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00:00Et bienvenue dans Les Informés, en direct jusqu'à 9h30 sur France Info, avec Renaud Dely, bonjour Renaud !
00:06Bonjour Célia, bonjour à tous !
00:07Ma voix est partie dans les aigus dès que je t'ai dit Renaud Dely !
00:09C'est le plaisir !
00:10Bonjour à nos informés, le plaisir de le retrouver tous les matins !
00:12Faites pas trop !
00:13Bonjour à nos informés, Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info,
00:17on vous retrouve tous les matins à 7h24 pour le Brief Politique,
00:20à vos côtés Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération.
00:23Bonjour !
00:24Bonjour Paul !
00:25Renaud Dely, on commence donc tout de suite par le sommet de soutien à l'Ukraine, quel est aujourd'hui ?
00:29C'est un sommet qui se réunit effectivement aujourd'hui à Paris, avec les pays dits de la coalition des volontaires en particulier,
00:35c'est-à-dire ces pays qui pourraient, si jamais une trêve est décrétée dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine,
00:40déployer des troupes au sol visant à faire respecter cette trêve.
00:43En tout cas, ces pays prêts à apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine,
00:46on sait aussi dire que les pays européens sont divisés sur cette perspective de troupes au sol.
00:50La France, dans ce contexte, a annoncé un renforcement de son aide.
00:54Emmanuel Macron a d'ailleurs reçu hier, pour préparer ce sommet, le président ukrainien Zelensky.
01:00Et à l'issue de cette rencontre, lors d'une conférence de presse,
01:03Emmanuel Macron a annoncé que la France allait amplifier son effort.
01:07Soutien immédiat à l'Ukraine. Nous devons le poursuivre.
01:11Il est nécessaire pour continuer la résistance.
01:14Et j'ai pu annoncer aujourd'hui 2 milliards d'euros supplémentaires de soutien de la France sur le plan militaire à l'Ukraine.
01:22Au total, là où vous avez su, M. le Président, prendre le risque de la paix,
01:26en proposant et en acceptant ce cessez-le-feu de 30 jours en air, mer et sur les infrastructures civiles,
01:34à date, la Russie n'a apporté aucune réponse solide.
01:39Et par ces actes, elle a montré sa volonté de guerre et de continuer l'agression.
01:44On sait que Moscou pose un certain nombre de conditions à un éventuel cessez-le-feu,
01:50en particulier sur la mer Noire, accord poussé par les Etats-Unis.
01:55Notamment la levée d'un certain nombre de sanctions européennes à l'endroit de la Russie.
01:59C'est beaucoup trop tôt pour le faire, a répété hier Emmanuel Macron, au vu de l'attitude de Vladimir Poutine.
02:04Alors est-ce que ce sommet aujourd'hui, qui devrait réunir une vingtaine de pays membres de l'Union Européenne,
02:09mais aussi d'autres qui ne le sont pas d'ailleurs et qui sont membres de l'OTAN,
02:12est d'ores et déjà un succès diplomatique ou pas ?
02:15Et est-ce qu'il va réussir à surmonter un certain nombre de divisions internes aux Européens ?
02:18On peut penser donc à l'hypothétique déploiement de troupes au sol,
02:22ou aussi d'ailleurs le fait que l'Union Européenne, la semaine dernière, n'a pas réussi à se mettre d'accord
02:27pour financer un nouvel effort en matière de fourniture de munitions,
02:31que réclame le président ukrainien Zelensky.
02:34D'abord sur les deux milliards d'aides qui ont été annoncées hier par le Président de la République,
02:39ils vont servir à quoi ces deux milliards ? Est-ce qu'on sait, Paul ?
02:43Ce que j'ai lu en tout cas, c'est que ça allait effectivement servir à acheter des avions, des chars, des munitions.
02:50C'est de l'aide militaire ?
02:51C'est de l'aide militaire, bien sûr.
02:53Beaucoup de missiles, des missiles solaires.
02:57Ça me semble bienvenu, d'abord une première raison, c'est que sur le front c'est compliqué en fait.
03:05La guerre continue, il faut le rappeler.
03:07La guerre continue, la situation des Ukrainiens est difficile.
03:11Zelensky laissait aussi entendre hier que si Poutine...
03:15Enfin, Poutine profite aussi de ces discussions qui sont importantes et qu'il faut mener.
