Les informés du Vendredi 1er Mars 2024

  • il y a 7 mois

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00:00 *Générique*
00:05 20h21, France Info, les informés, Jean-François Ackilly.
00:11 - Bonsoir Alexei Navani, inhumé à Moscou, en présence de milliers de soutiens qui ont défié le pouvoir.
00:19 Nous reviendrons sur la mort du principal opposant de Poutine, sur la menace nucléaire du président russe,
00:26 et l'opinion française inquiète après la déclaration d'Emmanuel Macron.
00:31 Invité ce soir pour nous éclairer, Nicolas Tanzer, bonsoir.
00:35 - Bonsoir.
00:36 - Vous êtes enseignant à Sciences Po, spécialiste des questions géostratégiques,
00:40 auteur de "Notre guerre, le crime et l'oubli", pour une pensée stratégique,
00:46 publiée aux éditions de l'Observatoire.
00:49 Dans la deuxième partie des informés, la colère des agriculteurs, nous y reviendrons,
00:54 elles ne retombent pas, et les élections européennes avec ce match qui se dessine à Tal Bardela.
01:01 Les informés ce soir, Alexandra Saviena, journaliste à L'Express,
01:06 L'Express qui titre sur Iran le nouvel axe du mal cette semaine.
01:10 Avec nous, Marie-Estelle Pesch, rédactrice en chef société à Marianne, avec à la une,
01:16 "Laïcité, la bataille perdue de la jeunesse".
01:20 Véronique Rensoult, la présidente de Backbone Consulting,
01:24 maître de conférences en communication de crise à Sciences Po,
01:28 auteur de "L'ultime pouvoir, la face cachée des réseaux sociaux" aux éditions du Cerf.
01:32 Vous nous parlerez tout à l'heure de votre sondage en partenariat avec Odoxa pour le Figaro,
01:38 justement sur l'état de l'opinion après les déclarations d'Emmanuel Macron.
01:43 Soyez les bienvenus.
01:45 Nous ne t'oublierons pas, non à la guerre, nous ne pardonnerons pas.
01:49 Des milliers de personnes ont donc assisté à Moscou, malgré le risque d'arrestation aux obsèques d'Alexei Navalny,
01:56 le principal opposant de Vladimir Poutine, mort en prison le 16 février dernier,
02:01 dans des circonstances inexpliquées.
02:03 Les forces de l'ordre ont procédé à au moins 67 interpellations dans 16 villes différentes,
02:10 dont 6 dans la capitale russe, selon l'ONG spécialisée OVD-Info.
02:14 Le témoignage tout d'abord entre tristesse et espoir.
02:17 Décathérina, elle a 56 ans, c'est une femme au foyer.
02:21 Je me sens à la fois désespérée et pleine d'espoir.
02:26 Peut-être que si nous venons tous ici, ceux d'entre nous qui comprennent,
02:30 et j'espère que nous sommes nombreux, peut-être que quelque chose changera.
02:34 J'aimerais vraiment que les choses changent, que nous retrouvions notre liberté,
02:41 nos garçons qui se battent en Ukraine, et nos vies que nous n'avons plus,
02:45 qui nous ont été enlevées.
02:47 Nicolas Tanzer, ces milliers de citoyens russes qui bravent les forces de l'ordre,
02:53 qui bravent Poutine en quelque sorte, faut-il y voir un signe ?
02:57 D'abord, je pense qu'il faut à la fois saluer le courage extraordinaire
03:02 de ceux qui continuent à manifester dans ce régime qui est devenu totalitaire,
03:06 et en même temps se dire que Moscou, ce n'est pas la Russie.
03:10 C'est-à-dire que vous avez ces manifestations à Moscou,
03:13 qui est une ville d'opposition, vous en avez d'autres à Saint-Pétersbourg,
03:16 dans quelques autres villes, mais malgré tout, l'ensemble des Russes,
03:20 ou la très grande majorité des Russes, restent passifs.
03:24 En raison à la fois de la répression, mais aussi peut-être d'une disposition mentale
03:28 plus particulière, qui fait qu'ils ont perdu tout espoir,
03:32 toute idée qu'il pourrait y avoir un changement.
03:34 Ils sont totalement résignés.
03:36 Alors, ils sont contre Poutine d'une certaine manière, mais ils ne voient pas d'avenir.
03:40 C'est-à-dire que Poutine a réussi cela, le privé de leur avenir.
03:43 Et je pense que le témoignage que nous avons entendu tout à l'heure,
03:46 c'était quelque chose que beaucoup de Russes ressentent,
03:48 mais il y en a très peu qui aujourd'hui osent l'exprimer.
03:51 – Oui, quand elle dit "les garçons qui se battent en Ukraine",
03:54 nous pouvons penser à toutes ces mères, ceux dans toute la fédération,
03:57 qui doivent attendre le retour des combattants,
04:00 parfois qui reviennent entre quatre planches.
04:02 J'imagine qu'il y a une forme de contestation, de colère.
04:05 – Mais en fait, très peu.
04:07 Il y a plusieurs raisons.
04:08 D'abord parce qu'on s'aperçoit que les combattants,
04:10 ceux qui sont vraiment envoyés au front et qui meurent par centaines de milliers,
04:13 c'est comme ça aussi la réalité, vraisemblablement plus de 200 000 morts,
04:16 plus de 500 ou 600 000 blessés.
04:18 C'est un carnage absolument épouvantable dont Poutine n'accueure.
04:22 C'est-à-dire que son propre peuple, il s'en moque complètement.
04:25 Ce sont aussi des gens qui sont en dehors des grandes villes.
04:28 Ce sont plutôt des gens qui sont à l'est du pays,
04:31 y compris un certain nombre de minorités.
04:33 Alors que la classe à peu près moyenne, qui est une petite classe moyenne,
04:37 celle des grandes villes, n'est pas directement atteinte.
04:40 Et d'une certaine manière, c'est assez curieux,
04:42 parce que ce sont ceux-là qui manifestent le plus.
04:44 Parce que ce sont ceux qui ont aussi un niveau culturel, social,
04:47 un peu plus élevé.
04:48 Et les autres sont résignés.
04:49 Alors vous avez quelques manifestations de maires de soldats, très vite réprimées.
04:53 Vous avez des chaînes Télégram qui, évidemment,
04:55 diffusent effectivement le malheur de ces maires.
04:58 Mais là aussi, avec un sentiment de fatalisme terrible.
05:02 Comment est-ce que l'on pourra trouver un jour les moyens
05:05 de rendre la Russie libre et de briser ce fatalisme terrible ?
05:08 – Est-ce que les uns et les autres savent,
05:10 au fond, nous savons bien que l'information est entièrement contrôlée,
05:13 Navalny, c'était une brève dans les journaux télévisés à la fin.
05:16 Est-ce qu'ils savent, malgré tout ?
05:18 Est-ce que, malgré tout, l'information circule à bas bruit ?
05:20 – Alors, il y a en fait un dualisme total,
05:23 même pour simplifier, dans la société russe,
05:25 parce qu'en fait, il y a beaucoup plus que deux catégories.
05:28 Il y a d'un côté, effectivement,
05:29 ceux qui sont branchés sur les réseaux sociaux,
05:31 qui ont un accès au VPN,
05:33 qui sont capables de connaître un certain nombre de choses.
05:35 Regardez par exemple la fameuse vidéo de l'équipe Navalny
05:38 sur le palais de Poutine, donc un exemple de corruption,
05:40 ça a été vu plus de 50 millions de fois.
05:43 Mais ça ne veut pas dire que la majorité des Russes ait accès à cela.
05:47 Et il y en a beaucoup aussi qui détournent le regard,
05:49 qui ne veulent pas savoir, qui ne veulent pas regarder aussi
05:52 les crimes massifs commis par la Russie en Ukraine en leur nom.
05:55 C'est ça aussi, cette réalité, c'est qu'ils se disent
05:58 "on ne peut rien changer", donc ils ne veulent pas voir.
06:00 Mais effectivement, beaucoup n'ont que la télévision d'État
06:03 pour s'informer, et la télévision d'État présente évidemment
06:06 la réalité, la propagande, la propagande alternative,
06:09 la propagande du Kremlin, et ne parle pas de Navalny,
06:12 encore moins des autres dissidents, dont il faut quand même rappeler
06:15 l'existence. Par exemple, Vladimir Karamurza,
06:19 emprisonné pour 25 ans de prison, ce qui est terrible.
06:24 Il y a Yachin, l'historien du stalinisme,
06:26 Yuri Dmitriev, etc.
06:28 C'est ça, la réalité de ce pays.
06:30 Soit les dissidents sont en exil, soit ils sont emprisonnés,
06:33 soit ils sont morts.
06:34 - Véronique Rehlsoult, l'information est empêchée.
06:37 C'est possible, hein ?
06:38 - Oui, c'est possible, effectivement, avec les VPN,
06:40 ils arrivent à peu près à contourner, mais ça ne concerne absolument pas
06:42 la totalité des Russes, c'est un peu compliqué quand même.
06:45 La jeune génération, vous disiez que Moscou et le reste
06:48 de la Russie, ce n'est pas la même chose.
