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00:00 [Générique]
00:09 - Bienvenue dans les informés du matin.
00:13 Le décryptage de l'actualité de France Info tous les matins à 9h avec Renaud Delis.
00:18 Mon cher Renaud, bonjour. - Bonjour Jean-Louis.
00:19 - Autour de la table avec nous, Alexandra Schwarzbrot, directrice adjointe de la rédaction Libération.
00:24 - Bonjour. - Bonjour Alexandra et à vos côtés Henri Vernet,
00:26 rédacteur en chef adjoint du Parisien Aujourd'hui en France.
00:29 Merci à tous les deux d'être nos informés du jour.
00:31 Nous allons parler autorité avec vous, Renaud Delis, et surtout avec Gabriel Attal.
00:36 - Avec Gabriel Attal effectivement qui doit se rendre aujourd'hui dans le département de l'Essonne
00:40 pour donner le coup d'envoi de ce qui devrait être à la suite de la demande d'Emmanuel Macron
00:44 une grande concertation portant sur la violence des mineurs,
00:50 un nouveau grenel, un grenel de la violence des mineurs
00:53 que le chef de l'État a évoqué en Conseil des ministres.
00:56 Le Premier ministre Gabriel Attal veut mettre en avant à nouveau ce thème de l'autorité
01:00 et annoncer, c'est ce qu'on lui dit du côté de Matignon,
01:03 un certain nombre de réponses concrètes à la violence des mineurs
01:07 qui a produit, généré un certain nombre de drames ces dernières semaines
01:11 et notamment dans l'Essonne, à Viry-Châtillon on s'en souvient,
01:14 où un jeune homme a été récemment battu à mort, un adolescent de 15 ans.
01:20 Un département de l'Essonne qui se dit particulièrement d'ailleurs touché
01:23 par une succession de drames et de violences.
01:26 Voici ce qu'en disait ce matin le président ALR du Conseil départemental de l'Essonne,
01:31 François Durovray, qui se réjouit certes d'accueillir le Premier ministre
01:35 mais qui attend surtout des réponses.
01:38 Malheureusement l'État est absent dans notre département
01:40 et nous réclamons un plan depuis des années.
01:43 Alors le Président de la République est venu 8 fois en Essonne
01:46 depuis qu'il est élu les Premiers ministres, je ne compte plus leurs visites.
01:49 Jean Castex était 21 fois en 2 ans.
01:53 Mais nous avons besoin, au-delà de leurs visites,
01:55 sympathiques, qu'il y ait des décisions qui soient prises.
01:58 – Alors est-ce que ce déplacement, cette nouvelle prise de parole du Premier ministre,
02:03 c'est juste de la communication, de l'affichage à vocation politique
02:07 justement sur ce thème de l'autorité ?
02:09 Ou est-ce que cela peut déboucher sur un certain nombre d'annonces concrètes ?
02:12 La première visiblement ça va être l'organisation
02:15 de cette grande concertation sur la violence des mineurs.
02:18 Est-ce que c'est suffisant ou annonciateur de réponses beaucoup plus concrètes ?
02:24 – Alexandra Schwarzbrot de Libération,
02:26 est-ce qu'on en est encore à faire des grandes concertations
02:30 sur un sujet qui manifestement nécessite des actions rapides ?
02:34 – Oui mais je crois que le son que vous avez diffusé résume tout.
02:37 On n'en peut plus des grenelles, des concertations
02:41 qui débouchent sur la communication politique, des grands coups de menton
02:45 et qui concrètement n'aboutissent à rien.
02:47 – Il faut quand même avoir des constats partagés,
02:48 c'est quand même la base de l'action politique.
02:50 – Oui c'est vrai, mais le constat, ça fait un moment qu'il est partagé.
02:56 On sait qu'il y a un problème dans les banlieues,
03:00 on sait qu'il y a un problème à l'éducation nationale.
03:03 Depuis combien de temps tout le monde réclame
03:07 que l'éducation nationale devienne une priorité ?
