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Les informés du matin du 13 février 2025

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00:00Les informés en direct, tous les matins jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Dely.
00:13Bonjour Renaud.
00:14Bonjour Salia.
00:15Et bonjour à nos informés du jour.
00:16Valérie Haco, chef adjointe du service politique du Parisien aujourd'hui en France.
00:20Bonjour Valérie.
00:21Bonjour Salia.
00:22Et bonjour à la personne qui est à côté de nous, François-Xavier Bourmont, journaliste
00:26politique à l'Opinion.
00:27Bienvenue François-Xavier.
00:28Renaud Dely, Bruno Retailleau a une ambition, il veut prendre la tête des Républicains.
00:33Et oui, le ministre de l'Intérieur qui a annoncé hier sa candidature à la présidence
00:36des Républicains, il veut dit-il faire pour son parti ce qu'il fait à la tête du ministère
00:42de l'Intérieur, donc en parler vrai et agir vite.
00:44Et puis sans doute demain envisage-t-il de faire la même chose pour la France puisqu'on
00:49voit trainter l'émergence d'une vocation éliséenne chez le nouveau ministre de l'Intérieur.
00:55Rappelons que ça fait moins de six mois qu'il est en poste.
00:57Sur son chemin, il va donc croiser Laurent Wauquiez et on voit une configuration absolument
01:03inédite, quasiment jamais vue dans l'histoire politique, une guerre des chefs à droite
01:07qui semble se dessiner, qui rappellera évidemment un certain nombre de souvenirs.
01:10Pourquoi Bruno Retailleau est-il donc candidat à ce poste ? Quel état des lieux fait-il
01:16de la situation de la droite aujourd'hui ? Voici ce qu'en disait le ministre de l'Intérieur
01:19hier soir lors d'une rencontre avec des militants en LR dans le 14e arrondissement de Paris.
01:25Je souhaitais aujourd'hui officialiser ma candidature tout simplement pour me lancer
01:30dans cette composition.
01:31Je souhaite que la droite retrouve sa fierté.
01:33On voit bien à travers ses victoires d'ailleurs, dans un certain nombre de ses conscriptions,
01:39en tout cas d'élections partielles, qu'il y a un réveil de l'électorat de droite
01:44et on sent très bien aussi que beaucoup de gens de droite retrouvent une fierté.
01:47Eh bien cette fierté, je veux absolument la consolider pour préparer l'avenir.
01:52Bruno Retailleau, l'homme qui veut rendre sa fierté à la droite, il évoque des résultats
01:55encourageants effectivement lors des dernières élections partielles, notamment la reconquête
01:59d'une circonscription législative dans les Hauts-de-Seine à Boulogne-Biancourt.
02:01Est-ce qu'effectivement c'est grâce à l'omniprésence du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
02:07est-ce que c'est grâce à Laurent Wauquiez qui a lancé une refondation du parti ? Et
02:12puis de quoi cette future garde des chefs est-elle le nom ? Est-ce qu'elle augure de
02:17nouvelles divisions à droite ou peut-être aussi de l'éveil de nouvelles vocations présidentielles
02:23concurrentes ?
02:24Parce qu'il faut le dire tout de suite, cette ambition de Bruno Retailleau, elle n'a pas
02:28fait plaisir à tout le monde et notamment à Laurent Wauquiez quand il l'a appris hier
02:31matin, Valérie Acot.
02:32Laurent Wauquiez, non, oui clairement, c'était déjà tendu depuis quelques jours, semaines,
02:36parce qu'on sentait bien que Bruno Retailleau, ça le démangeait depuis un petit bout de
02:39temps.
02:40D'ailleurs Bruno Retailleau, il a accéléré hier matin, il ne devait pas faire aussi rapidement
02:45que ça son entrée en campagne.
02:47Il a voulu prendre de rapidité Laurent Wauquiez qui avait aussi un petit planning cette semaine.
