Les informés du matin du 9 janvier 2025
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00:00Les informés en direct jusqu'à 9h30 sur France Info, on est très content de vous retrouver parce que comme pour l'8.30 vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre pour les informer et ça c'est grâce au travail de Renaud Delis.
00:12Oh non, juste pas pour grand chose mais bonjour Salia, merci de votre accueil.
00:15Et grâce aussi à nos informés, autour de la table Sophie Dravinel, chroniqueuse politique chez Public Sénat, bonjour.
00:20Bonjour Salia.
00:21Et à vos côtés Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Obs.
00:24Bonjour Sylvain.
00:25Bonjour.
00:26On va commencer par parler de la justice. Le nouveau ministre aura-t-il les moyens de ses ambitions Renaud Delis ?
00:31En tout cas le nouveau garde des Sceaux effectivement, Gérald Darmanin, depuis sa nomination a multiplié les effets d'annonce, les engagements, les promesses et il se fait fort de pouvoir les mettre en œuvre,
00:41notamment avec un effort budgétaire, dit-il, du nouveau gouvernement.
00:46Alors sera-t-il en mesure de tenir ses engagements et quelles sont-ils et quelles sont les urgences justement dont a besoin la justice pour résoudre la crise qu'elle traverse et accélérer et faciliter les procédures ?
00:59Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info, Rémi Haït, qui est le procureur général près de la cour de cassation, qui fait sa rentre aujourd'hui, c'est donc le plus haut magistrat du pays.
01:08Je suis certain de sa très ferme volonté pour aller encore plus loin et pour nous permettre de tenir sur les recrutements. C'est véritablement là l'enjeu pour nous.
01:2110 000 emplois étaient prévus dans la loi de programmation, 1 500 magistrats, 1 800 greffiers, l'école de la magistrature est prête, des promotions de 500 magistrats.
01:31Il faut absolument, si l'on veut améliorer le fonctionnement de notre justice, que ces moyens soient au rendez-vous.
01:38Alors ces moyens en termes de personnel sont indispensables, donc le répète Rémi Haït, c'est aussi d'ailleurs l'engagement de Gérald Darmanin,
01:45sous peine de voir en quelque sorte la chaîne pénale, les procédures pénales se rallonger encore davantage avec désormais un certain nombre de risques
01:52au vu des centaines de dossiers en attente qui s'empilent, notamment à la cour d'appel de Paris ou à celle d'Aix-en-Provence,
01:58avec le risque que parfois certains accusés en détention provisoire soient finalement libérés avant même que le procès ait lieu.
02:06Donc est-ce que Gérald Darmanin et le gouvernement auront les moyens de mettre en oeuvre ces engagements ?
02:13Les moyens nécessaires parce qu'il y a un manque de personnel, s'il m'encourage, au niveau de la justice ?
02:17Bien sûr, on sait que la justice est en grande souffrance et que les justiciables aussi, du coup, parce que les affaires s'étirent,
02:25les jugements ne viennent pas, les peines ne sont pas exécutées, enfin il y a vraiment un ralentissement sur toute la chaîne judiciaire.
02:31Alors c'est un enjeu sous-jacent de la discussion budgétaire. Lors de la précédente discussion qui a avorté du fait de la motion de censure,
02:38Didier Migaud, trop bref ministre de la Justice, avait obtenu d'adoucir un peu les demandes d'économie qui avaient été formulées par Michel Barnier.
02:46Je crois qu'on est passé de 483 millions à 250 millions, mais c'était quand même des économies.
02:50S'il s'agit de recruter, comme on vient de l'entendre, ça veut dire qu'il faut des crédits supplémentaires.
02:55Et ça, ce n'est pas évident parce que tout le monde discute autour du budget.
02:58On sait qu'il y a des discussions avec les parties de gauche pour essayer de trouver un accord de non-censure.
03:03Les ministres poids lourds qui ont des dossiers très importants comme Gérald Darmanin vont aussi plaider.
03:08Obtiendront-ils gain de cause ? Ce que j'ai entendu moi, de la bouche d'Éric Lombard, le ministre de l'Économie et des Finances,
03:15c'est que les crédits des ministères qui avaient été fixés lors de la précédente discussion à la fin de l'année dernière,
03:21ne seraient pas renégociés. Donc il y a quand même un sujet.
