Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reçoivent Béatrice Brugère à l'occasion de la sortie de son livre « Justice : La Colère qui monte ».
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00:00 PANI
00:02 Punchline 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1
00:08 18h36 on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1 avec Béatrice Brugère. Bonsoir, vous êtes magistrate
00:17 vous êtes secrétaire générale unité magistrat et vous publiez ce livre "Justice la colère qui monte
00:22 plaidoyer pour une refondation aux éditions de l'observatoire"
00:25 c'est un livre extrêmement important parce que vous posez un diagnostic en profondeur sur l'état de notre justice et un vrai désamour entre
00:31 les français et leur justice. Ils jugent durement pour le coup
00:34 ceux qui sont chargés de rendre la justice, de prendre des décisions qui sont jugées trop lentes, trop
00:40 laxistes, il y a beaucoup de préjugés à l'égard de ceux et des magistrats
00:44 qui sont chargés de
00:47 d'assurer la justice. Est-ce que tout est vrai ? Est-ce que on peut se dire aujourd'hui que c'est un constat d'échec et ce désamour il a
00:53 des causes profondes ?
00:54 Oui, alors ce qui est intéressant c'est qu'en effet c'est d'objectiver le désamour parce que vous savez dans l'amour tout est subjectif
01:01 donc
01:03 Ce qui était intéressant pour moi si vous voulez c'était
01:07 à la place où je suis, c'est à dire à la fois une magistrate de terrain et puis une syndicaliste qui a pris un peu de
01:14 recul et qui participe à la fabrication, aux coulisses aussi et au côté
01:19 de l'administration, à la gestion de l'administration, de voir un petit peu pourquoi
01:24 d'aller en profondeur, de comprendre pourquoi on en est arrivé là et ce constat il a été fait d'abord par les états généraux
01:32 de la justice qui a été un grand moment de doléances
01:36 qui sont remontées, qui était très intéressant parce que ça a permis vraiment d'objectiver
01:42 une
01:44 multitude de mots mais en fait l'enjeu...
01:47 On va faire le diagnostic vraiment dans le détail Beatrice Brugère mais les français ils ont des préoccupations qui sont pas à
01:53 objectiver c'est mon affaire ça fait des années qu'elle n'est pas jugée, ma plainte elle a été classée sans suite
01:59 j'ai aucune nouvelle de la justice c'est très concret en réalité.
02:03 Oui et c'est la raison pour laquelle
02:05 je suis partie d'un sentiment qui me semble tout à fait intéressant qui est celui de la colère parce que c'est quoi la colère ?
02:10 La colère c'est d'abord de la souffrance, la souffrance ça peut être multiple, ça peut être comme vous dites les délais, une forme d'injustice
02:16 ne pas avoir été entendue, d'avoir des procédures qui traînent, qui sont mal traitées
02:22 ça peut être plein de choses et cette souffrance elle me semblait extrêmement intéressante à mettre en parallèle aussi
02:27 avec une autre forme de souffrance qui est celle de tous les acteurs qui sont autour de nous, on l'a vu
02:33 souvent les policiers, les gendarmes, les experts, tout le monde se plaint et puis assez récemment une forme aussi
02:40 de souffrance en interne, les magistrats aussi disent on n'en peut plus
