Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du temps que prend le gouvernement à se former.
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00:00 Voilà l'éditeur 2 sur CNews et Europe 1.
00:02 Catherine Nath avec nous, bonsoir Catherine,
00:04 éditorialiste sur Europe 1,
00:06 Éric Nolot aussi, journaliste,
00:07 Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1,
00:10 Céline Pina, qui est journaliste à Coderre,
00:13 et Jean-Sébastien Fergiou,
00:15 directeur du site Atlantico.
00:16 Ma chère Catherine, quand je disais 2024
00:18 sera une année difficile,
00:20 oui, mais comme toutes les autres années qui l'ont précédée.
00:22 C'est absolument tous les ans, Emmanuel Macron.
00:25 Peut-être encore plus,
00:26 parce que, bon, on n'a pas encore le gouvernement,
00:29 mais on s'aperçoit que, d'abord,
00:31 ne pas avoir de majorité, ça, c'est pas nouveau,
00:33 faute de l'avoir demandé aux Français.
00:36 On s'aperçoit à quel point
00:38 tout ce gouvernement qui tarde à se former,
00:40 c'est parce que la ressource humaine
00:43 est très limitée pour le président.
00:45 Dans quel vivier puiser ?
00:47 D'abord, si on va chercher des gens de la société civile,
00:51 bon, bien, le PNF, et puis ce qu'ils encourt
00:53 après un an de ministère ou deux,
00:55 s'ils veulent se recycler dans la vie civile,
00:58 c'est très, très compliqué.
00:59 Et puis, au Parlement, quel est le vivier ?
01:02 Quel est celui qui pourra...
01:04 Parce que quand François Bayrou, dont on va parler,
01:07 dit qu'il y a une vraie rupture entre la base et le sommet,
01:10 c'est aussi, je crois, que c'est un des effets pervers
01:12 du non-cumul des mandats.
01:13 Tout ce qui venait du terrain arrivait à l'Assemblée,
01:16 arrivait au gouvernement,
01:17 il y avait des témoignages,
01:18 alors que maintenant, on a compris...
01:19 - Ce n'est plus le cas. - Ça n'est plus le cas.
01:21 On va partir dans votre calais,
01:22 parce que le Premier ministre s'y trouvait
01:24 jusqu'il y a quelques instants,
01:25 Gabriel Attal, en déplacement.
01:27 Thomas Bonnet, vous êtes sur place avec Thibault Marcheteau.
01:30 Toujours pour montrer qu'il n'est pas déconnecté
01:32 justement du terrain, qu'il est au contact de la réalité.
01:34 Oui, toute l'après-midi, il a vanté le terrain
01:40 pour son deuxième déplacement dans le Pas-de-Calais
01:43 depuis qu'il est à Matignon.
01:44 C'était déjà ici qu'il s'était rendu,
01:46 quelques heures seulement après la passation de pouvoir.
01:48 Et tout au long de l'après-midi,
01:50 il était dans l'empathie, dans l'écoute,
01:53 pour parler notamment des assurances,
01:55 des conditions d'hébergement temporaire.
01:57 On l'a même vu consoler un habitant
01:59 qui était au bord des larmes,
02:01 pour qui la situation était véritablement très compliquée.
02:03 Un Gabriel Attal véritablement dans l'empathie.
02:06 Malgré tout, la situation politique n'était jamais très loin,
02:08 déjà parce qu'il est arrivé avec 1h30 de retard.
02:11 Et ce retard s'explique par une réunion imprévue
02:14 qui a eu lieu à la mi-journée à l'Elysée
02:16 entre le Premier ministre Gabriel Attal
02:18 et le Président de la République,
02:20 précisément pour aborder la situation politique,
02:23 les déclarations de François Bayrou
02:24 et la nomination que l'on attend toujours
02:27 de ce gouvernement, de cette deuxième partie du gouvernement.
02:30 En tout cas, Gabriel Attal ici,
02:32 a pris le soin d'éviter toutes les questions
02:34 qui portaient sur ce sujet.
02:35 Il a annulé la dernière séquence qui était prévue,
02:38 la visite d'un bar dans le Pas-de-Calais.
02:40 Il a annulé cette séquence officiellement
02:42 pour des obligations à Paris.
02:44 Voilà tout ce que l'on aura comme informations,
02:46 peut-être, sur la nomination du gouvernement, la deuxième partie.
02:49 Merci. Et Thomas Bonnet ?
02:50 Il marche tôt. Louis Noregnel, des infos ou pas ?
02:53 Non, mais ce qu'on sait, c'est que Nicole Belloubet
02:55 sera à 99% de chance nommée à l'Éducation nationale.
03:00 De risque, dit Jean-Célestin Ferjou.
03:03 On sait que Frédéric Valtoux devrait être nommé
03:06 ministre délégué à la Santé.
03:08 On sait qu'Amélie Oudéa-Casterat,
03:10 mécaniquement, ne sera plus ministre de l'Éducation nationale
03:13 puisque c'est Mme Belloubet qui devrait lui succéder.