06:50 Oui, à Moscou, ils arrivent à peu près quand même
06:52 à avoir des informations à côté.
06:54 Les messages récryptés sont aussi un moyen pour partager
06:57 des informations, et le Dark Web est le bon côté
07:01 de l'excellente maîtrise par les Russes de ces nouvelles technologies.
07:06 Ça fait qu'ils arrivent à s'informer.
07:08 Le moins bon côté, c'est qu'ils arrivent aussi à désinformer
07:11 et à faire en sorte que les informations qui sortent
07:13 ne soient pas forcément tout à fait justes.
07:15 - Allez, dans un instant, le regard, examen de L'Express
07:18 et de Marianne sur ce qui se passe en Russie,
07:21 20h10 sur France Info.
07:23 Tout d'abord, le Fil info, il est signé Mathilde Romagnon.
07:27 Au moins 67 personnes ont été arrêtées aujourd'hui en Russie
07:30 lors de rassemblements en hommage à Alexei Navalny,
07:33 selon une ONG.
07:34 Les funérailles de l'opposant russe se déroulaient à Moscou,
07:37 mais des milliers de partisans étaient réunis
07:39 dans la capitale russe, et des rassemblements
07:41 avaient lieu partout dans le pays.
07:44 Emmanuel Macron réunira dans une semaine
07:46 les représentants des partis politiques à l'Elysée
07:48 autour de la situation en Ukraine.
07:50 Une réunion dans la perspective d'un débat
07:53 suivi d'un vote au Parlement sur la question du soutien français à Kiev.
07:57 Justice a été rendue.
07:59 La réaction du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
08:02 après la condamnation à 30 ans de prison d'Ilyas Akoudad
08:06 pour le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon,
08:09 c'est moins que les réquisitions de l'avocate générale
08:11 elle avait demandé la perpétuité.
08:13 Deux ministres ont reçu des G2 et ont été sifflés
08:17 au Salon de l'Agriculture aujourd'hui.
08:19 Christophe Béchy, ministre de la Transition écologique,
08:21 et celui de l'Agriculture, Marc Fenault,
08:24 ont fait face à une vingtaine de manifestants de la FDSEA
08:27 à deux jours de la fermeture du Salon.
08:29 Alexei Navalny a mis en terre au cimetière de Borisovo
08:43 dans le sud-est de la capitale
08:45 après une courte cérémonie dans une église
08:48 en présence de ses parents
08:50 et en l'absence de sa femme Julia.
08:52 Peut-elle prendre la suite de la contestation ?
08:55 La question a été posée ce matin à Maître William Bourdon
08:58 qui fut l'avocat français de Navalny,
09:01 invité sur France Info ce matin.
09:03 Est-ce que l'avocat de Navalny va donner des forces
09:07 à des millions de Russes ?
09:08 C'est impossible de le dire
09:09 parce qu'on est face à une machine de répression
09:11 où la mécanique de la peur
09:13 et la mécanique de l'incarcération
09:15 n'ont jamais été aussi terribles.
09:17 Pour avoir un leadership,
09:18 c'est banal de dire qu'il faut avoir des qualités exceptionnelles.
09:21 Est-ce que je ne connais pas suffisamment Julia
09:23 pour pouvoir affirmer qu'elle a toutes ses cartes en main,
09:26 mais ce que j'ai vu d'elle dans ses yeux
09:28 quand je l'ai rencontrée à Berlin
09:29 me perçoit et me convainc du fait
09:31 qu'elle a absolument les épaules
09:34 pour embrasser ce destin de reprendre le flambeau
09:37 de la résistance qu'incarnait son mari.
09:40 Qui va reprendre le flambeau, c'est la question.
09:42 Julia Navalnaya, Nikola Tintzer,
09:45 est-ce que c'est un fantasme de ce que nous sommes nous,
09:48 la vision que nous avons de l'opposition en Russie,
09:51 ou est-ce que c'est une réalité ?
09:53 Elle peut vraiment poursuivre le combat de Navalny ?
09:57 Je pense qu'il y a effectivement une volonté de le faire,
10:00 mais on le voit bien que si elle devait retourner en Russie,
10:04 elle serait évidemment...
10:06 D'ailleurs, le Kremlin a émis des menaces très dures contre elle.
10:09 Elle serait immédiatement emprisonnée.
10:11 Elle restera en exil.
10:13 C'est ça qui est terrible.
10:15 Derrière, vous avez soit la veuve comme Julia Navalnaya,
10:19 soit l'épouse comme Evgenia Karamurtza,
10:22 qui est évidemment à Washington,
10:24 qui plaide aussi pour la libération de son mari.
10:26 Les deux sont très unies,
10:28 même si elles représentent des tendances très différentes
10:30 de l'opposition russe.
10:32 Il faut voir aussi que l'opposition russe
10:34 est aussi sur le fond extraordinairement divisée.
10:36 Elle a effectivement ce charisme, Julia Navalnaya.
10:39 C'est évident. Maintenant, pour quoi faire ?
10:42 Pour une fois, dans le système tel qu'il est aujourd'hui,
10:45 malheureusement, on ne voit absolument aucun signe de déblocage.
10:49 Ou bien, il faut reprendre les paroles d'Evgenia Karamurtza,
10:52 qui disait que la seule chance pour qu'un jour, peut-être,
10:55 la Russie puisse être libre,
10:57 c'est qu'elle soit totalement défaite en Ukraine et peut-être ailleurs.
11:01 Elle l'a dit en ces termes. Je pense que c'est la réalité.
11:04 Si il n'y a pas une défaite de la Russie en Ukraine,
11:07 il n'y a aucun espoir que le régime change.
11:11 Parce qu'il est intouchable.
11:13 Parce qu'effectivement, il est non seulement Poutine,
11:17 mais que si un jour, ce n'est plus Poutine,
11:19 on aura des gens qui sont aussi des anciens Siloviki,
11:22 des gens du FSB, donc l'ancien KGB,
11:24 qui seront là, qui reprendront la suite.
11:27 C'est aussi pour ça que les Occidentaux,
11:29 s'ils espèrent un changement en Russie,
11:31 pour le bien des Russes aussi, et le bien du monde en général,
11:34 doivent maintenir aussi les sanctions jusqu'au bout.
11:38 L'idée que même si la Russie est défaite en Ukraine,
11:41 il faudrait lever les sanctions,
11:43 retourner à une sorte de business as usual, si je puis dire,
11:46 avec la Russie, ce serait une faute monumentale.
11:50 – Comment vous expliquez, Nicolas Tintin,
11:52 que ces sanctions soient à peu près inefficientes ?
11:56 En quelque sorte, parce qu'au fond, ce pays ne se porte pas si mal.
11:59 Il a des devises parce qu'il vend son énergie,
12:02 il a contourné le blocus.
12:04 Quand vous voyez que le PIB de l'Europe, c'est 30 fois celui de la Russie,
12:09 et nous n'arrivons pas à la mettre à genoux économiquement,
12:12 comment est-ce possible ?
12:14 – D'abord, c'est quand même un pays qui, dans ses profondeurs,
12:16 est un pays pauvre, où la grande pauvreté
12:18 atteint des proportions absolument majeures,
12:21 avec une grande partie des élites,
12:23 parce qu'on parlait tout à l'heure des Russes qui protestaient.
12:25 Moi, je l'ai vu, j'ai enseigné en Russie entre 2006 et 2008,
12:28 où j'allais toutes les semaines, tous les trois mois,
12:30 une semaine enseigné à Saint-Pétersbourg,
12:32 et je voyais à ce moment-là, y compris le doyen de l'université où j'enseignais,
12:36 partir, je faisais un séminaire pour les enseignants,
12:38 la moitié des enseignants sont partis, c'est 2008-2010,
12:41 c'est dans ces années-là, donc vous voyez, aussi les élites ont quitté.
12:44 Donc c'est pas un pays riche, mais vous avez d'une part,
12:46 de l'autoconsommation, bien sûr,
12:48 deuxièmement, vous avez, et c'est aussi le faux-semblant de la croissance,
12:53 une économie de guerre réelle, et qui tire en quelque sorte le pays.
12:57 – Ce que nous n'avons pas nous.
12:59 – Et puis vous avez ce que vous avez évoqué très justement,
13:01 c'est-à-dire le contournement des sanctions qui font que un certain nombre de pays,
13:05 notamment l'Inde et la Chine, continuent d'acheter le pétrole russe,
13:09 qui rapporte beaucoup plus que le gaz, soyons parfaitement clairs là-dessus,
13:12 et donc ça permet de financer cette économie.
13:15 Mais au détriment, encore une fois, quand je parlais de l'absence de futur,
13:18 il faut voir que l'économie russe elle-même est placée sous l'absence de futur.
13:21 Regardez les infrastructures, regardez l'état des écoles,
13:24 regardez, on l'a vu pendant l'épidémie de la Covid-19, l'état des hôpitaux.
13:28 À part un hôpital qui tient à peu près la route, sinon c'est un délabrement total.
13:33 Donc c'est ça aussi qui est absolument monstrueux dans ce pays.
