Le rôle de l'immigration dans la violence quotidienne

Éthique et tac

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Transcript

00:00 [Musique]

00:08 C'est vrai que l'insécurité explose en France, les chiffres le disent.

00:12 Alors l'insécurité, je ne sais pas. La violence, oui, puisque nous avons un indicateur fiable.

00:17 La plupart des autres ne le sont pas.

00:19 L'appareil statistique français, comme la plupart des appareils statistiques, ont un avantage, ils existent.

00:24 Et trois défauts, ils sont partiels, parcellaires et partiaux.

00:27 Mais à l'intérieur de tout ça, on a un indicateur fiable, ce sont les homicides et les tentatives d'homicides.

00:32 Ce sont des indicateurs parce qu'il y a des victimes et qui montrent une forte progression.

00:37 Après une forte régression, nous avons civilisé le crime pendant presque cinq siècles.

00:41 Nous sommes passés de 150 homicides pour 100 000 habitants à moins de 2, quasiment 1, quelque chose.

00:46 Mais il y a une reprise technique depuis une vingtaine d'années qui a tendance,

00:49 1. à s'accélérer, 2. à s'accentuer, 3. à s'intensifier.

00:54 Dans un premier temps, on ne l'a pas regardé. Dans un deuxième temps, on a cru que c'était un effet statistique dû aux attentats.

01:00 Et puis là, on découvre qu'en fait, en réalité, la violence physique, l'élément le plus perceptible de la violence,

01:08 dans un dispositif où tune-ture à point est un commandement immémoriel et qui n'est pas propre seulement aux chrétiens,

01:16 mais à peu près à tous les interdits, les tabous, les péchés, le meurtre, l'assassinat et l'homicide ne sont pas bien vus.

01:23 Eh bien là, il y a une forte dégradation. Et cette dégradation s'est accentuée au cours des 20 dernières années et encore plus depuis le confinement.

01:30 – C'est ça. – Confinement compris.

01:32 – Est-ce qu'il y a, comme le dit certains politiciens, notamment à droite, un lien entre l'immigration et l'insécurité ?

01:38 – Alors, on n'en sait rien. C'est assez facile. On ne sait pas. Donc on peut raconter ce qu'on veut.

01:43 Il y a un lien entre les étrangers et l'insécurité. Pas les immigrés.

01:47 – Oui. – Les immigrés, une partie d'entre eux sont français.

01:50 On a une surreprésentation des étrangers dans la délinquance. C'est connu. Il n'y a aucun secret.

01:55 Simplement, ils sont surreprésentés essentiellement parce qu'ils sont étrangers. C'est un premier élément.

02:02 Et deuxièmement, à cause de la composition démographique des étrangers, puisque la plupart d'entre eux sont des jeunes hommes

02:08 et que sans vous faire des révélations exclusives, les jeunes hommes sont un peu plus agités que les vieilles dames.

02:13 Si la réalité démographique française des jeunes gens nés en France de parents français,

02:20 dit de souches, qui me paraît toujours un peu inquiétant parce que la souche est un arbre mort,

02:24 on va dire de racines, était la même, c'est-à-dire que si nous produisions autant de jeunes gens,

02:29 et vous avez vu qu'en termes démographiques, ce n'est pas la meilleure année pour parler de nos naissances,

02:33 que ce que nous importons de l'étranger, nous aurions un taux de criminalité nationale très élevé

02:39 pour les jeunes français, et on parlerait beaucoup plus des jeunes français que des jeunes étrangers,

02:44 et évidemment des jeunes immigrés dont nous ne savons pas grand-chose dans la réalité,

02:50 puisque nous ne les comptons pas et que nous ne sommes pas capables de les compter.

02:53 Certains le font avec les prénoms ou les noms de famille. Ce n'est pas extrêmement représentatif.

02:59 – Il faudrait des statistiques ethniques.

03:01 – Mais nous en avons. Nous avons trajectoire et origine qui donnent des éléments.

03:04 Nous ne les utilisons pas complètement et surtout nous projetons sur les étrangers

03:09 ou sur les immigrés des fascinations un peu étranges,

03:13 mais je vous donne un exemple que je donne à mes propres étudiants.

03:16 Dans les années 1900, nous avions une très forte immigration polonaise, italienne, espagnole et portugaise.

03:24 Les journaux qui écrivent aujourd'hui sur les Africains, les Sahéliens et les Maghrébins

03:30 disaient exactement la même chose, des Polonais blonds aux yeux bleus catholiques,

03:34 des Italiens bruns aux yeux bruns catholiques et des Espagnols bruns aux yeux bruns catholiques

03:38 que ceux qu'on dit aujourd'hui des Maliens, des Africains, des Algériens et des Marocains.