02:45 on est sous la pression, on n'a pas assez de moyens donc je trouvais que c'était intéressant de remettre
02:50 j'allais dire du chaud de la vérité
02:52 d'incarner non pas simplement un diagnostic froid
02:57 technique mais d'incarner aussi cette colère et pourquoi ? Parce que la colère c'est quand même
03:03 c'est de la souffrance mais l'étape d'après c'est la révolte et la révolte c'est la désespérance
03:08 et la fin de l'état de droit
03:11 c'est quand on n'a plus rien à perdre et donc l'idée c'est de dire aussi attention il faut écouter cette colère elle est importante
03:18 elle est parfois légitime parfois illégitime peu importe il faut l'entendre il faut savoir y répondre
03:24 et ce que j'ai constaté c'est qu'en réalité les crises se succèdent, s'accumulent et on n'y répond jamais
03:30 quelles que soient les recettes on n'y répond jamais et la preuve en est c'est qu'en fait c'est un ministère qui est en réforme
03:37 permanente on passe son temps à le réformer donc soit les réformes sont mauvaises soit il y a un problème de méthode
03:43 et l'idée principale c'est de dire stop aux réformes en fait arrêtons de réformer arrêtons de bouger tout le temps
03:50 posons un autre regard qui est celui d'une refondation. Alors c'est valable pour tous les secteurs de la société française
03:57 pour la justice. J'aimerais juste qu'on écoute un tout petit extrait d'Eric Dupont-Moretti
04:01 il y a quelques semaines quelques mois qui disait ça y est grâce au budget qui a été alloué à la justice
04:07 c'est la fin de la clochardisation de la justice. Écoutez le garde des Sceaux
04:10 je suis venu ici
04:12 tourner avec vous
04:14 la page de mauvaises habitudes qui gangrènent notre justice depuis plus de 30 ans
04:20 la première de ces mauvaises habitudes
04:23 est celle qui consiste à demander toujours plus à la justice en lui donnant toujours moins
04:28 oui je suis venu tourner avec vous la page
04:32 du délabrement
04:34 de la clochardisation
04:36 de la justice française. La route est encore longue bien sûr mais nous allons désormais dans la bonne direction
04:43 et d'un pas résolument assuré.
04:46 Voilà je pense que les français ne voient pas ce pas résolument assuré. Louis Dragnel peut-être une question à Béatrice Brugière ?
04:52 J'ai lu votre livre et franchement je le trouve très très bien. Et là où c'est intéressant c'est que c'est rare
04:57 quand on intervient.
04:58 Un livre de magistrats sur la justice qui est objectivement très compréhensible
05:02 c'est à dire que vous parlez avec des mots français et que tout n'est pas uniquement technique
05:06 c'est ça ce que je voulais dire. Ce que je trouve intéressant c'est que vous
05:09 balayez tout le spectre, il n'y a aucun tabou pour vous
05:13 et donc évidemment vous parlez aussi de la dérive de la politisation de la justice mais vous vous attaquez quand même aux gros morceaux de la
05:19 justice qui est attention il y a quand même un problème structurel
05:21 fondamental au sein du ministère de la justice. Tout est prioritaire, il y a une absence de moyens et selon vous aujourd'hui il faudrait injecter
05:29 combien d'argent, qu'est ce qu'il faudrait faire en termes de moyens pour que enfin
05:34 la justice sort de la nasse en dépit des annonces récentes qui ont été faites par le garde des sceaux ?