03:21Mais Poutine a aussi besoin de temps, et Zelensky disait qu'il a besoin de temps pour...
03:27Il pense qu'il est en train de préparer une offensive pour les semaines ou les mois qui viennent.
03:31Donc oui, c'est important de continuer à aider militairement l'Ukraine.
03:36Ça veut dire que le temps presse et les Européens qui se réunissent aujourd'hui,
03:39et plus les pays qui soutiennent l'Ukraine, doivent agir très vite, Victoria ?
03:43Oui, effectivement, et c'est aussi pour ça qu'on voit Emmanuel Macron poursuivre toujours ces cycles de discussions.
03:48Invité encore une fois à l'Elysée, à Paris, et c'est très symbolique les dirigeants européens,
03:54avec en plus aujourd'hui le Canada également, l'Australie, la Turquie.
03:59Donc c'est aussi une façon de maintenir le rapport de force
04:03au moment où les Russes et les Américains continuent de discuter et d'envisager la suite à leur manière.
04:10Le président français, lui, garde son costume préféré, celui de chef de guerre,
04:14et montre aussi que lui tient la situation, et que les Russes à la fin n'auront pas forcément le dernier mot.
04:22Ce n'est pas forcément eux qui vont clore cette histoire,
04:26et c'est le message principal que veut porter Emmanuel Macron,
04:29et aussi une grande partie des Européens,
04:31avec l'image aussi qu'on peut voir ces derniers temps d'un réveil, d'un sursaut européen.
04:37Il va falloir aller vite, mais effectivement surmonter surtout les divisions.
04:40Et la pression américaine ?
04:42Voilà, il y a un double risque de division, comme le disait à l'instant Victoria Koussa,
04:45qui a été évoqué d'ailleurs par le président Zelensky hier lorsqu'il a été interrogé sur France 2,
04:50par un certain nombre de confrères d'ailleurs de plusieurs pays.
04:52Il y a un risque de division entre l'Union Européenne et les Etats-Unis, d'une part,
04:56et ça on le voit déjà à l'œuvre au regard de la stratégie du revirement diplomatique progressif de Donald Trump.
05:03Et puis il y a un risque de division interne à l'Union Européenne sur un certain nombre de sujets.
05:08La dimension de l'aide militaire et de l'aide financière,
05:11la question de l'éventuel déploiement de troupes au sol,
05:14dans un cadre uniquement pacifique d'ailleurs, à préciser hier Emmanuel Macron.
05:18Il s'agit de garantie de la paix éventuelle, après la conclusion d'une trêve bien sûr,
05:22avec des troupes qui seraient en retrait et qui, comme l'a dit Emmanuel Macron hier,
05:25ne pourraient pas être à l'origine d'une reprise du conflit.
05:28Seuls les Russes en seraient éventuellement responsables,
05:30mais là-dessus il n'y a pas d'accord.
05:32On sait que l'Italie par exemple, ou l'Espagne, sont extrêmement réticentes,
05:36pour ne pas dire hostiles à cette hypothèse.
05:38Il y a la question donc de l'aide militaire, de l'aide financière,
05:40et puis il y a aussi une autre question qui apparaît d'ailleurs dans ce contexte,
05:44puisque Donald Trump a d'ores et déjà fermé la porte à l'adhésion de l'Ukraine à terre mal autant.
05:49Il y a la question de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne,
05:53qui évidemment reprend de la vigueur.
05:55On sait que le processus est encloché, mais devrait être très très long.
05:59Roussella von der Leyen a évoqué peut-être l'hypothèse d'avant 2030,
06:03a-t-elle dit la semaine dernière.
06:05Mais on sait qu'il y a là le cas Orban,
06:07et ça renvoie à nouveau aux divisions internes de l'Union Européenne.
06:10Le Premier ministre hongrois qui s'oppose de façon systématique à tout avancer sur ce champ là.
06:16D'ailleurs le ministre hongrois chargé de l'Europe a évoqué le fait que,
06:19puisqu'il faut la règle de l'unanimité,
06:21il y a encore, selon lui, 72 occasions pour la Hongrie,
06:25tout au long du processus à venir encore pendant plusieurs années,
06:28de s'opposer à l'adhésion de l'Ukraine.
06:29Donc tout ça, le président Zelensky l'a dit hier,
06:31toutes ces divisions internes à l'Europe,
06:33évidemment elles le desservent, elles desservent l'Ukraine,
06:36et elles peuvent potentiellement servir Moscou.