03:09 Et regardez ce qui se passe, toutes les réformes qui ont été lancées,
03:14 qui ont été contredites dans l'éducation nationale,
03:17 un ministre arrive, il lance une réforme,
03:19 trois mois après il y a un autre ministre qui défait ce qui a été fait,
03:22 regardez ce qui s'est passé avec les fameux groupes de niveau.
03:26 Gabriel Attal qui avait annoncé ça, sûr de lui, il faut des groupes de niveau,
03:30 et puis il y a un autre ministre qui arrive qui veut défaire les groupes de niveau.
03:35 Bref, je pense que l'éducation nationale se sent abandonnée,
03:41 ne sait plus où elle en est, et donc l'autorité,
03:44 elle passe surtout par la revitalisation.
03:47 Je pense qu'il faut redonner de l'autorité aux profs et aux enseignants,
03:52 mais comment ? En leur redonnant à la fois des moyens,
03:57 parce qu'on voit bien que l'éducation nationale manque de moyens.
03:59 Les enseignants ne sont pas assez payés, pas assez reconnus,
04:03 ils se sentent dévalorisés, ils se sentent impuissants,
04:06 et le pouvoir politique lui-même est impuissant
04:09 et cache cette impuissance par des coups de menton.
04:11 - Dans un instant Henri Vernet, je vous demanderai comment rétablir l'autorité ?
04:14 Question hyper simple, vous n'aurez pas beaucoup de temps pour répondre,
04:16 mais essayez d'y réfléchir d'ici là.
04:19 Il est 9h10, c'est l'heure du Fil Info et Claire Chicaglini.
04:22 - Pointe à pitre est devenu un coupe-gorge,
04:26 les mots du maire de cette ville de Guadeloupe.
04:29 Un couvre-feu va donc y être instauré dans les jours qui viennent,
04:32 les mineurs ne pourront plus sortir entre 20h et 5h,
04:35 décision de Gérald Darmanin en visite sur l'île.
04:38 La délinquance juvénile également au cœur du discours du Premier ministre,
04:41 Gabriel Attal, est attendue ce matin à Viry-Châtillon,
04:44 ville où Shem Seddin, 15 ans, a été tué au début du mois.
04:48 Le chef du gouvernement devrait notamment évoquer la question des internats.
04:52 La Fédération hospitalière de France s'alarme de la situation budgétaire des EHPAD,
04:56 elle réclame une hausse de 5% de tous les tarifs,
04:59 notamment du forfait soins de la sécurité sociale.
05:02 Cette augmentation lui permettrait de recruter dans un secteur qui manque cruellement de bras.
05:08 Une ovation pour le perdant, mais quel perdant ?
05:11 Raphaël Nadal, Rafa, le tennisman ex numéro 1 mondial,
05:14 a été éliminé hier du tournoi de Barcelone,
05:17 sorti par l'Australien Alex de Minor, 7-5-6-1.
05:21 En retour sur le plateau des informés avec Alexandra Schwarzbrod,
05:36 directrice adjointe de la rédaction de Libération,
05:38 et Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint du Parisien Aujourd'hui en France.
05:41 Henri, on sait que les points qui vont être mis en avant aujourd'hui par Gabriel Attal
05:45 lors de son déplacement à Viry-Châtillon, c'est le respect des règles de l'école,
05:49 la question de la parentalité, la justice des mineurs.
05:51 Est-ce que c'est comme ça qu'on rétablit l'autorité dans notre pays ?
05:55 - Bon, ça c'est plutôt aux experts de le mesurer sur le terrain,
05:58 de le constater enfin aux experts, aux acteurs en l'occurrence vraiment de ce secteur.
06:02 On l'a dit, alors, l'autorité, c'est-à-dire que le constat quand même
06:06 qui revient dans toutes les bouches des premiers intéressés,
06:08 c'est en effet ce recul de l'État.
06:10 C'est d'ailleurs ce qu'a dit le président du Conseil départemental,
06:12 et c'est vrai que ça, c'est quand même assez... ça interpelle énormément,
06:17 parce que c'est vraiment s'il y a un domaine qui doit être présent,
06:20 c'est quand même bien celui-là.