03:24Donc on resterait sur l'enveloppe de Didier Migaud ?
03:27C'est ce qu'il dit. Ensuite, j'imagine que ça peut se discuter et qu'il doit y avoir de fortes pressions en coulisses.
03:34Sophie ?
03:35Oui, absolument. Et des fortes pressions, sachant aussi que ça peut être une redistribution de crédits,
03:39évidemment, parce qu'on entendait Gérald Darmanin il y a quelques jours sur RTL chez nos confrères
03:44en disant que la justice était 2% du budget et que, quels que soient les millions, ils allaient se débrouiller pour en faire quelque chose.
03:51Mais c'est vrai qu'il a donné des chiffres qui sont quand même assez impressionnants et qui sont là pour frapper les esprits.
03:56Parce que Gérald Darmanin, dès son arrivée dans ce ministère, il n'était finalement pas attendu.
04:01Parce qu'on attendait plutôt Xavier Bertrand, qui finalement n'a pas pu venir pour des raisons politiques, peut-être d'opposition avec Marine Le Pen.
04:08En tout cas, une chose est certaine, c'est que quand il est arrivé, il a indiqué qu'il allait monter un cabinet de combat,
04:13aller très vite, parce qu'il sait aussi que son ministère est finalement dans une situation un peu fragile,
04:19évidemment, comme tous les ministres aujourd'hui dans ce gouvernement.
04:22Mais il a quand même rappelé, ce qui est vrai, assez frappant, c'est qu'il y a 200 procès.
04:26On assiste en attente sur les boules jaunes et qu'il y a des chiffres qui sont impressionnants pour les Français.
04:31Et c'est vrai que s'il y a des tensions entre Gérald Darmanin et les avocats, il y a la certitude qu'il faut ensemble avancer pour plus de moyens.
04:40Et donc Rémi Yates faisait référence à ça, à la longueur des affaires qui s'étiraient justement parce qu'on n'avait pas les moyens.
04:46Avec ce risque qui apparaît désormais, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de tribunaux qui sont confrontés dans la chaîne judiciaire.
04:53Les éventuelles remises en liberté à cause de procédures beaucoup trop longues, justement, de mis en cause, d'accusés, avant même que le procès ait lieu.
05:03Donc il y a des centaines de dossiers en attente auprès d'un certain nombre de juridictions.
05:08C'est un problème récurrent, ancien, mais qui effectivement ne fait que s'aggraver.
05:13Et ça illustre en fait ce domaine de la justice, cette crise de la justice, le décalage souvent entre les discours politiques,
05:20les effets d'annonce ou les effets de tribune, et ces très nombreux élus parlementaires qui rivalisent d'imagination pour inventer,
05:28justement, à chaque drame, à chaque tragédie, à chaque fait divers ou autre, la nécessité absolue de revoir la loi, de relégiférer, de durcir tel ou tel texte.
05:40Mais on n'a bien souvent pas les moyens humains, tout simplement, de les mettre en œuvre ensuite ces textes dans des délais raisonnables.
05:47Pour les accusés, d'abord, et puis aussi pour les victimes, bien sûr, et leur entourage.
05:52Donc là, on voit vraiment le double langage et ce que peut parfois avoir, hélas, de dramatique ou de frustrant,
06:01un certain nombre d'effets d'annonce sur le plan politique qui, de toute façon, ne peuvent pas être mis en œuvre.
06:06Donc c'est doublement négatif pour les politiques eux-mêmes.
06:10C'est-à-dire que c'est aussi une forme d'illustration de leur impuissance et parfois, évidemment, d'une forme de démagogie.
06:15Juste un point sur Gérald Darmanin. C'est vrai qu'on a vu depuis sa nomination qu'il agit, en fait, Place Vendôme,
06:19en tout cas sur le plan de la communication, un peu comme il le faisait Place Moreau.
06:23On a quasiment l'impression d'avoir un ministre de l'Intérieur.
06:25Parce que ça, c'est vrai qu'on est habitué, depuis les années Sarkozy, à voir des ministres de l'Intérieur qui se ruent devant chaque caméra
06:30et qui multiplient les déplacements chaque jour.
