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00:00Générique
00:13Bonsoir à toutes et à tous et bienvenue sur France Info, à la radio et à la télé Canal 27.
00:19De la TNT, des informés en édition spéciale ce soir dans l'attente imminente du verdict
00:24au procès de l'assassinat de Samuel Paty, ce professeur tué à la sortie de son collège
00:29il y a 4 ans, invité, réaction, analyse, nous serons en direct depuis la cour d'assise
00:34spéciale de Paris, nous parlerons des conséquences de ce procès, de ce verdict sur le monde
00:39enseignant, sur la société, ce qui a été fait aussi depuis 4 ans, et la mort de Samuel
00:44Paty suivie 3 ans plus tard de l'assassinat d'un autre professeur, Dominique Bernard.
00:48Pour en parler ce soir avec nous, David Di Giacomo, bonsoir David.
00:51Bonsoir.
00:52Chef du service Police Justice de France Info Radio, Marie-Estelle Pêche est avec nous,
00:57bonsoir.
00:58Bonsoir.
00:59Présidente de la commission d'éducation, rédactrice en chef société à Marianne,
01:02à vos côtés Véronique Reyssoult, bonsoir.
01:04Présidente de Backbone Consulting, maître de conférences en communication de crise
01:08à Sciences Po, Quentin Calment est également là, bonsoir.
01:10Bonsoir Victor.
01:11Journaliste politique à Public Sénat et Delphine Girard, bonsoir.
01:15Merci d'avoir accepté l'invitation de France Info, professeure de lettres classiques dans
01:19le Val-de-Marne, cofondatrice du collectif Vigilance Collège Lycée et vice-présidente
01:25du comité Laïcité République.
01:29C'était le 16 octobre 2020, à Conflans-Saint-Honorin, en région parisienne, Samuel Paty, professeur
01:35d'histoire-géographie, était sauvagement assassiné à la sortie de son collège, décapité
01:40par un jeune réfugié russe d'origine tchétchène qui sera presque immédiatement abattu par
01:45la police, une dizaine de jours après le début d'une affaire qui s'est totalement
01:50emballée.
01:51On y reviendra, le professeur, lors d'un cours sur la liberté d'expression, avait montré
01:55des caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo.
01:58Le procès de cet assassinat s'est tenu depuis le 4 novembre devant la cour d'assises spéciale
02:04de Paris.
02:05Le verdict est rendu en ce moment même.
02:07Nous nous rendons tout de suite devant cette cour d'assises spéciale.
02:10Noémie Lechoul est en direct avec nous, spécialiste des questions judiciaires pour France Info
02:16Télé.
02:17Noémie, racontez-nous, décrivez-nous ce qui se passe dans cette salle d'audience.
02:20Écoutez, le président est en train de rendre son verdict devant une salle aux trois quarts
02:27pleines, une salle immense, ça fait beaucoup de personnes présentes ce vendredi soir pour
02:32assister à ce verdict, un verdict très attendu, redouté aussi par les proches de Samuel Paty
02:37qui craignait une clé monstre de cette cour d'assises spéciale puisque les réquisitions
02:44n'avaient été selon eux pas à la hauteur de la gravité des faits et à l'instant,
02:48on vient d'apprendre, la cour d'assises reconnaît les deux amis du terroriste Abdullah Ansourof
02:53coupables de complicité alors que lundi, les deux représentants du parquet antiterroriste
02:58avaient décidé de ne pas retenir cette qualification, estimant que, certes, ces deux amis du terroriste
03:05l'ont accompagné à acheter des armes, l'un d'eux l'a déposé devant le collège mais
03:08que rien ne permettait d'avoir la certitude qu'ils étaient au courant de son projet d'attentat.
03:13Les représentants du parquet antiterroriste avaient donc décidé d'abandonner la qualification
03:18de complicité, elle est retenue par cette cour d'assises spéciales, la peine encourue
03:21et donc la réclusion a perpétuité, on ne sait pas encore à quelle peine ces deux
03:24hommes vont être condamnés mais déjà des réactions dans la salle d'audience avec
03:27des proches qui ont crié, se sont mis à pleurer, le président leur a demandé de
03:32garder le silence et puis on sait aussi que Brahim China, le père de la collégienne
03:36qui avait menti et Abdelhakim Seyfrioui, le prédicateur islamiste, ces deux hommes qui
03:41avaient relayé le mensonge de la collégienne, avaient traité Samuel Paty de voyou via
03:46les réseaux sociaux, et bien se sont reconnus tous les deux coupables d'associations de
03:49malfaiteurs terroristes, là encore, on saura fixer dans quelques minutes sur la peine
03:53à laquelle la cour d'assises spéciales a décidé de les condamner ce soir.
03:56Noemil Schultz en direct de cette cour d'assises spéciales de Paris, je me tourne vers vous,
04:02David Di Giacomo, chef du service Police Justice de France Info, on avait dit, on l'a beaucoup
04:07dit, les familles, les proches craignaient des condamnations plutôt clémentes au regard
04:11des réquisitions, finalement, les premiers éléments qu'on a, cela va au-delà de
04:15ces réquisitions, c'est une surprise.
04:16Voilà, Victor, alors bien sûr, on attend les peines, c'est l'essentiel, mais en fait,
04:21lors des réquisitions, le parquet national antiterroriste avait dit, pour les deux amis
04:25du terroriste, laisser tomber la complicité d'assassinat, pour nous, elle n'existe pas,
04:31c'est une association de malfaiteurs terroristes.
04:33En clair, pour le parquet national antiterroriste, dans ces réquisitions, les deux amis n'avaient
04:38pas conscience du projet terroriste d'Abdelhak Hamdzarouf, et là, ce qu'on voit avec ce
04:44verdict, c'est que finalement, ils sont bien condamnés à la complicité d'assassinat
04:49terroriste.
04:50La peine encourue, c'est la perpétuité, donc là, on attend de savoir, mais on va déjà
04:55bien au-delà des réquisitions qui avaient été prises en début de semaine.
05:00Donc ça, c'est vraiment le premier élément à retenir, en effet.
05:03Et ce que l'on sait déjà, c'est que les huit accusés sont reconnus coupables ce soir,
05:07David.
05:08Pour que l'on comprenne bien ce qui va se passer dans cette cour d'assises, ce que l'on
05:12va savoir ce soir, le verdict, ça prend combien de temps généralement ? Comment
05:17est-ce que cela se déroule exactement ?
05:18Oui, vous voyez, là déjà, on sait que les huit accusés sont reconnus coupables.
05:23Ensuite, le président, ce qu'il peut faire, c'est motiver la décision, c'est-à-dire
05:27donner des explications pour chacun d'entre eux.
05:29Dans ce cas-là, ça peut prendre plus de temps.
05:31De toute façon, ce verdict, il sera motivé, les raisons, elles seront connues.
05:35Alors, soit il le fait à l'audience, soit c'est connu un peu plus tard, transmis au
05:39parti par écrit.
05:40La durée, ça peut être plusieurs dizaines de minutes, mais on sera fixé, je pense,
05:45très très vite sur les peines.
05:46Là, c'est vraiment une question de minutes.
05:48A retenir aussi, pour le père de la collégienne et le prédicateur islamiste Abdel Hakim Seyfri,
05:55que l'association de malfaiteurs terroristes est également retenue par la cour, puisqu'il
06:00y avait une question à ce sujet.
06:01Est-ce qu'il y avait une intention terroriste dans leur campagne de haine en ligne contre
06:07Samuel Paty ?
06:08La cour d'assises spéciale dit oui.
06:10Je voudrais qu'on reste avec vous, David Di Giacomo, avant de donner la parole à nos
06:14autres invités, nos autres informés, parce que c'est une affaire complexe, un dossier
06:18éminemment étendu.
06:20Rappelez-nous qui sont ces principaux accusés dans ce procès et ce qu'ils risquent.
06:23On en a déjà parlé, en commençant par ceux qui s'exposent aux peines les plus lourdes
06:27en attendant ces peines.
06:28Ce sont les deux amis, on l'a dit, du terroriste.
06:30Voilà, les deux jeunes amis du terroriste, effectivement, qui vivaient à côté de chez
06:34lui, à Évreux, et ils ont apporté un soutien logistique, c'est-à-dire qu'ils ont acheté
06:41les armes avec Abdoula Kantzouroff, et puis l'un des deux, celui qui avait le permis
06:45de conduire, s'est rendu avec le terroriste à Conflans-Saint-Honorin, où il l'a déposé,
06:52et c'est juste après qu'il assassinera Samuel Paty.