13:36 – Alors il y a eu les déclarations d'Emmanuel Macron, c'était lundi,
13:39 au sortir de cette conférence autour du soutien à l'Ukraine, c'était à l'Elysée,
13:45 et vous le savez, le président interrogé sur un envoi éventuel de troupes au sol en Ukraine,
13:52 a répondu "Rien n'est exclu".
13:54 Je me tourne vers vous, Véronique Krelsoul,
13:56 parce que vous avez procédé avec Odoxa, l'institut,
14:01 un sondage pour le Figaro réalisé en ligne auprès d'un millier de personnes,
14:06 hier et avant-hier, qui nous dit que pour 68% des Français,
14:12 Emmanuel Macron, le président, a eu tort.
14:16 – Oui mais ça s'explique par deux raisons.
14:18 D'abord les Français sont toujours aussi préoccupés par le sujet de l'Ukraine.
14:21 On a 77% des Français qui continuent deux ans après à être inquiets sur la situation.
14:26 Le deuxième, c'est qu'ils considèrent que dans le fond,
14:28 la Russie doit être considérée comme un mal avec lequel il faut composer,
14:33 persuadés qu'on n'a pas tellement de moyens pour 51% des Français.
14:37 Et surtout, ils sont personnellement opposés à l'idée d'envoi de troupes sur le terrain pour 74%,
14:45 et ils n'ont pas envie que ça vienne interférer dans les débats nationaux.
14:49 Donc ça explique que la phrase d'Emmanuel Macron a été globalement rejetée à 68%,
14:55 parce que voilà, ça leur a semblé incongru, et ce n'était pas amené dans un contexte large.
15:01 Donc ils ont l'impression que ça sortait un peu, voilà, sans s'y attendre, peut-être qu'ils avaient tort.
15:07 Et puis ensuite, les condamnations ou les non-soutiens à l'étranger
15:12 ont renforcé cette impression en disant, en fait, si on est tout seul, ça va être compliqué.
15:17 Et puis la guerre, elle a devenu, enfin, elle l'inquiète toujours, mais elle est devenue un peu impalpable,
15:22 ce qui est très étonnant. - Vous voulez dire abstraite ?
15:24 - Bah oui, parce que ça fait deux ans que ensuite, dans l'imaginaire collectif,
15:27 parce que, heureusement, on n'a pas connu de guerre, mais on imagine qu'un pays en guerre,
15:31 c'est un pays figé, et on voit des images, et on apprend qu'il continue à produire,
15:35 donc l'opinion publique est un peu perturbée.
15:38 Et puis il y a des injonctions contradictoires sur "on va leur donner de l'argent"
15:41 et "nous-mêmes, on doit faire des économies".
15:43 Donc tout ça, mis bout à bout, explique l'incompréhension et le rejet par l'opinion publique.
15:47 - Alexandra Saviana pour L'Express.
15:49 Vous êtes surprise par cette réaction d'hostilité des Français,
15:53 selon l'enquête de Véronique Reys-Le Soult, après cette déclaration du chef de l'État ?
15:59 - En réalité, pas vraiment. Je trouve que ça illustre bien l'imaginaire collectif
16:03 sur ce qu'est la guerre aujourd'hui, et sur le prix du sang, tout simplement.
16:07 On l'a vu avec l'opération Serval, on l'a vu avec l'opération Barkhane.
16:11 À chaque fois qu'un soldat français tombe en Afrique lors d'une opération,
16:15 désormais on a des cérémonies aux invalides.
16:17 C'est vraiment quelque chose qui est un événement incroyable,
16:22 et on prie pour ces vies humaines.
16:24 Alors que quand on compare au carnage que la Première Guerre mondiale,
16:27 la Seconde Guerre mondiale a imposé à l'armée française,
16:29 on se rend bien compte que la population française a perdu un peu le sens,
16:33 et on peut s'en réjouir d'ailleurs, de ce qu'est l'engagement militaire de masse.
16:38 Marie-Estelle Pesche, il faut le rappeler, nous ne sommes plus en guerre,
16:41 donc l'opinion publique n'est pas prête à accepter cette idée.
16:45 Oui, c'est vrai qu'on reproche aussi à Emmanuel Macron,
16:49 ça alimente cette défiance vis-à-vis de ses propos,
16:53 d'avoir provoqué des réactions négatives de la part des partenaires européens.
17:00 Ni les États-Unis, ni l'Allemagne, ni l'OTAN, ni la Pologne
17:04 ne lui ont emboîté le pas quand il a fait cette déclaration.
17:07 Personne ou quasiment personne ?
17:09 Seuls les Britanniques, dans une certaine mesure,
17:14 et puis bien sûr les Ukrainiens, qui se réjouissent de ces déclarations.
17:18 Donc il faudrait surtout souhaiter qu'elle reste sans lendemain,
17:22 de ce point de vue-là on peut comprendre les Français, on peut comprendre les Mois,
17:25 ils pensent conscription, ils pensent enfant, alors que ce n'est pas forcément de ça,
17:30 ce n'est pas de cela dont parlait Emmanuel Macron.
17:35 On a interviewé Jean-Maurice Ripert,
17:38 qui est un ancien ambassadeur de France en Russie, pour Marianne,
17:42 et il estime surtout qu'avec ces déclarations, Emmanuel Macron,
17:45 il veut faire prendre conscience aux Français et aux autres Européens
17:48 de la gravité de la situation dans laquelle se trouve l'Ukraine.
17:51 Provoquer un électrochoc, c'est ça l'idée ?
17:54 Provoquer un électrochoc, et puis peut-être, il compte,
17:58 visiblement on a aussi interrogé des Russes dans la rue aujourd'hui à Moscou,
18:03 qui n'étaient pas vraiment convaincus par les déclarations d'Emmanuel Macron,
18:08 mais on peut supposer évidemment qu'avec cette déclaration,
18:12 il compte sur un effet de dissuasion en évoquant un risque d'escalade,
18:16 un premier pas vers une guerre généralisée, etc.
18:19 Une façon de renverser la table. Est-ce que c'est vraiment la bonne stratégie ? Je ne sais pas, mais...
18:23 Allez, dans un instant, on va demander votre sentiment, Nicolas Tenzer,
18:26 sur cette déclaration d'Emmanuel Macron, ça m'intéresse vraiment.
18:29 Pour l'heure, pardonnez-moi, 20h21 sur France Info, retour du Fil Info, avec vous, Mathilde Romagnon.
18:35 Il y a sa coup d'âne condamné à 30 ans de prison pour le meurtre du policier Eric Masson
18:41 par la cour d'assises du Vaucluse.
18:43 C'est moins que les réquisitions du parquet qui demandaient la perpétuité,
18:47 mais la cour a bien retenu la circonstance aggravante de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique.
18:53 On la prend à l'instant, Joe Biden, le président des Etats-Unis,
18:56 annonce que Washington va participer à des largages d'aides humanitaires sur Gaza.
19:01 Les obsèques d'Alexei Navalny à Moscou, des milliers de personnes sont venues rendre hommage à l'opposant russe.
19:08 Sa mort a été annoncée il y a deux semaines.
19:10 Au moins 67 personnes ont été arrêtées dans ces rassemblements de soutien, selon une ONG.
19:15 Gabriel Attal veut plus de contrôles des chômeurs.
19:18 Lors d'un déplacement dans les Vosges, le Premier ministre promet de multiplier par trois
19:23 les contrôles des bénéficiaires de l'assurance chômage d'ici la fin du quinquennat.
19:27 Et puis le début de la 24e journée de Ligue 1 de football.
19:30 Monaco, 3e au classement, reçoit le PSG, leader du championnat.
19:34 On vous envoie à 21h.
19:36 France Info
19:39 20h, 21h, les informés, Jean-François Achilli.
19:44 Nicolas Tenzer, il a eu tort ou raison, le président, de lâcher cet élément de phrase
19:51 sur ses troupes au sol, pas exclu ?
19:55 Je pense qu'il a eu totalement raison.
19:57 Et je ne vais pas dire le contraire, puisque c'est quelque chose pour quoi je plaide depuis plus d'un an.
20:02 Que j'ai développé d'ailleurs dans le dernier livre auquel vous avez fait allusion tout à l'heure.
20:06 J'ai dit souvent dans des interviews, des articles, etc.
20:10 Je pense qu'il y a un certain moment où il faut que l'Europe comprenne,
20:15 et que les Etats-Unis, l'Alliance, comprennent, les autres démocraties dans le monde aussi,
20:19 y compris Japon, Corée du Sud, qu'ils perçoivent très bien,
20:22 que les livraisons d'armes, qui doivent augmenter de manière massive,
20:26 soyons parfaitement clairs là-dessus, livraisons de munitions,
20:29 à un certain moment ne suffiront pas pour dissuader la Russie.
20:34 Et qu'il faut absolument essayer de faire briser un certain nombre de verrous
20:40 qui permettent d'aller vraiment plus loin, pour véritablement que la Russie soit défaite.
20:46 D'ailleurs pour la première fois, dans la même déclaration,
20:49 Emmanuel Macron n'en est plus resté au terme "il ne faut pas que la Russie gagne",
20:53 mais il a dit "il faut que la Russie soit défaite militaire".