06:38Paul ?
06:39Je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit.
06:41C'est compliqué, il y a des divisions.
06:43Mais on peut aussi voir le verre à moitié plein.
06:46Parce que, ce qui se passe quand même depuis, on va dire, quelques semaines,
06:51la multiplication des sommets,
06:53il y a des avancées incontestables.
06:56L'Europe est capable, dans ce type de situation,
06:58comme elle l'avait fait d'ailleurs au moment du Covid,
07:00de...
07:02De se funir ?
07:03Pas forcément de se funir, mais en tout cas de faire des bons
07:07qu'elle l'avait refusé de faire jusqu'ici.
07:10Dans Libération, il n'y a pas très longtemps, on a fait l'interview de Juncker,
07:12qui disait qu'il avait mis ces questions de défense européenne sur la table en 2017, je crois.
07:17Et qu'il avait d'ailleurs plutôt fait l'hommage d'Emmanuel Macron,
07:22qui, selon sa phrase, avait été le seul à comprendre l'enjeu à ce moment-là.
07:26Donc, bien sûr que c'est compliqué.
07:28Mais on est quand même...
07:30Voilà, il se passe des choses.
07:31Regardez ce qui se passe en Allemagne.
07:33C'est très important ce qui se passe en Allemagne.
07:35Il y a des revirements, oui.
07:36Certes, l'Espagne, l'Italie, ok.
07:38Mais il y a aussi des choses très positives, encourageantes,
07:42y compris même le rapprochement avec la Grande-Bretagne.
07:45Mais ça avance sur l'Europe de la défense, par exemple.
07:47Mais sur le dossier ukrainien,
07:49quand on voit qu'effectivement ce sont les Américains qui négocient directement avec les Russes,
07:55c'est que les Européens, en fait, ils sont quelque part en train de subir la situation,
07:58puisqu'ils sont sous pression américaine.
08:01Ils doivent renoncer, par exemple, à leurs sanctions pour pouvoir espérer une trêve en mer Noire.
08:07C'est en tout cas ce que veulent tenter de faire les Etats-Unis et la Russie.
08:11Mais justement, c'est une réponse, cette coalition des volontaires.
08:13C'est de dire, ça ne pourra pas se faire sans notre accord et sans aussi nos conditions.
08:19Et je pense que c'est ça la portée de tous ces sommets qui se multiplient.
08:24C'est justement de maintenir ce bras de fer,
08:26de ne pas lâcher l'affaire malgré les menaces russes et américaines.
08:30De rappeler à l'Ukraine qu'elle n'est pas seule et de le manifester.
08:33Je suis d'accord par un véritable soutien,
08:34qu'il soit financier, militaire ou autre, et diplomatique, bien sûr, et politique.
08:38D'autant qu'il y a un autre point qu'a évoqué le président Zelensky hier lors de son interview.
08:42C'est que certes, il y a une négociation, une discussion en cours.
08:45On la voit, même s'il y a beaucoup de zones d'ombre entre les Etats-Unis et la Russie,
08:49sans que l'Europe y soit vraiment associée.
08:52Mais est-ce que c'est vraiment une négociation, une discussion dure,
08:55avec des points d'achoppement extrêmement profonds ou pas ?
08:59Et on voit bien progressivement le fait que Donald Trump a déjà lâché,
09:03avant même le début de la discussion, un certain nombre d'éléments.
09:06On évoquait tout à l'heure l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.
09:09Et puis, le président Zelensky a insisté hier, d'ailleurs,
09:12il a évoqué, il a pointé l'attitude de l'émissaire Donald Trump,
09:16Vitkoff, l'américain Vitkoff, dont il a considéré,
09:19et a largement raison, comme Nicolas Teilhard l'a montré sur Antenne de France Info ce matin,
09:23que le dit Vitkoff reprend beaucoup d'éléments du récit de Moscou,
09:27notamment d'ailleurs sur la situation militaire sur le terrain,
09:30en évoquant des troupes ukrainiennes encerclées du côté de Kours,
09:34ce qui n'est pas le cas selon tous les experts militaires.
09:36Et à l'inverse, hier, Emmanuel Macron a tenu à rappeler que l'agresseur reste la Russie.
09:41Il a tenu à remettre un peu les points sur les i,
09:44et à raconter l'histoire, celle qui est la vraie histoire.