06:56Donc, ce sont les deux accusés qui risquent le plus et qui sont reconnus coupables de
07:02complicité d'assassinat terroriste.
07:05On ne sait pas encore quelle peine va être décidée.
07:08Deuxième groupe d'accusés dans ce procès, si l'on peut dire, le père de l'élève à
07:11l'origine de toute cette affaire, et puis ce fameux prédicateur qui a notamment publié
07:15une vidéo sur les réseaux sociaux.
07:16Oui, exactement.
07:17Pour eux, ce qu'on dénonce, c'est effectivement, comme je le disais, cette campagne de haine
07:23en ligne, d'avoir relayé ces vidéos.
07:27En clair, c'est ce qu'on entendait dans les réquisitions, d'avoir mis une cible sur
07:32le professeur d'histoire-géo, sur Samuel Paty, et ensuite, un terroriste qu'ils ne
07:37connaissaient pas.
07:38Il faut le rappeler, Abdoula Kantzoroff a vu une partie de ces vidéos, il a échangé
07:45avec le père de la collégienne, et puis ensuite, il s'est rendu neuf jours plus tard aux abords
07:53de ce collège pour assassiner le professeur.
07:55Et puis il y a ce troisième groupe d'accusés qui concerne ce que l'on appelle la diadosphère.
07:59Voilà, c'est ça.
08:00Là, ce sont quatre accusés qui sont aussi reconnus coupables, mais les peines seront
08:04beaucoup plus réduites.
08:05Ce qui avait été requis, c'était des peines allant de 18 mois de prison avec sursis jusqu'à
08:10trois ans et demi de prison ferme, donc des peines beaucoup plus faibles.
08:13Eux, ce qu'on leur reproche, c'est d'avoir échangé sur les réseaux sociaux, avant
08:17le passage à l'acte du terroriste, avec lui, d'avoir échangé autour, effectivement,
08:22de l'islam radical.
08:24Mais ce sont vraiment, pour le coup, des accusés qui ont un rôle secondaire dans cette affaire.
08:30Avant d'entrer dans le détail de ce que représente ce procès, bien sûr, et de ce
08:33verdict que l'on commence à connaître, les conséquences dans le monde de l'éducation
08:37notamment.
08:38Je me tourne vers vous, Véronique Reys-Soulpe, notre vigie sur les réseaux sociaux, dans
08:42les informistes.
08:43Procès, il intéresse les Français, c'est une certitude, on le voit au nombre de discussions
08:47en ligne.
08:48Il y a effectivement énormément de discussions.
08:50Plus le verdict approche, plus les internautes se posent des questions.
08:54On avait plus de 400 000 messages depuis le début du procès, ce qui est quand même
08:59énorme.
09:00Alors, vous avez évidemment des batailles d'idées, mais globalement, les réseaux sociaux
09:04ayant joué un rôle majeur, vous l'avez rappelé, c'est effectivement un lieu où les uns et
09:10les autres s'interrogent, non seulement sur le verdict, mais aussi sur la réalité de
09:14ce que l'on pourra faire à l'avenir pour protéger.
09:17Et ce n'est pas si simple, on aura sans doute le temps d'y revenir, mais ce n'est pas si
09:20simple que ça.
09:21Parlons de l'école, des élèves bien sûr, mais aussi des professeurs, Delphine Gérard
09:25vous enseignait les lettres classiques, on va revenir sur ce qu'ont changé les assassinats
09:29de Samuel Paty, mais aussi de Dominique Bernard l'an dernier tué à Arras, dans le Pas-de-Calais.
09:34D'abord, ce procès et ce verdict, je vous propose d'écouter Joël Alazar, elle était
09:38tout à l'heure l'invité de France Info, elle a témoigné pendant ce procès, Samuel
09:42Paty, parlant de traumatisme, elle est présidente de la principale association de professeurs
09:47d'Histoire Générale, elle raconte que ce procès a été un sujet entre enseignants
09:50et en salle d'épreuve.
09:51En revanche, je me suis demandé si c'était vraiment un sujet qui s'imposait partout ailleurs
09:58dans la société.
09:59Mais je n'ai pas eu l'impression qu'on avait été vraiment soutenus, on n'a entendu aucune
10:05grande voix politique pendant ces deux mois, depuis le 4 novembre, et puis je crois que
10:10les enjeux du procès n'ont pas été forcément bien compris par l'ensemble de la société
10:17Joël Alazar, Delphine Gérard, vous êtes également enseignante, je l'ai dit, cofondatrice
10:21de ce collectif Vigilance Collège Lycée, vous partagez ce que l'on vient d'entendre ?
10:25Je partage le constat de ma collègue qui est que le monde enseignant a été extrêmement
10:31bouleversé, l'assassinat de Samuel Paty fait date dans l'histoire de l'éducation,
10:37fait date maintenant dans l'inconscient collectif de tous les enseignants, c'est
10:40le didet de l'éducation, il doit y avoir un avant et un après, et je partage aussi
10:45son idée qu'il y a eu certes une prise de conscience de la difficulté dans laquelle
10:50était l'école, qui est maintenant une cible avérée des islamistes, mais on n'a
10:55pas forcément l'impression que cette prise de conscience a gagné l'ensemble de la
10:59société et effectivement l'ensemble de la classe politique.
11:01Comme si finalement la mort de Samuel Paty et ce procès, surtout aujourd'hui, ne concernait
11:06que le monde éducatif ?
11:07D'une certaine manière oui, il y a quelque chose comme ça, il y a quelque chose qui
11:11a bouleversé le monde enseignant en profondeur, qui marque je crois l'histoire de tous les
11:15acteurs de l'éducation, il y a eu, il est vrai, une réaction de la part du pouvoir
11:20exécutif qui a voulu montrer que le pas de vaguisme pour le coup était marqué d'un
11:26avant et d'un après Samuel Paty, il y a eu un certain nombre de mesures, un certain
11:29nombre de prises de conscience de la part du politique à ce moment-là, mais on n'a
11:33pas le sentiment que la société dans son ensemble, et surtout la classe politique dans
11:37son ensemble, a pris conscience du symbole que revêtait cet assassinat, c'est un attentat
11:44contre l'école à travers Samuel Paty, c'est l'école qui est visée, c'est-à-dire l'école
11:48comme lieu de transmission des savoirs, comme lieu de pensée universaliste, comme lieu
11:53de formation des citoyens, c'est-à-dire qu'en fait c'est le cœur de la société
11:56qu'on a voulu viser à travers la personne de Samuel Paty, et ce drame, qui du coup
12:00est un drame pour la République entière, on n'a pas l'impression que l'ensemble
12:05de la classe politique en a pris la mesure, notamment à gauche.
12:08Et pendant que nous parlons, le verdict lui continue d'être rendu, David Di Giacomo ?
12:12Oui, voilà, avec une condamnation que je peux vous donner, celle de Brahim Chnina,
12:1752 ans, c'est le père de la collégienne qui a fait croire que Samuel Paty lui avait
12:21demandé de sortir de classe avant la fameuse diffusion des caricatures de Mahomet, et bien
12:26il est condamné à 13 ans de réclusion criminelle, c'est au-delà des réquisitions, puisque
12:3210 ans avaient été requis, il est condamné à 13 ans, on attend ensuite les autres peines,
12:38mais comme on va déjà au-delà des réquisitions, en anticipant un petit peu, on peut imaginer
12:44qu'il y aura peut-être des appels de la part des uns et des autres, mais enfin on
12:48va quand même attendre d'entendre leurs avocats, en tout cas voilà, Brahim Chnina,
12:52coupable d'association de malfaiteurs terroristes, le père de la collégienne, est condamné
12:56ce soir à 13 ans de réclusion criminelle, on attend les autres peines pour les autres
13:01principaux accusés.
13:02Et je vous vois acaisser de la tête Delphine Gérard, on vous redonnera la parole dans
13:05un instant, le temps de dérouler le Fil info, puisqu'il est 20h16, Emmanuel Langlois.
13:09Et après 7 semaines d'audience lors du verdict au procès de l'assassinat de Samuel Paty
13:14devant la cour d'assises spéciale de Paris, les 8 accusés impliqués à des degrés divers
13:19sont tous reconnus coupables, notamment les deux amis du tueur de Samuel Paty, reconnus
13:23coupables de complicité d'assassinat, le détail des peines est en train d'être
13:28égrené au tribunal.
