DB - 05-03-2024
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00:00 Bonsoir. Revenons un instant sur cet accident dont je vous ai parlé la dernière fois.
00:11 Voici la photo que Fouillade avait montrée aux gendarmes.
00:17 Une photo développée et agrandie par ses soins.
00:21 Regardez bien le veston de l'Américain.
00:24 Vous ne remarquez rien d'anormal ?
00:26 La poche de poitrine à droite au lieu d'être à gauche.
00:31 Vous voyez ? Tout est à l'envers.
00:34 Seule explication possible, Fouillade avait retourné le négatif.
00:38 Mais dans ce cas, tout est inversé, y compris la position des voitures.
00:43 Voici le cliché correctement agrandi.
00:49 Vous voyez ? La poche de poitrine est à gauche.
00:53 Et les voitures ont repris leur vraie place.
01:00 L'Américain venait de la droite et c'était à Fouillade de lui céder le passage.
01:05 Mais grâce à ce subterfuge, il espérait faire remettre sa voiture en état au frais des assurances.
01:14 Le 9 octobre, le ministère des Finances dépose à une plainte contre X pour fraude fiscale, importation illicite et fausses déclarations.
01:43 Le 11 octobre, on arrêtait un courtier maritime du nom de Sébastien Blanchon, un homme doux et paisible de 35 ans.
01:51 Sébastien Blanchon nia être l'auteur des fraudes, il affirma que son écriture avait été imitée,
01:57 et il mit en cause un certain Maxime Hérin-Piné, un homme d'affaires d'assez mauvaise réputation.
02:04 Mais il ne put apporter aucune preuve à l'appui de ses accusations, et Maxime Hérin-Piné bénéficia d'une ordonnance de non-lieu.
02:11 Le procès s'ouvrit le 1er mai suivant, et Sébastien Blanchon fut condamné à deux ans de prison.
02:18 Le 6 juillet, on découvrit son cadavre dans sa cellule. Blanchon s'était suicidé.
02:25 À part sa femme, personne n'entendit parler de ce suicide, et surtout pas Maxime Hérin-Piné qui passait le mois de juillet sur la Côte d'Azur.
02:35 (bruits de la rue)
02:56 Est-ce que je ne vous ai déjà pas rencontré quelque part ?
03:01 Ce n'est pas très original. Non, nous ne nous connaissons pas.
03:09 Je me présente, Maxime Hérin-Piné.
03:16 Dites-moi au moins votre prénom.
03:19 Karine.
03:21 Scandinave.
03:23 Mon père est Suédois.
03:26 André.
03:28 Il est midi. Est-ce que je peux, mademoiselle, vous inviter à déjeuner ?
03:37 Je ne vous connais pas.
03:39 Ah ben justement, faisons connaissance.
03:43 Je crains, monsieur, que vous ne vous trompiez sur mon compte.
03:47 Mais voyons, mademoiselle, je...
03:48 Au revoir, monsieur.
03:49 Mais attendez ! Mademoiselle ! Mademoiselle ! Votre drap, mademoiselle !
03:56 Bonjour.
04:03 Ah, c'est vous.
04:05 Il est beau, hein ?
04:07 Plutôt, oui. Il y a des gens qui ont de la chance.
04:11 Ça vous plairait d'avoir un bateau comme celui-là ?
04:13 Oh non, seulement pour me promener. Partir très tôt le matin et rentrer très tard le soir.
04:18 Enfin, n'irait bon pas.
04:20 Pourquoi pas ? Le propriétaire serait ravi de vous emmener, j'en suis sûr.
04:25 Ça m'étonnerait.
04:27 Qui sait ? Posez-lui la question.
04:30 Je ne le connais pas.
04:32 Je le connais ?
04:34 Qui est-ce ?
04:35 Moi.
04:36 C'est pas vrai.
04:38 Un clé de contact ? Allez, venez, montons à bord.
04:46 Pourquoi ? Vous en aviez envie ?
04:49 Je n'en ai plus envie.
04:51 C'est ridicule.
04:53 Un autre jour, peut-être.
04:55 Karine ! Karine !
04:58 [Bourdonnement]
05:01 Ah, vous voilà !
05:25 Je vous cherche depuis deux jours.
05:27 Bien, vous m'avez trouvé.
05:29 Mais où étiez-vous ? J'ai fait tous les hôtels de la ville, personne ne vous connaît.
05:32 Je ne suis peut-être pas descendue à l'hôtel.
05:35 Quelle étrange femme vous êtes.
05:39 Je ne sais rien de vous. Vous me fuyez ou...
05:42 Mais je ne vous fuis pas.
05:45 C'est vrai ?
05:48 Je ne vous fais pas peur ?
05:51 Peur, vous ? Non, vous ne me faites pas peur.
05:55 Tenez.
05:57 Si vous m'invitez à votre bateau demain, je viendrai peut-être.
06:02 Karine, je vous adore.
06:05 8 euros pour un. Ça va ?
06:09 [Musique]
06:13 [Musique]
06:17 [Musique]
06:20 Comment on conduit ? C'est difficile ?