09:50De remettre les faits au centre,
09:52ce qui explique aussi ce lien très fort qui est en train de se construire
09:56et qui se solidifie de jour en jour entre la France et l'Ukraine,
09:59entre la France, le président français, et même les Ukrainiens en Ukraine,
10:03qui voient ce soutien, et voient les immédiats Zelensky,
10:05qui n'a de cesse aussi de remercier le président français,
10:07qui parle de ma chère France aussi dès qu'il prend la parole,
10:10donc il y a un vrai lien qui est en train de se développer.
10:12Il y a ce volet diplomatique, mais il y a aussi un volet économique,
10:17de préparation de l'industrie européenne à suivre le mouvement d'une certaine manière.
10:22Et ça, c'est compliqué aussi, et très important.
10:24Et ça se discute aussi entre Européens.
10:26On va évidemment suivre ce sommet qui a lieu aujourd'hui sur France Info.
10:31Dans un instant, on va évoquer un sujet franco-français,
10:34les ZF, les zones à faible émission, vers une suppression.
10:37On en parle dans un instant, mais d'abord un passage par le fil info à 9h16 d'Étienne Cholez.
10:42Les grands-parents, l'oncle et la tante d'Émile sont libres.
10:45Ils sont tous les 4 sortis de garde à vue ce matin.
10:48Le petit garçon de 2 ans et demi a disparu en juillet 2023.
10:52Le procureur d'Aix-en-Provence donnera une conférence de presse dans moins d'une heure.
10:56Quelle peine demandée pour Nicolas Sarkozy et ses co-accusés.
10:59Ils sont 12 en tout à attendre la fin des réquisitions.
11:02Aujourd'hui, les procureurs du parquet national financier ont commencé leurs réquisitoires mardi avant-hier.
11:07Ils doivent arriver à son terme en fin d'après-midi.
11:10C'est le procès des soupçons de financement libyens.
11:13Nouveau sommet pour l'Ukraine aujourd'hui.
11:15La coalition des volontaires réunie à Paris autour d'Emmanuel Macron.
11:19Ce sont des pays de l'Union Européenne et de l'OTAN.
11:22Certaines délégations se disprêtent à envoyer des troupes sur le sol ukrainien en cas de cessez-le-feu.
11:28Jair Bolsonaro sera bien jugé.
11:30La Cour suprême brésilienne autorise un procès pénal pour l'ex-président.
11:34Il doit comparaître d'ici la fin d'année pour sa tentative de coup d'État en 2022.
11:38Son successeur, Lula, espère que justice sera rendue.
11:43France Info
11:47Les informés. Renaud Dely, Salia Brakia
11:53Les informés continuent avec Victor Iacoussa, journaliste au service politique de France Info.
11:58Avec Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération.
12:01Et Renaud Dely, les ZFE sont dans le viseur des députés.
12:04Les ZFE, ces fameuses zones à faible émission
12:09qui visent donc à exclure, à écarter des aires urbaines
12:13et les véhicules les plus anciens, donc les plus polluants.
12:16Les ZFE ont été créées dans la loi en 2019.
12:19C'est une mesure emblématique contre la pollution du premier mandat d'Emmanuel Macron,
12:23renforcée en 2021.
12:25Et voilà qu'hier, en commission, lors de l'examen d'un texte dit de simplification,
12:31une majorité de députés a voté la suppression de ces ZFE.
12:35Une majorité composée de députés LR, RN,
12:37mais aussi de certains députés macronistes,
12:40membres du groupe Horizon, du groupe Liott.
12:42Et puis, certains élus de gauche se sont abstenus,
12:44d'ailleurs pour faciliter cette suppression.
12:47Pourquoi ? Quels sont les arguments de ceux qui veulent enterrer les ZFE ?
12:50Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info,
12:52Yann Boucard, député LR et président de la commission spéciale de cette loi simplification.
12:57Aujourd'hui, les mesures d'accompagnement qui avaient initialement été prévues par les législateurs
13:01n'avaient pas été mises en place.
13:03Et ça conduisait à une vraie, je vais être un peu excessif,
13:05mais à une vraie ségrégation sociale entre celles et ceux qui ont les moyens d'avoir un véhicule propre,
13:09qui avaient eu les moyens de changer de véhicule,
13:11et les travailleurs précaires, les artisans qui ne pouvaient pas changer leur utilitaire.
13:15Évidemment que l'environnement, la qualité de l'air, c'est une préoccupation.