06:32On disait jadis qu'ils envoyaient, en quelque sorte, des cartes postales aux Français.
06:36Je pense que Gérald Darmanin, il perpétue cette méthode, il sature un petit peu les écrans et les médias.
06:42Il faut reconnaître aussi qu'il n'a pas le même poids politique aujourd'hui que son bref prédécesseur, dont Sylvain Courage nous a rappelé le nom tout à l'heure.
06:47C'est Didier Migaud.
06:48Didier Migaud, qui a, donc, brièvement un trimestre et qui, à l'époque, n'a pas...
06:53Lui, il faisait, on va dire, plutôt moins parler de lui.
06:55Tout dernier point, je pense que c'est aussi une raison pour laquelle, d'ailleurs, Gérald Darmanin met aussi beaucoup en scène sa complicité avec Bruno Retailleau,
07:01avec le ministre de l'Intérieur.
07:02C'est une façon aussi de poser davantage et sans doute, peut-être, d'avoir un peu plus d'influence et de moyens.
07:06Mais alors, pardon, mais on parle des moyens de la justice, mais il y a un ministre qui se vantait d'avoir fait bondir le budget de la justice.
07:13C'est Éric Dupond-Moretti.
07:15Il disait, moi, j'ai obtenu des augmentations, beaucoup d'augmentation.
07:18En fait, là, du coup, on se rend compte que ce n'est toujours pas assez.
07:21Non, apparemment.
07:22Et d'ailleurs, c'est un peu le danger de la méthode de communication façon premier flic de France qu'emploie Gérald Darmanin.
07:28C'est qu'à chaque fois qu'il va se déplacer, il va soulever un problème.
07:30Et il va promettre de le résoudre.
07:32À la fin, la liste des problèmes qu'il aura à résoudre sera tellement longue qu'on doutera de l'efficacité.
07:38Et d'ailleurs, vous parliez de la complicité avec Bruno Retailleau.
07:41C'est Bruno Retailleau qui a mis en cause un peu, justement, cette communication et cette façon de faire de Gérald Darmanin
07:46en disant que les fameuses opérations PlastNetXXL qui avaient été menées en France
07:50n'avaient eu de succès que lorsqu'elles étaient menées en lien avec les procureurs.
07:54Et là, ça nous dit aussi quelque chose du fonctionnement de la justice qui n'est pas exactement le même que celui du ministère de l'Intérieur.
08:00Et du coup, les difficultés que pourrait avoir à rencontrer Gérald Darmanin,
08:03qui effectivement est extrêmement vertical dans un ministère, celui de la justice,
08:07dans lequel il ne pourra pas dire aux procureurs ce qu'il doit faire,
08:10dans lequel il n'aura pas la possibilité d'impacter sur les résultats.
08:14Les magistrats sont indépendants, à la différence des policiers et des gendarmes qui obéissent plus tôt.
08:17Ça fait une différence assez fondamentale qui est celle quand même du respect entre le droit et l'exécutif.
08:22Et donc là, c'est vrai qu'il pourrait y avoir quelques soucis.
08:24Bien sûr, mais il faut se souvenir du comité d'accueil qui avait été fait à Eric Dupond-Moretti en son temps.
08:28Qui, à peine nommé, s'était pris un certain nombre de communiqués incendiaires de syndicats de magistrats
08:35qui considéraient que cette nomination était une déclaration de guerre.
08:38Ça ne l'a pas empêché de rester quatre ans en poste et d'impulser en tout cas ce qu'il croyait être sa politique.
08:44C'est-à-dire que le climat tendu entre le garde des Sceaux et les syndicats de magistrats, c'est assez récurrent.
08:48Les consultations sur le budget continuent.
08:50Eric Lombard continue de recevoir les partis politiques pour essayer de trouver des compromis.
08:54Donc on va voir ce qui va ressortir de ces discussions.
08:57Il est 9h15, c'est l'heure du Fil info de Maureen Suillard.
09:0152 personnes blessées dans le Nord et le Pas-de-Calais.
09:03La faute à la neige et au verglas.
09:05Les deux départements en vigilance orange.