06:21 Donc, restaurer l'autorité, si ça veut dire redonner des moyens,
06:25 mais y compris en termes, j'imagine, d'agents de l'État,
06:29 que ce soit au sein de l'éducation nationale, mais pas seulement,
06:31 parce que c'est ça aussi l'idée de cette espèce de grenelle.
06:35 On aime bien les grenelles, ça c'est vrai,
06:37 ils ne débouchent pas toujours sur du concret,
06:39 ils ne changent pas toujours les situations dans un sens de l'amélioration.
06:42 Néanmoins, ça a le mérite de mettre tout le monde,
06:45 je vais dire, autour de la table,
06:47 et donc s'engager un petit peu dans ce dossier,
06:49 c'est-à-dire partager l'attributabilité.
06:51 Donc ça, ça peut être une piste quand même pour chercher des mesures,
06:55 pour que tout le monde se sente davantage, soit davantage concerné.
06:58 Maintenant, ce qu'il faut éviter à tout prix,
07:00 et on comprend l'exaspération de ceux qui sont...
07:03 - Parce que là, une concertation, on va relancer sur 6 mois.
07:06 - Oui, ça dure du temps, justement.
07:08 Là, ça a été souligné, ce problème, il ne date pas d'aujourd'hui,
07:10 il date d'années, même de décennies.
07:13 Donc, c'est évidemment pas d'un coup de baguette,
07:16 comme ça, gouvernemental ou magique, que ça va changer.
07:18 Donc forcément, ça mettra du temps,
07:20 je crois que ça, les différents acteurs en sont conscients.
07:23 Ce qu'il faut éviter, en fait,
07:25 c'est de croire que des mesures spectaculaires,
07:27 qui sont soit justement spectaculaires, des coups de zesbouffe,
07:29 soit jamais suivis des faits, c'est d'en se retenir là.
07:32 Là, par exemple, quand on entend un couvre-feu,
07:34 évidemment, il ne s'agit pas de ça,
07:35 c'est l'annonce de Darmanin en Guadeloupe,
07:37 mais forcément, ça résonne tout de suite.
07:39 Ce n'est pas du tout ce dont il est question aujourd'hui,
07:41 néanmoins, c'est ça ce que je veux dire,
07:43 c'est éviter des mesures pour des mesures.
07:45 - C'est deux choses différentes,
07:46 parce qu'en l'occurrence, à Pointe-à-Pitre,
07:47 c'est d'ailleurs le maire qui était à l'origine de cette demande,
07:48 parce qu'il a su faire face à cette violence dramatique ces dernières semaines.
07:51 Mais pour ce qui est...
07:53 Je pense qu'il faut distinguer deux choses, me semble-t-il.
07:55 L'idée d'une grande concertation en rassemblant tous les acteurs,
07:57 ça, c'est une idée qui est positive. Pourquoi ?
07:59 Parce que, vous avez raison, il y a besoin d'un retour de l'État,
08:03 mais pas seulement.
08:04 C'est-à-dire que la violence des mineurs,
08:05 elle ne découle pas simplement d'un retrait des moyens de l'État.
08:08 On le sait bien, cette question de l'autorité,
08:10 cette question de remise en question de l'autorité,
08:12 ça touche, ça concerne aussi les familles.
08:14 - Oui, en fait, j'ai l'impression que personne ne parle des parents.
08:16 - Ça concerne aussi, bien sûr, l'impact des écrans aujourd'hui,
08:19 sur toute une génération.
08:20 Il y a effectivement le fait que les professeurs sont beaucoup moins respectés.
08:24 Donc, il faut mettre l'ensemble des acteurs.
08:26 Ça me semble relativement sain, et pas simplement, effectivement.
08:30 Ça concerne aussi, bien sûr, la sécurité publique, les forces de l'ordre,
08:32 mais pas seulement.
08:33 C'est-à-dire qu'il faut mettre l'État, les élus locaux, les associations,
08:38 les parents, les professeurs, bien sûr, les spécialistes, justement,
08:41 aussi de la dépendance et des effets des écrans, etc.
08:44 Donc, tout ça, ça me semble sain.
