
01:05 - Oui, que c'est à l'état humain, qui est là pour l'éternité.
01:08 - Pas comme ça que ça marche.
01:09 - Oui.
01:10 - Voilà.
01:11 Donc il faudrait qu'on se rende compte de cette difficulté
01:13 et qu'on fasse un effort pour...
01:15 Et l'effort n'est pas toujours facile ni agréable,
01:19 donc je ne suis pas sûre qu'on ait pris conscience de ça.
01:22 - Mais quel effort ?
01:23 Par exemple, prenons notre cher et doux pays.
01:26 On est en 2024,
01:28 vous savez, les choses étant ce qu'elles sont,
01:30 comme disait le Général, on sait ce qui s'y passe.
01:32 Est-ce qu'aujourd'hui,
01:33 je vous pose la question brute de décoffrage,
01:36 est-ce qu'on est en démocratie au sens véritable du terme ?
01:40 On sait qu'on n'est pas en dictature, on ne va pas jouer,
01:42 on n'est pas en Corée du Nord,
01:43 heureusement on n'est pas dans certains pays,
01:47 mais est-ce qu'on est en démocratie ?
01:49 Au sens où vous l'entendez.
01:51 - On est dans une démocratie dégradée.
01:53 On est en démocratie parce qu'officiellement, oui,
01:57 mais en fait, cette démocratie est dégradée à plusieurs niveaux,
02:02 selon plusieurs points de vue.
02:04 - Alors dégradée comment, de quoi ?
02:06 - Elle est dégradée d'abord parce qu'il y a une technocratie très vivace,
02:13 c'est-à-dire une élite qui s'imagine que,
02:15 parce qu'elle est composée d'experts,
02:17 c'est elle qui dit le bien commun,
02:19 alors qu'une démocratie, ce n'est pas ça du tout.
02:21 En démocratie, le bien commun est dit par le bon sens populaire,
02:24 qui est souverain.
02:25 Or, actuellement, on n'en est pas vraiment là.
02:28 Donc ça c'est un premier problème.
02:30 - Vous voulez dire que la technocratie expertise,
02:32 les soi-disant sachants, ont pris le pouvoir.
02:35 - Exactement, ont pris le pouvoir,
02:36 et donc ça dégrade la démocratie.
02:38 Je ne dis pas que ça la supprime,
02:39 parce que je suis d'accord avec vous pour dire
02:41 qu'il ne faut pas commencer à crier qu'on est en dictature,
02:44 voire en totalitarisme comme certains,
02:46 parce que d'abord ça se réfère une injure
02:48 à ceux qui ont vécu les vrais totalitarismes.
02:50 Mais ça c'est un premier problème.
02:52 Et puis il y a plusieurs problèmes,
02:54 mais le deuxième qui me paraît important,
02:57 c'est que la démocratie finit par être,
03:00 disons, le respect d'une certaine idéologie post-moderne.
03:05 Alors qu'en fait, la démocratie, ce n'est pas ça.
03:08 Je pense que c'est aberrant, par exemple,
03:11 de prétendre qu'Orban n'est pas un démocrate,
03:14 parce qu'il n'accepte pas le mariage pour tous.
03:16 Ça n'a rien à voir.
03:18 La démocratie, c'est le respect du bon sens populaire
03:21 qui s'exprime.
03:23 - Donc pour certains, si vous ne prenez pas,
03:25 si vous n'acceptez pas tous les principes LGBT, WOC,
03:27 - Vous n'êtes pas un démocrate.
03:29 - Vous n'êtes pas démocrate.
03:30 - C'est une vision de la démocratie qui me paraît tout à fait biaisée,
03:33 enfin plus que ça, dénaturée.
03:35 - Alors justement, qu'est-ce qui fait que...
03:38 Est-ce qu'on n'est pas entrés dans cette logique,
03:40 vous savez, on parle surtout de cette logique du binaire.
03:42 En fait, on a l'impression, mais corrigez-moi si je me trompe,
03:46 qu'en France, l'art du débat, etc.,
03:48 il y a toujours eu la tentation autocratique,
03:50 toujours la terreur, il y a eu la terreur, enfin tout ça.
03:53 Mais il y avait l'art du débat,
03:55 on discutait, on n'était absolument pas d'accord,
03:57 on se mettait d'accord ou pas,
03:59 mais enfin, il y avait une discussion.
04:00 Aujourd'hui, si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi,
04:03 si tu n'as pas mes idées, c'est que tu es en dehors
04:06 et de la réalité de la démocratie, mais pas seulement,
04:09 et tu mérites d'être marginalisé,
04:13 ostracisé et marqué du sceau de l'infamie.
04:16 Est-ce que c'est un peu ça ?
04:17 - Non, moi je n'ai pas la même vision des choses que vous,
04:20 pourtant je crois André qu'on a le même âge, à peu près,
04:22 mais donc on a vécu à peu près la même chose.
04:25 Il me semble quand même qu'actuellement,
04:29 la liberté de conscience, la liberté de parole,
04:33 la plus grande qu'elle n'a été il y a 40 ans ou 50 ans,
04:37 à l'époque du marxisme, vous savez, la France c'est le pays de 93,
04:40 donc ce n'est pas un pays tolérant par nature, pas du tout.
04:43 - Oui, d'accord, mais en fait les Lumières, c'était pas mal non plus.
04:46 - Oui, voilà, mais si je regarde ce qu'on a connu, ce qu'on a vécu récemment,
04:50 il y a 40 ou 50 ans, lorsque quand même la plupart,
04:54 la presque totalité on peut dire des intellectuels français étaient marxistes,
04:57 ou marxisants, ou trotskars, ou je ne sais quoi,
05:00 la liberté de parole était très très mince.
05:02 Moi je me rappelle que mon maître Julien Freund me disait
05:05 "mais il n'y a plus personne qui me serre la main".
05:07 C'est quand même incroyable, Julien Freund n'était pas un nazi, loin de là.
05:10 C'était juste un aristotélicien qui croyait en la nature humaine,
05:15 des choses aussi basiques que ça.
05:17 Et aujourd'hui je pense qu'on n'en est pas là quand même,
05:20 il y a quand même des panels, des courants très très différents
05:24 qui se combattent.
05:26 Moi je n'ai pas l'impression d'être, bien sûr, je n'ai pas l'impression d'être seule,
05:29 je suis entourée de beaucoup de gens qui me ressemblent dans la société,
05:32 d'intellectuels qui me ressemblent,
05:34 et bien sûr il y a des intellectuels avec lesquels je ne suis pas d'accord,
05:37 mais on peut quand même encore discuter.
05:39 - Alors c'est très intéressant, on était sur deux voies différentes,
05:42 mais c'est très intéressant Chantal Delsol.
05:44 Vous dites aujourd'hui, effectivement, par rapport à
05:46 qu'il valait mieux avoir raison avec Sartre...
05:50 - Par exemple ?
05:52 - Avoir tort avec Sartre que raison avec Aron.
05:54 - Voilà, c'est ça.
05:56 - Mais en même temps, écoutez,
05:58 il y a quand même une régression de la liberté d'expression,
06:00 ce n'est pas le même domaine, mais qui est très intéressant.
06:03 Je vous donne des exemples,
06:05 je faisais à France 3 une émission il y a 30 ans,
06:08 sur des phénomènes de société, etc.,
06:10 dans la journée, donc ce n'était pas à 3h du matin,
06:13 et j'invitais des gens extrêmement différents,
06:16 et bien aujourd'hui, par exemple,
06:19 si je reçois un Renaud Camus pour ne prendre que lui,
06:22 et d'autres, vous savez, le grand remplacement,
06:24 et bien on me dit "attention, non, non, non, ça ne va pas,
06:27 il y a une dérive grave".