09:07Pour la deuxième journée de suite, il n'y a pas de transport scolaire dans les Hauts-de-France.
09:11Le trafic des trains est aussi perturbé.
09:13Certains sont supprimés.
09:15Les discussions autour du budget 2025 se poursuivent.
09:18François Bayrou est prêt à discuter de l'ensemble des sujets, y compris de l'âge de départ à la retraite.
09:24C'est ce qu'assure Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, après sa rencontre avec le Premier ministre.
09:30De nouvelles frappes sur la bande de Gaza.
09:32Les services de secours affirment que 12 personnes ont été tuées cette nuit dans un camp de réfugiés dans le centre du territoire.
09:388 morts aussi dans le Nord depuis le début du mois d'octobre.
09:42Israël dit mener des frappes pour empêcher les combattants du Hamas de se regrouper.
09:46Et puis c'est l'application d'une règle européenne.
09:49Toutes les banques ont l'obligation depuis ce matin de vous proposer les virements instantanés, gratuitement.
09:54Mais dans le même temps, l'association de consommateurs CLCV indique ce matin que les frais bancaires sont en forte augmentation cette année.
10:00Parfois plus de 5%.
10:02France Info.
10:07Les informés. Renaud Dely. Salia Brakia.
10:13Et les informés continuent avec Sophie Dravinel, chroniqueuse politique pour Public Sénat, avec Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
10:20Et Renaud Dely, on part aux Etats-Unis, parce que les géants de la tech ont décidé de se mettre au service de Donald Trump.
10:26Et oui, après Elon Musk, qui est devenu le principal collaborateur du prédisant Donald Trump, qui sera très prochainement intronisé,
10:33et qui intégrera son administration à un poste éminent, voici donc Mark Zuckerberg, le patron du groupe Meta,
10:38a annoncé en début de semaine que Facebook, Instagram allaient se débarrasser des fact-checkers,
10:45c'est-à-dire de ces services de vérification de l'information diffusés sur ces plateformes.
10:49Et il le fait. Pourquoi Mark Zuckerberg ?
10:52Au nom de la défense de la liberté d'expression, qu'il considère comme entravée et dont il veut se faire le porte-parole,
10:58c'est exactement le même argumentaire avancé par Elon Musk, et c'est aussi, on le sait d'ailleurs, ça fait partie de l'argumentaire politique de Donald Trump.
11:07Dans le viseur de ces plateformes, notamment la législation européenne, et tout ça d'ailleurs dans un contexte où on a vu des déclarations assez hostiles à l'Union Européenne
11:17de nous parvenir de l'autre côté de l'Atlantique, la législation européenne qui étoufferait en quelque sorte la liberté d'expression,
11:26et notamment le fameux Digital Service Act, qui est la nouvelle législation adoptée par l'Union Européenne,
11:31est-ce qu'il y a effectivement une menace ? La réponse de Thierry Breton, ancien commissaire européen chargé du marché intérieur,
11:37qui était justement à l'origine de ce Digital Service Act, c'était hier soir chez nos confrères d'RTL.
11:43Les limites que nous avons mises ne sont absolument pas pour censurer la parole.
11:47En Europe, la parole libre, c'est absolument indispensable. On est très attaché à ça.
11:53Sur la régulation qui a été mise, encore une fois, votée, c'est de faire qu'on a la possibilité désormais d'aller voir ce qui se passe dans les algorithmes,
12:00pour préciser précisément qu'on ne puisse pas pousser de façon artificielle tel ou tel contenu, en particulier pendant les élections.
12:08Et c'est ce point-là qui est un point qui est soumis à régulation, et pas autre chose.
12:12Alors est-ce que l'Union Européenne, l'Europe en général, va trop loin dans ces règlements au risque d'étouffer la liberté d'expression ?
12:18Ou est-ce qu'au contraire ce sont des mesures saines de régulation qui visent justement aussi à assurer une bonne information ?
12:25Et puis pourquoi est-ce que Mark Zuckerberg, après Elon Musk, et on voit aussi d'ailleurs l'évolution d'un certain nombre d'autres géants de la tech,
12:33on peut penser à Jeff Bezos, le patron d'Amazon, pourquoi tout cela semble se mettre en quelque sorte au service de Donald Trump,
12:39au risque peut-être d'intensifier une vague de désinformation ?