02:53Et effectivement, pour Laurent Wauquiez, c'est la très mauvaise opération, c'est-à-dire
02:57que Laurent Wauquiez, il a fait le choix de ne pas rentrer au gouvernement, on ne va pas
03:03se mentir, à l'époque de François Bayrou, lui il voulait être ministre de l'Intérieur,
03:06c'était quand même plutôt le projet, ça n'a pas été le cas, on lui avait proposé
03:09Bercy, il avait dit non, donc il s'est retrouvé en dehors du gouvernement et donc du coup
03:14beaucoup moins audible que Bruno Retailleau qui a effectivement tiré profit de sa situation
03:20de ministre de l'Intérieur pour commencer à imprimer dans l'opinion et le fait est
03:23qu'il a vraiment imprimé dans l'opinion, il a gagné en popularité, il est resté sous
03:28François Bayrou parce qu'il est devenu un poids politique et que Laurent Wauquiez qui
03:32pensait en revenant dans le jeu national, en redevenant député, reprendre tranquillement
03:37le leadership à droite, se retrouve un petit peu, comment dire, doublé par la droite,
03:43doublé par Bruno Retailleau qui est une vraie menace pour lui.
03:45Alors les proches de Laurent Wauquiez disent en fait qu'il a brisé un pacte, Bruno Retailleau,
03:50normalement il devait rester au ministère de l'Intérieur et rester, voilà, c'est
03:53lui au gouvernement et la refondation de la droite c'était Laurent Wauquiez.
03:57Oui mais la politique c'est du mouvement, donc là Bruno Retailleau accélère, il brise
04:01un pacte qui a été passé entre eux dont personne ne sait rien en réalité, mais c'est
04:06pas forcément une si mauvaise nouvelle pour la droite que de voir repartir la guerre des
04:11chefs.
04:12La droite c'est un ensemble où la culture du chef est très forte, quand un chef réussit
04:19à s'imposer, à faire plier le genou à ses opposants, le chef est légitime et reconnu
04:25par les militants.
04:26Donc ce qui se présente c'est pas forcément une si mauvaise nouvelle que ça parce qu'au
04:30bout du compte la droite peut se doter d'un chef légitime et qui sera armé pour la présidentielle
04:37de 2027 avec ce qui se remet en place, c'est-à-dire ce qu'on voit se remettre en place, la recomposition
04:44du clivage droite-gauche.
04:45Si on revient au monde d'avant Emmanuel Macron, la logique elle est très simple, il faut
04:49s'emparer du parti et partir à la présidentielle.
04:52Là c'est exactement ce qui est en train de se passer à droite avec un débat entre
05:01Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez.
05:02Mais il y a eu par le passé des mauvais épisodes, on se rappelle de la guerre Cope et Fillon
05:06et franchement ça n'a pas mis en avant la droite française, au contraire, l'UMP a coulé.
05:11Dans la dernière guerre Cope et Fillon, personne n'est sorti vainqueur, réellement vainqueur
05:14à l'époque.
05:15Là si un chef sort de façon très forte en tête, sans les recours devant les commissions
05:22de recontage, si un chef sort légitimé, renforcé par la course à la présidence des
05:29républicains, à ce moment-là il sera incontestable et les militants de LR, voire le peuple de
05:35droite, pourront se reconnaître en lui.
05:37Donc c'est plutôt quelque chose qui peut s'annoncer comme positif pour la droite.
05:40Vous êtes d'accord ?
05:41Sur ce point oui, c'est une preuve de vie de la droite, dès lors qu'elle se déchire
05:46c'est qu'elle existe.
05:47Il est pire lui !
05:48Dès lors qu'elle se déchire c'est qu'elle existe.
05:49Et plus sérieusement, en règle générale, lorsqu'un parti est mourant, qu'il n'y a
05:54plus rien ni d'électeurs, ni de cadres, on ne se bat pas pour en prendre la direction.
05:59C'est un peu d'ailleurs ce qui est en train de se passer au PS.
06:01Il n'y avait pas grand monde pour récupérer le PS quand Olivier Faure l'a récupéré,
06:05il y avait plutôt des gens qui ne voulaient pas en prendre la direction.