20:56 Et ça c'est un vrai changement, parce qu'il rejoint là le consensus
21:00 de la plupart des pays européens, qu'il exprime souvent,
21:04 Polonais, Tchèques, Baltes, Nordiques, etc.
21:07 qu'il doit y avoir cet objectif-là.
21:09 Parce qu'ils savent très bien qu'à un certain moment,
21:12 si la Russie devait conserver ne serait-ce qu'une petite partie de l'Ukraine,
21:17 non seulement ce serait une violation du droit international
21:19 et une sorte de récompense donnée à la force,
21:22 mais ça voudrait dire aussi que ce serait un permis de tuer,
21:25 puisque Poutine n'arrête pas de tuer dans les zones occupées,
21:28 de torturer, de déporter des enfants, etc.
21:30 Mais qu'il y a un certain moment où ça voudrait dire que la Russie pourrait se réarmer
21:34 et que les risques seraient encore pires.
21:38 Maintenant, ce qui est important, c'est de bien préciser de quoi il s'agit.
21:42 Et il s'agit d'une chose bien précise, d'envoyer des troupes,
21:45 non pas pour combattre à côté des Ukrainiens, pour récupérer le Donbass et la Crimée,
21:50 mais plutôt comme un effet de dissuasion.
21:52 C'est-à-dire, si nous avons des troupes là, au-delà de missions spécifiques,
21:55 des minages, etc., on aurait des troupes qui permettraient
21:59 de sécuriser les zones libérées de l'Ukraine,
22:02 empêchant les avancées des troupes russes.
22:04 Encore faut-il libérer les zones en question ?
22:06 Non, sur les zones qui sont aujourd'hui libérées.
22:08 Et c'est de prévenir justement des offensives nouvelles de la Russie sur ces zones.
22:12 Et aussi, parce que quand même les civils, les vies humaines importent,
22:15 de préserver ces zones-là de bombardements contre les habitations,
22:20 les hôpitaux, les écoles, etc.
22:22 C'est ça, je crois, le vrai risque.
22:24 Et donc ça fait monter d'un cran l'ambiguïté stratégique,
22:27 comme le disait Emmanuel Macron, et je pense que c'est un signe très important.
22:31 Alors, peut-être, évidemment, dans le contexte des élections européennes,
22:34 dans les pays européens, on comprend effectivement la réticence.
22:36 On reconnaît la réticence des États-Unis, qu'ils ne veulent pas s'engager,
22:40 parce que si les troupes étaient touchées,
22:42 elles pourraient, évidemment, les pays concernés,
22:44 activer l'article 5 du traité de l'OTAN, donc garantie mutuelle.
22:48 Mais je pense que, vous savez, il y a eu beaucoup de tabous qui ont été levés,
22:52 les armes lourdes, les missiles à long portée, les avions.
22:54 C'est un franchissement à chaque fois.
22:55 Et petit à petit, voilà.
22:56 Plus que les F-16.
22:57 Les F-16, mais le tabou a été levé.
22:59 Maintenant, ils arriveront.
23:01 Rappelez-vous, à un moment, on disait "c'est escalatoire, pas question".
23:04 Eh bien, je pense qu'il en sera de même pour la proposition d'Emmanuel Macron.
23:07 – Alors, cette proposition a quand même semé le trouble, y compris à l'Élysée,
23:10 où on a tenté, quand nous les appelions, de nous expliquer de quoi il en retournait.
23:14 Écoutez le propos, ce matin, de Stéphane Séjourné,
23:18 le ministre des Affaires étrangères.
23:20 La question lui a été posée sur la déclaration du Président.
23:23 Il était l'invité de France Inter, ce matin.
23:25 – Aujourd'hui, qu'est-ce qui a été dit par le Président de la République ?
23:28 Il y a un cadre très clair qui a été fixé.
23:30 C'est-à-dire mettre en échec la Russie sans faire la guerre à la Russie.
23:35 Et dans ce cadre-là, rien n'est exclu.
23:38 Voilà. Et donc, les choses sont dites, sont claires,
23:41 ça participe à l'ambiguïté stratégique.
23:43 Mais en même temps, ça nous met du bon côté de l'histoire.
23:46 Et moi, je suis très content.
23:47 – Pourquoi se revient-on maintenant à l'occurrence ?
23:49 – Et puis justement, poser les choses et aussi créer ce débat au niveau européen.
23:53 – Je ne suis pas sûr que ce soit, Nicolas Tunzer, très clair en réalité.
23:56 Ce que vous dites, vous, à l'instant, est compréhensible.
23:59 Le positionnement de troupes dans des zones libérées, il y a une forme de cohérence.
24:04 Mais là, on a l'impression que personne n'arrive à réellement traduire la pensée présidentielle.
24:10 – Alors, pourtant, c'est bien ce qu'il y a derrière.
24:12 Mais effectivement, je trouve que l'explication de textes après est parfois un tout petit peu confuse.
24:17 Je pense qu'il serait beaucoup mieux d'expliquer, effectivement,
24:20 les choses telles que j'ai essayé de les présenter,
24:22 dire que d'autres options peuvent être un jour sur la table, pourquoi pas,
24:26 mais qu'il ne s'agit pas, encore une fois, d'envoyer des jeunes Français, des jeunes Allemands,
24:30 et ça, il faut le dire clairement, combattre, on ne va pas remonter,
24:34 réformer la conscription, on ne va pas…
24:38 Voilà, je veux dire, là, c'est totalement, vraiment, de la désinformation.
24:42 Et c'est d'ailleurs très frappant de voir que ceux qui se sont le plus opposés
24:45 ont repris, vous savez, le fameux slogan "on ne va pas mourir pour le Donbass",
24:49 qui était celui de "Il ne faut pas mourir pour Danzig", de D.A.,
24:52 l'œuvre 1939, qui était quand même le symbole de la collaboration avec le nazisme.
24:58 – Véronique Relsult, commentaire sur les réseaux sociaux,
25:01 comment dire, enfin, en ligne, sur ce qu'a dit le Président de la République.
25:04 Est-ce que cette semaine, il y a eu beaucoup d'échanges à ce sujet ?
25:08 – Alors, pas tant que ça, et surtout, là où c'était assez notable,
25:13 c'est que le Premier ministre, qui est assez haut placé dans l'opinion,
25:18 ça ne descend pas, Gabriel Attal continue à être un homme politique apprécié,
25:24 quand il s'est exprimé à l'Assemblée Nationale,
25:28 et en essayant de répondre de façon assez virulente au Rassemblement National,
25:33 habituellement, comme l'opinion publique le suit, quand il dit quelque chose,
25:37 il a ce qu'on appelle de l'engagement, c'est-à-dire que les gens reprennent
25:40 ses messages, les commentent, les partagent, et là, ça a été très peu repris,
25:44 comme si, dans le fond, les Français étaient un peu gênés,
25:47 et n'avaient pas non plus envie de critiquer M. Attal,
25:50 donc on n'a pas trop relayé, et les rares fois où c'était relayé,
25:54 c'était plutôt, effectivement, avec des propos qui étaient un peu étonnants et déplacés.
25:58 – Nicolas Tintzer, avant de vous libérer, si je puis dire,
26:01 comment est-ce que vous voyez les choses dans les semaines, les mois qui viennent ?
26:04 Je sais bien que c'est difficile de décrypter les événements,
26:06 parce qu'au fond, ils nous réservent toujours des surprises,
26:09 mais on a l'impression d'une forme d'enlisement, d'enquistement sur le front,
26:13 et de quelque chose d'inéluctable aussi, comme si nous allions vers la guerre, en quelque sorte.
26:18 – Alors, je pense qu'il y a deux choses, d'abord, effectivement,
26:21 le front, aujourd'hui, est un peu figé, avec plutôt quelques avantages pour la Russie,
26:24 mais pas décisifs, parce qu'on sait très bien que la Russie
26:27 ne peut pas reconquérir l'Ukraine actuellement, mais c'est vrai que les Ukrainiens meurent,
26:32 que, évidemment, aujourd'hui, vous avez un échec de la contre-offensive,
26:37 tout simplement parce que les armes promises n'ont pas été livrées,
26:40 qu'il n'y a pas eu assez de missiles à longue portée,
26:43 il n'y a pas encore les avions, on l'a rappelé tout à l'heure,
26:45 donc c'est effectivement très difficile, mais il y a un certain moment
26:47 où je pense qu'on a la conscience, effectivement, qu'il y a une guerre qui vient.
26:50 Alors, ce n'est pas, faisons très attention, ce n'est pas la Troisième Guerre mondiale,
26:54 ce n'est pas une guerre globale, ce n'est surtout pas une guerre nucléaire,
26:58 et faisons très attention à ne pas affoler, je dirais, les gens,
27:01 mais sauf qu'il y a un certain moment où il y a un rapport de force, conventionnel,
27:06 et où, sans doute, les alliés devraient s'engager beaucoup plus
27:10 pour qu'à un certain moment, Poutine comprenne qu'il est obligé de reculer.