06:28 Il y a quand même une régression, vous ne croyez pas,
06:30 d'une certaine liberté,
06:32 c'est-à-dire, on dit, comment dire,
06:34 vous avez raison, il y a heureusement un retour de balancier
06:37 par rapport à la dogme, à la doxa marxisante,
06:41 mais en même temps, il y a des territoires,
06:44 on ne pouvait plus dire ça, si vous n'êtes pas
06:46 mis au saut de l'infamie extrême droite,
06:49 extrême gauche, etc.
06:51 Il y a ça quand même en ce moment.
06:52 - Oui, alors vous allez me dire que je relativise encore,
06:54 mais c'est vrai que c'est un petit peu
06:56 ma marotte, parce que je pense qu'il faut quand même toujours...
06:58 - Relativiser.
06:59 - Il faut toujours, oui, pour pouvoir prendre distance,
07:01 si vous voulez, par rapport au problème.
07:03 Mais il me semble qu'on a eu,
07:05 à partir du début des années 50,
07:07 à partir de la guerre, de l'après-guerre,
07:09 il y a eu une démolition
07:11 systématique
07:13 de tous les dogmes chrétiens.
07:16 On a vu, d'un point de vue sociétal,
07:18 c'était tout à fait clair,
07:20 et quand même le sociétal très important,
07:22 parce que c'est ça qui recouvre les choses fondamentales,
07:24 qui développe les choses fondamentales.
07:26 Et donc, on a eu cette espèce de
07:28 dilapidation générale
07:30 de tous les dogmes chrétiens, des croyances chrétiennes,
07:32 et ça s'exprime dans le sociétal.
07:34 Et ça, c'était les années...
07:36 En fait, c'était 68, les années 60, 70, 80.
07:39 Et pendant ce moment-là,
07:41 tout était possible.
07:43 On démolissait, on ne faisait que démolir.
07:45 C'est pour ça qu'on a eu, alors je prends par exemple
07:47 un cas très pertinent et intéressant,
07:49 qui est le cas de la pédophilie.
07:51 Vous avez eu les signatures
07:53 de tout un tas de gens bien connus,
07:55 qui disaient "la pédophilie c'est génial, on a le droit".
07:57 Le manifeste de libération, notamment.
07:59 Tout était possible.
08:01 Et puis, au bout d'un certain temps,
08:03 parce qu'on ne peut pas rester dans cette espèce
08:05 de nihilisme flottant, si vous voulez,
08:07 ça n'existe pas. C'est bon pour quelques élites,
08:09 c'est Diogène dans son tonneau, mais il y en a très peu comme ça.
08:12 Heureusement, une société ne peut pas vivre comme ça.
08:14 Donc, il s'est recréé des structures
08:16 de permis et de défendus.
08:18 Et donc, on a dit, et maintenant c'est ce qu'on dit,
08:20 moi pour ça je m'en réjouis,
08:22 que la pédophilie c'est mal.
08:24 Et donc, on a recréé du permis et du défendu.
08:26 Et maintenant, on est en train de recréer
08:28 une intolérance. Si vous voulez, on peut dire
08:30 qu'il y a un siècle,
08:32 c'était absolument impossible de
08:34 défendre l'homosexualité,
08:36 maintenant c'est impossible de la haïr.
08:38 Donc, vous avez en fait
08:40 des interdits qui ne sont plus les mêmes,
08:42 mais vous en avez encore. - Vous avez des retours
08:44 de balancier. - Oui, on peut dire ça comme ça.
08:46 - La catholique se réjouit
08:48 de ce que vous dites, mais comment, que dit
08:50 la catholique quand elle voit sur la fiche
08:52 officielle des Jeux Olympiques,
08:54 qui est là, c'est hier,
08:56 même pas avant-hier, mais hier,
08:58 où on met le dôme des Invalides, on remplace la croix
09:00 qui est sur le dôme des Invalides par une flèche.
09:02 Donc, dit donc, comme progrès, vous dites que
09:04 c'est fini, ça a changé. Eh bien, regardez,
09:06 la fiche officielle des Jeux Olympiques 2024,
09:08 eh bien, ça veut dire que ça a pas
09:10 tellement changé que ça.
09:12 - Mais non, mais nous sommes devenus
09:14 minorités. Quand je dis "nous",
09:16 c'est nous, là, vous parlez des chrétiens,
09:18 les chrétiens sont devenus minorités, donc
09:20 il faut qu'ils acceptent ça.
09:22 - Ils ne peuvent pas accepter. - Comment ?
09:24 - Mais un être de bon sens qui soit chrétien
09:26 ou bouddhiste ne peut pas accepter
09:28 cette farce. C'est un
09:30 exemple, l'histoire de la fiche,
09:32 c'est anecdotique, mais c'est pas tellement un
09:34 acte technique, je veux dire.
09:36 Je voudrais m'intéresser, parce que je veux savoir, la philosophe que vous êtes,
09:38 je choisis, je ne veux pas
09:40 de croix dans mon affiche parce que, justement,
09:42 on est laïc, peut-être, on ne veut plus,
09:44 et puis ça va... - Oui, c'est laïcité française.
09:46 - Voilà, d'accord. Sauf que je peux très bien,
09:48 c'est ça qui est intéressant, je pourrais bien ne pas
09:50 choisir les invalides. Il y a 400
09:52 monuments dans Paris, je prends d'autres
09:54 monuments qui n'ont pas la croix, et puis je le mets.
09:56 Non, ils choisissent
09:58 les hommes des invalides, ils enlèvent la
10:00 croix pour mettre une flèche. Donc, il y a
10:02 une intention. Donc, ça veut dire
10:04 que ce n'est pas une question seulement de
10:06 minorité ou pas. - Mais non, mais
10:08 il y a une volonté
10:10 ferme,
10:12 et j'allais dire même féroce,
10:14 peut-être, de
10:16 balayer tout ce qui est chrétien, parce que
10:18 tout ce qui est chrétien a été intolérant,
10:20 et c'est vrai, il n'y a pas de doute là-dessus.
10:22 - Oui, c'est sûr. - Et parce que
10:24 certains ont peur,
10:26 ou jouent à se faire peur, disons,
10:28 que ça revienne.
10:30 Et il est vrai que quand
10:32 des groupes de chrétiens qui s'extrémisent de plus
10:34 en plus, parce que comme ils sont minoritaires,
10:36 vous savez... - Oui, c'est le balancer.
10:38 - On finit par embrigader ses troupes comme un pays
10:40 en guerre. On fait comme ça quand on est minoritaire
10:42 et qu'on est furieux. Et quand ces gens-là
10:44 prennent le pouvoir, prenez la Pologne d'aujourd'hui,
10:46 ils font un peu
10:48 n'importe quoi dans l'autre sens.
10:50 Et donc, d'où l'IVG dans la Constitution
10:52 et tout ça. Parce qu'il est vrai
10:54 qu'on n'arrive jamais à trouver l'équilibre.
10:56 Et ces gens, vous entendez, les chrétiens
10:58 dont vous parlez, ne sont pas des gens qui
11:00 cherchent l'équilibre. Quand ils reprennent le pouvoir,
11:02 ils vont dans l'excès inverse.
11:04 Et évidemment, on essaye de...
11:06 Enfin, disons que les pouvoirs actuels
11:08 essayent d'éradiquer ce qui reste,
11:10 parce qu'ils considèrent,
11:12 à tort ou à raison, ou ils jouent à se faire peur, que ce sont
11:14 des gens dangereux. Voilà. Voilà l'histoire.
11:16 C'est symbolique et c'est psychologique.
11:18 - Oui, mais on est toujours
11:20 les dangereux de quelqu'un.
11:22 - Bien sûr, mais...
11:24 - On va en parler tout de suite après cette petite
11:26 poche en table d'Aile soleil. Et questions à vous
11:28 poser sur les récentes
11:30 inscriptions et autres.