06:08Et dès lors qu'aujourd'hui le parti va un peu mieux, et qu'il y a un vrai débat stratégique
06:13à gauche sur l'avenir du PS et la façon de faire réémerger, dans le cadre du clivage
06:18droite-gauche qui réémerge peu à peu, et qu'évoquait François Grébonneau à l'instant
06:20une candidature pour 2027, on voit qu'il peut y avoir des vocations différentes.
06:23C'est un peu ce qui se passe aussi à droite, avec, c'est vrai, des signes encourageants
06:26du point de vue électoral ces derniers mois, donc ça suscite évidemment ces concurrences.
06:31Mais au-delà de la concurrence Retailleau-Wauquiez, et c'est vrai que c'est un grand classique,
06:35vous évoquiez Copé-Fillon, mais moi qui suis beaucoup plus ancien, évidemment tout
06:40ça a commencé avec Giscard Chirac, ça fait quand même un demi-siècle que la droite
06:44vit à travers ses gardes-chefs, qui est aussi une façon à chaque fois pour l'un des deux,
06:47quand il y a vraiment un vainqueur d'ailleurs, un vainqueur déclaré, d'affirmer effectivement
06:51son leadership.
06:52Je trouve que ça illustre aussi un autre mal, une autre maladie qui ronge la politique française,
06:58et c'est spectaculaire cette semaine, c'est la présidentialite, c'est l'obsession présidentielle.
07:02Bruno Retailleau, il y a six mois, le grand public ne le connaissait pas.
07:05Nous, évidemment, au journalisme politique professionnel, nous suivions attentivement
07:11ses prises de position, c'est évidemment le cas aussi de ses collègues parlementaires,
07:14il était président du groupe LR au Sénat, mais le grand public ne le connaissait pas.
07:17Quelques mois à Place Beauvau, des déclarations martiales, une ascension dans les sondages,
07:21et le voilà qu'il se découvre en fait une vocation présidentielle, on le voit bien.
07:24Laurent Wauquiez c'est l'inverse, ça fait près de dix ans qu'il dit et qu'il répète
07:27qu'il veut être président de la République, mais en gros personne n'y croit, y compris
07:32dans son camp à part lui, et on voit au contraire une cote de popularité extrêmement plane.
07:35Et puis, dans le Bloc Central, on l'a vu cette semaine aussi, sans fleurs s'épanouissent,
07:39Gérald Darmanin réclame une primaire, Gabriel Attal moque l'obsession présidentielle des
07:45autres mais lui-même a du mal à cacher la sienne, Édouard Philippe a déjà tiré un
07:48trait sur le gouvernement Bayrou, il dit qu'en 2027 il faut mêlir pour qu'il se passe des
07:52choses décisives, quant à par exemple aussi à gauche Jean-Luc Mélenchon, il est déjà
07:55quasiment en campagne pour la quatrième fois consécutive.
07:57Cette maladie, je trouve, de l'obsession présidentielle, elle contraste terriblement
08:02avec la situation politique intérieure du pays, politique économique financière, et
08:07puis évidemment avec la situation internationale.
08:09C'est ça, il parle trop tôt tout cela.
08:11Non, non, justement.
08:12Ah, non, François-Xavier, on est à 26 mois quand même de la présidentielle, François-Xavier.
08:17Non, mais alors, le moment s'y prête, parce que cette obsession présidentielle s'exprime,
08:21c'est-à-dire qu'on sort de six mois d'instabilité depuis Michel Barnier, en gros, et depuis
08:25que le gouvernement de François Bayrou a été stabilisé, l'horizon se dégage un
08:29peu, et c'est le moment pour les présidentiables de prendre des positions.
08:33L'élection c'est dans 26 mois.
08:34C'est dans 26 mois, c'est maintenant que les jalons et les positions se prennent.
08:37Parce que, par exemple, le débat sur l'immigration, pas sur le droit du sol que lance François
08:43Bayrou, c'est une façon pour lui de préempter ce débat sur la droite, et de ne pas se retrouver.