27:15 Et effectivement, c'est ce rapport de force qu'il faut engager,
27:18 mais il faut aussi comprendre que cette guerre-là,
27:20 si à un certain moment, d'une certaine manière, nous ne la livrons pas,
27:24 même pas envoyer des troupes, ce n'est pas le sujet, je dirais combattre,
27:27 mais si nous ne la livrons pas d'une certaine manière,
27:30 eh bien, le risque demain va être encore plus élevé,
27:33 parce que la Russie se sera réarmée beaucoup plus,
27:36 qu'elle aura accru ses menaces,
27:38 que la dissuasion de l'OTAN paraîtra de moins en moins crédible,
27:42 et ça, c'est une vraie menace en tant que telle,
27:45 et qu'en particulier, vous voyez, si Donald Trump arrive à la Maison-Blanche
27:48 en novembre 2024, il y a un enjeu majeur pour l'Europe
27:52 qui doit prendre des décisions lourdes en matière d'économie de guerre,
27:55 notamment aujourd'hui.
27:56 Et je rappelle le titre de votre ouvrage, "Notre guerre, le crime et l'oubli",
28:00 je mets mes lunettes, pour lire,
28:03 le livre apparaît à l'écran également, devant le Canal 27,
28:06 si vous êtes devant votre téléviseur,
28:08 pour une pensée stratégique publiée aux éditions de l'Observatoire.
28:11 Merci à vous, Nicolas Tanzer, pour vos éclairages ce soir, merci.
28:14 - Merci à vous.
28:15 - D'avoir participé à ces informés.
28:17 Il est 20h31, Minute sur France Info.
28:19 Et l'Info, c'est avec vous, bonsoir Damien Mestre.
28:27 - Bonsoir à tous, au lendemain de cette tuerie,
28:30 en marge d'une distribution de nourriture dans le nord de la bande de Gaza.
28:33 Le président américain annonce ce soir que les Etats-Unis
28:36 vont participer à des largages d'aides humanitaires.
28:39 Une opération qui aura lieu dans les prochains jours précis, Joe Biden.
28:43 Ils étaient des milliers de Russes, cet après-midi,
28:46 pour assister aux obsèques d'Alexei Navalny, l'opposant russe enterré à Moscou.
28:50 De nombreux slogans anti-Poutine ont été scandés par la foule.
28:54 67 personnes au moins ont été interpellées, selon les ONG.
28:58 Une enquête ouverte pour apologie du terrorisme en Corse.
29:01 Cela fait suite à la distribution de tracts signés par le FLNC,
29:06 lors d'une soirée étudiante.
29:08 Le monde étudiant doit jouer pleinement le rôle dans la lutte de libération,
29:12 indique ce tract, qui appelle donc à rejoindre le Front de Libération National Corse.
29:18 Toucher à un policier ou un gendarme, c'est blesser la France,
29:22 dit cet après-midi Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
29:26 qui réagit à la condamnation d'Ilyas Akoudad.
29:29 Ce dernier avait reconnu le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon en 2021.
29:34 Il est condamné à 30 ans de prison.
29:37 L'agence de contrôle antidopage procédera à des tests très avancés
29:41 sur les délégations russes et biélorusses durant les Jeux de Paris.
29:45 C'est ce qu'indique son directeur général aujourd'hui sur France Info.
29:50 Les délégations russes et biélorusses qui sont placées dans la catégorie la plus à risque de tricherie.
29:56 La crise agricole en toile de fond des élections européennes,
30:10 du moins de la campagne pour les élections européennes.
30:12 Dans cette deuxième partie des informés de France Info,
30:15 avec Alexandra Saviana, journaliste à L'Express,
30:19 avec Marie-Estelle Pesch, rédactrice en chef Société à Marianne,
30:23 et Véronique Relsult, la présidente de Backbone Consulting,
30:27 faut-il leur appeler maître de conférence en communication de crise.
30:31 A Sciences Po et des crises, il y en a bien évidemment.
30:34 Allez, le débat reste très vif, vous le savez, autour de l'avenir de notre agriculture.
30:39 Après le verre de bière jeté à la figure de Marion Maréchal
30:43 lors de sa déambulation au salon,
30:46 les ministres de la transition écologique et de l'agriculture,
30:50 Christophe Béchut et Marc Fenault, ont été la cible de G2
30:55 et de siffler cet après-midi.
30:58 Alexandra Saviana, vous êtes un peu surprise par ce qui s'est produit,
31:02 parce qu'en fond, depuis samedi dernier et la visite mouvementée du président,
31:07 le salon était quand même relativement calme.
31:10 Oui, mais en réalité, cette colère ne demande qu'à...
31:13 On a le sentiment qu'il y a une colère qui ne demande qu'à ressurgir à la moindre occasion.
31:17 Donc quand l'occasion se présente, quand on a une figure de l'exécutif en l'occurrence,
31:21 elle revient.
31:23 Ça, ça fait des mois que cette rage des agriculteurs bouillonne.
31:27 Elle s'est exprimée à de multiples reprises dans des rassemblements locaux
31:32 avant que la crise éclate.
31:34 Et aujourd'hui, c'est le salon, c'est une tribune formidable.
31:38 Donc forcément, ceux qui sont mécontents ne vont pas s'en priver pour l'exprimer.
31:41 Vous diriez, Marie-Estelle Pech, qu'ils n'arrivent plus forcément à convaincre.
31:45 Après tout, Marc Fesneau et Christophe Béchut sont des acteurs au cœur des négociations,
31:51 quand même, de ce qui se passe aujourd'hui.
31:54 Il y a une forte attente des agriculteurs des prochaines étapes de la négociation.
31:58 C'est vrai que le gouvernement a accordé un certain nombre de concessions mi-février,
32:04 l'aide de 400 millions d'euros aux éleveurs, aux viticulteurs.
32:08 Enfin, on ne va pas faire toute la liste.
32:09 Il y a l'abandon de l'augmentation de la taxe sur le gazole non routier, etc.
32:12 Mais la grotte, effectivement, elle reste entière.
32:15 Et toutes ces aides, c'est toujours bon à prendre pour la majorité des agriculteurs,
32:21 mais ils sont toujours exaspérés par l'esprit vétilleux des producteurs de paperas à Paris, à Bruxelles.
32:27 Ils considèrent que c'est toujours très insuffisant,
32:31 au vu de leur revendication première et même cardinale,
32:34 c'est-à-dire vivre tout simplement convenablement de leur travail.
32:38 Et aux sources premières de leur colère, de leur dépression,
32:42 il y a aussi tout ce mal-être du monde agricole,
32:45 dont on a beaucoup parlé ces derniers temps les uns et les autres,
32:49 se trouve la question du prix.
32:51 A quel prix on vend son blé, son vin, peu importe, les différents denrées agricoles.
33:01 Et on a l'impression quand même aujourd'hui que le gouvernement ne traite la question que par la loi EGalim,
33:06 que le seul prisme qui compte, c'est le rapport avec la grande distribution,
33:10 et qu'il n'y a pas forcément toujours de stratégie globale.
33:14 On voit bien, il y a plein de concessions qui ont été faites,
33:17 mais par petits bouts et peut-être pas suffisamment de stratégie globale.
33:21 La politique agricole commune, par exemple,
33:23 elle est reconduite sans grand débat, d'année en année.
33:27 Il n'y a pas non plus de stratégie ambitieuse,
33:30 véritablement pour accompagner le changement de modèle agricole vers un modèle durable.
33:35 Vous trouvez qu'il n'y a pas assez de vision globale, finalement, de notre agriculture ?
33:38 C'est devenu un peu un enjeu central,
33:42 et chacun y va de son couplet sur le modèle agricole français.
33:47 Écoutez la leader des écologistes Marine Tondoli aujourd'hui, dans les travées du Salon.
33:52 On ne peut pas demander à une profession des efforts supplémentaires.
33:55 Le sujet, ce n'est pas l'écologie, c'est que cette profession, elle crève.
33:58 Vous trouvez normal que la commande publique, ça fasse venir des agneaux de Nouvelle-Zélande,
34:02 des poulets du Brésil, et qu'on serve de la merde à nos enfants ?
34:05 C'est un problème, parce qu'en plus, ça nuit à nos agriculteurs.
34:08 Et donc tout ça, nous, ce n'est pas des paroles, ce n'est pas un programme théorique,
34:11 c'est ce qu'on fait déjà dans nos villes.
34:13 Ça marche, ça rend heureux les enfants, les parents, les agriculteurs,
34:17 et c'est gagnant, gagnant, gagnant, donc voilà, c'est ça notre projet.
34:20 Ernie Grelsoult, c'est compliqué aujourd'hui, avec la campagne qui démarre.
34:24 Chacun y va de son... C'est normal que les uns et les autres exposent leurs propositions,
34:29 mais est-ce que l'opinion publique comprend ce qui se passe réellement ?
34:34 Vous savez, avec tout ce qui est dit sur les prix, tout ce qui est dit sur la grande distribution,
34:39 sur les normes qui ne sont pas respectées, etc.
34:42 Alors on va dire qu'il y a un prisme qui est souvent, on pense que l'opinion publique ne comprend pas,
34:47 et un peu, voilà, que les Français sont...
34:49 Une question, je suppose.