11:32 - Oui, et puis vous aurez la parole aussi au 0826
11:34 300 300 pour réagir
11:36 ou tout simplement pour poser vos questions.
11:38 A tout de suite sur Sud Radio. On revient dans un instant.
11:40 - Sud Radio,
11:42 votre avis fait la différence.
11:44 - Je tenais à vous remercier pour votre émission, parce qu'elle
11:46 permet à des citoyens comme moi de pouvoir s'exprimer
11:48 et d'avoir des voix un peu
11:50 dissonantes. - Sud Radio,
11:52 parlons vrai.
11:54 - Ici
11:56 Sud Radio.
11:58 Les Français
12:00 parlent au français.
12:02 Je n'aime pas
12:04 la blanquette de veau. Je n'aime
12:06 pas la blanquette de veau.
12:08 - Sud Radio Bercov dans tous
12:10 ses états. - Et la philosophe Chantal
12:12 Delsol, je ne dirais pas qu'elle est dans tous ses états,
12:14 parce qu'elle a la sagesse
12:16 de relativiser. Pas comme moi, hélas.
12:18 Et elle vient d'écrire
12:20 je vous dis, en poche
12:22 "Le crépuscule univers"
12:24 aux éditions du CERN. - De l'Universel.
12:26 - Pourquoi je dis grave ?
12:28 Oui, parce que ça a été écrit
12:30 "Univers". Et sur la démocratie
12:32 aux éditions Bollens.
12:34 Alors justement, on parle de démocratie.
12:36 Je voudrais savoir, Chantal Delsol,
12:38 quel était votre sentiment
12:40 quand vous avez réagi sur cette campagne
12:42 réussie, d'inscrire
12:44 l'IVG dans la Constitution ?
12:46 En avait-on besoin ?
12:48 Est-ce que c'est un marqueur
12:50 symbolique ou pas ?
12:52 - Oui, bien sûr, c'est un marqueur symbolique.
12:54 Ça signifie
12:56 qu'on ne pourra plus remettre ça en cause,
12:58 voire on ne peut plus le discuter. On ne peut même plus
13:00 le discuter. C'est ça que je trouve un peu
13:02 grave, parce que c'est dommage qu'on ne puisse pas discuter.
13:04 Mais ça devient aussi important
13:06 que l'interdiction du meurtre.
13:08 On ne peut plus discuter en France
13:10 l'interdiction du meurtre. Donc là, ça revient un peu
13:12 à ça. Alors que ça me
13:14 paraît un peu plus compliqué qu'une simple
13:16 interdiction de meurtre,
13:18 ou permission de meurtre.
13:20 Mais c'est juste, c'est pour
13:22 bloquer, parce qu'il y a
13:24 la crainte d'un retour en arrière.
13:26 - Mais enfin, il n'y avait aucun retour
13:28 en cas signe de retour en arrière,
13:30 en tout cas. - Déjà, quand on
13:32 se fonde sur ce qui se passe aux Etats-Unis,
13:34 ça ne risque pas d'arriver, parce que, comme on sait,
13:36 nous n'avons pas le même système politique.
13:38 La région Rhône-Alpes ne va pas pouvoir
13:40 tout d'un coup interdire l'IVG, parce qu'elle
13:42 n'a pas les moyens constitutionnels.
13:44 Mais il y a, je pense,
13:46 une crainte de, par exemple, ce qui se
13:48 passe en Pologne. Même si
13:50 je ne vois pas comment
13:52 une maigre troupe
13:54 de cathos pourrait prendre le pouvoir
13:56 en France et interdire l'IVG. Ça me paraît
13:58 un peu... Mais c'est symbolique.
14:00 Il y a une espèce... Puis quand on voit
14:02 comment ça s'est déroulé l'autre jour
14:04 au moment de la constitutionnalisation,
14:06 il y avait une espèce de
14:08 fête symbolique,
14:10 une espèce de mise en scène
14:14 de la revanche, voire de la vengeance,
14:16 qui était assez intéressante.
14:18 - Oui, oui, victoire, victoire.
14:20 C'est intéressant. Vous savez ce que disait
14:22 à propos de la peine de mort
14:24 et à propos justement de l'interdiction
14:26 de parler du meurtre ou de dénoncer ?
14:28 C'était Alphonse Carre
14:30 qui disait "Ah moi je suis tout à fait
14:32 contre la peine de mort à une condition que
14:34 M. les Assassins commence. Car
14:36 la peine de mort est toujours appliquée.
14:38 Et pas de la même façon." - Oui, mais là,
14:40 si vous voulez, si on essaie de comprendre ce qui se passe
14:42 dans la tête des gens qui ont
14:44 mis ça en scène, parce que c'est... En fait,
14:46 il faut bien qu'on essaie de comprendre.
14:48 Je pense que pour eux, la situation
14:50 est un peu, et c'est pas
14:52 complètement faux non plus, un peu comme
14:54 celle que décrivait
14:56 Kierkegaard avec
14:58 les grands principes, les grands dogmes,
15:00 les gens qui vivent dans
15:02 un château de concept, vous voyez, ça c'était
15:04 les dogmes catholiques, l'avortement
15:06 était interdit, etc.
15:08 Et puis le peuple, à savoir
15:10 au fond les femmes, qui vivaient
15:12 comme disait Kierkegaard, dans la loge
15:14 du concierge, voire dans la niche du chien,
15:16 et qui, bien en dessous
15:18 des grands principes, étaient obligés
15:20 de pratiquer l'avortement
15:22 avec des aiguilles à tricoter, machin.
15:24 Et je pense que dans la tête de ces gens,
15:26 il y a ça. Nous,
15:28 on a vécu longtemps dans la niche du chien,
15:30 avec les grands principes en haut,
15:32 et les gens des assemblées
15:34 politiques où il n'y avait que des hommes qui disaient
15:36 c'est interdit, maintenant, ça
15:38 doit vraiment être fini.
15:40 Et aujourd'hui c'est vraiment fini,
15:42 on se met à danser pour fêter ça.
15:44 Il y a un peu ça, et c'est pas complètement
15:46 crétin non plus. Il faut quand même
15:48 bien regarder ça. - Tout à fait.
15:50 C'est intéressant qu'effectivement,
15:52 il faut voir d'où on part,
15:54 et que beaucoup de choses
15:56 ont été absolument décides.
15:58 Alors, vous, donc,
16:00 personnellement, vous vous êtes dit, bon,
16:02 c'est le couronnement de quelque chose
16:04 pour certains, et puis voilà,
16:06 on l'accepte, et très bien. - De toute façon,
16:08 il y a un consensus pour l'accepter, donc on ne va pas...
16:10 - Oui, tout à fait, donc il n'y a pas de problème, absolument.
16:12 Mais alors, est-ce que ça ne vous a pas frappé
16:14 qu'à deux semaines d'intervalle,
16:16 donc c'était l'inscription de l'IVG
16:18 dans la Constitution, et maintenant c'est la discussion
16:20 sur la fin de vie. Est-ce que
16:22 pour vous ça procède...
16:24 C'est pas le même domaine, c'est pas la même chose,
16:26 bien sûr, mais est-ce que ça procède de la même
16:28 démarche, quelque part ? - Je pense que
16:30 oui, il y a une volonté d'émancipation
16:32 de plus en plus vaste, de plus en plus
16:34 profonde, de plus en plus
16:36 grande, à de plus en plus de gens,
16:38 et l'émancipation, c'est la liberté
16:40 de...
16:42 de faire tout ce qui...
16:44 tout ce que nous avons
16:46 besoin ou envie de faire. C'est pas seulement une question
16:48 d'envie, c'est pas une...