08:48S'il est en position d'y aller pour 2027, en n'ayant rien dit sur ce sujet.
08:53Autre chose, Emmanuel Macron ne peut pas se représenter, et donc tout le monde part sur
08:57un pied d'égalité, c'est-à-dire qu'il n'y a que des candidats qui incarnent quelque
09:02part, en dehors de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, une forme de nouveauté.
09:04Tout le monde partira du même...
09:06Il n'y aura pas de président sortant dans cette élection présidentielle.
09:09Valérie ?
09:10Oui, c'est effectivement la raison, je pense, pour laquelle tout le monde turbulle, c'est
09:14vrai que c'est très tôt pour une campagne présidentielle, c'est que la nature a horreur
09:17du vide.
09:18Emmanuel Macron n'est plus monétisé ou monétisable, en plus il s'est tiré une sacrée balle dans
09:23le pied avec sa dissolution, donc ça n'aide pas, et il ne peut effectivement pas se représenter.
09:28Tout le monde est dans les starting blocks.
09:30En prime, c'est un petit peu compliqué, on sort en même temps d'une promesse, d'une
09:37nouvelle politique, et là on voit effectivement que les partis politiques reprennent aussi
09:41un petit peu de vigueur, qu'il n'y a pas, à part Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen
09:46qui sont les leaders naturels de leur formation, il n'y a pas de contestation, Marine Le Pen
09:49va avoir un petit sujet le 31 mars avec le verdict de son procès, qui a eu un réquisitoire
09:57assez salé, mais sinon c'est vrai que dans les autres écuries ce n'est pas évident,
10:01et en plus le macronisme, on ne sait pas quel héritage va rester, donc il y a tous les
10:05héritiers, Gabriel Attal qui était dans les starting blocks, qui est beaucoup moins
10:08bien positionné qu'il n'était il y a quelques mois, Gérald Darmanin qui ne ferme pas la
10:13porte, et la difficulté aussi, comme le soulignait Renaud, c'est qu'on est dans
10:17une situation politique où les Français sont quand même en attente de solutions pour
10:22maintenant, et qu'est-ce qu'on voit, que ce soit ces gens qui se déclarent pour la
10:26présidentielle, comme ce qui se passe à l'Assemblée, il y a un petit côté quand
10:29même, on pense à notre propre petite boutique, et vu la hauteur des enjeux, je pense que
10:34les Français là pour le coup, ça peut aussi quand même les fatiguer, même si stratégiquement
10:38tout le monde a raison de se positionner, parce qu'il va bien falloir écrimer tout
10:41ça et trouver...
10:42Un moment cranté.
10:43Comment ne pas apparaître déconnecté, mais tout en donnant de l'espoir aux Français
10:46pour 2027 ? C'est compliqué, en tout cas, il est 9h16, et les informés continuent après
10:51le fil, info de Maureen Sminia.
10:52Le chef de l'OTAN prévient, l'Ukraine doit être étroitement engagée dans toute négociation
10:58de paix, ce n'est pas ce qui semble se dessiner, les présidents américains et russes ont échangé
11:02par téléphone hier et comptent se rencontrer rapidement pour parler de la fin de la guerre
11:06en Ukraine, l'Ukraine et 6 pays européens dont la France s'oppose à cette négociation
11:11sans eux.
11:12Le ministre de la Santé se rend à Grenoble aujourd'hui pour rencontrer les blessés,
11:1612 blessés dont 6 graves, hier dans une explosion dans le quartier du village olympique, une
11:21personne a jeté une grenade dans un bar, le motif terroriste est écarté, a priori
11:25selon le parquet.
11:26Les constructeurs automobiles Nissan et Honda abandonnent leurs projets de fusion, les géants
11:31japonais voulaient unir leurs forces dans l'électrique, le français Renault qui détient
11:3635% du capital de Nissan promet de continuer à soutenir l'entreprise dans ses projets
11:40en cours, Nissan en difficulté a annoncé en novembre dernier la suppression de 9000
11:45postes dans le monde.