06:45 Non, ça me tombe tout.
06:47 Regardez. La barre pour diriger le bateau, la manette des gaz.
06:51 Vous poussez pour aller vite et vous tirez pour ralentir.
06:55 C'est tout ? Oui.
06:57 Ben, laissez-moi essayer. Allons-y.
07:00 Attention, doucement.
07:02 [Musique]
07:06 [Musique]
07:10 [Musique]
07:14 [Musique]
07:17 [Musique]
07:23 [Musique]
07:29 [Musique]
07:35 [Musique]
07:43 [Musique]
07:47 [Musique]
07:50 [Bruit de vent]
07:54 [Bruit de vent]
07:58 [Bruit de vent]
08:01 [Bruit de vent]
08:11 [Bruit de vent]
08:22 [Bruit de vent]
08:25 [Bruit de vent]
08:43 [Bruit de vent]
08:46 Vous êtes bien ?
08:57 Nous sommes loin de la côte ?
09:01 Une dizaine de mille.
09:04 Loin de la côte, loin du monde et de ses soucis.
09:08 Seuls tous les deux, vous et moi.
09:10 Donnez-moi une cigarette.
09:13 Et si on se peignait ?
09:39 Quel enthousiasme, vous n'aimez pas ça ?
09:41 Pas beaucoup, non.
09:43 Vous savez nager, quand même ?
09:45 Un peu, pas très bien.
09:47 C'est dangereux ici, les pâteaux chavis.
09:49 Ah non, aucun risque. Et de toute façon, il y a les bouées.
10:08 Vous savez, j'ai beaucoup d'admiration pour vous.
10:11 Depuis longtemps.
10:13 Il y a une semaine, on ne se connaissait pas.
10:16 Moi, si, je vous connaissais.
10:20 J'ai suivi toute l'affaire Blanchon dans les journaux.
10:25 Vous avez été formidable.
10:27 La façon dont vous vous êtes tiré de ces mauvais pas...
10:29 Karim ! Ça suffit comme ça.
10:32 Moi, je trouve ça sensationnel.
10:37 Vous avez dû avoir du mal.
10:39 Imiter une écriture, c'est très difficile.
10:41 Karim !
10:42 Écoutez, ne pensons plus à tout ça.
10:44 Allez, venez.
10:46 Mais, pourquoi ne voulez-vous pas en parler ?
10:53 Maintenant que l'affaire est jugée, vous ne risquez plus rien.
10:56 Mais qu'est-ce que ça peut vous faire ?
10:58 Ça m'intéresse.
10:59 Mais en quoi ?
11:01 Je trouve ça très excitant, un homme capable de faire des choses pareilles.
11:05 Vraiment, vous n'êtes pas n'importe qui.
11:08 Que voulez-vous qu'entendez dans les affaires ?
11:10 Il faut savoir se défendre, et puis voilà.
11:13 C'est vous qui avez tout fait, n'est-ce pas ?
11:17 Karim, dans la vie, il y a deux catégories d'hommes.
11:22 Les vainqueurs et les vaincus.
11:24 Ce pauvre Blanchon était de la race des vaincus.
11:27 Et alors, vous en avez profité ?
11:30 Ah, ben, dites ! J'aurais été bien bête de laisser passer l'occasion, alors.
11:34 Karim !
11:35 La bouée !
11:49 Vous êtes de la race des vainqueurs, monsieur Irintiné !
11:52 Laissez-moi la bouée !
11:54 Vous n'avez pas besoin de bouée.
11:56 Karim !
11:57 Karim !
11:59 Je vais me noyer !
12:04 Je vais me noyer !
12:06 Et après, madame Blanchon, que s'est-il passé ?
12:18 Il m'a proposé de me baigner avec lui, mais je n'avais pas envie.
12:21 Il a plongé du bateau seul.
12:23 Il m'avait dit qu'il nageait très bien, alors je ne me suis pas inquiétée.
12:27 Sinon, au bout d'un moment, en le voyant paraître,
12:30 j'ai appelé, appelé...
12:33 Il avait dû couler un pic.
12:35 Une congestion, probablement.
12:37 Ah, l'imprononce des meilleurs !
12:39 Tous les ans, nous déploierons des dizaines d'accidents stupides, aussi stupides que celui-ci.
12:43 Je vous remercie, madame.
12:45 Vous étiez très vieille, je suppose.
12:50 C'est du dernier avis de mon mari.
12:52 Je vous remercie.
12:54 48 heures plus tard,
13:05 des pêcheurs ramenaient le corps de Maxime Hérimpiné.
13:09 Karine Blanchon fut invitée à venir l'identifier,
13:12 puis on l'arrêta.
13:14 La police avait en effet la preuve
13:17 que l'homme ne s'était pas noyé accidentellement.
13:20 Cette preuve, vous la connaissez, vous aussi, j'en suis sûr.
13:23 Hein ?
13:24 Oh, voyons, c'est tellement simple, vous voyez ?
13:26 Parfait.
13:27 Eh bien, à demain, bonsoir.
13:30 Ah !
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