16:50 c'est pas une espèce de dépravation des mœurs, c'est plus compliqué
16:52 que ça, mais
16:54 c'est cette volonté d'émancipation
16:56 qui va s'appliquer maintenant
16:58 au suicide. Enfin, il faut quand même voir aussi que
17:00 le suicide a été, dans les sociétés
17:02 chrétiennes, quelque chose d'interdit.
17:04 Pendant très longtemps, vous vous souvenez
17:06 bien, on n'accordait pas de funérailles
17:08 chrétiennes aux suicidés,
17:10 et il y a une volonté aujourd'hui
17:12 de remettre en cause tout ce qui était
17:14 interdit auparavant par la chrétienté,
17:16 donc ça en fait partie.
17:18 Permettre le suicide et même
17:20 aider au suicide, ça fait partie
17:22 de cette mise en cause de tous les anciens dogmes.
17:24 - C'est ça. Et qui
17:26 procède de façon généralisée.
17:28 Alors, je vais aller plus loin.
17:30 La suppression,
17:32 parce qu'on parlait de suppression, avec le genre,
17:34 c'est la suppression de la biologie.
17:36 Il n'y a plus de biologie. Il y a des hommes,
17:38 des femmes... - Ça, ça va encore plus loin.
17:40 - Oui, mais ça va, oui, je suis d'accord.
17:42 - Ça va encore plus loin. - C'est quand même
17:44 une sacrée suppression. - Mais voilà, oui, ça fait partie
17:46 d'espèces d'émancipation.
17:48 On devait s'émanciper aussi de tout ce qu'on considérait
17:50 comme la nature.
17:52 Parce que là, il y a vraiment une question de nature,
17:54 de loi naturelle. - Qui va au-delà
17:56 de la chrétienté et autres. - Bien sûr, ça va très très loin.
17:58 Ça va au-delà. Et là, je pense
18:00 que c'est à cause de... Je pense que là,
18:02 ce sont clairement des excès. Et que
18:04 c'est à cause de ces excès que
18:06 disons que les démocraties occidentales
18:08 sont plus acceptées par nombre
18:10 de peuples, de cultures à l'extérieur.
18:12 C'est ce que j'ai essayé de montrer
18:14 dans le crépuscule de l'universel.
18:16 - C'est ça. Et que nous a dit quelqu'un que nous avons
18:18 reçu qui est un... Là, il y a
18:20 juste une demi-heure avant vous, dans l'émission
18:22 de l'Intelligence économique, il racontait que
18:24 juste un mot,
18:26 que un certain nombre de
18:28 sociétés, d'entreprises américaines
18:30 ou d'ONG, etc., subordonnaient
18:32 leurs investissements à l'adoption
18:34 du LGBT, de la WOC.
18:36 Dans les sociétés africaines, ça faisait des réactions
18:38 extrêmement fortes. - C'est ça qui provoque
18:40 l'anti-occidentalisme. Parce que
18:42 je pense qu'on va naitre non trop loin.
18:44 Ça devient complètement ahurissant.
18:46 Mais même
18:48 le mariage pour tous,
18:50 il pourrait y avoir un contrat.
18:52 Mais le mariage en tant que tel,
18:54 c'est un dévoiement des mots et des symboles.
18:56 Et je comprends très bien que certaines cultures
18:58 ne l'acceptent pas. - Oui. Alors que
19:00 c'est ça que ça va être très intéressant à suivre
19:02 pour voir si, effectivement, le phénomène
19:04 BRICS, est-ce qu'il va y avoir des BRICS
19:06 éthiques et des BRICS intellectuels
19:08 ou des BRICS comportementales
19:10 qui vont effectivement dire "non, non,
19:12 comme le dollar, nous on n'est pas d'accord".
19:14 - C'est possible. - À suivre.
19:16 - À suivre, oui. - À suivre. On se
19:18 prend une petite pause et on va continuer
19:20 à parler avec Chantal Delson. - Oui, on continue.
19:22 - Et vous, auditeurs de Sud Radio, n'hésitez pas
19:24 à nous appeler. - Évidemment. 0 826
19:26 300 300. Vous connaissez le numéro. Emmanuel
19:28 vous attend au standard. Et puis on est en direct, évidemment,
19:30 sur la page Facebook de Sud Radio
19:32 pour laisser tous vos commentaires.
19:34 A tout de suite sur Sud Radio.
19:36 - Sud Radio Bercov,
19:38 dans tous ses états, midi 14h.
19:40 André Bercov.
19:42 - Ici Sud Radio.
19:44 Les Français
19:46 parlent au français.
19:48 Les carottes sont cuites.
19:50 Les carottes sont cuites.
19:52 Les carottes sont cuites.
19:54 - Sud Radio Bercov,
19:56 dans tous ses états.
19:58 - Dans tous mes états,
20:00 bien sûr, vous aussi, auditeurs de Sud Radio,
20:02 et nous sommes avec Chantal Delsol
20:04 et avec toujours beaucoup de plaisir,
20:06 auteurs de "Le Crépuscule de l'Universel"
20:08 aux éditions du CERC, qui paraît en ligne de poche,
20:10 et sur la démocratie aux éditions
20:12 Bollens. Parlons
20:14 un peu de l'Universel, ce Crépuscule.
20:16 Est-ce que cet univers... Quand vous parlez du Crépuscule
20:18 universel, est-ce que c'était
20:20 pas l'Universel occidental, tout simplement,
20:22 qui est en train de nous faire un petit
20:24 bye-bye, mais peut-être au provisoire ?
20:26 - Oui,
20:28 la civilisation occidentale
20:30 est la seule qui est
20:32 énoncée,
20:34 ce qu'elle appelle un "universel",
20:36 et qui a essayé
20:38 de le déployer partout. Et ce qu'il y a,
20:40 c'est que, bien sûr,
20:42 elle a utilisé la force, on peut critiquer,
20:44 mais cet universel s'est développé
20:46 tout seul. Enfin, il faut quand même bien penser que
20:48 s'il y a des hôpitaux et une médecine partout
20:50 dans le monde, c'est parce que nous avons
20:52 engagé la recherche scientifique,
20:54 qui a commencé ici, etc. Enfin, pas seulement
20:56 ça, hein, beaucoup d'autres choses. - Et s'il y a beaucoup
20:58 d'autres choses dans l'éducation, la culture, etc.
21:00 - Mais donc, l'universel,
21:02 c'est quelque chose
21:04 de réclamé par l'Occident.
21:06 Alors, aujourd'hui,
21:08 c'est intéressant... - Réclamé et inventé par l'Occident.
21:10 - Et inventé par l'Occident.
21:12 Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, les Chinois sont en train
21:14 de développer l'idée
21:16 d'un universel qui leur est propre.
21:18 Mais, il est
21:20 différent parce qu'il ne se situe pas au même niveau.
21:22 Il se situe tout à fait
21:24 dans les fondements, et dans les fondements d'ailleurs qui nous sont
21:26 communs. Si vous prenez
21:28 la plupart des paroles de Confucius
21:30 et celles de Jésus, ce sont les mêmes,
21:32 au fond.
21:34 - Bien de le rappeler. - Là, il y a un universel.
21:36 Et c'est ce dont les Chinois,
21:38 actuellement, se réclament. Autrement dit, ce qu'ils critiquent,
21:40 c'est que notre universel à nous est un universel
21:42 de promesses, d'émancipation,
21:44 d'avenir, si vous voulez.
21:46 Ce que critiquent les autres cultures, actuellement,
21:48 beaucoup d'autres cultures, c'est ça.
21:50 Ils disent "écoutez, nous, on n'a pas envie
21:52 d'aller là où vous voulez aller. C'est tout."
21:54 Vous voyez ?
21:56 C'est ça le problème.
21:58 - C'est assez récent, cette expression.
22:00 "Nous n'avons plus envie d'aller où vous voulez aller."