11:46Après un pic d'activité, l'épidémie de grippe ralentit pour la deuxième semaine
11:50de suite, la maladie circule tout de même encore beaucoup, notamment chez les enfants
11:54et les hospitalisations sont encore très nombreuses.
12:07Et les informés continuent avec Valérie Hacco, chef adjoint du service politique du parisien
12:13aujourd'hui en France, avec François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'opinion
12:17et Renaud Delis, la tempête Trump, Maureen vient d'en parler, secoue l'Europe puisqu'il
12:22parle d'Ukraine mais aussi de droite douane.
12:24Effectivement pendant donc que la guéguerre des chefs se rallume à droite sur la scène
12:28politique française, on en parlait, que tous nos responsables politiques semblent déjà
12:31obsédés par l'élection présidentielle 26 mois avant l'élection, peut-être d'ailleurs
12:35parce qu'ils pensent implicitement que le scrutin pourrait avoir lieu avant, Donald Trump s'occupe
12:41des choses sérieuses, il décroche son téléphone, il appelle Vladimir Poutine et les deux hommes
12:44ont conversé longuement hier, le président américain souhaitant enclencher des négociations
12:49immédiates pour un processus de paix rapide qui en finisse avec le conflit en Ukraine.
12:56Alors sur le dos des Ukrainiens, du président ukrainien Volodymyr Zelensky, c'est ce qu'on
13:00peut redouter évidemment, le secrétaire général de l'OTAN Marc Rutte fait savoir
13:05ce matin que l'Ukraine doit être étroitement engagée donc dans toute négociation de paix
13:09et que tout accord de paix doit d'ailleurs être durable et ça ressemble d'ailleurs
13:14à la position française exprimée il y a quelques minutes sur ce plateau par Benjamin
13:18Haddad, le ministre délégué chargé de l'Europe.
13:21C'est là que les Européens auront vraiment un rôle absolument central et primordial
13:24aussi dans le long terme, c'est précisément pour aider les Ukrainiens à assurer des garanties
13:30de sécurité, à assurer une dissuasion durable de l'agression russe.
13:32Nous, notre objectif c'est de défendre nos intérêts de sécurité et donc c'est
13:36de pouvoir avoir une Ukraine qui est en paix, qui est stable, qui est prospère à nos portes
13:40et qui peut se tourner résolument vers l'Europe.
13:42Alors est-ce que l'Europe et la France peuvent jouer un rôle dans d'éventuelles discussions,
13:48négociations qui s'ouvriraient ? Comment s'assurer que les intérêts des Ukrainiens
13:52et du président Zelensky soient correctement défendus, représentés, sans aucun doute
13:57évidemment par les Ukrainiens eux-mêmes dans cette discussion et puis au-delà du
14:00conflit ukrainien, on le voit avec la méthode de Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche,
14:04comment est-ce que l'Europe peut résister effectivement à cette tempête permanente,
14:08diplomatique, commerciale ou autre ? Est-ce que l'Europe peut conforter son unité pour
14:13y faire face donc à cette tempête ou au contraire risque-t-elle de se diviser davantage ?
14:17François-Xavier Bourmont.
14:18Il y a quand même un effacement de l'Europe qui est assez notable dans cette histoire.
14:22Il faut se souvenir, il y a trois ans, l'image qui avait imprimé, c'était celle d'Emmanuel
14:27Macron qui se rendait à Moscou pour voir Vladimir Poutine et essayer d'empêcher la guerre.
14:31Trois ans plus tard, ce qui se dessine, c'est un déplacement de Donald Trump à Moscou,
14:37toujours pour voir Vladimir Poutine, pour négocier la paix cette fois.
14:39Donc ce n'est plus l'Europe qui est en première ligne, ce sont les États-Unis qui ont repris
14:44la main et on voit bien dans l'échange qui a eu lieu hier, dans le message qu'a diffusé
14:50Donald Trump, il n'est pas question à une seule seconde, aucune ligne de ce message
14:54de l'Europe.