05:39 Oui alors en réalité vous avez totalement raison et le ministre aussi
05:43 c'est intéressant ce qu'il dit en disant on va tourner la page de 30 ans de disette et de maltraitance budgétaire
05:50 alors c'est pas tout à fait juste parce que vous avez vu qu'il y a un rabot budgétaire
05:53 qui arrive et une inflation galopante qui fait que je ne sais pas vraiment si on va tourner à grands pas cette page mais
06:02 la tendance est là il faut la saluer elle est importante je dis simplement que
06:07 sur le problème de l'argent et budgétaire et des moyens ils ne répondent qu'à la question des moyens et des finances
06:14 or ce qui se joue aujourd'hui est bien plus important qu'une question de moyens et qu'une question
06:21 j'allais dire de finances en fait c'est une question de sens c'est une question en réalité quasiment de même d'identité de valeur
06:29 qui fait qu'aujourd'hui le désamour
06:32 il va beaucoup plus loin que simplement se dire
06:36 les tribunaux sont délabrés on manque de moyens etc
06:39 il y a vraiment une remise en question beaucoup plus profonde en réalité de ce que l'on peut
06:43 par exemple je prends un chiffre que vous cité dans votre livre vous dites
06:46 donc c'est un chiffre qui est public moi je le connaissais pas celui là c'est 41 % des peines
06:51 de prison ferme ne donne jamais lieu à incarcération
06:54 41 % des peines de prison ferme ne donne pas lieu à incarcération
06:59 et ce qu'on comprend dans votre livre c'est qu'il y a certes des raisons aussi politiques
07:03 aménagement de peine donner sa chance pour la réinsertion ne pas
07:08 bousiller totalement la vie de certaines personnes
07:10 mais il y a aussi quand même une question de moyens c'est-à-dire que vous dites aussi qu'il n'y a pas assez de places de prison
07:14 oui mais c'est aussi un problème de
07:16 logiciel c'est à dire que c'est pas qu'une question de moyens les moyens en réalité doivent être adossés à un projet à une vision
07:21 en réalité ce que ce que je décris et ce que je décrypte avec des chiffres et aussi
07:26 je crois une forme de raisonnement c'est qu'on est un système de saturation à tous les étages
07:31 saturation des process de la procédure
07:34 des dossiers qui entraîne en fait une forme de régulation
07:39 on le voit très bien avec les prisons en fait tout est saturé donc on cherche tous les moyens de réguler
07:45 et de repousser cette saturation qui entraîne un autre...
07:48 c'est à dire de pas mettre les gens en prison pour parler concrètement
07:50 oui de les sortir le plus rapidement possible de changer les peines
07:53 de faire des alternatives aux poursuites
07:55 il y a ce chiffre là aussi si vous dites un condamné ferme qui pétit 62% s'appelle en moyenne
08:01 donc en fait cette saturation entraîne des régulations
08:04 c'est à dire qu'on cherche des moyens de gérer les stocks et les flux et ce que je dénonce aussi
08:09 c'est l'idéologie de ce qu'on appelle le new public management
08:13 c'est à dire qu'en fait on a une gestion et Laurence Ferrari vous avez raison de le rappeler
08:17 c'est aussi dans les autres administrations une gestion techno-bureaucratique
08:21 qui fait qu'aujourd'hui ce qui importe c'est de gérer des flux, des masses etc
08:26 or la justice c'est bien autre chose
08:29 derrière c'est des vies, c'est de l'humain, je veux dire un dossier n'égale pas un dossier etc
08:35 donc en fait derrière cette gestion qui démontre une forme de saturation
08:39 c'est à dire que la machine arrive à saturation
08:41 on met en place des systèmes de régulation et donc de dissimulation
08:45 vous le savez plein de fois on est choqué par le fait que les procédures soient classées
08:50 qu'elles ne soient pas poursuivies, enfin tout ça est traité en permanence sur vos plateaux
08:55 donc en réalité c'est tout le système qu'il faut revoir d'organisation du travail
09:00 de choix, de priorité, de valeur mais aussi de simplification de la procédure
09:06 de nouvelles technologies etc
09:08 et en fait on a une administration qui n'y arrive pas
09:11 et c'est ce que j'essaye de démontrer c'est que même quand on met de l'argent
09:15 si derrière on changera de paradigme et de logiciel
09:18 en réalité ça ne suffira pas