03:16 En revanche, Amélie Oudéa-Casterat devrait conserver
03:18 quand même un portefeuille ministériel
03:21 en lien avec les Jeux olympiques.
03:22 Ce qu'il faut avoir en tête, au-delà de tout ça,
03:25 parce que je ne pense pas que ça passionne beaucoup de Français,
03:27 c'est que ce gouvernement aura,
03:29 s'il veut exercer réellement le pouvoir, très peu de temps.
03:32 À l'automne prochain, en octobre,
03:33 on sera à la moitié du mandat d'Emmanuel Macron.
03:35 Et je ne sais pas si vous vous souvenez,
03:37 le deuxième mandat de Jacques Chirac,
03:39 tout le monde savait qu'il ne pourrait pas se représenter.
03:41 L'activité, où est-ce qu'elle se situait ?
03:43 Elle se situait au ministère de l'Intérieur
03:45 parce que c'est Nicolas Sarkozy
03:47 qui était en train d'essayer de se lancer pour la présidentielle.
03:50 Et on va assister à quelque chose d'intéressant,
03:53 c'est que progressivement, à partir de la fin de l'été,
03:55 et puis ce sera quelque chose qui se confirmera,
03:58 les gens vont se désintéresser de plus en plus d'Emmanuel Macron,
04:01 qui va essayer de conserver le plus possible...
04:03 Si tant est qu'il ne s'y soit jamais intéressé, Louis,
04:05 ce qui les intéresse, c'est leur problème, leur bi-problème à eux.
04:07 Mais là, on parle de politique...
04:08 Ils savent quand même bien que tout se décide encore à l'Élysée, Louis.
04:11 Ce n'est pas terminé, franchement, il n'allait pas plus lui donner la musique.
04:13 Dans la mesure où il y aura forcément de la déception,
04:15 parce que les gens verront qu'il y aura des promesses non tenues,
04:17 ils le voient déjà aujourd'hui,
04:19 du coup, ils mettront leur espoir.
04:21 Il y aura une bassule qui se produira.
04:22 Je crois, à votre différence, que ça intéresse les gens,
04:25 la politique, la vraie politique.
04:26 Je suis d'accord avec vous, bien sûr.
04:28 Au sens noble du terme, là, c'est gentil.
04:29 Sur ce qui se fait concrètement,
04:31 entre le moment où vous décidez quelque chose à Paris
04:33 et où il y a la réalisation concrète sur le terrain, oui.
04:35 Oui, mais cette histoire de nomination, elle est éminemment politique.
04:38 Moi, je ne trouve pas que ce soit une bonne nouvelle
04:40 s'il se confirme que c'est Mme Belloubet à l'Éducation nationale.
04:44 C'est un énième changement de pied, moi, je regrette.
04:46 Gabriel Attal quitte le ministère de l'Éducation nationale
04:49 en disant "ce sera ma priorité, je garderai un oeil là-dessus".
04:51 Et ils vont nommer quelqu'un qui est, à l'opposé, n'exagérons pas,
04:55 mais avec des options idéologiques extrêmement différentes.
04:58 Moi, Mme Belloubet, je ne me mets pas en cause de son professionnalisme.
05:02 - Garde-Essoe, c'est ça ? - Garde-Essoe, justement,
05:04 c'est à cette aune-là que je la juge.
05:05 Ne me paraît pas présenter les garanties idéologiques
05:09 qui conviennent à ce poste, pour moi,
05:10 crucial entre tous de l'Éducation nationale.
05:13 Donc, je trouve ça catastrophique
05:15 et que ça prenne autant de temps, je trouve que ça relève...
05:17 Maintenant, ça commence à relever de l'amateurisme.
05:19 - Ça décrédibilise. - Jean-Sébastien Carjou, rapidement.
05:21 Ça démonétise la parole publique.
05:24 Quel est le sens de passer de Papendiaïe à Gabriel Attal
05:28 pour passer ensuite à Mélioude et à Castera,
05:31 puis ensuite à Mme Belloubet ?
05:32 C'est comme si vous nommiez un jour une philosophe
05:35 et puis le lendemain, Nabila, et qu'ensuite, vous revenez...
05:37 Ça n'a aucun sens, ici.
05:39 - Qui est Nabila, dans le... - Non, mais c'est à peu près du même...
05:41 Non, mais quand même, un ministre n'est pas là,
05:44 même s'il y a une centralisation.
05:46 Emmanuel Macron, probablement, ne se rend pas compte
05:48 parce que, de toute façon, il centralise tout,
05:49 donc il considère que toutes les décisions, c'est lui,
05:51 en tout cas, qui a vocation à les prendre.
05:52 Donc, il se fiche un peu, finalement,
05:54 des options idéologiques des uns et des autres,
05:56 sauf que ça a quand même un impact, Mme Belloubet,
05:58 et la Garde des Sceaux,
05:59 qui a fait libérer largement les prisonniers pendant le Covid.