14:55Donc on voit quand même que l'Europe, et la France derrière, ont été un peu reléguées
15:02en deuxième position et ne sont pas du tout partie prenante pour l'instant dans ces discussions.
15:06L'Europe mais aussi l'Ukraine, puisque Volodymyr Zelensky a été appelé après, pour avoir
15:10un compte rendu de l'entretien téléphonique.
15:14Qu'est-ce qui se passe là ? Ils sont en train de négocier la paix, mais au détriment de l'Ukraine ?
15:17C'est compliqué d'avoir effectivement le dessous des cartes à ce stade, mais effectivement
15:25Trump n'a jamais fait mystère que son objectif n'était pas forcément l'intégrité territoriale
15:29de l'Ukraine.
15:30C'est sans doute ce qui va se jouer, ça va être du donnant-donnant.
15:32C'est pour ça que d'ailleurs sur le terrain, tout le monde essaye d'avancer au maximum.
15:35Les combats continuent et il faut rappeler que l'armée russe contrôle 20% du territoire ukrainien.
15:40Il y a quand même eu une percée, donc tout ça va peser bien évidemment dans les négociations
15:45à venir et puis côté européen, le problème c'est qu'on n'est pas non plus en capacité
15:51de pouvoir faire grand-chose par rapport aux Etats-Unis.
15:54C'est ça, on n'a pas de moyens d'action ?
15:55On n'a pas de moyens d'action.
15:56C'est un truc tout bête, l'Europe ça s'est construit sur quoi ? Ça s'est construit sur
16:01l'idée de la paix, donc on ne s'est pas mis en position de marche pour être un empire
16:06militaire.
16:07Précisément c'était l'inverse.
16:08Donc on se retrouve face aux Etats-Unis qui sont pour le coup un vrai empire militaire,
16:12face aux Russes qui sont aussi un vrai empire militaire, donc nous avec notre position c'est
16:16compliqué.
16:17Pour le crime au sein de l'Europe, jusqu'à maintenant sur le début du conflit on a pu
16:23afficher un fonds uni, mais regardez dans le détail, au sein des pays européens tout
16:27le monde ne parle pas la même langue, il faut aussi regarder ce qu'il va se passer si ma
16:31mémoire est bonne fin mars, il y a des élections aussi en Février en Allemagne, ça va sans
16:37doute peser sur la suite de ce qu'il va se passer en Europe, puisque je vous rappelle
16:42quand même que la CDU a fait un accord avec l'extrême droite allemande, ce qui est quand
16:46même une première, qu'Elon Musk intervient dans cette campagne, enfin il y a quand même
16:50tout un...
16:51Ça reste incertain, c'est ça ?
16:52Hein ?
16:53Ça reste incertain ?
16:54Tout cela reste incertain, et puis il y a quand même des bouleversements internes qui
16:57ne sont quand même pas de nature à rassurer sur l'avenir de l'Europe.
17:01Juste, la CDU n'a pas conclu un accord avec l'EU pour les élections, il y a eu un accord
17:06sur un texte en l'occurrence, mais effectivement vous avez raison, c'est qu'on voit aussi en
17:10Europe un certain nombre de partis dits populistes en général d'extrême droite, qui sont à
17:15la fois, en règle générale d'ailleurs, plus sensibles, on va dire, ou plus indulgents
17:19avec Vladimir Poutine d'un côté et Donald Trump de l'autre, ce qui d'ailleurs est une
17:24forme d'illustration en miroir de ce qui est peut-être en train de se passer.