34:50 Non, non, je ne dis pas que vous le disiez ça, mais globalement, c'est souvent, voilà,
34:53 on entend souvent, il faut faire de la pédagogie, il faut expliquer, voilà.
34:55 Il se trouve que nous vivons à l'ère d'Internet, et qu'avec deux clics,
34:59 on peut arriver à comprendre, s'informer, trouver des informations.
35:01 Les Français ont, pendant cette crise, exprimé le fait qu'ils soutiennent largement les agriculteurs.
35:06 93% de bonnes opinions sur cette profession, c'est l'une des...
35:10 - Bon, ça c'est plutôt bien.
35:12 - Ils se réjouissent que les agriculteurs soient au centre de l'ensemble des débats,
35:15 et ils ont aussi compris une chose, c'est qu'il n'y a pas une colère mais des colères,
35:19 il n'y a pas une solution mais des solutions,
35:21 et globalement, ils trouvent que le gouvernement, certes, les écoute,
35:24 mais que l'ensemble des mesures ne sont pas toujours si simples que ça.
35:28 Ils ont souvent pointé la grande distribution, et surtout les industriels,
35:32 trouvant que les industriels ne jouaient pas forcément le jeu,
35:35 mais l'État ne peut pas toujours contraindre les industriels.
35:38 Donc on voit bien dans l'ensemble des messages que les uns et les autres continuent à soutenir,
35:43 voudraient que ça aille plus loin, et considèrent que c'est une profession
35:46 qui est symbolique de beaucoup de choses.
35:48 Et d'ailleurs, aujourd'hui, il y a eu des actions qui ont été menées par la coordination rurale.
35:53 - L'arc de triomphe ce matin, vous aviez des cortèges de tracteurs vers le salon ce soir.
35:57 - Et en fait, on aurait pu se dire que les Français allaient se dire
36:01 "Bon, quand même là, il faudrait un petit peu arrêter, ok, c'est le salon d'agriculture
36:06 et ça se termine dans deux jours, il faut en profiter", mais non.
36:08 Et en fait, globalement, ils en ont moins parlé, beaucoup moins parlé que les autres opérations,
36:12 mais ce que les uns et les autres ont retenu, c'est que c'est un monde de symboles,
36:15 le monde de l'agriculture et de ses manifestations aussi.
36:19 Le symbole des bonnets jaunes par rapport aux gilets jaunes,
36:23 le symbole des méga-bassines, on a entendu Madame Tondelier,
36:27 il y a quand même quelques petites tensions avec le monde agricole,
36:29 et en particulier sur le sujet des méga-bassines.
36:32 - De l'eau, oui.
36:33 - Voilà, qui a été largement discuté, qui est un sujet important pour beaucoup.
36:37 Le symbole aussi de la tombe, parce que, comme Marie-Estelle Pièche l'a rappelé,
36:41 c'est un combat de tous les jours, et c'était à l'arc de triomphe,
36:44 et donc ils ont aussi voulu se recueillir sur la tombe du soldat inconnu,
36:48 mais pour dire qu'en fait, il y a beaucoup d'agriculteurs qui continuent à se suicider
36:51 et que c'est une profession en grande souffrance.
36:54 Donc globalement, les Français ont plutôt compris, continuent à soutenir,
36:57 et trouvent qu'effectivement, il est important de ne pas lâcher la pression.
37:01 - Et la pression en pleine campagne des Européennes, on en parle dans un court instant,
37:04 20h40 sur France Info.
37:06 Tout d'abord, le Fil info avec Mathilde Romanion.
37:09 - Le président américain Joe Biden annonce que les États-Unis vont participer
37:13 dans les prochains jours à des largages d'aides humanitaires dans la bande de Gaza.
37:18 Hier, une distribution d'aides a tourné au drame.
37:21 Dans la ville de Gaza, au moins 110 personnes sont mortes, selon le Hamas.
37:25 Au moins 67 personnes ont été arrêtées aujourd'hui en Russie,
37:28 lors de rassemblements en hommage à Alexei Navalny, selon une ONG.
37:32 Les funérailles de l'opposant russe se déroulaient à Moscou,
37:35 deux semaines après l'annonce de sa mort.
37:38 Des G2 et des sifflets pour deux ministres au Salon de l'Agriculture.
37:42 Une vingtaine de membres de la FDSEA s'en sont pris à Christophe Béchut,
37:46 ministre de la Transition écologique, et à celui de l'Agriculture, Marc Fenaud,
37:51 les obligeant tous les deux à quitter les lieux.
37:54 29 nouveaux départements testeront le RSA sous condition.
37:58 Les bénéficiaires devront effectuer 15 heures d'activité hebdomadaire
38:02 pour pouvoir toucher cette aide.
38:04 Le dispositif est déjà expérimenté dans 18 territoires.
38:07 Selon le gouvernement, 40% des personnes accompagnées ont accédé à un emploi
38:11 dans les cinq mois suivant leur entrée dans le parcours.
38:15 France Info.
38:17 20h, 21h, les informés.
38:21 Jean-François Ackilly.
38:23 Alexandra Saviana de L'Express, vous vouliez ajouter quelque chose
38:26 à propos de la coordination rurale.
38:29 Oui, on l'a vu, ils ont été très présents dans les manifestations
38:32 de ces derniers jours et notamment d'aujourd'hui.
38:35 Je pense qu'il est important de relever le fait que des élections professionnelles
38:39 arrivent très bientôt, donc c'est l'avenir des syndicats agricoles qui se joue.
38:43 Précédemment, en 2019, c'est la FNSEA et les jeunes agriculteurs
38:47 qui l'avaient très largement remporté, mais avec un taux d'abstention
38:50 qui était énorme, 70%.
38:52 Donc là, ce qui est en train de se jouer dans les manifestations agricoles
38:56 de ces dernières semaines, c'est vraiment la représentation aussi.
39:00 Et cette colère agricole qui est bien présente est aussi un peu utilisée
39:05 justement en toile de fond d'élections à venir.
39:09 Allez, d'autres élections, les européennes, c'est parti.
39:12 Y a-t-il un match Atal/Bardella en train de s'installer dans le débat public ?
39:18 Je vous propose d'écouter les mots du Premier ministre qui était en déplacement
39:23 dans les Vosges aujourd'hui pour parler de l'accès à l'emploi
39:27 et qui a eu évidemment une pensée pour le Rassemblement national.
39:31 Gabriel Atal.
39:32 Trop longtemps, notre pays s'est habitué à la fatalité.
39:36 Trop longtemps, la résignation a fait son office.
39:39 Résignation face au chômage de masse, résignation face à la désindustrialisation,
39:45 résignation face à la smicardisation, face à des salaires qui n'augmentent plus ou pas assez.
39:51 Certains font même de cette résignation une arme électorale.
39:54 Ils ne proposent pas grand-chose, ils changent d'avis sur tout,
39:58 ils se tiennent le plus éloignés possible des solutions.
40:01 Pour eux, améliorer le quotidien, ce sera casser leur fonds de commerce.
40:05 Rien ne les inquiète plus que cela, mais nous, nous refusons la fatalité.
40:09 Marie-Estelle Pêche, il ne se passe pas un jour ou une déclaration
40:12 sans que le Premier ministre et d'autres ministres d'ailleurs
40:15 n'évoquent le Rassemblement national, Jordan Bardella.
40:18 Est-ce qu'il y a une forme d'obsession, Hérène ?
40:21 Oui, moi je trouve qu'il y a surtout une obsession médiatique quand même
40:25 pour opposer l'un à l'autre.
40:27 Pourquoi ? Parce que les médias sont jeunistes par essence,
40:31 parce qu'ils aiment la nouveauté.
40:32 Et donc ces deux figures émergentes, qui ont émergé politiquement
40:36 à peu près au même moment et de façon très rapide,
40:40 fédèrent l'attention des médias dans les sondages, etc.
40:43 On n'a plus vu le Parisien...
40:44 Vous voulez dire quoi ? Effet de mode, c'est ça ?
40:46 Il y a un peu un effet de mode, oui.
40:48 Et puis moi je dirais que le jeunisme, ça ne constitue pas une politique.
40:52 C'est un peu faible.
40:54 Ce qu'on remarque aussi, c'est que c'est vrai qu'ils émergent
40:57 sur un plan en termes d'opinion, tous les deux.
41:00 Et quand on regarde dans le détail, on voit surtout qu'une majorité
41:03 de Français n'en choisit aucun, quand on les oppose l'un à l'autre.
41:07 Et c'est vrai, bien entendu, dans le détail, Gabriel Atta,
41:11 il a l'avantage auprès de l'électorat d'Emmanuel Macron, Yannick Jadot,
41:17 une partie de la gauche, etc.
41:19 Bon, voilà, on ne va pas refaire le match.
41:22 Bardella, lui, c'est les électorats de Marine Le Pen, Éric Zemmour.
41:26 Mais au-delà de ces trajectoires personnelles, effectivement,
41:29 assez impressionnantes, parce qu'ils sont vraiment très jeunes tous les deux,
41:33 évidemment que Bardella, il aimerait poser ses valises à Matignon.