08:46 Le problème, c'est que, d'une part, cette initiative survient après un drame,
08:52 en particulier dans l'Essonne, et une succession de drames ces dernières semaines.
08:54 Donc, ça apparaît comme une réponse à l'urgence.
08:58 Et d'autre part, ça survient dans un contexte électoral bien précis,
09:02 avec un Premier ministre qui fait effectivement beaucoup de communication,
09:04 et l'extrême droite qui caracole en tête des sondages des élections européennes.
09:09 Donc, si jamais il s'agit simplement de faire de la communication à courte vue,
09:13 pour essayer d'endiguer la montée de l'extrême droite,
09:15 là, évidemment, l'opération, si j'ose dire, serait ratée d'avance.
09:18 Ce n'est pas ça, l'enjeu. Ce n'est pas le score du RN aux élections européennes.
09:22 C'est effectivement une vraie réforme sociétale,
09:25 qui concerne des tas et des tas de domaines du fonctionnement de la société,
09:28 pas simplement la police d'un côté, les enseignants de l'autre, les parents, un peu plus loin.
09:34 - Alexandra, on entendait les acteurs locaux dire qu'ils veulent plus de moyens,
09:38 mais, effectivement, Renaud le disait, la question des parents, la question des familles...
09:42 - Bien sûr, mais c'est pour ça, d'ailleurs, que le fait de vouloir avancer la cause des familles monoparentales...
09:50 On a beaucoup évoqué le problème des familles monoparentales...
09:54 - Lors des émeutes de l'été dernier.
09:56 - Lors des émeutes de juin dernier.
09:58 Le fait que, souvent, ce sont des mères seules qui ne peuvent pas gérer leurs enfants,
10:04 toutes en travaillant.
10:05 Et ça, mettre des moyens pour aider les familles monoparentales,
10:09 je pense que c'est vraiment une piste majeure.
10:13 Il faut les aider, il faut entourer ces familles-là, et je suis d'accord avec Renaud.
10:18 Si on met tous ces gens-là autour de la table, donc tous ceux qui sont concernés,
10:23 c'est bien.
10:25 Le problème, c'est ce que, justement, je voulais insister là-dessus,
10:28 c'est qu'il faut bien voir le contexte dans lequel on est actuellement.
10:30 Le pouvoir est aux abois, le gouvernement est aux abois,
10:35 à cause des élections européennes, où Valérie Ayé, la représentante de Renaissance,
10:42 est en train de perdre du terrain.
10:44 - Et donc là, vous voyez des gesticulations politiques ?
10:47 - Évidemment, on ne peut pas ne pas y voir des gesticulations politiques, c'est évident.
10:51 - Oui, absolument.
10:52 D'ailleurs, ça coïncide, d'une part, en effet, avec la proximité du scrutin européen,
10:55 où, il faut s'en souvenir quand même,
10:58 Gabriel Attal, dans un premier temps, a été vraiment présenté comme l'arme anti-Bardel,
11:02 en quelque sorte, c'est lui qui allait rajeunir, qui allait redonner du tonus
11:05 à un gouvernement qui semblait manquer d'énergie.
11:08 Et ça, cet effet-là, il n'a pas vraiment marché.
11:13 Pour l'instant, il n'a même pas du tout marché,
11:14 puisque l'écart, en tout cas dans les sondages...
11:16 - Vous ne croyez pas que cette problématique est quand même plus importante,
11:19 et plus large, et plus vitale, que des simples enjeux électoraux ?
11:24 - Tout l'aspect fondamental, et vraiment le poison de notre société,
11:26 mais encore une fois, qui est là depuis vraiment longtemps,
11:29 il est primordial, il est extrêmement important.
11:31 - Vous croyez qu'il n'est pas juste là pour faire gagner les élections ?
11:33 - Néanmoins, le fait de se saisir de ce dossier,
11:37 à ce moment, dans cette période de l'élection,
11:40 pré-électorale, avec un scrutin dans deux mois,
11:42 dans cette période qui marque aussi les 100 jours,
11:44 aujourd'hui même, ce sont les 100 jours à Matignon de Gabriel Attal,
11:48 qui donc étaient vraiment perçus comme quelqu'un...