17:27Comme toujours avec Donald Trump, il faut faire attention entre les annonces, évidemment,
17:31les mots extrêmement forts, et puis la réalité des choses, c'est vrai que les États-Unis
17:34n'ont pas forcément intérêt à une paix rapide qui se ferait sur le dos des Ukrainiens,
17:41c'est-à-dire qui conforterait une victoire écrasante de Vladimir Poutine, d'un point
17:47de vue diplomatique, d'un point de vue politique, d'un point de vue géopolitique, c'est pas
17:51forcément l'intérêt de Donald Trump et des États-Unis de rendre les clés à Vladimir
17:55Poutine, ce qui fait d'ailleurs que ce matin, le Pentagone fait savoir qu'il n'y a pas de
18:00trahison ou de lâchage des Ukrainiens, en tout cas à ce stade.
18:04Maintenant, c'est vrai que la configuration est extrêmement inquiétante pour l'Europe
18:06et les Européens, il faut rappeler évidemment, l'évidence est que cette guerre se déroule
18:09en Europe depuis bientôt 3 ans, que les Européens sont concernés aux premiers chefs, a fortiori
18:14un certain nombre de pays proches de la frontière russe, qu'il s'agisse des Pays-Baltes, de
18:19la Pologne, etc., qui sont quand même particulièrement inquiets de l'appétit de Vladimir Poutine,
18:24et on voit dans ce contexte, ce nouveau contexte ouvert par l'arrivée de Donald Trump à la
18:30Maison-Blanche, que l'Europe risque de se retrouver effectivement sur le banc des spectateurs
18:36en quelque sorte, et d'assister à des discussions dans lesquelles elle ne pèse plus, si jamais
18:41elle n'est pas suffisamment unie, et donc encore une fois, il y a entre guillemets une
18:44cinquième colonne Trumpiste aussi au sein de l'Union Européenne, il y a un certain
18:47nombre d'alliés potentiels, on peut aussi penser évidemment au roi Viktor Orban, qui
18:51jusqu'à présent manifestait son désaccord avec les sanctions par exemple de l'Europe
18:55à l'endroit de la Russie, mais s'éclipsait discrètement au moment où les Etats membres
19:01devaient passer au vote, donc en fait qui de fait s'abstenaient, voilà, il ne mettait
19:04pas son veto aux livraisons d'armes ou aux soutiens financiers. Cette configuration-là,
19:09elle peut changer évidemment avec les initiatives spectaculaires prises par Donald Trump, en
19:13l'occurrence ce coup de téléphone.
19:14Là je vous écoute, et effectivement on a l'impression que l'Europe est impuissante
19:18face à ce qui se passe entre les Etats-Unis et la Russie sur ce plateau, le ministre délégué
19:23chargé de l'Europe disait bah non non non, on va entrer dans les négociations, on va
19:28essayer de se mêler d'ailleurs, parce que l'Europe, c'est celle qui aide le plus l'Ukraine,
19:33c'est elle qui a déboursé le plus d'argent, le plus d'aides militaires, contrairement
19:37par rapport aux Etats-Unis, notamment François-Xavier.
19:39Oui mais l'Europe joue pas dans la même catégorie dans cette histoire-là, vous avez
19:44deux impérialismes autoritaires qui s'affrontent, enfin qui s'affrontent, qui sont en train
19:47de discuter, et trouver sa place entre les Etats-Unis d'un côté, la Russie de l'autre
19:52quand vous êtes une agenda copropriétaire, c'est pas le plus simple. On voit bien que
19:56de toute façon on ne parle pas de la même voix, on ne parle pas le même message. Effectivement
20:01l'Europe peut essayer de trouver, chercher sa place.
20:04Mais comme la langue de Donald Trump c'est le business, est-ce qu'il n'y a pas quelque
20:07chose à faire au niveau de, non mais pardon je me demande, mais au niveau de la guerre
20:14commerciale, est-ce que ça ne rentre pas en jeu ?