06:04 Mme Belloubet, en tant que rectrice, avait démissionné
06:06 pour le contenu d'une réforme qui allait moins loin
06:08 que ce que Gabriel Attal a proposé lui-même
06:10 en tant que ministre de l'Éducation nationale.
06:12 Mme Belloubet faisait partie de celles
06:14 qui avaient reproché à la jeune Mila,
06:16 vous vous souvenez, ses propos critiquant les musulmans.
06:18 Alors, on n'est pas obligés, évidemment,
06:20 de vouloir critiquer les musulmans,
06:22 mais enfin, elle aurait pu, à minima,
06:23 défendre la liberté d'expression
06:25 et défendre une jeune fille qui était menacée de mort.
06:27 Quelle est la logique d'avoir un Gabriel Attal
06:29 qui interdit la baïa et ensuite de mettre une Mme Belloubet
06:32 qui pointait du doigt la responsabilité de Mila dans son sort ?
06:35 Je suis désolé, ça ne relève pas d'un choix
06:37 qui a du sens dans une démocratie.
06:39 Ou alors, il y a eu un changement de politique
06:41 assumé par le président de la République entre les deux,
06:43 mais là, il n'y en a pas.
06:44 C'est vraiment prendre les Français pour des indécis.
06:45 Il ne nous en a pas parlé, c'est pour ça qu'on fait roseau presse.
06:46 Le problème, c'est qu'on retombe aussi sur le fait
06:49 que du coup, la parole politique n'incite plus à l'action.
06:53 C'est-à-dire, on parlait tout à l'heure
06:55 des manettes levées à Paris
06:57 qui ne font bouger personne en province.
06:58 Mais quand vous avez des messages politiques
07:00 aussi contradictoires
07:02 et que vous êtes quelqu'un
07:04 qui avait à gérer sa carrière et son avenir,
07:06 ce que le politique vous dit,
07:07 c'est "ne bouge pas, ne fais rien,
07:10 mets ton coude sur le dossier
07:12 et tu verras, si vraiment quelqu'un veut que ça bouge,
07:13 il viendra tirer le dossier."
07:15 Sauf que quand tout est contradictoire,
07:16 personne ne vient faire remonter les dossiers.
07:19 Donc, vous finissez dans l'immobilisme.
07:21 - Donc, il ne vous donne rien faire.
07:22 C'est ça, le morceau de l'histoire.
07:23 Catherine Ney.
07:24 - Mais François Bayrou était candidat pour être...
07:29 D'ailleurs, dans sa vie, il a été deux fois ministre
07:31 et deux fois de l'Éducation nationale.
07:33 Une première fois où il a voulu faire des réformes,
07:35 c'est-à-dire abroger la loi Fallot qui datait de 1850
07:39 ou qui énonçait que l'enseignement privé
07:43 ne pouvait pas avoir plus de 10 % de subsides de l'État.
07:46 Et donc, pour la sécurité des Français,
07:50 pour des petits élèves sur les bâtiments,
07:53 il voulait l'abroger.
07:55 Donc, ça avait été voté à l'Assemblée
07:57 parce que c'était du temps de la cohabitation
07:59 avec Édouard Balladur et ça...
08:00 Mais Mitterrand, devant la houle de la gauche
08:05 qui a vu arriver ce succès de la droite,
08:08 a bloqué les choses.
08:10 Et il y a eu de telles manifestations
08:12 contre François Bayrou,
08:13 enfin, ce n'était pas non plus équivalent
08:15 de celles pour l'enseignement privé en 84,
08:19 que tout a été bloqué.
08:20 Donc, François Bayrou s'était dit
08:21 "Moi, si je reviens,
08:23 je ne reviendrai plus au ministre de l'Éducation nationale".
08:26 Mais le premier gouvernement Juppé,
08:29 avec le retour de Jacques Chirac,
08:31 il voulait le quai d'Orsay.
08:33 Et Juppé lui a dit "c'est l'éducation ou rien".
08:35 Il a repris l'éducation,
08:36 mais en se jurant de ne rien faire.
08:38 Et il a tenu parole.
08:39 Il n'a rien fait.
08:40 Et ça s'est très bien passé.
08:41 Et ça, c'est Lord Arcos qui était à son cabinet
08:43 qui a dit "on a fait du vélo d'appartement".
08:44 Alors qu'ils veuillent maintenant tout changer et revenir,
08:47 mais il l'a dit ce matin dans l'interview,
08:49 il dit surtout qu'il ne voudra pas
08:51 bousculer les enseignants.
08:53 Et bien quand on ne bouscule pas les enseignants,
08:55 quand on ne leur demande pas un peu plus,
08:56 on est sûr de ne pas avoir de réforme.
08:59 On se retrouve dans un instant
09:00 avec les punchlines de Catherine Ney.
09:02 On revient sur la situation actuelle.
09:04 Cette déconnexion du réel,
09:07 dénoncée par François Bayrou en parlant des élites politiques. A tout de suite !