11:50 Rappelez-vous, quand il avait présenté son nouveau gouvernement,
11:52 Emmanuel Macron avait dit "Attention, ça, ça va être les soldats de l'Orient,
11:56 c'est vraiment... on va renverser la table, on va enfin faire,
12:00 ça disait-il, cette révolution qu'il avait préconisée
12:02 dans son bouquin de campagne, il y a 7 ans.
12:04 Et pour l'instant, cette action, on n'en voit pas les résultats,
12:08 et au contraire, disons que sa traduction,
12:10 en termes de sondage, au vu de la prochaine élection,
12:12 n'est pas du tout là, bien au contraire.
12:14 - C'est pour ça qu'il faut distinguer les deux,
12:16 l'enjeu de la perte d'autorité, de la violence des mineurs qui s'accroît,
12:19 est réel, il ne faut pas nier ce problème,
12:21 il ne faut pas verser, parfois, dans une forme de spectacularisation
12:24 de l'actualité, effectivement,
12:26 et il y a aussi parfois l'impact des réseaux sociaux,
12:28 ou d'autres médias, qui peuvent contribuer à avoir un effet de loupe.
12:32 Il n'empêche qu'effectivement, et les drames ressent l'illustre,
12:36 il y a un véritable problème.
12:37 Mais y répondre, parfois, simplement, soit par d'initiatives médiatiques,
12:40 soit par des mots, on se souvient du président de la République
12:43 utilisant il y a un an ce terme de "désivilisation".
12:46 Pourquoi pas, on n'a pas forcément à pousser des cris d'annihilation
12:51 dès qu'il y a des mots brutaux,
12:53 qui cherchent à désigner une réalité qui elle-même est brutale.
12:55 Mais simplement, ce que je veux dire, c'est que ça ne suffit pas.
12:57 Il ne s'agit pas simplement de faire des coups de com'.
12:59 Or, le problème, encore une fois,
13:01 c'est très bien d'organiser un grenelle consacrée à la violence des mineurs
13:05 en y invitant l'ensemble des acteurs,
13:07 mais il ne faudrait pas que cette initiative s'arrête le 8 juin,
13:11 à la veille des élections européennes.
13:13 Quel que soit le résultat des élections européennes,
13:15 l'enjeu demeurera ensuite.
13:17 - Le problème, c'est qu'on ne se soucie de ces sujets qu'en période de crise.
13:21 C'est-à-dire qu'après les émeutes...
13:23 - Ce que vous dites, c'est terrible, franchement.
13:25 - Ce que vous dites, c'est terrible.
13:27 - Souvenez-vous du plan banlieue qui avait été mis dans un tiroir.
13:30 - Quel plan banlieue ?
13:32 - Oui, voilà, exactement, qui avait été mis dans un tiroir.
13:34 Dès qu'il y a de crise, on se soucie de ce problème.
13:38 Et en temps normal, il est planqué dans un tiroir.
13:41 - Et juste ce mot, "déscivilisation", il a été re-employé hier par le président du Conseil des ministres.
13:46 Ce qui montre bien, quand même, que sous-jacente,
13:48 il y a cette volonté, très claire, de contrer la montée,
13:51 qui pour l'instant semble irrésistible, du RN en vue de la prochaine élection.
13:55 - Henri Vernet du Parisien, aujourd'hui en France,
13:57 Alexandra Schwarzbrot de Libération et Renaud Dely de France Info.
14:00 On se retrouve dans un instant, juste après le rappel des titres.
14:03 Le Fil Info, il est 9h20, vous êtes sur France Info.
14:05 Le Fil Info par Claire Checaghlini.
14:07 - Coup de pouce au pouvoir d'achat.
14:10 Il avait été donné lors de la crise Covid,
14:13 l'utilisation des tickets restaurants pour tous les rayons alimentaires des supermarchés.
14:17 Va-t-elle prendre fin ?