13:30Eux disent avoir reçu un coup de poignard dans le dos, les 310 salariés de la fonderie
13:34de Bretagne sont sous le choc après l'échec de la réunion de la dernière chance ce matin
13:39sur l'avenir du site, leur principal client Renault a en effet annoncé refuser de s'engager
13:44sur des volumes de commandes jusqu'en 2028, conséquence, le potentiel repreneur de l'usine
13:49va se retirer.
13:50Après avoir passé 5 mois en détention, Paul Watson lui a atterri tout à l'heure à l'aéroport
13:56Voici Charles de Gaulle, il doit passer les fêtes en France où sa famille réside, le
14:01Danemark où il était détenu avait rejeté mardi la demande d'extradition du Japon,
14:05l'arrestation du militant écologiste âgé de 74 ans avait suscité un grand élan de
14:10solidarité.
14:11Enfin les Etats-Unis, à nouveau au bord du shutdown avant Noël, après les échecs successifs
14:17de plusieurs textes au congrès, alors qu'aucune issue à la crise ne se dessine pour le moment,
14:22les élus ont jusqu'à ce soir à minuit hors local pour éviter la paralysie budgétaire
14:27de l'Etat fédéral.
14:28Et bienvenue si vous nous rejoignez dans Les Informés, je vous le rappelle en édition
14:41spéciale le verdict rendu en ce moment même au procès de l'assassinat de Samuel Paty,
14:47on va revenir dans un instant sur de nouvelles peines prononcées, David Di Giacomo toujours
14:52avec nous, service police-justice de France Info, Marie-Estelle Pech, spécialiste des
14:56questions d'éducation à Marianne, Véronique Reys-Soult, Backbone Consulting, Quentin
15:00Calmet de Public Sénat et Delphine Girard, enseignante et co-fondatrice notamment de
15:04ce collectif Vigilance Collège-Lycée, David Di Giacomo, effectivement une nouvelle peine
15:09qui vient d'être prononcée.
15:10Oui en effet, on va le rappeler, les 8 accusés sont reconnus coupables et là donc nos journalistes
15:16qui sont à l'intérieur de la salle d'audience de cette cour d'assises spéciale nous communiquent
15:21les peines au fur et à mesure qu'elles sont prononcées et donc là on apprend à l'instant
15:25qu'Abdel Hakim Seyfrioui, le prédicateur islamiste, est condamné à 15 ans de réclusion.
15:31Là aussi c'est plus que ce qui avait été requis puisque 12 ans avaient été requis
15:35à son encontre.
15:36Qu'est-ce qu'on lui reproche lui ? Eh bien on lui reproche d'avoir été, comme le père
15:41de la collégienne dont je vous parlais il y a quelques instants, à l'origine vraiment
15:45de la campagne de haine en ligne à l'encontre de Samuel Paty, de l'avoir traité notamment
15:50de voyou dans une de ses vidéos et donc d'avoir mis en quelque sorte une cible sur Samuel
15:56Paty puisque c'est après la diffusion de ses vidéos qu'Abdoulak Ansourof, qui habitait
16:03à Évreux, qui ne connaissait ni Abdel Hakim Seyfrioui ni le père de la collégienne, eh
16:09bien en voyant ses vidéos a décidé d'assassiner Samuel Paty.
16:14Donc ce prédicateur islamiste âgé de 65 ans écope ce soir de 15 ans de réclusion.
16:19Delphine Girard, une première réaction à ces peines, on l'a entendu.
16:23Au-delà des réquisitions, on parlait du fait que ce procès finalement se cantonnait,
16:28ce que vous le disiez au monde éducatif, que la société ne se sentait pas forcément
16:32concernée.
16:33Est-ce que cela peut changer un peu le regard d'avoir ces peines-là assez lourdes tout
16:36de même ?
16:37Honnêtement, il est très difficile pour les enseignants de suivre ce procès avec objectivité
16:41et avec rationalité, parce que la rationalité est un peu submergée par la colère, par
16:46la révolte.
16:47Et on attendait beaucoup, beaucoup de ce procès, on attendait de l'apaisement, on avait une
16:52soif de réponses et quand même, il faut dire, je ne dis pas de vengeance, mais en
16:57tout cas d'une justice dont on attendait qu'elle aille un petit peu au-delà.
17:00On refermait un chapitre aussi en quelque sorte.
17:02Voilà, quelque chose qui pense les plaies.
17:03Et c'était peut-être trop attendre finalement de ce procès parce que la justice suit son
17:09cours et que les réquisitions avaient été un petit peu décevantes, il faut le dire
17:15quand même.
17:16On trouvait que mettre une cible au cours d'une fatwa numérique assumée sur le dos
17:23d'un professeur, c'était peu cher payé une fois qu'il a été décapité que dix
17:28ans.
17:29Je trouve qu'en allant un peu au-delà, on marque un peu plus de considération et surtout
17:34on prévient quand même tous ceux qui seraient tentés de le faire, tous les prédicateurs
17:39sur Internet, qu'on ne peut pas impunément mettre une cible dans le dos d'un professeur.
17:43Marie-Estelle Pêche.
17:44Ce n'est pas si fréquent d'avoir, habituellement, le parquet demande des peines plus fortes
17:50que ce qui se passe au final, donc c'est quand même, je ne sais pas si, on ne peut
17:56pas présumer du fait que la famille ou que les partis de Samy El Paty ou que les partis
18:01civils ont été entendus par les juges, ce n'est pas comme ça que ça se passe,
18:06mais enfin, je pense que ça peut peut-être mettre un peu d'apaisement parce que ces
18:10derniers jours, c'est vrai qu'on a senti que la famille de Samy El Paty était quand
18:13même très, très déçue par le réquisitoire du parquet.
18:17Et ce qui est intéressant aussi, c'est que même si le parquet a insisté, par exemple,
18:26sur le fait que les deux hommes qui ont participé à la logistique, qui ont amené en voiture
18:34Samy El Paty, pardon, Hans Arof, le meurtrier sur le lieu du crime, qui ont participé aussi
18:42à l'achat d'une arme, on avait l'impression qu'ils dédouanaient un peu ces deux hommes
18:47de tout ce qu'ils ont mis en place, quand même, sans savoir forcément le projet final.
18:52Mais en même temps, ces hommes, même s'ils ne savaient pas que Hans Arof allait tuer,
18:56ils savaient qu'il était extrêmement radicalisé, qu'il était violent, qu'il baignait dans
19:00un contexte quand même tout à fait particulier et qu'ils pouvaient difficilement ne pas percevoir
19:07qu'il était capable de passer à l'acte en réalité.
19:09Et c'est ça aussi ce que signifie ce verdict d'aujourd'hui, ça témoigne du fait qu'effectivement,
19:19ils ont bien participé à cette entreprise terroriste, même s'ils ne savaient pas réellement,
19:25de façon précise, ce qu'Hans Arof allait faire, in fine.
19:28Quentin Calmet, une réaction, on ne vous a pas encore entendu.
19:31Oui, moi je retiens effectivement cette dureté du verdict, alors qu'effectivement il y avait
19:37ce contexte des parties civiles qui étaient très déçus par les derniers jours de procès
19:43et donc effectivement les tenants de la rumeur qui, eux, plaidaient l'acquittement.
19:47On avait vu leurs avocats vraiment très véhéments ces derniers jours pour dire qu'ils n'étaient
19:53pas du tout terroristes, que le père de famille qui avait donc voulu défendre sa fille, c'était
20:00un bon père de famille, qu'il avait voulu simplement prendre fait cause pour sa fille
20:04sans remettre en cause le récit de l'adolescente.
20:07Et le prédicateur islamiste, alors lui, il avait dit qu'effectivement le terroriste
20:12n'avait pas vu ces messages, qu'il n'avait donc aucun lien avec ce qui s'était passé
20:16devant le collège de Confluence-Saint-Honorin.
20:19Donc on voyait ce récit qui montait depuis plusieurs jours aussi dans la presse, qui
20:23faisait l'écho de ces plaidoiries.
20:25On se disait qu'il y avait ce risque de voir ces deux personnalités qui avaient été
20:29à l'origine de la rumeur et qui avaient vraiment été les causes du passage à l'acte du terroriste
20:34être presque peut-être exemptées de peine.
20:37C'était vraiment la crainte pour les parties civiles et pour la famille de Samuel Paty.
20:40On voit que ce soir, non seulement ils sont condamnés, mais en plus effectivement, ils
20:44sont condamnés à des peines plus lourdes que ce qui était requis depuis lundi.
20:48Donc on voit que la Cour n'est pas du tout allée dans le sens du récit des derniers
20:51jours qui avait eu lieu au procès, mais a bien voulu marquer la responsabilité de ces
20:56causeurs de rumeurs qui sont donc maintenant directement jugés coupables de l'assassinat
21:01ou en tout cas indirectement de la mort de Samuel Paty.