22:02 - Ça date du tournant du siècle, c'est 20 ans.
22:04 Il y a 20 ans, pas plus. C'est tout à fait
22:06 récent. C'est très intéressant.
22:08 - Pour vous, c'est un immense bouleversement.
22:10 - C'est un énorme bouleversement.
22:12 Oui.
22:14 - Et ce que c'est de ce bouleversement, là, justement,
22:16 oui, vous allez vers là.
22:18 On reconnaît ce que
22:20 vous avez fait, et puis maintenant, nous,
22:22 on va aller ailleurs parce que...
22:24 - Parce que vous avez été trop loin.
22:26 - Ah oui, c'est tout à fait clair.
22:28 C'est l'histoire
22:30 des occidentalistes et des
22:32 slavophiles en Russie. Prenons que
22:34 la Russie, parce que ça serait vrai aussi dans d'autres...
22:36 - Non, mais c'est un bon exemple.
22:38 - Oui, bien sûr, on est d'accord pour
22:40 écouter le peuple,
22:42 un minimum de démocratie,
22:44 on est d'accord pour la science,
22:46 pour la critique, pour la tolérance,
22:48 mais là, d'un point de vue sociétal,
22:50 vous allez trop loin, mes amis. On ne vous suit plus.
22:52 - Qui n'est plus d'homme, qui n'est plus de femme,
22:54 qui n'est plus de PMR, ça ne nous plaît pas.
22:56 - Exactement, on ne vous suit plus. Et là,
22:58 moi, je leur donne raison.
23:00 Je pense qu'on va vraiment trop loin,
23:02 qu'on est devenus, par certains côtés, un peu
23:04 cinglés. - Mais qu'est-ce qui a fait ça ?
23:06 Parce qu'on dit, oui, la déconstruction,
23:08 d'accord, la French Theory,
23:10 tout ça, ok, mais qu'est-ce qui fait
23:12 qu'il y a, pour un certain nombre de gens,
23:14 non pas la possibilité, la jouissance
23:16 et l'envie d'aller encore plus loin,
23:18 encore plus loin, encore plus loin ?
23:20 À votre avis, qu'est-ce qui provoque
23:22 cette espèce de... je ne dirais pas
23:24 suicidaire, mais c'est un peu ça,
23:26 les moutons de panurge.
23:28 Qu'est-ce qui fait qu'on va,
23:30 oui, on va continuer, ben, écoutez,
23:32 si je suis amoureux d'un arbre, je vais épouser l'arbre,
23:34 si je suis amoureux d'une chèvre, etc.
23:36 - Ou de ma machine,
23:38 de mon ordinateur, par exemple,
23:40 avec lequel je peux me marier. Je pense qu'il y a
23:42 un processus qui a pris
23:44 pied chez nous, une sorte d'élan,
23:46 qui nous habite. Au départ,
23:48 il y a eu, pendant tous les siècles,
23:50 il y a eu l'élan vers
23:52 le ciel, la spiritualité,
23:54 Dieu, la transcendance, etc.
23:56 Et puis, dans la période révolutionnaire,
23:58 c'est devenu un élan pour le progrès
24:00 immanent, d'aujourd'hui.
24:02 Et donc, on a
24:04 d'abord inventé des théories et des langues
24:06 maquichantes. On s'est imaginé
24:08 qu'on allait avoir... - Le bestiaire sur Terre et le paradis
24:10 sur Terre. - Voilà, un paradis sur Terre,
24:12 un système social, etc. On a essayé
24:14 avec les régimes socialistes et tout,
24:16 voire communistes, on a vu
24:18 que ça ne marchait pas.
24:20 Mais l'élan est resté. Et l'élan qui ne sait
24:22 plus où aller, parce que tout a échoué
24:24 pour l'instant. Et donc, il faut bien qu'il
24:26 se pose quelque part, et moi je l'interprète
24:28 comme ça, cet élan, aujourd'hui, se pose
24:30 sur les questions sociétales. Puisqu'on n'a pas
24:32 réussi à créer la justice
24:34 immanente sur Terre avec le socialisme,
24:36 eh bien, on va
24:38 créer une espèce d'égalité
24:40 générale individuelle.
24:42 Et donc, chacun va pouvoir
24:44 devenir qui il veut, faire ce qu'il veut, etc.
24:46 Moi, je vois ça comme ça,
24:48 une espèce d'élan qui n'arrive pas
24:50 à nous quitter. - Est-ce que
24:52 on ne le retrouve pas,
24:54 justement, c'est à Chantal
24:56 Nelson, si ce n'est pas par hasard, je lui pose la question,
24:58 est-ce qu'au fond, ce n'est pas,
25:00 Dieu, c'est vous, si vous, vous êtes tout-puissant,
25:02 la nature, ben vous allez, voilà,
25:04 Dieu a peut-être créé le monde,
25:06 mais vous, vous allez recréer vous-même,
25:08 et vous allez changer tout ce que vous avez à changer,
25:10 et il n'y a aucune limite.
25:12 No limits. Est-ce qu'il n'y a pas ce côté-là ?
25:14 - Oui, bien sûr,
25:16 il y a ce côté-là, étant donné qu'il n'y a plus
25:18 de croyances dans aucune nature,
25:20 loi naturelle et autres,
25:22 donc tout est existant,
25:24 c'est vrai dans les sciences
25:26 depuis un siècle,
25:28 tout est phénomène,
25:30 donc on peut tout changer,
25:32 on peut faire évoluer les choses
25:34 autant qu'on le veut, c'est ma volonté
25:36 qui est souveraine.
25:38 Et c'est là que se trouve aujourd'hui
25:40 l'élan, le progrès, l'attente,
25:42 l'espoir.
25:44 - Oui, mais sauf qu'on voit très très bien les limites de ça.
25:46 - Nous les voyons, vous et moi,
25:48 mais tout le monde n'est pas dans le même cadre,
25:50 et puis surtout, beaucoup de gens disent
25:52 "écoutez, nous, on nous a dit qu'il y avait des limites
25:54 pendant des siècles et des siècles, on s'est aperçu
25:56 qu'elles n'étaient pas,
25:58 on nous a dit pendant des siècles
26:00 que les femmes n'étaient pas capables de voter,
26:02 on voit qu'elles sont tout à fait capables, donc on nous a raconté plein de salades,
26:04 en nous disant que les choses n'étaient pas possibles,
26:06 mais en fait, les choses sont toutes possibles.
26:08 Vous voyez, il y a une espèce d'excès,
26:10 d'exagération, et pour savoir maintenant
26:12 où se trouvent les limites, et bien, bonjour !
26:14 Vous voyez ?
26:16 - On nous a raconté des histoires pendant des siècles, et on voit que...
26:18 - Et voilà !
26:20 - C'est intéressant, c'est-à-dire que,
26:22 le renversement de Balenciers,
26:24 donc vous dites, vous,
26:26 le couvert de la Marmite a sauté,
26:28 et puis Adrien Ducoupoura, c'est un peu ça.
26:30 - C'est un peu ça, oui.
26:32 - Je crois qu'on a un auditeur...
26:34 - Oui, on est en train de le caler,
26:36 ce sera Pierre de Toulouse qui sera avec nous dans un instant.
26:38 - D'accord, oui, juste par rapport à ça...
26:40 - Ah oui, on a retrouvé Pierre.
26:42 Bonjour Pierre, qui nous appelle de Toulouse.
26:44 - Bonjour Pierre. - Bonjour, j'ai écouté
26:46 votre...
26:48 cette dame qui est extrêmement intéressante.
26:50 Il y a deux choses par contre que je voudrais dire.
26:52 Vous avez parlé de ce problème de démocratie
26:54 et de manque de liberté de parole.
