• il y a 8 mois
DB - 05-03-2024

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Transcription
00:00 Bonsoir.
00:07 Qui avait menti ?
00:13 Firma Jalat, qui prétendait avoir découvert le cadavre du vieux monsieur Gruzzi vers 5 heures du matin,
00:20 ou Robert Champon qui affirmait être rentré chez sa mère à 11 heures du soir ?
00:25 Rappelez-vous ce que vous avez vu au début de cette histoire.
00:29 Regardez bien le lampadaire près de la porte. Il est éteint.
00:35 Et voici la même pièce quelques heures plus tard.
00:38 Il fait nuit, le lampadaire est allumé.
00:40 La lumière était donc éteinte le matin à l'arrivée des gendarmes.
00:43 Et comme Firma Jalat déclarait avoir fermé la porte à clé sans entrer dans la maison,
00:47 il fallait en conclure qu'elle était également éteinte quand il avait découvert le cadavre.
00:51 Alors que de son propre aveu, il faisait encore nuit.
00:57 Mensonge, évidemment.
01:01 En réalité, croyant la maison vide, il s'était introduit pour voler.
01:06 Voler ce qu'il trouverait, du pain, une bouteille de vin.
01:12 Réveillé par le bruit, le vieux monsieur Gruzzi l'avait surpris.
01:16 Jalat s'était affolé, alors il avait saisi une bûche.
01:22 Condamné à la réclusion à vie, le vagabond a maintenant le gîte et le couvert assurés jusqu'à la fin de ses jours.
01:34 (Musique)
01:55 Et maintenant, imaginez que vous êtes en plein centre de l'Afrique,
02:00 dans le bureau de Barthélémy Mambaye,
02:03 le commissaire de police d'une petite sous-préfecture au sud de Forachambou.
02:09 Et oui, là-bas aussi, il y a des commissaires de police.
02:13 À cette époque de l'année, le thermomètre accuse 40 degrés à l'ombre.
02:19 C'est Briand?
02:36 Monsieur le commissaire?
02:44 Il est arrivé?
02:45 Oui, monsieur le commissaire. Il vous attend depuis deux heures.
02:49 Où est-il?
02:50 À la prison.
02:51 Il n'a rien dit?
02:53 Non, monsieur le commissaire.
02:55 Bon, bon, va me le chercher tout de suite.
02:57 (Bruit de porte)
03:26 Gilbert Boismorant.
03:35 Barthélémy Mambaye, commissaire de police.
03:37 C'est Briand. Donne une chaise.
03:39 Merci.
03:44 Vous êtes au courant?
03:46 Oui, depuis ce matin.
03:49 Les nouvelles vont vite en brouse, vous savez.
03:52 C'est un drame affreux.
03:54 Oui, je comprends. Je suis obligé de vous interroger.
03:59 Ne vous excusez pas, c'est normal.
04:01 Vous avez vos papiers sur vous?
04:03 Oui.
04:07 Le passeport suffira.
04:12 Merci.
04:18 Ainsi, vous êtes avocat, monsieur Boismorant?
04:21 Oui.
04:23 C'est la première fois que vous venez dans ce pays?
04:26 Non, non, je suis déjà venu il y a deux ans.
04:28 Un safari organisé par une agence.
04:31 Vous êtes un grand chasseur, monsieur Boismorant.
04:33 J'étais.
04:36 Jusqu'à hier, j'étais passionné pour la chasse.
04:38 Maintenant, c'est fini.
04:40 J'ai juré de ne plus jamais toucher un fusil après ce qui s'est passé.
04:44 Je n'oublierai jamais.
04:46 Mais que s'est-il passé au juste?
04:48 Vous savez, moi, on ne m'a presque rien dit.
04:52 Vous êtes mon meilleur ami.
04:54 Voilà ce qui s'est passé.
04:56 Dans quelles circonstances?
04:59 C'était la nuit dernière. Il était à peu près une heure du matin.
05:02 Pourriez-vous situer l'endroit?
05:04 Oui.
05:06 On était environ 150 kilomètres au sud, dans la vallée du Chari.
05:10 Presque à la frontière centrafricaine entre la savane et la forêt.
05:12 Je vois.
05:14 On chassait depuis deux jours et...
05:16 nous avions fait jusqu'à là un tabou assez médiocre.
05:19 Et vous dites "nous", c'est-à-dire qui?
05:22 On était trois fusils, c'est-à-dire Jean-Pierre Charny,
05:25 un guide de chasse nommé Schmitt...
05:27 Je connais.
05:28 Et moi-même, plus l'épisteur.
05:31 Cyprien?
05:33 Hier, à la tombée de la nuit,
05:35 on se trouvait à trois heures de marche du village où on avait laissé les voitures.
05:39 On a décidé de camper au bord d'un marigot.
05:41 Un festet de moustiques, entre parenthèses.
05:43 Rien d'étonnant, cette saison.
05:45 Il faisait une chaleur accablante.
05:47 Impossible de m'endormir.
05:49 Moi, en tout cas, j'arrivais pas à dormir et...
05:52 j'étouffais sous la moustiquaire.
05:54 Je suis sorti pour prendre l'air.
05:56 C'était idiot, il n'y avait pas un souffle de vent.
05:58 Donc, vous vous êtes levé à quelle heure?
06:01 Je vous l'ai dit, il était une heure du matin.
06:04 Cyprien?
06:06 Alors?
06:09 Bon, le feu était aux trois quarts éteint,
06:11 tout le monde dormait et je me suis éloigné de quelque part.
06:14 Continuez.
06:16 J'ai entendu un bruit dans les forêts.
06:18 Et j'ai aperçu deux yeux qui brillaient dans la nuit.