13:18Les ZFE, aujourd'hui, c'est un dispositif qui n'était pas tenable.
13:21Ce dispositif ne solutionnait pas le problème de la qualité de l'air.
13:24Il ne s'agit donc que d'un vote en commission à ce stade.
13:26Le texte doit encore être étudié, débattu et voté dans l'hémicycle,
13:30à l'Assemblée comme au Sénat d'ailleurs.
13:32Qu'en est-on vers l'enterrement programmé de ces zones à faibles émissions ?
13:35Et est-ce qu'au regard de la ségrégation sociale évoquée par Ian Booker,
13:40en tout cas le fait que certains considèrent qu'il y a une forme de bombe sociale,
13:44puisque les autonomistes les plus précaires auraient été en quelque sorte exclus des villes,
13:49est-ce que cette crainte-là justifie l'abandon d'une mesure qui, rappelons-le,
13:55a pour objet de protéger la santé publique en luttant contre la pollution de l'air dans les grandes villes ?
14:00Il y a vraiment un risque de bombe sociale, Victoria, avec ces ZFE ?
14:03Oui, on sait à quel point la voiture cristallise les tensions.
14:07C'est le moyen pour plein de Français d'aller au travail, d'aller se faire soigner.
14:14Par exemple, la ZFE de Rouen qui a suscité beaucoup de tensions finalement,
14:19comme une grande partie des ZFE, comme dans plein de métropoles.
14:23On voit par exemple, pour bien connaître la zone puisque j'y ai vécu,
14:27que les habitants de l'Eure, qui est un département plus rural et plus populaire,
14:31ont besoin aussi d'aller à Rouen pour se faire soigner, pour avoir les meilleurs spécialistes.
14:35Quand on a une grande pathologie, par exemple, quelque chose de grave,
14:38les spécialistes se trouvent à Rouen.
14:40Et donc, pourquoi ceux qui vivent dans l'Eure et qui ont une voiture plus polluante,
14:44parce qu'ils n'ont pas les moyens de faire autrement et d'en acheter une plus propre,
14:48seraient privés d'accès à ces soins-là ? Il y a plein de questions derrière.
14:53Et on voit que la classe politique est particulièrement divisée.
14:56Il y a la classe politique, les députés au niveau national,
14:59qui, d'ailleurs, ont eu à se prononcer publiquement.
15:02C'est-à-dire qu'hier, en commission, c'était un scrutin public.
15:05C'est-à-dire que les votes des uns et des autres étaient visibles.
15:09Et c'est difficile, derrière, d'aller assumer en circonscription un vote,
15:14par exemple, contre cette suppression, qui est une mesure très impopulaire.
15:18Donc, c'est compliqué à assumer. Il y a aussi beaucoup cette pression-là.
15:20Puis, il faut se souvenir, en 2019, au moment de la création des ZFE,
15:23à quel point ça a divisé, fracturé les majorités municipales,
15:27au sein même des majorités municipales,
15:29même des écologistes avec des socialistes, etc.
15:32C'était quand même très compliqué au niveau local.
15:34Et là, oui, on assiste à un recul, et on voit à quel point
15:37il reste difficile de concilier fin du mois et fin du monde.
15:42L'écologie contre la justice sociale. Il disait, Yann Boucar,
15:45les dispositifs qui étaient prévus au début, en 2019, en fait, ils ne sont plus là.
15:49Donc, on ne peut pas assumer ces zones à faible émission.
15:52Oui, mais je ne suis pas complètement convaincu par l'argumentation.
15:54Pourquoi ?
15:55Parce que, d'abord, les mesures d'accompagnement, par qui elles n'ont pas été prises ?
15:59Par les gens qui, dès le début, critiquaient ce type de dispositif,
16:03dont le député en question, j'imagine.
16:05Donc, je veux bien que, quatre ans après, on dise,
16:08OK, le dispositif, il est foireux, on ne l'a pas bien accompagné,
16:11on n'a pas pris les mesures qu'il fallait.
16:13Mais, les gens qui disent ça...
16:14Si on n'a pas mis les moyens pour ça, dès le départ ?
16:16Les gens qui disent ça sont aussi des gens qui contestaient, depuis le début, le dispositif.
16:21Ils ont voulu tuer le dispositif de base ?
16:23Je pense qu'il y a, parmi les gens qui se réjouissent aujourd'hui,
16:26des gens qui sont...