21:03Vous avez dit déjà comment ?
21:04Oui, voilà, donc une petite précision, on connaît donc maintenant les peines concernant
21:08les quatre principaux accusés.
21:09On peut peut-être les rappeler effectivement pour ceux qui nous rejoignent.
21:11Donc les deux jeunes amis du terroriste Abdullak Ansaroff, dont on a parlé, qui ont apporté
21:18le soutien logistique, ils sont considérés par la Cour d'assises spéciales comme complices
21:22de l'assassinat.
21:23Ils en courraient jusqu'à la perpétuité.
21:26Ils sont condamnés tous les deux à 16 ans de réclusion.
21:29Pour l'un, c'est conforme aux réquisitions, pour l'autre, c'est un petit peu supérieur,
21:34de deux ans plus précisément.
21:35Et puis ensuite, juste derrière, le prédicateur islamiste Abdelhakim Seyfrioui, qui a publié
21:43ses vidéos à l'encontre de Samuel Paty, le traitant notamment de voyous, on en parlait,
21:48est condamné à 15 ans.
21:49Enfin, le père de la collégienne, Brahim Chmina, à l'origine de la toute première
21:56vidéo, cette collégienne qui avait menti en disant que Samuel Paty lui avait demandé
22:02de sortir de son cours avant de parler et de montrer les caricatures de Mahomet, eh
22:08bien lui, il est condamné à 13 ans de réclusion.
22:11Donc voilà, les quatre principales peines, ce sont 16 ans pour les amis et 15 et 13 pour
22:18les deux auteurs de cette campagne de haine en ligne qui a ciblé Samuel Paty.
22:23Véronique Reyssoult.
22:24Les 13 ans, c'est extrêmement intéressant parce que globalement, il n'a pas que dit
22:29que c'est un voyou, parce que si c'était que un voyou, c'est une injure et une injure,
22:34ce n'est pas bien d'injurer les gens, mais vous n'êtes pas puni, ce n'est pas répréhensible.
22:38Après, il y avait le niveau au-dessus qui est la diffamation, mais surtout, c'était
22:43la mise en danger.
22:44Et là, il a quand même donné son nom, son numéro de téléphone et l'adresse du collège.
22:49Donc, il était vraiment à la base.
22:50Et ce qui est intéressant, c'est que comme c'est très difficile de réguler sur les
22:53réseaux sociaux, on y reviendra sans doute.
22:55Mais ce qui est très compliqué, c'est qu'à priori, vous ne pouvez pas retirer la vidéo
23:00de quelqu'un qui est en train de critiquer quelqu'un d'autre, ou alors on rentre dans
23:02une autre logique.
23:04Et donc là, la peine, elle est suffisamment forte pour faire peur, pour que chacun craigne
23:09et qu'on puisse systématiquement retirer.
23:12On n'a pas à partager le numéro de téléphone, l'adresse de quelqu'un, quelle que soit
23:16cette personne.
23:17Donc, les 13 ans, c'est extrêmement fort parce que je vois bien sur les réseaux cet
23:20après-midi, les uns et les autres disaient oui, mais bon, il avait quand même le droit.
23:24Non, 13 ans, ça dit, on n'a pas le droit de donner le nom et le numéro de téléphone
23:28de quelqu'un que l'on insulte.
23:29En tout cas, ça va effectivement, pour aller dans le sens de ce que vous dites, ça va
23:33même au-delà, puisque pour ces deux-là, c'est l'association de malfaiteurs terroristes
23:38qui est reconnue, alors qu'on se posait la question sur cette notion de terrorisme.
23:42Il y avait vraiment cette crainte chez les proches et la famille, effectivement, que
23:46cette caractéristique ne soit pas.
23:47C'était effectivement les craintes des parties civiles.
23:49Voilà, donc on touche à la fin du verdict et je pense qu'on va bientôt retrouver nos
23:54journalistes sur place pour avoir les réactions de la famille de Samuel Paty et effectivement
24:01des avocats de la Défense, notamment pour savoir s'ils comptent faire appel et s'il
24:05y aura un procès en appel pour cette affaire.
24:07Et vous êtes bien informé, David Di Giacomo, parce que l'on va retrouver justement Margot
24:11Steeve qui vient de sortir de cette salle d'audience.
24:14On l'a dit, Margot, vous allez nous raconter l'ambiance pendant ce verdict, les huit accusés
24:19qui ont donc été reconnus coupables, Margot.
24:23Oui, un verdict rendu dans une ambiance très tendue.
24:26A l'annonce des peines, on entend les sanglots des familles des accusés, des cris de surprise,
24:30notamment pour les peines prononcées pour les deux amis du terroriste condamné ce soir
24:35pour complicité d'assassinat terroriste, pour avoir apporté, selon la Cour, une aide
24:40et une assistance active aux terroristes avant les faits.
24:43Pour eux, les avocats généraux, le parquet antiterroriste avait demandé une requalification
24:47à la baisse, mais la Cour a estimé que la complicité était caractérisée et les
24:52condamnent à des peines de 16 ans de réclusion.
24:55Pour le père de la collégienne, Brahim China, et le prédicateur islamiste, Abdelhakim
24:59Seyfrioui, la Cour prononce des peines de 13 et 15 ans de réclusion pour association
25:03de malfaiteurs terroristes, là aussi, au-delà des réquisitions du parquet.
25:08A l'annonce de sa peine, Abdelhakim Seyfrioui s'emporte.
25:11« J'ai compris que vous aviez fait de la politique, dit-il au Président, avant d'être
25:15coupé sèchement.
25:16Les autres accusés, membres de ce qu'on a appelé la djihadosphère, ont été condamnés
25:21à des peines globalement conformes aux réquisitions, entre un enfer et 5 ans de prison, dont 30
25:26mois avec sursis.
25:27Et l'audience vient donc d'être définitivement levée sous les cris de la fille de Brahim
25:33China, qui s'est mis à crier sur le banc « ils mentent, ils ne connaissent pas la vérité »,
25:38évacuée par les agents de sécurité avant que le Président ne lève définitivement
25:43l'audience.
25:44Merci Margaux Steve, en direct de cette cour d'assises spéciale de Paris et le verdict
25:49rendu dans ce procès de l'assassinat de Samuel Paty, quentin calmé, journaliste
25:55politique.
25:56Je me tourne vers vous.
25:57On entendait qu'Abdelhakim Seyfrioui avait dit au Président « c'est un procès politique
26:01en quelque sorte ».
26:02On parlait tout à l'heure de la société entière qui était concernée, pas seulement
26:06du monde éducatif, une réaction simplement à cette altercation, on peut dire.
26:11C'est toujours compliqué.
26:12On l'a vu cette semaine avec l'autre procès extrêmement fort et médiatique, le procès
26:17des viols de Mazan.
26:18Il y a toujours cette inquiétude qu'effectivement les juges veuillent faire de la politique
26:22mais après c'est difficile de parler à la place des juges qui, en plus là, ce ne sont
26:29que des juges.
26:30Il n'y a pas de juré dans cette cour d'assises spéciales, ce sont des magistrats professionnels
26:35qui jugent.
26:36C'est difficile de leur faire ce reproche-là mais il y a toujours cette facilité d'accuser
26:42le juge.
26:43Quand c'est trop clément ou quand c'est trop lourd, c'est la facilité.
26:49Quand on n'est pas d'accord avec un verdict, je pense qu'il faut qu'on respecte les avis
26:51de la justice.
26:52Marie-Estelle Pech ?
26:53C'est symptomatique de l'attitude des deux accusés pendant tout le procès.
26:57Ils ont tout le temps nié, diminué leur responsabilité.
27:00Brahim Sulina, on a l'impression qu'il était atteint d'amnésie, on avait l'impression
27:05même qu'il mettait tout sur le dos de sa fille collégienne, comme si lui-même n'avait
27:08pas, en tant que père, une responsabilité dans ce qui s'était passé.
27:12Ma fille a menti, j'ai cru ce qu'elle me disait, donc en gros c'est la faute de ma
27:15fille.
27:16C'était une stratégie de défense aussi.
27:17Et on a la même chose avec Monsieur Sevraoui qui, lui, a minimisé énormément sa responsabilité
27:26de cet espèce d'appel à la haine sur les réseaux sociaux, considérant qu'il n'avait
27:29pas été en lien directement avec le meurtrier.