26:56 Je crois que, en effet,
26:58 comme elle l'a très bien dit,
27:00 la société a évolué, et avec la multiplication
27:02 des médias, on a de plus en plus la possibilité
27:04 de s'exprimer, ce n'est que derrière.
27:06 Nous sommes contraints,
27:08 parce que la plupart des médias sont subventionnés par l'État,
27:10 et donc il y a des choses qu'on ne peut pas dire.
27:12 Et c'est pour ça qu'aujourd'hui,
27:14 il y a cette forme de nivellement
27:16 de la parole,
27:18 de ce que l'on doit dire, parce que forcément,
27:20 il peut y avoir le coup de riz qui tombe,
27:22 comme vous l'avez vu tout à l'heure avec le général,
27:24 qui commence à s'exprimer et qui dit
27:26 automatiquement, hop, il y a le levier
27:28 de l'État qui met son grain de sel.
27:30 Après, pour la deuxième chose,
27:32 concernant la religion,
27:34 je crois que la religion
27:36 chrétienne, bien sûr,
27:38 on a séparé l'Église de l'État en 1905,
27:40 ça a très très bien fonctionné,
27:42 jusqu'à les années 70-80,
27:44 ou 90, aujourd'hui,
27:46 nous ne sommes pas confrontés à un problème
27:48 où la religion doit refaire surface.
27:50 Ce qu'on ne veut pas, surtout,
27:52 c'est que la religion chrétienne soit remplacée
27:54 par une autre religion, puisque nous avons
27:56 accepté, nous,
27:58 de la liberté d'expression,
28:00 et on a aboli les dogmes, quelque part,
28:02 vous voyez, avec la laïcité.
28:04 Donc, je pense que
28:06 c'est ce qui fait qu'aujourd'hui,
28:08 il y a peut-être une évolution
28:10 de la société, où
28:12 la société se contracte
28:14 par rapport à cette montée,
28:16 peut-être, de
28:18 la religion musulmane, par exemple.
28:20 - D'accord. Chantal Delsol,
28:22 par rapport à ce que dit... - Oui, par rapport à
28:24 l'interdiction de
28:26 dire certaines choses,
28:28 vous savez, je crois que ça a toujours existé,
28:30 il n'y a pas de société dans laquelle
28:32 on peut tout dire.
28:34 Donc, simplement, les interdits sont plus
28:36 les mêmes qu'avant, c'est tout, mais
28:38 tant que ça ne va pas trop loin,
28:40 ça ne me choque pas, en tout cas, apparemment,
28:42 ça ne me choque pas autant que vous. Quand vous parlez
28:44 de la religion...
28:46 - D'une religion qui serait
28:48 en train de remplacer une autre. - Il est évident
28:50 que l'islam pourrait remplacer
28:52 la religion chrétienne,
28:54 au sens où ça pourrait
28:56 devenir une religion
28:58 importante et conquérante,
29:00 surtout, puisque les chrétiens ne sont plus des gens conquérants,
29:02 ils n'ont plus du tout envie de l'être,
29:04 ils sont eux-mêmes assez complexés d'avoir
29:06 été trop conquérants,
29:08 et donc ils n'ont plus du tout envie de conquérir
29:10 qui que ce soit, ils sont même plutôt culpabilisés,
29:12 alors que l'islam, effectivement,
29:14 est drapeau en tête. - Mais est-ce que
29:16 ce n'est pas, là, l'appalache, parce qu'en Amérique
29:18 et ailleurs, et même en France et ailleurs,
29:20 on voit quand même un sursaut, non, de
29:22 les baptêmes, etc.,
29:24 sans aller très loin, je sais que ça ne va pas
29:26 très loin, mais est-ce qu'au fond,
29:28 regardez des pays comme la Russie
29:30 ou comme la Hongrie, justement, on parlait
29:32 de Orban et compagnie, il y a
29:34 quand même une espèce de...
29:36 Qu'est-ce qui fait que le collectif a disparu ?
29:38 Même, bon, la religion disparue, mais
29:40 il n'y a pas d'autre ciment pour unir
29:42 des peuples, on a l'impression que chez nous,
29:44 je parle de la France, etc.,
29:46 on s'en fiche un peu, la France,
29:48 c'est presque une espèce d'idée,
29:50 "Bon, écoutez, on fait semblant,
29:52 voilà, mais le drapeau, on s'en fiche,
29:54 drapeau européen, mais dans ces drapeaux
29:56 européens", il y a quand même ça, quelque part,
29:58 il y a une idéologie
30:00 européenne, c'est intéressant
30:02 d'ailleurs, qui a presque remplacé
30:04 l'idéologie nationale, quelque part.
30:06 - Oui, je ne sais pas s'il y a une
30:08 idéologie nationale,
30:10 oui, c'est plutôt
30:12 effectivement une idéologie européenne qui...
30:14 Oui, je suis d'accord avec vous,
30:16 cela dit, il y a
30:18 moins de critiques du patriotisme qu'il
30:20 n'y avait il y a 20 ans ou 30 ans, je trouve.
30:22 - Oui.
30:24 - Il y a quand même une volonté
30:26 de parler de la France chez
30:28 les dirigeants qui avait un petit peu disparu
30:30 après les années 68, il me semble.
30:32 - Oui. - Cela dit,
30:34 c'est vrai que les Français sont
30:36 des révolutionnaires qui
30:38 critiquent tout, qui
30:40 ne veulent pas la chose commune,
30:42 sauf quand elle leur apporte
30:44 des émoluments ou...
30:46 - Quelques avantages. - Quelques avantages,
30:48 non, mais c'est vrai, vous avez raison,
30:50 nous sommes un peuple un peu de révolté,
30:52 au fond. - Mais de révolté
30:54 en même temps de résilier devant des choses
30:56 où ils râlent en privé ?
30:58 - C'est ça. - Mais ils ne disent pas un mot en public.
31:00 - C'est ça, il y a un peu ça. - Il y a quand même ça aussi.
31:02 - C'est un peuple de râleur, plutôt, on pourrait dire,
31:04 des choses comme ça. - Oui, plutôt râleur que révolté.
31:06 - Ce n'est pas...
31:08 Tout ça est un peu dommage.
31:10 - Oui, c'est un peu dommageable,
31:12 c'est vrai, c'est un peu...
31:14 Et qu'est-ce qui fait pour vous, Chantal
31:16 Delselon ? Je voudrais qu'on revienne sur
31:18 l'universel. Est-ce qu'aujourd'hui,
31:20 donc vous avez parlé de la Chine
31:22 16 ans, en fait, Confucius, Jésus,
31:24 je ne dirais pas même combat, mais enfin, il y a
31:26 des rapprochements et des similitudes
31:28 incontestables. Est-ce
31:30 qu'aujourd'hui, il y a encore une possibilité
31:32 d'universel ? Où ?
31:34 Parce qu'il y a eu un universel, disons, en économie, c'est l'universel
31:36 du dollar, l'universel américaine.
31:38 Il y a eu un universel américain,
31:40 qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Et puis, est-ce qu'aujourd'hui,
31:42 est-ce qu'il y a encore...
31:44 Parce qu'on dit, on est entré dans le monde
31:46 multipolaire, à un moment donné, c'était
31:48 l'hyperpuissance américaine,
31:50 aujourd'hui, le monde multipolaire.
31:52 Est-ce que... Alors là, c'est sur
31:54 la plan, effectivement, géopolitique
31:56 et autres. Est-ce que sur un plan,
31:58 je dirais, éthique ou
32:00 idéologique, ou de
32:02 croyance, est-ce que
32:04 nous sommes... Est-ce que le crépuscule
32:06 universel n'est pas l'apparition de ce
32:08 monde multipolaire, où il n'y a plus d'universel ?
32:10 - Ah oui, bien sûr. Il y a un
32:12 refus... Dans
32:14 plein de pays, il y a
32:16 un refus de l'Occident
32:18 entendu comme une forme d'universalisme.