14:19 Les hypothèses discutées à Bercy, aujourd'hui, sont réunies,
14:22 représentant des salariés, d'employeurs, restaurateurs et émetteurs de tickets déjeuners.
14:27 Persona non grata à l'Université de Lille,
14:29 qu'importe, Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan,
14:32 la militante palestinienne controversée,
14:34 tiendront leur conférence dans une autre salle.
14:38 La faculté avait annulé la venue de l'ex-leader des Insoumis
14:42 et de la candidate aux Européennes,
14:44 après une polémique sur l'organisateur de la conférence "Libre Palestine",
14:49 dont le logo est une carte montrant la Palestine englobant Israël.
14:53 Des témoignages qui font froid dans le dos,
14:56 des lanceurs d'alerte pointent de graves problèmes de production sur trois modèles de Boeing.
15:01 Quatre employés ou ex-employés de l'avionneur
15:04 ont été entendus hier par une commission d'enquête du Sénat américain.
15:07 Il avait écrit un livre à la gloire de son père,
15:10 nous avait fait visiter le château de sa mère
15:13 et partagé le temps des secrets et des amours.
15:16 Il y a 50 ans, Marcel Pagnol mourait,
15:19 Marseille rend hommage aujourd'hui à l'écrivain qui a tant célébré la Provence.
15:24 Troisième et dernière partie de CES,
15:38 informés avec Renaud Dely et Alexandra Schwarzbröd de Libération
15:41 et Henri Vernet du Parisien.
15:43 Aujourd'hui en France, on va parler des insoumis,
15:46 de Jean-Luc Mélenchon qui voulait tenir un meeting à Lille.
15:49 Il le tiendra, mais pas à l'université de Lille.
15:52 D'où cette question.
15:53 Renaud, la situation à Gaza va-t-elle enflammer les campagnes ?
15:56 Oui, rappelons-le.
15:57 Ce meeting sur l'actualité de la Palestine a été interdit hier par l'université de Lille.
16:00 Il devait au départ se tenir dans cette enceinte universitaire.
16:04 Il devait intervenir notamment Jean-Luc Mélenchon,
16:06 mais aussi Rima Hassan, la militante franco-palestinienne
16:09 qui est candidate sur la liste des insoumis.
16:11 Plusieurs responsables politiques de Renaissance, de LR,
16:14 le président de la région, Xavier Bertrand, ou du RN,
16:16 réclamaient l'interdiction de ce meeting,
16:19 redoutant des débordements antisémites.
16:22 L'université a donc décidé finalement d'annuler cette réunion,
16:25 mais les insoumis la tiendront effectivement à Lille aujourd'hui,
16:28 hors de l'université.
16:30 Une décision en tout cas qui a indigné Jean-Luc Mélenchon,
16:32 qui s'en est indigné donc hier soir, lors d'un meeting.
16:37 Moi l'université je suis incorrigible.
16:40 Pour moi c'est le lieu de la pensée.
16:42 Alors quelle tristesse,
16:45 de voir des petits chafouinages,
16:49 misérables.
16:51 Celui-ci est d'accord, l'autre est pas d'accord,
16:53 et ceci et cela.
16:55 Et...
16:56 Ici même tous,
16:58 le président de la région a la main sur le cœur,
17:01 disant "il ne faut pas laisser les antisémites
17:04 entrer ni à Lille, ni nulle part dans le pays,
17:07 dans les universités françaises".
17:09 - Et il n'empêche que ces dernières semaines,
17:11 depuis le 7 octobre,
17:12 les incidents antisémites effectivement se sont multipliés à l'université,
17:15 comme d'ailleurs dans le reste du pays,
17:17 peut-être plus encore au gré d'ailleurs du tour des facs
17:20 engagés par les insoumis,
17:21 qui font des réunions publiques pour soutenir la cause palestinienne
17:24 et dénoncer la situation des palestiniens à Gaza.
17:27 Est-ce que ce climat est en train d'enflammer nos campus ?
17:31 - Alexandre Schwarzbrot,
17:32 est-ce que l'université de Lille a bien fait d'annuler ce meeting ?
17:35 - Non, je pense que c'est une erreur,
17:38 parce que d'abord ça va victimiser...