09:20 L'autre chiffre que vous donniez, Louis, après je passerai la parole à maître Salmane qui est avocate
09:23 J'avais envie de vous en donner deux autres parce qu'il y en a un autre qui est passionnant
09:27 un condamné ferme, mais ça c'est les chiffres de Béatrice Brugère
09:29 un condamné à une peine de prison ferme effectue en moyenne 62% de la durée de sa peine en prison
09:36 et il y en avait un autre parce que je trouve que c'est intéressant
09:38 parce que dans le débat public on entend souvent des annonces d'ailleurs
09:41 de la part du gouvernement, de nouvelles amendes, de nouvelles sanctions
09:44 et vous donnez ce chiffre, le taux de recouvrement des amendes
09:47 en 2022 était de 38%, c'est à dire un chiffre extrêmement faible
09:51 et pour beaucoup de gens qui payent systématiquement leurs amendes
09:54 dès qu'ils sont mal garés, ça donne vraiment le sentiment
09:57 qu'il y a une France à deux vitesses avec la France de ceux qui payent tout le temps leurs amendes
10:00 qui sont réglos et en fait l'immense majorité dans ce cas là
10:03 des délinquants, des gens qui ne payent pas leurs amendes
10:06 et ça rend, en fait l'idée qu'il y a derrière, c'est que c'est possible de ne pas payer
10:10 Oui, alors moi je vois autrement, mais en fait la difficulté déjà
10:13 c'est d'avoir accès aux données et aux données récentes
10:16 on a déjà une grande difficulté d'avoir une vision très claire et très précise
10:21 les statistiques étant ce qu'elles sont
10:23 mais là où vous avez raison, en fait, quel que soit la sanction prononcée
10:28 en réalité elle n'est jamais exécutée telle qu'elle
10:30 elle n'est jamais exécutée comme on la présente
10:33 et c'est ce hiatus entre ce qui est annoncé, promis et ce qui est réalisé
10:40 qui est aussi, j'allais dire, le début de la perte du crédit
10:46 et donc de l'autorité de la justice
10:48 c'est-à-dire que l'autorité perd son efficacité et donc son crédit
10:52 parce que c'est dans le discrédit des promesses qui ne sont pas tenues
10:57 que se niche toute la fragilité
11:01 ça veut dire que c'est pour ça que les délinquants n'ont plus peur de la justice
11:05 n'ont plus peur des peines, sont multi-récidivistes
11:09 c'est pour ça aussi que ça veut dire ?
11:10 Oui et puis surtout ce qu'il faut voir c'est recontextualiser
11:12 c'est-à-dire qu'aujourd'hui on est quand même dans un contexte
11:14 et vous en avez parlé je crois juste avant
11:16 d'instabilité, de conflits, de montées de violences voire de guerres d'ailleurs
11:21 donc instables et on a besoin de nous réarmer, nous aussi, la justice
11:28 c'est-à-dire qu'on a des nouvelles menaces de criminalité organisée extrêmement importante
11:33 de progression de la mafia
11:35 de nouvelles délinquances cyber extrêmement virulentes
11:41 avec des enjeux sur tout
11:43 et en fait on a face à ça une justice qui est assez fragilisée
11:49 pour pas dire faible, y compris dans ses procédures
11:52 y compris dans ses modes d'action et de raisonnement
11:56 et c'est pour ça que l'idée c'est de refonder toute une architecture
12:00 pour avoir quelque chose de solide
12:03 et c'est l'idée de réinstituer des valeurs fortes
12:06 des process forts qui soient clairs, lisibles et efficaces
12:10 quelles que soient d'ailleurs les modalités
12:12 parce qu'elles peuvent être assez différentes en réalité
12:14 mais il faut une volonté politique
12:16 là on a parlé du volet pénal
12:18 c'est vrai qu'on manque de place en prison
12:20 la justice serait laxiste ou pas
12:22 en tout cas chacun son point de vue
12:23 mais sur le plan civil par exemple
12:25 si je demande une date de divorce pour une cliente ou un client
12:27 je vais l'avoir dans 8 mois et l'audience va être expéditive
12:30 donc ça va créer un sentiment de frustration
12:32 parce qu'on va dire d'un côté j'ai mis 8 mois pour avoir mon audience
12:34 et ça va durer 20 minutes
12:36 donc ça crée un fossé entre la justice et les justiciables
12:38 et on va nous demander davantage de procédures écrites
12:40 donc c'est presque mettre un fin à l'oralité des débats
12:44 donc c'est aussi à mon sens un manque de moyens humains
12:46 et pas que financiers stricto sensu
12:48 Alors sur le civil, je réponds parce que là-dessus