12:43En tout cas, est-ce que le second mandat de Donald Trump sera celui du règne des fake news ?
12:48Une décision quand même surprenante de la part de Mark Zuckerberg, le patron de Meta, de Facebook. On ne l'attendait pas là-dessus.
12:54On aurait aimé ne pas l'attendre là-dessus, mais finalement, qu'est-ce que vous voulez ?
12:58C'est l'argent, c'est financier, c'est tout à fait une dynamique absolument logique.
13:02Regardez Elon Musk, il avait soutenu Obama, il avait voté pour Joe Biden, et il était même au départ...
13:10Voilà, et ensuite il a rejoint, il est devenu même quasiment plus puissant aujourd'hui que Donald Trump,
13:16et donc on se pose la question même de savoir si les relations entre les deux vont commencer à devenir un peu compliquées ou pas.
13:21C'est une espèce de mouvement irrépressible qui est celui de l'intérêt financier de cette très grande société,
13:27sachant qu'Elon Musk, son budget est quasiment égal à celui d'un État.
13:31Donc il y a là des enjeux qui dépassent totalement ceux de la liberté d'expression ou ceux de la désinformation.
13:40Et donc on va voir, c'est un vrai rapport de force qui est en train de se nouer avec l'Europe.
13:45Est-ce que ce sera l'occasion pour l'Union Européenne de manifester son intention de tenir justement à cette question de la désinformation ?
13:56Et d'être assez forte pour y résister ?
13:58Ou est-ce qu'Elon Musk va profiter de certains gouvernements européens ?
14:02Je pense à Georgia Melleni avec qui il entretient de très bonnes relations, mais aussi avec d'autres, évidemment.
14:07Et là on verra s'il arrive à finalement faire se briser cette Union Européenne, ce qui est finalement leur souhait,
14:15mais pas pour des raisons idéologiques, là encore pour des raisons purement économiques, de dérégulation et financière.
14:19Sylvain ?
14:20Oui, Sophie a parfaitement raison, il y a une convergence des intérêts des GAFA avec Donald Trump,
14:25et c'est la cause de la corporate américaine, c'est la cause de la puissance économique et politique des Etats-Unis.
14:30Mais la question de la liberté d'expression, elle existe, parce que les Etats-Unis sont une nation qui sont fondées sur la liberté religieuse
14:36et, par extension, la liberté d'expression complète. C'est le premier amendement de la Constitution.
14:42En Europe, on a une autre conception. La liberté d'expression existe, mais il y a des limites.
14:47Il y a la loi sur la diffamation, il y a les incitations à la violence ou à la haine raciale qui sont proscrites.
14:52Et donc c'est quand même ces deux conceptions de la liberté, une liberté libertarienne et une liberté régulée, qui s'affrontent.
15:00Et c'est vrai qu'il y a des intérêts économiques derrière, il y a des intérêts politiques, mais il y a quand même un enjeu.
15:04Et c'est vrai que c'est la conception libertarienne qui l'a emportée à travers la victoire, la deuxième victoire de Trump.
15:09Et la question c'est, est-ce qu'en Europe on va pouvoir se défendre face à ça ?
15:12Effectivement, alors du côté de l'Europe, à l'heure qu'il est, on est plutôt rassurant, d'autant que Mark Zuckerberg a laissé entendre
15:17qu'à priori, ces nouvelles dispositions qu'il entend prendre ne concerneraient que les Etats-Unis pour l'instant.
15:22Pour le moment, est-ce que cette fameuse législation pourra être respectée ?
15:27Est-ce qu'elles seraient les sanctions éventuelles ?
15:29Thierry Breton, l'ancien commissaire européen, ne l'exclut pas.
15:33Il dit qu'on pourrait, selon lui en tout cas, matériellement, concrètement, interdire par exemple X en Europe, mais on n'en est pas là.
15:41Il faut bien comprendre aussi que, alors d'abord il faut rappeler que Mark Zuckerberg, s'il change ainsi de position,
15:47évidemment c'est lié à l'élection de Donald Trump et on voit l'ensemble des géants de la tech se ranger au garde-à-vous derrière le nouveau président américain.