17:40 Jean-Luc Mélenchon aime bien se victimiser.
17:43 - Ça a bien marché depuis hier.
17:44 - Quoi donc ?
17:45 - De la victimisation.
17:46 - Oui, oui, absolument.
17:47 Et puis on voit bien qu'il va refaire une...
17:50 dans une autre salle,
17:51 refaire un meeting dans une autre salle,
17:53 peut-être de façon encore plus dangereuse en termes de sécurité,
17:57 puisque ce sera beaucoup moins encadré.
18:00 Non, c'est une erreur.
18:01 Parce que la liberté d'expression,
18:04 enfin bref, on est tous sur la même ligne.
18:06 Cela dit, je pense,
18:08 pour répondre directement à votre question,
18:10 la situation à Gaza, va-t-elle enflammer les campus ?
18:13 Moi, je trouve que vu tout ce qui se passe à Gaza,
18:15 vu les images terribles qu'on voit depuis six mois,
18:19 quand même plus de 30 000 palestiniens tués,
18:22 dans l'impuissance générale,
18:25 je trouve que finalement les campus se tiennent plutôt...
18:29 - Voilà, sont assez calmes.
18:31 Quand on a 20 ans et qu'on voit ces images terribles
18:35 de palestiniens d'enfants, de femmes,
18:38 certes aussi d'hommes du Hamas tués, bien sûr,
18:42 je trouve que finalement ils sont assez calmes.
18:45 - Vous voulez dire que quand on a 20 ans,
18:46 on est forcément pro-palestinien ?
18:47 - Non, mais on est forcément ulcéré par des images,
18:52 par des civils qui se font tuer.
18:55 Le problème de Jean-Luc Mélenchon,
18:58 c'est qu'il continue à payer à juste titre
19:02 son refus de qualifier de terroriste
19:06 les massacres monstrueux du 7 octobre.
19:09 Et ça, il continue à le payer, et c'est normal.
19:12 - Il parle de petits chafouinages.
19:14 - Oui, mais c'est plus que des chafouinages.
19:16 - Ça vous inspire quoi cette formule ?
19:19 - Le terme est vraiment méprisant,
19:22 dans le sens où il s'agit quand même d'un réel péril.
19:25 Voir l'antisémitisme gagner éventuellement des...
19:28 - Il a l'air de banaliser.
19:29 Dans cet extrait, c'est juste un extrait,
19:31 ils ont le, c'est un extrait, etc.
19:32 ça n'est pas la pluralité du discours.
19:34 Néanmoins, dans cet extrait, il a l'air de totalement banaliser.
19:37 - On ne peut pas parler de chafouinages.
19:39 Pour une alerte qui porte sur quelque chose
19:41 d'extrêmement sérieux, d'extrêmement grave,
19:43 qui est en effet une propagation de l'antisémitisme.
19:45 Néanmoins, et là je rejoins Alexandrin,
19:47 là où il n'a pas tort, c'est quand même vrai
19:49 que voir cette conjonction,
19:50 qui est quand même très circonstancielle,
19:53 on voit l'extrême droite avec Chenu,
19:56 on voit les élus et puis le président de la région
19:58 qui se liguent comme ça pour interdire.
20:01 Interdire, c'est jamais bon.
20:02 Je veux dire qu'une démocratie
20:04 qui se met à interdire des meetings,
20:07 des forums, quels qu'ils soient,
20:08 dans des lieux qui sont quand même,
20:10 et là il faut bien reconnaître que Jean-Luc Mélenchon n'a pas tort,
20:12 bien sûr que l'université c'est le temple du savoir,
20:14 mais c'est aussi, enfin si, c'est quand même un lieu aussi
20:17 où on débat, sinon quand est-ce qu'on le fait dans la vie ?
20:19 Donc là, il y a quand même une espèce de dérive.
20:21 Ce qui n'empêche pas que, en effet,
20:23 ce risque dont vous parlez,
20:25 c'est-à-dire l'antisémitisme qui se propagerait
20:29 avec des manifestations désagréables,
20:31 odieuses, insupportables sur les campus,
20:33 c'est un risque.