32:20 Et donc, un refus
32:22 d'accepter un certain nombre de...
32:24 - Qui, à votre avis, peut être remplacé ou pas ?
32:26 - Ah ben, chaque pays va...
32:28 - Non, mais ce ne sera pas universel.
32:30 - Ah non, oui, non. - Est-ce qu'on peut avoir un autre universel
32:32 après l'universel occidental ? - Ah ben, je sais pas.
32:34 Pour l'instant, il n'est pas encore
32:36 apparu. Enfin, vous savez, les musulmans
32:38 se réclament de l'universel.
32:40 Les musulmans pensent que le monde entier
32:42 est musulman et que nous autres, qui ne sommes
32:44 pas musulmans, sommes des hérétiques.
32:46 Donc là, il s'agit d'un universel.
32:48 Alors, bon,
32:50 peut-être vont-ils et
32:52 effectivement, ils peuvent essayer de l'imposer.
32:54 Mais enfin, là, ils vont avoir du mal.
32:56 Mais enfin, bon,
32:58 par le terrorisme, on peut faire un certain
33:00 nombre de choses. - Certes.
33:02 - On remarque une dernière pause d'Hambert-Croft
33:04 dans tous ses tailles. Après, on aura Philippe
33:06 qui nous attend au standard au 0826-300-300.
33:08 A tout de suite sur Sud Radio.
33:10 Sud Radio, Bercov,
33:12 dans tous ses états. Appelez maintenant
33:14 pour réagir 0826-300-300.
33:16 Ici, Sud Radio.
33:18 Ici, Sud Radio.
33:20 Ici, Sud Radio.
33:22 Les Français parlent
33:24 au français.
33:26 Je n'aime pas la blanquette
33:28 de veau. Je n'aime pas
33:30 la blanquette de veau.
33:32 Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
33:34 - Dernière ligne droite dans Bercov, dans tous
33:36 ses états. On continue cet entretien philosophique
33:38 avec Chantal Delsol. Et puis,
33:40 nous avons Philippe qui nous appelle depuis quand ? Bonjour Philippe.
33:42 - Bonjour Philippe.
33:44 - Bonjour.
33:46 Bonjour Madame Delsol.
33:48 Bonjour André. Oui, Madame
33:50 Delsol, juste une question.
33:52 J'aimerais savoir ce que vous pensez de la
33:54 théorie d'Emmanuel Todd sur
33:56 en fin de compte le nihilisme,
33:58 ce qu'il appelle le nihilisme.
34:00 La perte des
34:02 pratiques religieuses,
34:04 du protestantisme, du catholicisme,
34:06 des valeurs intrinsèques
34:08 qui ont fait de nos sociétés.
34:10 Et puis, on va dire
34:12 aussi les théories de Francis Fukuyama
34:14 et Emmanuel Huchinon.
34:16 Que pensez-vous du
34:18 nihilisme et de la théorie de
34:20 Todd sur
34:22 notre société ? - Sur la fin de
34:24 l'Occident, etc.
34:26 - Exactement.
34:28 - Je ne parlerai pas de nihilisme pour ma part.
34:30 Là, je ne suis pas d'accord avec
34:32 ce qu'a écrit
34:34 Todd dans son dernier livre.
34:36 Je pense qu'il peut y avoir des périodes de nihilisme
34:38 qui sont à la fois
34:40 rares et
34:42 très limitées, au moment où on démolit
34:44 quelque chose d'important
34:46 et où rien n'est encore repoussé.
34:48 Alors,
34:50 ça ne dure pas très longtemps, parce que je pense que
34:52 c'est une situation qui est trop inconfortable.
34:54 Personne ne peut vivre comme ça.
34:56 Tout à l'heure, je parlais de Diogène d'Ansontonneau.
34:58 C'est rare. Diogène est
35:00 effectivement... - Vous voulez dire que la période de nihilisme
35:02 ne dure pas éternellement ?
35:04 - Pourquoi ? Parce qu'immédiatement,
35:06 la plupart des gens reprennent
35:08 des croyances, quelles qu'elles soient.
35:10 Alors, aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
35:12 On a anéanti
35:14 un certain nombre de croyances qui, au fond, venaient du christianisme.
35:16 Et là, je suis d'accord avec Todd,
35:18 mais elles ont été très immédiatement
35:20 remplacées. Elles sont
35:22 en cours de remplacement et de restructuration
35:24 à travers
35:26 ce que j'appelle très généralement le paganisme.
35:28 J'aime pas tellement utiliser ce mot
35:30 parce que c'est un mot péjoratif,
35:32 même si dans ma bouche, il ne l'est pas.
35:34 Mais je dirais cosmothéiste ou panthéiste,
35:36 je pense que l'écologie
35:38 est devenue une religion. Même si,
35:40 bien sûr, je ne suis pas en train de dire que
35:42 les problèmes écologiques ne sont pas
35:44 des problèmes aussi scientifiques.
35:46 Mais par-dessus, il y a une religion qui s'installe.
35:48 Nos contemporains
35:50 ne vont plus à la messe, mais ils embrassent les arbres.
35:52 Donc, si vous voulez...
35:54 - Le genre est devenu une religion.
35:56 - Le genre est devenu une forme de religion.
35:58 Je ne crois pas du tout au nihilisme
36:00 parce que les gens se sont remis à
36:02 voir d'autres croyances,
36:04 d'autres dieux avec des petits dés, évidemment.
36:06 - Mais la vraie question, et je
36:08 prolonge simplement, Philippe, mais est-ce que la majorité
36:10 n'est pas, elle, devenue nihiliste ?
36:12 - Moi, je pense pas. - Elle est une nihiliste paisible. Vous pensez pas ?
36:14 - Vous avez vu le nombre de sorcières qu'il peut y avoir sur les réseaux ?
36:16 Le nombre de voyantes
36:18 que les gens vont... Enfin, c'est
36:20 inimaginable. Tout ça est revenu
36:22 en force. Les sagesses...
36:24 des sagesses théiciennes...
36:26 Déjà, vous avez un certain nombre de philosophes
36:28 comme Consponville qui défendent ça.
36:30 Et des sagesses asiatiques
36:32 qui nous influencent.
36:34 Donc, tout ça sont des nouvelles
36:36 croyances, des nouvelles formes de croyances.
36:38 - Et effectivement,
36:40 est-ce que c'est un peu
36:42 la traduction de
36:44 ce que disait Gramsci
36:46 quand il disait "Quand le vieux n'est pas encore mort
36:48 et que le jeune n'est pas encore né, c'est là où naissent
36:50 les monstres." - Voilà, exactement.
36:52 - Et on est là-dedans, là, aujourd'hui ?
36:54 - Oui, je pense que des choses sont en train
36:56 de renaître. Alors, elles vont être
36:58 bizarres. C'est pas ce à quoi on a été habitués.
37:00 Il y a des renaissances de vieilles choses.
37:02 Il y a des choses nouvelles, bizarres.
37:04 Bon, mais...
37:06 Beaucoup d'autres croyances vont se consolider.
37:08 C'est en cours.
37:10 - Très intéressant. Je vous sens optimiste, Chantal Delcey.
37:12 - Ah oui, mais je ne suis pas...
37:14 Mais vous savez, je ne suis pas pessimiste parce que j'ai confiance
37:16 dans la renaissance
37:18 de nouveaux êtres
37:20 qui vont avoir...
37:22 qui vont imaginer
37:24 des choses auxquelles nous, nous ne pensons
37:26 même pas, qui vont restructurer
37:28 le monde d'une manière
37:30 que nous n'imaginons pas.
37:32 Bon, j'ai confiance dans tout ça.