15:53Et puis il a beaucoup à se faire pardonner, puisqu'il faut se rappeler qu'il avait suspendu,
15:58que Facebook avait suspendu le compte, l'accès à Donald Trump au moment de l'assaut du Capitole,
16:04après le 6 janvier 2021, et que son compte n'a été rétabli je crois qu'en 2023.
16:08Et il faut bien comprendre concrètement les conséquences que ça peut avoir,
16:12que ça va en tout cas très concrètement virer, comme le dit Mark Zuckerberg, se débarrasser des fact-checkers, des services de vérification de l'info.
16:19Il veut les remplacer par des notes qui pourraient être déposées sur des informations erronées,
16:26mais des notes de contexte publiées par des utilisateurs volontaires, lesquelles sont ensuite soumises éventuellement au vote des contributeurs.
16:32C'est-à-dire que ce serait des contributeurs, donc ça ne peut faire que politiser davantage.
16:36On sait que ce sont des militants d'un certain nombre d'obédiences qui vont se mobiliser davantage.
16:40C'est déjà ce que fait Elon Musk sur X, on a vu d'ailleurs la dégradation du contenu de ce qu'on peut lire aujourd'hui sur X.
16:46Donc ça a des conséquences très concrètes, et évidemment que ce sont des décisions qui contribuent un peu plus à brouiller le rapport à l'information,
16:54et même à développer ce qu'on appelle effectivement la désinformation, les fake news, etc.
16:58Donc c'est une menace, et à terme, sans verser dans le catastrophisme, au nom de la liberté d'expression,
17:05et là je rejoue un signe d'un courage, c'est vrai qu'il y a deux lectures historiques et idéologiques différentes selon qu'on est d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique,
17:11mais au nom de cet étendard, il y a un vrai risque de désinformation, et donc à terme, évidemment, ça contribue à l'affaiblissement de nos démocraties.
17:21Oui, voilà absolument, un affaiblissement démocratique, et c'est là où je voulais en venir Renaud Delis, c'est-à-dire que c'est la responsabilité de nos états européens,
17:28et au sein de nos états, des responsables politiques, et pour moi, il y a un mouvement qui est en train d'être initié,
17:34qui s'appelle HelloKittX ou KittX, pour quitter justement ce réseau Twitter d'ici le 20 janvier, jour officiel d'intronisation de Donald Trump,
17:43je ne sais pas si ça fonctionnera ou non, mais je pense qu'il y a là des signaux qu'il faut aussi savoir envoyer,
17:49de la part de ceux qui sont aux manettes de notre état, et de pourquoi est-ce que tous nos gouvernements...
17:55Parce qu'eux-mêmes communiquent sur KittX, le président de la République le premier.
17:59Ce sont des réseaux très puissants, c'est très difficile quand on...
18:02Oui mais sur Blue Sky aussi, ça peut tout à fait le devenir.
18:05Donc il y a un mouvement de translation à faire vers des réseaux plus apaisés, en sachant que si ces réseaux sont ouverts,
18:11les usines à trolls et les déstabilisations finiront par venir sur ces réseaux.
18:15Cette bataille va être très compliquée à mener, mais il faut la mener, je suis d'accord.
18:19On le voit chez les journalistes, il y a certains médias qui ont décidé de se retirer...
18:23Et pas que des médias, de l'école du Louvre !
18:26De rester quand même sur X, c'est difficile de faire un choix.
18:29Pourquoi pas, mais je pense que c'est un peu essayer de vider l'océan avec une petite cuillère.
18:34Je ne sais pas, c'est des initiatives personnelles, regardez, il y a des institutions qui le font,
18:37et moi je pense que si tout le monde se met dans une dynamique, la dynamique aura une influence.
18:42Je crois qu'il faut regarder le résultat des élections américaines.
18:45Quand on voit le peuple américain réélire de façon aussi spectaculaire Donald Trump,
18:49je pense que le fait que des institutions, comme vous dites, y compris avec le caractère d'officialité
18:54que peuvent leur conférer un certain nombre d'électeurs de Donald Trump,
18:57prennent ce type de décision, ça peut avoir exactement l'effet inverse.