27:32Tout ça, c'était à l'insulte de son plein gré et finalement la réaction finale, elle
27:40reflète ce qui s'est passé pendant le procès.
27:42On continue à parler de ce verdict ce soir dans le procès de l'assassinat de Samuel
27:47Paty.
27:48Restez avec nous, il est 20h30 sur France Info.
27:57Le verdict au procès de l'assassinat de Samuel Paty, les huit accusés sont tous reconnus
28:02coupables.
28:03Les deux amis du tueur du professeur d'Histoire-Géo sont déclarés coupables de complicité d'assassinat
28:08terroriste.
28:09Ils écopent chacun de 16 ans de réclusion criminelle.
28:11Brahim Chnina et Abdel Hakim Sefrioui, considérés comme les auteurs de la campagne de haine
28:16contre Samuel Paty, sont condamnés à 13 et 15 ans de prison.
28:20À Mayotte, un gendarme est mort après un malaise.
28:23Il participait à des opérations de rétablissement des réseaux de communication.
28:27À Mamoudzou, près d'une semaine après le cyclone Chido, les dégâts sont toujours
28:31considérables sur place.
28:32La majorité de la population est encore plongée dans le noir.
28:35En revanche, Emmanuel Macron a promis que tous les foyers seraient raccordés en eau
28:39à partir de demain.
28:40Un plan social d'ampleur à venir.
28:42Chez Volkswagen, le premier constructeur automobile européen prévoit de supprimer plus de 35
28:49000 postes en Allemagne d'ici 2030, avec l'espoir de dégager 4 milliards d'euros
28:53d'économies pour tenter de sauver le groupe en grande difficulté financière.
28:57En revanche, aucune fermeture d'usines n'est prévue.
29:00En Syrie, après une première rencontre avec le nouveau dirigeant suite à la chute de
29:04Bachar al-Assad il y a 12 jours, les diplomates américains saluent des messages positifs.
29:08Par ailleurs, les Etats-Unis ont décidé de ne plus offrir de récompenses pour l'arrestation
29:13de ce chef du groupe de rebelles islamistes HTS, désormais au pouvoir.
29:16Washington appelle également à un cessez-le-feu entre les Kurdes syriens et les combattants
29:21pro-turc autour de la ville de Kobané, dans le nord de la Syrie.
29:31Les informer ce soir en édition spéciale, le verdict qui vient d'être rendu au procès
29:38de l'assassinat de Samuel Paty.
29:40David Didier-Caumont est toujours avec nous, chef du service police-justice de France Info.
29:44Marie-Estelle Pêche, spécialiste des questions d'éducation, rédactrice en chef société
29:48chez Marianne.
29:49Véronique Reyssoult, présidente de Backbone Consulting, Quentin Calmet, journaliste politique
29:54à Public Sénat.
29:55Et Delphine Girard, professeure de lettres classiques dans le Val-de-Marne, vice-président
30:00du comité laïcité-république et co-fondatrice du collectif Vigilance Collège-Lycée.
30:05Retournons tout de suite du côté de la cour d'assises spéciale de Paris, retrouvée
30:10Noémie Schultz, on l'a dit, la salle d'audience qui continue à se vider puisque ce procès
30:15est terminé.
30:16Oui, mais encore beaucoup de monde à l'intérieur avec des réactions assez fortes à l'annonce
30:23de ce verdict, notamment du côté des proches de Brahim Chnina, le père de cette collégienne
30:29qui avait menti au sujet du cours sur les caricatures de Mahomet, cours où elle n'avait
30:33jamais assisté.
30:35Brahim Chnina, ce soir, est condamné à 13 ans de prison, une peine plus lourde que
30:39ce qu'avait requis le parquet antiterroriste lundi, qui avait demandé 10 ans de prison
30:43pour ce père de famille.
30:45Une de ses filles s'est donc mise à crier, on dit des mensonges sur mon père.
30:50Voilà, une ambiance donc assez tendue dans cette salle d'audience.
30:54Brahim Chnina, condamné notamment parce que vous ne pouviez pas méconnaître le risque
30:58que certains d'atteintes à l'intégrité physique que vous faisiez courir à Samuel
31:02Paty en postant ces vidéos.
31:04Voilà ce que la cour d'assises a motivé au moment de rendre son verdict.
31:09La cour d'assises qui a pris en compte toutefois le fait qu'il n'ait pas démontré que
31:12Brahim Chnina ait souhaité l'issue fatale, donc l'assassinat de Samuel Paty.
31:17Une peine plus lourde a été prononcée à l'encontre d'Abdellakim Seyfrioui, le prédicateur
31:22islamiste, présenté comme ayant eu un rôle essentiel dans l'enchaînement causal ayant
31:26conduit à l'assassinat de Samuel Paty, au regard notamment de son autorité proclamée,
31:33de son rôle dans la campagne de haine à laquelle il a participé via les réseaux sociaux et
31:38l'absence de toute tentative d'apaisement, voilà, donc qui motive pour la cour d'assises
31:44ces lourdes peines à l'encontre de Brahim Chnina et Abdellakim Seyfrioui.
31:48La cour d'assises qui est également allée au-delà des réquisitions en condamnant les
31:52deux amis du terroriste pour complicité alors que le parquet avait demandé leur condamnation
31:57pour association de malfaiteurs terroristes, ils sont tous les deux condamnés à 16 ans
32:01de prison.
32:02La cour a rappelé qu'ils avaient vraiment apporté leur aide, fait des démarches pour
32:06acheminer Hans Oroff près du collège, l'accompagner pour acheter des armes, notamment des couteaux.
32:13Toutefois, vous ne saviez pas qu'il allait donner la mort et on peut penser donc que cette
32:18motivation va être largement commentée par les avocats de la Défense, les avocats
32:23de ces deux accusés, puisque normalement pour condamner pour complicité, il faut pouvoir
32:29établir que la personne avait la connaissance précise du projet d'attentat.
32:33Noémie Schultz en direct de cette cour d'assises spéciale de Paris, Delphine Girard, quel
32:38est le sentiment qui domine chez vous là tout de suite ?
32:41Honnêtement, je pense qu'on est tous un peu vidés, on vit en apnée depuis quatre
32:47ans, on vit dans des questionnements qui ont fini par trouver des réponses lors de
32:52ce procès, par des besoins de reconnaissance aussi, de la responsabilité de tous les acteurs,
32:59de la responsabilité aussi un peu de l'institution quand même, qui a laissé Samuel Paty très
33:03esselé.
33:04Je trouve que le procès a apporté beaucoup de questions, de réponses à nos questions
33:09et il y a quand même une forme de soulagement.
33:12Vous avez parlé d'un Samuel Paty esselé, est-ce que vous diriez qu'aujourd'hui les
33:16enseignants sont toujours seuls face à ces problématiques, malgré les formations qui
33:20ont été mises en place ?
33:21Malheureusement, la vérité, c'est que les enseignants qui ne se sentent pas seuls sont
33:25des enseignants qui peut-être ont renoncé, en tout cas pour partie, pour partie importante,
33:2956% d'entre eux, à enseigner la liberté d'expression et à poursuivre l'œuvre d'émancipation
33:36de l'éducation que Samuel Paty avait à cœur de poursuivre et ceux qui ont le courage
33:42encore d'enseigner comme enseigné Samuel, sans doute se sentent ou seuls lorsqu'ils
33:48sont en but à des contestations d'enseignement, ou courageux, on nous dit souvent vous êtes
33:52courageux, vous continuez à faire cours sur les lumières, vous êtes courageux, je trouve
33:55ça complètement aberrant et désolant en République aujourd'hui qu'on nous dise
33:59qu'on est courageux quand on fait cours, parce que faire cours ça devrait être simple
34:03et naturel.
34:04Et donc, il y a les professeurs qui se veulent courageux, c'est-à-dire qu'il faut normalement
34:10en classe, et puis il y a ceux qui se taisent et qui changent de cours et qui font cours
34:15différemment.
34:16Et entre les deux, il y a ceux qui sont parfois en but à des contestations, à des intercassions,
34:24à des violences, et ceux-là se sentent encore un peu seuls, même si je tiens quand même
34:29à dire qu'il est vrai qu'il y a eu, dans la réaction de l'institution, quand même
34:33un avant et un après, mais encore une fois, dans le reste de la classe politique, pas
34:38assez.
34:40Je voudrais insister sur la statistique que vient de donner Delphine Girard, 56% des enseignants
34:43du secondaire public qui disent s'être auto-censurés pour éviter de possibles incidents portant
34:49sur la question de la religion en 2021.