06:21 À quelle distance?
06:23 Une trentaine de mètres.
06:25 Continuez.
06:27 Il faut vous dire que la veille, on avait blessé une lionne
06:29 et capturé trois petits lionceaux qu'on avait trouvés dans son repère.
06:32 Mais c'est interdit.
06:34 Je sais, mais on l'avait pas fait exprès de blesser la mère.
06:36 De toute façon, les petits n'auraient pas survécu.
06:39 Inutile de noter tout ça, Cyprien. Ce n'est pas ce qui nous intéresse.
06:42 Pour plus que vous me croyez, monsieur le commissaire,
06:44 toute la soirée, la lionne a rôdé autour de nous
06:47 sans qu'il soit possible de la voir à découvert.
06:50 Alors quand j'ai vu briller les deux yeux dans la nuit,
06:53 j'ai aussitôt pensé à elle.
06:55 Songez qu'en deux bons, elle aurait pu se jeter sur nous
06:57 et faire un carnage.
06:59 Alors j'ai eu peur, je l'avoue.
07:02 Instinctivement, j'ai épaulé ma carabine
07:04 et j'ai visé entre les deux yeux.
07:06 C'est votre habitude de vous promener la nuit avec une carabine?
07:09 Je ne sais pas.
07:11 Vous savez, je n'ai pas l'habitude de me promener la nuit en plein de bosse.
07:14 C'est vrai. Excusez-moi.
07:16 Jean-Pierre est mort sans un cri.
07:20 Je suis sûr qu'il n'a pas souffert.
07:23 Il faut croire que lui non plus n'arrivait pas à trouver le sommeil
07:27 et qu'il s'était levé avant vous.
07:29 Il faut le croire.
07:30 Vous ne l'avez pas entendu?
07:32 Non.
07:33 Oui, enfin, en somme, c'est un accident.
07:36 Une erreur que je ne me pardonnerai jamais, monsieur le commissaire.
07:41 Bon, eh bien, ce sera tout pour l'instant.
07:44 Je vous demanderai d'attendre quelques minutes à côté.
07:48 Le temps de recopier votre déposition que vous n'aurez plus qu'à signer.
07:52 Cyprien, tu reconduis monsieur Bois-Morant?
07:55 Un présent?
08:00 Bien, naturellement.
08:02 Vous voudrez bien excuser l'inconfort?
08:09 Pendant ce temps, je vais interroger la veuve que j'ai envoyée chercher à l'hôtel.
08:13 Vous croyez que c'est nécessaire?
08:15 Non, mais l'administration est partout la même.
08:18 Tatillonne et inutile.
08:20 Madame Charly?
08:28 C'est moi, monsieur.
08:30 J'accompagne mon amie, monsieur le commissaire.
08:33 Je suis madame Bois-Morant.
08:35 Si vous voulez bien me suivre.
08:38 Je vous en prie.
08:40 Cyprien?
08:52 D'abord, je vous adresse mes condoléances, madame.
09:10 Je ne vous ennuierai pas longtemps.
09:12 Juste quelques petites questions à vous poser.
09:14 Je vous en prie.
09:16 Pratiquez-vous personnellement la chasse, madame?
09:18 Non, je ne sais pas me servir d'un fusil.
09:20 Et vous, madame?
09:22 Moi, je chasse quelques fois le père de Rouen-Salonne, mais je n'ai jamais tiré le gros gibier.
09:26 Quand votre mari partait pour un safari, était-ce votre habitude de l'accompagner?
09:30 C'était la première fois qu'il venait en Afrique, monsieur le commissaire.
09:33 Madame Bois-Morant et moi, nous avons profité du voyage pour faire du tourisme.
09:37 Mais qui a eu l'idée de ce voyage?
09:40 C'est Gilbert, je crois.
09:41 Oui, c'est mon mari, monsieur le commissaire.
09:43 Il connaissait déjà.
09:44 Nous avions pu prévoir.
09:46 Hélas, on ne peut pas prévoir un accident.
09:49 C'est un accident, n'est-ce pas?
09:51 Que voulez-vous que ce soit d'autre?
09:53 En tout cas, c'est un grand malheur pour tout le monde.
09:56 Puisque vous êtes avocat, monsieur Bois-Morant, nous allons parler technique.
10:05 De quel article du code pénal pensez-vous que relève l'acte que vous avez commis?
10:10 Le code pénal?
10:12 Nous avons le même que le vôtre.
10:14 Article 319.
10:18 Homicide involontaire.
10:20 Article 319. Vous croyez? Vraiment?
10:24 Si je ne me trompe.
10:25 Connaissez-vous l'article 295?
10:28 Quoi?
10:30 Et l'article 296?
10:32 Qu'est-ce que vous dites?
10:33 Rassiez-vous!
10:34 Article 295.
10:41 L'homicide commis volontairement est qualifié meurtre.
10:44 Article 296.
10:47 Tout meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié assassinat.
10:51 Mais vous êtes fou!
10:52 Soyez poli!
10:53 Ce n'est pas par erreur que vous avez assassiné votre ami,
10:58 mais en toute connaissance de cause et avec préméditation.
11:01 Allons! Votre histoire ne tient pas debout.
11:05 Ce serait trop facile de venir régler ses comptes chez nous.
11:09 Et vous vous étiez imaginé qu'il n'y avait pas de justice en Grousse.
11:13 Avez-vous remarqué au passage sur quel argument s'appuie le commissaire Manbeille
11:22 pour affirmer que le récit du chasseur était un mensonge?
11:25 Je vous dirai demain si vous avez deviné juste.
11:29 A demain. Bonsoir.
11:31 A demain. Bonsoir.
11:34 [musique]
11:58 [Musique]

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