41:38 D'ailleurs, Marine Le Pen a parlé de lui à un moment donné,
41:41 si elle accédait à l'élection présidentielle en 2027.
41:44 – Il partage des rôles qui sont déjà bien établis,
41:46 histoire de faire taire aussi les rumeurs de dissension possible
41:49 entre ces deux personnalités-là.
41:51 – C'est vrai, après, ça se joue surtout sur qui tient les cordons
41:54 de la bourse aujourd'hui.
41:56 Ça reste la famille Le Pen, c'est pas Bardella.
41:59 Côté Attal, ça reste très ouvert.
42:02 – Alors, d'une personnalité à l'autre, je vous fais écouter un extrait
42:07 de la conférence de presse de Jordan Bardella.
42:10 C'était hier.
42:12 « Les 100 jours pour gagner », nous explique la tête de liste du RN.
42:17 « Nous pensons même que combattre les dérives de l'Union européenne,
42:21 c'est précisément sauver l'Europe.
42:23 C'est pourquoi nous proposons un modèle de coopération alternative
42:29 avec un fonctionnement différent.
42:31 Notre projet de coopération européenne, vous le savez, a un nom,
42:35 l'Alliance européenne des nations.
42:38 Il repose sur l'idée que les nations du monde et donc d'Europe
42:42 ont droit au respect, à la souveraineté, à l'identité,
42:46 à la continuité historique et bien sûr à la liberté
42:50 sur des domaines qui relèvent de leurs intérêts. »
42:52 – Voilà, Gabriella Talle et Jordan Bardella, Véronique Relsoult,
42:55 ce match existe dans la tête des Français ou c'est une invention
42:59 de ce que nous sommes, nous, les médias ?
43:02 – Non, alors, il y a quand même un match, on voit bien, autour de l'Europe
43:06 et puis plus la campagne va avancer, plus il y a une réalité
43:09 de le rassemblement national face aux autres et spécifiquement
43:13 face à Renaissance.
43:15 Après, oui, les deux sont jeunes, les deux, on nous était en train de dire
43:19 en regardant que les deux essaient de trouver la stature et faire plus vieux.
43:23 – Essayer de faire plus vieux, on pensait que l'heure était au jeunisme.
43:27 – Non, je ne crois pas parce que par contre, on voit clairement
43:29 dans les messages et aussi dans les sondages, les Français n'ont pas
43:33 forcément envie d'avoir à nouveau un président très jeune.
43:36 Après, ils sont jeunes, c'est plutôt, voilà, ils sont dynamiques,
43:39 il y a une logique d'opposition, ils parlent bien tous les deux,
43:42 mais les Français ne les opposent pas tant que ça,
43:44 c'est plutôt les médias et les sondages et globalement,
43:46 je rejoins Marie-Estelle.
43:47 – Je le disais, Marie-Estelle pêche, absolument.
43:49 – C'est que à aucun moment, ils n'imaginent que l'un des deux
43:52 pourrait être le prochain président.
43:54 – Vous voulez dire que l'idée d'un duel, la Tal-Bardella 2027,
43:59 c'est dans trois ans, c'est loin quand même, ils seront plus âgés,
44:01 ces leaders-là.
44:03 – Mais comme vous le dites, c'est dans trois ans, la réalité des Français
44:05 aujourd'hui, ils ne sont pas forcément… le monde politico-médiatique
44:07 se pose cette question.
44:08 Les Français, il y a une prochaine échéance, c'est les Européennes,
44:11 ils ont une réalité qui est complexe aujourd'hui.
44:14 L'Europe leur semble plus importante, c'est l'une des conséquences
44:18 du conflit avec les agriculteurs d'ailleurs, parce que quand on regardait
44:21 le nombre de messages sur l'Europe, il y en avait assez peu,
44:23 là il y en a beaucoup plus, il y a des débats beaucoup plus importants.
44:26 Et puis la question qu'ils se posent aussi, c'est qu'ils comprennent
44:30 que le gouvernement, et en particulier M. Attal, monte plus dans les médias
44:36 pour parler face à M. Bardella.
44:38 Pourquoi ? Parce qu'en face, ce sont quand même des inconnus,
44:41 des gens qui n'ont pas forcément la bouteille et le talent oratoire
44:44 de M. Bardella.
44:46 – Qui va, Alexandra Saviana, qui va incarner au fond la bataille
44:50 des Européennes pour la majorité, pour Renaissance,
44:53 qui est une liste commune avec Horizons et les autres ?
44:55 Est-ce que c'est Gabriel Attal, le Premier ministre,
44:58 qui a quand même d'autres priorités ?
44:59 Est-ce que c'est le Président de la République qui pourrait d'ailleurs,
45:01 dit-on, participer à un meeting ?
45:03 Ou est-ce que c'est Valérie Heyer, la patronne du groupe Renew,
45:07 qui est assez novice, qui débarque en tête de liste de la majorité ?
45:13 – Oui, et pourquoi pas la tête de liste pour représenter
45:15 la majorité aux Européennes, effectivement.
45:17 Mais le scénario est déjà écrit, on imagine bien qu'elle ne va pas
45:21 trop avoir de place entre… – C'est compliqué, cette histoire.
45:24 – Très compliqué pour elle. Emmanuel Macron a fait toute sa campagne,
45:27 a construit son image politique sur le fait que c'est Emmanuel Macron
45:31 l'Européen, en difficulté sur la scène nationale, évidemment,
45:34 qu'il rejoue le projet européen à chaque fois qu'il le peut.
45:39 Gabriel Attal, pour une question personnelle et pour une question politique,
45:43 a aussi besoin de jouer le duel face à Jordan Bardella,
45:46 qui est lui-même tête de liste.
45:48 Donc Valérie Heyer, il va falloir qu'elle trouve sa place dans un interstice,
45:52 étant donné qu'elle est vraiment très méconnue des Français pour le moment,
45:55 et qu'elle émerge sur la scène nationale, voire européenne maintenant,
45:59 ça va être très très compliqué pour elle.
46:01 – Marie-Estelle Pech, 3 mois, c'est long quand même,
46:04 quelques bons passages dans les médias pour Valérie Heyer,
46:07 petite fille d'agriculteur, bon c'est dans l'ère du temps,
46:10 c'est dans les combats du moment, elle peut se faire une place aujourd'hui
46:13 parce que c'est compliqué avec de telles figures tutélaires ?
46:16 – Après ce n'était pas le premier choix d'Emmanuel Macron,
46:21 il avait sollicité Julien Denormandie, qui avait un peu plus l'habitude
46:25 des médias et qu'on connaît davantage, puisqu'il était précisément
46:29 ministre de l'agriculture, ça tombait bien, vu les débats actuels.
46:33 Valérie Heyer, on la connaît surtout pour des histoires de débats budgétaires,
46:37 ce n'est pas une figure effectivement…
46:39 – Elle connaît la musique quand même.
46:41 – Elle connaît la musique, elle connaît le fonctionnement
46:43 des instituts européens par cœur, on va voir, en fait on ne la connaît pas,
46:48 je suis comme vous, on ne sait pas ce que ça va donner d'un point de vue
46:52 public, etc.
46:54 – En fait, d'abord elle était dans les recherches les plus importantes,
46:58 puisque voilà…
46:59 – C'est un peu injuste de dire "ah, personne ne la connaît, ça n'a pas marché".
47:02 – En fait, il y a eu beaucoup d'informations qui ont été échangées,
47:04 il y avait pas mal de volumes, beaucoup ont rappelé que Mme Loiseau,
47:08 en son temps, n'était pas non plus très connue,
47:10 donc il faut laisser le temps aussi aux choses à s'installer.
47:13 – Et maintenant c'est une figure qui s'est imposée dans le paysage politique.
47:15 – Exactement, donc en fait les Français sont un peu moins durs,
47:18 mais par contre c'est vrai que c'était sur les Google Trends
47:21 l'une des recherches les plus importantes autour de l'Europe ces derniers jours,
47:24 parce que bon, voilà, il y a un effet curiosité,
47:26 mais comme là encore le web a de la mémoire,
47:28 les uns et les autres ont ressorti des textes sur lesquels elle avait voté.
47:31 – Et les messieurs qui doivent laisser un petit peu de place à la dame peut-être, non ?
47:36 – Une jeune femme, voilà, mais globalement, voilà,
47:39 elle est attendue, on va dire, pour les partis en renaissance,
47:42 avec beaucoup d'intérêt et ils la soutiennent déjà,
47:46 pour les autres ils se posent des questions,
47:48 après les vraies polémiques autour de la campagne des Européennes,
47:52 c'était pas vraiment ça, mais…
47:53 – C'est pas ça. – Voilà.
47:54 – Alexandra Saviana.
47:56 – Elle a commencé à la 19ème place sur la liste Renew,
47:58 maintenant elle est propulsée en 1ère place,
48:00 donc bon, c'est une Varsovianité politique qui se construit en direct.
48:04 – C'est le grand bon là-devant, oui.
48:05 Allez, 20h51 sur France Info,
48:08 dans un instant nous évoquerons un aspect particulier de cette campagne des Européennes,
48:12 le retour du FININFO c'est avec vous, avec plaisir, Mathilde Romagnon.