34:51C'est une statistique qui est issue d'un rapport sénatorial, puisque Michaëlle Paty,
34:54la sœur de Samuel Paty, rappelez-vous, au printemps de l'année dernière, avait demandé
34:59à Gérard Larcher de se poser la question des suites de l'assassinat.
35:03On a eu une commission d'enquête au Sénat qui s'est tenue entre octobre de l'année
35:07dernière et mars 2024, et il y avait cette statistique parmi les conclusions du rapport.
35:1156%, donc c'est plus d'un enseignant sur deux qui s'auto-censure.
35:14C'était 36% en 2018, donc on voit que le phénomène s'est amplifié depuis l'assassinat
35:20de Samuel Paty.
35:21Et d'ailleurs, dans ce même rapport, on a d'autres chiffres qui sont très inquiétants.
35:25Un enseignant sur dix qui dit avoir fait face à des menaces au cours de l'année scolaire,
35:31c'est 30 700 enseignants dans le premier degré, 58 000 dans le second degré.
35:35Et on le dit, ce n'est pas uniquement dans certains quartiers défavorisés, les sénateurs
35:39insistent là-dessus, ça touche tous les milieux sociaux, ça touche beaucoup de départements
35:44en France, pas du tout uniquement que les banlieues et uniquement certains types de
35:49populations.
35:50Il y a une remise en cause de certains enseignements partout en France et c'est très inquiétant.
35:53On parle d'un rapport qui date de mars dernier.
35:56Marie-Estelle Pech.
35:57Oui, moi j'ai fait une petite enquête il y a quelques temps sur les professeurs d'histoire
36:01en particulier, parce que Samuel Paty était professeur d'histoire et c'est eux finalement
36:05qui transmettent le plus les questions de laïcité, l'enseignement moral et civique.
36:10Ça passe par là, notamment ce fameux cours sur la liberté d'expression, pour lequel
36:16il a cette collégienne, c'est enflammé, etc., même s'il n'y avait pas assisté.
36:23Et on est allé demander à des professeurs d'histoire s'ils montraient aujourd'hui
36:27des caricatures de Charlie Hebdo comme l'avait fait Samuel Paty et j'ai entendu un discours
36:34très contrasté parce que finalement on a eu à la fois des professeurs, enfin 42%
36:39des professeurs d'histoire disent qu'ils ont changé leur pratique, mais vous en avez
36:42plusieurs qui disent on a tendance à s'autocensurer, on fait plus attention, la liberté d'expression
36:47on ne veut pas en entendre parler, des caricatures pourquoi pas, mais surtout pas celles de Charlie
36:51Hebdo bien entendu.
36:52Et puis vous avez aussi l'inverse, vous avez des professeurs qui disent moi je veux montrer
36:57encore plus et j'ose encore plus et finalement c'était plutôt rassurant d'entendre certaines
37:03voix, y compris dans des quartiers sensibles, on pourrait se dire ils vont m'avoir peur,
37:08ils ne vont pas oser, etc.
37:09Ben non, j'ai eu des professeurs qui m'ont dit oui parfois j'ai des élèves de cinquième,
37:14de quatrième, ils disent qu'ils sont choqués, mais c'est aussi ça le but d'une caricature,
37:18c'est de choquer.
37:19Et moi je continue à montrer ces caricatures de Charlie Hebdo, ça ne me fait pas peur.
37:23Et les réactions des élèves sont beaucoup plus positives que ce que l'on imagine.
37:30David Di Giacomo.
37:31Oui, une première réaction, nous l'entendrons sans doute un peu plus tard dans la soirée
37:35sur France Info, celle de l'avocat Francis Spiner.
37:38Il représente l'ex-femme de Samuel Paty et leur petit garçon de 9 ans, qui d'ailleurs
37:45c'était l'un des moments forts du procès, était venu témoigner à la barre.
37:51Et donc il parle de peine à la hauteur, dit-il, de ce crime et d'un désaveu des réquisitions.
37:57Donc ça va dans le sens de tout ce qu'on disait, c'est-à-dire que les partis civils
38:00avaient très peur de ce verdict après ces réquisitions qu'ils estimaient pour leur
38:06part trop clémentes.
38:07Et ce soir, eux sont pleinement satisfaits du verdict qui a été rendu par la justice.
38:14Voilà pour un premier élément de réaction suite à ce verdict.
38:18Avec, on le rappelle, les huit accusés condamnés, des peines qui vont de trois ans de prison
38:22à 16 ans de réclusion criminelle.
38:25– Daphine Girard, est-ce que ce verdict, ce soir, il va avoir un impact, justement,
38:29on parlait de ça, sur la façon de parler de laïcité, des valeurs républicaines dans
38:33les établissements, est-ce que ça peut changer les choses ou pas ?
38:35– En tout cas, ça peut donner aux enseignants le sentiment qu'ils sont soutenus par la justice
38:43et qu'on leur envoie un message fort en leur disant, voilà, plus personne ne peut
38:47se cacher derrière son écran pour appeler à la mort d'un professeur, directement ou
38:53indirectement, en tout cas, lancer des fatwa numériques, contester un enseignement d'une
38:57manière violente qui peut donner l'idée qu'un professeur mérite d'être agressé
39:02pour cela, ça ne se fait pas impunément, c'est puni lourdement et c'est quand même
39:07un message rassurant envoyé aux enseignants, ça c'est sûr.
39:10Est-ce que ça sera suffisant pour donner à l'ensemble du corps enseignant l'envie
39:13de poursuivre l'œuvre de Samuel Paty ? Ça c'est moins sûr.
39:18– Les avocats de la famille de Samuel Paty qui avaient demandé un verdict pour, je cite,
39:22sortir les professeurs de la peur, est-ce que ce procès justement peut avoir cette vertu ?
39:26– Je pense qu'il en faudra un peu plus que ça pour être très honnête, je pense
39:30que pour sortir les enseignants de la peur, le message envoyé par la justice est un bon début.
39:35Moi je pense qu'il faut aller bien au-delà, on aurait besoin que la classe politique dans
39:39son ensemble s'empare du sujet de la laïcité et en particulier de la laïcité à l'école
39:43qui menace directement l'école, c'est-à-dire le cœur de notre République en devenir
39:48et moi j'appelle de mes vœux un sursaut vraiment beaucoup plus important à l'échelle nationale
39:54pour s'emparer de cette cause en faisant, je ne sais pas moi, quelque chose de symbolique fort,
39:59faire de la laïcité à l'école une grande cause nationale, apporter pourquoi pas des symboles
40:05comme un secrétariat d'État dévolu à cette question, enfin quelque chose qui montre que
40:09toute la nation… – Ce que dit votre collègue Yanis Roder
40:12que l'on a reçu récemment, c'est qu'il est parfois difficile de faire comprendre
40:16ce qu'est aujourd'hui la laïcité, non seulement aux élèves mais aussi aux enseignants,
40:20les plus jeunes, vous partagez ce point-là ?
40:21– Oui bien sûr, je suppose que dans votre étude il y avait certainement un fossé générationnel
40:27dans les réactions que vous aviez de vos enseignants.
40:29– Les plus jeunes sont moins enclins malheureusement, ils sont plus méfiants et plus craintifs
40:33vis-à-vis des questions de laïcité et plus distants par rapport aux générations plus anciennes.
40:39– Il y a clairement une question générationnelle sur la compréhension de la laïcité.
40:43– David Di Giacomo ? – Oui, il faut rappeler simplement aussi
40:46que trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, le 13 octobre 2023,
40:51c'est un autre professeur, Dominique Bernard, qui lui-même était assassiné
40:56par un ancien élève fiché pour radicalisation islamiste.
40:59– Dans son collège d'Arras, son lycée d'Arras.
41:03– Là aussi, cette affaire montre combien les professeurs peuvent être désormais des cibles.
41:10– Ils sont non seulement des cibles, des cibles physiques,
41:13mais il y a une réalité du cyber harcèlement qui est vraiment fort
41:16et les professeurs courageux, comme vous les décriviez,
41:20souvent subissent des attaques, sauf qu'aujourd'hui,
41:23sur les réseaux sociaux, c'est souvent juste des insultes,
41:27des insultes en masse, en meute, mais c'est compliqué,
41:31c'est très dur à vivre, compliqué de lutter contre.
41:34Donc effectivement, plus on rendra public et plus on expliquera
41:37que même insulter un professeur, ça ne se fait pas et certainement pas en meute,
41:42ça aidera sans doute à apporter une forme d'apaisement aux enseignants
41:45parce que c'est compliqué de se retrouver face aux insultes de ces élèves
41:49qu'on va retrouver en cours, enfin on n'imagine pas à quel point
41:52il y a aussi cette partie-là qui est cachée mais qui est une réalité.