12:50 et c'est dans mon livre en plus
12:52 c'est dans la partie de la refondation
12:54 nous on a fait des propositions
12:56 qui sont vraiment un changement total de logiciel
12:58 c'est-à-dire que le civil est aussi saturé que le pénal
13:01 avec des délais qui sont fous
13:03 et nous on propose de changer le système
13:06 en mettant en place ce qu'on appelle
13:09 des modes alternatifs de règlement d'éluctives
13:11 ou de la médiation
13:13 donc c'est notre syndicat qui porte ça
13:15 le ministre l'a repris
13:17 et c'est un changement philosophique fondamental
13:19 c'est-à-dire qu'au lieu de faire de la querelle
13:21 de la procédure, des délais
13:23 qui n'en finissent pas avec une incertitude d'ailleurs
13:25 à la sortie
13:27 etc
13:29 L'EMA, en fait ce que font les pays anglo-saxons
13:33 depuis longtemps
13:34 c'est un changement totalement de philosophie
13:36 c'est-à-dire que les parties se concilient
13:38 sous l'office d'un magistrat
13:40 parce que c'est pas de la privatisation, surtout pas
13:42 et en réalité on règle tout de suite des litiges
13:45 donc tout de suite, dans le moins
13:47 et les parties, voilà
13:49 et en fait les pays anglo-saxons font ça depuis longtemps
13:51 quasiment à 80%, nous on doit en faire 10%
13:54 et donc ça, ça fait partie de la refondation
13:56 c'est pour ça que c'est pas qu'une question de moyens
13:58 c'est aussi une question de logique
14:00 totale, et donc au civil
14:02 et je reconnais, il faut rendre hommage aux ministres
14:05 puisque c'est une mesure phare qui porte en ce moment
14:08 là, on peut tout à fait changer
14:10 de logiciel et c'est vraiment pas un problème d'argent
14:13 C'est ça qui est intéressant d'ailleurs
14:15 Jean-Sébastien Fergeux, qui a lu aussi le livre
14:17 Absolument, pas encore terminé
14:19 mais il est très intéressant
14:21 Non mais je voulais dire
14:23 Allez-y, allez-y, ne perdons pas de temps
14:25 Non mais je trouve qu'il y a une réflexion qui est aussi la vôtre
14:27 qui est très intéressante, c'est un sujet qui préoccupe
14:29 beaucoup les français, c'est la politisation
14:31 qu'ils prêtent à la justice
14:33 et vous répondez qu'en réalité
14:35 elle existe, mais pas nécessairement là
14:37 ou de la manière dont on la voit, tout le monde a en tête
14:39 l'idée du syndicat de la magistrature
14:41 ou se souvient du mur des cons qu'on avait révélé sur Atlantico
14:43 mais vous vous dites que c'est pas nécessairement
14:45 ça qui pose problème, il y a d'autres choses
14:47 dans le processus
14:49 qui mène à être magistrat
14:51 dans la formation et peut-être
14:53 dans une forme d'entre-soi
14:55 C'est-à-dire que vous dites la politisation de la justice
14:57 C'est-à-dire que les juges font irruption
14:59 de plus en plus dans la vie politique française
15:01 mettent en examen
15:03 les responsables politiques
15:05 Il y a plusieurs dimensions, il y aurait le fait que les magistrats se substituent
15:07 mais c'est pas forcément là-dessus, se substitueraient
15:09 à la volonté finalement des citoyens
15:11 mais ce qui est aussi intéressant, c'est l'idée
15:13 que le syndicat de la magistrature, vous savez
15:15 que des magistrats de gauche finalement
15:17 domineraient la magistrature et vous dites
15:19 non, en réalité, ce n'est pas comme ça qu'il y a question
15:21 Alors très intéressant, allez-y Béatrice
15:23 La question de la politisation
15:25 rejoint celle aussi de notre légitimité
15:27 de l'autorité, de la crédibilité de notre action
15:29 et c'est vrai que c'est très singulier
15:31 en France, c'est qu'il y a une mise
15:33 en accusation permanente
15:35 sur une forme de politisation de la justice
15:37 Ce que je décris
15:39 et ce que je propose, en réalité
15:41 c'est une révolution complète
15:43 sur les modes de nomination
15:45 de formation, de sélection
15:47 de carrière et même de responsabilité
15:49 qui puissent justement
15:51 redonner confiance
15:53 c'est-à-dire que les carrières doivent être beaucoup plus
15:55 transparentes, la formation
15:57 doit être beaucoup plus pluraliste
15:59 et c'est
16:01 toute une réflexion sur l'éthique
16:03 sur la probité et sur
16:05 l'impartialité, mais qui peut se
16:07 nicher dans une... - Et la responsabilité ?