19:01Et puis de surcroît, si Mark Zuckerberg prend cette décision, c'est aussi parce qu'il y a un certain nombre de Trumpistes,
19:05même de nombreux Trumpistes qui avaient pris leur distance avec ces réseaux,
19:08et qui veulent en ramener aussi sur ces réseaux.
19:10Donc je ne crois pas tellement à cette hypothèse-là, sauf si évidemment il y avait un effondrement économique.
19:14Il y a des motivations économiques et financières évidentes dans les décisions des géants de la tech,
19:18et si demain ça ne marche plus, si son modèle ne marche plus, Elon Musk en changera pour X par exemple, sans aucun doute.
19:22Je ne pense pas qu'on en est là et je ne suis pas sûr que le fait que des journalistes quittent ce réseau ait ses conséquences.
19:27Non, je ne parle pas des journalistes, je parle d'un départ global.
19:28Oui, mais le problème c'est que quand vous regardez encore une fois les électeurs,
19:30les électeurs ils penchent plus de l'autre côté, en tout cas aux Etats-Unis aujourd'hui.
19:33Oui, non mais bien entendu.
19:34Si Emmanuel Macron disait demain je quitte X, il se passe quoi ?
19:37Il a commencé à critiquer quand même la politique d'Elon Musk de manière assez visible.
19:42Il y a eu une bataille qu'on ne voit pas trop derrière tout ça aussi,
19:46ce qui est assez américaine, c'est la bataille du wokisme.
19:48C'est-à-dire qu'il y a quand même eu un courant, disons progressiste, démocrate aux Etats-Unis
19:56qui a voulu justement essayer de limiter les atteintes aux minorités.
20:04Et c'est contre ça que Trump s'est élevé et que sa victoire politique renforce le camp des anti-wok.
20:11Ça c'est encore autre chose.
20:12C'est encore autre chose mais c'est dans la décision de Zuckerberg aussi.
20:14Justement l'enjeu, me semble-t-il, c'est l'enjeu de l'information.
20:17C'est l'information contre l'idéologie, contre les idéologies.
20:20C'est-à-dire qu'encore une fois le boycott, pourquoi pas ?
20:23On a plus la conscience tranquille si on boycotte.
20:25Je parle d'un déménagement, je ne parle pas d'un boycott.
20:27Ce n'est pas pareil, ce n'est pas de se laver les mains en retirant les mains et en ne les ayant plus nulle part.
20:31Le problème...
20:32Me semble-t-il, c'est qu'arithmétiquement, il y a de plus en plus d'électeurs qui basculent de l'autre côté.
20:37C'est-à-dire qui effectivement considèrent que les journalistes, les institutions, les chefs d'État,
20:42même si Emmanuel Macron quitte X demain, ça renforcera aussi l'argumentaire d'Elon Musk et des Trumpistes.
20:49Donc je ne suis pas persuadé d'une part de l'efficacité d'un point de vue économique
20:53et d'autre part, je pense que ça ne fait pas la pédagogie de l'autre modèle.
20:58Et l'autre modèle, c'est lequel ?
20:59C'est effectivement le modèle de l'information libre, vérifiée, recoupée, qui est un garant de démocratie.
21:05Donc c'est beaucoup plus compliqué à faire cette pédagogie qu'à dire en quelques mots, j'en suis conscient.
21:10Mais je pense que le véritable enjeu est là et que c'est en soulignant à l'inverse les erreurs, les fake news,
21:17les opérations de manipulation, de désinformation effectuées par un certain nombre de vrais faux réseaux
21:23qui sont devenus effectivement des menaces, qu'on peut peut-être à terme inverser le cours des choses.
21:28On va y réfléchir tous, les journalistes en plus, c'est important.
21:30Merci à tous les trois, Sophie Drevinel, chroniqueuse politique chez Public Sénat.
21:34Merci d'être passée.
21:35Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Abs,
21:37on en profite pour jeter un coup d'œil à la nouvelle une de cette semaine qui sort aujourd'hui.
21:42Jean-Marie Le Pen, l'héritage empoisonné.
21:45C'est à lire cette semaine.
21:46Merci Renaud.
21:47Merci, salut.
21:48Les informés du soir, c'est à partir de 20h avec Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.