41:56– Marie-Estelle ?
41:56– Là où la puissance publique a quand même réagi,
41:58c'est qu'aujourd'hui, un professeur qui se plaint de diffamation,
42:03se plaint de menaces, etc., il est beaucoup plus suivi qu'avant par l'État,
42:10il bénéficie de ce qu'on appelle la protection fonctionnelle
42:12de façon assez massive dans quasiment la totalité des cas,
42:15ou dans une grande majorité des cas, ce qui n'était pas le cas
42:18avant l'affaire Samuel Paty, ça c'est sans doute le changement
42:21le plus clair auquel on a pu assister depuis lors.
42:26Il s'agit de la protection fonctionnelle, ça donne droit à une prise en charge
42:30des frais judiciaires, à un accompagnement de l'État, etc.
42:33Donc il y a quand même, ils peuvent avoir le sentiment, les professeurs,
42:37que l'État est avec eux, que la puissance publique est avec eux,
42:40alors qu'elle l'était moins et qu'on était un peu plus
42:43dans le pas de vague il y a 4 ans, je pense.
42:45– Et on va continuer à en parler, on poursuit la discussion
42:47après le fil info, l'essentiel, 20h45, Emmanuel Langlois.
42:51– Super en Allemagne où une voiture a percuté un groupe de personnes
42:54sur un marché de Noël à Magdebourg, dans le nord du pays,
42:58faisant 60 à 80 blessés, lourd bilan de ce véhicule
43:02qui a percuté le marché de Noël.
43:03D'après les secours, pas encore de bilan précis.
43:06Sur le réseau X, les autorités allemandes affirment
43:09que de vastes opérations de police ont actuellement lieu
43:12sur le marché qui a été fermé au public.
43:15Lors du verdict au procès de l'assassinat de Samuel Paty
43:19devant la cour d'assises spéciale de Paris,
43:21les 8 accusés impliqués à des degrés divers sont tous reconnus coupables.
43:25Les amis du tueur du professeur de conflans Saint-Honorin
43:28sont condamnés à 16 ans de réclusion criminelle,
43:32considérés eux comme les instigateurs de la campagne de haine
43:35menée contre le professeur sur internet Brahim Chnina
43:38et le prédicateur islamiste Abdel Hakim Seyfrioui
43:41écopent eux de 13 à 15 ans de détention.
43:44Les 4 autres peines vont de 5 ans, dont 2 ans et demi fermes,
43:48à 3 ans de prison avec sursis.
43:51Après deux jours passés à Mayotte, Emmanuel Macron est ce soir
43:54sur la base militaire française de Djibouti
43:57où il partage un repas de Noël avec les soldats sur place
44:00avant de quitter Mamoudzou.
44:02Lors d'une interview à nos confrères de Mayotte la 1ère,
44:04le chef de l'Etat a prévenu que les écoles maoreses
44:08ne pourront pas toutes rouvrir comme prévu le 13 janvier prochain,
44:11après le passage du cyclone.
44:22Et on continue bien sûr de réagir, d'analyser ce verdict
44:26au procès de l'assassinat de Samuel Paty.
44:29On va retourner du côté de la cour d'assises spéciale de Paris,
44:32le temps de remercier Delphine Girard.
44:34Merci d'être venue ce soir, professeure de lettres classiques,
44:37je le rappelle, et cofondatrice du collectif Vigilance Collège-Lycée.
44:41On va retrouver Margot Steeve qui est avec nous en direct
44:45depuis cette cour d'assises.
44:46Les premières réactions après ce verdict, Margot ?
44:50Oui, les premiers avocats de parti civil ont réagi il y a quelques minutes
44:53et ça a eu une décision importante et juste ce soir.
44:56C'est la République qui a gagné, ont dit deux avocats de la famille Paty.
45:00Dès le début de sa prise de parole, le président de la cour avait d'ailleurs
45:03souligné la gravité exceptionnelle des faits.
45:06Une barbarie absolue qui a porté une atteinte irrémédiable
45:09aux valeurs de la République, a dit le président en préambule,
45:12avant de détailler les condamnations et les peines
45:14qui vont au-delà des réquisitions.
45:16C'est le cas notamment pour les deux amis du terroriste,
45:19condamné à 16 ans de réclusion pour complicité d'assassinat terroriste.
45:23Même l'accusation avait pourtant estimé que cette infraction
45:26ne tenait pas, mais la cour a souligné leur aide et leur assistance
45:29active à Abdoula Kansouroff, alors même qu'ils avaient conscience
45:33de la radicalisation du terroriste.
45:36Peine au-delà des réquisitions aussi pour le père d'élève
45:38et le prédicateur islamiste, accusé d'avoir lancé une campagne de haine
45:42contre Samuel Paty. Tous les deux sont condamnés à 13 et 15 ans de réclusion
45:46pour association de malfaiteurs terroristes.
45:48La cour a souligné les termes virulents, stigmatisants, haineux
45:52utilisés dans leurs vidéos. Ils ont préparé, a dit le président,
45:55les conditions du passage à l'acte terroriste.
45:58Des condamnations accueillies par des sanglots et des cris dans la salle
46:01du côté notamment de la famille de Brahim Chlina.
46:04Abdel Hakim Seyfrioui, lui, s'emporte face à la cour et dénonce
46:07une décision politique. Je fais appel dès maintenant à crier l'accusé
46:12immédiatement coupé par le président.
46:13Marc Gosty va en direct de cette cour d'assises spéciale de Paris.
46:17Le verdict qui est donc tombé ce soir, édition spéciale désinformée
46:20dans le procès de l'assassinat de Samuel Paty.
46:24Quelles sont les réactions après ce verdict ? Les réactions également
46:27sur les réseaux sociaux, Véronique Reys-Soultes ?
46:29Il y a 80% dans ce que je vois, c'est un immense soulagement
46:33parce qu'en fait, comme il y avait une rumeur qui expliquait
46:36qu'il y aurait sans doute des verdicts qui seraient beaucoup plus légers
46:39qu'attendus, qu'il y a eu énormément de partages sur Facebook
46:42et sur Youtube depuis quelques jours, des témoignages de la famille
46:45qui étaient extrêmement émouvants. Ça a remis le sujet dans une forme
46:50d'émotion. Donc ce soir, c'est plutôt un soulagement.
46:54Les gens se félicitent et beaucoup expliquent que maintenant,
46:57il va falloir être beaucoup plus vigilant et oser dénoncer
47:00auprès des plateformes dès qu'il y a des abus.
47:02David Di Giacomo.
47:03Désormais, à l'issue de ce verdict, l'une des questions qui va se poser
47:06et peut-être que les avocats vont nous donner la réponse très vite,
47:10c'est de savoir s'il y aura un deuxième procès, un procès en appel,
47:13puisque pour notamment les deux amis du terroriste qui ont été
47:18reconnus coupables de complicité d'assassinat, les avocats,
47:22évidemment, n'étaient pas du tout sur cette ligne et on peut imaginer
47:26qu'ils fassent appel, même si cet appel sera entre guillemets risqué,
47:31puisque la complicité d'assassinat fait encourir la perpétuité
47:34et que là, ils écopent de peines de 16 ans et 14 ans.
47:38Donc voilà, ça va se poser en tout cas sur un éventuel appel
47:42des principaux accusés dont les peines vont au-delà des réquisitions.
47:47On saura, je pense très vite, via leurs avocats,
47:49quelle position ils adoptent.
47:51– Quentin Calmet, autre interrogation sur les suites,
47:55on parlait de la société, du monde politique,
47:58des choses ont été faites depuis 4 ans, mais beaucoup de voix réclament
48:02et demandent à ce que ça aille plus loin.
48:04– Tout à fait, mais on peut quand même mentionner que le gouvernement de l'époque,
48:07s'est quand même saisi de ce sujet, ça a bien entendu ému…
48:11– Jean-Michel Blanquer à l'époque qui était ministre de l'Éducation.
48:12– Absolument, Éric Dupond-Moretti qui était garde des Sceaux,
48:15il y a ce projet de loi, maintenant le loi pour conforter les principes de la République
48:19qui a été adopté à l'été 2021, il y a deux nouveaux délits
48:23dans la loi qui ont été enterrinés, la mise en danger de la vie d'autrui
48:29pour diffusion d'informations relatives à la vie privée, familiale et professionnelle.