03:43 Nous disons toujours la même chose parce que nous ne savons pas traiter de la question,

03:49 de la réalité, de la représentation démographique, jeunes hommes,

03:53 et pas de la représentation originelle d'où ils viennent.

03:57 D'où ils viennent n'a aucune importance.

04:00 Ce qu'ils sont en termes d'âge et de genre est un élément beaucoup plus percutant

04:05 et beaucoup plus parlant que le pays dont ils viennent ou la religion qu'ils sont supposés exercer.

04:11 – Ou l'origine sociale, elle compte aussi bien sûr,

04:14 les délinquances dans les quartiers défavorisés évidemment.

04:18 – Cette explication est assez généralement répandue.

04:21 Je pense qu'elle a une part qu'il ne faut pas sous-estimer,

04:24 la misère, la relégation, la ségrégation qui peut amener à la sécession.

04:29 C'est un vieux débat qu'on avait dans les années 70 sur les quartiers dont on parle.

04:33 Mais en fait, chaque fois qu'on a essayé d'aller plus loin dans cette affaire,

04:37 ça n'a jamais été démontré.

04:39 Pire même, si vous regardez la plus grande crise économique de l'histoire

04:42 avant les récentes, 1939 aux États-Unis,

04:45 c'est les 10 ans où la criminalité américaine violente s'est effondrée.

04:50 En fait, vous aviez du vol de subsistance.

04:53 Et alors là, on est dans un débat assez compliqué,

04:56 c'est est-ce que le vol de subsistance, quand on n'a que ça pour vivre,

04:59 est une violence insupportable et dangereuse ?

05:02 La réponse est non.

05:04 – Oui, ça c'est rare, par exemple en France, le vol de subsistance.

05:07 – Oui, mais dans les exemples que nous avons,

05:10 entre le besoin, l'envie et le plaisir, il y a trois modes opératoires.

05:13 La criminologie est fait pour ça, c'est une science clinique.

05:16 La criminologie, ça fonctionne comme la médecine.

05:18 On fait un diagnostic, il doit être partagé, chose que nous ne faisons jamais.

05:22 Un pronostic, il doit être discuté, ce que nous faisons pour l'instant.

05:25 Et une thérapeutique qui a le droit d'être discutée.

05:28 Et nous avons en France les meilleurs thérapeutes du monde sans diagnostic.

05:31 Donc on s'engueule beaucoup.

05:33 – Oui, c'est pas la solution au problème, personne n'a bien vu à chaque fois.

05:36 – Non mais surtout qu'ils ne savent pas de quelle maladie on est atteint.

05:38 Donc si vous avez un début d'éruption cutanée

05:41 et que je vous propose de vous couper le bras

05:44 et que vous n'avez fait que manger un fruit mal lavé,

05:47 je vais beaucoup m'en vouloir.

05:48 Si en contrepartie vous avez un début de cancer foudroyant

05:50 et que je vous propose une camomille, vous n'allez pas m'apprécier non plus.

05:53 Pourquoi ? Parce que vous avez besoin d'un diagnostic, parfois même.

05:56 Vous en demandez plusieurs, pour être à peu près sûr

05:59 que les deux ou trois médecins vont vous dire la même chose.

06:02 Nous ne faisons pas ce travail.

06:03 Et quand nous avons des outils pour faire ce travail,

06:05 l'Observatoire national de la délinquance, etc.,

06:08 nous les supprimons pour des raisons comptables.

06:11 Comme on supprime les infirmières, les policiers, les instituteurs.

06:14 Bref, tout ce qui semble inutile parce que coûteux,

06:17 parce qu'on considère que c'est un coût et pas un investissement.

06:20 Et le service public est un investissement partout.

06:22 Mais pourquoi ?

06:23 On sait par exemple toute une série de choses

06:25 sur la nature des phénomènes criminels,

06:27 mais savoir, ça nécessite d'agir.

06:30 C'est-à-dire changer des a priori, des préjugés,

06:33 des discours tout fait, des postures, des incantations, en autre chose.

06:38 C'est donc un travail long et compliqué.

06:40 Aujourd'hui, nous avons pris beaucoup de temps

06:42 pour avancer sur la construction d'un train.

06:44 On ne fait pas ça en 30 secondes sur une chaîne de pseudo

06:46 de divertissement en continu qui s'appelle "Information en continu".

06:50 Parce qu'on n'a pas le temps.

06:52 Il est difficile de faire de la pédagogie.

06:54 Pédagogie !

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