16:28Enfin, en tout cas, moi, ce n'est pas bon signe.
16:30Je peux comprendre.
16:31Évidemment que c'est compliqué de concilier fin du mois et fin du monde.
16:34On le sait.
16:35Mais, la bombe sociale, l'argument de la bombe sociale, il est juste.
16:39Mais, il y a une autre bombe sociale, si on ne fait rien.
16:42Elle est sanitaire, et elle va toucher les mêmes gens,
16:46qui ne seront plus menacés par ces conséquences sanitaires,
16:50que les gens qui ont plein d'argent et qui vivent dans les beaux quartiers.
16:54Donc, la bombe sociale, elle est aussi de l'autre côté.
16:57Sauf que là, on n'entend personne le dire.
16:59Et personne ne dit quel est le coût financier de mesures qu'on ne prend pas aujourd'hui.
17:04Alors, encore une fois, je n'ai pas d'action dans les ZFE.
17:08Mais, en tout cas, le signe, il est mauvais.
17:12Parce qu'on est aussi dans une période nationale, internationale, de backlash écologique.
17:18Et donc, les gens qui, aujourd'hui, se réjouissent de ça,
17:21profitent aussi d'un vent qui souffle et qui est porté,
17:25y compris par ce qu'il se passe à Outre-Atlantique.
17:27Il me semble que dans cet échec programmé,
17:29puisqu'on a l'impression d'assister à un entamement programmé des zones à faibles émissions,
17:32il y a deux dimensions.
17:33Il y a une dimension nationale, et puis il y a un contexte international, européen.
17:36La dimension nationale, c'est qu'il y a un contre-exemple.
17:38Les ZFE, une ZFE a été mise en place à Berlin en 2005.
17:43Et précisément, aujourd'hui, la ville de Berlin, la rue Urbano-Berlin, est en train d'en sortir.
17:48Pourquoi ? Parce qu'entre-temps, parce que ça a très bien fonctionné,
17:51et qu'entre-temps, le parc automobile à Berlin a été, d'une part, diminué,
17:54et d'autre part, renouvelé.
17:55Parce qu'il y avait un certain nombre de dispositifs d'accompagnement
17:58pour aider, soit à acheter un véhicule neuf, soit à passer à l'électrique, etc.
18:03Donc, ça a très bien fonctionné, et la qualité de l'air s'est d'ailleurs considérablement améliorée.
18:07Ce qui explique qu'aujourd'hui, Berlin sorte peu à peu de ce dispositif.
18:10En France, on a assisté, dès la création de ces ZFE, de ces zones à faible émission,
18:16plutôt à un affrontement entre le gouvernement et les élus locaux.
18:20Le gouvernement reprochant à un certain nombre d'élus d'être trop frileux
18:24par rapport à la mise en oeuvre de ces mesures,
18:26et à l'inverse, les élus reprochant, et très largement à juste titre,
18:30l'absence de mesures d'accompagnement,
18:32pour aider, effectivement, les automobilistes les plus précaires,
18:35ceux qui ne peuvent pas changer de véhicule, s'offrir un véhicule neuf, etc.
18:38Les bonus écologiques insuffisants.
18:40Les bonus écologiques, ou passer à l'étrier.
18:41Et puis, il y a eu une accumulation de dérogations, d'aménagements, de reculs depuis,
18:47qui ont rendu cette mesure absolument illisible.
18:49Aujourd'hui, pour expliquer qui fait quoi, quelles agglomérations ont le droit de faire quoi, etc.
18:54Et de surcroît, d'ailleurs, la verbalisation est repoussée, quasiment repoussée, en tout cas.
18:58Donc, c'est cette incapacité à travailler ensemble qui a produit cet échec.
19:02Et puis, comme le disait Paul Kinio à l'instant, il y a un contexte international,
19:06où, effectivement, la menace russe et l'effort de réarmement massif auquel l'Europe est condamnée
19:12semblent reléguer la question de l'urgence climatique au loin.
19:16Sans oublier, d'ailleurs, une autre petite contingence, plus proprement française,
19:19c'est l'approche des élections municipales de mars 2026, évidemment,
19:21et le traumatisme des Gilets jaunes,
19:24mouvement qui avait été déclenché par la hausse de la taxe carbone,
19:28et que les élus ont toujours en tête.
19:30C'est ce qu'il faut dire, effectivement.