48:32Et ce, même s'il n'y a pas de danger direct sur la personne,
48:37rien que le fait de menacer, ça peut conduire à des poursuites.
48:40Il y a aussi un délit d'entrave à la fonction d'enseignant,
48:42ça c'est quelque chose qu'il faut retenir qui est majeur,
48:45avec un an de prison et 15 000 euros d'amende qui sont encourus.
48:48C'est le fait d'entraver par des menaces la mission d'un professeur,
48:52ça ce sont deux nouveaux délits qui ont été créés à l'été 2021.
48:56Alors maintenant peut-être que l'étape d'après ce sera effectivement
48:58peut-être la protection fonctionnelle des enseignants qui soit automatique,
49:01on disait que l'Éducation nationale s'en empare énormément et c'est une bonne chose.
49:06Certains, notamment les communistes au Sénat voudraient qu'elle soit automatique
49:09lorsqu'un enseignant est en danger.
49:11Et pour finir on notera aussi deux choses symboliques mais qui ont leur importance,
49:15il y a maintenant un référent laïcité dans toutes les administrations de l'État en France,
49:21donc quelqu'un vers qui se référer lorsqu'on a des problèmes par rapport à la laïcité,
49:25il y a aussi une journée de la laïcité qui a été mise en place le 9 décembre,
49:28donc partout dans tous les établissements en France.
49:31À l'époque en 2020 au moment de la mort de Samuel Paty,
49:35on avait aussi pointé l'incroyable faillite des plateformes digitales,
49:38je vous regarde Véronique Ressoult à modérer leur contenu,
49:41des défaillances qui interrogent au-delà des réseaux et d'internet d'ailleurs.
49:44Oui parce que c'est très compliqué sur le principe,
49:46on se dit que oui bien sûr il faudrait modérer,
49:48mais quel est le critère que vous mettez ?
49:49Soit c'est une modération automatique, donc c'est à partir de mots clés,
49:52donc autant vous dire qu'avec le temps les uns et les autres arrivent à éviter.
49:56Ensuite vous avez la force des réseaux sociaux fermés,
49:59la diadosphère est complètement là-dedans.
50:03Et puis vous avez la réalité aussi qui est, vous avez le droit d'insulter quelqu'un,
50:08vous n'avez pas le droit de le diffamer, vous n'avez pas le droit de le mettre en danger,
50:10mais vous pouvez dire du mal de quelqu'un en disant que vous ne l'aimez pas,
50:14le mot voyou qui a été souvent repris dans ce procès est en soi non condamnable.
50:19Ce qui était condamnable c'était de donner le nom, le numéro de téléphone
50:23et l'adresse de l'établissement et qui plus est,
50:26de raconter quelque chose qui était parfaitement diffamatoire
50:28et d'ailleurs Samuel Paty avait porté plainte pour diffamation.
50:31Mais on demande aux plateformes de faire des choses qu'elles ne peuvent pas faire,
50:34vous ne pouvez pas décider que toute vidéo qui dit du mal d'un enseignant sera retirée,
50:39non, il y a une réalité d'une expression en soi.
50:43Pour autant, il y a une loi en France, enfin il y a eu plein de lois depuis,
50:45une loi en France qui est la loi SREN qui fait que oui, on est un peu plus protégés,
50:50les plateformes doivent quand même tout de suite réagir
50:53parce qu'on a un autre sujet dont on n'a pas parlé là mais qui est le sujet du temps,
50:56la multiplicité des plateformes, il y en a beaucoup,
50:59et puis la réalité de la réaction qui doit être rapide,
51:02retirer une vidéo, il faut la retirer vite si vous ne la légissez pas vite,
51:06elle a le temps de se propager et de faire passer ses messages.
51:08Donc en fait, c'est plus complexe que simplement se dire les plateformes sont coupables.
51:13Marie-Estelle Pêche.
51:14Il faut juste ajouter qu'on a beaucoup parlé l'année dernière d'atteintes à la laïcité
51:20parce que la façon de mesurer finalement ce qui se passe dans les établissements scolaires aujourd'hui,
51:23ça a beaucoup baissé cette année, effectivement on était autour de 110 atteintes en septembre 2024 contre 800.
51:31Mais il faut aussi remarquer que l'année dernière,
51:34on peut se rassurer à bon compte et puis on peut aussi se souvenir que l'année dernière,
51:37à la même époque, on avait la fameuse loi, cette fameuse circulaire de Gabriel Attal sur la baïa à l'école,
51:45qui avait en fait provoqué une espèce d'expansion de revendications de jeunes filles
51:53qui s'étaient remises à porter la baïa et cette circulaire avait mis un coup d'arrêt.
51:57Mais on peut se réjouir comme ça à première vue, mais ça continue en réalité quand même,
52:02ces atteintes à la laïcité, ces chiffres sont un peu en trompe l'œil.
52:05On sait par exemple que 50% des proviseurs, des principaux d'établissement ne signalent pas les problèmes qu'ils peuvent rencontrer lors de sorties scolaires.
52:14On sait que 70% et 11% ne signalent pas le refus de participer à un cours de sport par exemple.
52:20Donc il se passe toujours des choses comme ça à bas bruit au sein de l'éducation nationale
52:25et le risque c'est d'être dans une forme de revenir au pas de vagues,
52:33n'en parlons pas, ils tout font les problèmes, on pourrait se fâcher avec les parents et puis ça pourrait prendre des proportions inimaginables, etc.
52:41Et ça, cette tentation-là, elle est toujours présente au sein de l'éducation nationale malheureusement.
52:45Quentin Calmet, on parlait tout à l'heure d'Elphine Girard, notamment pointait du doigt le fait que les politiques
52:51ne s'étaient pas forcément suffisamment saisis de ce procès en particulier, est-ce que c'est votre avis aussi ?
52:58Sans doute, après c'est toujours compliqué pour un homme politique, pour les parlementaires en particulier, de critiquer une décision de justice.
53:06On le sait, la séparation des pouvoirs fait que normalement un homme politique n'a pas à commenter une décision judiciaire.
53:16Même si on l'a vu pour le procès de Mazan, on a eu des réactions politiques parce qu'il y a aussi ce qui se passe dans la société derrière.
53:23Donc c'est toujours difficile pour le politique qui essaye de suivre la façon dont la justice peut aussi bouleverser les débats publics et politiques.
53:31En même temps, cette séparation des pouvoirs fait que normalement on ne commande pas une décision de justice.
53:36Mais après, ce qui est sûr, et on l'a vu avec cette commission d'enquête dont je vous parlais tout à l'heure,
53:40la famille de Samuel Paty, qui demande que le parlementaire fasse une commission d'enquête,
53:46c'est donc qu'elle sentait qu'il y avait ce besoin de remettre ce débat-là sur la table,
53:52alors qu'elle savait que le procès allait arriver dans quelques mois,
53:55qu'effectivement la commission d'enquête parlementaire ne peut pas aller sur les plates-bandes de la justice.
54:00Ce sont deux champs d'action complètement différents.
54:02Mais Mickaël Paty était venu faire un plaidoyer, une audition extrêmement émouvante en octobre l'année dernière,
54:08où elle avait comme ça plaidé pour qu'on sorte du pas de vague,
54:11que l'institution de l'éducation nationale se remette en cause,
54:14et aussi pour parler de la solitude de son frère au moment des faits,
54:17et que sur toutes ces questions-là, elle n'avait pas eu de réponse,
54:20et que là, le politique devait prendre l'assiste et que la justice, de toute façon, n'y répondrait pas.
54:23– Merci beaucoup, Quentin Calmet, journaliste politique à public,
54:27sénateur Véronique Raissoul, présidente de Backbone Consulting,
54:29Marie-Estelle Pech, spécialiste des questions d'éducation chez Marianne,
54:33et David Di Giacomo, chef du service police-justice de France Info.
54:37Merci à tous les quatre d'avoir ce soir été nos informés,
54:40une édition spéciale des informés après ce verdict dans le procès de l'assassinat de Samuel Paty.
54:45On va continuer d'en parler sur France Info,
54:47on va parler aussi ce soir de cet événement en Allemagne,
54:51une voiture qui a foncé dans la foule rassemblée sur un marché de Noël,
54:54dans le nord-est du pays, à Magdebourg.
54:57Des victimes, rapportent plusieurs médias allemands,
55:00des personnes blessées, au moins une est décédée d'après la police locale,
55:05le conducteur lui a été arrêté.
55:06On va bien sûr largement y revenir ce soir dans le 21h minuit sur France Info.
55:12Merci à tous d'avoir été avec nous.
55:14Très bonne soirée.