20:15Pour ça l'Europe est plus armée, parce qu'elle connaît déjà l'histoire. Trump a déjà
20:21été président des Etats-Unis, il a déjà augmenté les droits de douane, et l'Europe
20:24l'a déjà répliquée. Quand Donald Trump a augmenté les droits de douane sur l'aluminium
20:28et l'acier je crois, il me semble, l'Europe a répliqué en augmentant les droits de douane,
20:35mais pas n'importe lesquels, sur des produits très spécifiques, qui étaient produits
20:39dans des Etats républicains, les jeans, le bourbon, les Harley Davidson, pour 2 milliards
20:44d'euros je crois, 2,8 milliards d'euros. Donc c'était des répliques ciblées, ces
20:49droits de douane, ils arrivent à échéance en fin mars 2025. Donc il y a quand même
20:54des armes pour négocier. Beaucoup plus en tout cas sur le plan commercial, parce que
20:59l'Europe et les Etats-Unis ont besoin l'un de l'autre, que sur le plan militaire il
21:03me semble.
21:04Sur le plan militaire c'est plus compliqué effectivement Valéry Yacot, et la réunion
21:07qui va avoir lieu demain à Munich, ce sommet sur la sécurité, où il faut le dire, il
21:12y aura le vice-président américain, Gilles Evans, qui doit rencontrer Volodymyr Zelensky,
21:16pas d'Européens autour de la table pour le moment.
21:18Non, ça en dit long effectivement sur le rapport des forces et sur qui a les clés.
21:23Et d'autant que sur la guerre commerciale on peut espérer que l'Europe puisse trouver
21:29une solution, on n'a pas encore le détail. La raison aussi qu'il faut souligner c'est
21:35qu'à terme c'est peut-être pas forcément très très bon non plus cette guerre commerciale
21:38pour les Etats-Unis, il y a des inquiétudes sur l'inflation, donc bon, peut-être qu'il
21:43y a des solutions à trouver à ce niveau-là, mais c'est vrai qu'on n'est clairement pas
21:48en position de force à l'heure actuelle. Sur le plan de la guerre commerciale qui
21:52se dessine et qui est à l'horizon avec la hausse de ses droits de loine, c'est que
21:57d'une part l'Europe est mieux armée, même si elle n'est pas forcément unie, d'autre
22:01part les Etats-Unis sont en position plutôt de faiblesse. Outre le déficit commercial
22:04il y a effectivement des mesures de rétention qui peuvent peser, et d'ailleurs Donald
22:07Trump a déjà laissé entendre à son électorat qu'il pourrait y avoir des conséquences
22:11notamment en matière d'inflation s'il engage cette guerre sur les droits de loine.
22:13Mais sur les questions militaires, en revanche là, la situation qui est en train de se dessiner
22:17met le doigt sur une impasse stratégique majeure de l'Europe depuis déjà qu'il y a eu sa
22:23création quasiment, c'est effectivement l'absence de défense européenne autonome, et le fait
22:26qu'on s'est mis à forturer un certain nombre de nos partenaires sous le parapluie américain,
22:33et le retard pris par l'Europe, ne serait-ce qu'en matière de préférence européenne
22:37quant à l'achat des matériels au sein de l'Union Européenne, on sait bien que ça
22:40ne fonctionne pas non plus.
22:41Donc là il y a effectivement un vrai danger pour l'Union Européenne sur ce terrain-là,
22:46sur ce domaine-là, et ça justifie d'autant plus la nécessité d'accélérer.
22:49D'où cette idée effectivement de l'Europe de la défense, dont parle régulièrement
22:53le président de la République Emmanuel Macron.
22:55Merci beaucoup à tous les trois, Valérie Racot, chef adjointe du service politique
22:58du Parisien Aujourd'hui en France, on en profite pour jeter un coup d'œil à la une
23:02du jour, l'effroyable scénario du meurtre de Louise, c'est en une du Parisien Aujourd'hui
23:08en France, information sur les aveux d'ONL, c'est à lire ce matin dans le Parisien Aujourd'hui
23:13en France.
23:14François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'opinion chez vous, en titre sur Bruno
23:18Retailleau, qui attaque Wauquiez par l'intérieur, avec une petite caricature à côté, c'est
23:23à lire dans l'Opinion Aujourd'hui, merci beaucoup, merci Renaud, les informés du soir
23:28c'est à partir de 20h avec Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.