16:09 - Et la responsabilité, bien sûr - Il faudrait que les juges soient responsables ?
16:11 - Ils sont responsables, mais si vous voulez
16:13 - Mais devant qui ? - Ils sont responsables
16:15 devant le conseil supérieur de la magistrature, évidemment
16:17 mais si vous voulez, alors c'est peut-être un peu long
16:19 mais c'est un choc complet
16:21 sur une réorganisation interne
16:23 et ça c'est un sujet qui est très peu traité
16:25 parce qu'en fait c'est un sujet qui est
16:27 moins facile d'accès, mais qui est fondamental
16:29 c'est-à-dire que tant qu'il n'y aura pas
16:31 une vraie réforme des carrières
16:33 des ressources humaines, des nominations
16:35 - De l'ENM peut-être ? - De l'ENM, etc.
16:37 - L'école nationale, l'ENM, la plus grande ?
16:39 - Oui, de l'impartialité, mais le sujet
16:41 il vaut pour les autres, si je puis m'exprimer
16:43 ainsi, le conseil d'Etat
16:45 toutes les juridictions
16:47 en réalité sont
16:49 également impactées et donc
16:51 nous on propose une grande réforme constitutionnelle
16:53 le problème, c'est que les
16:55 grandes réformes constitutionnelles
16:57 qui pourraient permettre
16:59 de réorganiser les pouvoirs
17:01 et de rééquilibrer aussi
17:03 j'allais dire les
17:05 contre-pouvoirs, elles ne sont jamais faites
17:07 - Pourquoi ? - Parce qu'il n'y a pas de réforme constitutionnelle
17:09 parce que c'est obligatoirement, quasiment
17:11 des réformes constitutionnelles
17:13 et que là il n'y a pas d'unanimité
17:15 - On en a fait une - C'est-à-dire que le politique
17:17 critique parfois une politisation
17:19 qui peut être réelle, mais quand
17:21 ils sont aux manettes du pouvoir, ils refusent
17:23 d'abandonner
17:25 s'ils voulaient
17:27 - J'utilise le mème de la politisation - Mais Atrice Bauger
17:29 il faut vous présenter
17:31 il faut porter vos idées, la réforme, la révolution
17:33 - Je pense que les idées mènent le monde et que c'est
17:35 important en tout cas
17:37 de déconstruire certains stéréotypes
17:39 moi je pense qu'il faut
17:41 arrêter de faire, il faut défaire
17:43 parce qu'en fait on est dans un système aujourd'hui
17:45 qui est réformable, donc
17:47 il est certain qu'il faut le refonder
17:49 sur des vraies valeurs et des valeurs
17:51 qui soient en adéquation avec ce que les citoyens
17:53 attendent, c'est-à-dire que la justice
17:55 n'appartient pas aux magistrats, aux techniciens
17:57 aux professeurs de droit, nous en sommes
17:59 que délégataires, c'est une mission
18:01 extrêmement importante
18:03 qu'il faut remettre à sa place
18:05 qu'à sa place, rien qu'à sa place
18:07 - Et la justice appartient aux français
18:09 c'est ça qu'il faut leur dire - On rend
18:11 la justice aux français, au nom du peuple français
18:13 c'est pour ça que la question de la politisation
18:15 en réalité, elle est extrêmement
18:17 importante, parce que
18:19 les français
18:21 ne doivent pas se dire "je suis jugé
18:23 par un magistrat de gauche ou de droite
18:25 dans une alternance", ils doivent
18:27 avoir des magistrats qui soient dans une
18:29 impartialité la plus... - Ça existe ça ?