19:32Et ce que Renaud vient de dire, c'est qu'il y a les municipales en 2026,
19:35et les élus, eux, ils sont, comme on dit, à portée de baffe.
19:38Donc, c'est pour ça aussi qu'ils reculent aussi facilement.
19:41C'est sûr que ça joue, effectivement, dans les prises de décisions des uns et des autres.
19:45Effectivement, il y a les municipales, donc les élus vont aussi dépendre de ces choix-là.
19:51Maintenant, ce qui est inquiétant, quand on regarde la classe politique,
19:55face à cette bombe sociale à retardement écologique,
19:59c'est qui parle d'écologie aujourd'hui, en fait ?
20:02Plus beaucoup de monde.
20:03Les écologistes, évidemment.
20:04Et encore, pas beaucoup.
20:05Les écologistes sont plutôt maintenant, aujourd'hui, quasiment sur d'autres sujets.
20:08C'est ce qu'on leur reproche.
20:10Mais une grande partie de la gauche continue, en tout cas dans leur programme
20:14et dans ce qu'ils défendent à l'Assemblée,
20:16de porter l'écologie tant bien que mal.
20:18Mais on voit que, par exemple, même au sein du gouvernement,
20:21l'écologie a quasi disparu.
20:22Et on voit à quel point, sur les ZFE,
20:25ça fragilise encore plus le ministère de la Transition écologique,
20:28celui d'Agnès Pannier-Renacher, qui...
20:31T'es quoi, mon quinquennat sera écologique ou ne le sera pas ?
20:33C'est ce que disait Emmanuel Macron en 2022.
20:35Emmanuel Macron, oui.
20:36Il faut reconnaître que, pour l'instant, il l'est pas vraiment, d'ailleurs,
20:38avec la dissolution et autres.
20:39Ce que je trouve aussi très frappant, c'est que parmi les gens qui critiquent les ZFE,
20:43et il y a des critiques à faire,
20:45j'entends pas de contre-proposition qui irait dans un sens de...
20:49D'amélioration de la qualité de l'air.
20:51D'amélioration de la qualité de l'air.
20:53J'ai plutôt l'impression d'entendre les arguments du lobby automobile
20:56au lieu du lobby environnemental.
20:58Moi, ça me réjouit pas, en fait.
21:00Même si aujourd'hui, la trajectoire est quand même,
21:02même si elle est trop lente, elle est quand même positive.
21:04C'est-à-dire que la qualité de l'air a tendance à s'améliorer,
21:06y compris, d'ailleurs, dans les agglomérations en question.
21:08Après, s'il y a un recul sur les ZFE, il faudrait aussi voir l'impact derrière.
21:11On parle quand même de 40 000 morts par an liées à la pollution en France.
21:14Juste une dernière dimension qu'on n'a pas évoquée, quand même,
21:17c'est évidemment la crise de l'industrie automobile,
21:20qui est dramatique.
21:22Parce qu'elle explique, d'ailleurs, que Ursula von der Leyen, au niveau européen,
21:25a renoncé aux amendes qu'elle voulait imposer aux constructeurs
21:28qui ne respectent pas les objectifs, justement, de déminution des émissions.
21:32Et la prochaine bataille politique autour de la voiture,
21:36qui semble se destiner déjà, pas seulement en France,
21:38mais probablement à l'échelle européenne,
21:40c'est l'interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs dans dix ans.
21:44Et on voit bien un certain nombre de voix qui commencent à s'élever
21:47pour essayer de repousser cette échéance.
21:49C'est Jordan Bardella qui en fait son combat,
21:51justement, pour plus de justice sociale, c'est ce qu'il dit.
21:55C'est pas le seul sur ce sujet, je pense.
21:57Merci beaucoup à tous les trois,
21:59Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info,
22:01on vous retrouve à 7h24, tous les matins, pour le Brief politique.
22:04Paul Quignot, merci beaucoup à vous,
22:06directeur délégué de la rédaction de Libération,
22:08Libé qui fait sa une aujourd'hui sur la Turquie face à Erdogan,
22:12une semaine après l'arrestation du maire d'Istanbul.
22:15La contestation ne retombe pas,
22:17le maire d'Istanbul qui est un opposant au président en place,
22:21candidat à l'élection présidentielle,
22:23dossier à lire ce matin dans Libé.
22:26Merci Renaud.
22:27Merci Célia.
22:28Les informés du soir, c'est à partir de 20h,
22:30avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.