37:34 - Des extraterrestres ? - Non, non, mais les êtres
37:36 qui vont naître derrière nous, nos petits-enfants,
37:38 nos arrière-petits-enfants. - Vous croyez à la capacité
37:40 effectivement de ce réel ? - Ah, complètement. Sinon, je ne croirais pas
37:42 en la personne. La personne, c'est insondable.
37:44 C'est... J'y crois.
37:46 - Non, non, mais c'est bien, aujourd'hui,
37:48 d'avoir, effectivement, des capes
37:50 et vous n'êtes pas la seule, et heureusement,
37:52 d'avoir des capes, effectivement, de bonne espérance.
37:54 Si je peux me permettre, ce très mauvais jeu de mots.
37:56 Juste,
37:58 pour revenir
38:00 à la démocratie, quand même,
38:02 moi, j'ai été extrêmement frappé,
38:04 on parlait de la liberté d'expression.
38:06 Évidemment, j'y suis très sensible, comme beaucoup de gens,
38:08 parce que c'est un peu notre métier.
38:10 Pour le meilleur
38:12 et pour le pire, d'ailleurs.
38:14 Mais vous avez vu cette loi, par exemple,
38:16 cet amendement à la loi, on l'a dit, voilà,
38:18 l'expression, même non publique,
38:20 de certains appels
38:22 au racisme,
38:24 à la discrimination. J'ai l'impression,
38:26 si vous voulez, et évidemment,
38:28 ça fait partie de Woke et compagnie,
38:30 qu'on ne peut plus faire un certain nombre de blésenteries
38:32 qui étaient absolument celles
38:34 de des proches ou de coluches, je prends
38:36 à exprès, non pas des philosophes,
38:38 mais des amuseurs, enfin...
38:40 Et j'ai l'impression que ça, vous dites,
38:42 on ne pouvait pas faire... Mais il y avait
38:44 cette espèce de...
38:46 Regardez, enfin, luttant des surréalistes,
38:48 luttant des existentialistes, luttant
38:50 des situationnistes, ou autre,
38:52 enfin, il y avait en tout cas
38:54 des excès de...
38:56 Quand ils traitaient
38:58 Jésus du crapaud de Nazareth,
39:00 ils l'écrivaient à la Sorbonne. Aujourd'hui,
39:02 vous ne pourriez pas dire ça. Si Jésus,
39:04 on peut en dire, mais que ce soit
39:06 sur la religion juive ou la religion musulmane,
39:08 par exemple, je ne
39:10 ne sache pas qu'une radio ou une télévision
39:12 se permettrait de dire quoi que ce soit.
39:14 Et peut-être c'est bien, mais enfin,
39:16 d'un autre côté, il y a, moi je ne sais pas,
39:18 je sens une espèce de régression,
39:20 vous voyez, je ne sais pas si vous avez suivi
39:22 cette histoire, où il dit, si vous êtes
39:24 chez vous, avec des amis,
39:26 quelqu'un peut-être à un moment donné un peu bourré
39:28 ou etc. se permet une plaisanterie, le très mauvais goût,
39:30 je l'accorde. Eh bien, si
39:32 quelqu'un a son téléphone portable,
39:34 il peut dénoncer en disant
39:36 "Ecoutez, il y a monsieur tel, enfin,
39:38 qui a émis vraiment une plaisanterie grossière."
39:40 Est-ce que ça ne vous fait pas peur, ça,
39:42 quelque part ? - Oui, il y a 80 ans,
39:44 vous pouviez être dénoncé
39:46 parce que vous aviez fait l'éloge de l'homosexualité,
39:48 vous alliez à la police, regardez
39:50 les romans
39:52 du 19ème, vous voyez ça clairement,
39:54 surtout dans les pays anglo-saxons d'ailleurs, plus qu'en France,
39:56 ça a toujours existé, c'était
39:58 pas les mêmes choses, c'est tout. Mais
40:00 cela dit, là où je vous suis,
40:02 c'est que je pense que nous sommes dans une
40:04 période victorienne,
40:06 disons, avec monopole de la vertu,
40:08 et ça, pourquoi ?
40:10 Parce qu'avant, on pouvait se permettre,
40:12 comme vous dites, de plaisanter même
40:14 sur des choses graves, parce que nous avions un arrière-fond
40:16 spirituel,
40:18 mais là, comme cet arrière-fond a
40:20 disparu, la religion
40:22 a été remplacée par la morale, et en fait,
40:24 c'est la morale qui est devenue une religion,
40:26 qui a pris la place, qui s'est glissée
40:28 dans la place, en fait. Donc, elle est
40:30 devenue aussi importante, aussi essentielle,
40:32 aussi grave que
40:34 la religion elle-même. Et ça nous
40:36 donne une période victorienne
40:38 où vous avez des perles à vertu
40:40 à tous les coins de rue, qui disent,
40:42 si jamais vous faites une insulte raciste,
40:44 voilà. - C'est ça.
40:46 Alors, c'est intéressant, parce que ce que vous dites, la morale est devenue une religion,
40:48 la science est devenue une religion,
40:50 enfin, la science, la science ne change
40:52 jamais une religion. - La science est devenue une politique.
40:54 - Voilà, oui, c'est ça. On l'utilise
40:56 pour tel ou tel...
40:58 pour tel ou tel moyen. Donc, on a
41:00 quand même une espèce de radicalisation
41:02 étonnante de "si ça me convient,
41:04 et ça convient à mon camp,
41:06 je vais utiliser des choses qui n'ont rien
41:08 à voir avec l'idéologie,
41:10 mais je vais parler de la science,
41:12 je vais parler de sauver la planète,
41:14 etc. Mais c'est au service d'autres choses.
41:16 C'est au service du pouvoir.
41:18 - Oui. - C'est ça.
41:20 - La glorification de la science,
41:22 c'est au service du pouvoir. Actuellement,
41:24 vous avez une période où la politique et la science
41:26 croient qu'elles sont
41:28 complètement entremêlées.
41:30 C'est une aberration, enfin,
41:32 moi, je n'ai jamais été platonicienne, mais c'est du platonisme.
41:34 - C'est une aberration,
41:36 effectivement, parce que la science, c'est tout, sauf une religion,
41:38 sauf une politique. - Bien sûr.
41:40 - C'est fou. Alors, je rappelle,
41:42 vraiment, lisez, lisez,
41:44 parce que là, il faut de temps en temps creuser.
41:46 Vous savez ? Si on ne creuse pas,
41:48 on ne comprend rien de l'écume. Si vous voulez
41:50 comprendre l'écume, il faut creuser.
41:52 Et vous prenez votre
41:54 scaphandre, vous lisez, vous lisez,
41:56 vous allez jusqu'à les livres, comme celui
41:58 de Chantal Delsol, "Le Crépuscule
42:00 de l'Universel", aux éditions du Serre,
42:02 comme celui de Chantal Delsol
42:04 également, mais elle en fera d'autres,
42:06 sur la démocratie, aux éditions
42:08 Bollen. Vous savez, comme disait quelqu'un,
42:10 arrêtez
42:12 de vous enrouler
42:14 au thermomètre s'il te plaît,
42:16 la température, et essayez de comprendre pourquoi
42:18 la fièvre monte. Ce sera
42:20 beaucoup plus utile pour vous, et pour
42:22 nous aussi. - Merci beaucoup.
42:24 - Merci beaucoup, Chantal Delsol, d'avoir été avec nous. - Merci à vous.
42:26 - Entre 13h et 14h aujourd'hui, André Bercoff,
42:28 on se retrouve demain, de midi
42:30 à 14h, nous serons avec le ministre des Affaires
42:32 sociales libanais, qui sera avec nous
42:34 demain matin, et puis
42:36 tout de suite, c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio. A demain.
42:38 Sud Radio.
42:40 - Parlons vrai. - Parlons vrai.
42:42 - Parlons vrai.

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