20:34 Ce n'est pas le cas actuellement, très clairement.
20:36 Il y a eu cet incident très sérieux à Sciences Po
20:38 sur lequel il y a eu une enquête.
20:40 Il ne faudrait surtout pas que ça se répète,
20:41 mais attendons réellement de connaître
20:43 les tenants et aboutissants de ce qui s'est réellement passé
20:46 à Sciences Po et qui a été entouré immédiatement
20:48 de beaucoup d'émotions politiques.
20:49 Donc tout cela, il faut vraiment le faire conscrire.
20:51 Mais s'il y en a un, justement,
20:52 et c'est pour ça que Mélenchon est pris à son propre piège,
20:54 qui milite pour ses propagations,
20:56 c'est quand même bien lui.
20:57 Parce qu'on sait bien que ce meeting,
20:58 que les termes qui sont tenus,
20:59 que Balan c'est génocide.
21:01 - Je ne veux pas vous interdire de parler,
21:02 mais il faudrait juste de dire la parole à Rémi.
21:04 - Moi, je serais beaucoup plus prudent sur l'interdiction
21:06 dans le cas de l'université.
21:07 Pour des raisons de sécurité,
21:08 moi je peux comprendre qu'une réunion publique,
21:10 un meeting en l'occurrence,
21:11 alors il y a tout un jeu lexical,
21:12 puisque les insoumis disent que c'est une conférence.
21:14 - Non, c'est un meeting politique.
21:15 - Un meeting politique avec Jean-Luc Mélenchon et Rémi Mahassan.
21:17 Sont interdites au sein de l'université
21:18 pour des raisons de sécurité,
21:19 ça peut se comprendre aussi au vu de l'émotion
21:21 de certains étudiants, etc.
21:22 Il n'y a pas de censure.
21:23 Il a fait un meeting hier soir,
21:24 il en fera un autre ce soir, Jean-Luc Mélenchon.
21:26 Heureusement, fort heureusement.
21:27 Ensuite, là où je vous rejoins,
21:29 c'est qu'effectivement, malgré en particulier
21:31 le rôle de Jean-Luc Mélenchon,
21:32 qui joue l'apprenti sorcier sur ce sujet,
21:34 qui effectivement souffle sur les barres,
21:36 parce qu'il veut monter un électorat contre un autre.
21:39 Il y a de nombreuses prises de position ces derniers mois,
21:42 et encore, il y a eu le fameux logo de cette réunion
21:45 annoncée hier soir, etc., qui l'illustre.
21:48 Malgré ces attitudes d'apprenti sorcier
21:52 qui soufflent sur les braises,
21:53 effectivement, la situation dans les...
21:55 - Vous croyez qu'il a son expérience,
21:56 il est encore apprenti sorcier ?
21:57 - Il sait parfaitement ce qu'il fait, bien sûr,
21:59 vous avez raison.
22:00 La situation dans les campus,
22:01 fort heureusement en France,
22:02 n'a rien à voir avec la quasi-guerre civile idéologique
22:05 que l'on constate dans nombre de campus américains.
22:07 - Merci beaucoup, les informés,
22:08 d'avoir débattu ce matin sur France Info à la radio
22:11 et à la télévision.
22:12 Alexandra Schwarzbrot,
22:13 directrice adjointe de Libération,
22:14 elle a eu ce matin dans l'Ibée ?
22:16 - Salman Rushdie.
22:17 - Salman Rushdie, interview de l'auteur.
22:20 Et puis, Henri Vernet,
22:21 Le Parisien aujourd'hui en France,
22:23 je vais vous aider, ça parle de foot.
22:25 - Ah oui, le Parisien, jusqu'où il est ?
22:27 - C'est la bonne année, n'est-ce pas Henri ?
22:30 - C'est cette année.
22:31 - C'est pour cette année.
22:32 - Et ça fait beaucoup rêver aussi, évidemment, Renaud Delis.
22:34 Les informés qui reviennent ce soir à 20h.
22:36 Merci beaucoup.
22:37 *Musique*