18:31 - Oui, en tout cas ça s'organise
18:33 - Heureusement
18:35 - On soutient l'impartialité
18:37 - Non mais ça s'organise, c'est-à-dire que les pouvoirs
18:39 et les contre-pouvoirs, ça se poncent
18:41 et ça s'organise. Après, la justice
18:43 elle est humaine, donc elle est imparfaite
18:45 - D'accord, mais ça veut dire que c'est une révolution de son temps comble
18:47 - C'est une refondation - Non mais je vous dis
18:49 faut vous prêter... Encore un chiffre peut-être Louis de Reyndel ?
18:51 - Non, pas un chiffre, juste une remarque
18:53 un exemple récent qui me revient
18:55 je me souviens au moment du début
18:57 de l'opération Wambushu, il y avait eu cette polémique
18:59 quand même parce que... - Donc à Mayotte
19:01 - À Mayotte, voilà, une opération
19:03 de police pour démanteler des bidonvilles
19:05 expulser un certain nombre de clandestins
19:07 et le syndicat de la magistrature avait demandé
19:09 aux magistrats sur place qui eux-mêmes
19:11 étaient membres du syndicat de la magistrature
19:13 de tout faire pour casser
19:15 faire annuler l'opération
19:17 de police qui avait été décidée
19:19 par Gérald Darmanin et dans le communiqué
19:21 du syndicat de la magistrature
19:23 c'était vraiment la défense
19:25 d'intérêts et de causes très très politiques
19:27 - Ça évidemment ça dresse les policiers contre les juges
19:29 - Et la question du droit était presque anécdotique
19:31 - C'est la fin de l'huile, la réponse de Mme Brugère
19:33 - La réponse elle est très simple
19:35 c'est qu'il faut que les magistrats aient le pouvoir politique
19:37 de mettre en cause, si c'est nécessaire
19:39 la responsabilité
19:41 c'est à eux de le faire
19:43 c'est à eux, c'est-à-dire qu'on a une loi organique
19:45 on a une déontologie
19:47 si on estime que là il y a eu
19:49 un abus par rapport à cette déontologie
19:51 par rapport à cette impartialité
19:53 qui est exigée des magistrats
19:55 je rappelle que ça appartient aux politiques
19:57 de prendre ces responsabilités
19:59 c'est-à-dire qu'on ne peut pas en permanence
20:01 se plaindre des mots dont on n'est pas capable
20:03 de les résoudre quand on est aux manettes politiques
20:05 - Formidable livre, Justice à colère
20:07 tout le monde, Béatrice Brugère, plaidoyer
20:09 pour une refondation aux éditions de l'Observatoire
20:11 merci à vous, merci à M. Salman
20:13 avocate, Jean-Sébastien Ferjou et Ludragnac
20:15 qui sont journalistes dans un instant sur Europe 1
20:17 vous aurez le plaisir de retrouver Hélène Zellani
20:19 pour Europe 1 soir et Christine Kelly
20:21 pour Face à l'Info, bonne soirée à vous
20:23 sur nos deux antennes
20:25 18h-19h sur CNews et Europe 1
20:27 Punchline, Laurence Ferrari
20:29 Laurence Ferrari.