48:16 [Musique]
48:18 – Des milliers de personnes ont participé aux obsèques d'Alexei Navalny,
48:21 les funérailles de l'opposant russe avaient lieu aujourd'hui à Moscou,
48:24 deux semaines après l'annonce de sa mort,
48:27 et ce soir Emmanuel Macron a salué le courage de ceux qui lui ont rendu hommage,
48:31 au moins 67 personnes ont été interpellées selon une ONG.
48:36 Justice a été rendue, estime le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin,
48:41 après la condamnation à 30 ans de prison d'Ilias Akoudad
48:44 pour le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon,
48:47 c'est moins que les réquisitions de la Bocade Générale,
48:50 elle avait demandé la perpétuité.
48:52 Dans le Var, un adolescent de 14 ans est accusé d'avoir menacé de mort
48:56 une enseignante d'un collège de la Seine-sur-Mer près de Toulon,
48:59 des menaces proférées par téléphone, il a été déféré devant les juges des enfants.
49:05 Le football est le début ce soir de la 24ème journée de Ligue 1,
49:10 Monaco, 3ème au classement, reçoit le PSG, leader du championnat, coup d'envoi à 21h.
49:15 [Musique]
49:17 France Info.
49:20 20h, 21h, les informés, Jean-François Ackilly.
49:24 Allez, je vais vous évoquer un épisode dont il est beaucoup question, Véronique Relsult.
49:28 Ah mais beaucoup oui.
49:29 Vous allez me dire ça dans un instant.
49:31 Tout à l'heure je recevais Manon Aubry, l'eurodéputée tête de liste
49:34 pour la France insoumise aux élections européennes dans le 18-20 France Info.
49:38 Nous avons évoqué de nombreux sujets, notamment un long questionnement sur le libre-échange.
49:43 Vous savez que LFI est vent debout contre les accords de libre-échange
49:47 qui sont signés tous azimuts entre l'Europe et d'autres pays.
49:51 Mais est venue la question de l'affiche.
49:54 Mais oui, il y a eu cette série d'affiches produites par la France insoumise
49:59 mettant en scène les riches, les racistes, les golfeurs, avec ce slogan "Votez-vous".
50:07 Alors, il y a eu "Nathalie Saint-Cricq, votez-vous".
50:11 C'est une affiche qui cible notre consoeur de France Télévisions.
50:16 J'étais très surpris, comme j'imagine un très grand nombre de Français,
50:20 par cette façon de pointer une journaliste du service public.
50:25 Est-ce que c'est votre conception de la liberté de la presse ?
50:29 C'est la question que j'ai posée à Manon Aubry. Voici ce qu'elle a répondu.
50:33 La question c'est de créer du débat autour du fait que quoi ?
50:36 Que dans notre pays, il y a 10 millions de personnes qui ne sont pas inscrites ou mal inscrites sur les listes électorales.
50:42 C'est 20% du corps électoral.
50:44 Alors oui, quand on a 20% du corps électoral qui est privé d'aller voter, ça mérite qu'on en parle.
50:49 Mais il y a un rapport avec Nathalie Saint-Cricq.
50:51 Mais regardez, ce qu'on dit juste derrière, finalement on fait le travail.
50:55 Vous savez que ça va être mal interprété.
50:56 Mais vous voyez, M. Akili, cette campagne d'inscription sur les listes électorales, on l'amène depuis des mois.
51:01 Et seulement, on en parle aujourd'hui parce qu'on a fait ces affiches.
51:05 Alors il y a une longueur.
51:07 C'était la fin de l'interview.
51:09 On n'a pas parlé que de ça, je vous rassure.
51:11 Mais Alexandra Saviana, impossible de comprendre pourquoi notre consoeur de France Télévisions
51:17 aura été ciblée dans cette campagne qui est une campagne assez hostile en réalité.
51:21 Il y a manifestement un embarras de Manon Aubry qui répond à côté,
51:25 qui ne donne pas réellement la réponse de pourquoi elle a été ciblée.
51:29 Je ne vais pas me livrer à une psychanalyse de la liste La France Insoumise.
51:36 Mais je pense qu'il y a une transposition quelque part des débats Internet et réseaux sociaux dans la vie réelle
51:43 où désormais les échanges militants et les pics militants personnels
51:48 se transposent dans les campagnes de certains partis politiques.
51:52 Et certains en font les frais, y compris des journalistes qui n'ont rien demandé
51:57 et dont on ne connaît même pas le vote.
51:59 – Oui, effectivement, Véronique Reylsoult, ça, ça fait causer.
52:03 – Alors ça fait parler, d'autant que ce n'est pas que l'affiche de Mme Saincri qui a fait…
52:08 – Oui, il y en a d'autres.
52:09 – Voilà, il y en a d'autres, il y a d'autres journalistes,
52:11 tout le monde a eu droit à sa petite affiche.
52:13 En fait, les uns et les autres ont été choqués sur le ton, ont été choqués sur…
52:17 – La méthode.
52:18 – La méthode, sur les explications qui sont complexes.
52:22 Il y a un site Internet aussi qui donne des situations électorales compliquées.
52:26 Enfin bref, c'est l'ensemble.
52:28 Sachant que, oui, on a un problème de mobilisation,
52:32 c'est de loin un des sujets les plus importants pour les élections européennes,
52:36 que les uns et les autres expliquent "mais moi, si je ne vote pas,
52:40 c'est parce que je n'ai pas confiance dans les politiques,
52:43 si je ne vote pas, c'est que je ne me sens pas concernée, si je ne vote pas, voilà".
52:47 Et donc, beaucoup ont dit "mais en fait, plutôt que de fonctionner sur la culpabilité,
52:52 plutôt que de fonctionner sur la dénonciation,
52:56 il serait plus intéressant de travailler sur la mobilisation".
52:58 Et après, on sait que le buzz pour le buzz, c'est pas toujours très positif,
53:03 on en a à la démonstration.
53:04 À tout prix, vouloir faire parler de vous n'est pas forcément une bonne idée,
53:07 parce que là, dans l'absolu, je vous passe l'ensemble des dérives qu'il y a sur le web,
53:12 avec ces affiches, mais qui sont cette fois-ci pas du tout en faveur d'Elefi.
53:15 – Oui, Marie-Estelle Pêche, il y a une forme de…
53:19 pas de dénonciation, ça ne veut rien dire, de dire ça, mais de, je ne sais pas,
53:22 d'une façon de cibler des personnalités, pas seulement notre chère consoeur
53:26 Nathalie Saint-Cricq, que je salue au passage.
53:29 Qu'est-ce que vous avez compris de cette campagne, vous-même ?
53:33 – Moi, je pense qu'ils font allusion à la…
53:35 parce que Nathalie Saint-Cricq a été exposée récemment à son corps défendant,
53:38 parce qu'elle fait partie de la famille d'Amélie Bouillac, etc.
53:41 du Hamel, etc., le système médiatique, donc je pense qu'ils surfent…
53:45 – Ça nous fait aussi barbier.
53:46 – Bien sûr, mais ils surfent, tout simplement, la France Insoumise,
53:49 sur cet épisode assez récent en politique, voilà.
53:52 Après, les attaques contre les journalistes, Jean-Luc Mélenchon,
53:56 c'est quand même illustré à de nombreuses reprises,
53:59 sur la critique de ce qu'il appelle la caste journalistique, etc.
54:03 C'est un éternel recommencement, habituellement, c'est plutôt lui
54:07 qui s'en saisit de façon très personnelle, là, c'est carrément une affiche, une cible,
54:13 c'est… pourquoi elle en plus, enfin, ça pourrait être n'importe qui d'autre,
54:17 on a l'impression, enfin, c'est assez… c'est très curieux.
54:19 – Une bien curieuse méthode, donc, pour parler de… pour inciter à aller voter.
54:24 Allez, ben, je reste avec vous, Marie-Estelle Pêche,
54:26 la une de Marianne, cette semaine ?
54:29 – Eh bien, c'est une une sur la laïcité, puisque la loi de 2004
54:33 sur le port des signes religieux à l'école a exactement 20 ans,
54:36 donc on fait le… on revient là-dessus.
54:39 – Avec une Marianne à la une de Marianne.
54:41 – Eh bien, bien sûr.
54:42 – Faisons simple.
54:43 Alexandra Saviana, la une de L'Express.
54:46 – Iran, le nouvel axe du mal, avec une grande enquête très fouillée
54:50 sur les objectifs cachés du guide suprême
54:53 et une interview de l'opposante Mazie Alinejad.
54:56 – Nous ne parlons jamais assez de ce qui se passe en Iran, merci mesdames,
54:59 merci à vous, Véronique Reil-Soult, allez, j'en profite,
55:04 l'ultime pouvoir, la face cachée des réseaux sociaux aux éditions du Cerf,
55:08 force d'en parler, je pense que…
55:10 – Je suis en train de faire un autre qui va arriver.
55:12 – On va arriver au volume 2.
55:14 – Mais j'y suis presque.
55:15 – Allez, c'est la fin de ces informés,
55:17 je vous souhaite de passer une excellente soirée sur France Info, bien évidemment.
55:20 [Musique]
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